L'objet de la psychologie est de nous donner une idée tout autre des choses que nous connaissons le mieux.

INFOS FICHE DE PERSO

L'objet de la psychologie est de nous donner une idée tout autre des choses que nous connaissons le mieux.

Petite, j’avais affirmé que la magie était réelle, que mes parents étaient des sorciers renommés, qu’ils élevaient des hippogriffes et que j’avais un Toutenpoil que je m’amusais à lancer en l’air. Et depuis, l’on me prenait pour une folle, pour une sadique qui torturait des animaux et pour une menteuse. L’on m’avait forcé à voir un psychologue et le temps passant, j’avais fini par ouvrir les yeux sur mes illusions enfantines. Ma famille avait été foudroyée par un violent orage et ayant assisté à cette scène, j’avais inventé toutes ces histoires pour me protéger du choc psychologique.

Quelques jours auparavant, mes camarades m’avaient joué un mauvais le pire de tous. Jalouse que mes talents de musiciennes m’avaient valu une audition dans un conservatoire et très probablement un job à la clef, elles m’avaient joué un mauvais tour, le pire de tous depuis que j’étais à l’orphelinat. Pire que les insultes, les sobriquets, ou même les coups. Elles avaient engagé un comédien pour me faire croire que la magie existait bel et bien. Pendant un moment, j’avais failli y croire et retourner dans mes délires enfantins.

Mais je m’étais souvenue de la lettre : pas de timbre et elles voulaient réellement me faire croire qu’elle avait été envoyée ? Me prenaient-elles vraiment pour une sotte à ce point ? Mais elles ne s’étaient pas arrêtées à ce parchemin écris à plumes. Elles avaient aussi engagé un comédien pour me convaincre. J’étais presque tombé dans le piège, mais quelle bande d’idiotes d’avoir eu recours à un comédien de bas étage avec ses bagues et ses tatouages.

La magie n’existait pas et j’étais bien décidée à ne pas gâcher ma vie à courir après des chimères. Je voulais tourner cette page, je voulais que cet épisode reste loin derrière moi, je voulais qu’on arrête de me prendre pour une folle et que je puisse enfin profiter de ma jeunesse.

Je venais d’avoir dix-huit ans, j’avais une place dans un foyer de jeune travailleur et potentiellement, un travaille à la rentrée scolaire prochaine. Je ne m’attendais pas à devenir professeur de musique à mon âge, mais je serais contente si je décrochais un prof d’assistante. J’avais dans l’idée de louer un petit studio et de compléter mon salaire en donnant des cours particuliers pour des enfants.

Bref, mon avenir était tout tracé et la seule magie qui y avait sa place serait de simple démonstration de tour de passe-passe. Les dragons étaient sur le grand écran dans les salles de cinéma ainsi que les hippogriffes et autres créatures étranges.

Je me rendais donc d’un pas décidé dans le bureau de mon psychologue. J’aimais bien cette pièce. Même si elle sentait le renfermé, que la décoration était désuète et que les fauteuils étaient fatigués, je m’y sentais comme chez moi. J’avais l’impression que rien ne pourrait m’arriver, que j’y étais en sécurité. Je frappai à la porte et rentrai sans attendre commençant même à parler avant de l’avoir vu : Monsieur Latour, je voulais vous dire à propos…. Je m’arrêtais net dans ma phrase mon psychologue n’était pas présent à la place se tenait une femme que je n’avais jamais vue. Encore une blague de mes camarades, ou une remplaçante peut-être. Il ne m’avait pas averti ça ne lui ressemblait pas, il tenait beaucoup à ma santé mentale et évitait toutes situations perturbantes. De toute manière qui que ce soit j’avais pris ma décision. Après un court silence, je repris : pourriez-vous dire à Monsieur Latour qu’il peut garder cette lettre s'il le souhaite ? J’en ai fini avec ces histoires de magie, j’irais à mon audition.

avril 2022

Elle avait bien évidemment préféré transplané à quelques distances de la ville, puis pris un bus, quoiqu'à son grand désespoir. La technologie de moldue avait toujours quelque chose d'un peu mal fichu et sans éclat à ses yeux. Bien loin des petites merveilles mécaniques qu'Elffin avait le don de faire naître sous ses mains habiles. Bref, une petite vingtaine de minutes à observer discrètement ses compagnons de voyage. Grises mines et commères trop sonores à son goût. Des histoires de fesses trop grasses pour être vocalisée à plein volume. Mais visiblement, quand c'était dit dans le haut-parleur de la petite boîte carrée que tous les passagers manipulaient et consultaient quasi-religieusement, ça ne choquait personne. C'aurait sans doute dû être le lieu commun de toutes les convivialités vu le nombre de personne mais cette petite machine ruinait tout. Un smartphone. Ca s'appelait un smartphone. Elle ne voyait pas bien le côté smart, plutôt le côté décérébrant mais soit. Après tout, elle n'était pas de ce monde. Comment aurait-elle pu en juger vraiment ?

