Breaking The Habit (Haruka)

"Trop gentil d’avoir assuré la livraison."

Fermant la porte de la pièce où la Serpentard se livrait à entreposer sa distillerie, il leva le nez sur le grenier dans lequel il l’avait toujours vu descendre quand il venait chercher ses commandes. Haruka avait un don indéniable en la matière et il était probablement son meilleur client. Celui qui avait commencé timidement avant de commencer à faire tourner un stock qui s’affinait d’année en année et sans qu’il ait la moindre idée de ce qu’elle y mettait dedans, il adorait ces lendemains sans avoir la barre sur le front avec ce qu’elle lui proposait. Mais bien évidemment, tout avait un prix qu’il payait chèrement.

Mais ce soir, alors qu’il lui avait écrit en début de semaine, il ne l’avait pas vu venir pour lui livrer une unique fiole d’alcool, celle qui lui aurait permis de passer une première nuit tranquille de la semaine.

"Sérieux, t’aères tous les trente-six du mois ou quoi, ça sent le fauve mouillé."

Il raillait, alors qu’il se fichait pas mal de savoir ce qu’elle foutait dans son grenier. Bien qu’il savait qu’elle pouvait avoir le caractère d’une goule quand elle était dans ses mauvais jours, il la cherchait toujours avec autant d’ardeur et de taquinerie, comme depuis quelques années. Sans deviner son ombre, il avançait non sans observer la lune rose derrière la fenêtre recouverte de papier.

Un grincement porte annonça l'arrivait de quelqu'un. Un fouineur, ou un client. Le petit commentaire gentil, d'une bouche accoutumée au sarcasme, venait comme déposer des fleurs sur l'autel de ses services. Haruka, étonnée, était descendu l'échelle en glissant sur la barre comme ces commerçant de baguettes qui ne faisaient même plus attention aux meubles.


- Euh. Oui...... fit-elle semblant de comprendre ce que voulait dire le riche descendant mexicain.

Edel, Edel, Edel, elle fouilla sa mémoire. Je... j'arrive. indiqua-t-elle avant de remonter par cette même échelle.

- Ça fera 5 gallions de plus Alomodovar, répondit-elle à sa question depuis l'étage, peu aimable.

Elle fouilla le bureau sans dessus dessous. La louve y avait passé la nuit, ne prenant pas le risque d'être vue à traverser le château à la tombée de la nuit, ou que l'on s'inquiète de son absence en dortoir.

- Tu m'avais demandé quoi déjà ? demanda-t-elle depuis son grenier.

Elle plissa les yeux d'inconforts en haussant la voix. Sa tête tambourinait. Le genre migration d'un troupeau gnou au galop. Elle passa en revu la pièce. Il était toujours désagréable de faire appel à ses sens un lendemain de pleine lune. Elle se sentait à la fois alerte et terriblement diminué. Une partie de cache à cache avec une bouteille n'était pas le genre partie de chasse auquel son corps aspirait. Et Edel tombait au mauvais moment, alors qu'elle rongeait son frein à l'écart dans sa piaule de bois.

D'ordinaire elle aurait sorti la commande, affublé d'une note indiquant le nom du destinataire. Son regard tomba sur une pluie de morceaux déchiquetée à terre.

- Ah. fit-elle toute seule. Elle avait à présent le souvenir de s'être fait les dents sur la caisse à vin, et d'avoir dépiauté quelque chose. Ce quelque chose devait certainement être la note d'Edel.

Elle haussa les épaules. Un reparo et basta, cela suffirait. Elle chercha à tâton sa baguette dans poche arrière. Ne la trouva pas. Elle grimaça, tapant sur toutes les poches qu'elle pouvait avoir, tourna sur elle-même avant que son regard ne tombe sur un bout de bâton au sol qui avait été rongé sur le manche. C'était pas la caisse à vin...

Elle se frappa le front de sa main, excédé, et lâcha un râle furieux. Bouffer sa propre baguette magique, alors ça, c'était nouveau. Elle entendait @Glenn Yard glousser de puis Loutry Sainte Chapsoule.

