:: RPS Archivés
Welcome to The Eye of Camden
INFOS
FICHE DE PERSO
17 avril 2023, au soir
Dans une petite ruelle sombre près de l'angle de Camden Road et Kentish Town Road, retentit tout à coup un claquement sonore. Le bruit insolite n'avait pas encore eu le temps de se dissiper que des bruits de pas se mirent à résonner. Bientôt, émergeant de la pénombre de la ruelle, un homme s'arrêta près d'un lampadaire pour se repérer. Il en profita pour relever le col de son manteau. Un vent froid et puissant parcourait les rues en ce mois d'avril. Qui plus est, une bruine désagréable s'était mise à tomber en début de soirée et refusait de cesser. Elle poussait les passants à marcher plus rapidement jusqu'à leur destination. Ce fut d'ailleurs pareils avec lui lorsqu'il se remit en route et traversa un carrefour en toute hâte. Il passa ensuite devant plusieurs magasins fermé sans y faire attention mais, il ne put s'empêcher de jeter un regard sur le pub « The Ten Bells » lorsqu'il passa devant. A l'intérieur, quelques moldus regardaient un match de football à la télévision. À l'une des tables, un couple de jeunes se bécotait pendant que d'autres, assis au bar, discutait avec le barman. Il continua son chemin et tourna à nouveau pour s'engouffrer à travers un passage menant jusqu'à une impasse. Le mur du fond s'était vu décorer d'une affiche publicitaire plutôt vieille mais malgré cela toujours en bon état. Elle représentait de façon artistique un visage en forme de grappe de raisin. Lorsqu'il s'arrêta devant elle, les yeux de ce visage qui fixaient l'horizon se tournèrent vers lui. Mot de passe ? Bloody Goblin. Le visage lui répondit par un clin d'œil et tout à coup, certaines briques du mur se désolidarisèrent du ciment avant que tout un pan de mur ne pivote comme une porte qui s'ouvre.
- Spoiler:
A l'intérieur, après avoir dévalé l'escalier recouvert d'un tapis rouge, il déposa son par-dessus et sa paire de gant à la consigne. Il passa ensuite sa main dans une poche pour en sortir sa baguette et la pointer sur lui. Il prononça une formule magique et commença lentement à transformer ses vêtements pour qu'ils prennent l'aspect d'un superbe smoking au fur et à mesure qu'il abaissait le bras. Une fois le sortilège terminé, il rangea sa baguette dans une poche intérieure de sa veste et ajusta son nœud papillon et ses manchettes. Fin prêt, il se dirigea vers un pupitre tenu par un employé et par Walter Wyatt, le videur de l'établissement. Il portait une tenue de circonstance. Chaussure derby, pantalon, chemise, gilet et holster d'épaule d'où l'on pouvait voir dépasser sa baguette. C'était le type à ne pas embêter ici. Walter avait des cheveux courts, rasés sur les côtés avec une frange d'une longueur plus conséquente. Il avait une tête de magouilleur et s'en était un, avec une voix grave mais un ton bizarrement doucereux, inquiétant. Il n'était pas très grand mais il ne fallait pas se fier aux apparences. Il était râblé, costaud. Il savait encaisser les coups et se montrait plutôt agile encore quand il s'agissait de les rendre. Mais tout ça n'avait aucune importance car il était, parait-il, un excellent jeteur de maléfice. Cependant, rassurez-vous car cela n'en faisait pas un monstre assoiffé de sang pour autant. Il se montrait très poli et professionnel dans le cadre de son travail et en plus, si vous aviez besoin d'un petit remontant chimique ou de quelques champignons magiques, il était toujours ravi de vous dépanner pour peu que vous en ayez les moyens.
Bonsoir Walter. Ça m'a l'air bondé ce soir. Dit-il en s'approchant du pupitre derrière lequel se tenait l'employé. Bonsoir monsieur De Clare. C'est parce que Céleste O'Connor chante ce soir. Elle reprend tous les tubes de la grande époque. Lui répondit courtoisement le videur en faisant signe à l'employé qu'il n'était pas nécessaire de noter la présence d'Atlas dans le registre. Normalement, tous les sorciers devaient être enregistrés puis fouiller avant de pouvoir aller plus loin. Mais évidemment, il était l'un des rares à échapper à la règle. Walter l'invita à poursuivre sa route et Atlas, après un hochement de tête approbateur, reprit son chemin. Il continua à avancer et passa sans même sans rendre compte à travers un voile magique de couleur bleutée. Dès qu'il fut passé derrière, le brouhaha des conversations, des rires, de l'agitation et de la musique s'amplifia d'un coup. Il venait de pénétrer dans une grande salle aux allures de cave réaménagées. Le plafond, semblable à un ciel étoilé, laissait filtrer un éclairage tamisé mais parfaitement maîtrisé. De nombreuses tables rondes décorées de chandelles avaient été disposées un peu partout. Sur le côté, un bar d'une longueur impressionnante permettait à quelques serveurs de venir s'approvisionner et aux clients trop impatients d'être servi directement. Au fond, une grande scène avait été aménagée pour accueillir un orchestre et une chanteuse qui interprétait en ce moment même un titre bien connu : « ♪♫ You Stole My Cauldron But You Can't Have My Heart ♫♪ » de Celestina Moldubec. Juste au-dessus de la scène se trouvait "L'œil de Camden", un immense œil stylisé entouré de fioriture et de dorure. Il réfléchissait la lumière et illuminait la piste de danse telle une boule réfléchissante ou un spot lumineux en bougeant au rythme de la musique.
