Le nouveau confident (Sheraz)

" C'est tout ce que tu trouves à redire? Bonne idée ? "

Alors que les deux jeunes femmes Poufsouffles passaient et se dirigeaient vers la Grande Salle pour prendre leur petit déjeuner, je fronçais les sourcils en écartant les bras. Je lui indiquais d'un air indigné les deux jeunes femmes qui n'étaient plus là. Elles avaient tout pour plaire et... ce con ne les avaient même pas remarqué!

" Attends, Sheraz, t'es amoureux ou quoi? "

Je fronçais les sourcils, comme un médicomage qui essaie d'établir un diagnostique sur un patient. Je ne voyais que ça. Il ne mettait aucun effort dans ce qu'il faisait et il venait de laisser passer deux filles à l'élégance et à la grâce digne de n'importe quelle jolie sorcière de Sorcière Hebdo. Je me grattais la tête, indiquant du pouce la sortie.

" Dis moi que tu les as vu, parce que c'est peut être un rendez vous occulaire à Ste Mangouste qu'il te faut. T'es aller en vacances en Sicile ou quoi? Y'a des méduses enchantées qui te réduise la vision de 70%. "

Je me mis à m'avachir sur le canapé et je soupirai. D'un air assez fatigué (parce que je m'étais levé tôt donc je l'étais) j'observais Sheraz avec un oeil critique et je commençais à repartir dans un monologue.

" J'espère pour toi que t'es pas amoureux. Parce que ya rien de plus contre-productif pour améliorer ta drague... Surtout si c'est un amour à sens unique alors là, t'es vraiment dans la merde. Mais t'es un Poufsouffle. T'es un battant. On a toujours ce qu'on veut quand on y croit. "

Je lui fis un petit clin d'oeil et je me désignais moi même du pouce dans un air qui se voulait classe et stylé. J'étais l'exemple même de la persévérance. J'avais aimé la même fille pendant presque toute mon existence et aujourd'hui j'y étais arrivé et je sortais avec elle. J'étais prêt à tout pour elle et je n'étais pas prêt de la laisser filer.

" C'est qui? " dis-je alors à brûle-pourpoint.

Je prêchais le faux pour savoir le vrai. Si ça se trouvait il n'était même pas amoureux. Mais tout dans son attitude me faisait penser à ça. Qui refusait de voir deux avions de chasses au sein même de notre maison ? Si on reprenait une métaphore de chasse, c'était comme avoir deux belles faisanes sous son nez et pas être capable de les voir, la baguette sur l'épaule.

" T'es pas obligé de m'en parler... Mais si on veut s'améliorer mon p'tit, il va falloir que je sois au courant de tout. Parce que le problème vient peut être de là. Franchement, t'as tout pour toi. T'es... brillant, sérieux, calme, intelligent. Les filles, et les mecs aussi d'ailleurs, elles kiffent ça ! Tu créés tes propres démons mon p'tit gars. "

J'avais recommencé sans le savoir, à grand coup de mon ptit et mon ptit gars. Je voulais tester ses limites, car j'étais curieux de voir si son don ne se manifestait que sous le coup de la colère.

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tw : homophobie

Tout penaud, Sheraz écoutait les remontrances de Michel-Ange sans pour autant pouvoir s'empêcher de penser que ce dernier était complètement frappé. Des vacances en Sicile ? Sur le coup, il ne voyait pas le rapport avec les deux filles qu'il avait vaguement remarquée dans sa vision périphérique. Ca n'était tout de même pas un drame.

Il secoua la tête, ses beaux cheveux noir de jais signifiant que non, il n'était pas amoureux. Et puis Michel-Ange eut la riche idée de mentionner un amour à sens unique et, allez donc savoir pourquoi, cette fois-ci Sheraz n'était plus si sûr de la réponse à donner. Sans pouvoir y faire quoi que ce soit, l'image adorable de @Siobhán Gavalagh-Korrigan vint lui masquer la vue. Elle l'avait toujours subjugué, plus que les autres filles. Michel-Ange venait littéralement de jeter une allumette sur une bonbonne de gaz. Tout à coup, son cerveau s'emballait complètement mais curieusement cela ne s'affichait que sous la forme d'un étrange mutisme. Etait-il vraiment amoureux de Siobhán ?

Le c'est qui ? intéressé du capitaine de Quidditch le désarçonna carrément, propulsant une réponse non formatée et complètement irréfléchie :

« Quette ! Quoi ?! C'est personne ! », mentit le jeune préfet.

