Roy Fourglory

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Roy fut profondément désiré. Deuxième enfant du couple Alford et Nora Fourglory, il secondera son aînée Lucy de quatre ans. Son père était bien trop heureux d’avoir un fils, un héritier mâle, capable de prendre sa relève et de porter perpétuellement son nom. Une attente d’un père envers son fils, une ambition, une lourde charge sur les épaules d’un nouveau-né qui au final suivra Roy toute sa vie. Il fut chouchouté par son père, devenu protecteur et finalement presque agressif en ce qui concerne son éducation. Il doit apprendre rapidement à se mettre sur ses deux jambes, monter sur un balais ou encore avoir une élocution parfaite le plus tôt possible. Difficile de comprendre l'engouement de son père pour sa personne, d’autant plus qu’il délaisse entièrement son aînée Lucy.

C’est auprès d’elle que Roy trouve son réconfort, se réfugiant dans sa chambre quand son père l'invective après une leçon trop difficile. Sa mère Nora ne semble toutefois pas contre la situation, muette bien souvent, presque éteinte. Le jeune garçon ne comprend que plus tard le comportement de sa mère, mais dans ses jeunes années c’est Lucy qui fait office de mère de substitution pour lui.




L’enfant laisse place à un adolescent morne, presque éteint. Il passe son temps à étudier sous le joug de son père, puis sous celui de ses professeurs d’écoles ou encore les professeurs particuliers qui viennent à la maison. Il comprend rapidement qu’on le préfère à sa sœur qui n’a jamais eu le droit à un tel traitement de faveur. Elle ne semble pour autant aucunement jalouse et quand il lui évoque l’injustice de cette situation, elle se contente de hausser les épaules. Il faut avouer que Lucy n’a aucunement besoin de leçon, elle est déjà la meilleure de sa classe et on la désigne pour un avenir glorieux. Ce n’est pas le cas de Roy qui a bien des difficultés et préfère nettement le travail manuel. On lui suggère que c’est la raison principale de ses longues séances d’études tardives mais il a conscience que ce n’est pas le cas.

Le soir au coin du feu, alors qu’il s’oblige à noircir les feuilles de ses carnets, son père lui raconte des histoires. D'abord les siennes, celles qu’ils réservent aux grands invités qui passent dans la demeure des Fourglory, des souvenirs de guerres, de batailles glorieuses, dont il est toujours victorieux et qui amène les méchants dans les geôles d’Azkaban. Rapidement les souvenirs laissent place à des promesses. Il affirme souvent, son verre de cognac à la main : “tu connaitras le même destin mon fils, tu seras un grand Auror comme ton père, ou même mieux ! Directeur du Bureau des Aurors. On m'a refusé le poste pour une bévue, mais toi tu y arriveras, je le sais, je le sens, tu as ça dans les veines !”. Roy n’a jamais su de quel bévue son père parlait, dans tous les attentes de son père pesèrent sur ses épaules durant toute son adolescence. Il ne put compter que sur l’aide de sa sœur pour illuminer ses journées




Il n’avait attendu que ça ! L’intégration à l’université de Poudlard, il ne compte plus le nombre de fois que sa sœur lui a parlé de cet endroit. Lieu mythique, magique et surtout signe de liberté pour lui. Des dortoirs. Voilà ce qui le réjouissait le plus. Un endroit rien qu’à lui, loin des exigences de son père et de l’attitude morne de sa mère. Il aurait un colocataire mais qu’importe, entre ces murs il serait libre de s’exprimer complètement. On lui attribue la maison de Gryffondor et il s’en réjouit, bien qu’il n’eut aucune attente particulière vis à vis de cela (contrairement à son père qui souhaitait le voir chez Serpentard et en fit tout un drame via une lettre quelques jours après l’admission). Il fait la connaissance de Nathanael E. Pierce, son camarade de chambre. À vrai dire, les débuts furent difficiles car les deux garçons semblaient aussi taciturne l’un que l’autre.

Quand on lui propose d’intégrer le club d’études des créatures magiques, il accepte sans se poser de questions. Il n’a jamais eu le droit à un animal de compagnie chez ses parents et il y voit là l’occasion de s’amuser un peu. Ce fut sa première VRAI décision, loin du contrôle exercé par son père. Il en fut galvanisé. Il suivit ses envies, fit la rencontre de Eva Robbins dans le club qui fut sa première amie et l’aida à mieux comprendre Nathanael qui devint également l’un de ses proches.

