Le nouveau confident (Sheraz)

« Sheraz ! Pssst ! Sheraz ! »

C’était une matinée comme les autres. Nous étions dimanche, et il devait être environ 7h00. Comme à mon habitude mon horloge biologique m’avait réveillé en avance, et j’avais profité d’un petit moment de solitude pour aller chercher le cadeau que j’avais fait à mon coloc. Déposant un immense grimoire intitulé « Mécamagie Avancée, rouages, enchantement et réactions en chaînes automatisés comment devenir expert ? » par Steven Bracam. Il était en édition très rare, environ 400 exemplaire et signé de la main de l’auteur. Il m’avait coûté une petite fortune, mais… pour mon coloc, rien n’avait plus de prix que la paix avec lui !

« Tiens… C’est pour m’excuser de mon comportement à la dernière séance de Mécamagie. J’suis un peu sur les nerfs tu vois. »

Sans aucun scrupule, je m’allongeais à côté de lui. On pouvait voir les cartes stellaires enchantées en réalité augmentées que j’avais installé dans notre coloc. Ca donnait bizarrement un aspect romantique à la chambre, surtout depuis que j’étais allongé à côté de lui.

« Ma vie en ce moment c’est un peu le chaos. Entre Apolline qui est rentré dans ma vie mais qui est un peu harcelé par l’opinion public à cause de son père… Adil tu vois, qui nous présente son nouveau frère… Je l’aime bien Samir, j’ai rien compte tu vois, mais je me dis est ce qu’il aura toujours la même place pour moi dans son coeur ? La place du meilleur ami presque-frère tu vois. Y'a aussi Théa qui déprime alors qu'elle sait pas ce qu'elle veut. Tu devrais la rencontrer, je crois que t'es à son goût en plus. Elle me l'a dit. Ca, plus le fait que je dois annoncer à mon père que je ne veux pas reprendre la forge mais monter ma petite entreprise de Balai. Tu vois, il me faut ces MULOTS, parce que c’est toujours cool d’avoir un diplôme… Mais je me dis, est ce que je suis à la hauteur ? Est-ce que je suis fait pour ça ? Quand je vois des potes comme Yeleen ou même Sean qui réussissent tout ce qu’ils touchent… J’ai parfois l’impression d’être à la ramasse dans mon groupe d’ami tu vois. En plus c’est méga dur, depuis qu’Adil et Apo se parle plus trop... »

Je soupirais. Regardant toujours le plafond, je ne m’arrêtais pas de bon matin.

« Ca me fait mal ça. Et je me dis aussi que depuis qu’Asel est plus à Poudlard ca fait comme un vide. Oh, on s’écrit pour veiller à ce que l’entreprise marche mais… J’te dirai quand même que sans elle je suis un peu pommé. Bon j’ai toujours Yeleen en confidente si jamais ça va pas. Ou Sean tu me diras… Ils se disent tout ces deux là. Mais c’est pas pareil. Heureusement que je t’ai toi mon petit. »

Je me retournais vers lui.

« Tu m’écoutes quand je parle Sheraz ? »

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Sheraz était bien des choses mais le moins qu'on pouvait dire c'était qu'il ne serait jamais le premier à tomber du lit. Ca n'était pas tant qu'il n'était pas du matin, mais il avait cette tendance à ne pas savoir lâcher ses projets qui le retenaient bien souvent jusqu'à une heure avancée de la nuit. Aussi, sa réaction naturelle aux appels de son coloc fut une espèce de grognement sourd et indéchiffrable sur lequel il roula, enfonçant sa tête un peu plus profondément dans l'oreiller. En fait, ç'aurait très bien pu en rester là s'il n'avait pas senti que quelqu'un - Michel-Ange forcément - se glisser dans le lit à côté de lui. Ni une ni deux, son éducation vieille Angleterre l'éjecta du lit. Il se fracassa sur le plancher, agrippant la couette dans son désarrois avec la ferme intention de se protéger.

« Non mais - », fut tout ce qu'il réussit à articuler, tant il n'en revenait pas. Ce garçon n'avait donc aucune limite ni aucun sens de ce que pouvait bien être l'espace personnel de chacun ! Ou alors il avait des intentions...

