Tell me something I don't already know — ft. Xris Andērson

Il était évident que la nouvelle d'avoir consommé du Veritaserum contre son gré n'allait pas satisfaire quelqu'un comme @Xris Andērson dont tous les revers de la vie étaient d'habitude rigoureusement maîtrisés. Mais Siobhán ne se serait certainement pas attendue à un tel revirement de situation, sentant son attitude changer à l'instant où il comprenait ce que la consommation d'une telle potion impliquait. Comme s'il avait le souhait de se venger de quelque chose qu'elle n'avait même pas cherché et qu'elle avait subi, comme lui.

Avait-il réellement imaginé un seul instant que ce n'était que l'aboutissement d'un plan bien rodé ? Que, stratège comme elle était, la vélane l'avait attendu patiemment dans la salle commune, se doutant qu'il finirait tôt ou tard par passer, et qu'elle avait sélectionné cette bouteille en amont précisément pour le piéger ? La colère montait dans sa gorge alors qu'elle tentait de faire abstraction de l'alcool qui lui brûlait les veines. Il n'avait même pas réfléchi avant de chercher à la coincer, se jetant simplement sur elle comme tout serpent l'aurait fait sur sa proie. Elle sentait ses crochets se refermer sur elle alors qu'elle n'avait rien cherché d'autre que de comprendre celui qui s'évertuait à tout cacher aux yeux des autres.

« T'es pas sérieux, Xris. T'es pas sérieux. »

À cet instant, elle ne pensait plus à @Freya Korrigan ni à la maigre confidence qu'elle venait de récolter de la part de celui qu'elle considérait jusqu'ici comme un ami, aussi compliquée leur relation ait pu être depuis ses débuts.

La vérité s'insinuait dans ses membres, tortueuse et sinueuse comme elle savait l'être. Pendant un instant, l'Irlandaise pensa pouvoir la retenir pour empêcher de sortir ce qu'elle peinait tant à s'avouer à elle-même, depuis de trop nombreuses semaines maintenant. Ses yeux bleus partant à la recherche de ceux de Xris, elle sentit une vive douleur se saisir de son intérieur. Insupportable, insoutenable. La souffrance d'un mensonge qu'elle aurait préféré articulé plutôt que d'avouer au Serpentard ce secret qui lui appartenait et dont il n'aurait jamais dû abuser. Les effets de la potion étaient une véritable torture et lutter était vain. Prostrée sur l'assise du canapé, elle s'entourait de ses propres bras comme s'ils pourraient la soulager du mal qui la rongeait.

« Je l'aime », siffla-t-elle malgré elle. « C'est ça que tu veux entendre ? La voilà ma réponse. Je l'aime comme j'ai jamais aimé quelqu'un. Et sache que t'es le premier à être au courant. Tu trouves ça normal ? »

Un sentiment de liberté traversa son corps, alors que la douleur s'échappait aussi rapidement qu'elle était arrivée. Le supplice avait pris fin à l'instant où la vérité était sortie.

Sa voix s'était faite forte, mais Siobhán se fichait bien de ce que pourraient entendre les oreilles baladeuses et trainantes de leur salle commune.

Il n'y avait plus aucun secret. Elle n'avait rien à cacher.

La soirée venait de prendre un tout autre tournant alors qu'elle ne supportait plus le calme ardent du canapé dans lequel elle s'était endormie tant de fois. D'un mouvement brusque, elle se levait pour le rejoindre devant la cheminée et le confronter, au plus près qu'elle le pouvait.

« Je jouais pas. Je te posais des questions parce que je croyais que j'étais ton amie et que tu me répondrais sans attendre de contrepartie. Mais je crois que je me suis trompée. »

Impossible cependant de savoir s'il y avait eu méprise sur les attentes de Xris ou sur leur amitié. Mais à ce stade de la soirée, saisie par les effluves tentatrices de l'alcool, il pouvait être question de tout et de rien à la fois, tant les mots étaient balancés sans même être sous-pesés.  

D'un geste hargneux, elle balança son verre dans l'âtre alors qu'il n'était pas terminé, épaississant ses flammes sous l'effet de l'éthanol qu'il contenait.

« Mais puisque t'as l'air de vouloir t'amuser ce soir, je vais te poser une question moi aussi. Une seule. La dernière. » Elle marqua une pause en le toisant de ses iris bleutés, sombres comme le plus profond des océans. « Demain, tu dois faire un choix entre @Apolline Dunn et ses parents, ou  @Edel Almadovar,  @Finn Gavalagh-Korrigan et moi, même si tu m'as bien fait comprendre que je ne valais pas grand chose à tes yeux. Qui est-ce que tu choisis, hm ? »

Elle restait devant lui sans même bouger et attrapa sa baguette en se visant elle même.

