Tenebrae - Part 1 [Sigrid]

Arrivée alors que Fergus avait à peine atteint ses 30 ans, Sigrid savait qu’il était, comparé à elle, encore qu’un jeune poulain chez les aurors. Moins expérimenté, plus réactif sur le terrain, plus impulsif et énergique qu’elle. Se connaissant elle-même, Sigrid avait tout de suite reconnu en lui une future responsabilité qu’elle n’avait pas la force de porter, quelqu’un à prendre sous son aile alors qu’elle perdait encore ses plumes. Elle avait voulu se tenir loin.

Mais Fergus était gentil, et accueillant. À l’époque, c’est tout ce dont elle avait besoin, elle avait donc accueilli son amitié à bras ouverts, oubliant son envie de rester distante.
Désormais, même s’ils ne connaissaient pas beaucoup outre le travail, Fergus était une présence rassurante dans les bureaux, et un allié sur le terrain, du moins quand elle y pouvait encore y être.

La norvégienne releva les yeux de ses papiers lorsque Fergus vint se percher en face d’elle.
Elle lui serait toujours reconnaissante pour ce caractère chaleureux qui avait rendu son arrivée plus tolérable. C’est pourquoi elle essayait de lui rendre cette amabilité quand elle le pouvait.
Elle lui sourit. “Certainement.”
Elle déposa sa plume, histoire d’être plus attentive à ce que son collègue avait à lui dire.

Le Clearwater déposa un dossier devant elle. Secret Défense.
Elle jeta un coup d'œil curieux à Fergus avant d’ouvrir le document violet pour en lire son contenu rapidement. Alors que ses yeux défilaient sur les rapports, elle en oublia presque son environnement, concentrée sur les situations détaillées dans les lignes.
Elle écouta d’une oreille les explications de son collègue, relisant en parallèle certains passages des rapports, passant d’un document à l’autre pour corroborer ce que Fergus lui disait.

Sigrid marqua une longue pause, continuant d’analyser les témoignages en silence, intriguée.
Fergus lui demanda sa participation dans le dossier, et elle releva enfin la tête vers lui, les yeux grands. Fergus avait l’air confortable, installée dans la chaise opposée.
Elle hésita, déchirée entre sa curiosité et sa raison. “Je dois admettre que je serais curieuse d’investiguer la rune en question… ça pourrait représenter tant de choses…” dit-elle d’une voix hésitante. Elle aimait mettre ses connaissances à l’oeuvre, ironiquement. Un appel vers la maison.
“Fergus,  @Nott Tyrfing ne m’a pas encore validée pour le terrain. Je ne peux pas t’aider en dehors des hypothèses... si quelque chose venait à se passer, je ne serais pas autorisée à agir. Je ne suis pas la partenaire idéale pour l’enquête, tu le sais.”
Fergus avait l’air de savoir ce qu’il faisait, pourtant. Une partie d’elle avait envie de dire oui, mais Sigrid était toujours docile de nature. “Je suis sûre que @Saúl Ochoa ne serait pas si terrible que ça.” ajouta-t-elle, comme pour le consoler, et se consoler elle-même. Une manière pour l’inviter à changer d’idée.

Il avait chez lui ce petit air taquin, ce regard d’enfant qui sait comment roucouler pour qu’on ne lui refuse rien. Il lui rappelait même un peu  @Rafael Lundgren. Sigrid haussa les sourcils avec un air mi-amusé, mi-sceptique. Il essayait d’enjoliver les choses pour tenter de la convaincre, pour essayer de la faire sortir un peu, et c’était touchant. Mais ils connaissaient tous les deux la réalité.

Elle jeta un autre coup d’oeil à la rune, qui semblait appeler son nom. Après une pause, elle fini par céder avec un soupir. “Je peux être consultante sur le dossier.” Elle releva les yeux vers Fergus. “Mais tu devras te trouver un partenaire d’enquête. Au moins un renfort de la BPM.” ajouta-t-elle comme condition. Pas question qu’elle laisse Fergus enquêter à l’extérieur sans binôme tout simplement parce qu’elle ne pouvait pas l’accompagner.

Il se leva avec une invitation d’investigation des oubliators. “Très bien, on peut commencer par là.” dit-elle, sobrement, même si elle était incapable d’effacer le petit sourire d’excitation qui paraissait sur son visage. Cela faisait changement de la paperasse, elle devait le donner à Fergus, il savait comment égayer la routine.

Alors que Fergus l’invitait à le rejoindre, elle se leva à son tour, prenant soin de fermer les dossiers et de les fourrer dans un classeur fermé avant de s’éloigner de son bureau. Prudente, elle avait déjà causé un accident, elle ne se ferait certainement pas blâmer pour une fuite d’informations en plus.