Son regard parcouru brièvement les cartes d'astronomie au-dessus de leur tête que Michel-Ange s'était empressé d'installer quand Sheraz avait rejoint la coloc. Le pauvre Sheraz déglutit. Ça aurait expliqué pas mal de choses.

Pendant tout le temps où le petit vélo dans sa tête pédalait sur une pente raide, Michel-Ange, lui, poursuivait son petit bonhomme de chemin. Et il parlait, parlait, parlait, tant et si bien que Sheraz finit presque par en oublier ce qui venait de se passer, la cervelle saturée par tant de vocable de bon matin. Il n'avait à demi rien écouté, si ce n'était que @Théa Rosewell avait apparemment un faible pour lui. Ça, ça n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Et puis tout un tas de noms qu'il entendait régulièrement sans forcément les remettre. Adil, Apolline, passe encore, les autres... aucune idée de qui ça pouvait être. Il aurait pu s'asseoir à côté d'eux dans le magicobus sans savoir de qui il s'agissait. De fait, il n'eut aucun mal à choisir entre produire un effort de concentration qui arrivait beaucoup trop tôt à son goût ou laisser filer les mots d'une oreille à l'autre comme autant de sons vides de sens.

« Hein ? », connexion effectuée avec succès, bienvenue Sheraz Mahal, « Alors d'abord. Pourquoi "mon petit" ? Il faut que tu arrêtes avec mon petit ! Tu me donnes des crises d'urticaire !! Et puis ça là ! Non : c'est mon lit là, c'est mon espace. Il va sérieusement falloir qu'on établisse des règles tu vois. Parce que là... »

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Je me levais d’un bond et je croisais les bras. En survêtement de l’équipe de Quidditch, le numéro 9 et mon nom floqué derrière. Les bras croisés, je l’écoutais avec attention avant de répliquer au tac au tac.

« Donc tu t’es fou si j’vais pas bien ? Ok, je note sympa. »

Je me renfermais, et je me dirigeais vers mon bureau. Faisant semblant de ranger le bordel ambulant qui traînait, je le regardais alternativement. Avec un accent appuyé, je l’observais d’un air dur et accablé.

« Et pour ta gouvernante, je t’appelle mon petit parce que t’es plus jeune que moi et que je t’apprécie, Sheraz Mahal. Mais puisque c’est pas réciproque, autant pas insister. On va faire qu’une règle, je ne te parle plus puisqu’à chaque fois c’est un problème ! J’ai compris ! Je suis un problème ! »

Je levais les bras et je renversais des parchemins dans tous les sens. Mon devoir de Sortilège, écrit de ma plus belle plume s’envola et mon devoir sur la Métamorphose Humaine moins réussi tomba à mes pieds dans… une infinité de papier concernant l’entreprise. Avec une moue je finis par me calmer et je commençais à tout ramasser. Plus je ramassais des documents, plus je commençais à décolérer et à me rendre compte qu’en réalité le problème c’était bel et bien moi.

« Désolé. C’est juste que je déteste la solitude. Je sais que tu aimes bien ta petite zone mais… ça va pas en ce moment, et j’avais besoin de parler à quelqu’un. Mais j’ai compris, j’écrirai à Asel. »

Je relevais la tête et mettant la pile de parchemin que je n’avais pas trié sur mon bureau, je commençais à le faire et je pensais bon de préciser d’un air un peu pressé.

« Asel Misra, ma meilleure amie, la petite amie d’Adil. »

Balançant un recommandé avec accusé d’Hibou reçu, annonçant que l’entreprise devait payé des impôts, j’estimais bon d’en parler justement à la concerné. Je mis de côté le petit bout de papier qui datait d’il y a six mois et je mis ma trousse dessus pour y penser. Après avoir ranger sans un mot de plus, j’estimais qu’en réalité ce bureau était plus en bordel après qu’avant. Une moue sur mon visage me fit grimacer, et je trouvais mieux finalement de m’asseoir dans un fauteuil et de prendre ma vieille guitare. Depuis qu’on était en coloc, je n’en avais joué une seule fois. Je commençais à l’accorder.