Haruka passa la tête à travers la trape depuis la trappe, ses cheveux d'encre tombant dans le vide, lui donnait un air de Sadako et elle regardait Edel avec son regard aimable des mauvais jours, celui qui lui donnait un air de reptile fâché. La serpentard, n'avait pas pour habitude d'assumer ses erreurs à cette période du calendrier.

- C'était pourquoi ? croassa-t-elle. Précisément. Ajouta-t-elle, histoire que son collègue de serpentard n'aille pas lui répondre qu'il ne venait pas lui chercher une baguette de graine pardi.  Elle devait franchement renvoyait l'air de cuver sa gueule de bois après avoir avalé tout son stock.

"C’est Almadovar. Même pas foutu de ranger son jardin, faut que je lui apprenne à parler."

Levant les yeux au plafond, il avait presque parlé pour lui-même alors qu’en plus de lui facturer un sur plus gratuitement, elle osait encore oublié ce qu’il avait commandé. Mais pire que ça, il avait l’impression de venir sous un de ses mauvais jours, celui où elle pouvait tellement oublier ses neurones dans le fond de ses chaussures qu’elle les écrasait un par un. Voyant ses cheveux tomber par la trappe par laquelle elle disparaissait, Edel haussa les sourcils avant de lui adresser un sourire narquois.

"Hydromel de valériane et rien que pour avoir oublier, on enlève 10 gallions."

Haruka avait ce petit coté fascinant qui ne pouvait que le laisser dubitatif en temps normal. Elle n'était pas tête en l’air, elle était pas non plus extrêmement lunaire, c'était juste une fille qui avait son tempérament qui pouvait se glacer d’un jour à l’autre comme si elle embrasait deux identités différentes. Et lui, il prenait un malin plaisir à frôler les limites de sa charité.

"Alors, t’a fais quoi hier pour être aussi stone?" L’air de rien, il n’avait jamais douté qu’elle ne goutait jamais ses élixirs et c'était même peut-être pour ça qu’ils étaient toujours aussi bons, laissant probablement son pifomètre pleinement actif. "On dirait que t’a passé ta journée à dormir … "

Il passa son pied sur le sol poussiéreux par endroit sans voir les traces d’une nuit agitée par la lune, ne se fiant qu'à ses cernes à peine caché par la broussaille de ses cheveux.

- On enlève rien du tout, répliqua-t-elle, parfaitement sérieuse et dépourvue d'humour ce soir.

Elle avait envie de hurler, de courir. Les pleines lunes étaient ces nuits de bonheur. Son plan n'était pas de devenir épicière au château.

- C'est de l'Hydromel à la valérianne, pas de valérianne, répondit-elle comme s'il avait dit une ânerie. Et y a pas que ça dedans. ajouta-t-elle, démonstration d'ego d'une artiste incomprise.

Comme un singe, elle s'était laissé tombée hors du trou et avait atterri avec adresse sur ses deux pattes. Tout ça pour pointer inutilement son doigt furieux et impérieux sous le nez du plus flegmatique des hommes, Edel, et s'adressa à lui comme si ce dernier venait de cracher sur toute sa famille réunie.

Elle était consciente d'être insupportable, elle s'insupportait d'ailleurs elle-même. Elle souffla sur une des mèches de cheveux, échouant à la replacer.

- J'ai ta commande, j'ai plein de commande, j'en peux plus de vos commande, j'ai tout attaqué et il me restera bientôt plus rien. Je devrais pas être en limite de stock, je devrais pas être en limite de stock, s'énerva-t-elle toute seule, elle se frotta le visage de ses mains. Comment faisait-il ce gryffondor trop mignon en années supérieur, le sérieux toujours impassible ... @Sean Clearwater ?  

Elle gronda comme un chat, et croisa les bras, boudeuse. La compagnie lui manquait. À cette période, elle aurait du faire la sieste avec ses frères et soeurs dans la grande grange, se gaver de biscuit et elle aurait couru tout son saoul derrière les oiseaux et les lapins malgré toutes les remontrances de Glenn.

