Head on the ground

Head on the ground

18.05.2023

Être étudiant à Poudlard. C'était comme vivre un rêve éveillé.  Entre la magie des lieux et la vie qu'elle renfermait, l'école le captivait tout autant que les cours qu'il suivait depuis maintenant neuf mois. 151 escaliers qui se déplaçaient quand bon leur semblaient, des couloirs à perte de vue dont certains semblaient interminables ou encore les portraits accrochés aux murs qui se déplaçaient dans les cadres des autres, les armures qui se battaient parfois dans les couloirs... Bref. Tant de petits détails du genre que Noah prenait plaisir à découvrir chaque jour à chaque fois qu'il avait à se rendre en cours.

La première fois qu'il avait vu les fantômes de l'école,  notamment lors de la cérémonie de répartition, Noah avait probablement mis cinq bonnes minutes à les croire réels. C'était quelque chose d'assez particulier à accepter lorsque l'on était d'ascendance moldus. C'était dérangeant, effrayant même. Il suffisait de croiser le Baron Sanglant dans les cachots en se rendant dans la salle commune pour que Noah n'aille s'enfermer dans sz chambre, tête recouverte par sa couverture pour pouvoir trouver le sommeil le moment venu. Mais grâce au Moine Gras notamment, Noah avait fini par accepter leur présence et même à la trouver agréable. Ils étaient particulièrement chaleureux et ils n'étaient pas avares en conseil en tout genre pour sublimer son séjour dans l'école de Poudlard.

Mais il y en avait un en particulier que Noah détestait tout particulièrement. C'était bien évidemment Peeves, l'esprit frappeur du château. Ce dernier prenait un malin plaisir à s'en prendre aux premières année de l'école et Noah ne dérogeait pas à cette règle.

Aussi, l'esprit frappeur en avait fait sa cible principale.

Cette fois-ci, alors que Noah sortait de la bibliothèque où il était allé pour emprunter le Quidditch à travers les âges, le fantôme malin lui avait tenu un guet-apens. Sensiblement énervé par le vol du livre qu'il venait d'emprunter (mais aussi par souci d'éviter de se mettre le bibliothécaire à dos ( @Yaslana Yamatao )), Noah s'était mis à lui courir après dans l'unique but de le récupérer. Il avait réussi à éviter la moindre retenue depuis le début de l'année (un quatrième année lui avait dit que le Professeur Clearwater fouettait les élèves les plus récalcitrants à suivre les règlements), il comptait bien que ça continue.

Courant après l'esprit frappeur, Noah ne vit pas tout de suite le piège dans lequel il mit les pieds au moment où il arrivait au milieu de cette salle de classe désaffectée. Aussitôt, son pied fut tirer en l'air, pendu au plafond laissant pendre le reste de son corps à un mètre du sol. Peeves éclata d'un grand rire moqueur avant de venir danser près de lui, ravi de sa prise. Posant le livre de Noah en dessous de sa tête, ce dernier, dans une pirouette acrobatique disparut dans un rire goguenard laissant le pauvre Poufsouffle pendu au plafond.

- Y a quelqu'un ? A l'aide !!! entendait on de l'autre côté de la porte de la salle fans laquelle il était enfermé à chaque fois que Noah pensait entendre quelque passait. Le sang battant à ses oreilles, le Poufsouffle commençait à voit la tête qui tournait.

Le regard d’Israfel tomba sur la partie d’échec sorcier restée en suspens. Ses bras croisés sur son torse, il se demanda combien de temps encore il allait devoir attendre Milo. Une heure ? Deux heures ? Il avait cette désagréable sensation parfois que son frère s’échappait de la sphère familiale. De la même façon que ce qui touchait à @Sean Clearwater n’était que rarement évoqué, ce qui s’était passé lors de l’absence de Milo avait été passé sous silence et tout le monde avait l’air de vouloir passer à autre chose.
Tout le monde, sauf lui, peut-être. Lui qui voyait bien par d’infimes détails que plus rien n’était en réalité comme avant. Plus rien ne le serait plus jamais d’ailleurs. Que ce soit dans la façon avec laquelle @Norà Millar réfléchissait désormais à ouvrir les portes quand elle n’attendait pas de visite, de la même façon que lui-même y repensait tous les soirs en se disant que ç’aurait dû être lui ce soir-là, et ça ne l’avait pas été.

Soufflant du nez d’un air dépité, Israfel se fit une raison. Milo ne viendrait pas. Ni aujourd’hui, ni demain. En fait, il ne viendrait plus, parce qu’il n’avait plus envie de jouer à ces jeux stupides, parce qu’il n’avait plus envie d’être cet enfant un peu léger, un peu décalé, jamais sérieux, jamais... jamais.

