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In my mind
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FICHE DE PERSO
L’anglaise déchira sèchement la lettre, le sang lui brûlant les tempes dangereusement. L’invitation de son père à dîner sonnait comme une provocation alors même qu’il n’avait fait qu’essayer de se rapprocher d’elle dernièrement. Jour après jour, armé de trésors de patience, le vieux mage s’était employé à regagner les faveurs de sa fille, sans jamais parvenir à lui soutirer autre chose que des reproches et un mépris suintant. Sa ténacité avait laissé froide l’avocate, et suscité la surprise chez les autres membres du clan. Il fallait admettre qu’il était bien singulier, voir surréaliste de voir le grand Xenophius Lovecraft s’abaisser à pareille humiliation avec autant d’obstination. Alec, son aîné, la priait de voir qu’il s’agissait là de la preuve irréfutable que leur père avait changé, qu’il souhaitait réunir la famille. Pour la brune, ce n’était qu’une énième manipulation, une nouvelle toile tissée dans laquelle elle n’avait pas l’intention de se laisser piéger.
Elle se pinça l’arête du nez, les paupières fermées, lorsqu’on frappa à la porte. Son prochain rendez-vous. Elle inspira une grande goulée d’air pour gonfler ses poumons d’autant de courage et la poignée pivota sur elle-même la seconde suivante pour laisser entrevoir la silhouette d’un sorcier.
« Monsieur… Fogg ? » Ses prunelles avaient rapidement consulté son agenda ouvert sur son bureau. Elle se redressa, ses paumes lactescentes glissant sur les plis de sa longue jupe noire pour les défroisser. « Elena Lovecraft. » se présenta-t-elle, un mince sourire cordial ajusté aux lèvres, avant de tendre son bras dans la direction du sorcier. « Je vous en prie, installez-vous. » Elle eut un mouvement sec de baguette et la chaise s’écarta dans un crissement. A son tour, elle retrouva le confort de son siège en cuir, et scruta longuement son interlocuteur. S’il ne lui était pas familier, le patronyme en revanche se rappelait inévitablement à elle. Les prouesses de son géniteur n’étaient pas méconnues, bien à l’inverse, elles avaient nourri nombre de récits qui laisseraient une trace indélébile dans le monde magique, sans l’ombre d’un doute.
« J’ai cru comprendre que vous sollicitiez mes services dans le cadre d’une enquête du Ministère au sujet de votre frère disparu ? » interrogea la brune, l’expression figée derrière le rapport dressé par son secrétaire. Elle redressa le menton pour voir un plateau en argent flotter près de son client. Elle força un sourire poli. « Thé ou café ? Servez-vous. » Son attention coula de nouveau sur les informations sommaires synthétisées par son employé. À dire vrai, c’était maigre. Un soupir imperceptible roula contre ses lèvres. Il était usant de devoir rappeler à l’ordre son équipe inlassablement quant à l’importance de glaner un maximum de renseignements lors de la prise de rendez-vous.
« Puis-je savoir quels sont les faits qui lui sont reprochés ? Et en quoi pensez-vous y être lié ? » La sorcière fixa le brun, sa plume ensorcelée prête à prendre des notes.
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Il avait mis un certain temps à se décider à prendre rendez-vous avec une avocate, ne souhaitant plus perdre de temps à s’essouffler inutilement devant la brigade de la police magique. Mais il lui avait suffi de voir son frère en début d’après-midi pour avoir une nouvelle volonté de s’armer d’un cabinet réputé pour s’installer devant elle, comprenant rapidement qu’elle ne l’avait pas reconnu Mais c'était après tout normal qu’elle puisse voir passer des millions de visages et que le sien soit relégué dans un petit coin de sa mémoire.
”Bonjour Maître Lovecraft, merci de me recevoir.” Il la salua sans frôler sa main tendue, par habitude et conscient qu’il lui manquait, par ce simple geste raté, un respect qu’il aurait dû honorer. Elle semblait déjà fatiguée et loin de vouloir trahir le secret d’autres affaires en cours rien qu’en lui prenant la main, il sentait déjà que cette entrevue frisait déjà le danger et préférait mettre déjà une distance avec elle.
S’appliquant rapidement dans les maigres lignes du dossier où elle tentait d’y voir plus clair, Matthias l’observa rapidement en s’installant devant elle, gardant sa grande veste de baroudeur encore sur les épaules, la sacoche de ses recherches à l’IDEM entre les pieds.
”Mon frère @Eugène Fogg est déclaré dans les registres des lycans. et les autorités ne cessent de me harceler pour savoir où il est.” Fronçant les sourcils, il sortit la lettre de démission que son frère avait fournie à l’institut avant de fuir. ”Il n’a pas pointé au Ministère depuis le mois de Janvier.”
Il n’aimait pas mentir mais pour son frère, il omettait quelques informations volontairement. Glissant doucement le dossier vers l’avocate, il leva les yeux vers elle, un faible sourire caché derrière l’ennui d’une telle situation dont il souhaitait se soustraire.
”J'y suis convoqué toute les semaines, c'est un temps perdu affreux dans mes recherches et je dois encore m’y rendre lundi.”
