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Nightbirds
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FICHE DE PERSO
A mesure que les prunelles ambrées de l’anglaise parcouraient les lignes manuscrites, un ourlet venait étirer ses lèvres. Nul besoin de découvrir la signature de son auteur, elle aurait reconnu l’écriture de son vieil ami entre mille. La calligraphie portait en elle toute l’assurance inflexible de cet homme à l’ambition démesurée qui avait plus d’une fois partagé sa compagnie. Atlas De Clare. Le ténébreux businessman lui inspirait des opinions mitigées depuis toujours pour ainsi dire. D’un an son cadet, il était issu d’une lignée aussi prestigieuse que la sienne, et les idéaux conservateurs de leurs aînés avaient suffi à faire en sorte qu’ils grandissent dans un même univers. Mais là où le brun avait décidé de poursuivre une voie nébuleuse, Elena s’était employée à la fuir. Pourtant, la vie n’avait cessé de les ramener l’un vers l’autre, au croisement de leurs différents chemins. Et aujourd’hui encore, l’invitation de l’ombrageux sorcier sonnait comme une énième injonction du destin.
La jeune femme avisa l’horloge dans le coin de son bureau ; elle pourrait sans doute se libérer si elle prenait de l’avance sur sa pause déjeuner. Connaissant Atlas, il y avait de bonnes raisons de penser que sa sollicitation était en partie motivée par des intérêts personnels à défendre. Et pour Elena, c’était un contrat potentiel qu’elle n’entendait pas manquer. S’ils avaient été aussi amis qu’intimes, les deux sorciers à la personnalité tempétueuse étaient et restaient avant toute autre chose des chefs d’entreprise pragmatiques. Elle renvoya donc un hibou à son ancien camarade pour lui confirmer sa présence avant de s’activer tout au long de la journée pour boucler ses dossiers.
L’encre s’était répandue dans le ciel à l’heure où elle quitta son bureau. Parée d’un tailleur anthracite ajusté avec la finesse des grandes marques italiennes, la brune traversa le cabinet d’un pas vif, ses escarpins noirs martelant régulièrement le sol. À l’extérieur, à travers un nuage gris de tabac, un colosse de deux fois sa taille – un hybride à moitié géant semblait-il – l’attendait docilement. Sans qu’elle n’ait à articuler le moindre mot son adresse, il lui emboita le pas. Elle s’immobilisa soudainement, comme si elle prenait seulement conscience de sa présence. Ah oui. Inutile de me suivre… Elle marqua un temps d’arrêt, les sourcils infléchis dans une réflexion inopinée. Yvan. répondit la montagne de muscles. Yvan, oui. Tu peux rentrer, je ne te retiens pas. Ma journée de travail est terminée. Et elle démontrait déjà de considérables efforts en acceptant sa présence ici, il ne faudrait pas en abuser non plus. Désolé m’dame, j’ai reçu des ordres stricts : je dois vous suivre partout où vous allez. Si vous ne rentrez pas au manoir, je viens avec vous. » Elena inclina légèrement la tête, lèvres entrouvertes, évidemment contrariée. Je sais me faire discret. se sentit-il obligé de préciser, comme pour temporiser. Elle savait que c’était peine perdue pour ce soir ; elle arborait une expression franchement désabusée.Tu attendras à l’extérieur, c’est le seul compromis que je suis prête à accepter pour l’heure.exigea la brune sans attendre de réponse. Elle tourna les talons, et ils transplanèrent.
A l’entrée du bar, Yvan sembla hésiter, et l’anglaise lui adressa un sourire railleur. Je serai accompagnée du Diable en personne ce soir, alors crois-moi, tu n’as aucune raison de t’inquiéter. Ou peut-être que si. Mais Elena l’abandonna derrière elle sans un mot de plus. À l’intérieur, un fond sonore semblait glisser sensuellement sur les murs. La sorcière serpenta habilement entre les couloirs sombres, jusqu’au carré isolé réservé par son ami. Elle y fut aussitôt accueillie avec une déférence allouée aux personnes de son rang, et confortablement installée par une vélane à la beauté incontestable. Patientant dans cette ambiance feutrée, aux nuances tamisées, Elena réalisa avec amusement que l’endroit était ce qui ressemblait de plus près à son ancien camarade.