« Parfois ça sert à rien de forcer les amitiés. J’peux pas être apprécié par tout le monde, qu’est ce que tu veux... »

J’haussais les épaules alors que je commençais à jouer quelques notes d’une balade moldue que j’appréciais bien.

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Il y avait chez Michel-Ange une capacité à toujours rebondir pour le pire qui lui sciait les jambes et le prenait toujours au dépourvu.

« Mais... j'ai jamais dit ça... »

Etait-il encore à un de ces moments où il se rendait compte que par maladresse il s'était comporté comme un véritable connard. Comme la fois où il avait soupiré un peu trop fort en cours d'Histoire de la Magie, pestant contre ce pauvre Roy Thomas qui n'avait décidément toujours rien compris à la révolte des gobelins. Ou encore cette fois où pas si lointaine où Griselda lui avait donné une petite lettre parfumée pour le Festival de la Licorne et que spontanément, tout ce qu'il avait trouvé à dire avait été "tu veux que j'en fasse quoi ?" sur un ton niais plus que méchant mais n'empêche qu'elle ne lui avait plus adressé la parole depuis. Alors c'était vrai qu'il n'avait strictement rien écouté de ce que lui avait dit Michel-Ange, il ne pouvait pas dire le contraire. Mais il avait tout de même des circonstances plus qu'atténuantes...

« C'est "pour ta gouverne"... on dit "pour ta gouverne", pas pour ta gouvernante. C'est une expression figée alors... fin... tu vois je t'ai écouté. », il n'avait pas pu s'en empêcher même si en même temps que les mots sortaient de sa bouche, il baissait le volume comme pour les en empêcher mais non, impossible, il fallait que ça sorte. Pour ta GOUVERNE. « En fait j'ai jamais dit que je t'appréciai pas... ni que je t'appréciai d'ailleurs... », avec l'épisode du lit encore bien présent à son esprit, il préférait ne laisser aucune porte ouverte. On ne savait jamais. « C'est juste que tu m'en donnes ni le temps ni l'opportunité. Chaque fois - à part quand on travaille sur tes balais - tu débarques comme une tornade, tu me donnes du mon petit par ci, du laisse je vais te montrer par là et tu repars comme t'es venu. Comme si finalement c'était toi qui te foutais du reste du monde. Je veux dire : c'est insupportable. Mais pour n'importe qui en fait, pas juste pour moi. Je vois pas qui pourrait aimer subir ça en permanence. Okay t'as quelques années de plus que moi mais ça t'empêche pas de... de... », il ne pouvait décemment pas lui dire ça comme ça. En même temps, il n'y avait franchement pas d'autres mots, « ... ben de faire ta drama queen. C'est vrai, je dis pas ça pour être méchant. Regarde là : tu t'es pas demandé si je dormais. C'était peut-être que je m'étais couché tard, et peut-être que ben j'ai vraiment pas l'esprit assez ouvert pour me réveiller avec un mec dans mon lit. En fait tout ce que tu as vu c'était que j'avais rien écouté - et c'est vrai je reconnais - mais est-ce qu'il fallait vraiment chercher à ce point dans le pathos. J'aurais pu juste encaisser un "putain Sheraz, t'es qu'un crevard. Je te parle d'un truc important et t'en a rien à foutre" plutôt qu'un engagement à plus m'adresser la parole jusqu'à la fin de mes jours. »

Voilà. Il fallait que ça sorte. Après tout ce temps à faire le canard. C'était fait. Et il s'en sentait plus léger même s'il ne doutait pas du retour de bâton qui allait suivre. De l'empathie ? Il n'était peut-être pas le meilleur mais Sheraz savait en faire preuve. En revanche, il n'était visiblement pas sensible au numéro de violon de son coloc et son honnêteté naturelle le poussait toujours à dire ce qu'il pensait, du moins s'il évaluait qu'il ne risquait pas trop à le faire. Au pire Michel-Ange allait se taire jusqu'à la fin des temps et tirer la gueule mais dans ce cas, il lui suffirait de tourner le dos pour ne pas le voir.

