High hopes (Eugène)

”On dit toujours que le premier est un brouillon avant que le second rafle la gloire, non?” Ni une ni deux, Matthias ne se priva à peine de lui lancer une frite molle sur la tignasse de son frère avant de rire avec lui. Des deux, Eugène était le plus brillant et celui qui avait initié bien des projets. Des deux, Matthias était celui qui l’avait toujours un peu suivi, parfois de loin malgré lui, dans tous les coups foirés qu’il pouvait avoir. Et jusqu'à ses projets à l’IDEM, il adorait surtout être en tandem avec lui parce que sa famille, c'était tous ce qu’il avait.

Alors lorsqu’il lui annonça que @Yara Morães De Carvalho l’avait suivi jusqu'à chez leur père, il ne put s’empêcher d’avoir la gorge serrée. Il comprenait mieux pourquoi il lui disait que @Barnabas Fogg allait bien, la discussion s'était nette arrêtée là aussi. Même s’il n’avait jamais songé qu’il puisse lui arriver quoi que ce soit, il y pensa un instant avant d’avoir la vision des jumeaux @Persée Fogg et @Perséphone Fogg . Etaient-ils présents aussi? Poudlard leur garantissait une certaine protection et il espérait que la chasseuse ne se mette jamais en tête de les approcher pour avoir Eugène. Mais visiblement, il y avait un lien bien plus profond dans leur amitié qui empêchait l’agent du ministère de faire du mal à Eugène, elle avait traversé les flammes pour ça et si Eugène arrivait à apercevoir une confiance au delà de cette haine qu’elle vouait pour ce qu’il était devenu, c'était que l’espoir était encore là.

”Je … t’en veux pas pour la Meute.”

Il avait néanmoins du mal à encaisser pourquoi eux. Était-ce parce que Matthias n’avait eu de toit sur la tête pour se protéger et qu’ils étaient là? Lui avait-on miroiter un rêve qui n'était qu’en réalité sanglant?

”Je peux pas t’en vouloir d’essayer de trouver ta place, même si j’ai un canapé chez moi. C’est pas comme si j’avais pas de produit anti-puce.” Dans cet étrange besoin de désamorcer quelque chose de trop sérieux, de quoi lui faire trembler les genoux en tentant de se fermer à l’idée et à des visions de terreur au sein de la Meute. Mais les quitter n'était pas sans conséquence et il ignorait encore s’il fallait craindre le Ministère ou même des membres de ce groupuscule. ”Tu t’en veux toi, d'être aller les voir?”

J'avais brusquement envie de pleurer. La Lune avait le pouvoir d'exacerber mes émotions à leur maximum, surtout depuis que je me forçais à essayer de garder le contrôle. J'avais envie de pleurer parce que j'avais un frère qui m'aimait coûte que coûte et qui ne me jugeait pas. Et j'avais envie de pleurer parce que j'étais complètement égaré et que ça se voyait. Je faisais preuve de beaucoup de faiblesse. Fermant les yeux, je me mis à souffler pour essayer de me contrôler et éviter que mes émotions ne débordent sur celles de Matthias qui était Empathique.

" Je suis désolé. J'essaie de me contrôler mais c'est pas évident. "

J'avais du le submerger depuis que la conversation avait démarré, mais là il fallait dire que j'étais dans une très mauvaise passe émotionnelle. Trouvant mon calme, je levais les yeux vers lui et je répondis avec le plus grand calme et le plus méthodiquement possible, comme tout bon Chercheur et Briseur de Sort que j'étais :

" Tu aurais été la première personne chez qui je serai aller. Mais je ne peux pas me permettre de te compromettre, pour complicité. Tu as une vie et une carrière. "

Je levais la main, pour réfuter et étouffer dans l'oeuf tout signe de protestation. Il était hors de question qu'il me dise le contraire même si je savais qu'il le pensait. Il fallait absolument qu'il respecte ma décision, là dessus j'étais intraitable et il le savait.
Mes épaules se baissèrent un peu, à la fois de honte et de désespoir. L'espace d'un instant, un véritable regard perdu, comme un animal errant, croisa celui de mon frère qui pouvait sembler être celui d'un véritable inconnu...