Une quinzaine de minutes plus tard, la silhouette de l’homme d’affaires se découpa enfin dans la pénombre. D’ordinaire, ce sont les dames qui se font attendre. lança-t-elle, en lui jetant une œillade mutine par-dessus son verre. Elle l’épia un moment, avec que ses lèvres ne se retroussent sur l’ivoire immaculé de ses dents dans un sourire des plus sincères. Tu ne m’en voudras pas si je ne t’ai pas attendu ; rude journée. justifia-t-elle.
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FICHE DE PERSO
Quelques jours auparavant, Chemin de Traverse
Assis derrière un bureau, les jambes croisées, une cigarette fumante au bec, Atlas ouvrit tranquillement la gazette du sorcier. En première page s'étalait une nouvelle fracassante. Le ministre de la magie venait d'ordonner à tous les hybrides de se présenter au département des créatures magiques pour s'y enregistrer. Voilà qui va foutre un sacré boxon. Se dit-il à lui-même en laissant échapper un soupir. Bien sûr, une telle mesure n'était pas totalement surprenante. Depuis la mort de son fils, Adair Dunn était devenu obsédé par le danger que représentait les loups-garous et les autres créatures hybrides. Mais delà à promulguer un tel décret, c'était un peu excessif selon lui. Il se mit à se masser la base du nez tout en réfléchissant aux implications que cela allait entraîner. Il allait devoir contacter certaines personnes à qui il aurait préféré ne plus avoir à adresser la parole, faire passer quelques messages (par la force si cela s'avérait nécessaire) et sans doute payer des pots de vin. Il s'en réjouissait d'avance...
Continuant sa lecture, il passa à la rubrique people qui relataient les dernières frasques de plusieurs célébrités. Il répéta à chaque fois leur nom mentalement pour les retenir. Cela pourrait éventuellement servir plus tard dans une conversation ou dans d'autres circonstances. Après, il s'attarda quelques instants sur l'actualité étrangère en songeant aux conséquences qu'elle pourrait avoir. Fluctuation du marché, immigration en hausse, tension diplomatique, etc, etc. Une fois qu'il fut satisfait de ses conclusions, il les rangea dans un coin de son esprit et se pencha finalement sur les annonces. Elles indiquaient l'arrivée de tels ou tels évènements dans les semaines avenir, proposaient les services de tel ou tel personne et informaient sur l'ouverture ou la fermeture de tel ou tel enseigne. Son regard s'arrêta sur un encart publicitaire ventant le travail d'un jeune cabinet d'avocat appelé "Atkins&Lovecraft". Lovecraft... Ses yeux fixèrent le deuxième nom un moment. Cela ne pouvait être qu'Elena. Il ne voyait personne d'autres chez les Lovecraft pour choisir ce genre de profession. D'autant plus lorsque l'on connaissait, comme lui connaissait, les activités menées par cette puissante famille de sorciers.
Ainsi donc, Elena était de retour au pays. Des bribes de souvenirs datant d'une autre époque ressurgir peu à peu. D'abord, ceux d'une petite fille propre sur elle et bien habillé mais dont le visage exprimait une profonde indifférence pour tout ce qui l'entourait. Puis, ceux d'une jeune femme belle et élégante mais dont l'expression froide et hautaine tenait à l'écart même les plus courageux. L'image de la préfète, portant la robe de Serpentard lors de leurs études à Poudlard, vint se superposer fugacement. Il l'avait ensuite revu quelques années plus tard à New York lorsqu'il avait commencé à s'attirer des ennuis et qu'elle avait commencé à résoudre ceux des autres. Là-bas, ils avaient pris du bon temps ensemble mais n'avait pas été plus loin. Elle, comme lui, n'avait pas envie et était trop occupé pour une relation plus complexe. Ils s'étaient alors perdus de vue et avaient continué leur chemin chacun de leur côté. Atlas en choisissant de se lancer dans un nouveau genre de "bataille explosive" pendant qu'elle était restée dans les clous à défendre ses clients. Mais manifestement, le destin voulait que leur route se croise de nouveau.