C'était sans doute mieux que de le voir se venger sur ses fournitures de bureau comme il était en train de le faire. Sheraz, qui était très méticuleux et ordonné, peinait à croire qu'on puisse travailler dans un tel capharnaüm mais Michel-Ange lui avait déjà démontré à plusieurs reprises qu'il y arrivait très bien. Le tempétueux capitaine de Quidditch finit par redescendre en température, avouant qu'il avait simplement besoin de parler.

« Oh... Vous me parlez tout le temps d'elle mais en fait je vois pas du tout qui c'est. », avoua l'anglo-pakistanais, tant qu'à y être... Il s'apprêtait à ajouter quelque chose de plus doux que le reste, mais le temps qu'il étudie et choisisse ses mots, Michel-Ange était reparti dans sa tragédie en cinq actes. Voilà maintenant, pour couronner le tout, qu'il se mettait à la guitare. Intérieurement, Sheraz ne put s'empêcher de se dire que c'était déjà mieux que le violon mais il choisit de la boucler et de s'en tenir à ce qu'il avait en tête au départ « Tu peux me parler aussi... bon pas avant 7h par pitié m- tu veux pas arrêter ça le temps finir la conversation ? » fit-il un brin agacé par tout cet extrait de mélodrame.

Ça lui viendrait sans doute plus tard mais il avait suffit de quelques notes pour le ramener aux vieux tourne-disques de son père et lui laisser la voix de Bob Dylan comme un petit bruit de fond en tête.

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J’avais écouté Sheraz sans un mot, jouant de temps quelques notes mais j’avais clairement arrêté la mélodie. Sans rien dire, j’avais porté une oreille plus qu’attentive à tout ce qu’il venait de me dire et je fis une grimace quand il se fit un brin vexant. D’ailleurs, au moment de ses dernières paroles une fausse note retentit. Avec le plus grand soin, je redéposais ma guitare là où je l’avais trouvé, elle n’avait décidément pas eu le temps de prendre la poussière qu’elle était directement revenue à sa place.

« Très bien, si c’est ce que tu penses. »

J’étais resté dans le fauteuil et j’étais devenu étonnement calme, comme à chaque fois que je devais enchanter un objet ou briser un sort. Ca signifiait que j’étais en proie à la réflexion, sans élément parasite auquel s’accrocher.
Finalement, j’avais pris ma décision. Me levant sans appel, je l’avais regarder dans les yeux.

« Putain Sheraz t’es qu’un crevard. »

J’avais penché la tête et je m’étais mis à ricaner. Finalement, je lui mis un main sur l’épaule et je lui accordais un léger sourire. Parmi mes nombreux défauts j’avais aussi quelques qualités. Déjà je connaissais l’ensemble de mes faiblesses et j’avais appris à les accepter. Le fait d’avoir des troubles du comportement sans hyperactivité en faisait partie et était mon lot quotidien. J’en avais jamais parlé à personne et hormis Léonard pas grand monde était au courant mais qu’importe au final ? Et l’autre fait, était surtout que j’étais tout sauf rancunier. Au contraire, j’avais le pardon assez facile.

« C’est bien, tu t’endurcis. »

Je lui fis un léger clin d’oeil puis je revins m’asseoir dans mon fauteuil proche de la fenêtre artificielle. Avec un léger sourire, je repris ma guitare mais sans en jouer et juste pour passer un petit coup dessus. Fronçant les sourcils, je cherchais un nouveau moyen d’exprimer ce que j’avais sur le coeur. C’était vraiment compliqué car ça pouvait ressembler à quelque chose de complètement chaotique.

« Le truc, c’est que... »

J’avais ouvert la bouche puis j’avais regardé ma guitare et les runes que j’avais placé dessus. Un de mes premiers enchantements. Pourquoi je pensais à ça, là immédiatement ? Clignant des yeux je fronçais les sourcils. Ce que j’avais à dire à Sheraz m’avait complément échappé. Finalement ça m’avait peut être mis plus un coup que je ne voulais l’admettre. Mais il était hors de question qu’il pense cela. J’avais pas envie de le faire culpabiliser là dessus, non, il fallait juste qu’il pense que ça ne m’avait pas du tout affecter.

