Launch control (Noma)

Le regard grave et insondable, immobile et imperturbable, l'Asiatique s'enfonçait dans les rouleaux iodés et cajoleurs de ténèbres au réconfort certain. S'il luttait contre ce naufrage au creux d'une abime perfide, il payait finalement ces longues années rongées d’une frustration corrosive. Ainsi la part d'ombre sommeillant en lui emporta au large tout élan de bonté, effaça sans effort toute morale. Et dans le ruissellement d'une fureur incommensurable, se peignit un sourire à l'humanisme éteint, teinté d'un ludisme dangereux à la vision de cette marionnette s'articulant sous le filet de sa baguette. Au risque d'y prendre goût, la vaine lutte spirituelle de la Harpie se heurta à la détermination de l'américain, qui d'un simple mouvement de son caducée de chêne renforça son emprise sur la Vélane tout en puisant dans le vivier de ses plus obscurs désirs. Sans l'once d'un remord, le brigadier assit sa domination et broya d'un plissement de paupière la pâle volonté de l'Enchanteresse. Perdu d'un sentiment de dégoût furieux à l'égard de cette régente, une vague confuse balaya toutes réminiscences d'empathie et sur le miroir d'une âme en pleine frénésie, la lueur d'un libre arbitre absent se reflétait sur l'onde à l'onyx vibrant d'un fiel implacable.

Le zèle fané d'un homme prêt à tout pour parvenir à ses fins, paré à la plus ignoble atrocité afin de défendre ses idéaux et ces rares élus qu'il chérissait, cilla soudainement à l'apparition d'une main fumeuse se faisait l'écho d'une révélation en suspens. Refermant ses anneaux vaporeux contre l'encolure de cette créature recouvrant peu à peu sa beauté humaine, la voix de la jeune femme s'évanouit dans l'étrange atmosphère enveloppant les âmes sifflantes d'un silence funeste. Frappé d'une surprise lancinante, le bras armé de l'insulaire retomba contre son flanc concédant à sa proie une liberté fébrile. Le dard d'une sueur froide brûla le derme du tireur d'élite, doux frisson caressant sa silhouette d'une bise acide. Les yeux écarquillés à la vue d'un corps flottant, le voltigeur resta inerte, incapable d'agir devant l'essence d'une existence se consumant sous leur garde. La poitrine compressé d'une culpabilité mordante, le cœur lourd du Karma coula d’un battement manqué avant de se perdre en ruée folle. Désemparé, la sylve du né-moldu roula sur le parquet de l'officine. Le souffle hasardeux, sans commandement, happées par la fatigue, les jambes du Kahuna se scièrent et la gravité se chargea de saborder sa carcasse.

Genoux à terre, la tête baissée, il esquivait honteusement le jugement de ses camarades d'infortune, alors que la maledictus se portait déjà à la hauteur de sa victime. Le regard voguant sur ses paumes tremblantes et tâchées des mésaventure du bois, l'Hawaïen se morfondait d'une indignité avilissante. Déconcerté par cette faiblesse passagère, il s'en voulait d'avoir si aisément succombé aux charmes d'un obscurantisme qu'il s'était pourtant juré de combattre. Les sirènes de l'ignorance battant encore ses pensées, le visage tiré d'une grimace ficelée d'une opprobre au parfum de déshonneur, l'air hagard, le Kahuna soupira lestement. Les doigts perdus dans ses haillons souillés, ses phalanges serrèrent le tissu poisse et relevant le menton, ses amandes rougies fusillèrent les deux femmes enchevêtrées. ❝Ses poches… Fouillez ses poches…❞ Sa voix chevrotante fendit l'éther gâté du bureau et tandis qu'il continuait de se flageller de reproches muets, un murmure s'encouragea du premier phonème pour frémir d'un trémor fiévreux. Mandant la directrice d'une corvée, toujours en proie à la déchéance de ses actes, le gringo tentait tant bien que mal de faire front. Était-il trop tard pour sauver la Reine des Fées d'un destin tragique ou l'espoir viendrait-il les enlacer d'un miracle ?