Intéressant. Déclara-t-il en repliant le journal et en le jetant sur le côté. Il se leva et déposa les cendres de sa cigarette avant de faire quelques pas jusqu'à la fenêtre. Là, il se mit à observer quelques instants la rue animée qui s'étendait en contrebas. Il y avait des enfants qui s'extasiaient devant une vitrine et qui se retournèrent vers leurs parents pour les supplier d'y entrer. Ces derniers firent mine de ne pas les entendre et continuèrent leur route. Atlas esquissa un sourire en songeant que les enfants n'avaient pas adopté la bonne approche. Ils auraient dû entrer directement dans la boutique pour obliger leur parent à venir les chercher. Une fois à l'intérieur, leurs suppliques auraient créé un dilemme difficile à supporter pour un adulte. Celui de contenter son enfant ou de passer pour un mauvais parent en public. Dans la plupart des cas, le tour aurait été joué.
Tu vas écrire une lettre... Dit-il en prenant une bouffée de sa cigarette. D'un coup, la plume couchée sur le bureau se leva et se tint prête à écrire sur un papier à lettre marqué du nom d'Atlas de Clare. Chère Elena. J'espère que tu vas bien et tout, et tout... Il fit un moulinet avec sa main pour indiquer à la plume qu'elle devait enrober ses propos avec les formules d'usages. J'ai appris que tu étais de retour au pays. J'aimerais te revoir. Et, pour mêler l'utile à l'agréable, je voudrais te proposer une affaire qui pourrait t'intéresser. Rencontrons-nous au pub "The White Horse" à l'une des dates inscrites ci-dessous. Confirme moi celle qui te convient le mieux par retour de hibou. Dans l'attente de ta réponse, bla, bla, bla... Choisis une formule de politesse formel mais pas trop. La plume s'arrêta d'écrire d'un coup et se tourna vers lui dans une position d'attente ou d'incompréhension. Peu importe laquelle, débrouille toi ! Lui répondit-il nerveusement en se retournant et en faisant quelques pas en sens inverse. Il attendit que la plume termine d'écrire sa prose en tirant sur sa cigarette puis attrapa la feuille pour vérifier le résultat. Hmm... Tu as fait une faute d'orthographe là ! Dit-il en tenant la feuille devant la plume et en lui indiquant son erreur avec un doigt. A quoi bon t'avoir ensorceler pour que tu imites ma façon d'écrire si tu te permets de faire des fautes ! Gronda-t-il devant la plume qui baissa sa pointe comme un enfant aurait baissé la tête. Recommence !
Une fois la nouvelle copie terminée, il la vérifia puis d'un coup de baguette magique l'envoya dans une enveloppe. Celle-ci se referma toute seule et l'adresse du destinataire apparu alors petit à petit, comme par magie. Il la prit en main et alla ouvrir la fenêtre. Néron ? Sollicita-t-il. Un énorme hibou à l'air menaçant vint se poser près de lui. Il lui tendit l'enveloppe et l'oiseau l'attrapa avec son bec avant de s'envoler.
Le jour du rendez-vous, à l'intérieur de "The White Horse"
Elle est là ? Dit-il en s'approchant du comptoir. Dans l'arrière salle. Lui répondit une vélane en le guidant jusqu'au carré qu'il avait réservé. Avant d'entrer, il s'arrêta pour lui donner son pardessus et pour vérifier sa tenue. Comment suis je ? L'interrogea-t-il. Elle lui frotta les manches et les épaules puis agrippa le nœud de sa cravate et tira d'un coup sec vers elle pour le resserrer. Parfait. Lui répondit-elle d'une voix mielleuse, avec un superbe sourire tout en battant des cils. Pris de court, leurs visages rapprochés l'un de l'autre, il esquissa un rictus et lui fit un clin d'œil avant de pénétrer dans l'arène.
