Puffing with the dragon (Dani)

Dani n’avait pas réalisé qu’elle recroiserait autant de visages familiers en venant travailler à l’IDEM. Elle n’était pas ici depuis un an, et déjà, plusieurs connaissances de son passé étaient réapparues dans sa vie.

À peine une heure plus tôt, on avait tendu à la dragonologiste un dossier. Matthias Fogg était de ces noms qu’elle ne s’attendait pas à revoir, un nom qu’elle avait dû chercher dans sa mémoire mais qui avait vite remonté des souvenirs. Si elle connaissait l’impact de la famille Fogg dans l’établissement, elle n’avait jamais eu à travailler avec aucun d’entre eux, encore moins quelqu’un qu’elle avait connu à Poudlard.

Mais aujourd’hui, on la jumelait avec Matthias pour un cas imprévu. Certainement aucune chance de s’ennuyer à l’Institut. Bien plus vite qu’elle ne l’aurait voulu, on fini pas cogner à sa porte, annonçant l’heure de départ. Matthias apparu dans l’embrasure de la porte. Elle lui offrit un large sourire malgré son inquiétude. “Salut Matthias.” Elle redéposa le dossier sur son bureau, espérant que ses lectures seraient suffisantes. “Aussi prête que je puisse l’être à l’heure actuelle.” dit-elle avec un léger rire. “Je préfère avoir un peu plus de temps pour me préparer habituellement, je ne connais pas très bien cette réserve.” Elle renvoya sa tresse derrière son épaule. “Mais ça ira.” ajouta-t-elle, comme pour ne pas qu’il s’inquiète pour elle plutôt que pour se rassurer elle-même.
“Tu étais prêt à partir?” demanda-t-elle en attrapant sa veste de sur sa chaise pour le rejoindre.

Elle marqua une pause une fois près de lui, ne pouvant s’empêcher de le dévisager légèrement. “Je- ça fait trop de te bizarre de te revoir après tout ce temps.” dit-elle avec un sourire, tentant de ne pas laisser paraître son embarras. Dani avait connu Matthias dans des conditions particulières. Elle avait confiance qu’elle passerait facilement par dessus sa propre culpabilité, mais il lui faudrait probablement un petit moment pour s’adapter à ne plus le voir en uniforme scolaire. “Tu as changé.” il avait l’air plus aguerri, probablement un résultat de l’expérience de l’IDEM.

La dragonologiste offrit un sourire reconnaissant à Matthias. “C’est gentil, mais ça ira.” dit-elle. “Tu pourras me briefer rapidement en chemin!” suggéra-t-elle, espérant que cela suffirait.

Dani ne remarqua pas que Matthias sembla pris de court face à sa remarque, et accepta le compliment qu’il lui rendit avec un sourire gêné. Elle espérait avoir changé en mieux, depuis le temps. Elle agrippa la poignée de porte pour sortir de son bureau, lorsque celui-ci aborda le sujet de son départ. Elle ferma les yeux avec une grimace embarrassée, heureuse d’avoir le dos tourné. Elle n’en voulait pas à Matthias, c’était la suite logique de cette discussion, et c’est elle qui avait ouvert la porte sur le sujet de Poudlard. Avec les années, elle avait appris à ne plus fuir ses démons, d’accepter ses erreurs, mais cela ne voulait pas dire que l’application était facile. Dani ne s’arrêta pas sur le “on” que son ancienne connaissance avait employé, sachant qu’elle n’aimerait peut-être pas la réponse. Elle soupira et ouvrit la porte, se retournant vers Matthias pour voir si il la suivait. “Ça n’allait pas vraiment à l’époque. Mais tout va très bien maintenant.” le rassura-t-elle avec un sourire, les sourcils arqués dans une expression qui trahissait son embarras. Elle lui devait bien une réponse honnête.

Elle se redressa légèrement, plus pimpante, désireuse de ne pas laisser le passé affecter son humeur. “Alors, est-ce qu’on avait de l’équipement à aller chercher avant de partir?” demanda-t-elle, curieuse. “Je dois avouer, je ne suis pas la plus familière avec ta ligne de métier.”

Elle offrit à Matthias un sourire amusé à sa réponse. “Tu parles comme un vrai Pouffsouffle.” ria-t-elle, réalisant à quel point cette phrase lui avait manqué. Elle avait toujours beaucoup d’amour pour cette maison qui l’avait brièvement accueillie.
“Si on respecte leurs distances, personne ne devrait finir en casse-croute.” Elle haussa les sourcils, moqueuse. “Je pense.”

