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possessions x juliet
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FICHE DE PERSO
C’est une rumeur qui ne s’arrête jamais. Le quatrième étage de Poudlard est un lieu dont le faible brouhaha ne cesse de se faire entendre au fil de la journée. Des tableaux jusqu’aux paroles des étudiants, c’est un peu sans arrêt que l’on entend le murmure se faufiler jusqu’à vos tympans. Cela fera bientôt un an que tu enseignes ici mais il te reste encore des tas d’endroits à découvrir dans ce château. Tu t’arrêtes en chemin pour lacer tes Dr Martens avant de reprendre ta course jusqu’à l’infirmerie, trop dans tes pensées pour avoir la présence d’esprit de saluer les uns et les autres.
Un livre à la main, tu prends tout de même le temps de réajuster le col de ta veste en jean noire, assortie à ton pantalon. Les uns s’amusent à dire que tu as un look de baroudeur, un véritable arsenal vestimentaire du parfait chasseur de fantômes - en partie ton job - alors que d’autres parlent de toi en te surnommant le bûcheron, en référence aux chemises à larges carreaux que tu portes souvent … Un look qui ne laisse pas indifférent, c’est une certitude.
“Juliet ?”, lances-tu d’une voix calme à travers l’infirmerie irradiant d’une lumière vive et pénétrante. Les étudiants nécessitant des soins sont cloués dans leurs lits, certains ont de la visite tandis que d’autres s’occupent comme ils le peuvent. “Winchester, être à l’infirmerie ne signifie pas que vous êtes exempt de rédiger votre prochain devoir sur les syndromes dépressifs !”, assènes-tu à l’un des indisposés sans arrêter ton cheminement jusqu’au bureau des infirmières.
Tu en aperçois une, lui demandant où se situe ladite Juliet Marshall, de ton intonation frenchy, ce à quoi la blonde finit par apparaître à l'entrebâillement de la pharmacie. Tu parviens jusqu’à la jeune femme, lui montrant l’ouvrage dont la couverture est parsemée d’un grand titre équivoque … “Possessions !” Elle doit bien te prendre pour un fou, celle qui a quitté Sainte-Mangouste par le passé. “Je le terminais hier soir quand j’ai repensé à ce premier patient que tu m’as adressé … Une possession morbide, tu te souviens ?” Bien sûr qu’elle n’a pas oublié ce premier contact. Même si à cette époque, vous n’aviez pas connaissance l’un de l’autre.
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FICHE DE PERSO
Il lui arrivait encore de penser à Sainte-Mangouste et à ses urgences, surtout en ces fins d’après-midi où l’infirmerie, bien qu’habitée, était douillettement pelotonnée dans un silence confortable, souligné des murmures et des rires chuchotés qu’observaient ses occupants et leurs visiteurs. L’infirmerie était comme une bulle hors du temps et de l’espace, un endroit coupé du reste du château, alors que la porte formait une barrière imperméable à l’agitation perpétuelle du quatrième étage, de ses personnages de tableaux qui s’y retrouvaient pour quelques gueuletons et du passage d’étudiants empressés entre deux cours.
Juliet aimait cet endroit comme une pièce de son propre appartement. Lorsqu’elle était arrivée, trois ans plus tôt, elle n’y aurait jamais cru, mais c’était désormais un constat qui s’imposait, et elle l’acceptait avec gratitude. Un endroit si éloigné de ces urgences qu’elle avait aimées, pour tout ce qu’elles lui avaient offert, bien malgré ce qu’elles lui avaient aussi pris.
Le point positif de l’infirmerie : contrairement aux urgences, elle ne lui demandait rien en retour.
Plongée dans ses pensées, Juliet pointait les réserves de la pharmacie. Un parchemin flottait à ses côtés, et une plume empressée y inscrivait nom des remèdes, onguents et potions qu’elle comptait. Comme chaque fois qu’elle se laissait emporter par son travail, la jeune femme s’était coupée du reste du monde.
Si bien que lorsque Kashmiri pénétra dans la pharmacie en l’appelant, elle fit un tel bond que le parchemin et la plume, lésés de sa concentration, s’immobilisèrent, restèrent suspendus un seconde avant de flotter paresseusement vers le sol.
La main sur le cœur telle une actrice dramatique, Juliet posa des yeux arrondis par les restes de sa stupeur sur l’homme qui, de toute évidence, n’avait rien remarqué, emporté par son empressement. Elle l’entendit évoquer une possession, entendit le mot « morbide » sans le raccrocher à quelque propos, et la question de si elle s’en souvenait flotta vers elle.
Sauf qu’elle n’avait rien assimilé.
Quelques secondes de silence flottèrent entre eux, le temps que Juliet reprenne ses esprits.