« Assurdiato ».

Un bourdonnement dans ses oreilles l'empêcha d'entendre la réponse de Xris. Elle ferma ses yeux pour ne pas voir ses lèvres bouger. Au bout d'un instant, elle annula les effets du sortilège et ses paupières se relevèrent.

« J'espère que la vérité ne fait pas trop mal à entendre, cette fois-ci. »

Attrapant la bouteille d'un geste vif, son visage avait abandonné toute trace de sourire avant qu'elle ne se retourne pour quitter la pièce.

Le regard de Siobhán lui retourna l’estomac.
Il pouvait presque sentir la douleur que provoquait cette lutte interne.
Il l’avait ressenti auparavant, alors qu’il avait tenté d’éviter ce qu’il pensait alors, être le don de la demi-vélane.
Xris se redressa. Il se força à rester de marbre devant les paroles de son amie.
Il regrettait ses mots.
De l’avoir forcée à traverser cette rivière déchainée de sentiments qu’elle remontait à contre-courant depuis des semaines.
Sa question l’avait fait trébuchée.
Elle perdait l’équilibre.
Tentant de se rattraper à quelque chose.
A quelqu’un.

Mais la seule personne qui aurait pu l’aider autour d’elle avait lâché sa main.
Et l’avait poussée un peu plus loin.
Trop loin.
Xris serra les dents et ferma les yeux quelques secondes.
Elle venait de tomber.
Et elle n’avait plus d’autre choix que de se laisser emporter par la force du courant.
Loin de lui.
L’instigateur de la chute.

- Je le savais déjà Siobhán… souffla-t-il froidement.

La seule issue désormais était de prétendre l’indifférence.
Il n’était pas dans les gênes de Xris de se jeter aux genoux de son amie en la suppliant de le pardonner pour cet acte vipérin.
Elle avait essayé de lui soutirer des informations.
Il s’était senti piégé.
Comme trop souvent ces derniers temps.

Mais il avait eu tort.
Son amie avait cherché à en savoir plus par simple curiosité.
Baissant, l’espace de quelques minutes, sa garde.
Comme le faisaient les amis habituellement.
Tout comme l’avait fait Xris.
Et il l’avait mise au pied du mur.
Son cœur se serra légèrement alors que Siobhán lui posa une nouvelle question.
Ses yeux remplis d’une teinte sombre qu’il n’avait jamais vus auparavant.
Une femme blessée pouvait être la plus dangereuse des guerrières.
Surtout lorsqu’il s’agissait de ses sentiments.
Et ici, il s’agissait du plus intime.
L’amour.
Cruel et ignoré. Refoulé. Déçu. Redouté.

Xris soupira à la question lancée par la jeune femme.
Un coup de pris.
Un coup de rendu.
Un verre qui explosa dans la cheminée.
Mais sa baguette s’agita alors que sa question se terminait.
Le pire châtiment.
L’ignorance.
Alors que la douleur naissait à l’arrière de son esprit, Xris lutta pour l’ignorer.
Mais la douleur s’intensifiait.
Alors qu’au début de la soirée il ne s’était agi que d’un engourdissement, le Veritaserum lui faisait désormais l’effet d’un tison brulant et menaçant, s’enfonçant doucement à la recherche de sincérité.
Réclamant toujours plus de vérité.

Les mots s’échappèrent de ses lèvres.
Sans qu’il ne puisse contrôler cette vérité qui se déversait de la partie la plus intime de son esprit.
Ce secret qu’il gardait depuis des jours.
Qui risquait de le détruire si quiconque l’apprenait.
Lui, et sa famille.
Cette bombe, lâchée au milieu de la Salle Commune qui expliquait en détails les raisons de son comportement si méfiant.
Cette réponse au choix entre  @Apolline Dunn et ses amis,  @Edel Almadovar ,  @Finn Gavalagh-Korrigan et elle.

Celle qui l’ignorait désormais.
Qui lui tourna le dos juste après cette confidence.
Sa voix ne lui parviendrait que de manière mutée. Elle ne saurait rien de tout cela.
De toutes les raisons qui avaient dirigées ce choix.
Car elle se sentait trahi par le grand blond qui se tenait devant elle.
Le regard de Xris, plus sombre que jamais, rivé au sol après une telle explication.
Ses oreilles bourdonnaient. Et il ne ressentait aucun soulagement d'avoir pu évacuer ce poids. De le laisser évoluer à voix haute.
Et peut-être que ce poids qui le voutait désormais n'était que le sien à porter.
Et que les choses étaient mieux ainsi.

Xris ne releva ses yeux d'un bleu glacial que lorsque celle qu’il avait pris l’habitude de considérer comme son amie quitta la pièce.
Lui tournant le dos.

A raison.

Comme tant d’autres l’avaient fait avant elle.