(avant la fermeture des portes) Lonely heart - Tristan

T'as arrêté de compter les jours, puis les semaines et les mois après ça, après qu'il soit parti, t'as essayé de te changer les idées, de continuer les séances de révisions avec les autres, avec tes amis, et t'as même continué les beuveries tardives avec eux. C'est votre truc, une fois par mois d'vous mettre minables et d'oublier tout le reste. Pour l'oublier lui surtout. Pour oublier, c'est une fausse bonne excuse pour te mettre un coup dans le nez et de t'amuser avec eux, d'oublier le temps d'une nuit par mois que t'es plus avec lui.
Ce soir vous avez bossé ensemble le dernier cours sur les potions que vous avez vu, les potions c'est cool, ça restera toujours une de tes matières préférées, même si ton cœur penche toujours pour la magizoologie. T'es avec des plus jeunes que toi ce soir, la bibliothèque va bientôt fermer et vous êtes les derniers à ranger vos plumes, vos parchemins et encriers pour retourner à votre spot préféré. Les couloirs le soir sont vidés, y'en a qui sont partis manger dans la grande salle, et d'autres qui ont préféré sauter le repas.
Et toi, t'es avec les autres, ceux avec qui tu vas boire deux trois verres, peut-être même un peu plus, dans la cour intérieure du château, derrière les piliers de pierre, pour observer l'ciel au-dessus de vos têtes, ce ciel étoilé.

Des étoiles plein les yeux, t'en avais quand t'étais avec lui.
C'sont des lumières floues que tu vois maintenant, le whisky pur feu qui t'est vite monté à la tête parce que t'as pas pensé à manger avant. Quelle idée. T'as l'air fine maintenant comme ça, à tituber dans les couloirs, tu cherches le chemin de la cuisine, mais finalement tu t'laisse glisser contre l'un des murs du couloir, à soupirer. La tête entre tes mains, tu fermes les yeux et murmures une mélodie nostalgique.
T'as faim et t'es bourrée, super combo.

Pendant tout le chemin, tu ne t'es même pas rendue compte que tu étais suivie par une ombre, tout ce que tu avais en tête c'était de trouver cette foutue cuisine en sachant pertinemment que les elfes de maison ne seraient pas contents de te voir débarquer à cette heure-ci. Tu sais que si tu ne manges pas, tu seras dans un état triste à voir le lendemain avec une sacrée gueule de bois, juste parce que tu n'auras rien eu dans l'estomac toute la nuit. Tu ne veux pas que les autres te voient dans cet état, un état qui montrera que t'es assez bête pour encore penser à ton ex alors que ça fait déjà un moment que vous deux c'est terminé. Les couloirs se ressemblent tous, se mélangent, tu as l'impression de tourner en rond, que les tableaux vivants se moquent de toi quand tu passes devant eux, alors que tout ça c'est dans ta tête.

Ta quête de recherche des cuisines de l'école a vite pris fin quand tu as décidé finalement de te laisser glisser le long du mur, ton dos collé contre ces briques froides et pas du tout accueillantes et ce sol dur. C'est quelques secondes après avoir abandonné tes recherches qu'une main vint se poser sur ton épaule et une voix masculine te tira de tes pensées, le tout en te faisant bien sursauter. Ce même sursaut qui fait qu'au même moment tu te cognes la tête contre le mur, une injure s'échappant de tes lèvres parce que tu n'as pas mesuré la distance entre ce dernier et ta tête.
« Aïe aïe aïe... » ta main vient frotter l'endroit douloureux sur l'arrière de ton crâne et tu te surprends à fixer Tristan qui se tient à ta hauteur, en face de toi.

« Nooon, ça ne va pas, je n'arrive pas à trouver les cuisines, je meurs de faim, j'ai froid et j'ai l'impression de m'être perdue dans les couloirs. Mais... qu'est-ce que tu fais là toi d'ailleurs ? »

Tristan tu le connais depuis un moment, grâce à ta cousine Misia, mais en plus de ça c'est un ami de ton ex, Kaz, qui a quitté Poudlard à la fin de sa septième année, qui t'as quitté lâchement. Tu ne sais pas si c'est à cause de l'alcool, de la faim, du froid et de la fatigue (sûrement un mélange des quatre) mais c'est une vague de rancœur que tu commences à ressentir pour ton ex. Et pour ses amis qui sont encore là à l'école. Sauf que Tristan, dans cette histoire il n'y est pour rien, ce n'est pas à lui que tu dois t'en prendre, surtout qu'il a l'air sincèrement inquiet de ton état.
« Sérieux ? Bonjour la honte, si j'avais su... te moques pas de moi hein et promets-moi de ne pas en parler à Misia. » tu lui demandes, le regard presque suppliant, pétillant ou rougit à cause des shots de whisky pur feu que tu as bu après la séance de révisions.