« Kash », souffla-t-elle, « je vais t’apprendre à frapper à une porte. »
Elle inspira à fond, expira, puis se pencha pour ramasser parchemin et plume. Elle nourrissait une profonde affection pour Kashmiri, avec qui elle avait d’abord échangé professionnellement avant de le rencontrer officiellement, puis de nouer avec lui une relation où se mêlait estime et tendresse. Alors qu’ils n’avaient vocation qu’à être collègues, ils s’étaient découverts des atomes crochus rafraîchissants pour la jeune femme, qui y trouva du réconfort dans les heures les plus sombres de son histoire ; leur rencontre n’avait rien eu de prophétique mais elle avait pour elle une douce saveur pour tout ce qu’il lui avait apporté, sans qu’il ne le sache, d’ailleurs. Une bouffée d’air frais venue de France, inespérée.
C’était ainsi qu’elle l’avait accueilli à Poudlard quand, à son tour, il avait décidé de lâcher le milieu hospitalier pour le quotidien tranquille de l’école de magie.
Juliet se laissa tomber sans grâce aucune derrière un bureau en bois brut collé au mur chargé de parchemins en bataille, de fioles vides et d’une unique bougie à moitié consumée, et invita Kashmiri à en faire de même. Puis, avisant le livre qu’il tenait entre les mains, elle pencha la tête sur le côté pour lire la tranche. Le mot « Possessions » qui s’y étendaient en lettres capitales lui remit les idées en place. Elle entendit de nouveau les mots prononcés par Kashmiri, emboîta les pièces du puzzle et, toute seule, la scène se reconstitua.
Aussitôt, les souvenirs de ce cas délicat sur lequel elle avait été amenée à travailler à son admission aux urgences lui revinrent en mémoire. Le sorcier avait été amené, entravé autant que faire se peut, qui avait dardé sur elle le regard le plus mauvais qu’elle n’avait jamais vu, et qui lui avait glacé le sang. Pour sa part, il n’avait été requis d’elle qu’elle se contente de soigner les blessures qui justifiaient qu’il soit amené aux urgences, avant d’être transféré au service psychomagique ; mais, perturbée, Juliet avait tenu à suivre, de loin, son cas. La psychomagie avait fait partie de son cursus, certes en option, mais elle avait toujours été un sujet passionnant qu’elle avait eu à cœur d’étudier. Et au service psychomagique de Sainte-Mangouste, elle était connue comme le loup blanc. Elle avait été autorisée à le suivre.
C’était dans ces conditions qu’elle avait connu Kashmiri car, devant l’unicité de ce cas, personne à Sainte-Mangouste n’avait été suffisamment calé pour le traiter. Juliet avait fait ses recherches, et le médicomage était entré dans la danse.
Malheureusement, ils n’étaient pas parvenus à le sauver.
« Oh oui, je m’en souviens. » Ce cas avait été le premier cas, et le seul auquel elle avait été confrontée, de même pour le service psychomagique. Elle indiqua le livre d’un coup de menton. « Je vois que je ne suis pas la seule à avoir des lectures trop professionnelles avant d’aller dormir ! » Elle sourit, un peu taquine. Son cœur s’était enfin calmé, elle avait retrouvé sa sérénité.
Saisissant sa baguette plantée dans son chignon de fortune, laissant sa chevelure se déverser sur ses épaules, elle fit venir jusqu’à eux un plateau sur lequel était disposé une cruche de jus de citrouille, une autre d’eau, d’un verre, et de deux cartons de chocogrenouilles. Elle tendit ensuite la main vers le placard en bas de l’étagère sur lequel elle faisait l’inventaire quelques instants auparavant, saisi un autre verre dont elle vérifia la propreté, et leur servit à tout deux une bonne rasade de jus de citrouille. Après quoi, elle déballa l’une des chocogrenouilles avec laquelle elle avait été – encore – soudoyée par @Síle A. ó Gallchobhair avant de croquer dedans.
« Allez, dis-moi tout », lança-t-elle en mâchonnant son morceau de chocolat et en remontant ses cheveux en chignon lâche qu’elle piqua de sa baguette. « Tu as découvert quelque chose ? » Elle l’observa en plissant les yeux de manière comique. « Ou ce n’était qu’une excuse pour me rendre visite ? » Elle ponctua sa dernière phrase d’un demi-sourire qui pouvait signifier qu’il ne la lui faisait pas, avant de le transformer en un sourire chaleureux, honnête, et solaire.