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Sa main frêle flotta un instant dans le vide avant de retomber près de sa silhouette figée. Si l’absence de convenance l’interpella, l’anglaise se drapa derrière une expression égale, comme si tout était parfaitement normal. Elle prit place la seconde suivante, glissant une jambe sur l’autre, l’ambre indéchiffrable de son regard plongé dans celui de son client. Il avait toute son attention. Elle hocha discrètement la tête, tandis que sa plume grattait assidument à côté d’elle. Son frère. Une bribe d’image se rappela à elle dans le huis-clos de son esprit. Celle de Locklan, son cadet. Le visage livide, inexpressif. La silhouette raidie par la mort dans son cercueil. Elle fit un geste, nerveux, à sa plume qui s’immobilisa et sembla déconcertée. Elena s’en saisit et se mit à retranscrire elle-même les informations pour s’accrocher à quelque chose de tangible, chasser les souvenirs qui la hantaient.
Si ses traits semblaient durcis dans le marbre, qu’elle esquissa même un rictus concerné par le récit de l’homme, une cacophonie assourdissante se fracassait contre les parois de sa tête. Elle fixa un moment les lignes manuscrites, tenta de discipliner le désordre sous ses mèches brunes en se concentrant sur Matthias. Lycan. Registre. Inspiration. Expiration. « Je vois. » Sa voix était peut-être plus rauque qu’à l’ordinaire. Elle le remarqua, et fronça les sourcils. D’un geste, elle attrapa un verre d’eau pour humidifier son mécanisme vocal. « La promulgation du nouveau décret sur les obligations qui incombent aux hybrides et la multiplication des arrestations, parfois arbitraires, trahissent les craintes du Ministère. A l’heure où leur politique se veut intransigeante avec les hybrides, le moindre faux pas risque de mettre le feu aux poudres. » Ce qu’elle énonçait était factuel, rien de plus. La tolérance zéro était de mise avec le gouvernement actuel et il était peu avisé de se faire remarquer dans ce climat de tension.
« En ce qui le concerne, votre frère a non seulement braqué les projecteurs sur lui, mais sur l’ensemble de ses proches également. Le gouvernement se veut inflexible et intraitable, et il n’hésitera pas à vous harceler dans l’espoir de faire sortir de son trou Eugène. » Elle soupira légèrement. « Je peux sans doute vous obtenir du répit pour vous laisser respirer Monsieur Fogg. Mais à terme, je crains que la loi ne m’immobilise également. » Elle pouvait plaider, faire cesser momentanément ce harcèlement, elle n’avait pas de doute là-dessus, elle en était largement capable. Mais au vu de l’obsession du Ministre de la magie à l’égard des lycans et des autres communautés… Elle ne se faisait pas d’illusion. Celui qui avait tous les pouvoirs pour manier la Loi selon son bon vouloir n’hésiterait pas longtemps à rabattre les cartes en sa faveur.
« Savez-vous où se trouver votre frère actuellement ? Avez-vous encore des contacts ? » interrogea-t-elle en sentant son cœur se serrer de plus belle. Elle réajusta une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle ajouta, pour la forme, et pour chasser les réminiscences lancinantes. « Je suis naturellement tenue au secret professionnel, vous pouvez parler sans inquiétudes. » Au cas où il aurait des réticences.
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Chaque sens en alerte était un moyen de se perdre, capable de ressentir les raisons pour laquelle un coeur battait trop fort et à cet instant la, les yeux rivés dans les siens, accroché par le respect qu'il lui donnait par principe, il entendait l'aiguille des secondes tinter jusqu'à ses oreilles. Le temps ralentissait et inévitablement, il voyait les iris de la jeune femme s'agrandir en même temps que les siens, naviguant dans un flot d'image en même temps qu'elle y pensait. Sa présence était douce, pour ne pas perturber, ne cherchant souvent qu'à en échapper sans alerter, ni réveiller d'autres ardeurs.
Mais l'avocate était la, fatiguée et se cachant à peine derrière un dossier qui réveillait ses propres souvenirs qu'il voyait. Un visage blème, la peine, des ombres oppressantes comme celle qu'elle sentait sur ses épaules et qui allourdissaient des journées déjà eprouvantes.
Les mains du briseur de sort s'étaient déjà crispés sur le dossier, ressentant une foule immense s'agglutiner sous ses yeux alors qu'il rompait le contact, difficilement. Ignorant si elle avait senti sa présence, timide et presque invisible, dans cet amas d'image pour ne laisser d'un apaisement sous son passage. Semblable à ce thé ou a un café qui faisait office de pause dans la journée.
Il tendit la main pour se saisir d'une tasse dans la foulée, se rappelant de son invitation, tentant de mettre une distance physique en évitant alors formellement son regard. C'était déjà de trop. Lui servant un thé, il le lui glissait près des mains avant de revenir au dossier.
”Un peu de repit.”
Pour son frère @Eugène Fogg, pour lui et surtout pour elle, pour cet instant où il aurait pu serrer ses mains sur ses genoux face à une vision cinglante, sans vouloir encore mettre un sens à ce qu'il l'avait heurté. Mais faire comme si de rien était, était primordial.
Volontairement, il occulta une nouvelle fois la question, conscient que le secret professionnel n'était parfois rien face aux lois et au danger qu'un lycan en liberté pouvait généré. Si pour Matthias, son frère restait son frère, pour d'autres, il était devenu un monstre à chasser sans relâche. Le rappel de la loi qu'elle lui servit était bien assez suffisant.
”Si j'en ai assez pour qu'on me laisse déjà deux semaines sans rappel, ca serait déjà bien...”
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