En entrant dans le carré V.I.P., il s'arrêta un instant dans l'encadrement de la porte afin d'observer Elena. Encore plongé dans l'obscurité à cet endroit, il l'examina très brièvement avant qu'elle ne s'aperçoive de sa présence. D'ordinaire, ce sont les dames qui se font attendre. Lui dit-elle. J'ai dû parler au gorille qui t'accompagnait. Il faisait fuir la clientèle en restant debout à côté de la porte. Je lui ai dit qu'il n'avait pas besoin de t'attendre et qu'il pouvait partir. Se justifia-t-il en s'approchant d'elle tout en continuant son examen, exactement comme elle continuait à l'épier en retour. Après des années passées sans se voir, il se surpris à chercher des changements physiques dans sa posture ou son attitude. Ces cheveux avait-il terni ? Son regard était-il moins perçant ? Son visage comportait-il plus de maquillage ? En bref, est-ce que le temps et la vie avaient eu une prise sur elle ou pas ? Malheureusement, et malgré son souci du détail, il ne parvint pas à déceler quoi que ce soit après ce premier examen. Elena ne semblait rien laisser paraître d'un quelconque vieillissement. Tu ne m'en voudras pas si je ne t'ai pas attendu ; rude journée. Ajouta-t-elle avec un sourire pepsodent. Bien sûr que non. Je vais même te suivre. Lui répondit-il en sortant d'une poche de sa veste un étui à cigarette argenté qu'il ouvrit d'une pression sur un bouton. Eliane, un whisky pur feu s'il te plaît. Dit-il en tournant la tête par-dessus son épaule en direction de l'ouverture. La vélane, qui était revenu se poster en retrait après avoir déposé son manteau, entra en dégainant sa baguette magique. Elle s'approcha de lui et d'un simple contact avec la cigarette qu'il portait à sa bouche, l'alluma. Je vous apporte ça tout de suite. Dit-elle gracieusement en papillonnant des yeux avant de s'en aller. Il reporta son attention sur Elena et, remarquant son regard appuyé, ajouta simplement : Une Sanderson... (@Eynaelle Sanderson) Comme si cela suffisait à expliquer le mince sourire qu'il avait aux lèvres ainsi que tout ce cinéma.
Prenant place à côté d'Elena sur la banquette, il s'installa plus près d'elle que les usages formelles l'autorisaient habituellement. Néanmoins, il garda quand même une distance suffisante pour qu'on ne puisse pas les croire intimes non plus. Il resta silencieux le temps d'être servi et de se retrouver seul avec elle. Santé. Dit-il simplement en levant son verre pour trinquer. Une fois qu'il eut avaler une gorgée du liquide ambrée, il s'installa confortablement en croisant les jambes et en déposant son bras sur le dessus de la banquette. Alors... Souffla-t-il dans un nuage de fumée. Puis-je savoir pour quelle raison tu es revenue ? Ne me dis pas que c'est parce que tu avais le mal du pays. Ajout a-t-il d'un ton sarcastique.
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L’anglaise arqua un sourcil surpris. Tu es parvenu à t’en débarrasser ? Me voilà presque vexée. J’ai eu toute la peine du monde à le convaincre d’attendre à l’extérieur. Soupira la brune, une moue volontairement contrariée sur les lèvres. L’air américain m’aurait-il fait perdre la main ? fit-elle, l’air de s’interroger véritablement sur cette question proche d’être existentielle. Elle constatait néanmoins que son compagnon de soirée n’avait rien perdu de l’autorité naturelle dont il était forgé. En même temps, en avait-elle seulement douté une seconde ? Elle laissa l’ambre de ses iris couler sur la silhouette altière du brun, décomposant chaque détail avec une minutie impudique. Quelques années s’étaient consumées depuis leur dernière rencontre, mais il paraissait fidèle au souvenir qu’elle gardait de lui. La ligne décidée de sa mâchoire. L’éclat indéchiffrable et perçant de ses orbes bleus. Et cette impression d’être assise en face d’un homme qui ne laissait rien entre les mains du hasard. C’était comme si chaque geste, chaque pas était stratégiquement prémédité et destiné à servir ses intérêts.
