As the clock strikes midnight [ft. Yeleen]

Le concierge n’avait pas apprécié leur petite escapade derrière le rideau et Sean se contenta de rougir en passant une main dans ses cheveux, observant Yeleen du coin de l’œil sortir à son tour de leur cachette. Mais alors qu’elle s’avançait pour le rejoindre, l’étudiante trébucha dans le tissu du rideau qui se déchira derrière elle. Sean voulut se précipiter pour l’aider, comprenant instinctivement qu’elle détesterait toute l’attention ainsi attirée. Mais Yeleen s’éloigna de lui, et il se figea sans comprendre. Avait-il fait quelque chose de mal ?

Du coin de l’œil, il vit un sorcier arriver droit sur elle et il se raidit, comprenant soudain de qui il s’agissait. Voilà qui expliquait sans doute le comportement nerveux de son amie. Et aussi pourquoi elle s’était éloignée de lui… Une De Clare ne pouvait décemment être vue avec un sang mêlé de son espèce, quasi né-moldu à la vue de son éducation.

Plus rien de ce qui se passait dans la salle ne comptait pour Sean, mis à part cet échange qui se déroulait sous ses yeux. Il vit distinctement Yeleen blêmir alors que l’homme glissait une phrase à son oreille avant de réparer le rideau. Sa main frêmit sans qu’il ne puisse rien faire de plus. Que venait-il de lui dire ? Un reproche ? Lui avait-il fait un compliment ? Lui avait-il donné un ordre ? Le cœur battant, Sean l’observa s’éloigner avant de reporter toute son attention sur Yeleen. Blême et tremblante, elle n’était visiblement pas au meilleur de sa forme.

Autour d’eux, des applaudissements retentirent sans qu’il n’y prête la moindre attention. Il n’avait qu’une envie, c’était de retrouver Yeleen. Mais son amie ne s’était sans doute pas éloignée de lui pour rien. Peut-être qu’elle n’osait le côtoyer en présence de son père… Il se retenait du moindre mouvement, se contentant de la fixer avec toute la force de son inquiétude. Leur regard se croisèrent, et la jeune Serdaigle se contenta de lui adresser un maigre sourire, confirmant ainsi sa crainte. Elle ne souhaitait pas qu’il l’approche…

Le cœur au bord des lèvres, le jeune écossais tenta de prendre son mal en patience, s’approchant du buffet pour s’appuyer contre, sans vraiment le voir. Finalement, alors qu’il se sentait presque nauséeux d’impatience, Yeleen finit par le rejoindre. Elle signa une plaisanterie comme si de rien était mais ses yeux évitaient soigneusement les siens. Sean tourna son regard agité vers le reste de l’assemblée, cherchant à voir si le De Clare était en vue. Ne le trouvant nulle part, il se tourna de nouveau vers Yeleen.

La manière dont elle avait de prétendre que tout allait bien, puisant dans ses maigres réserves d’énergie pour donner le change lui brisa le cœur. Cependant, il resta silencieux, cherchant à comprendre comment il pouvait l’aider au mieux. Son amie ne désirait clairement pas parler de ce qui venait de se passer, et encore moins l’inquiéter. Aussi, il se força à lui sourire en retour.

- Oui c’est bien ça… Les brocolis au lit. Et prends garde à toi, tu es la prochaine sur la liste !

Ses yeux sombres détaillèrent attentivement le visage de la jeune fille en face de lui, notant, ses cernes bien plus visibles à cette heure-ci, et la manière dont ses lèvres tremblaient imperceptiblement. Il attrapa une serviette et se mit à s'éventer avec en soufflant bruyamment.

- J’ai vraiment trop chaud… ça te dérange pas si on sort deux minutes prendre l’air ?

l’invitant à le suivre d’un geste discret de la tête, le jeune Gryffondor prit la direction des grandes fenêtres qui menaient au balcon. Prenant soin de ne pas marcher trop près d’elle au cas où des yeux curieux se poseraient sur eux, il s’engouffra à l'extérieur via l’une des grandes fenêtres qui donnaient sur les balcons. Là, contre le mur du château, le Clearwater s’installa sur un banc en pierre – laissant à Yeleen l’espace nécessaire pour s’installer à ses côtés si elle le souhaitait.