" Je... je sais pas... "

Je devais remettre toutes les informations dans mon esprit. Et lui répondre de manière critique et neutre. Scientifique. Je savais que c'était la méthode qu'il me poussait à utiliser pour aller mieux.

" Oui, je m'en veux d'y être aller et d'avoir été assez stupide pour croire leurs promesses qui n'étaient en réalité que de la poudre aux yeux. Mais j'en veux surtout au Ministère, qui détruise des vies et qui les fragilise et qui font le pain bénie d'organisation criminelle comme la Meute... "

Je le regardais, puis je poursuivais dans la confidence la plus profonde.

" J'étais persuadé qu'ils avaient des réponses à mes questions... Et mal m'en a pris. "

Il n'était pas rare de voir son frère à cran depuis l'exploration qui l'avait tout droit conduit au désastre et si la peine de ne pas pouvoir l'aider était inhérente, celle de voir ses épaules lourdes se charger d'émotions l'était encore plus. Mais Matthias avait appris à ne plus faire violence contre son empathie qui se déclencha sans la moindre demi-mesure, enchaînant les visions où Eugène semblait être seul. Dans une forêt, comme dans un train, en passant par des lieux qu'il ne connaissait même pas, il voyait l'étendu des voyages que son frère devait faire seul, sans lui comme compagnon de route simplement parce qu'il ne pouvait laisser le petit frère en danger. Mais sa tête explosait déjà, le rendant presque sourd aux excuses et aux raisons pour lesquelles il se forçait à s'éloigner de sa famille pour tenter d'en trouver une autre.

Crispé sur cette chaise, Matthias n'avait envie de se lever pour tomber sur les genoux alors que son frère incarnait la vision cauchemardesque d'une famille morcelée, s'effritant de part en part sans qu'on puisse recoller les morceaux de vie qu'il emportait a chaque fois qu'il partait.

C'était inévitable, au-delà de tout l'amour qu'il portait à son frère, il arrivait ce moment où il partait pour ne pas se faire plus de mal.

”Alors il faut que tu t'en trouves une autre.” Un murmure qui cachait présentement une voix cassée par les larmes qu'Eugene contenait, sa tête éclatant déjà en sanglots. ”Une autre meute. Une qui se rapproche de ce que tu es, qui te protège comme tu peux protéger les tiens.” Matthias avait toujours été celui qui tentait de comprendre comment sa part animale cohabitait avec sa part humaine, si sensible qui le caractérisait. Il ne faisait nul doute que le loup qu'il pouvait devenir dans ses nuits de pleine nuit pouvait être l'exact opposé de ce qu'il était, sans trouver encore la sérénité vers laquelle il pouvait tendre. Son frère était quelqu'un de bien, son loup aussi. ”Faut que tu continues à chercher ce qu'il te faut... Là où tu pourras être ce que tu es avec nous. Une famille.”

Même si ce mot lui piquait le nez, sachant que Matthias n'y avait pas sa place, il fallait le lui dire.

J'observais alors Matthias droit dans les yeux, stoïque. Mon visage n'exprima absolument rien, puis... Ma mâchoire se contracta. S'il y en avait bien un, capable de comprendre ce que je ressentais et où j'en étais, c'était bien lui. Et rien à voir avec son empathie de naissance. Non. Il avait cette capacité à réfléchir comme les Briseurs de Sorts. On pouvait parler des heures, et se comprendre sur chaque mot.
Je le pointais du doigt, maintenant que j'avais fini mon repas, j'allais pouvoir tout lui expliquer.

" Et tu mets exactement le doigt sur le problème. Et c'est exactement pour ça que ça ne va pas. "

J'étais assez fier de mon frère. D'instinct il avait immédiatement repéré la faille dans ce qui n'allait pas et il avait mis le doigt dessus, me forçant à tout lui expliquer. Des fois, je me disais que son don était vraiment plus puissant que de la Légilimancie sur ses proches.

" Le problème est que je ne sais pas si je suis un Loup ou un Sorcier. Tant que je n'aurai pas su répondre à cette question, je ne pourrai pas avancer. "

Je m'étais levé, calmement et je m'étais mis à faire les cents pas, les mains dans le dos comme je pouvais le faire pendant des heures à l'IDEM quand nous travaillons sur un projet. On voyait que le soucis était scientifique, et philosophique. D'ailleurs c'était certainement pour ça que je n'avançais pas dans ma Lycanthropie, j'intellectualisais tout.