D’un air un peu dégoûté, le gryffondor ramassa ses affaires, se faisant la réflexion qu’il ne voulait plus y penser. Au lieu de ça donc, il se fit un malin plaisir de se rappeler qu’il voyait @Norà Millar ce soir et qu’ils avaient prévu de passer un peu de temps dans le parc, pas très loin des serres. En pensant aux serres, Israfel eut une grimace en repensant au devoir non rendu à Madame @Amaranth Mapleleaf. Ce n’était pas le professeur qu’il détestait le plus (il l’aimait même plutôt bien, et parfois, dans sa petite tête d’abrutis, il se faisait même la réflexion qu’elle était comme une sorte de @Norà Millar de vingt ans plus vieille, et que si c’était ça les femmes matures, alors il était pressé de passer les vingt prochaines années avec Norà...), mais la botanique n’était pas exactement ce qui le poussait à se lever tous les matins. Pour certains, c’était une passion, pour Israfel Clearwater, c’était à peu de chose près la même corvée que de devoir arroser les plantes de sa tante en mission.

Baillant en passant dans le couloir, son oreille fine entendit un petit bruit étouffé, puis finalement, se rapprochant, un voix d’homme. Le gryffondor haussa un sourcil d’un air intrigué avant de finalement ouvrir la porte, parce que c’était ce que tout homme insensé devait faire quand il entendait quelqu’un appeler à l’aide.

En voyant le pauvre poufsouffle dans les airs et Peeves ricanant autour, Israfel leva les yeux au ciel. Il s’approcha du pauvre garçon avant de finalement se faire soulever soudainement jusqu’à la même hauteur que l’autre garçon, et entendit la porte claquer brutalement. Alors que l’affreux lutin se mit à danser et ricaner, Israfel fit tomber le contenu de son sac sur le sol. Des centaines - non ! des dizaines d’heure passées sur une babiole avec @Adil Mesli, @Michel-Ange Grimm et @Sheraz Mahal, une babiole de métal bien faite hein, qui vint finalement à s’écraser à même le sol dans un bruit de métal.

Le gryffondor vociféra :
« PEEVES ! SI TU ME LAISSES PAS DESCENDRE IMMEDIATEMENT, JE VAIS DIRE A JAMES QUE T’ES VRAIMENT QU’UN PETIT... »

La suite, censurée, fut plus fleurie encore que les collines écossaises un soir de printemps où le vent ne souffle ni trop fort, ni trop peu.

L’horrible spectre disparut en une grimace, non sans traiter le gryffondor de «rabat-joie».

Une fois le front d’Israfel ayant épousé brutalement le sol, ce dernier se mit à genoux à même le sol, massant d’une main son front malmené, et de l’autre ramassant ce qui ressemblait désormais plus à une montagne de petits boulons qu’à ce que c’était précédemment, c’est à dire  une petite boîte dont on devine qu’elle est faite pour porter un bijou à l’intérieur.

« Mais quel petit con celui-là... », pesta de nouveau le gryffondor, le front encore rouge, avant de relever les yeux sur le pauvre poufsouffle qu’on avait presque vidé de sa couleur - si tant est que c’était possible.

Le Clearwater lui tendit une main, n’oubliant pas la politesse malgré la journée de merde qu’il était en train de vivre :

« Israfel Clearwater, deuxième année à Gryffondor, et toi, tu es... ? »

S'il y avait bien une chose que Noah ne pouvait enlever à plus jeune des Clearwater, c'était sa voix. Noah, qui commençait à avoir la tête qui tournait, le reconnut brièvement en tournant la tête vers ce dernier en sursautant presque après qu'Israfel ait hurlé quelque chose où Noah n'entendit pas tous les mots. Pendu comme un saucisson, le Poufsouffle cligna plusieurs fois des yeux comme s'il cherchait à reprendre contenance malgré le trop plein de sang dans sa boîte crânienne.

Se demandant si c'était sa première fois quand lui-même ne comptait plus le nombre de fois où Peeves l'avait pendu par les pieds au plafond, Noah vit Israfel épousait le sol de tout son poids, une fois que l'esprit frappeur se soit barré, agacé. Très vite, il le rejoignit aussi, s'affalant de tout son long, incapable de bouger tout de suite alors que son sang reprenait tranquillement sa course dans ses veines.

Noah finit par se redresser du mieux qu'il put, attrapant le Quidditch à travers les âges tout en se massant le front de son autre main.

« - Je le déteste. » Ajouta le Poufsouffle au propos du Gryffondor qui affublait l'esprit frappeur d'un joli nom d'oiseau.

C'était frustrant de ne pas pouvoir l'attraper comme il l'aurait voulu pour lui mettre son poing dans la figure en bonne et du forme. Le fantôme profitait de son état pour le harceler et ce n’était franchement pas quelque chose que le Poufsouffle appréciait. Ce n'était clairement pas quelque chose qu’il avait l'habitude, surtout lorsque l'on voyait sa carrure de sportif.

Noah observa le sol où on ne comptait plus les écrous, les boulons et les vis qui s'étaient répandus par terre lorsqu'Israfel l'avait suivi dans le piège tendu par ce maudit Peeves.