Roy multiplia les expériences, en recherche de sensations fortes ou plutôt de son adolescence perdue. Sa soeur Lucy (dans la même université), posait sur lui un regard parfois accusateur mais toujours avec bienveillance. Il avait conscience d’en faire trop, que de perdre sa virginité dans un placard à balais, c’était pas forcément là l’exemple d’une parfaite maturité d’étudiant, mais pour autant c’était salvateur pour lui. Plus les problèmes semblaient s’accumuler, plus il se sentait lui-même, loin des dictâtes de son père. Bien que sa vie ne semblait être devenue que débauche, le jeune homme travaillait avec assiduité. L'acharnement dont il avait fait preuve dans ses plus jeunes années semblait l’avoir aidé à développer une méthodologie de travail remarquable.  Trois heures de sommeil dans le sang semblait lui être suffisant pour réussir la plupart de ses examens, aux grands dam de ses camarades les plus studieux. Il ne figurait certainement pas en haut du tableau mais dans cette toute petite catégorie des “passés avec justesse”.

Il montrait quelques prédispositions intéressantes pour les sortilèges, la botanique et le soin aux créatures magiques. Parfois il lui semblait que les animaux étaient bien plus simples à comprendre que les humains. Ils suivent leur instinct, ne font pas de faux semblants, ne s'enivrent pas de rêves dérisoires et vivent pleinement le moment présent.  En soit c’est ce que Roy essaie d’apprendre : suivre son instinct, suivre son coeur, même si cela est totalement contraire à l’avenir prévu par son père.




Cela faisait tout juste un an qu’il était à l’université et déjà Roy avait souhaité échapper aux retrouvailles familiales des vacances scolaires ou des grandes fêtes. Toutefois à la fin de sa première année il avait accepté - sous la demande pressante de sa sœur - de se joindre au Fourglory pour Yule. Il ne comprenait pas pourquoi Lucy avait autant insisté, d’autant plus qu’elle avait décidé de présenter Bennett à toute la famille. Le jeune homme était son petit-ami, ils avaient cours ensemble à l’université et Roy ne lui avait jamais véritablement prêté attention. C’était un accord tacite. Il ne donnait pas son avis sur Bennett et Lucy ne donnait pas son avis sur ses différentes conquêtes. En son fort intérieur il se fit toutefois la remarque que jamais il ne présenterait l’une d’elle à ses parents, non pas qu’elles soient de mauvaises filles, mais les Fourglory sont bien trop particuliers.

Les retrouvailles furent bien étranges. Roy mit ses affaires dans sa chambre, ne semblant même plus la reconnaître. Son père se comportait encore comme s’il était un enfant, alors qu’il avait conscience d’être un presque-adulte. Après tout, ne venait-il pas de passer une année à s’occuper de lui-même ? C’était déconcertant de se retrouver dans cette pièce avec le couvre-lit fait main par sa mère; comme s’il était retourné à une pseudo adolescence. Il avait tout bonnement horreur de ça. Il se fit déjà la promesse de ne pas revenir l’an prochain dans cette maison et de passer Yule à Poudlard. Il ferait un effort cette année pour Lucy, comme elle le lui avait déjà demandé.

Lors des festivités sa mère leur avait fait un déluge de plats succulents. Difficile pour chacun de terminer son assiette et quand Bennett fait des compliments à la dame de maison, cette dernière se met à rougir tout en plissant sa serviette entre ses mains. Nora Fourglory n’avait jamais su quoi faire des compliments.

Le dessert fit son entrée et contre toute attente, pendant que la maîtresse de maison était en train de couper la bûche, Lucy se saisit de son verre et de sa cuillère pour faire l’appel à un discours. Voilà quelque chose qui attira toute l’attention sur elle et Bennett naturellement. Roy ne savait pas à quoi s’attendre. Un discours d’amour sirupeux ? Une demande en mariage ? Non ce serait à Bennett d’en faire la demande et pas l’inverse. Les hypothèses semblaient se presser dans le crâne du jeune homme, mais aucune n’aurait pu prédire ces simples mots : “Je voulais vous annoncer que Bennett et moi allons nous marier et que je porte déjà le fruit de notre amour.”.

Silence.

Nora se rassoit en laissant le couteau planté dans la bûche, quand au paternel, son tein semble virer alternativement entre le blanc et le rouge. Roy comprend qu’il ne sait sur quel pied danser. Sa fille, enceinte et bientôt mariée, sans qu’on vienne lui demander son avis. Si Lucy affirmait à qui voulait l’entendre que Roy était le plus culotté de la famille, il fallait avouer qu’il n’aurait jamais fait un coup comme celui-là. Naturellement il se mit à sourire et fut le premier à applaudir le couple et à les féliciter.