Elena observa, avec un demi sourire amusé, le petit manège de la serveuse qui serpentait sensuellement jusqu’au businessman. La langueur calculée de sa gestuelle conjuguée à son expression suggestive laissait deviner ses intentions. Et le pli dans le coin des lèvres d’Atlas suscita un peu plus de distraction chez l’avocate. Elle hocha le menton à l’évocation du patronyme à la réputation acquise. Je vois. Et qui envoûte qui ? sourit-elle, une lueur mutine faisant briller son regard. L’héritier De Clare avait toujours eu un fort pouvoir magnétique sur quiconque l’entourait. À l’époque déjà, il ne laissait rarement insensibles ceux qui croisaient sa route et nul doute qu’il avait dû tirer profit de son influence pour bâtir son petit empire.
La brune tendit son bras pour trinquer avec son voisin, plantant ses prunelles dans les siennes avec cette étincelle inimitable qui avait le don de déstabiliser le commun des mortels. Insaisissable. Déroutante. Il était presque impossible de deviner les réelles émotions qui se dissimulaient habilement sous ses mèches brunes. Une nouvelle gorgée brûlante, et la question inévitable tomba. Elle s’autorisa plusieurs longues secondes de silence, faisant distraitement tourner son whisky dans son verre, comme si l’interrogation en soulevait d’autres. Disons que… J’ai appris à mes dépens que le destin nous rattrapait toujours. Peu importe la vitesse à laquelle on court ou la volonté que l’on déploie pour lui échapper. Répondit-elle avec une certaine amertume qu’elle ne cherchait pas à masquer. Elle avait toujours profondément méprisé la notion de fatalité, s’employant à la défaire par tous les moyens. Voilà qu’elle se retrouvait précisément à la place qu’elle avait fui dix ans auparavant. Alors me voici pour le confronter. Poursuivit-elle en relevant les yeux vers son ancien camarade, un sourire ourlant ses lèvres au passage. Si je ne peux l’éviter, je saurai le faire ployer. Avec plus de succès, je l’espère, qu’avec mon gorille.
À défaut de pouvoir s’émanciper du lourd héritage de son nom, elle avait la ferme intention de jouer sa propre partition.
Et toi, que me vaut cette invitation ? De quel genre de bourbier souhaites-tu que je t’extirpe ? À quel point allait-elle devoir travailler ? Atlas ne lui facilitait jamais vraiment les choses. Ou bien redoutes-tu seulement le mauvais présage qui accompagne mon retour à Londres ? questionna-t-elle, sarcastique. Son vieil ami n’avait pas pu manquer les nouvelles tonitruantes qui avaient bousculé le cercle intimiste des familles comme les leurs. Celle de la mort tragique et mystérieuse de son jeune frère s’était répandue comme une traînée de poudre. Et nul doute que le clan Lovecraft avait la ferme intention de ne pas laisser un tel affront impuni. Quiconque connaissait son père savait qu’il était à l’aube d’une guerre sanglante à présent… Et l’agitation ne profitait jamais aux affaires hélas.
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Le jour du rendez-vous, à l'intérieur de "The White Horse"
Je ne lui ai pas laissé le choix. Lâcha-t-il simplement en plongeant son regard dans celui d'Elena. Et à cet instant précis, pendant quelques secondes à peine, une lueur étrange passa dans ses yeux. Une lueur désagréable, menaçante. Une lueur qui cherche à conquérir, à dominer, une lueur de défi. Puis, elle s'estompa et disparu aussi vite qu'elle était venue, presque comme si elle n'avait jamais existé.
À la question portant sur les charmes de la vélane, il préféra ne pas répondre. Il se contenta d'un rictus avant de se diriger vers la banquette pour s'y installer.