" J'ai déjà une Meute. Ca s'appelle une famille. Et aller en voir une autre la première fois m'a donné un sentiment de trahison intenable. Je savais que cette dernière était bien pour moi, et que c'était ce qu'il me fallait. Mais accepter de vouloir faire partie de cette meute, n'était-ce pas trahir sa famille et par extension repousser son côté Sorcier et sa part d'humanité?"

J'avais arrêté de marché et je m'étais tourné vers Matthias, pour lui faire comprendre que c'était une vraie question et que j'attendais qu'il m'aide sur la question lui qui était à la fois quelqu'un d'extérieur et d'éclairé.

" Agir en meute, c'est agir en Loup. Et agir en Loup, c'est réfuter son côté humain. C'est renier sa famille... Imagine... "

J'avais levé le nez au ciel et ma gorge s'était serré. Là, une peur immense m'envahit et elle déborda. Elle alla vers Matthias parce qu'elle était trop forte pour que je ne puisse la contenir.

"Imagine que je devienne définitivement un animal, une Bête régit par la nature et ses instincts primaires incapable de libre arbitre... Incapable de reconnaître les membres de sa vraie famille. Persée, Perséphone, toi, papa, maman et les autres. Tu me voies leur arracher leur vie sans que je m'en rende même compte? "

Mes mains tremblaient et je tournais le dos à mon frère. J'avais envie de m'en aller. J'étais entre deux mondes, et je savais que la seule personne qui pouvait m'aider à aller un peu mieux et à m'accepter ou trouver des solutions était dans mon dos.
Mais je me refusais de le voir, parce qu'à mes yeux et d'après mes théories c'était aussi le plus fragile, car le plus susceptible de comprendre mes émotions et de voir la réalité de ma Lycanthropie. Agressivité, saute d'humeur et autres sentiments négatifs...

Voyant son frère se lever pour faire les cents pas ne pouvaient que lui rappeler les longues conversations où chaque minute était planifié pour organiser l’expédition la plus complète. De la cabane du jardin de maman jusqu'à la crypte de la forêt de Dean, Eugène avait toujours prit le rôle du grand frère qui leadait leur aventure. Jusqu'à ce qu’une seule le fasse douter de lui, créant des dissonances qu’il ne pouvait contenir au point de vagabonder dans l’espoir de trouver sa place quelque part. Cette manière d’intellectualiser le problème fermait son esprit, laissant son don cloitrer dans un espace serein qu’Eugène avait toujours protégé, gardant au loin les maux de tête et les tremblements d’une âme oscillante, presque errante. Et en cela, Eugène lui permettait d’y voir plus clair pour lui, parce que son frère lui donnait un accès dénué d’instinct mais de logique. Alors il fila droit dans cette ouverture, dans la simple envie d’aiguiller son frère à travers ce qu’ils savaient faire de mieux ensemble.

”Dans les deux cas, on partage le même sang.” Fronçant les sourcils, il se leva à son tour avant de se frotter les yeux rapidement comme pour mieux ordonner le cheminement de ses idées. ”Tu nous as dans la peau et dans le sang, ta part humaine et ta part animal s’assemblent quelque part pour pouvoir tous nous protéger. Pourquoi on te demande de faire un choix quand tu n’es pas né comme ça? C’est à toi d’allier les deux, de trouver cet équilibre et au fond, tu as petet besoin des deux cotés, de ne pas les séparer par crainte que l’une attaque l’autre.”

Il savait que ses explications étaient bien trop imagées pour être comprise par le commun des sorciers mais avec Eugène, il y avait cette fluidité qui lui permettait d’aller au point central de l’idée où tout pouvait être axé.

”Tu n’as pas à séparer tes deux entités, il suffit de les harmoniser comme la magie inhérent d’un objet maudit avec le temps et ce qu’on apporte pour le protéger, le conserver et libérer proprement ses propriétés.” Passant les mains dans les cheveux, il fit une moue alors qu’il était difficile de donner une logique quand l’instinct d’un animal pouvait être imprévisible. ”Sers toi au contraire de tous ça pour composer et faire ce que tu fais de mieux?”