« ...tu devrais moins travailler, plus dormir et t’ouvrir aux autres, vraiment. La Mécamagie, je sais que ça te passionne et que ça te motive mais parfois faut lever la tête et observer les gens qui t’entoure. Je sais que je peux être pénible tu as entièrement raison et je suis désolé si ça te dérange. Paradoxalement si je suis comme ça c’est juste que j’ai une peur bleue de l’abandon donc je fais tout, toujours, en permanence pour exister aux yeux des autres. »

Je tournais et retournais la guitare dans mes mains, observant les runes. Mes doigts déposaient des petites notes sur le bois dans un rythme léger. Mes yeux tiquèrent légèrement parce que j’étais rarement allé aussi loin dans une discussion sur le sujet avec quelqu’un, si ce n’est Asel.
Je m’étais levé alors d’un coup, guitare à la main.

« Mais t’as raison, il est temps de changer ! Grandir jamais, et certainement pas j’ai pas envie de devenir comme Adil en ce moment. Mais juste changer un peu ! »

Je fis deux accords qui étaient les notes du « Tadam ! » avec un grand sourire aux lèvres.

« Et si je change, tu changes. Faut vraiment que je t’entraîne à tenir une conversation avec une fille sans changer de couleur de cheveux. »

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Sheraz afficha une moue dépitée sentant que son coloc allait repartir de plus belle dans les violons. Très bien, si c'est ce que tu penses. Ca sonnait comme une de ces phrases assassines des séries cucul que sa cousine Dilsha bingeait le samedi soir avec ses copines. Il n'était pas fichu d'aligner deux mots devant une fille qui lui plaisait mais il se démerdait quand même pour avoir les emmerdes de la vie de couple. Sérieux ...

Tout renfrogné qu'il était Sheraz ne perçut pas le léger changement d'attitude de Michel-Ange. Il en resta scié quand il le vit partir sur une nouvelle tranche de rigolade et, l'espace d'un instant, même ses cheveux oublièrent de virer au fuchsia.

« Mais... »

Avoir Michel-Ange Grimm comme coloc c'était pire qu'avoir une copine ! Que devait-il faire de ça maintenant ? Est-ce que au moins une des choses qu'il avait dites avait percuté ou le capitaine de Quidditch était-il en train de faire tabula raza, pour mieux repartir comme si de rien était ???? Sheraz n'était pas loin d'en manger son chapeau de sorcier quand l'autre jeune homme reprit un ton plus sérieux. Ouf. Encore que : mieux valait ne pas se réjouir trop vite. On ne savait jamais avec Michel-Ange Grimm.

« Mais je ne passe pas mes journées à étudier la méca... bon c'est vrai que j'y passe beaucoup de temps et que c'est le truc que je préfère faire mais je passe aussi pas mal de temps au club de journalisme. », se défendit le plus jeune, essayant d'enfouir tout au fond de sa tête que ces activités cadraient à la perfection avec le portrait que Michel-Ange venait de faire de lui. La suite de la conversation lui fit bien vite oublier les petits défauts de son mode de vie. La peur de l'abandon. Tout à coup Sheraz avait bien moins envie de forcer la conversation. Il avait d'ailleurs la certitude de ne pas être le mieux placé pour avoir cette conversation.

Il s'éclaircit la voix, tandis que Michel-Ange développait.

Curieusement, lui qui aurait dû partager ce genre de crainte n'avait jamais eu peur de l'abandon. Tout simplement parce qu'il avait déjà passé le cap, du moins c'était son analyse. Il avait toujours eu pleine confiance en ses parents adoptifs. En vérité, plus que l'abandon en soi, puisqu'il était déjà consommé, c'était les raisons qui lui posaient question et le portaient parfois à ouvrir l'oeil en plein milieu de la nuit et à fixer le plafond jusqu'au petites heures du matin.

Sheraz balaya le sujet, se recentrant sur Michel-Ange, qui attendait clairement qu'il lui prête une oreille attentive cette fois-ci.

« Tu n'as pas besoin de te donner tout ce mal pour que les gens te remarquent Michel-Ange. », poursuivit-il d'un ton plus compréhensif, « Tu es Capitaine de l’Équipe de Quidditch de ta maison, tu fais partie des mecs les plus populaires, tu as une bande de potes avec qui tu es toujours fourré. Franchement, quel besoin tu as de vouloir forcément plaire à tout le monde ? »

C'était une vraie question, pas une critique cette fois-ci. Ses yeux noirs plongés dans ceux de l'anglais.