Cette fois-ci le Ministère l'avait envoyée dans un orphelinat, suite à la demande expresse d'un professeur de Poudlard. Le directeur de Gryffondor en personne, lui avait-on précisé, comme si cela changeait quelque chose à l'affaire. Elle n'avait pas pour habitude de prendre en charge différemment les patients recommandés. Tous étaient logés à la même enseigne chez le Dr Cynfeirdd. Elle savait très bien que les sorciers qui pour une raison ou une autre avait passé leur enfance dans le monde moldu demandaient une attention toute particulière. On pouvait aisément comprendre pourquoi.

Elle arriva à l'orphelinat à l'heure annoncée. Passant sur l'aspect minable du bâtiment - si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait reporté tout cela aux autorités compétentes - elle demanda à être introduite auprès de son confrère le Dr Latour. Elle avait pris le temps de lui adressé personnellement cette requête, profitant de ses accointances au Marché aux Trolls pour faire en sorte qu'elle soit acheminée de la façon la plus normale possible. Enfin normale, pour un moldu. Le principe d'écrire un courrier pour aller le porter soi même ou le faire porter par un autre la dépassait complètement mais ils avaient l'air satisfaits de leur système.

Elle avait quelque peu hésité à faire disparaître Latour dès leur tout premier échange mais du point de vue de Mayline Smith, c'aurait été la pire des choses à faire. Elle avait donc choisi la voie de la conciliation, quand bien même ça n'était pas son allant naturel. Finalement ce fut Latour lui-même qui rejeta en bloc sa proposition de l'introduire, après qu'elle lui eut plus ou moins annoncé qu'il était relevé de ses fonctions pour le cas de Mlle Smith. Maeve le suivit du regard, dépitée de constater ce qui, pour elle, était un réel manque de déontologie.

Elle attendit encore un moment sans prendre véritablement la place de Latour. Cela lui permit de vérifier que sa tenue cadrait à ce que l'on pouvait attendre d'un psy chez les moldus. Chignon bas simple, pas trop tiré pour ne pas se donner un air sévère, chemisier et pantalon à pince. Elle était élégante sans tomber dans le style vieillot qui l'aurait fait se fondre avec la tapisserie. Finalement Mlle Smith pointa le bout de son nez. Elle était à l'heure mais ne pas trouver Latour au rendez-vous la déstabilisa. C'était à prévoir. Maeve le maudit encore un peu plus dans un coin de sa tête, gardant son agacement en son for intérieur. Au moins la petite avait une bonne capacité de rebond. Ça ne ferait pas les affaires du Ministère mais il faudrait bien faire avec.

« Je le lui dirais sans faute. Mayline, c'est bien cela ? Je suis le docteur Cynfeirdd. C'est moi qui prendrait la relève de Mr Latour à partir d'aujourd'hui. C'est un peu abrupte et j'en suis navrée. J'aurais préféré qu'il prenne le temps de nous introduire l'une à l'autre... »

Elle lui tendit la main, comme elle avait remarqué que les moldus le faisaient pour signer tacitement une forme d'accord.

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C'était la deuxième fois qu'un inconnu me parlait dans ce bureau enfin aujourd'hui, c'était une inconnue. Au moins contrairement au comédien, elle semblait être à sa place en ces lieux. Je la détaillais un instant avant de déclarer : monsieur Latour était très satisfait de nos dernières séances, il vous en a forcément parlé non ? Je ne voulais pas perdre plus de temps en suivi psychologique. Elle m’avait l’air d’être tout à fait capable peut-être même plus encore que son prédécesseur si je devais en juger par leur tenue, mais j’avais d’autres projets actuellement. Sans me démonter, j’ajoutais : il m’avait affirmé que nos séances n’étaient plus obligatoires…

Sa main tendue ne laissait aucun doute, je n’allais pas m’en sortir comme ça. La moindre des choses était de lui rendre son salut et de faire plus ample connaissance surtout si elle était en charge de mon dossier à partir de maintenant. Je lui rendis sa poignée de main avant de m’asseoir la mine déconfite. Enchantée Madame Can…Canfeirth… Quel nom compliqué, je n’étais même pas certaine de l’avoir prononcé correctement. Je ne réitérais pas une nouvelle tentative de si tôt.