❝ RÉSUMÉ:

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Une main affleurant sa silhouette brisée, Noma tressaillit à l'empathique geste de l'auror en exil, mais méritait-il seulement cet élan de compassion ? Les choses avaient pris une tournure peu envieuse, un tournant pour le pire et l'entière faute reposait sur l'enchaînement de leurs actions irréfléchies. Si peu pour une mission officieuse. Une catastrophe pour une bénigne expédition de repérage. Leur venue avait mis l'ensemble du refuge en péril. Et sous le regard du tireur d'élite incapable d'agir, leur seule témoin, leur unique source d'information s'était volatilisée tel un mirage chassé d'une main trahie. Pourtant, un soupir abonda d'entre les lèvres de l'insulaire. Un souffle soulagé tiré dans l'ombre d'un sourire consolateur caressa ses avant-bras baignés du cruor d'une balafre ouverte et ruisselant de nouveau. La conscience allégée d'un énième fardeau au parfum funeste, la Valkyrie se permit un court instant de repos. Les paupières closes et les doigts scellés contre cette meurtrissure, le mouvement de sa poitrine se soulevant d'une respiration saccadée trahissait la triste condition du Kahuna, il était hors-jeu.

Écoutant d'une attention particulière les conclusions de la maledictus, Karma hocha brièvement la tête. S'il était relativement en accord avec la sage résolution de la directrice, ils devaient en rester au fait qu'en ce lieu, le Ministère n'avait aucun pouvoir et la décision finale ne leur revenait pas. ❝Laissez-lui le temps…❞ Un murmure supplicier grava sur le marbre de sa lippe le remord de leur ingérence. Ainsi, son regard de jais perça d'un axiome vibrant l'empressement de la chinoise à remplacer la régente à peine destituée. Dans l'écho de leur délicatesse légendaire, la dragonne et son écuyer venaient de bouleverser le monde du mexicain tout en dévoilant l'existence d'une organisation tout aussi dangereuse. Et si le jeu en avait valu la chandelle, la moindre des choses qu'ils pouvaient encore lui accorder, bien que venant à leur manquer, c'était du temps, la chance de peser ses options, de faire le deuil d'un idéal renversé. ❝Ne te morfonds pas sur les agissements d'une manipulatrice, ce refuge serait beaucoup plus en sûreté en t'ayant pour Gardien… mais la décision finale te reviens Ochoa.❞ Un maigre soutien fleurissant sur les berges de ses fossettes creusées d'un sourire sincère, l'américain faisait entièrement confiance au jugement de l'Hispanique à ramener l'Enchanteresse sur le droit et en refaire un havre de paix pour ces êtres relégués au statut de persona non grata.

À bout de force, la vision obscurcie par les affres d'une fatigue le couvrant de son voile, ses amandes se crispèrent d'une courbette pleine de gratitude à l'égard de Jade qui venait de lui tendre le précieux service d'argent. Laissant à ses comparses le loisir de débattre sur l'utilité de leur trouvaille, le gringo s'affaira à panser ses plaies. Toujours au sol, les rotules rongeant le plancher de l'officine, grinçant des dents à la manipulation d'une chair à vif, avec maladresse, l'agent se badigeonna généreusement d'essence de dictame. La mine pincée d'une grimace, un volute de fumée verdâtre et diffus s'éleva de l'ecchymose, alors que sa peau recouvrait lentement de son naturel de porcelaine lisse. Dans un grognement étouffé, le Kanaka se releva tout en arrachant à sa solitude cette fugueuse sylve. D'une démarche aléatoire, il s'avança finalement vers le duo de sorciers penché sur une clé et se rattrapa in extremis à l'épaule du démi-vélane. Croisant l'incandescence de lucarnes l'intimant au silence, le brigadier acquiesça. ❝Gardons ce qui s'est passé ici entre nous pour le moment!❞  Ses iris figés sur ce début de piste prometteur, le voltigeur préférait mettre sous embargo l'existence de cette oasis et le déroulé de l'officieuse escapade, quitte à mentir à quelques supérieurs trop coincés. Portant le buvant d'une potion de Wiggenweld à sa bouche, d'une lapée contorsionnée, Noma siffla l'onguent.