“C’est une plaisanterie ?!”

La voix d’Alford était étranglé par la colère. Bennett, qui n’avait été que courtoisie depuis le début du séjour, lâcha un “Non monsieur.” d’une froideur extraordinaire qui fit remonter l’homme dans l’estime de Roy. Le fiancé n’en resta cependant pas là et fit un discours honorable sur ses sentiments envers Lucy, mais cela ne fit qu'attiser la rage du père de famille qui se mit à frapper du poing sur la table. Ce fut le geste de trop pour Roy.

“La ferme papa !”

La phrase fut lâchée avec une telle désinvolture qu’elle finit de refroidir l’atmosphère. C’était la première fois que Roy répondait ouvertement à son père.

“Soit heureux pour ta fille qui a trouvée l’amour et qui va te donner un petit-fils ou petite-fille. Tu n’as aucun droit sur sa vie que ça te plaise ou non et si tu continue à crier on s’en va. Tout simplement.”

La menace était réelle, les mots lourds de sous-entendus. Roy fixait son Alford droit dans les yeux sans baisser une seule fois le regard. Le visage rougeau de son père ne lui disait rien qui vaille, il ne ferait toutefois pas machine arrière, quoi que cela lui en coûte. Le paternel abandonne la partie avec un simple “Très bien” lâché sans grande conviction. Nora reprit son couteau pour couper à nouveau la bûche et servir tout le monde.




Roy obtient enfin son A.S.P.I.C mais ne décide pas de continuer plus loin ses études. Il s'est lassé au grand damn de son père. Ne sachant pas réellement où aller, et ce malgré quelques semaines de squat chez ses amis les plus proches, le Fourglory retourne à la maison famillial. Bien entendu, rien ne se passe toujours de la bonne façon. Loin d’être accueilli les bras ouverts, on lui reproche de ne pas avoir terminé ses études et surtout ne pas vouloir devenir un Auror comme son père. Les remarques se font insistantes et très vite le jeune homme à l’impression de vivre avec une Beuglante sur pieds.  

Le nouveau diplômé peut compter sur sa sœur pour l’aider, mais un soir la situation dérape quand son père trop éméché par le cognac vient lui reprocher une nouvelle fois d’être un fils indigne et qu’il compte bien le remettre dans le droit chemin à grand coup de poing. Roy ne se laisse naturellement pas faire et il à même rapidement le deçu sur son père. Si les coups tombent, ce ne sont pas ceux d’Alford qui font mouche, mais bien ceux de Roy qui viennent s’abattre sur le visage devenu boursouflé de son paternel. C’est Lucy qui vient à les séparer et Roy fou de colère prend rapidement une valise dans sa chambre, dépose un baiser sur la joue de sa sœur et part de la maison.

Avec un seul bagage en main, il décide de changer littéralement de vie. Il quitte le pays pour l’Amérique. Il y commencera une nouvelle vie. D’abord baroudeur, il fait la rencontre de Trinity Hammers et des Chains Lynx, un groupe de sorciers biker qui l’accepte en son sein, l’aide à trouver gîte et couverts. Il trouvera en eux, un groupe d’amis, des piliers, en sommes ce qui se rapproche le plus d’une nouvelle famille. Il démarre d’ailleurs une idylle avec Trinity.




Un an après son arrivée en terre américaine, Roy à un accident de moto. Si l’incident en lui-même n’est pas bien grave pour lui mise à part quelques hématomes et ecchymoses, sa baguette en revanche est à la limite de se briser. Il cherche alors un artisan capable de lui venir en aide et tombe sur la modeste boutique de Elijah Jonker qui accepte de lui réparer sa baguette. Fasciné par son art, Roy lui demande s’il ne cherche pas un apprenti. Suspicieux, Elijah n’accepte pas tout de suite, mais face à la détermination de Roy (et c’est incessante venu en boutique), l’artisan accepte de le former au métier.

C’est un tout nouveau champ des possibles qui s’ouvre à l’ex anglais. Il se consacre à cet art, retrouve la curiosité qu’il avait lors de ses études à l’université. Il constate d’ailleurs que son inscription au club des créatures magiques lui est fort utile en ce qui concerne la reconnaissance des matériaux servant au cœur des baguettes magiques. Petit à petit, il délaisse les Chains Lynx, trop concentré à ses nouvelles activités. Sa vie avec Trinity en est quelque peu chamboulée mais cette dernière accepte le changement, comprenant que c’est mieux pour Roy de “se ranger” à une activité plus conventionnelle.