Je n’allais pas me laisser abattre si facilement. J’étais bien décidé de la convaincre en une séance que j’étais parfaitement seine d’esprit et tout à fait capable de faire la différence entre la fiction et la réalité. J’affirmais en désignant un tiroir derrière elle, la lettre devrait se trouver dans mon dossier à la lettre « S » . Je lui laissais le temps de chercher avant de rajouter, vous ne pourrez pas la louper, elle est écrite sur une sorte de parchemin. Mais vous savez, ce n’est qu’une mauvaise blague de mes camarades. Elles n’ont même pas pris la peine d’y apposer un timbre.

j’avais laissé mon enfance derrière moi tout comme le temps où je professais que la magie et les créatures étranges existaient. Calmement, je certifiais : vous avez dû lire mon dossier, je voulais vous dire que je ne crois plus à ces absurdités que je débittais enfant. Je suis désormais tout à fait capable de faire la différence entre le vrai et le faux.

Je ne voulais pas avoir l’air de lui fausser compagnie, mais je voulais continuer à travailler mes gammes pour mon audition. Je n’aurais très certainement pas une deuxième opportunité comme celle-ci alors je devais être parfaite. Gênée, je lui expliquais : je vous prie de m’excuser, mais j’aimerais vraiment continuer à m’exercer pour mon audition.

La jeune femme lui brossa un rapide portrait de son thérapeute habituel. Evidemment qu'il ne pouvait qu'être satisfait, ayant touché à son but, mais les dégâts laissés derrière restaient encore à évaluer.

« Pour tout dire, les conditions de son départ ne l'ont pas laissé très ouvert à la discussion. », fit Maeve pour clarifier les choses tout de suite. Elle avait pour habitude de jouer la transparence. Cela faisait partie du contrat de confiance qu'elle estimait nécessaire à tout échange productif. « Ce sont les institutions d'État qui ont jugé qu'un remplacement s'imposait. Ça n'est pas très élégant. Je comprends parfaitement qu'il n'ait pas voulu s'attarder même si ça n'est pas très correct vis-à-vis de vous. Malheureusement cela signifie aussi que les séances devront se poursuivre au moins sur quelques séances, le temps que je puisse évaluer votre situation. »

Même si elle ne pouvait pas rompre ouvertement le secret magique, rien ne l'empêchait de divulguer ces informations. Et il était capital que le Dr Latour sorte en douceur du paysage si c'était encore possible.

La blonde eut un sourire indulgent en entendant son nom écorché. Ça n'était pas une première loin de là.

« Les noms gallois hein... », fit-elle simplement tout en feuilletant le dossier de Mayline comme celle-ci l'avait invité à le faire. Elle y retrouve la lettre de Poudlard, classée comme sans suite. Il y avait aussi une liasse maigrichonne de notes qui lui fit penser que le bon Dr Latour avait un peu pris les choses un peu par dessus la jambe. Mieux valait ne pas juger trop vite, ça n'était peut-être que le digest des séances les plus récentes. Elle y jetterait un œil plus tard.

« Vous savez certaines grandes écoles envoient encore leurs avis d'admission sur ce genre de format... », fit-elle plus à titre d'anecdotes qu'autre chose, « Oxford par exemple... enfin peu importe pour l'instant. Quand vous dites que ça vient de vos camarades... c'est habituel ce genre de... plaisanteries ? Je veux dire, ça engagerait tout de même votre avenir... »

Elle voyait de là se dessiner le profil de la jeune sorcière malmenée par ses camarades moldus mais elle n'allait pas parler à sa place. Le rapport du Directeur de Gryffondor mentionnait lui aussi ce type de comportements. Une chance que ça ne soit pas allé suffisamment loin pour que la petite tourne à l'obscurus.

A nouveau la jeune Miss Smith déroulait le fil de son discours bien appris, celui qui avait dû lui donner lui permettre d'écourter tant de fois les séances avec le prédécesseur de Maeve. C'était l'instinct de survie qui le commandait. N'importe qui y aurait eu recours. Maeve sourit à nouveau, posant le dossier pour reporter son regard sur la jeune femme au discours si bien rôdé.

« Mon but n'est certainement pas de contrevenir à vos projets d'avenir Miss Smith. Mais il va falloir que nous parlions de ces absurdités comme vous dites... après vos répétitions pour l'audition si cela vous convient ? »

Elle prenait toujours soin de ne pas acculer ses patients. Et d'ailleurs, qu'elle fasse ou non son entrée à Poudlard ou au conservatoire de machin chose, était bien le cadet des soucis de Maeve Cynfeirdd. Ce qui lui importait, c'était de réconcilier cette jeune femme avec elle-même. Si c'était encore possible.