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Pendu aux lèvres du mexicain et de la maledictus, Noma subissait sans trouver à se plaindre en pareilles circonstances. Immobile à côtoyer l'épaule de l'auror déchu, il avait finit par s'échouer aux berges du premier mobilier. Les mâchoires serrées, avachi, il avait consenti à donner à son corps le temps de récupérer de leur rencontre forestière, tout juste assez pour que son cocktail palliatif fasse ses bonnes œuvres. Toutefois, l'horizon d'un timide sourire bouscula ses lèvres, malgré la volée encaissée, la résilience de l'hispanique appelait à l'humilité de chacun, nul doute qu'il prenait sur lui afin de dissimuler les misandres de leur venue et cette mine abattue rongeant les traits d'un faciès fatigué trahissait en tout point ce que le voltigeur imaginait. ❝Je ne promets rien, mais j'essaierais de rester le plus loin possible des succursales de ce vautour !❞ Ne mâchant pas ses mots, un pouce levé en guise de promesse fébrile, le Kanaka se permit un clin d'œil complice au latino. Le cul vissé au fin fond du trône d'une régente absente, une moue refrogné agitant son flegme, il suivit sans broncher les palabres de la directrice. À s'y méprendre, il aurait vaguement cru qu'elle souhaitait en rester là, abandonnant ainsi, toute chance de démêler l'arcane d'une preuve matérielle soustraite à la maquerelle.

Allant contre les précautions de sa condition, l'insulaire se redressa prestement, paré à retourner chaque parcelle de ce bordel luxueux s'il le fallait, afin de mettre la main sur la serrure cédant aux formes d'une clé mystérieuse. D'un hochement de tête vigoureux d'une protestation muette, le brigadier se refusait à suivre les suggestions de ces éminents compagnons de mésaventure. Les mains épousant le bureau de la créature en fuite, un rictus amusé creusa la commissure d'une bouche sur le point de colporter la curiosité qui l'animait. ❝Faisons comme vous dîtes, mais maintenant que la Harpie a pris la tangente, on devrait peut-être commencer notre enquête sur le Witan ici ?❞ À la rhétorique d'une question n'invoquant aucune réponse, l'enquêteur avait déjà commencé à retourner les tiroirs d'une bureau en quête de quelconques informations. Sa baguette mordue à plein ivoire, registres et documents volèrent par dessus sa silhouette. Affairé à dénicher un coffre voulant bien accueillir le galbe de ce foutu ouvre-boite, l'américain n'y allait pas de main morte et à la manière d'un niffler à la poursuite d'un précieux métal, la Valkyrie laissa derrière lui un chantier tel que son bordélique secrétaire n'en avait jamais connu.

À bout de souffle, le contenu des compartiments du meuble répandu à même le sol, sa lippe afflua d'une moue déçue, accent d'une ambition un peu trop candide à résoudre une énigme sans peine. Son index cajola l'arête de son nez, mimique dénotant d'une certaine crispation. L'Asiatique estampilla ses partenaires d'un regard à la fois frustré, mais tout aussi désireux de lever la part d'ombre sur l'implication de l'Enchanteresse dans les magouilles d'une organisation foncièrement mauvaise. Les paumes ensablées contre sa taille, son minois prépara le terrain d'une brocarde enfantine. ❝On se sépare pour couvrir plus de terrain ou vous  préférez rester groupé juste au cas où ?❞ Au grand dam de Miss Weimer prête à prendre la poudre de cheminette pour retrouver le faste de l'administration, le buté n'avait pas encore dit son dernier mot. Loin de s'avouer vaincu, Karma analysa pour la toute première fois l'ensemble d'une pièce plus exiguë et moins cossue qu'il ne se l'était fabulé. S'allégeant de sa cape qu'il déposa sur le coin de l'office, d'un pas précaire, l'américain prit la direction de l'unique porte non sans s'assurer de l'inconscience d'une des goule encore affalé de tout son long sur le plancher. ❝À moins que vous n'ayez d'autre obligations, madame la directrice ?❞ Épaisseur d'une insubordination sans limite, l'agent adressa une œillade peu flatteuse à l'égard d'un Boute feu chinois sur le départ.

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