Finalement, il finit par convenir que quelques changements ne seraient pas de trop. L'inconvénient c'était qu'apparemment, il attendait que Sheraz en opère lui aussi. Sur le coup, les yeux manquèrent à nouveau lui sortir de la tête quand la requête de Michel-Ange lui arriva droit dans la figure. Mais fait notable, ses cheveux ne changèrent pas de couleur.

« Tu veux m'apprendre à draguer ? », demanda-t-il avec une pointe d'enthousiasme non dissimulé. « C'est pas les filles le problème - enfin si ! c'est carrément ça le pire. Mais si je maîtrisais ma méta... tu parles d'un don. Bref. »

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Toujours assis dans le fauteuil je l’écoutais essayer… de me réconforter à sa façon ? Ou du moins… d’apaiser la situation. J’étais content qu’il soit autant à l’écoute. Finalement c’était une bonne idée que j’avais eu, d’aller voir la Directrice en personne pour qu’elle me mette avec Sheraz. J’avais établi que nous nous complétions, et cette dernière avait mystérieusement ricaner avant de m’accorder cette étrange faveur.

« J’ai des amis oui, mais je suis pas super populaire non plus. Et peut être que ce que t’appelles « populaire » c’est juste un vrai manque de confiance en soit hein ? Que j’essaie d’exorciser comme ça et… purée, on arrête la séance de psy. Je deviens chiant. »

J’avais enlever ma guitare pour la reposer. Evidemment, je ne tenais pas en place plus d’une minute. D’ailleurs, j’étais déjà debout en train de m’approcher de lui pour mieux l’observer, mon index entre le nez et les lèvres dans cette position de réflexion suprême. J’étais déjà sur le coup d’après. Toujours.
Il n’avait pas dit « Non, je ne veux pas que tu m’apprennes à draguer ». Ce qui voulait dire… Qu’il voulait que je lui offre mes enseignements. Après avoir fait un tour complet, je me mis à ricaner gentiment.

« Je pense que c’est lié à tes émotions. Quand t’es en colère après moi ça devient fushia de manière incontrôlé… Donc je pense pas que le soucis soit ton don. Si t’arrive à contrôler tes émotions, tu contrôles aussi ton don… Ca me semble assez évident… Hm... »

Je l’observais. J’évaluais sa tenue vestimentaire, son visage. Après encore une seconde de réflexion supplémentaire je déclarais sans appel.

« T’as un charisme de dingue, enfoui en toi. Faut juste que tu prennes un peu la confiance et ça ira. Tu connais @Amy Jordan ? Elle pourrait nous aider sur ce sujet. Elle sait former les gens pour en faire des tombeurs. @Théa Rosewell aussi… C’est elle qui m’a formé. Enfin… qui m’a accompagné… C’est pas vraiment une formation à proprement parler… Mais le soucis avec Théa, c’est que je voulais que tu la rencontres pour autre chose. Elle est célibataire, je suis sur que c’est la fille qu’il te faut. Puisque toi aussi t’es célibataire. Note bien ça : »

Je marquais un temps de pause et je déclarais le doigt en l’air, sérieux et concentré :

« Leçon numéro 1… Si t’es célibataire et que l’autre personne l’est aussi alors rien ne peut t’arrêter. »

Je lui souris, trop fier de moi avant de poursuivre :

« Leçon numéro 2… Tu es émotif avant d’être Métamorphage. »

Je lui fis un petit clin d’oeil et je lui tapotais l’épaule.

« Leçon numéro 3… On va aller faire un tour dans le dortoir des filles. Habille toi, ni trop classe, ni trop chill. »

Je pris ma baguette, sortant une note prête à envoyer à @Théa Rosewell et @Amy Jordan . Je commençais à griffonner quelques mots. Mais… Allait-il me laisser faire ou m’en empêcher ?
C’était un premier test !