« Mais pas ici, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Ce bâtiment me donne le cafard. Je préférerai que nous nous retrouvions en extérieur. Ce serait moins étouffant à mon sens. Je vous laisse juste me dire quand. »

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Je me renfrognais passablement agacé par le fait de devoir continuer les séances. J'étais une adulte maintenant. J'allais même obtenir mon diplôme contre toute attente. Je ne désirais que débuter une vie ordinaire, loin des séances de psy obligatoire. Vous n'avez pas le droit, m’écriais je. Je suis une adulte maintenant. Je croisais les bras, calant mon dos contre le dossier, mécontente de la tournure des événements.

L’instant d’après, oubliant ma colère passagère précédente, une lueur intéressée dans le regard, je répétais : dehors ? Petite, j’avais plusieurs fois essayé de retrouver la demeure familiale persuadée que j’y retrouverais mes parents. Depuis, j’étais interdite de sorties sans surveillance. Et même encore maintenant, mes sorties étaient contrôler et soumise à restriction. Bien qu’adulte, j’étais encore sous la responsabilité légale de l’orphelinat jusqu’à la fin de l’année. Je veux bien, mais vous devriez voir ça avec la direction annonçais je presque déçue à l’idée que ça ne puisse pas se faire.

Elle en était presque drôle, amusée, un sourire sur les lèvres, je rétorquais : si la lettre venait d’Oxford, l’enveloppe aurait au moins dû avoir un timbre et puis j’ai fait des recherches, il n’y a aucune école du nom de Poudlard. je m'étais renseigner pour m'ôter ce doute et malgré ça, je n’arrivais toujours pas à m’enlever cette impression de connaître ce nom. Très certainement un dernier mécanisme de défense inconscient.

Après un moment de réflexions, les yeux fixés au plafond, je déclarais en haussant les épaules. Ils se sont calmés depuis quelques années. Maintenant, que je suis une des plus grandes ici, ils ne s’en prennent plus directement à moi, mais ce seraient tout à fait leurs genres d’essayer de me faire croire à des choses qui n’existent pas.

De nouveau, je fronçais les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle voulait revenir à cet épisode de mon passé que j’essayais en vain d’oublier. Tristement, je soupirais avant de raconter mélancolique : petite, j’ai vu mes parents se… se faire foudroyer par la foudre*… Je... J’ai… Mon inconscient a inventé ces histoires pour me protéger…. Vous devriez le savoir non ? Il paraît que c’est naturel quand on subit un traumatisme. Rien de tout ça n’était réel, c’est écrit dans le dossier.

Une dernière fois, je tentais ma chance pour qu’elle ne donne aucune suite à nos séances en insistant : écoutez, je suis une adulte responsable maintenant ces histoires appartiennent au passé. Depuis, j’ai grandi et j’ai ouvert les yeux. Je ne comprends pas l’intérêt de ces séances. Je ne voulais pas l’offenser en lui disant ces mots, mais j’avais tant rêvé du jour où je pourrais enfin me sortir normal et alors qu’il était arrivé, je me retrouvais plongée dedans avec une nouvelle psychologue. J’avais l’impression que l’histoire se répétait et que je n’allais jamais en être débarrassée.

*Mort en se battant contre la main d’Atoum

A nouveau la jeune femme ruait dans les brancards. C'étia tà prévoir et dans le même temps, cela fit tiquer le Dr Cynfeirdd. Elle ne voulait pas prendre de notes pour ce premier échange mais se promettait d'y venir dès l'entretien terminé. L'idée était de ne pas trop effaroucher la jeune femme en lui donnant l'impression d'un thérapeute fermé. Dans l'attente, elle se devait donc de faire attention au moindre détail. Évidemment, elle s'abstint très fortement de rappeler à Mayline qu'avoir l'âge légal de... n'était pas avoir la maturité pour... et que dire de la stabilité émotionnelle.

Comme elle l'avait espéré, la perspective de poursuivre en extérieur parvint à ramener la jeune femme à de meilleurs sentiments. Il semblait toutefois qu'une négociation avec la direction serait un passage obligatoire.

« Je me chargerai de convaincre la directrice. Après tout, le Dr Latour vous avez jugée apte, je ne vois pas quelle objection on pourrait émettre à cela. »

Il fallait bien que ce brave homme serve à quelque chose à un moment ou un autre. Maeve ne se faisait guère de souci sur la question. Elle était de ses personnes qui dominent presque naturellement, aussi avait-elle rarement à essuyer des refus définitifs.

A nouveau, l'authenticité de la lettre envoyée par Poudlard était remise en question. Le formatage y était pour beaucoup mais pas seulement, du moins de l'opinion que Maeve commençait à se faire de sa jeune patiente. Il allait falloir employer les grands moyens pour lui permettre d'avancer. Mais en tant que psychomage, elle rejetait toute idée de pratiquer la magie ici-même, dans le bureau du Dr Latour qui devait constituer l'une des rares zones de sureté à en croire ce qu'elle était en train de lui dire de ces "camarades". Absolument hors de question. Là encore, les répercussions auraient pu être dramatiques, du moins si on espérait toujours ramener cette jeune femme au bercail, de l'autre côté du secret magique.