@Kashmiri-Lyall Sanahuja
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S’il y a bien un point capable de vous réunir, c’est celui-là : la dramaturgie. Bien que cela ne soit pas le sujet du jour et que ton empressement t’empêche de t’en rendre compte, la blonde a eu une réaction que tu aurais bien pu avoir toi-même. “Rah … Je vous prie de m’excuser, Très Chère Collègue !”, insistes-tu sur les trois derniers termes, portant ta main à ton torse que tu bombes malgré la prétendue confusion que tu donnes à ton allure. S’écroulant derrière un bureau qui ne doit probablement pas être celui de l’infirmière cheffe tant le désarroi semble s’être emparé de lui.
D’un bois profond et solide, il comporte de nombreux documents et autres récipients vides. Un lieu de travail par excellence, lieu d'expérimentation aussi, à n’en pas douter. Ta bibliothèque en fait parfois les frais, surtout lorsque tu te réveilles en pleine nuit avec une théorie sur le psychisme qui vient à peine de poindre dans ton brillant esprit. Octroyant la possibilité au chasseur de fantômes que tu es de s’asseoir à sa table, Marshall s’enquit de la merveille que tu lui apportes. Un ouvrage sur les possessions. “Un pauvre homme qu’aucun sortilège, qu’aucun remède, qu’aucune psychothérapie n’a pu soigner”, déplores-tu en baissant légèrement la tête. “C’est peut-être mieux comme cela”, parviens-tu à te rasséréner.
Tu ris à sa remarque. “Et encore, tu n’as pas vu la pile sur ma table de chevet”. Tu veux bien l’admettre, tu es totalement fou. “Excellente idée, le chocolat …” commentes-tu avec une mine joyeuse semblable à celle d’un enfant qui attend une friandise. Parce que la gourmandise te connaît, c’est indéniable. Tu n’es qu’un ventre sur pattes. “Un acte manqué seulement, Juliet”, affirmes-tu en levant les yeux au ciel, théâtral. Pas question pour elle de croire qu’il puisse y avoir un quelconque plaisir à venir la voir. Elle connaît ton caractère ironique et saura y déceler l’humour.
Tu essaies de défaire une boîte de chocogrenouille avant que s’en échappe l’une d’elle qui commence à se faire la malle sur le bureau, tombant au sol maladroitement. “Quelle horreur ces bestioles …” Tu en omet presque le sortilège dont elles sont pourvues tant le résultat s’avère réaliste. “Immobulus !” lances-tu d’un coup de baguette rapide et élégant, stoppant net le batracien que tu fais ensuite léviter jusqu’à ta paume tendue vers l’avant. “Voilà qui est mieux …” Là, tu brises une patte de cette grenouille chocolatée que tu portes à tes lèvres charnues. “Je réfléchissais sur ce cas de possession, je me disais que je n’avais pas suffisamment regardé du côté de la magie vaudou”.
Tu soupires longuement, cassant une autre patte pour la manger. Bien conscient que cela puisse paraître … “Barbare, je dois avoir l’air d’un barbare !” Tu échanges un nouveau rire face à ce caractère solaire dont elle fait preuve. C’est toujours encourageant pour l’humour et la bonne humeur. Tes jambes croisées, tu pointes un index en l’air, reprenant ta tirade explicative et éminemment complexe. “Ma petite théorie, érigée cette nuit alors que j’admirais le lac noir, c’est qu’il y avait sans doute un fétiche qui maintenait la malédiction en place. C’est pour cela que nous n’avons jamais réussi à venir à bout de cette foutue possession”.
Tu en es certain, avec le temps et le recul. “Mais tout cela n’est que de l’histoire ancienne, mes critiques sont juste bonnes à être mentionnées dans la discussion d’un prochain papier que je publierais dans la revue de parapsychomagie à laquelle je contribue !” Sourire adressé, tu parles trop, mais elle sait combien tout cela est primordial à tes yeux. Tu casses et manges les deux dernières pattes, ne laissant que le corps du petit crapeau. Cela pourrait être répugnant dans un autre contexte.
@Juliet Marshall
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« Ca commence à faire beaucoup d’actes manqués », rebondit-elle malicieusement. « Quel peut être ton désir inconscient chaque fois que tu franchis la porte de mon infirmerie ? »
Une question qui n’attendait pas de réponse, évidemment. Une petite joute verbale qu’ils tenaient de temps en temps, quand il s’agissait de titiller l’autre.
Elle l’observa d’un œil amusé s’ingénier à rattraper sa grenouille en chocolat et la démembrer consciencieusement, tout en l’écoutant développer sa théorie. Son propre esprit clinique se mit en branle. Voilà qui était intéressant, elle n’y avait jamais songé ; comme toute pratique magique hors territoire, elle était très peu répandue sur le sol britannique, et constituait un sujet éminemment fascinant et mystérieux.