- Toutes ces heures passées à la bibliothèque m’ont rendu un peu trop faiblard… Mon grand-père écossais doit se retourner dans sa tombe ! Les Clearwater sont sensés être de courageux guerriers ! Tu imagines ? Ahaha...

Le sourire crispé de Sean lui tordait le ventre, sans nul doute bien plus que ce que le regard de son père lui sous entendait lorsqu'elle rentrerait au domaine durant l'été. Mais la Serdaigle tenta tant bien que mal de faire bonne figure, sentant le regard du Gryffondor parcourir les traits de son visage qui n'arrivait à rougir sous la confusion de l'instant. Elle n'avait su que prendre la fuite pour éviter que son père ne s'approche de Sean, qu'elle que soit les circonstances, elle savait qu'elle s'éloignerait de toute personne proche d'elle si Henry en venait à leur faire du mal.

Dans cette étrange ambiance, loin du bal de Yule qui scintillait de mille feux, Yeleen esquissa un léger sourire en coin alors qu'il la menaçait de la faire rentrer dormir. Mais cette soirée commençait à peine et elle le suivit par automatisme, regardant un instant derrière son épaule afin de s'assurer que personne ne les observait. L'air frais qui lui claqua la joue la réveilla soudainement et elle mit un temps à regarder les étoiles brillantes du ciel avant de se tourner vers Sean qui se taillait un costard. Elle s'appuya un moment à la rembarde, son regard attiré par cette place près de son ami qu'elle gagnerait probablement plus tard. Elle ne voulait pas laisser ses jambes trembler contre lui.

Tu es sur que ce n'est pas toi le brocolis?

Elle n'appréciait pas cette dévalorisation, Sean lui ayant toujours dit qu'il tenait le courage de sa mère. Un jour peut-être, qu'elle pourra la rencontrer pour le lui affirmer.

Tu sais que les livres de la bibliothèque font d'excellents boucliers et armes ? J'ai vu un étudiant en assommer un autre avec un jour... Je crois que je n'avais jamais vu le bibliothécaire aussi nerveux.

Son verre avait été vidé avec un certain entrain, sans même se rendre compte que l'alcool glissait doucement entre ses veines. Il était bien rare qu'elle boit, son dernier verre remontait d'ailleurs à quelques semaines lorsqu'elle avait demandé à Sean de ne plus se mettre une mine pareille à son anniversaire. Elle baissa les yeux vers ses bras, sentant encore les siens l'enserrer dans une photo qu'elle n'avait pas pu prendre ce soir là. Sans en parler, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Sans pouvoir oublier que durant cette fraction de seconde manqué, elle était devenue quelqu'un.

Dis pas de bêtises... Elle le rectifia avec un peu plus de sérieux, se décollant du bord pour faire quelques pas vers le banc où il s'était installé. C'est vrai qu'on a jamais vu de brocolis se battre sans faire chou blanc... C'est peut être ton côté papy. Elle est où cette canne d'ailleurs ? Tournant sur ses talons pour se poser a côté de lui, elle lui donna un léger coup de coude pour signifier sa taquinerie. Sean était assez courageux pour une centaine de personne. Méticuleux à souhait, le Gryffondor revêtait tous ce qu'elle avait lu des Clearwater durant son enfance. Tu es bien plus que tu ne le penses...

Elle l'avait signé avec une spontanéité guidée par l'air revigorant du presque hiver, laissant un sortilège de chauffe englober au moins leur main et les jambes pour que les deux minutes d'air frais ne finissent pas par les frigorifier sur le balcon. Profitant ainsi d'un sortilège informulée pour manipuler une petite sphère où Sean et elle ne tomberaient pas malade, ils pouvaient ainsi aisément profiter de ce petit apparté au bal de Yule.