En vérité, ça n'était pas tout à fait un mensonge, juste une réponse un petit peu en dessous de la vérité. Dans le laps de temps où Sheraz essayait d'éteindre les incendies que Michel-Ange semait à chaque mot, Michel-Ange lui reprenait sa stratégie de la drague, le plus sérieusement du monde.

« Je suis pas amoureux. Et je tiens pas particulièrement à savoir ce qu'aiment ce genre de mecs. », feula le cadet, déstabilisé. Il se rasséréna comme son colloc lui laissait un petit temps mort pour se ressaisir, « C'est vrai qu'il y a des filles qui me plaisent, certaines plus que d'autres. Franchement plus. », il balaya l'image de Siobhán pour s'éviter un changement de couleur qui l'aurait immédiatement grillé, « Honnêtement, je peux pas répondre à ta question. En fait, je suis même pas sûr de savoir si c'est de l'amour. Je veux dire... je me projette pas de lui faire quatorze gamins. Même pas un. Si j'ai pas réagi c'est surtout que c'est pas moi d'agresser deux filles qui passent devant moi sous prétexte qu'elles sont jolies. C'est juste impossible pour moi ça, tu vois. Je suis pas un capitaine de Quidditch, j'ai rien à montrer sous ma chemise et généralement quand j'ouvre la bouche, soyons honnête, si on parle pas de méca ou de science, je suis à mourir d'ennui. Je devrais peut-être essayer d'aller draguer au MIT... »

Il en oubliait que Michel-Ange ne devait pas savoir ce que c'était, mais l'idée était là.

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Les yeux complètements écarquillés, je ne reconnaissais plus mon coloc. Peut être y étais-je aller un peu trop fort pour cette première journée. Mes doigts parcoururent mes yeux et mon nez d'un air fatigué et je pris mon temps cette fois-ci, pour mettre de l'ordre dans mes idées et prendre les problèmes un par un. Parce que là, on en avait eu pas mal en moins de quelques secondes.

" Mec... T'es un malade... Je parlais pas du tout de les agresser... Juste leur dire bonjour, discuter, partager, apprendre à les connaître et si ça match essayer d'aller plus loin. Au pire tu risquais de te faire des nouveaux amis et au mieux tu sortais avec une fille... Je t'ai pas dit qu'on allait faire ça comme des goujats... Ca m'déçoit que tu penses ça de moi! "

Je soupirai. Je penchais ma tête en arrière et je me mis à émir un petit râle désagréable. C'était donc ça l'image que je lui renvoyais. Celle d'un gros beauf en déperdition qui sautait sur tout ce qui bougeait? J'avais peut être mal commencé avec la métaphore sur la chasse.

"C'est que t'es pas amoureux. Si tu étais amoureux, tu le saurais. Tu ne penserais qu'à elle et tu pourrais pas avancer sans elle dans ta vie. "

Deuxième point abordé. Je le regardais toujours d'un air détendu. Puis je me mis à sourire en coin et je baissais un peu la tête. J'aurai peut être du commencer par ça, pour qu'une vraie confiance s'installe entre lui et moi. Avec un petit ricanement moqueur, qui se voulait taquin et surtout qui ne pensait pas à mal, je poursuivais.

" Et j'te pensais plus brillant. Si tu penses que les Capitaines de Quidditch attirent les filles et les garçons, tu commences effectivement très mal. Je suis avec Apolline depuis seulement quelques mois. Entre temps, j'ai galéré un max pour sortir à nouveau avec elle. Y'a juste eu deux filles dans ma vie Sheraz... "

Je lui adressais un sourire un peu triste. J'enlevais cette position décontractée, pour le mettre normalement. Je me penchais un peu et je lui tapotais l'épaule. Au final nous n'étions pas si différent lui et moi. Notre seule différence résidait dans le fait que nous étions juste pas au même point dans nos vies sentimentales. Il en était clairement là où j'en étais il y a quatre ans, ou je pensais que personne ne s'intéresserait aux étudiants fans d'Enchantement et qui enchaînaient les petites conneries la nuit à cause de leur immaturité.

" Tu trouveras la perle rare ! J'en suis convaincu. "

Je me levais, et je tapais dans mes mains avec un grand sourire.

