On se refait pas hein... (Adil)

J'observais Adil d'un air étrange. J'avais pas vraiment l'impression qu'on allait s'en sortir à si bon compte. Soudain, et peut être pour la première fois depuis qu'on se connaissait, je prenais conscience de tout ce qui pourrait nous arriver si nous étions expulser de l'Université. Adil gérerait certainement très mal cet échec, et je sais que ses projets seraient tous anéantis. Il remettrait tout en question et Asel... Je figeais rien qu'à cette idée.
Quand à moi, Apolline serait très certainement déçue par mon attitude et mon père ferait comme mon grand-père avait fait à mon oncle lorsqu'il avait quitté Poudlard : à savoir un déshéritage pur et simple.

" Ouais. Vous pouvez partir. De toute façon, y'aura rien ni pour vous ni pour eux. Il faut prendre le coupable sur le fait, puisque Mahyar et le Ministère interdisent le Veritaserum sur les étudiants... "

Il nous regarda alternativement et je me mis à blêmir. Enfin, il nous posa son énorme main sur chacune de nos épaules et la tapota.

" Allez, ça va pas se nettoyer tout seul. "

Et, il emprunta exactement le même passage que nous. Passant son énorme carrure derrière la tâpisserie, j'indiquais à Adil de me suivre de la tête, me dirigeant vers les escaliers. Avec un un rire nerveux, qui autrefois aurait été un grand éclat de rire immature, je me tournais vers Adil.

" On a eu chaud... Faut qu'on arrête ça. J'veux dire, imagine si on s'était fait viré. "

Je me mordais la lèvre. Il avait fallu attendre la sixième année pour en arriver là. Et le pire dans tout ça, c'était que j'avais été égoïste d'entrainer mon pauvre Adil dans toutes mes aventures. S'il avait été expulsé... Je ne me rendais compte que maintenant des dégats que j'aurai pu causer. Je préférais chasser cela dans un recoin de mon esprit.

" En tout cas c'était une super idée de leur mettre tout sur le dos. Ahah, ça leur apprendra! "

Je lui tapais dans le dos. Je ne savais pas trop où mes pas m'emmenaient dans Poudlard, d'ailleurs j'en avais un peu rien à faire puisque j'étais avec Adil. Et quand j'étais avec lui j'avais cette foutue sensation d'être invincible que rien ne pouvait nous arriver. C'était ça, qui plus jeune m'avait poussé à commettre toute une série d'imbécilité. Je me tournais vers lui et... brusquement je m'arrêtais.

" Ecoute, Adil. J'suis perdu. "

Mon teint était un peu pâle. Je regardais à droite et à gauche parce que je voulais surtout pas que quelqu'un nous attrape en pleine confidence.

" Je l'ai dit à personne, et si j'en parle pas à quelqu'un je vais exploser. Je crois que j'ai réussi à faire de bons balais. Qui sont prêt à être mis sur le marché, mais j'ai la trouille. Il faut que je m'en aille d'ici, pour avoir uniquement le temps de faire ça mais... Si je me plante? Si la boîte marche pas? Je veux dire, Apolline, c'est pas la fille du marchand de Glace... Imagine la gueule de père Dunn si il apprend qu'elle veut épousé un étudiant qui a arrêté les études et qui est déficitaire. Et... Je l'ai pas non plus annoncer à ma famille. Stopper les études est très mal vu, et mon père est à cran depuis que Léonard... Enfin. "

J'étais devenu un peu pâle et je m'étais assis sur les marches.

" Je crois que j'ai fait exprès de faire péter cette caisse de Bombabouse. A chaque fois que je stresse dans ma vie, je fais une connerie."

Et j'étais parti. Assis sur les marches des escaliers de Poudlard, je mis mes bras sur mes genoux en position semi-foetal et je me renfermais comme une huitre. Enfin ce n'était que mon attitude corporelle car en réalité j'avais mille tourments et il fallait qu'il sorte. Et c'était tombé sur Adil. L'absence d'Asel dans les locaux de Poudlard faisait que je n'avais plus personne pour qui parler de ce genre de sujet sérieux. Il y avait bien Théa, mais la dernière fois elle n'avait pas mesuré l'ampleur de la situation car elle n'était pas Sang-Pur et détestait leurs idéaux. Même si Adil ne l'était, il était largement comme Asel capable de comprendre certaines subtilités sans se braquer.