« Je lirais votre dossier, rassurez-vous. On m'a bien informée de votre situation mais ce qui m'intéresse moi c'est votre version authentique de l'histoire. Je voudrais vous connaître telle que vous êtes vraiment, non l'image qu'untel a pu se faire de vous au gré de circonstances dont les tenants et aboutissants ne seront jamais aussi parfaitement transparents que si j'y avais moi-même pris part. »

Le Dr Cynfeirdd eut un sourire franc et confiant comme Mayline lui réitérait son incompréhension.

« Vous avez sans doute raison, on ne vous a clairement pas donné les clés qui vous permettraient de comprendre l'intérêt de nos séances. Je ne compte pas vous revoir aussi régulièrement que le Dr Latour au demeurant mais j'ai besoin que nous établissions une relation de confiance. Vous comprenez ? Que vous puissiez vous tourner vers moi en cas de besoin. Voilà vraiment l'objet de ces séances. », là encore ce n'était que la vérité au plus juste, du moins pour l'instant, « Bien sûr, je me permettrais de réviser ce jugement en fonction de nos échanges mais au stade où nous en sommes, je crois que c'est à moi de vous parler un peu de moi. »

Maeve se leva, prenant la direction de la porte.

« Allez, venez Mayline. Je ne supporte vraiment pas cette odeur de renfermé. Si vous le permettez, nous allons nous trouver un coin plus tranquille en extérieur. »

Et effectivement, comme elle l'avait dit juste avant, l'argument du dossier de Latour suffit à leur donner la clé des champs. Il faut dire que Maeve l'avait brandi d'un ton particulièrement sûr et étudié. Le genre de ton et d'attitude qu'on n'avait pas envie de contredire. La directrice avait dû sentir qu'à la moindre tentative d'opposition, la blonde surdiplômée qui prenait la relève de l'apathique Dr Latour l'aurait renvoyée à ses lacunes et autres manquements. Curieusement, elle ne tenta pas l'expérience.

« Veuillez m'excuser Mayline. Je suis une galloise pur cru élevée au bon air de la mer, les bureaux de cet orphelinat ne sont vraiment pas faits pour moi. Enfin, j'aimerai vous parler de l'endroit où j'ai fait mes études, puisque vous vous apprêtez vous aussi à prendre ce chemin-là. », poursuivit-elle d'un ton beaucoup plus doux et amène que celui réservé à la directrice.

Comme elles laissaient les marches du parvis de l'orphelinat derrière elle, Maeve prenait la direction d'un grand peuplier qui devait avoir plusieurs siècles au compteur. Elle le contourna, prête à s'installer dos au majestueux arbre, hors de vu du bâtiment sinistre qui avait formatée Miss Smith. C'est alors que la blonde posa sa main sur l'épaule de la petite jeune femme.

Il y eut comme un bruit feutré derrière l'arbre puis plus rien. Seul le chant des oiseaux, imperturbable.

L'instant d'après, Mayline Smith et Maeve Cynfeirdd se retrouvait dans une pièce immense. Quatre tables démesurément longues s'étalaient devant elle, accueillant ça et là quelques élèves occupés à leurs déjeuner et/ou à leurs études. Dans leur dos, la fameuse chaire de la directrice avec son immense hibou doré. Une douce lumière estivale filtrait au travers des hautes fenêtres. La pièce avait des airs de cathédrale gothique mais elle était avant tout chaleureuse et très ouverte. Tout le contraire de ce satané orphelinat.

Et il y avait bien sûr au-dessus de leur tête, ce plafond vertigineux et ses enchantements qui leur offrait ce jour-là un ciel dégagé et sans nuage. Un hibou passa en rase motte à quelques distances d'elle, accueilli par une élève enthousiaste.

« Voici l'endroit où j'ai fait mes études Mayline. Vous ne m'en voudrez pas trop j'espère si je devais vous contredire alors que nous nous connaissons à peine : il y a bien une école qui s'appelle Poudlard et qui ne timbre pas ses lettres d'admission, pour la bonne et simple raison qu'ici, dans le monde magique où vous êtes née, on utilise d'autres moyens postaux. »

Elle s'arrêta là, prenant la température de la réaction que ce grand bouleversement susciterait. Tout pouvait arriver. Même qu'un imbécile de gryffondor bouscule sa protégée par mégarde renversant par la même occasion son jus de citrouille sur ses vêtements.