Je m'arrêtais de marcher et je tournais la tête vers lui. Ce qu'il disait été évident et clairement la solution. C'était exactement ce qu'on m'avait appris chez les Yard. Les Humains disaient donc la même chose que les Loups. Alors pourquoi je n'arrivais pas à accepter tout simplement qui j'étais. La réponse apparut telle une image dans mon esprit, et je me mis à sourire tristement en coin. Peut être qu'il fallait que je passe à autre chose. Que j'abandonne toute idée d'avoir un jour une liaison avec elle pour vivre heureux. J'avais assez souffert comme ça non?

" Tu as entièrement raison. " répondis-je simplement.

Je mourais d'envie de lui parler de Yara. De lui dire que j'étais piégé, et que c'était elle qui empêchait toute forme d'harmonie. Accepter ma partie Bestiale, c'était la renier pour toujours. C'était pour ça que je m'étais inscris sur les listes de Recherche de Traitements. Dans l'optique d'être guéri un jour, pour pouvoir enfin lui parler sans a priori. Tout partait de là. Ma cavale, mes problèmes de contrôle. Tant que je n'acceptais pas ma partie bestiale, je savais que je n'y arriverai jamais. J'étais dans le contrôle permanent, et ça ne pouvait fonctionner. Au final que mon frère confirme cette théorie me fit à la fois beaucoup de bien, car il donnait raison à toutes mes conjectures et donc j'estimais être dans le vrai. Et... Fatalement cela voulait dire que pour avancer, je devais être en mesure d'effectuer cette ultime sacrifice et de la faire sortir de ma vie. Immobile, je gardais un temps d'arrêt puis... Je lâchais tout. D'un seul coup et sans prévenir. Il était empathe, alors autant tout comprendre ce que je ressentais pour éviter de mourir noyer sous les émotions que je lui envoyais.

" Matthias. Je suis fou amoureux de Yara. "

Mon corps s'était remis à trembler. Et je sentais en moi la bête que je n'arrivais pas à accepter sortir crocs et griffes à chaque fois que je prononçais son nom.

" Tu... c'est... Putain, c'est une Chasseuse de Lycan. A partir de moment où elle a appris pour moi, tout a été complètement différent. Elle m'a ignoré, elle a voulu me tuer pour ce que j'étais. Alors qu'on était à deux doigts de... "

Je m'asseyais, brutalement sur la chaise. Je levais la tête en l'air pour essayer de trouver un peu d'air parce que là, clairement j'en manquais. Je sentais en moi la Bête qui me disait de la fermer, de plus y penser, de la dégager de ma vie. Elle n'était pas bonne pour Nous.

" C'est pour elle que j'ai choisi de suivre un traitement expérimentale. Que donc, mon nom est apparu sur les listes du Ministère. Pour elle, que je suis cavale et que je m'évertue à protéger ma famille. Je l'ai vu, Matthias. Et par deux fois. "

Je le regardais dans les yeux, intensément et sans le lâcher des yeux.

" J'arrive pas à l'oublier. J'y arrive pas. Pourtant, elle me déteste. Elle veut ma mort et à chaque fois c'est ce besoin impérieux de la voir de.. de lui parler. Je vis dans l'espoir qu'elle change d'avis. Qu'elle comprenne. Et plus j'avance dans le temps, plus cet espoir se transforme en fatalité évidente. Non seulement elle ne voudra jamais d'un Lycan dans sa vie, mais en plus elle m'empêche d'avancer vers l'acceptation. "

Je baissais la tête. J'avais soudainement envie de partir après avoir dit tout ça. De lui avoir infligé ça. Mais en même temps si je ne lui disais pas à lui, à qui je pouvais le dire?

" Parfois, je me dis que la tuer est peut être la solution. Et quand je pense ça, je me dégoutte de vouloir être un meurtrier. Elle tue tous les jours mes semblables, et le Lycan en moi la déteste. Mais... elle reste  @Yara Morães De Carvalho , celle qu'elle était à Poudlard et tout ce que j'étais avant... Si... si je l'oublie, ou si je l'élimine... est-ce qu'au final, je suis pas devenu une bête à part entière? "

J'expirai. J'avais tout balancé. Tout lâcher. Et je savais que ça le soulagerait, car depuis petit, la compréhension du monde et de son environnement avait aidé Matthias à supporter son don. Les dents serrés, ma main serra la table qui nous séparait.