" Voilà ! C'est ça que je veux voir ! Le Sheraz combattant ! Allons draguer au Aimhaïti ! C'est un genre de bar pour geek? Ils sont ouvert à cette heure là? "

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« Mais ! », fut la première chose que Sheraz trouva à répondre tandis que Michel-Ange se défendait de n'être qu'un pervers irrespectueux de la gente féminine. Bon, il se sentait encore pris les doigts dans la prise, prêt à invoquer un one drama show à la Michel-Ange mais cette fois-ci, ça ne venait pas tout à fait de nulle part. Sheraz freina des quatre fers, « C'est pas ce que j'ai voulu dire mais c'est juste... chercher les gens comme des gibiers ??! Sérieux ? »

La grimace de Sheraz en disait long sur son scepticisme mais bon au moins les choses étaient claires. Pas question de devenir ce genre de mec et apparemment ce n'était pas le but de Michel-Ange. Le jeune anglo pakistanais se détendit, ses épaules retombant légèrement sous ce changement d'état. Finalement, ce furent les amours supposées et avortées de l'un et de l'autre qui se chargèrent d'entretenir la conversation.

« Ca c'est parce que tu fais pas attention à 50% des filles du bahut qui n'ont d'yeux que pour le préfet de ceci ou le capitaine de cela. D'ailleurs plus les capitaines. Y a une espèce de fantasme du vestiaire là derrière, j'en suis sûr. Si si je te jure. Tu les as pas entendues... »

Amy lui avait même fait tout un discours là dessus bien avant son départ. Il en avait eu tellement honte qu'il n'avait qu'à moitié écouté mais ça c'était un autre problème.

Le jeune homme secoua ses mèches noir ébène en signe de renonciation. Non, il ne cherchait pas vraiment la perle rare de peur de tomber dessus et de ne pas savoir quoi en faire. C'était ça la vérité. Sans doute en parlerait-il avec Michel-Ange. Un peu plus tard. Pour l'heure, il se contenta de pouffer :

« Le M-I-T ? non c'est pas du tout un bar d'étudiant. Mais si t'en connais un je te suis. Tu pourras pas dire que j'y mets pas du miens. Par contre, je te préviens, tu me pousses pas dans les bras d'une fille et pas de métaphores douteuses hein ? On y va pour boire un verre, ce sera déjà pas mal. »

Quelque chose en lui ne croyait pas du tout à ça, ou plutôt comptait vivement sur l'insubordination de son tout nouveau "pote" pour n'en rien faire du tout.

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Je lui mis une énorme claque dans le dos, avec un énorme sourire sur les lèvres. Mes yeux pétillèrent de malice et je déclarais avec force :

"Hé bah voilà, il était pas si loin que ça le p'tit Sheraz fougueux qui veut découvrir la vie ! Bien sûr que j'en connais un. Ca s'appelle la Tête de Sanglier. Tu vas voir l'ambiance est particulière mais on va s'amuser. "

Je me dirigeais vers la sortie, avec Sheraz sous mon bras pour être sûr qu'il n'aille nul part. Les sourcils froncés, je levais les yeux au ciel et je me mis à ricaner d'un air amusé.

" Oh, et quoi de mieux que la chasse, cet Art ancestral et primitif qui a traversé les époques pour définir la drague? "

Je le lâchais. L'espace d'un instant, je le regardais sans rire, puis je lui mis un coup de poing léger dans l'épaule en je me mis à rire de lui. Evidemment que j'allais pas continuer avec cette métaphore là.

"Les métaphores, c'est ce qui ya d'mieux. Elles expliquent les choses de la vie... Je t'avoue que là je me suis un peu planté. Et sort toi de la tête cette histoire de Préfet, et de Capitaine... Ya cinq ans, Serpentard avait un mec il était préfet ET capitaine. Bah il était moche comme un poux. Donc ta théorie fonctionne pas. D'ailleurs, tu sais très bien que comme en Mécamagie, il faut des preuves empiriques. Ca m'étonne de toi. Je suis presque déçu... Pfff... Les capitaines de Quidditch... Tu crois, vraiment? "

Je fis une grimace. Est-ce que j'étais passé à coté de cette information pendant le moment où j'avais Capitaine ET Célibataire? Il y avait de grande chance. Avec une grimace, j'entrainais donc mon bon vieux Sheraz vers la Tête de Sanglier. Bar, qui si on n'était pas trop regardant et si on avait de la chance qu'il contienne des étudiants pouvait etre considéré... comme un bar étudiant non?

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