« Oh je suis vraiment désolé ! Vraiment, vraiment. Attends je vais t'arranger ça. Voilà. », fit-il peut-être autant impressionné par Mayline que par Maeve. En un coup de baguette, le jus de citrouille rebelle retourna à son gobelet, « J'm'appelle Gavin et... euh... tu es dans quelle maison déjà ? »
« Je pense que ce n'est pas vraiment le moment, Gavin. », fit le Dr Cynfeirdd, éconduisant le jeune homme qui avait tout de même pour lui une extrême gentillesse...

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L'objet de la psychologie est de nous donner une idée tout autre des choses que nous connaissons le mieux.

Sans que je ne sache pourquoi ma nouvelle psychologue dégageait une impression de sincérité qui me poussait à lui faire confiance. Je fermais les yeux essayant de rassembler mes souvenirs non tronqué de l'époque. Généralement, il venait à chaque orage dès que je voyais le flash d’un éclair et c’était déjà une épreuve. Je n’avais jamais essayé de me rappeler de ce moment, mais exceptionnellement, je fis l’effort pour lui retransmettre de qui me revenait en mémoire : je me souviens de la voix de papa...je cours... Il y a d’étranges traits de lumière...Des cris... Maman qui tombe…Ma sœur aussi...je crois...après un moment, je rouvris des yeux embués de larme ne souhaitant pas aller plus loin dans l'introspection. J'espérais que ça lui convienne, cet épisode tragique de mon histoire était confus et me rendais toujours mélancolique.

Une fois de plus, je fus surprise qu’elle m’annonce qu’elle allait parler d’elle. Je n’avais jamais eu ce genre de relation avec le Dr Latour. Nos échanges étaient souvent à sens unique. Je ne pouvais qu’apprécier davantage ce premier rendez-vous d’autant plus qu’elle proposait de poursuivre la séance à l’air libre.

J’en étais presque heureuse de pouvoir profiter du monde extérieur même si c’était avec ce nouveau docteur. Je fus surprise du peu de temps pour convaincre la directrice. Je pensais qu'elle allait lui laisser un mot et qu'il faudrait au moins une semaine avant qu'elle ne se décide à y donner suite, mais non. Elle alla tout simplement la voir dans même jeter un œil à la secrétaire et d'un ton impérieux qui ne souffrait d'aucune protestation annonça simplement qu'on allait sortir toutes les deux.

Je lui emboîtait, m’arrêtant un instant sur les marches pour respirer un bon bol d’air frais avant de la rattrapé. Il faisait toujours bon de ne plus être enfermée entre quatre murs même si ce n’était que pour un court instant, même si ce n’était que pour rester dans les jardins de la propriété adossée le dos à un arbre. Déçu et incrédule par ce qu’elle venait de me dire, je rétorquais : mais je ne veux pas devenir psy… Avant même que je finisse ma phrase, je me sentis comme happée et me retrouvais dans un autre endroit.

Je me sentais nauséeuse et confuse, je ne comprenais pas ce qu’il venait de m’arriver. L’instant d’avant je m’apprêtais à m’asseoir sous un peuplier et là, je me trouvais dans une salle immense. J’étais en intérieur, mais il ne semblait pas y avoir de plafond. Je restais interdite, me noyant dans la confusion. Instinctivement, je baissais la tête au passage d’une chouette ou peut être un hibou avant qu’un inconnu me renverse ce qui devait être son jus d’orange sur moi et le remette dans son verre. Je repris mes esprits pour accuser celle qui a mes yeux étaient responsable de toutes ces hallucinations : qu’est-ce que vous m’avez fait ? Où est-ce que je suis ? Je réalisais que tous ici avait plus ou moins le même uniforme. Commençant à comprendre, je continuais d’une voix apeurée : vous m’avez drogué, c’est ça ?

J’étais presque certaine que ce satané comédien était ici quelques parts. Ma première intuition, concernant ce Jameson, était la bonne. J’avais fini par le croire comédien, qu’il jouait un rôle pour me faire croire à des balivernes, mais non, c’était donc bien un infirmier. Coléreuse, je repris désespérée : vous n’aviez pas le droit de m’enfermer dans votre hôpital ! Je pris conscience que je n’avais plus échappatoire. Je ne suis pas folle… me mis-je à répéter, abattue, pour moi-même alors que des larmes commençaient déjà à couler sur mon visage. ... Je ne suis pas folle… . Que je ne rejouerais probablement jamais de la musique. … Je ne suis pas folle… . Que je ne connaîtrais probablement jamais l’amour. ... Je ne suis pas folle… . Que je resterais enfermée ici pour le restant de mes jours. ... Je ne suis pas folle…

Assez brièvement, comme cela la renvoyait à quelque chose de trop douloureux, Mayline Smith lui dépeignit la scène qui lui avait valu tant de mésaventures dans cet orphelinat. Maeve se promettait d'y revenir plus tard. Il le fallait pour que la jeune femme puisse avancer. Le dossier de Mayline ne précisait rien de très vraisemblable à ses yeux sur cet évènement qui, dans les mots de Miss Smith, n'était pas sans rappeler une scène de chasse.
Peut-être pourrait-on lui en dire plus au Ministère...