Alors que son collègue parlait, Dani se haussa sur la pointe des pieds, comme pour lire par-dessus son épaule le parchemin qu’il lisait. Elle était soudainement reconnaissante que son recherche soit vivant, pas que ça le rendait plus simple, mais ça lui évitait de se confronter aux gribouillis des mécamages. “Je n’ai besoin de rien d’autre que ma baguette.” dit-elle avec un sourire, faisant rouler sa baguette entre ses doigts comme pour prouver qu’elle était préparée. Eut-elle été en direction d’une expédition de recherche, elle aurait trimballé avec elle multiple fioles, cahier, appareils et contenants en prévision d’avancements dans ses théories. Mais comme elle ne faisait qu’assister aujourd’hui, elle se contenterait du calepin dans sa poche arrière, et de ses yeux pour mémoriser.

Matthias lui proposa un marché, et Dani lui offrit un sourire gênée. “Tu ne me proposerais pas cet échange si tu savais que je suis du genre à casser les oreilles de mes compagnons sur le sujet…” Elle ria, même si elle savait qu’elle n’exagérait pas vraiment. Arrivés à la zone de départ, elle accepta le bras que son collègue lui offrait, rangeant son coude sous le sien. “Mais ça me va!”
Ses paroles se terminèrent avec le craquement familier du transplannage.

La réponse de Matthias se perdit à travers la bourrasque marine qui les frappa à leur atterrissage, mais Dani en compris le sens, lui rendant son sourire. “Tu as toujours voulu devenir briseur de sort?” demanda-t-elle alors qu’il dégainait sa baguette. Elle observa son partenaire travailler, intriguée, mais lorsque les premiers battements d’aile parvinrent aux oreilles de la dragonologiste, le pauvre Fogg perdit vite l’attention de Dani.

Du petit sac à sa hanche, elle en sortit une paire de ce qui semblait être des longues-vues moldues, mais leur apparence singulière dénotait une confection sorcière. Elle les seccoua un instant avant de les porter à ses yeux, remettant les mécanismes en place, un mouvement qui trahissait son habitude. C’était une vieille paire, un truc récupéré durant son premier stage au Pérou. N’importe quel autre sorcier les auraient déjà troqué pour quelque chose de plus récent et surtout… moins brisé. Mais même si elle avait suffisamment de gallions de côté pour s’en procurer de nouvelles, Dani adorait ces jumelles, pour différentes raisons, elle se contentait donc d’accepter leur état avec une moue désolée. À chaque excursion, elle se promettait de les faire analyser par un mécamage, et à chaque retour, elle oubliait rapidement cette technicalité, beaucoup trop emballée par ses nouvelles découvertes.

“Mmmh… pas énormément, à vrai dire.” avoua-t-elle, alors qu’elle ajustait les lentilles, les cliquetis s’enchaînant pendant qu’elle trouvait la bonne distance. “Je sais qu’ils ont besoin d’air frais, pour les aider à ventiler. Ils ne peuvent pas vraiment attraper de coup de soleil, ça serait ironique. Mais c’est une sorte de compensation pour réguler leur chaleur interne. En tout cas, c’est ce que j’ai cru entendre de la part de mes collègues, mais je ne me suis jamais penché sur la question.” Elle haussa les épaules. “Vrai ou pas… ils sont magnifiques. Dommage qu’il soit si loin.” dit-elle alors qu’un sourire se dessinait sur son visage derrière les longues-vues, les détails de l’animal scrupuleusement analysés. Celui là n'avait pas l'air mature.

“Bonne question. Tu veux regarder?” demanda-t-elle avec un sourire enthousiaste en offrant les longues-vues à son collègue pendant qu’elle attrapait son calepin dans sa poche arrière. Elle tourna quelques pages, pensive, avant d’hausser les sourcils. “Ils ne sont que 5. La réserve à souffert d’une période migratoire difficile dans les dernières années, apparemment.” Elle releva la tête vers Matthias, et ce n’est seulement qu’à ce moment qu’elle réalisa à quel point son collègue semblait tendu. “Oh, Matthias!” s’exclama-t-elle, notant que son attitude contrastait avec celle du Fogg. Il semblait à peine enclin à bouger, alors qu'elle agissait avec autant de nonchalance que si elle était au supermarché. “Est-ce qu’ils te font peur? Tu as en a vu souvent?” demdanda-t-elle, sans aucune trace de jugement dans sa voix. Elle oubliait parfois que son engouement personnel n’était pas la réaction par défaut lorsqu’on était confronté à ce genre de bête.