Elle lâcha un lourd soupir. Edel était là. Par intérêt et certainement pas pour la voir elle. Il venait prendre une bouteille. Certainement pour la siroter avec @Siobhán Gavalagh-Korrigan ou @Xris Andērson. Mais pas elle. Alors prise d'une pointe de jalousie, elle fit la moue et déclara :

- J'te filerai pas d'alcool aujourd'hui, déclara-t-elle soudainement, t'en as trop pris et j'veux pas d'un coma éthylique sur les bras. dit-elle, aussi lunatique que mal lunée, ça fait beaucoup trop en plus tout seul

Et elle s'inquiétait un peu aussi. Ce n'était pas parce que l'alcool avait des arômes aux plantes que c'était un médicament. Si elle aimait recevoir l'argent d'Edel, elle n'était pas dépourvue de scrupule quand à son état de santé. Où allait-il ? Avec qui ? Elle voulait savoir.

Mal réveillée et décoiffée au possible, Haruka commençait doucement à pester sans revenir avec sa bouteille et croisant les bras en lui soufflant qu’elle avait bien trop à faire en plus de ne pas vouloir le servir parce que c’était bien trop à torcher seul.
Fronçant les sourcils, il se rendit compte qu’en plus de l’avoir oublié, elle se permettait de finalement annuler sa commande sous prétexte qu’elle avait dormi dans son grenier et que les étudiants lui dilapidaient ses stocks.

"Mais de quoi je me mêle ! T’avais qu'à t’organiser, ça doit pas être compliqué de tenir des comptes, je sais pas!"

Loin d’entrevoir l’inquiétude qu’il aurait pu comprendre en temps normal, sa nervosité se faisait sentir jusqu’au bout des doigts et réagissait au quart de tour en s’emportant tout autant avec elle. Elle feulait, il feulait. Déjà qu’il avait du mal à se procurer de quoi fumer, si Haruka se mettait à lui dire qu’il n’aurait rien à se rincer le gosier à cet instant, c'était de trop. Edel plissa les lèvres avant de souffler, mettant de l’eau dans l’hydromel qu’elle n’avait pas.

"Comment ça j’en ai trop pris, tu me surveilles?" L'étrange impression d’un écho lui revint au visage comme la remarque de @Siobhán Gavalagh-Korrigan , avant de se refermer aussi tôt."Tu sais quoi, donne moi n’importe quoi ça fera l’affaire. Et si tu y tiens, t’a qu'à te poser et boire aussi. 'Spèce de boursouf mal léché."

Tendant les mains avec le nombre de galion habituel, il attendait son du non sans lâcher un sourire narquois en guise de politesse.

"S'il te plait, merci."

- J'vais pas faire d'l'alcool avec du vent, répondit-elle comme si Edel était déficient. Il ne pouvait pas nier qu'il manquait un certain sens des réalités. C'était pas de sa faute, il venait d'une famille riche et savait tout juste différencier d une fougère Elle allait ajoutait quelque chose mais ferma les

- Boursouf mal léché... ? répéta-t-elle. Elle tira une moue outrée alors qu'elle recevait les gallions directement dans sa main.

Haruka baissa la tête sur les pièces d'or frappé de dragon, le laissant la narguer avec ce sourire narquois. Un drôle de sourire réprimée se fit une place sur son visage. Haruka n'y pouvait rien. Edel avait un truc, quelque chose de physique, dans ses traits, qui communiquait directement à ses instincts primaires. Un appel au jeu, constant.

Le soir allait tomber. Les soirées d'été étaient longues, les nuits courtes, le danger reculée. Elle fut tentée. Parallèlement, ses muscles se bandèrent. Prête à lui sauter dessus pour rouler dans la paille, mordre et tirer par la peau du coup les oreilles, comme ils le faisaient entre eux. Et il fit un pas en avant. Edel ne pouvait lire le langage corporel comme elle le percevait. Alors que ça gueule pendait un peu dans le vide, à l'affut du moindre geste, elle appliqua une règle que lui avait enseigné son grand père il y a des années : respirer profondément et longuement cinq fois, en humant l'air.

Edel sentait l'humain. Quoiqu'avec un fumet particulier. Elle serra les poings et fit un effort monstre pour se reprendre. La pleine lune datait d'hier, entamait sa descente mais il n'était pas dit qu'elle n'aurait pas l'occasion de se transformer ce soir. Et on lui avait apprit à ne rien boire avant ses transformations. Infliger de l'alcool à son organisme de loup lui semblait  malsain. Le seul astre tout juste descendant lui apportait suffisamment d'excitation et d'incertitude pour y rajouter l'ébriété. Et une compagnie innocente qu'elle devrait chasser par sécurité.