Balayant l'idée pour l'instant, le Dr Cynfeirdd avait résolu de mettre sa jeune patiente en face des choses. Il n'y avait que cela à faire à ses yeux car, après des années de conditionnement, il lui serait sans doute impossible d'assumer une autre vérité que celle qu'on lui avait dépeinte comme acceptable. Bien évidemment, le choc ne se fit pas attendre. C'était que Poudlard remettait bien trop de choses en question, jusqu'à son identité profonde.

Maeve avait fait signe à Gavin de leur libéré le plancher, comme elle ne savait pas exactement à quel genre de coup d'éclat s'attendre. En réalité, la jeune femme ne lui explosa pas tout de suite à la figure. Elle pouvait lire comme une accusation de trahison dans son regard, ce qui était tout à fait légitime. En soi, c'était une trahison que Maeve Cynfeirdd venait de lui faire, la plus honnête du monde, mais une trahison tout de même car elle la forcer à renier tout ce qu'on l'avait précédemment forcé à accepter comme sa réalité. Et puis, la petite s'effondra, réfutant en bloc ce dont on l'avait sans doute toujours accusée à demi mot.

« Mayline, vous n'êtes pas folle. », commença Maeve à mi voix, validant tacitement les propos de la jeune femme. C'était une autre manière de lui redonner un espace de sécurité. « Vous n'êtes pas folle. Personne ne vous a droguée. Regardez moi Mayline... », demanda-t-elle avec toujours ce regard franc et ce ton doux qui invitait à l'apaisement, « Je sais que tout ceci est beaucoup trop. Mais tout ce que vous voyez ici est plus vrai que nature. Poudlard existe. Et vous, Mayline Smith, n'avait rien d'une folle. Vous n'étiez simplement pas entourée de gens qui pouvaient vous comprendre jusque-là... »

Elle marqua une longue pose, pour laisser à la jeune femme l'opportunité de se ressaisir ou à défaut de l'accepter dans sa proximité.

« Vous êtes une sorcière Mayline. Voilà pourquoi vos souvenirs sont truffés de choses que ni le Dr Latour ni personne à l'orphelinat ne pouvait accepter. »

A nouveau, elle fit silence. Laissant cette révélation faire son chemin. Déjà à ce stade, Maeve le savait, c'était loin d'être la dernière séance de la jeune femme. Restait encore à savoir si elle lui ré-accorderait sa confiance suffisamment pour venir la voir elle. Faute de quoi, le ministère mettrait un de ses confrères, tout aussi capable, sur le coup.

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Je secouais la tête négativement, rien de tout ça ne pouvait être réel, réfutant pour moi-même ce qu’elle me disait : non non non non non….J’étais en train de rêver, cet endroit ne pouvait exister. Sans vraiment réfléchir, je pris un couteau traînant sur une table à proximité et avant que quiconque puisse réagir, j’entrepris de m’ouvrir la paume de la main. Je regardais le sang couler alors que la douleur lancinante me montait au cerveau à chaque battement de cœur. Je laissais le couteau tomber réalisant que j’étais bel et bien réveillée et en pleine possession de mes moyens. D’ici quelque temps, ça rajouterait une cicatrice de plus à la collection que j’avais sur cette main.

Paniquée, je cherchais des explications rationnelles à tout ce qui se trouvait dans cette pièce, je finis par la regarder dans les yeux préférant ignorer toute l’étrangeté de ce lieu par la même occasion. Elle était devenue mon seul point de repère. Rien de tout ça n’est réel n’est ce pas ? Demandais-je, me convainquant que c’était la seule explication logique. Les hiboux avaient été dressés, j’en étais certaine. J’avais déjà vu des spectacles de rapaces à la télé. C’est juste une blague, c’est ça ? Continuais-je cherchant à apaiser mon affolement. Le plafond était très certainement une projection sur écran géant. Il devait y avoir des projecteurs dissimulés dans les murs. C’est une caméra cachée pour la télé, hein ? Finis par demander d’une voix tremblante. Le jeune homme était très certainement un acteur et sa boisson devait forcément être du ferrofluide, ce liquide aimanté que j’avais étudié en cours de science.