Instinctivement, Noah s'était agenouillé pour aider Israfel à ramasser les multiples pièces de sa création avant de se redresser à son tour.

« - Oui, je sais qui tu es, on sait tous qui vous êtes, vous les Clearwater. »

Il avait dit ça sans aucune animosité. Mais il était vrai aussi qu'ils étaient particulièrement nombreux. Il y en avait même une à Poufsouffle. Une certaine Eleanora Clearwater. Une fille au caractère bien trempée. On lui avait dit qu'ils étaient tous pareils.

« - Noah Bishop, en première année à Poufsouffle. On est tous les deux au club de Mécamagie, je crois. »

Noah remit son sac à dos sur l'épaule, montrant la boîte d'Israfel de son index.

« - Tu veux un coup de main pour la réparer ? » Proposa-t-il avec enthousiasme.

Un rire sincère passa sur les lèvres d’Israfel. Qui ne détestait pas Peeves dans ce château ? Il était depuis d’aussi longtemps que l’école était le cauchemar des élèves, l’élément perturbateur et pour beaucoup une histoire à raconter. Avec les bras que le poufsouffle avait, il avait bien de la chance d’être fantomatique d’ailleurs, sinon il aurait sans doute fini par manger ses propres dents. Le gryffondor commença à se pencher pour ramasser le taudis métallique qui était tombé, en même temps que ce sur quoi il bossait avec acharnement depuis plusieurs mois.

« Peeves est une plaie, et comme de par hasard il s’en prend toujours aux mêmes, aux premières et aux secondes années. Il doit pas avoir le courage de s’attaquer aux sixième et aux septièmes années » maugréa-t-il, alors que le géant ramassait aussi les pièces qui s’étaient éparpillées.

Un petit instant, Israfel releva le nez, l’air un peu naïf comme il pouvait l’avoir parfois. Son visage se peignit d’un air surpris, alors qu’il clignait des yeux.

« Comment ça, vous les Clearwater ? » Il se gratta le cou, se demandant ce qu’il entendait par là. Il ne lui était jamais vraiment venu à l’esprit qu’il pouvait, lui, petit gamin d’un clan de sang-mêlé, avoir une quelconque réputation. Au mieux ses camarades d’années savait très bien qu’il n’était pas le dernier pour rigoler, et oui c’est vrai il avait eu la chance de traîner parfois avec les grands, mais maintenant qu’il y pensait, il ne savait pas vraiment ce qu’on disait d’eux ou de lui. « Et qu’est-ce qu’on dit sur les Clearwater, mh... ? »

Puis deux choses le frappèrent : d’abord il était à Poufsouffle, alors il connaissait forcément la Tornade, et ensuite, ils étaient au Club de Mécamagie ensemble, ce qui le faisait passer pour un énorme tocard.

Israfel se baffa le front, d’un air désespéré.

« Putain... quel con... »

Il était un peu à côté de ses pompes depuis la rentrée de septembre, en réalité depuis juillet, et les choses ne s’étaient pas arrangées avec le lent mais certain départ de Milo qui commençait à lui dire qu’il ne finirait sans doute pas son année à Poudlard. Qu’il ne savait pas quoi faire de sa vie, qu’il n’était bon à rien, qu’on ne l’attendait nulle part.
@Jameson Clearwater avait eu beau lui secouer les puces, il semblait se renfermer sur lui-même, sur son éternel laïus.

Israfel secoua la tête, terminant de fourrer sans discernement vis et écrous dans son sac :

« J’suis complètement désolé, je m’étais pas rendu compte tiens, c’est... c’est fou ça, mais comme en ce moment je suis un peu en mode auto-pilot j’imprime pas, entre les exams, les clubs, le quidditch... »
...et ma copine ?

Le gryffondor ne termina pas sa phrase, alors qu’il jetait un oeil à Noah qui fixait quant à lui la dernière chose qu’il n’avait pas eu le coeur d’enfourner dans la besace : la boîte.

Ma copine.

Israfel se gratta la joue, pesant un peu la proposition du première année.

« Non, non, je... C’est pas contre toi, c’est gentil même, mais c’est un peu mon défi à moi-même. C’est pas grave si c’est cassé, ça se répare. »

Il y tenait bêtement, parce que ce n’était jamais qu’un petit bout de fer et lui et @Norà Millar avaient déjà traversé des galères plus franches que de la taule pliée et enchantée, mais c’était aussi peut-être parce qu’il ne voulait pas lui offrir quelque chose qui aurait été touché par un autre.

Le Clearwater releva le nez sur Noah, avec un petit sourire d’excuse, avant d’enchaîner :

« Dis-moi plutôt pourquoi le club de mécamagie ! Me dis pas que c’est cette petite flipette de @Sheraz Mahal qui t’as ramené ? »

Il enfonça finalement la petite boîte dans son sac, avant de reporter toute son attention sur le jeune Bishop.

« T’es de quel coin ? Première année hein, pas trop dur ? »