Avec un sourire absent, Sean survolait les gestes de Yeleen, son cœur s’allégeant en voyant la facilité avec laquelle il comprenait ce langage qu’elle lui avait enseigné, signes après signes. C’était comme un chant qu’il avait appris à écouter, un dialecte dont il maîtrisait à présent les plus subtiles variations, des couleurs inconnues auxquelles ses yeux s’étaient habitués. Bien-sûr, @Adil Mesli et @Michel-Ange Grimm n’avaient eu aucun mal à assimiler la langue des signes eux non plus. Il n’y avait bien qu'@Asel Misra pour rester hermétique à cette manière de communiquer. Mais Sean conservait jalousement la primeur de ce talent, s’étant attaché en premier années après années à découvrir tous les secrets de cette langue afin que Yeleen se sente toujours comprise et entendue. Mais ces clés de lecture n’avaient pas fait qu’ouvrir ses oreilles à un parler muet. Elles avaient déverrouillé le flot de ses sentiments qui avait grandi pendant des années à l’ombres des grilles croisées de son déni et de sa timidité.

Mais finalement, est-ce qu’il n’avait pas toujours su ? Pourquoi ses yeux avaient sans cesse été attirés par cette jeune fille silencieuse et coupée du monde – parfois aussi vaporeuse qu’un fantôme avant qu’un éclair farouche n’allume son regard, la faisant flamboyer, comme un diamant au milieu du charbon ? Pourquoi avait-il par tous les moyens cherché à capter son attention, à lui adresses la paroles alors qu’elle semblait si inaccessible ? Comment expliquer ce lien si fort d’amitié qui s’était immédiatement tissé entre eux ? La compréhension de ce qu’il ressentait ne faisait que rendre son regard plus perçant sur elle, alors qu’il notait tour à tour le faible tremblement de son genou, ce verre si rapidement englouti, son sourire en coin qui cherchait invariablement à ramener l’attention sur lui. Son cœur flamboyait devant elle, le laissant pantelant et sans volonté. Elle aurait eu le pouvoir de le mettre à genou si elle le désirait, mais Yeleen n’avait jamais rien fait d’autre que de le redresser, quitte à le mettre sur un piédestal qu’il ne méritait pas toujours.

Tu es bien plus que tu ne le penses...

Les doigts de l’étudiant s’accrochèrent au banc pour éviter de le faire flancher. Il retint son souffle, dévisageant les traits si finement dessinés de son amie. Ces quelques mots pouvaient contenir tous ses rêves les plus fous. Pourtant ses espoirs avaient bel et bien été réduits en cendres lors de sa soirée d’anniversaire. Cette flamme de désir avait été soufflée à peine allumée. Non il devait se ressaisir… Surtout quand sa belle amie présentait de si nombreux signes de détresse qu’elle tentait pourtant par tous les moyens de réprimer.

- Yeleen…

Sean avait un instant détourné le regard, conscient que la Serdaigle faisait son possible pour entretenir un ton léger. Il n’aimait pas aller à l’encontre de son envie, ni réduire à néant tous ses efforts. Au contraire, le jeune écossais avait toujours respecté ses nombreux silences sur des pans entiers de son histoire, attendant qu’elle accepte de se dévoiler quand elle se sentirait prête. Mais il devait cependant lui faire entendre son soutien, elle qui prétendait toujours aller bien. Aussi, il raccrocha son regard inquiet au sien, cherchant à lire s'il allait trop loin dans ses propos.

- On est pas obligés de parler de ce qui vient de se passer, mais… Si tu as envie. D’en parler. Je suis là…

Il revoyait le regard froid du sorcier aux tempes grisonnantes sur sa fille. Son souffle à son oreille alors qu’elle se figeait devant sa voix. Un frisson désagréable le parcourut alors qu’il n’avait qu’une envie, c’était de remonter le temps pour lui épargner cet indésirable face à face. Sa main se leva, hésitante, avant de se poser très légèrement sur l'épaule de la jeune fille. Rapidement cependant, il la laissa glisser jusqu’à retrouver le contact froid du banc. Il ne frissonnait pourtant pas, alors qu’une magie qui portait la signature de Yeleen les réchauffait suffisamment pour rendre cette soirée d’hiver agréable à tous niveaux.