Il continue de donner des nouvelles régulières à sa sœur, qui malgré son départ précipité ne lui tient aucunement rigueur de ce qu’il a fait. Il reçoit quelques fois des photos de ses jeunes nièces et il les voit grandir de photographie en photographie au fil des ans. Quand sa sœur lui apprend le décès de leur père, Roy ne va même pas aux funérailles. Dans les mois qui suivent, c’est leur mère qui part, morte de chagrin. Sans doute que Nora ne savait plus réellement quoi faire de cette nouvelle vie de femme libéré de son mari abusif. Finalement ce n’est qu’avec les années que Roy est parvenu à l’apprécier et c’est avec plus de doute qu’il a refusé d’aller à ses obsèques. Trop loin, trop chère, c’est le cœur lourd qu’il a refusé de s’y rendre. Lucy récupère ainsi la demeure familiale et elle décide de s’y installer avec ses filles et son compagnon. C’est une nouvelle génération de Fourglory qui arpenteront les couloirs de la maison.




Roy était heureux. Il n’y avait clairement pas d’autre définition à donner à cet épisode de sa vie. Il avait Trinity, un nouveau travail dans la fabrication de baguettes, des amis qu’ils voyaient de temps en temps. Rien d’extraordinaire, juste une vie banale et paisible. Mais comme tous mécanismes parfaitement huilé, il y a parfois des ratés. Simple petit caillou dans l’engrenage qui fait tressauter toute la machine.

Cela avait commencé par une douce soirée en amoureux qui s'est terminée par cette simple phrase glissée au creux de son oreille “je veux un bébé”. La phrase n’a toutefois pas l’effet escompté, c’est une douche froide pour Roy qui s’éloigne tendrement de sa dulcinée. Trinity ne comprend pas et il ne peut lui en vouloir. Jamais ils n’avaient discuté de ça par le passé, trop jeunes, trop empressé de goûter à chaque fruit de la vie. Roy ne veut pas d’enfants. Il se sent incapable d’être un père, l’ombre de son père lui est encore insupportable. Il n’a pas forcément peur de devenir “comme lui”, juste peur qu’on le hisse à la même hauteur, père absent, sans intérêt pour ses enfants autre que ses propres fantasmes. L’artisan n’a rien fait, il n’a rien construit. Leur appartement est encore en location, sa seule véritable propriété c’est la Harley qui est sur le parking et encore il n’a pas fini d’en payer les traites, alors venir lui demander de construire une famille c’est beaucoup trop. Ce soir-là il ne répond rien, il affiche un sourire distant, pose un baiser sur le front de Trinity et fait mine de ne voir dans sa proposition qu’une simple déclaration d’amour. Bien entendu la sorcière ne souhaite pas en rester là, si ce soir-là elle ne dit rien, le lendemain c’est une conversation beaucoup plus houleuse qui prend forme.

Elle ne comprend pas et Roy à du mal à se faire comprendre. Il parle très peu de sa jeunesse. Non qu’il y ait quelque chose de bien honteux, il n’est juste pas fier de s’être fait marcher sur les pieds aussi longtemps. Les disputes s’enchaînent, Trinity commence à croire que c’est elle le problème et non pas le non désir d’enfant de son compagnon. Elle voit rouge et d’un commun accord les deux décident de mettre fin à leur relation. Étant donné qu’il devenait bien trop pénible de rider ensemble, Roy décide de quitter les Chains Lynx par la même occasion.

Quelques mois plus tard, alors qu’il se sent particulièrement mal depuis sa rupture avec Trinity (qui a débouché sur un déménagement dans une chambre miteuse) il reçoit des nouvelles d’Angleterre. La maison Fourglory à pris feu dans un incendie d’origine inconnue, seuls ses nièces ont survécu. Sortit des flammes par leur père ce dernier est retourner affronter le danger pour sa femme, mais aucun des deux n’a survécu. On lui annonce donc qu’il est devenu le tuteur légal des jumelles qui se trouvent en foyer pour l’instant.

Les larmes coulent à flots, Roy décide de retourner en Angleterre, recommencer une nouvelle vie comme il y a une dizaine d’années plus tôt et cette fois qu’il le veux ou non il passe du statut de tonton à “presque père”.