Elle s’esclaffa à sa demande. “Tu sais que Méchant-auror Gentil-auror, ça fonctionne principalement dans les histoires?” dit-elle avec un sourire malicieux. Elle se dirigea vers l'ascenseur. “Je veux bien jouer le jeu, mais j’ai des doutes que quiconque soit convaincue par ton attitude de méchant auror.” Elle appuya sur le bouton de l’étage des oubliators. “Surtout vu comment tu fuis  @Saúl Ochoa comme la peste... très dur à cuire.” ria-t-elle alors que les portes se fermaient sur eux, les laissant seuls dans l'ascenseur pour peaufiner leur stratégie.

Sigrid se contenta de suivre Fergus dans les dédales du Ministère en silence, arborant uniquement ce petit sourire amusé à la manière dont il réagissait face à ses piques. C’était presque trop facile.

Alors qu’ils attendaient l’arrivée de leur interrogé, il se retourna vers elle.
« C’est marrant. T’es en mission, t’es sur le terrain, mais en même temps tu quittes pas le Ministère. Habile hein ce petit Fergus pour te faire reprendre goût au boulot ! »

Elle lui répondit avec une moue faussement outrée. “Mais qui a dit que j’avais perdu le goût du boulot?” rétorqua-t-elle avec un haussement de sourcil. “Il n’y a rien de plus palpitant que de corriger les fautes d’orthographe de tes rapports.” se moqua-t-elle.
La blonde marqua une pause, son sourire diminuant légèrement alors qu’elle adoptait un ton plus sérieux. “Mais c’est vrai que ça fait du bien de se réactiver un peu, c’était une bonne idée. Merci Fergus.”

Elle détourna les yeux, analysant l’espace dans lequel ils étaient. Lorsque Steve Follow apparu, toute trace de plaisanterie avait quitté l’expression de la norvégienne, remplacée par quelque chose de plus professionnel.

Alors que Fergus pris la parole, elle compris qu’il tentait de jouer le rôle du gentil auror, espérant qu’elle joue celle du méchant. Elle dû se retenir de rouler les yeux. Ça fonctionne que dans les histoires, Clearwater! Mais étant poussée à parler, elle serra ses doigts ensemble, les mains appuyées sur son ventre, adoptant une posture droite et professionnelle.

“Nous venions nous enquérir du statut des rapports que votre département était censé fournir à la suite des événements. Voilà quelques jours que l’attaque s’est produite et il manque toujours des documents importants.” Elle garda ses yeux bleu rivé sur l’homme, de marbre. “Chaque jour qui passe brouille la mémoire de vos agents, ce qui pourrait résulter en des erreurs importantes dans les contre-rendus. Ce serait dommage que le cas soit abandonné par le Magenmagot parce que votre département n’a pas complété les protocoles correctement.”
Son regard était froid, et en l’espace de quelques secondes, Sigrid avait de nouveau revêtu la rigueur qui lui avait été inculquée depuis l’enfance.

Sans grande surprise, l’oubliator passa vite aux confessions, laissant un goût amer sur la langue de Sigrid. Elle n’aimait pas avoir à secouer des gens pour les forcer à faire leur travail. Elle écouta son récit en silence, les yeux fixés sur l’homme. Fut une époque, Sigrid pensait qu’elle deviendrait oubliator un jour. C’était ce pourquoi elle avait étudié. Ça lui faisait bizarre de s’imaginer à sa place, à passer ses journées à effacer la mémoire des moldus. Aurait-elle été meilleure à ce rôle que celui qu’elle jouait aujourd’hui? Sa vie aurait-elle été différente?

Son attention fut redirigée vers l’homme lorsqu’il mentionna les runes. La blonde se redressa, son intérêt soudainement piqué. Comme celles des vikings.

L’homme termina son rapport oral et quitta, laissant Fergus et elle briefer sur ce qu’ils venaient d’entendre. Elle roula des yeux à sa remarque, mais le laissa continuer sur ses théories, pensive.

Elle entendait à peine le grattement de la plume de Fergus sur le parchemin, perdue dans ses propres pensées. Lorsqu’il lui demanda son opinion, Sigrid pris quelques secondes avant de réagir. “Je n’ai jamais entendu parler de ce genre de magie.” répondit-elle en seccouant la tête. “Il y a les thralls, qui sont connus dans la magie noire scandinave…” marmonna-t-elle. Elle pensait à voix haute. “Mais ce sont des vivants ensorcelés par des sorciers, ils ont bien desdes objectifs et une conscience... mais ce ne sont pas des cadavres.” Elle se retourna vers Fergus, les sourcils froncés.

“Et puis, les motifs ne font aucun sens. Si on omet les inféris et les runes, les trois événements ont pratiquement l’air séparés. Un vol, un assassinat…” Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille. “Ils doivent avoir un but précis. On a pas une assez bonne vue d’ensemble.”