Si la pénombre cachait ses légers tremblements, elle ne put s’empêcher de laisser ses yeux briller dès l’instant où Sean prononça son prénom. Pendant une fraction de seconde, elle se sentit secouer de frissons, venues de nul part, ne voyant que l’air hivernal frôler sa peau. Aucun sortilège de chauffe n’avait cette sensation lorsqu’il la regardait comme ça et elle du se résoudre à dévier son regard, incapable de comprendre pourquoi elle avait l’impression de se débattre avec elle-même. Adossant sa tête contre le mur, elle en ferma un instant les yeux, la fatigue et le verre avalé d’un coup, lui faisant tourner la tête comme jamais, occultant cette main qui s'était posée sur son épaule.

D’un soutien infaillible, Sean n’avait jamais cherché à lui arracher la vérité des mains, attendant que la Serdaigle en parle d’elle-même. Chaque été était un supplice, sans la moindre envie de quitter la bibliothèque familiale pour voir le reste de la prison, gardant toujours les lettres de ses amis, précieusement dans un petit carton. Mais quand ils étaient là, quand Sean était là, plus rien ne comptait. La distance n'était pas d’importance, celle de sa voix restait à ses cotés, qu’importe où elle était.

Elle n’eut l’envie d’en parler, salie par l’idée d’user d'énergie pour un père qui n'était là que pour la parer en vue de représenter la noble lignée de la famille. Alors installée là, à coté d’un Gryffondor dont à présent la couleur de leur costume et robe semblaient se marier parfaitement, Yeleen se retenue de lui prendre la main. Si avec Adil, ce geste était une preuve affective fraternelle dont elle ne pourrait se passer, avec Sean, il provoquait un émoi sans précédent. Ce fut, à cet instant-là, une légère douleur à la poitrine qui la poussa à poser sa tête sur son épaule.

Sans le moindre son, elle ne put qu’entrouvrir les lèvres pour laisser échapper un “Je suis désolée …” inaudible. Elle n’avait jamais voulu que Sean passe toute sa soirée avec elle, ce n'était pas la première fois qu’elle tombait aussi vite de fatigue. Depuis sa première année, Yeleen était incapable de tenir très longtemps, loupant bon nombre d’instants où Sean n'était pas forcément préoccupé par un devoir à rendre le lendemain mais simplement là à profiter d’une fête avec ses amis. Généralement pris de honte, elle quittait rapidement le début de soirée sans que personne ne s’en aperçoive.

Mais la tête sur ses épaules, elle se laissa aller, profitant d’une chaleur mille fois plus important qu’une petite flamme entre les mains qu’elle glissa vers Sean pour ne pas la laisser tomber à terre. Un geste las alors que son esprit courrait à mille à l’heure à l’idée de s’endormir contre son épaule pour la première fois depuis longtemps. C'était comme renouer avec son plaid préféré, une habitude qui l’apaisait dans la Grande Salle lorsqu’elle dinait à la table des Gryffondors.

Si Sean avait eu une cavalière, il n’aurait probablement pas été en retard, n’aurait pas eu besoin de se cacher derrière un rideau et aurait parfaitement suivi ce discours qu’il attendait toujours avec attention. S’il avait eu une cavalière, Yeleen était certaine qu’il serait entrain de rire aux éclats encore dans la salle, dansant et évitant de se marcher sur les pieds de justesse, un beau sourire sur les lèvres. Elle aurait donné sa voix pour être celle jeune fille ce soir.

Laissant échapper un soupir, la Serdaigle se rendit à peine compte qu’elle commençait à s’endormir, bousculant son verre sans le vouloir. De quelques signes désordonnés, Yeleen s’excusa une nouvelle fois, consciente de n’avoir même pas le temps de quitter la salle pour cacher tous les effets secondaires que les potions lui donnaient en fin de soirée.

L’année prochaine, on pourra peut-être envisager de danser …

Yeleen l’observa d’un air étrange avant de fermer les yeux en posant sa tête contre le mur. Sean la dévisagea silencieusement, craignant être allé trop loin dans ses mots, l’agaçant en revenant sur un sujet qu’elle ne désirait aucunement aborder. Aussi, il finit par détourner le regard en la laissant seule avec ses pensées. Un ange passait sans que ni l’un ni l’autre ne réagisse pour briser le silence.