Une fois enfoncé confortablement dans le cuir, sa clope à la main, il écouta attentivement la réponse de l'avocate à sa propre question. Celle-ci était suffisamment énigmatique pour ne donner aucun détail. Il reconnaissait là le talent d'Elena pour le maniement des mots. Cependant, pour quelqu'un qui savait à quoi elle faisait allusion, sa réponse ne laissait guère place à la spéculation. En effet, ces dernières années, les Lovecraft avaient perdu plusieurs de leurs proches de manière tragique. Et bien qu'il ne connaissait pas tous les détails de cette affaire, il avait quand même appris que la cause des décès n'était ni naturelle ni accidentelle. Ce qui, par élimination, ne laissait guère beaucoup d'autres choix. Les Lovecraft avaient donc été attaqué. Surprenant... D'autant plus, qu'ils semblaient ne pas avoir été en mesure de se défendre efficacement. Mais qui avait été assez courageux (ou assez stupide) pour s'y risquer ? De quelle manière avait-il procéder ? Et pour quelle raison ? Ça, il l'ignorait encore. Néanmoins, il savait que ces attaques avaient profondément affecté le noyau familial et que celui-ci avait battu le rappel de ses troupes. Ce qui semblait inclure Elena également. De toute évidence, ils devaient être en train de se préparer à riposter. Nulle doute que la vengeance devait-être le sujet de prédilection à tous les repas de famille en ce moment.
Pendant qu'il l'écoutait, il ne la quitta pas non plus du regard. Il l'observa avec attention en analysant chacune de ses expressions. Il voulait savoir où elle se situait au milieu de la tempête qui approchait. La moindre émotion pouvait la trahir et lui apporter de précieuses informations sur son implication et sa détermination dans les futures projets de sa famille. Cependant, Elena était rompu à ce genre d'exercice. En tant qu'avocate, elle savait parfaitement se contrôler et exprimer ce qu'il fallait d'émotion pour paraître sincère. Un mélange subtil dans les yeux, dans le mouvement de la bouche et dans les plis du visage qui peut servir à montrer de la sympathie, de l'empathie, de la tristesse ou de la colère au moment opportun. Bref, elle était capable d'exprimer une émotion tout tant en cachant une autre. Il n'obtiendrait donc pas forcément le résultat souhaité et décida ne pas insister davantage. De plus, au vue de la manière implicite dont elle avait décidé de lui en parler, il avait compris qu'elle préférait ne pas trop s'étaler sur le sujet. Il se contenterait de ce qu'il avait pût déceler jusqu'ici. Je n'en doute pas. Répondit-il en conclusion à sa réponse.
Et toi, que me vaut cette invitation ? De quel genre de bourbier souhaites-tu que je t'extirpe ? Ou bien redoutes-tu seulement le mauvais présage qui accompagne mon retour à Londres ? Il était évident qu'il redoutait le mauvais présage qui l'accompagnait. Quoi que pouvait être le plan que manigançait les Lovecraft, cela créerait inévitablement de l'agitation. Et l'agitation était toujours néfaste pour son business. Cela dit, s'il avait voulu aborder ce sujet en particulier, ce n'est pas à elle qu'il aurait fait appel. Il aurait directement cherché à rencontrer le "vieux'. Le patriarche de la famille, avec qui, il serait convenu d'une rencontre. Il aurait d'ailleurs très certainement été là-bas accompagné par @Franz Biederman, histoire d'éviter les problèmes. Néanmoins, ce n'était pas la raison qui l'avait poussé à revoir Elena aujourd'hui.