Egalement très controversé. Personne n’osait avouer sa curiosité pour la matière, et ceux qui avaient l’audace de l’assumer étaient vivement critiqués, quand ils n’étaient pas simplement mis au ban de la société scientifique. Et il s’agissait là que d’une version officielle du traitement qui leur était réservé. Car en vérité, les sorciers britanniques qui s’intéressaient, de près ou de loin, à la magie vaudou, en payait un prix bien au-dessus de leurs… moyens.
Et Juliet le savait, non pas parce qu’elle en avait fait les frais, mais parce qu’elle avait assisté à la descente aux enfers d’un confrère qui s’y était trop intéressé.
A l’excitation de la découverte d’une nouvelle piste d’étude succéda l’inquiétude. Son sourire s’ombragea sans que Kashmiri ne le remarque, trop occupé à terminer les deux dernières pattes de sa chocogrenouille, et sans doute tout content de lui faire remarquer – encore une fois ! – sa contribution à une revue de parapsychomagie. « Je ne suis pas à la hauteur, docteur Lyall-Sanahuja. Je me contente de contribuer à la bonne santé de nos étudiants, comme une infirmière dévouée. » Mais sa remarque manquait de cœur.
Elle se laissa aller contre le dossier de sa chaine en faisant tourner le reste de sa chocogrenouille décapitée entre ses doigts. Elle laissa passer quelques secondes de silence, le temps pour elle de choisir entre deux options : suivre sa curiosité titillée, ou répondre à l’injonction de prudence de son instinct ? L’enthousiasme de Kashmiri la faisait culpabiliser de le doucher, et elle-même se sentait l’envie d’explorer cette piste. Son esprit y travaillait déjà.
Elle pouvait bien laisser l’instinct de côté le temps d’une discussion.
« Une possession par fétiche ? C’est une procédure éminemment compliquée, je crois. Ca expliquerait pourquoi nous n’avons rien pu faire pour le sauver, mais il n’avait aucun signe caractéristique du vaudou. Et le fétiche devait être très proche pour avoir une telle influence sur lui. Je te jure, Kash, son regard… » Elle frissonna. Juliet n’était pas insensible, mais elle en avait vu tant que peu de choses se gravait dans sa mémoire ; or, son regard, son visage, ce rictus qui transformait ses lèvres en balafre, elle les revoyait comme si c’était hier. Elle avait eu l’impression qu’il était venu pour elle aux urgences, ce jour-là. « Il n’était pas fou. Il… il me fixait comme s’il m’avait cherchée et m’avait trouvée. Et il souriait. » Elle dessina, de ses deux index, un sourire de démon sur son propre visage. « J’avais l’impression d’être dans un film d’horreur. Je ne sais pas si tu te souviens, je t’avais parlé de ce film moldu, Ca, où le monstre prend la forme d’un clown et à un moment, il a un sourire trop grand pour son visage, avec plein de dents pointues… Il avait cet air-là. Sans les dents. »
Elle croqua distraitement dans le corps de sa chocogrenouille depuis longtemps inerte. La scène se déroulait au ralenti dans son regard. Elle finit par s’ébrouer pour l’éloigner de son esprit et s’ancrer de nouveau dans la réalité. Pour se donner une nouvelle contenance, elle croisa les jambes.
« Tous les signes de la possession démoniaque. Il pourrait exister un rituel vaudou qui en reprenne suffisamment les codes pour l’imiter… ? » Ce ne serait pas la première fois qu’un maléfice d’une magie copie un autre d’une autre magie pour se dissimuler. « Le Vatican lui-même s’y serait trompé, alors. » Elle se souvient avoir vu venir deux sorciers de l’Eglise vaticane, pour tenter un exorcisme, convaincus qu’ils étaient la solution. « Et je ne suis pas sûre qu’ils soient ravis d’apprendre qu’ils se sont trompés, à la lecture de ta feuille de choux. » Une petite pique un peu à l’improviste, histoire de.
Juliet repoussa une mèche échappée de son chignon et avala le reste de son chocolat. « En tout cas, je serais curieuse de savoir ce qu’il a fait pour mériter un tel châtiment. Peut-être avoir trompé sa femme avec sa meilleure amie ? » De l’amertume au coin de la bouche. C’était osé, même pour elle, mais elle préférait le dire plutôt que de se l’entendre dire. Certaines femmes avaient la vengeance féroce.
Elle se redressa sur sa chaise et darda sur son ami un regard où luisait un peu de son inquiétude pour lui.
« Quoi qu’il en soit, Kash, fais attention. Tu joues à un jeu dangereux en t’approchant du vaudou. »
@Kashmiri-Lyall Sanahuja
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