" Pourquoi elle est comme ça? "

Ma main serra encore la table. Mes pupilles devinrent l'espace d'un court instant celle d'un animal. La table se fendit en deux dans un craquement sinistre.
Immédiatement, mes yeux redevinrent normaux, et je lâchais la table comme si je m'étais brûlé. Paniqué, je regardais Matthias et je me levais.

"Il faut que je m'en aille. "

Il n’y avait pas une seule émotion qui pouvait être plus forte que d’autre. S’alignant de part et d’autre d’un cercle comme des couleurs complémentaires, certaines pouvaient vibrer ensemble parce que la frontière était mince et celle qu’Eugène ressentait était entrain d'éclater dans tous les sens. Instable, insatiable, il n’y avait aucun point d’encrage dans un amoncellement de sensations qui lui donnaient le tournis. Le souffle court, ses poumons s’envahissaient d’un air chaud, vivant par procuration depuis des années pour ne connaître que ce sentiment éphémère à chaque fois qu’il avait l’occasion d’en croiser. Sans jamais tomber amoureux, il en ressentait ses palpitation sauvages, humaines et fidèle comme s’il regardait @Yara Morães De Carvalho pour la première fois à travers une foule d'étudiant durant sa cérémonie de répartition tardive. Des échos d’un rire, souvenir du passé vivace, coriace et qui tentait de subsister à travers des cris de haine et d’effroi, mêlé à un parfum de chagrin et de conflit.

L’univers chancelait parce qu’Eugène l’avait basé sur un déséquilibre depuis le premier jour où il avait été mordu. Se cramponnant jusqu'à poser ses griffes dessus, il voyait ses mains sur la table qui tremblait d’hésitation entre deux choix aussi terrible l’un que l’autre parce qu’aucune de ses moitiés n’allaient pouvoir coexister avec l’autre, sans se tuer.

Bourdonnant à ses oreilles, il ne finit que par entendre un seul son, un coeur battant aussi vite qu’un animal blessé, tournant en rond sans savoir où poser son nid. Levant les yeux vers son frère, comme l'égaré qu’il était, il essuya son nez dont il sentait le sang affluer. Et sans avoir la moindre force de parler, il hocha la tête, comprenant comme à chaque fois que même s’il pouvait ressentir ce qui l’entourait, il n’aurait jamais la solution pour aider Eugène.

Rien de ce qu’il pouvait lui dire ne montrerait l'étendue de désolation que toutes ses incertitudes déposaient le long de son chemin. Le long d’une route déserte, il voyait son frère lui tourner le dos, tentant de survivre plutôt que de vivre et à cette seule image, Matthias baissa les yeux.

”D’accord.”

Et brusquement, je me rendis compte de mon erreur. J'étais en train de le blesser. Voir le sang de mon frère couler éveilla encore plus la bête en moi. Ou alors était-ce l'homme, qui s'en voulait d'avoir blesser ainsi son frère?
Sans un mot de plus, je l'enlaçais pour lui dire aurevoir, et je murmurais un :

" Je suis désolé. " complètement paniqué.

Un peu à l'affut, comme un chien qui ne sait ni quoi faire, ni où allait, je posais un dernier regard sur lui avant de lui dire :

"Prends soin de toi Matthias. "

Et je tournais sur moi même pour transplaner. J'étais atterri en plein milieu du Chemin de Traverse, parce que c'était là, le premier endroit que j'avais pensé. Devant la boutique de baguette, ou j'avais amené Matthias acheter sa première baguette. Le souffle court, je restais appuyé contre la boutique. J'étais épuisé. J'avais tout transmis à mon frère par accident et j'avais bien failli le tuer. J'en étais certains. C'est donc le coeur lourd, que j'avançais, sans vraiment savoir où j'allais. Je n'avais qu'une certitude : je ne le reverrai pas, tant que je n'irai pas mieux et que je n'aurai pas appris à contrôler ma Lycanthropie.
Au diable Yara. Il fallait que j'aille chez Yard.