Tu regardes au loin, là où la lueur de la baguette de Tristan indique, plus loin, ces couloirs qui te paraissent trop sombres, il ne te restait plus que quelques mètres, vraiment tu te sens honteuse. C'est la panique qui te gagne juste après quand il te demande si tu veux qu'il aille te chercher quelque chose, en te laissant ici toute seule. Tu n'as pas le temps de lui répondre, son geste te surprenant lorsque c'est sa cape qui t'apporte un semblant de chaleur quand celle-ci est déposée sur tes épaules.
« Me laisse pas toute seule ici, s'il te plaît, fais pas la même erreur que Kaz a commise en m'abandonnant. Je t'en prie Tristan, me laisse pas... » tu retiens un hoquet, la tristesse refaisant surface, cette fois tes yeux pétillent pas uniquement parce que l'alcool fait son effet, mais parce que tu te retiens une fois de plus de garder tes larmes pour toi.

Tu t'appuies contre le sol grâce à tes mains puis finis par te relever, manquant de donner un coup de tête sur le menton de Tristan au passage, tout ça parce que tu titubes encore un peu, un rire enfantin qui s'enfuie de tes lèvres.
« Pardon, pardon, j'ai... un peu trop abusé sur l'alcool après les révisions, mais puisque tu es là, m'accompagnerais-tu jusqu'aux cuisines ? »

Tu ne sais pas trop pour quelle raison tu lui demandes de bien vouloir t'accompagner aux cuisines ou encore de ne pas te laisser toute seule. Tu es pourtant entourée de plein de personnes, c'est Tristan en face de toi, un ami de ton ex, tu devrais pourtant l'éviter, mais au lieu de ça, c'est avec lui que tu te rends aux cuisines de l'école, en plein milieu de soirée. Une excursion nocturne que tu avais l'habitude de faire avec Kaz, c'était devenu une habitude même de sortir de vos dortoirs respectifs pour vous retrouver ici en pleine nuit. Et pas uniquement pour manger un bout. Ces images qui te reviennent en tête te font rougir violemment, heureusement que les lumières dans la cuisine ne sont pas encore allumées, ou encore heureusement que l'alcool a fait rougir tes joues bien avant.

Il a fini par accepter du coup de venir avec toi, t'expliquant même qu'il préfère ne pas te laisser toute seule, par inquiétude et pour savoir que tu ne te seras pas perdue dans les couloirs parce que tu as un coup dans le nez. Chevaleresque, digne d'un Gryffondor, ça te fait sourire doucement, c'est un lumos prononcé discrètement qui vint à son tour éclairer le bout de ta baguette, éclairant la cuisine complètement vide.
« Ohlala, toute cette nourriture rien que pour... » tu te tournes vers le garçon, un sourire malicieux se dessinant sur tes lèvres « ...nous deux ? Me laisse pas manger tout ça toute seule. » tu te mets à rire, amusée, laissant la cape de Tristan sur un petit tabouret de bois, bien pliée pour qu'elle ne traîne pas par terre. Tu n'attends pas vraiment une réponse, te dirigeant déjà vers la table, retirant ce drap blanc, cet unique obstacle entre la nourriture et toi. Des brioches à la crème, des petits pains, des tranches de bacon et du jus de citrouille, rien de tel pour faire disparaître une potentielle gueule de bois le lendemain.

« Je te sers quelque chose Tristan ? » la mélancolie de tout à l'heure, le début de larmes, ça a disparu lorsque ton regard a croisé les brioches sur la table, tu es un peu plus joyeuse que tout à l'heure.

Il faut croire que toute la nourriture présente sur cette grande table était prédestinée à être mangée par vous deux, ou alors pas du tout et demain au petit déjeuner il manquera quelques portions pour les lèves tard. Quand il te dit que ce n'est pas une bonne idée de casser sa diète, tu lèves les yeux au plafond, le geste accompagné d'un « Vous les athlètes... » amusé, tant pis ça en fera plus pour toi, mais tu as les yeux plus gros que le ventre, clairement. Tu es tellement enthousiaste à l'idée de goûter à tout ça avant les autres demain matin, ce serait quand même dommage que tu manges toute seule, et un peu triste même. Tu tournes autour de la table, attendant quand même un autre signe qui indiquerait que Tristan finalement se décide à manger un morceau avec toi, alors tu attends sagement jusqu'à ce que victoire soit tienne.

« Héhé, je le savais que tu ne pourrais pas résister à la tentation, va pour une brioche. » c'est un sourire amusé qui s'affiche sur tes lèvres, cherchant du coin de l’œil deux serviettes en tissu pour y mettre quelques brioches. Le paquet prêt, tu fixes Tristan, il semble vouloir te poser une question mais tu le devances, peut-être que ça sera la même, allez savoir.
« Et si on profitait de cette nuit étoilée pour aller grignoter ces délicieuses brioches ? Parce que si on nous attrape ici tous les deux, les rumeurs vont être au rendez-vous demain tu ne crois pas ? »

Des rumeurs sur vous deux, ce n'est pas ce que tu veux, les autres se diront que tu as choisi d'oublier Kaz avec un de ses amis, que c'est cliché et ainsi de suite, mieux vaut éviter tout malentendu... Les brioches empaquetées dans tes mains, tu indique d'un signe de tête sa cape, pour qu'il ne l'oublie pas, attendant une réponse de sa part, s'il est partant ou non pour aller sous les étoiles avec toi.