- J'peux pas boire ce soir, répondit-elle le regard braqué sur lui avant de baisser les yeux, déçue. Elle prit une inspiration et souffla. Son visage s'anima derechef : Mais tu peux rester ! s'écria-t-elle, opportuniste.

Mauvaise idée. Et elle n'avait aucune envie de rester dans ce grenier. Elle plissa le front. Un léger mal de crâne commençait. Si personne n'était admit dans son grenier, c'est parce qu'au milieu des bouteilles se trouvait une réserve d'urgence de Tue-Loup. Elle grogna.

- J't'accompagne, j'ai b'soin d'mettre le nez dehors t'façon.

Se tenant le crâne en maugréant, Haruka détala dans l'escalier. Elle ouvrit un tiroir et sortit une bouteille. Pas exactement ce qu'Edel voulait, de l'hydromel au thym, qui contenait de nombreuses autres herbes qui chatouillerait le palais du mexicain sans qu'il s'interroge. Il ne se posait pas beaucoup de question Edel. C'était une petite bouteille et il avait pas à se plaindre. Elle avait attrapé sa chemise en flanelle rouge qu'elle avait mis par dessus son t-shirt blanc simple. Rien aux pieds, elle se présenta prête. Elle indiqua d'un geste du menton la porte à son collègue de serpentard.

- Allez, houste. fit-elle comme on ferait à un chat. Bien qu'Edel ne sentait pas du tout le chat. L'oiseau à la rigueur. Tu vas pas à la salle commune au moins ? demanda-t-elle, grimaçant à l'idée d'y mettre les pieds.

Il souffla en même temps qu’elle, se rendant alors compte qu’elle était presque dans le même état que lui. Fébrile, un brin nerveuse et sur le point de pouvoir tout envoyer péter si on la cherchait longuement. Lui faisant face alors qu’elle serrait les dents, il la vit soudainement déguerpir dans son grenier avant de redescendre avec une bouteille qui ferait l’affaire ce soir et qu’il boirait visiblement seul. Pleine de contradiction, Haruka l’invitait néanmoins à rester avant de changer d’avis.

"Tu me demandes de te promener?"

Incrédule, il prit la bouteille en main en plissant le nez. Tant qu’elle lui ne refilait pas une liqueur de pissenlit, il aurait tout pris ce soir. Mais acceptant de la sortir le Boursouffle de sa tanière, Edel tournait déjà des talons en râlant contre la salle commune.

”Non, pas la-bas.”

Il n’avait pas envie de croiser @Siobhán Gavalagh-Korrigan , ou pire, de l’entendre rire comme la dernière fois. Rien que ce son lui aurait donné envie d'éclater cette bouteille bien trop cher payée.

"On va te faire marcher un peu." souffla-t-il en l’amenant en bas de l’escalier de la Tour d’Astronomie. Au moins là-haut, il pourrait fumer au clair de lune sans lui faire exploser son stock et ses cheveux de paille."Ca rend aimable il parait."

Elle ferma son visage lumineux une seconde. Edel jouait le même jeu qu'elle mais parfois tapait trop juste.

- Eh ! protesta-t-elle, s'arrêta net les bras le long du corps, véritablement vexée.

Elle nota qu'Edel n'était pas plus attiré qu'elle par la salle commune . Pourtant ses amis étaient y légions. Toutefois, Edel faisait bien parti de ceux qui disparaissait de temps à autre. La solitude n'était pas si difficile à trouver dans ce grand château.

Edel l'invita à marcher avec elle. Haruka trotta derrière, rattrapant son retard. Il ne voulait pas croiser les autres, mais l'invitait quand même à la suivre. Son coeur bondit et elle fut ravie de sa position. Différencier des autres. Privilégiée à cet instant. Serrant ce petit lien de meute, même pas à deux, elle le suivit et la rattrapa à sa hauteur, descendant à ses côtés les étroits escaliers en colimaçon.