Il prit une profonde inspiration, humant l'odeur mélangée des alcools et autres cocktails, de la fumée des cigarettes, des dizaines de parfums différents, de la sueur et de cette atmosphère confiné. Cela lui fit une impression bizarre. Comme s'il redécouvrait une sensation qu'il avait oubliée depuis longtemps. L'odeur de l'insouciance, de l'abondance, de l'exagération. Il prit le chemin du bar examinant rapidement la salle d'un regard sans s'y attarder. Il ne prit pas la peine de saluer les quelques sorcières et sorciers qu'il avait reconnu dans l'assistance car il savait que dans peu de temps c'est eux qui viendraient spontanément à lui. Il marcha calmement, se sentant détendue et en confiance jusqu'à arriver au comptoir où l'un des barmans pris sa commande et la lui servit. Il porta le verre à ses lèvres et n'eut pas longtemps à attendre avant d'être abordé.
INFOS
FICHE DE PERSO
Welcome to The Eye of Camden
Dans l’atmosphère feutrée de la loge parfumée à la poudre d’iris, la rumeur étouffée de l’orchestre au-dehors est comme un pouls à la fois rassurant et excitant. Nonchalamment étendue contre le dossier enveloppant d’une ottomane, Miranda contemple avec une secrète volupté la superbe vedette de la chanson que le miroir reflète sans tout à fait lui rendre justice. Céleste resplendit à la manière des frondaisons mordorées d’automne, et sa beauté l’émeut comme un astre qui rappelle majestueusement ses rayons dans le ciel couchant. À cet instant, elle aime tout d’elle, de la courbe tendre de son épaule à l’écrin de ses cheveux qui projettent leurs ombres floconneuses sur les murs. Le maquilleur vient tout juste de se retirer, après avoir pailleté ses paupières brunes d’un fin liseré d’or et de bleu. Sans rien laisser paraître des appréhensions qu’elle doit dompter avant chaque scène, elle sirote paisiblement l’habituel citron pressé qui précède toujours ses vocalises. De multiples présents l’entourent, et Miranda, s’accommodant fort bien de ne pas être à l’honneur ce soir-là, n’a pas dérogé à la règle. Il lui semble de toute façon, et elle ne s’en cache pas, que son imposant et conventionnel bouquet est bien peu de chose en regard du plaisir qu’elle éprouve à se trouver en sa compagnie. « Alors, qu’en penses-tu ? » lui demande-t-on d’une voix adorablement puissante, où menacent pourtant de poindre quelques alarmes.
Miranda sourit, reporte son attention sur les parchemins qui l’entourent dans un charmant désordre. Elle en fait pensivement glisser le grain sous la pulpe de ses doigts. Céleste est jeune encore, et tout comme elle, il lui faut bien s’indigner de ce que cela puisse constituer un obstacle à ses ambitions. Elle se trouve à ce moment de sa carrière où le succès fulgurant de sa voix imprime son nom sur toutes les bouches, sans pour autant la soustraire au carcan des reprises. Derrière sa goguenardise de diva, elle voudrait écrire ses propres textes, évidemment, et l’aperçu qu’elle vient de lui en donner ne laisse pas de l’émerveiller. « C’est magnifique, Céleste. » Elle évoque l’amour et la passion avec une âme fraîche, loin des naufrages qui, en raison d’un attrait douteux pour l’esthétique de l’échec et de l’anéantissement, font d’ordinaire beaucoup plus vendre que le récit du bonheur, à tort jugé inintéressant. Il n’y a, dans ses chansons à venir, ni tourment ni larmes, et le féminin n’y est jamais sacrifié à quelque idéal viril nauséabond. « J’aime tout particulièrement Fleur d’arum. » Elle parcourt à nouveau les lignes qui relatent une rencontre amoureuse dans toute sa surprenante simplicité : l'héroïne y lit, sereinement installée sur un banc tout près d’un café, lorsqu’un homme radieux s’immobilise devant elle, loin de lui cacher son soleil, mais le redoublant tout au contraire ; son visage s’anime, aussi pur et lumineux qu’une fleur d’arum, et c’est un affolement. L’expression du désir est une chose si délicate, et Céleste la bouleverse par sa capacité à le saisir avec tant de justesse. « Munyal, c’est ainsi que l’on dit en langue peule, pour nous exhorter à la patience. » déclare-t-elle avec un sourire mi-moqueur, mi-amer.