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S'il y avait un exercice dans lequel il était nul, c'était bien celui du réconfort. Non seulement, il ne savait pas quoi répondre face à l'autoapitoiement de son colloc mais en plus tout cela le mettait franchement mal à l'aise. Fort heureusement, Michel-Ange quitta de lui même cette conversation qui les menait droit dans le mur. Sheraz, lui, s'appliquait à dissimuler son soulagement. C'était vraiment le mieux qu'il pouvait faire sur l'instant.

Malheureusement, le jeune préfet n'était pas tout à fait sûr de devoir se réjouir de voir qu'il revenait malgré lui au centre de la conversation. Et quelle conversation ! son sujet favoris. A savoir son incapacité à se maîtriser, qu'il s'agisse des filles ou de son soit disant talent de métamorphomage. Sur quoi Michel-Ange avait une théorie des plus intéressantes.

« Oui ça se tiens mais ça ne m'avance pas à grand chose. Et pour être tout à fait franc c'est plus un mélange de colère et de frustration. », grinça-t-il entre ses dents pour la petite anecdote.

En bon scientifique qu'il était, son premier réflexe aurait probablement été de noter sa propre théorie des couleurs s'il n'avait pas été en total rejet avec cette part de lui-même. A nouveau, son charme à tomber par terre lui revenait en pleine figure. Il ne claircit même pas un petit peu cette fois-ci, se contentant de lever les yeux au ciel pour exprimer son scepticisme. Il fallut que M. le Capitaine mentionne leur camarade @Amy Jordan pour le faire réellement réagir :

« Euh non non, pas Amy. Me demande pas, je refuse de parler de ça tout autant que de parler de drague avec Amy Jordan. »

Cette fois-ci ses cheveux s'était tinté d'une belle nuance jaune poussin et il ne pouvait plus s'enlever de la tête cette image de la jeune femme agenouiller devant son absence de pantalon. Les joues lui cuisaient rien qu'à l'idée.

Par chance, Michel-Ange avait apparemment des contacts inépuisables dans le domaine. Sheraz manqua s'étouffer à la mention de Théa.

« C'est une septième année et puis dit comme ça... sérieux si je la connaissais pas je croirais que tu parles de la maquerelle du coin. », il ne pouvait s'empêcher de se rebeller aux méthodes de son colloc. Encore un peu et il avait l'impression qu'on allait le livrer tout cru à une dévoreuse de chair. Non merci. Et puis, il avait tout de même un minimum de considération pour la gent féminine. Mais Michel-Ange, lui, avait déjà sa petite idée de la tournure - ou plutôt de la pente raide - qu'allaient suivre les choses.

« Je devrais enlever 30 points à notre maison rien que pour la suggestion, tu t'en rends compte ou pas ? », aller dans le dortoir des filles !!!! miséricorde. « On peut pas se contenter de la salle commune ? »

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Les mains sur les hanches dans une position particulière, je me retournais. Aller dans la salle commune. Pas parler à Amy. Ni à Théa. Faire les choses à moitié quoi. Même pas. Ne pas faire les choses du tout... J'enlevais ma moue étrange et je fronçais les sourcils, tout en réfléchissant à la situation. Finalement, je soupirai. Mais pas d'un soupire de déception. Non, d'un soupire d'acceptation et de soulagement.

" Tu as raison. La salle commune fera l'affaire. Et pas Amy, ni Théa. J'ai compris. "

Je descendis à la salle commune, tout en tenant chacune des portes rondes à Sheraz par automatisme. Je n'étais pas vraiment du genre à laisser la porte se refermer sur le visage des autres. Je fis une grimace en remarquant que la salle était vide. Je me tournais vers Sheraz.

" On aurait eu plus de chance dans les dortoirs. Viens, je vais t'apprendre deux trois trucs avant que ça se remplisse. Et si ça se remplit pas on ira aux Trois Balais... Note bien ça : la drague c'est pas comme la chasse, mais par contre parfois faut chercher les gens comme du gibier. "

Je répétais la phrase dans la ma tête plusieurs fois, pas certains qu'elle veuille dire quoi que ce soit. Après me l'avoir dit deux fois dans mon esprit, j'estimais qu'elle avait du sens. Lui désignant les canapés et sofa, je m'installais calmement, dans une position décontracté sur l'accoudoir du canapé et une jambe sur l'autre.

