Les Feux de Beltaine II [Sean]

J'écoutais mon cousin avec un léger sourire en coin. Je n'aimais pas les compliments mais ceux de Sean m'allaient droit au coeur. Même si je savais très bien qu'il idéalisait la situation car nous avions grandi ensemble et j'avais toujours été un modèle. Sans un mot, et sans le couper, je restais accouder en arrière au comptoir, observant distraitement les gens qui nous entouraient et les feux qui flambaient et qui me déconcentraient un peu. Ce n'est que lorsqu'il se pencha vers moi pour me parler de la barmaid. Sortant de ma torpeur, j'observais dans sa direction et effectivement, elle me fit un très grand sourire.
Mon estomac se noua et mon sourire s'effaça brusquement. Ma gorge se serra et mon coeur tomba en chute libre. Je levais alors mon verre pour le terminer d'un trait.

" Je vais y aller. " avais-je dit calmement.

On pouvait sentir qu'un petit vent de panique venait de se lever. J'étais encore sous l'émotion, et sous l'emprise de l'amour que j'éprouvais pour Solvi. J'aurai tant aimé resté ici, avec Sean et succomber aux flatteries et aux charmes de cette serveuse mais... je n'étais absolument pas prêt et ça m'avait fait l'effet d'une douche froide. D'ailleurs, j'avais posé mon verre et tourner le dos définitivement au comptoir pour ne plus jamais la regarder dans les yeux et éprouver à nouveau quelconque malaise.

" Je ne me sens pas très bien, je vais rentrer. Le travail me fatigue. "

C'était strictement la pure vérité. Et il était assez intelligent et me connaissait assez pour deviner la suite. Depuis ma rupture avec Solvi je m'étais réfugié dans le travail et j'avais fuis la réalité. Et quand elle me rattrapait, comme maintenant ou je me rendais compte que j'étais un simple célibataire, ça me faisait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. D'un geste lent et calme, je lui posais une main sur l'épaule.

" Oublie pas tout ce que je t'ai dit, et fait surtout les choix que tu veux. Rappelle toi que les bons garçons vont au paradis mais que les Clearwater, eux, vont où ils veulent. "

Je lui fis un léger clin d'oeil alors que la panique envahissait mon coeur et mon esprit. J'avais envie de rentrer chez moi, de me coller contre Sekhmet ma Phénix et dormir jusqu'au lendemain matin si jamais j'avais la chance de trouver le sommeil. Mais ça, bien évidemment c'était quelque chose que je me gardais bien de lui dire. D'ailleurs, anticipant ses futurs propos, parce que je le connaissais comme ma poche je déclarai d'un air un peu fort et autoritaire, le regardant dans les yeux en lui posant une main sur l'épaule.

" Et ne t'en fais pas pour moi, ça va aller. "

Et je lui fis un léger clin d'oeil, attendant quand même qu'il me libère même si j'avais encore et toujours envie de prendre les jambes à mon cou.