Elle eut un rire. “Oui! Enfin, de tout… Ils sont majoritairement carnivores, ils mangent n’importe quelle proie qu’ils peuvent cuire. Certaines races aquatiques sont piscivores. Très peu d’espèces sont considérées comme omnivores.” expliqua-t-elle en notant dans son calepin. “Il y a bien une espèce qui est considérée comme frugivore. Mais certains débattent que ces dragons sont des cousins des chauves-souris…” elle marqua une pause, stoppant d’écrire, alors qu’elle réalisait qu’elle déblatérait encore. “Celui-là,” dit-elle en pointant la pointe de sa plume vers le dragon au loin “définitivement carnivore.” conclut-elle pour se stopper elle-même, sans réaliser l'ampleur de ce qu'elle disait. Elle se remit à écrire avec un sourire gêné. À sa défense, elle avait bien averti Matthias qu’elle était facile à lancer sur le sujet…

Une fois qu’elle eut réalisé que Matthias n’était pas à l’aise, son attention ne fut que pour son collègue. Elle observa en silence ses réactions, compatissante pour l’homme. Elle n’avait pas réfléchi qu’il pourrait avoir ce genre de réaction, mais maintenant qu’elle y était confronté, elle réalisait que c’était pratiquement un comportement normal. Si elle était toujours autant ébahi devant leur grandeur, elle avait été désensibilisé à l’anormalité de son domaine d’études.
Alors, lorsqu’il lui avoua - en quelque sorte - sa peur, elle hocha calmement la tête, prête à tout pour rassurer. “Hé bien…” Dani avait appris avec le temps que l’inconnu et l'incompréhension étaient souvent les facteurs premiers de la peur. Elle observa le dragon au loin, et un sourire se dessina sur ses lèvres. “Si ça peut te rassurer, un dragon va habituellement lancer des signaux d’avertissement avant de passer à l’action. Ils sont des prédateurs, mais la plupart du temps, leur comportement est prévisible.” Elle fit un pas de côté vers son collègue. “Et puis, t’as de la chance, leur comportement, ça se trouve à être ma spécialité.” ajouta-t-elle avec un regard espiègle. Elle se redressa et retourna son attention vers le dragon, plus sérieuse. “Celui-là est loin, et semble tout à fait calme.”

Elle eut un sourire gêné quand Matthias complimenta ses longues-vues. “Merci. Elles sont un peu défectueuses, j’ai prévu de les faire réparer prochainement.” Peu de temps après, le sorcier s’enquit sur ses précédentes rencontres, et Dani eut un rire. “Oh mon dieu, pas toutes non.” Enfin, presque, mais pas tout à fait. Avec le temps, et les réserves qu’elle avait visité, elle était certaine d’en avoir oublié. Les plus dociles étaient malheureusement souvent les plus oubliables. “C’est pour ça que j’ai ça.” ajouta-t-elle en montrant le calepin toujours dans sa paume, un sourire victorieux sur le visage. Dani étaient de ces chercheurs qui notaient tout, jusqu’à la couleur du ciel. Dans son bureau, elle avait déjà des caisses de journaux noircis d’encre, des croquis et des paragraphes d’observation remplissant les pages. “Te souviens-tu de tous les sorts que tu as brisé?” répliqua-t-elle avec un rire amusé.

Lorsqu’enfin, il lui demanda quant à sa connexion avec eux, son sourire diminua. Elle était de ces personnes qui souriaient à pleines dents, elle se contenta donc de fermer la bouche, laissant tout de même le coin de ses pommettes trahir un sourire. Sa connexion avec les dragons était née d’une colère. Et si elle était heureuse d’avoir pu faire ce rapprochement entre elle et eux, la naissance de sa passion, ce n’était pas nécessairement une raison qui la rendait fière.

Elle hésita un instant à lui dire. Elle ouvrit la bouche, cherchant ses mots, hésitante à les laisser sortir, confuse quant à si elle pouvait faire confiance à Matthias avec ce genre d’informations sur elle. Après tout, ils venaient à peine de reconnecter, pour la première fois depuis près d’une décennie. Serait-il confortable qu’elle lui partage cet aspect d’elle-même? “Oh… c’est une longue histoire, je suis certaine que tu ne voudrais pas l’entendre.” ria-t-elle avec un petit air embarrassé.

Pour camoufler son hésitation, elle retourna la conversation vers Matthias. “Dis donc, tu n’as pas répondu à mes questions.” nota-t-elle en plaisantant, lui donnant un petit coup de coude en espérant que ce soit suffisant pour que le briseur de sort ne remarque pas l’évitement qu’elle venait tout juste de faire. Elle n’était pas connue pour sa subtilité. “Tu as toujours voulu devenir briseur de sort?”