Ce n'est pas pour mol que j'ai besoin de tes services. Dit-il en marmonnant, sa cigarette coincé entre ses lèvres. Je voudrais que tu aides le père d'un ami qui s'est attiré des ennuis. Il est accusé de recel d'antiquités et d'objets magiques par la BPM. Il lui faut une défense béton et je suis persuadé que tu es celle qui la lui apportera. Voici son dossier. Il sortit d'une des poches de sa veste un dossier qu'il déposa sur la table. À l'intérieur figurait les informations personnelles du prévenu, les chefs d'accusation ainsi que diverses pièces rattaché à l'affaire. Tu me tiendras informé de tes progrès si tu acceptes de t'en charger. Et si tu rencontres des difficultés, tu n'auras qu'à m'en faire part et je verrai ce que je peux faire pour t'aider. Conclu a-t-il calmement en tirant une taffe.
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La réponse spontanée du brun lui arracha un souffle amusé. Elle fit glisser sa paire d’orbes ambrée sur le visage dur de son interlocuteur. L’éclat sombre qu’il refléta l’espace d’un instant lui fit un drôle d’effet. Il y avait quelque chose de plus ombrageux encore qu’auparavant en Atlas. Quelque chose de plus insaisissable. Pour autant, l’anglaise ne s’était jamais sentie en danger avec l’homme. Par expérience ou inconscience, difficile à dire, elle connaissait sa part d’ombre sans jamais s’en être inquiétée. « Les années s’égrènent et tu restes le même Atlas De Clare... » susurra-t-elle, le regard mutin. « N’as-tu jamais laissé le choix à quelqu’un ? » sourit-elle avec un amusement certain. D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, l’avocate se rappelait un jeune garçon sûr de lui et entreprenant, à qui personne ne dictait sa conduite.
Sans s’embarrasser de détours inutiles, l’homme d’affaires exposa clairement la raison de sa lettre. Professionnelle, comme elle pouvait s’en douter. La curiosité piquée, la tempétueuse jeune femme fit glisser la pulpe de ses doigts sur le dossier qu’il lui tendit. Avec expertise, elle passa en revue les différentes copies pour analyser les grandes lignes de cette affaire. Une décennie à plaider des causes plus ou moins justes n’avait en rien écorné sa passion pour la profession. Lèvres pincées, ses iris balayaient attentivement les multiples pages noircies d’encre. « Je vois… J’étudierai le dossier dès demain matin. Je te ferai savoir si j’ai besoin de quoique ce soit. » affirma l’anglaise en refermant sèchement le dossier. Aussitôt, elle le fit disparaître d’un coup de baguette, à l’abri des regards indiscrets.
« Ce doit être un ami qui t’est cher pour que tu te préoccupes de son père… » fit-elle remarquer, un mince sourire ourlant ses lèvres, avant qu’elle ne termine son verre. À vrai dire, Elena ne misait pas vraiment sur une démarche sentimentale. Elle connaissait suffisamment son vieil ami pour savoir qu’il ne manœuvrait rarement sans arrière-pensée. Aucune action n’était entreprise sans intérêt. C’était ainsi qu’il avait bâti son empire après tout, non ? « Admettons que j’ai moi aussi un service à te demander… » poursuivit-elle en plongeant son regard dans le sien avec une expression énigmatique dont elle avait le secret. Les deux anciens amants avaient souvent joué le même jeu, avec des règles qui leur appartenaient.
« J’ignore ce que tu sais à propos de la mort de Lock... » Son père veillait toujours à ce que leurs affaires restent confidentielles… « On a été attaqué, Atlas. On est habitué aux guerres de clans mais cette fois, c'était différent. » fit-elle sur le ton de la confidence. Impossible de dire jusqu’où elle faisait confiance à son ami d’enfance mais elle savait qu’il était peut-être le seul à pouvoir l’aider aujourd’hui. « Mes frères me tiennent à l’écart car ils redoutent que je sois agressée de nouveau… Ils voudraient que je revienne vivre ici mais que je ne m’en mêle pas, sauf que… » Une lueur brilla dans ses orbes. Atlas la connaissait, ce n’était pas exactement son genre. « Est-ce que tu pourrais te renseigner sur le clan Wallace ? » Qui qu’ils soient, ils émergeaient forcément de ce milieu dont elle avait vainement essayé de s’écarter autrefois. Voilà qu’il la rattrapait aujourd’hui.