Haruka, à son habitude aux lunes montantes et tout juste descendante, sauta hors de l'escalier, comme montée sur ressort. Marchant en équilibre sur les rambardes d'escalier, sautant d'étage en étage. Arrivée en bas de la tour d'Astronomie, elle dérapa par terre et glissa sur les dalles, réalisa un demi tour parfait pour se retrouver face à Edel.

- Oh, dans ton cas il faudrait peut-être courir ! répliqua-t-elle avec un sourire resplendissant de provocation.

Tout excitée elle courra sans l'attendre, enchaînant une roue et un saut et... freina des quatre fers mais se mangeant tout de même l'énorme porte de la salle d'astronomie. Elle avait gravit les marches sans s'essoufler et fit le chemin inverse pour rejoindre son ami humain bien moins rapide.

- Edeeeeeel chuchota-t-elle Edeeeeeel ! recommença-t-elle encore moins discrète. T'as ta baguette? La porte est fermée, j'ai pas la mienne. Elle prit une pause assurée appuyé contre un mur, leva les yeux au ciel, se moquant d'elle-même. J'dis pas ça parce que j'suis nulle.

Sautillant à coté de lui, Edel la regardait du coin de l’œil alors que son humeur se balançait à ses pieds étrangement adroits ce soir. Dans d’autres circonstances, il aurait presque été le premier à lui pousser les jambes pour la voir s'étaler sur la dalle mais qui aurait-il à plaindre si elle ne l’accompagnait pas pour commencer et finir cette bouteille?

"Moi? Je suis doux comme un agneau. C’est pour ça que tu m’aimes bien, campesina*" railla-t-il avec un sourire narquois.

Arrivé pourtant au pied de la porte plus vite qu’il n’en faudrait pour déboucher sa bouteille, il fut arrêter par la jeune femme qui chuchotait son oubli alors qu’Edel regardait déjà sa masse de cheveux sur le crane où dépassait des pignons de bois.

"Pas de baguette, pas de la bonne bouteille … on va retrouver ta cervelle dans le tas de foin la prochaine fois." Pointant la serrure de sa baguette, il la décrocha avant de lui mettre un léger coup de pied et entrer dans une tour d’Astronomie où il ne venait quasiment jamais. Eclairé par la lune qui amorçait la légère descente sous un ciel étoilé, Edel remis la bouteille dans les mains d’Haruka avant de s’allumer sa clope, s'éloignant pour ne pas l’enfumer.

"Ca va, y’a assez de vent?" Il en lâcha un sourire, pointant son creux dans la tête alors que tout était calme autour d’eux. Trop calme.

- Mhm... j'adore les agneaux... ouai. répondit-elle la tête ailleurs. La louve avait faim soudainement.

Il débloqua la porte et la forca d'un coup de pied. Elle leva un regard vers lui. Subtilité zéro.


- Tu te crois particulièrement malin toi ? siffla-t-elle en retour.

Elle suivit Edel, humant l'air. Il se tourna vers elle, souriant. Haruka ne vit derrière lui que la lune encore presque pleine. Une bourrasque de vent se leva et la traversa d'un frisson. C'était presque une entrée en transe. Ses pieds nus étaient comme soudée à la dalle. Elle n'avait progressivement plus conscience de son corps et se mêlait à un tout plus grand qu'elle. L'astre blanc planait derrière Edel et était tout près à l'engloutir.

Sa main tremblait légèrement. Elle s'entraînait dès qu'elle pouvait à glisser dans son corps nocturne, à échanger sa peau en offrant à la lune sa conscience. Monter jusqu'ici était une erreur, la nuit était trop avancé. Il suffisait d'un instant pour que les déchaînement de la nuit ne se déverse dans ses veines. Elle en avait envie, terriblement envie.

- Ça ne te fais pas peur... ?

Sa voix chevrotait, très basse. Ses yeux bruns restaient rivés vers le ciel absorbé par la noirceur de la nuit. Elle avait du faire un effort pour lui adresser la parole. Se rappeler qu'il était là, lui aussi. Elle était prête. Elle pouvait cette nuit, elle le sentait. Mais Edel était là. En haut d'une tour.

- T'as entendu hier.

Il ne pouvait pas ne pas avoir entendu. Les hurlements avaient retenti dans Poudlard.

Le prédateur revenait. Et il avait si peu souvent l'occasion de discuter avec un agneau.