" Ok, donc on va commencer par la base. Y'a trois axes fondamentaux pour progresser avec les femmes. Vivre selon ses valeurs, être en accord avec ses intentions, et exprimer ses désirs librement. "

Je lui énumérais les trois points importants en mimant avec ma main. L'observant dans les yeux, j'avais subitement un air brillant et intelligent que je n'avais que lorsque j'étais en train de développer des sortilèges pour altérer divers objets comme en Mécamagie ou sur mes balais. Il devait déjà avoir vu ce visage.

" Ensuite le reste vient naturellement. Pour séduire, il faut juste : créer un moment agréable, avoir confiance en soit, avoir le contrôle de ses émotions, se sentir bien et s'amuser, être fun, sourire, partir positif, visualiser son succès, mais ne jamais être satisfait et apprécier, par contre chaque victoire... Fixer ses propres règles et..."

Je lui fis un petit clin d'oeil, alors que deux jolies Poufsouffles de deuxième année venaient de faire leur entrée :

" Travailler un point de blocage à la fois. "

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Sheraz tiqua. Fallait-il se réjouir du fait que Michel-Ange lâche l'affaire si facilement. La salle commune faisait un peu figure de zone neutre et Sheraz comptait bien là dessus pour ne pas se retrouver dans une situation trop gênante. Il emboîta tout de même le pas à Michel-Ange après avoir enfilé pudiquement un jean, un t-shirt de geek pioché sans regarder sur le dessus de la pile parfaitement ordonnée de son placard et un sweat à capuche noir sans fioriture. Il lui fallut faire un effort surhumain pour s'empêcher de jubiler en voyant le monde fou qui les attendait dans la salle commune. Sainte Zone de Confort, priez pour nous (enfin surtout pour lui).

Le jeune préfet fronça les sourcils à la mention de gibier. Il sentait déjà que ce petit cours de drague allait être long. Cette seule comparaison lui hérissa le poil mais il fit mine de rien, attendant la suite. On ne savait jamais. Assez docile compte tenu de son niveau de réticence, le jeune anglo pakistanais s'installa dans un des fauteuils moelleux, sans s'y vautrer, toujours attentif. Finalement, Michel-Ange ne disait pas que des conneries et ses trois principes étaient même assez parlant. Bien sûr, l'idée d'exprimer ses désirs lui fit rentrer la tête dans les épaules. Il se voyait mal annoncer à Siobhán le quart de ce qu'il avait en tête entre deux équations astromagiques au risque de la voir disparaître plus rapidement que beep beep le roadrunner. Sa déconvenue à lui aurait été tout à fait semblable à celle de Coyote, il n'en doutait pas une minute. Il s'éclaircit la voix, chassant cette image de déconfiture avant qu'elle ne déteigne sur lui.

S'ensuivit la longue énumération des qualités que Sheraz n'avait pas. Il aurait pu prendre un crayon est faire une coche à chaque virgule que posait Michel-Ange. Avoir confiance en soi : non. Avoir le contrôle de ses émotions : non. Se sentir bien et s'amuser, être fun, sourire, partir positif, visualiser son succès : non, non, non, toujours pas, re-non.

« Bonne idée. », estima le principal intéressé quand enfin Michel-Ange évoqua quelque chose qui lui parlait. Ne se lancer qu'un défi à la fois, c'était bien assez pour Sheraz. « Bon. », fit le métisse après cinq minutes de silence à attendre qu'une malheureuse victime ne fasse son apparition. Il jouait des doigts sur l'accoudoir pour s'occuper et chasser la nervosité.

Mais la salle commune restait désespérément déserte. Comme si quelqu'un avait passer le mot : attention, danger. Dragueurs à la manque en repérage.

« Tu sais à cette heure-ci il doit y avoir personne aux Trois Balais. Enfin, encore plus qu'ici. »

Il osait espérait que le capitaine de Quidditch n'avait pas dans l'idée d'aller tirer de pauvres femmes de leur lit. L'idée lui noua la gorge. Sheraz se voyait déjà fuyant devant un époux bafoué et armé jusqu'aux dents. On ne savait jamais sur quoi ou sur qui on allait tomber dans le monde magique.

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