Comme elle abandonne son verre dans un geste qui trahit sa contrariété, Miranda se redresse pour la rejoindre devant la coiffeuse, les mains tranquillement jointes sur le dossier de son siège. « Au Diable la patience, lui susurre-t-elle à l’oreille. Parle à ton agent. » Le sourire qu’elle lui adresse à travers le miroir, l’espace d’une seconde, paraît signifier qu’elle peut bien s’en charger elle-même, avec toutes les manigances que cela implique. « En attendant, je te laisse à tes vocalises. J’ai promis à un galériste madrilène de partager un verre avec lui. Il doit avoir vingt ans de plus que moi, mais il a les plus beaux yeux du monde ; du genre rieurs, auxquels il est impossible de résister – en tout cas, je n’ai pas cette prétention. » Elle oppose à la grimace amusée de la chanteuse un battement de cils faussement innocent, puis vient déposer un baiser à la naissance de sa gorge, là où la peau est infiniment tendre, pour lui signifier qu’il lui tarde de l’entendre enchanter son monde. Elles feignent ensemble de pousser le long soupir qui précède toujours les grandes batailles, avant de se quitter enfin.
En vérité, il n’est pas question d’être trop avenante ce soir-là : elle a un rôle à jouer. Miranda Vayne, dans ces ennuyeuses circonstances, est bien éloignée de la femme qu’elle peut être dans l’intimité. Plus avare de paroles sans doute, voire mauvaise parfois ; il paraît que le velours de sa voix glace volontiers les ardeurs, quand elle ne les refroidit pas d’un simple regard. Dans le même temps, elle peut avoir du soleil la chaleur enveloppante aussi bien que la brûlure, et la lourdeur orgueilleuse de ses paupières, par moments, n’est pas sans rappeler celle d’un fauve qui feint d’être à la sieste pour mieux se saisir de sa proie. Ses manières policées témoignent pourtant d’un tempérament posé : elle ne hausse jamais le ton, l’air d’estimer que personne n’en vaut la peine, et semble être en mesure de garder en toutes circonstances un sang-froid imperturbable. Elle ne sourit que par caprice, arborant le plus souvent une expression impérieuse qui confine à la lassitude ; néanmoins son visage est quelquefois capable d’une malice fugitive qui ne présage généralement rien de bon. On lui invente mille histoires, mais elle est assurément de ces femmes qui ont souffert et qui, partant, se souviennent et se vengent ; de ces femmes qui rationalisent leurs sentiments avec obstination, qui peuvent aimer furieusement quand elles s’en donnent le droit mais n’en sont pas moins prêtes à immoler l’objet de leur amour pour parvenir à leurs fins. Miranda Vayne maîtrise à merveille l’art du sabotage amoureux et ne promet que des passions maudites.
Et c’est trop bête, vraiment, quand on porte une si jolie robe rétro.
Après avoir adressé un clin d’œil espiègle au vigile en poste devant la loge de son amie – dernière entorse à un personnage somme toute tristement rebattu –, elle traverse le long couloir qui la sépare de la grande salle, dont l’haleine chaude et lourde ne tarde pas à lui embrasser puissamment les joues. C’est sans se presser qu’elle rejoint son Madrilène pour une conversation agréable qu’embellissent bientôt quelques verres et les reprises entraînantes de Céleste – celle-ci, par son rayonnement, éclipse complètement le bel œil de Camden.
La nuit est jeune encore au moment où elle prend congé pour se rafraîchir. Et lorsqu’elle reparaît, les paroles pugnaces et gouailleuses de You stole my cauldron but you can’t have my heart rendent Céleste si hypnotisante qu’elle manque de ne pas remarquer la silhouette familière nouvellement installée au comptoir. Miranda sourit intérieurement et sinue entre les tables d’un pas délié pour le rejoindre : « Oh, mais c’est vous, Monsieur de Clare. » feint-elle de s’étonner en guise de salut, l’air de dire : « Toujours égal à toi-même, Atlas. » Toutefois elle ne s’installe pas à ses côtés, tournant le dos au comptoir pour s’y accouder dans une posture faussement contemplative. C’est sur le ton de la confidence qu’elle poursuit : « Et si nous rejoignions ma table ? Autrement, je crains de ne pouvoir te soustraire à cet homme ventripotent qui te regarde avec des airs de créancier et semble sur le point de céder à l’envie de venir occuper le tabouret libre à ta gauche – or j’ose espérer que ma compagnie te semblera une perspective un peu plus agréable que la sienne. » Elle intercepte et soutient impassiblement le regard d’un homme éloigné qui, d’un geste assuré de la main, se propose de lui offrir sa prochaine consommation. Sans se donner la peine de manifester la moindre gratitude, attardant simplement un long regard sur lui, elle se retourne enfin et dit à l’attention du barman, qui a évidemment été pris pour témoin : « Votre meilleure bouteille, s’il vous plaît. »
|
|