High hopes (Eugène)

Saluant rapidement @Iris Faux-Orpin alors qu’il rentrait de sa pause prise à l’extérieur des murs de l’Institut, Matthias rentrait avec un doggy-bag, l’estomac noué après avoir quitté le restaurant bondé dans lequel il ne s'était pas particulièrement senti à l’aise. Après de longs mois où il avait pris l’habitude de prendre ses repas seul dans un bureau, il avait remis le nez dehors, sans Eugène pour l’accompagner.

Sa fuite avait attiré bon nombre d’agents du département du contrôle et de la régulation à ses trousses, les convocations bien trop récurrentes pour finir avec les mêmes réponses : “Je ne sais pas où est mon frère”. Le cuisinant de plus en plus, tentant de faire jouer des droits où Matthias n’était pas légalement tenu de faire une délation, sans même être complice d’un quelconque délit, il s’en sortait encore. Mais revoir des agents du Ministère manger et parler ouvertement de la marche des libertés dont il avait réussi à récupérer un tract, entre deux bouchées de frites, était révulsant.

”Tiens, ça vient de chez “Petit Rituel entre amis”” Un restaurant où ils avaient l’habitude d’y aller avant que tout ne bascule, même si rien ne valait les bons plats qu’il leur cuisinait de temps à autre. Et si Matthias ne savait pas où était son frère, c'était simplement parce que celui-ci ne le prévenait qu'à la dernière minute pour le rejoindre où il pouvait, sans lui dire où il allait, ni où il dormait. C'était ainsi qu’ils se protégeaient.

S’installant alors à son bureau, il avait fermé la porte pour voir son frère, après quelques jours d’absences. Il l’observa un moment, un sourire aux lèvres avant de déposer le repas tiède, tract sur une table déjà bien rangée.

”Tu y seras?”

J’avais transplané, et un puissant courant d’air m’avait suivi. Maladroitement, je m’étais rué sur mon ancien bureau complètement vide hormis les piles de parchemins que Matthias entreposaient là. Le visage entre l’amusement et l’excuse profonde, j’étais presque couché sur ce dernier et j’avais quand même réussi par ce geste à en retenir les trois quart même si j’en avais froissé un bon nombre.

« Désolé, j’étais… dans un endroit venteux. »

Je venais bien évidemment de la maison de papa. Et il devait l’avoir compris, car la bourrasque qui m’avait accompagné sentait l’air marin à plein nez. J’étais toujours un peu mal à l’aise quand j’allais voir Papa et qu’il était au courant par la suite. Nous avions assez de jugeote pour ne pas nous en vouloir pour ce genre de chose mais… j’avais toujours comme l’impression de trahir mon frère et je n’appréciais pas particulièrement. Mon regard croisa le siens. Je m’installais en face de mon frère, un peu pressé. Nous avions décidés de créneaux très précis et assez courts, afin que les autorités ne le soupçonne pas.
A tout moment, on pouvait voir Yara débarquait. Je me mis à sourire bêtement à cette idée. Parce que j’aurai payé cher pour voir la tête de mon frère s’il avait vu ce que nous étions devenu. Car sur le sujet ; j’avais été très discret même si j’avais pour habitude de ne jamais rien lui avouer.

« Hm... »

Je pris le tract et je relevais le visage vers mon frère. L’espace d’un instant, je ne sus pas si je devais lui dire la vérité ou non. J’avais bien une petite idée…

« Bien évidemment, j’y serai. Par contre… Je viendrais en cours de route. »

Commençant à manger mon repas, je me mis à grogner de plaisir. Comme un petit râle de Loup. Ca faisait un bien fou de pouvoir manger quelque chose de chaud et surtout en si bonne compagnie.

« Tu sais que c’est peut être ce qui me manque le plus ? Les restos de la pause déjeuner… Je mange toujours sur le pouce, et froid un repas sur deux… »

Je profitais de mon repas, puis je relevais le nez vers lui. Peut être était-il temps de lui dire… et de lui demander non ? On allait commencer doucement.

« J’ai des nouvelles de Papa. Il va bien. »

Voilà comment bien amorcé un sujet sensible : ne pas y aller par quatre chemins.