L’atmosphère avait quelque chose d'étouffant. J’avais l’impression de suffoquer. Je, j’ai besoin d’air annonçais je en dépassant la psy pour me diriger vers les grandes portes. Je laissais dans mon sillage une traînée de sang gouttant de mon poing fermé. Les portes étaient dotées d’un système d’ouverture automatique et s’ouvrirent toutes seules à mon approche. Je m’assis à même les marches reprenant petit à petit le contrôle de mes émotions. L’extérieur n’avait rien d'extraordinaire mis à part quelques plantes exotiques par endroit.

La magie ça n’existe pas, je l’aurais su bien avant si c’était le cas. Fis-je à voix haute. Et je n’aurais pas eu à subir toutes ces séances avec Monsieur Latour dans ce cas. Ce raisonnement logique me conforta dans mes idées. Indifférente, je regardais une mare de sang s’étalant maintenant à mes pieds. Ça allait s’arrêter de saigner, ça s’arrête toujours de saigner, suffit de garder le poing serré.

Mes souvenirs de ma petite enfance étaient confus. D’une part, car j’étais très jeune avant l’incident et de l’autre, car je ne savais plus quel était la réalité. C’était la deuxième fois que l’on me disait que j’étais une sorcière alors que j’avais tout pour devenir une musicienne heureuse. Tout mon monde effondrait petit à petit. Je ne savais plus trop quoi penser.

Le Dr Cynfeirdd suivait du regard sans intervenir. Un autre psychologue aurait tiré la sonnette d'alarme en voyant la jeune femme s'armer d'un couteau. Mais Maeve avait de suffisamment bons réflexes pour savoir qu'elle ne laisserait rien de bien grave arriver avec ce couteau. Le choc et le déni étaient des réactions normales en de telles situations. Ca n'était sans doute ni la première ni la dernière jeune femme que Maeve accompagnait dans cette découverte d'un autre monde, parfaitement incompatible avec l'acception moldue du réel. Seuls quelques fantasques avaient accueilli leurs appartenance à ce monde avec de grands cris de joie parmi les nés moldus et autres sorciers élevés dans le monde moldu que l'on confiait parfois à son expertise.

La jeune femme s'entailla la main. Maeve ne cilla pas. Il en faudrait beaucoup plus pour la faire douter de ses méthodes.

« Ca n'est pas une blague Mayline. Mais il vous faudra du temps pour accepter tout cela. C'est bien normal. »

Toujours précise dans le vocable employé, la psychologue s'attachait à parler sans laisser la moindre ouverture à l'incertitude. Un discours posé et rationnel servirait mieux la jeune femme que toute ce qu'elle aurait pu lui dire pour arrondir les angles. Pour autant, elle ne cherchait en rien à la contraindre, aussi, lorsqu'elle fuit littéralement vers l'extérieur, plus neutre en apparence.

Elle la laissa lui passer à côté et prendre un peu ses distances sans non plus la laisser livrée à elle même. Derrière Mayline, Maeve faisait disparaître les traces sangs, soucieuse de ne pas entendre parler du syndicat des elfes de Poudlard. Elle la rejoignit sur les marches, laissant entre elles une distance raisonnable. Juste ce qu'il fallait pour ne pas empiéter sur l'espace de la jeune femme.

« Oui c'est vrai. D'ailleurs tu l'as toujours su Mayline. Mais, parce que tu as grandi entourée de personnes qui ne pouvaient pas croire en cela, on a fait en sorte que toi tu arrêtes d'y croire. On a fait en sorte que tu refoules cette partie de toi même parce qu'elle ne pouvait pas cadrer avec la réalité dans laquelle on entendait te faire grandir. »

Elle marqua une longue pause, toujours soucieuse de ne pas la noyer plus qu'elle ne l'était déjà. C'était toujours délicat cet aspect du métier de psychologue. Il fallait savoir être empathique sans non plus se prendre d'affection pour les patients. C'était très honnêtement mission impossible. Au fond d'elle, elle compatissait toujours sincèrement, c'était peut-être pour cela que ses patients revenaient.

« Moi je suis là pour t'aider à la redécouvrir. Je ne t'imposerai jamais d'en faire ton mode de vie. Le choix t'appartient, du moins il devrait. C'est à toi de décider ce que tu veux faire de ta vie, mais pour que ce choix soit honnête, il faut commencer par accepter tous les aspects de ce que tu es. Une musicienne, si j'ai bien compris. Mais aussi, une sorcière. », le cadre était posé, « Pas ce genre que l'on peut voir dans les films avec des furoncles et le teint verdâtre je te rassure... »

Maeve eut un petit sourire. Cette image lui faisait toujours un drôle d'effet.

« Je peux arranger ça si tu veux. », fit-elle en désignant du regard l'entaille qu'elle s'était faite à la main, « Ou tu peux la garder bien sûr, si ça t'aide. »

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