Ce n’était pas gênant, ni lourd. Sean était habitué à ces instants de tranquillité entre lui et Yeleen. C’était même peut-être un des aspects qu’il préférait dans son amitié avec la jeune fille. Le garçon calme et rêveur qu’il avait pu être un temps se retrouvait pleinement dans cette non-nécessité de combler chaque moment de silence par d’inutiles mots vides de sens.

Un instinct lui fit soudain tourner de nouveau son attention vers son amie, juste à temps pour lire quelques mots qu’elle tentait d’articuler sans qu’aucun son ne parvienne à franchir ses lèvres. Il eut à peine le temps de comprendre ce qu’elle voulait lui dire, car dans le même temps, elle glissait jusqu’à son épaule. Se figeant, Sean reçu la tempe chaude de la jeune Serdaigle sur lui, alors que ses dernières forces l’abandonnaient surement.

Il sentait son cœur tambouriner si fort dans sa poitrine qu’il n’entendait plus que ça. Si Yeleen avait été en capacité de lui parler, il n’aurait rien pu entendre car aucun bruit n’aurait pu surmonter ses bruyantes palpitations. Le parfum de la jeune fille l’enivrait alors que sa chevelure lui chatouillait la joue. De nouveau, le Clearwater dû user de tout son self control pour ne pas passer ses bras de part et autre du corps menu de Yeleen afin de l’enlacer amoureusement.

Le verre de la Serdaigle tomba brusquement, le faisant sursauter et quitter ses rêveries un peu osées alors qu’il se rendait compte qu’elle était véritablement à bout de force. Yeleen tentait de signer encore, minimisant par l’humour ce qui lui arrivait. Sans doute qu’elle culpabilisait de l’accaparer ainsi, sans se rendre compte que Sean n’aurait pu être plus heureux qu’en cet instant.

- Yeleen… Il faut qu’on rentre… Tu ne tiens plus debout…

Il s’incluait évidemment dans son constat, n’imaginant pas une seconde la laisser partir seule dans cet état. Pouvait-elle-même se lever ? Alors qu’il tentait d’initier un mouvement, Sean sentit clairement qu’elle ne parviendrait pas à le suivre. Alors, aussi délicatement que possible, il repoussa son visage pour le faire de nouveau doucement reposer contre le mur. S’étant ainsi libéré, il se leva pour se pencher vers elle, vérifiant d’un air anxieux si tout allait bien au-delà de son extrême fatigue.

- Yeleen ? T’es toujours avec moi ?

La jeune étudiante était fière, et détestait se considérer comme un poids pour ses amis. De plus, il y avait toujours cette image d’elle le repoussant qui avait fait comprendre à l’écossais que son amie ne désirait aucunement ce genre de geste déplacés de sa part. Et pourtant, il ne pouvait l’abandonner ainsi… Le Clearwater hésita un moment avant de reprendre en se retenant de balbutier.

- Excuse-moi… Je sais que tu vas pas aimer ça…

En tremblant d’avance, il passa l’un de ses bras derrière son dos, tandis que l’autre attrapait ses jambes, pour la soulever contre lui. Yeleen avait beau être plus grande que lui, il fut étonné par sa légèreté, tandis que sa tête endormie dodelinait contre son torse. Intérieurement, Sean fut heureux d’avoir passé des étés entiers à muscler son corps qu’il trouvait bien trop chétif. Il aurait été bien embarrassé de devoir s’aider d’un sortilège pour porter son amie.

- Accroche-toi à moi. Je vais passer par l’extérieur, comme ça personne ne te verra, souffla-t-il en avançant de quelques pas.

L’avancée ne fut finalement pas si aisée, alors qu’il craignait buter contre un obstacle invisible ou finir par manquer de force. Mais il serait mort avant de l’avoir relâchée. Quelque part, au fond de lui, il sentait que cette proximité avec elle lui donnait une inépuisable et invincible force et qu’il aurait pu la porter ainsi jusqu’aux Hébrides s’il l’avait fallu. Dans le même temps, il faisait son possible pour empêcher son esprit de s’emballer, se rappelant pas après pas qu’il ne faisait qu’aider une amie à rejoindre son dortoir.