" Que Léonard fasse ses choix c'est pas vraiment le problème en soit. Je suis très heureux pour lui, le soucis c'est qu'il me met dans la merde. Je deviens l'héritier direct. Et je suis obligé de reprendre cette Forge maudite qui a été construite sur de sang de Gobelin. "

Et avec du sang de Gobelin. Mais ça, même si j'avais une foi infini en Adil, je me gardais bien de lui dire. Asel était l'unique personne au courant en ce bas monde et c'était mieux ainsi. Même si j'avais une confiance aveugle en Adil et que je lui aurai donné ma vie, moins de personne connaissait un secret et moins il avait de chance de se répandre. De toute manière, Asel le droit de lui dire si elle estimait la situation nécessaire non? En réalité la peur de perdre Apolline avec ce lourd secret planait au dessus de ma tête. Je le chassais de l'esprit, car chaque problème devait être gérer un par un...

" Non, je vais terminer le cursus Briseur de Sorts, parce qu'il est moins spécialisé que les autres et qu'il ne me ferme pas de porte sur mon avenir. Mais... Tout est en train de se recouper. Mon avenir sentimental, professionnel, et familial. Un choix pour tout faire basculer... C'est assez compliqué à gérer au quotidien. Pour l'instant j'arrive à tenir la distance en manipulant ma mère... Mais je vais pas tenir très longtemps. Mon père doit être déjà en train de rayer Léonard et de changer ses plans pour moi. "

Et je n'avais pas oublié non plus sa mention d'Apolline. Mes joues devinrent rouge et mon visage plus blême que jamais. Ca c'était hors de question que je lui en parle. Je savais qu'elle respecterait mon choix mais... J'avais encore la trouille de savoir si elle m'aimait assez pour accepter ce genre de décision. La première fois, elle m'avait largué pour bien moins que ça, donc j'étais toujours effrayé quand je prenais ce genre de décision contraire aux principes de prestige que la plupart des familles de sang-pur imposaient.

" T'es un ouf... Je lui dirai jamais! Tu veux qu'elle me largue comme la dernière fois? "

J'en tremblais presque. Mais je savais qu'il avait raison, qu'il fallait qu'on ait une grande discussion sur notre avenir elle et moi. Pour l'instant, nous avions passé notre temps à rattraper le temps perdu et à récupérer des années manquées. Et jamais, nous avions abordé les choses qui me faisaient flippé et qui étaient obligatoire pour un sang pur.
Avenir. Union. Héritage et Héritiers.
Mes dents se serrèrent.

" Je... je vais réfléchir à ça, tout en planchant sur le futur modèle de balais pour Poursuiveur que j'ai mis au point. "

Je m'étais levé brusquement et nerveusement. Je faisais toujours ça quand j'avais des coups de stresses. Je bricolais. Je modifiais. En réalité c'était plus profond que ca et je l'avais analysé ainsi : j'avais une permanente envie de transformer des objets à défaut de pouvoir transformer ma vie. Me tournant vers Adil, je me demandais un instant comment il pouvait encore être mon ami après cet enchainement de propos incohérents.

Je ne bougeais pas, et surtout je retenais mes émotions parce que je n'avais pas envie de gêner Adil. Mais j'avais envie de pleurer. Son câlin me fit beaucoup de bien, et je regardais un moment les tableaux de Poudlard sans vraiment les voir. Enfin, quand l'étreinte se termina, la tristesse s'en alla et j'essayais de ne plus penser à toute cette merde.

" Si c'était si facile, oui je pense que j'aurai toutes mes chances. Là, j'essaie de pas trop la voir parce qu'en période de révision c'est... pfiou. Et le pire c'est qu'elle a juste à lire une fois pour s'en souvenir... La plupart du temps elle révise pour se rassurer. Purée mais j'aurai sa mémoire, je passerai mes journées à glander! "

Je me relevais, car j'avais peur d'avoir transformer Adil. J'étais déjà pas prêt à ce qu'il me fasse un câlin, lui qui était si peu expressif. Alors je savais que j'arriverai pas à en gérer un deuxième. Passant ma main derrière la nuque, je lui annonçais alors la vérité et toute la vérité d'un seul trait.

" Je voulais que ce soit Asel qui te l'annonce, pas moi. Après tout c'est aussi son projet. En grande partie même, c'est fou ce qu'elle est organisée. Tu savais ce que c'était toi la différence entre les recettes et les bénéfices? "

Voilà qui avait certainement de quoi le rassurer. Sans rien dire de plus, je regardais à droite et à gauche. Puis, soucieux, je regardais Adil. Je parlais beaucoup de moi, mais je me rendais compte qu'avec Adil, si je ne posais pas de questions, je n'aurai jamais de réponse sur sa vie..

