Sweet lovely nights [feat. Marshall]

Sweet lovely nights

Aube et Crépuscule n’avaient que peu de secrets depuis des années pour ses prunelles d’un océan ternis. Le temps courait sans lui, le laissant derrière, spectateur du sommeil d’autrui. Ses sœurs étaient toujours bercées des murmures de Morphé, quand au jeune âge, seules atrocités de souvenirs oubliés et sensations bien trop présentes l’envahissaient. De ces rêves interdits l’encre tachait bien vite les doigts, d’ébène, de carmin, progressivement de million de couleurs au chatoiement indistinct et capricieux. L’enfermement à Poudlard, n’avait rien arrangé là où l’âge s’était efforcé d’occulter ce que l’esprit ne pouvait supporter. Ce soir n’était qu’une nuit de plus à allumer la petite flammèche vacillante de la bougie sur sa table de chevet, observant, mirettes plissées, si le colocataire à l’assoupissement ennemi avait réussi à succomber. «  Tu fais quoi ? » Sans surprise l’éveil frappait toujours le brun qui l’accompagnait.

Hazard de dortoir ou organisation extraordinaire, les joueurs d’insomnies s’étaient retrouvés à partager la même chambrée. Amusement succinct lors la première mort du soleil dans l’académie, quand sur la pointes des pieds, pour ne pas le déranger, Myrddin était tombé nez à nez avec l’autre étudiant les azurs bien ouverts et nullement dérangés par la lumière -bien souvent toujours allumée. Pantois, le sourire en coin, l’habitude aux escapades nocturnes discrète s’était trouvée un peu bête, et étrangement rassurée. Sans avoir à lui raconter sa vie -chose qui par ailleurs le répugnait toujours autant- le partenaire des 4 murs de pierres à la porte fermée, comprenait. Cette nuit n’était pas différente des autres, les opales ne s’étonnaient pas de le voir parfaitement réveillé quand bien même l’heure était déjà bien avancée. 4H du matin annonçait la petite montre à gousset logée dans le sac laissé négligemment sur le sol, son cadra arrogant dépassant de l’ouverture dégueulant le contenu. « Je suppose que j’ai dû décliner à un moment… désolé... » S’excuser, toujours, dans l’habitude de déranger.

Pour autant aucune discussion enflammée n’avait eu lieu juste avant que les paupières ne se retrouvent scellées de quelques minutes volées au repos quémandé par l’esprit. Le cahier au feuilles séchées délicatement collées à coté de descriptions, trônait sur les genoux, preuve que les garçons avaient dû s’adonner à quelques heures supplémentaires de travail personnel sans réellement bavasser. « J’en ai marre de potasser, tu veux faire un truc ? » Proposition glissant naturellement sur la langue, comme si se faire dompteur d’obscurité avait octroyé à Marshall l’opportunité de se débarrasser en un bâillement abandonné des résistances sociales de son voisin. Pour autant, le sorcier au regard fuyant vers la fenêtre, pour vérifier le pale croissant stellaire, n’arrivait pas à savoir ce qu’il en était. Les jambes croisées sur son lit, le grimoire botanique fait maison déposé sur la couette à ses côtés, il esquissait un faible sourire se voulant engageant. Encore 4 longues heures avant le premier cours, ils n’allaient pas se regarder dans le blanc des yeux tout du long.

Les doigts glissaient machinalement dans la besace, extirpant bloc de dessin et pochette de cuir abritant les craies colorées. L’envie de dessiner n’était pas présente. Le matériel échouait dans le tiroir du chevet. Ne sachant si dans ces cas il devait se faire fabriquant de propositions ou juste client d’une qu’on lui offrait, Myrddin fouinait ce qui restait dans son sac. Petits sachets d’herbes et infusions maison destinées à l’apaisement trainaient tout au fond, il n’avait jamais su si son colocataire consommait. Estimant que ce dernier demanderait ce que c’était si la curiosité le piquait, aucune suggestion sur le sujet botanique n’était lancée. Faute au caractère naturellement en retrait, l’autre avait l’habitude depuis.

Sweet lovely nights

Le bout de nez s’était redressé sous le nom du sujet d’étude à peine murmuré. Pas que le volume de la voix était trop faible, au creux du silence de la nuit le moindre bruissement de drap pouvait se faire assourdissant, mais que la seule appellation de la potion redressait les poils des avants bras de l’auditoire solitaire. « C’est bienveillant de ta part » Et terriblement clairement voyant. Là où le désir de fuite l’avait fait fermer les yeux sur les possibles élèves porteurs de la malédiction lupin, le colocataire, aussi brillant que lucide mettait le doigt sur les protections nécessaires pour garder un semblant de sécurité entre les murs de ce château. Une liste des étudiants contaminés avait été faite et publiée, jamais Myrddin n’avait osé y poser les yeux, sa mâchoire se serrant rien qu’en pensant à l’existence de cette liste. Avoir sa sœur qui souillait les terres de leur famille en laissant un loup courir près des marais était déjà une assez grande trahison pour ne pas avoir s’occuper de savoir combien des personnes qu’il côtoyait pouvaient s’accoquiner avec ce genre de créature.


En temps normal, l’offre de l’aide pour avancer plus vite sur la fabrication de ladite potion aurait glissé naturellement hors de sa bouche. Mais le sujet était encore trop sensible pour se permettre de vouloir venir en aide à des personnes dont la présence dans le château était plus que discutable. Pourtant, Marshall semblait vraiment tenir à fabriquer le produit, et exprimer son manque de composant. Rangeant son sac dans le placard bas de la table de chevet son colocataire soupirait. Il voulait vraiment sauver la mise à des êtres qui auraient dû être exclus dès le départ de ce genre d’académie. « Tu sais que la potion tue-loup ne leur permet de garder qu’un peu de lucidité. Et encore il faut qu’ils aient une force de caractère impressionnante pour lutter contre la bête ? » Alors pourquoi sa sœur s’obstinait à vouloir fricoter avec l’Autre loup alors que sous les ordres de la mère-lune il pouvait tout simplement lui arraché la tête comme… comme ca avait été le cas avec ses parents ?

Mélange de colère et de dépit coincé dans la gorge, la salive semblait dure à déglutir. Un énième soupire s’échappait du jeune homme alors qu’il regardait son voisin le regard porté à l’horizon. Ses prédispositions de soigneur le poussaient forcément à vouloir soigner autrui. C’était extrêmement louable et très certainement un peu stupide, mais Myrddin se voyait mal lui dire que ce qu’il cherchait à faire était cause perdu. Avec un faible sourire, lèvres pincées, il finit quand même pas lui demander ce dont il avait besoin, après tout, ca ne l’engageait à rien. « Il te manque quoi ? Si c’est l’aconit je suppose qu’il y’en a dans la partie non accessible des serres. Il faut bien que l’infirmerie ait son propre stock après tout » Petit haussement d’épaules, la foret interdite n’était pas forcement le premier endroit où il aurait posé son dévolu s’il fallait récupérer ce genre de plante. Pour le reste par contre… Est-ce qu’en tant qu’adulte les bois pouvaient vraiment être qualifié d’interdits, surtout pour un môme qui avait grandement vécu dans ce qui pouvait être qualifié de nature