Le petit calendrier coincé sur le bord de la table de chevet arborait fièrement l’esquisse délicate d’une lune ronde et orgueilleuse, dans quelques carreaux, encore vierges de l’encre violette les cochant. Machinalement, la grimace des azurs à ce cycle millénaire avait noué le lien d’un petit sac à dos balancé à son épaule. Les murs de Poudlard devenaient trop sombres les nuits précédant l’apogée de la mère d’albâtre possessive, leur fragilité hurlait leur hypocrite sécurité. L’illusion du sursis s’effritait inexorablement, asphyxiant les songes de cauchemars de plus en plus précis à mesure que le Temps filait entre les doigts d’un Chrono indifférent. Le monde humain était inconsistant aux yeux des astres spectateurs et moqueurs dansant autour de la reine matriarcale nocturne.
Elle attendait, sagement, soir après soir, l’éveil de ses rejetons, scrutant, le corps toujours plus gonflé de suffisance, leur progression baignée de cette détermination arrogante. Les perles d’océan se noyaient déjà des éclats carmins laissés sous leur sillage sans même avoir à se perdre dans les nuances stellaires. L’image venue des tréfonds du passé se greffait une nouvelle fois à la rétine, rendant dortoir et couloirs possibles champs de bataille. Peur irrationnelle murmurant à l’esprit, appelant l’enfant à retourner à
ses terres protectrices et bienveillante. L’université se devait d’être quittée une fois de plus, l’acculant dans la prison de faiblesse de petit garçon, courant dans les jupes de sa mère. Le manteau d’ébène couvrant le pays, les cris des enfants de la Lune s’infiltraient entre les pierres, narguant le doux chant du palpitant, s’insinuant comme un poison flirtant avec l’Inconscient brodé d’une conscience meurtrie de souvenirs oubliés. Il fallait partir et ne pas dormir...
L’échappatoire rejoint emplissait les narines d’effluves des bourgeons précoces et de terre humide, berçant doucement l’enfant coincé dans les bras de chimères bien trop réelles. Apaisement futile ébréché rapidement par l’effervescence souillant le sol au loin avec irrévérence narquoise. Ils le savaient, tous autant qu’ils étaient, ils n’avaient rien à faire ici… Les bruits de pas précipités troublaient la fausse tranquillité de Gorsedd Arbeth, frappant de cette vérité morbide les opales ternies. Plus aucun sanctuaire n’existait, impossible de le nier, derrière la fenêtre de sa chambre, les longs doigts gluants de Nyx jouaient sur la flammèche de sa bougie transperçant de ses ténèbres l’espoir porté par le rayon de soleil sur bâtonnet frêle. Il n’y avait rien à faire si ce n’était patienter... attendre que le jour poudroie de nouveau, insolent et insouciant alors qu’il abandonnait sa marmaille légitimite dans le giron du chaos.
Les soupirs lourds suffoquaient, le regard perdu sur le plafond cherchant à suivre le rythme lent d’une araignée portée par la brise. Insuffisance d’activité, l’esprit s’abandonnait que trop vite aux visites succinctes de Morphée, marionnettiste des abimes de l’oubli. Habille tireur de fils mêlant avec délectation ressentiments étouffés aux bruits de la valse assassine se jouant plus loin. Le palpitant offusqué, bondissait au fond de la poitrine, tambourinant de suées froides incontrôlables. Une terreur nocturne de plus, une parfaitement justifiée par le silence soudain emprisonnant la petite contrée. Le calme n’appelait pas à la tranquillité des aurores illuminant timidement la brume printanière de sa délicate chaleur naissante, il marquait juste une pause, un report des jeux de l’instinct animal pour faire respirer l’humain. Mensonge éhonté de mère nature elle-même… une première nuit passée, n’appelait qu’une seconde… Cercle infini lui faisant tourner la tête…
L’air frais devenait vital, le sweat à capuche le bravant permettait à la brise de glisser dans ses mèches sombre avec douceur. Caresse stérile apportant le bâillement aux lèvres et l’inattention aux doigts. La baguette roulant entre le pouce et l’index dans la poche centrale du vêtement n’avait que faire de retirer les carcasses trainant au sol, ou supprimer l’odeur ferreux de l’écoulement de vie collé à quelques feuilles. Une seule interrogation perlait aux neurones roulées d’insomnie : pourquoi les traces étaient-elles si proche du refuge ? La distance semblait si courte entre le sommeil cajolant les plus jeunes et ce reste de rongeur déchiqueté… Ce n’était pas normal.. Il avait fallu plusieurs secondes à scruter l’horizon et le toit des cabanes des chèvres pour arriver à jauger la distance. La somnolence avait mené les pas plus profondément entre les arbres, bien plus loin qu’il ne se le permettait usuellement. Et la main en visière sur les mirettes floutées, une silhouette imposait l’apnée et l’arythmie dans le myocarde. Découpée sous la naissance du soleil, sombre comme la nuit, que faisait-elle là?
Depuis quand les intrus se permettaient-ils de rester impunément assis au milieu des délicates fleurs sauvages ? Depuis quand... Sursaut instantané à l’élévation de la voix s’adressant à lui, se moquant du rythme affolé de son pauvre cœur et des frissons incontrôlables d’une proie face à un prédateur parcourant tout son corps. Tout effort était vain, même la main resserrée sur le bois de chêne blanc ne pouvait assagir le frénétique palpitant hurlant de courir se cacher. Pour autant toute fuite était inutile maintenant que la petite souris inconsciente était débusquée. La longue inspiration, mâchoire serrée, ne pouvait défaire ses prunelles de l’être se redressant.
« Je ne suis pas caché » Répartie bien pale et toute neuve coincée sur la langue de Myrddin se mordant la joue pour tâcher de se raccrocher à autre chose que ce tourbillon étrange d’émotions dérangeant qui grandissait dans ses entrailles.
«Que fais-tu là ? Elle n’est pas là » Et à part
Elle qui donc avait validé la présence d’intrus au sein du sanctuaire ? Elle seule avait réussit, par il ne savait quel miracle, à le trahir comme s'il n'était qu'un simple inconnu incapable de lui en vouloir véritablement. La Colère et la Frustration nées de la déloyauté familiale et son incapacité à faire entendre sa voix devait se diriger contre Lui, mais pas n'importe quand, pas n'importe comment... L'enfant aux opales semblable à un océan agitait commençait à le comprendre.