" Et toi t'en es ou avec Asel et Samir? Et tes études? Ca a été avec les Cynfeirdd, tu m'as même pas raconté. Mon père m'a dit que c'était une excellente famille, qui n'avait d'égale en Grande Bretagne dans le domaine de la chasse et de la musique. Je savais pas que tu t'intéressais à la musique. Tu leur as joué de la oud?"

J'aimais bien me moquer de lui là dessus. D'ailleurs, je me frappais le front. J'avais oublié un truc assez important. D'un geste calme, je sortis ma baguette et je fis apparaître deux tickets argentés. Je les agitais sous le nez d'Adil avec un petit sourire complice.

" Tiens, d'ailleurs. Regarde ce que j'ai réussi à dégoter. Un mec est venu l'autre jour pour tester un prototype. Bon il était pas super emballé parce que c'était pour son Attrapeur et qu'il était assez lourd. Je lui ai dit que c'était son joueur qui était trop gros pour ce poste et... Bon ça lui a pas plus, mais il m'a quand même filé ca! "

J'en tendis un à Adil, lui laissant voir l'affiche.

" Pays-de-Galles / Algérie, pour les qualifications de la Coupe de Monde de Quidditch ! On va y aller ensemble! C'est cet été. Faut que je trouve des places pour les autres. Je sais que y'en a qui vont etre jaloux. "

" Oui oui, bien sûr la Cornemuse..." dis-je en pouffant de rire.

C'était évident, il aurait pu faire de n'importe quel instrument mais... même si on pouvait sentir la fierté d'être en parti écossais, je savais qu'Adil aimait tout autant, si ce n'était plus ces racines d'Afrique du Nord. Alors la boutade m'avait fait effectivement beaucoup rire, surtout quand on savait qu'au final... Bah. J'avais raison. Il allait jouer de la Oud.

" Attends, quand tu dis que Samir c'est un Mesli... Tu veux dire qu'il est super bavard, sociable, d'un naturel serein et pas anxieux? "

J'avais toujours les deux tickets dans la main. J'avais décidé de l'embêter jusqu'au bout. Il y avait une certaine naïveté chez Adil qui faisait aussi que c'était peut être mon ami le plus sincère de tous. Aussi, j'enfonçais le clou.

" Ouais, j'y vais avec @Sheraz Mahal . Il y connaît pas grand chose en Quidditch, je compte profiter de l'occasion pour lui faire découvrir le sport... "

Je faisais toujours dans les billets devant les yeux d'Adil. J'avais bien enfoncer le clou là non? Avant même qu'il ne se mette à hurler ou à tourner les talons tellement sa jalousie et son sang chaud pouvait faire des dégâts, je lui mis un des billets dans la main et je dis en éclatant de rire.

"C'est pour toi imbécile ! On y va tous les deux! Franchement Adil, tu voulais que j'aille voir l'Algérie avec qui? Tu sais très bien que je peux pas blairer les Gallois... Depuis le dernier coup de Strixheaven face à l'Angleterre... Sans déconner. Sauter sur l'attrapeur en plein vol pour l'empêcher d'attraper le Vif. Il a pris 5 matchs de suspension pour ce geste ! Je l'aurai envoyé à Azkaban! "

J'avais brandis mon poing. Je faisais référence au dernier match Angleterre-Pays-De-Galles. Ca avait été un véritable scandale. Une honte pour l'arbitrage, et ça avait fait un grand débat : ne fallait-il pas exclure même temporairement des joueurs quand ils avaient des comportements comme ceux là? J'avais pas trop d'avis là dessus mais tout ce que je savais, c'était que l'Angleterre avait perdu.

" Avec de la chance, on pourra même voir les joueurs. "

Je le regardais un instant. Puis, finalement, je lui tendis le deuxième billet. Un grand sourire aux lèvres.

" Tu sais quoi, vas-y avec @Samir Mesli Vous avez du temps à rattraper, et je sais qu'il aime le Quidditch. J'espionne l'entraînement des Serpentards sous Sortilège de Désillusion, il est vraiment doué. "

Je lui fis un petit clin d'oeil et je lui tapais sur l'épaule. Puis je terminais mon geste pour le prendre sous mon bras avec un grand sourire. J'aurai beaucoup aimé partager ce moment avec lui, mais en même temps... J'aimais encore plus lui faire plaisir et le rendre heureux. Alors qu'il passe plus de temps avec son frère était quelque chose qui pour moi était naturel. Ca valait bien tout l'or de mon compte en Allemagne.

" Et tu me connais... Je me serais battu avec les Gallois. La dernière fois, j'ai failli en venir aux mains avec un Cynfeirdd. "