Animal I have become

Avec @Ashlyn Laskaris

4 juin 2023
(début de soirée)

Dâriush avait passé ces quelques jours à fuir son quotidien. Il lui était tout bonnement impossible de faire comme si de rien n’était. Du moins, pas avant que cette drôle d'épée de Damoclès à la forme d'un loup ne lui tombe sur la tête. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui en avait manqué. Mais il s'était contenté de faire le mort, préférant sortir de sa vie de tous les jours pour s'isoler dans la quiétude du cocon familial. Il n'y avait que là, dans le fin fond de sa chambre, où il arrivait à trouver un semblant de paix, écoutant des musiques perses, une plume à la main, à écrire diverses idioties dont un testament au cas où.

Si tu luttes contre le loup, il te tuera.

Les paroles d'Ashlyn n'avaient pas cessé de retourner dans sa tête lorsqu'il pensait à cette fameuse option. Généralement, après cela, on l'entendait juré en parsi avant de taper sur la table qu'il brisait de sa force naissante. Puis il jurait à nouveau en se rendant compte de ce qu'il faisait avant de lancer un sortilège de réparation dessus. Comme une caresse pour l'âme, voir sa magie s'échappait de ses doigts, le rassurait un peu. Il ne devenait pas totalement un monstre. Si Ashlyn entendait ses pensées, elle l'aurait peut-être massacré. En tout cas, une chose était sûre, et c'était probablement son seul réconfort, il aurait pu tomber sur bien pire.

C'était une pensée qui lui était venue en tombant sur un article de journal parlant de ce Ryan Malhorne dont il l'avait extirpé de l'esprit de @Sean Clearwater, il y a quelques mois.

Il avait mis un simple tee-shirt noir - devenu trop serré - et un jogging blanc - dont l'élastique se demandait s'il n'y était pas rentré à deux - pour cette étrange soirée. La tension dans le ventre, la bouche pâteuse, il lui avait été difficile de quitter la maison des Aslan à la dérobée. Peut-être était-ce pour éviter de rencontrer ses sœurs au détour d'un couloir, mais il avait pensé que c'était la meilleure des choses à faire. Puis voir leurs regards tintés de compassion et de douleur n'auraient rien arrangé à ce qu'il s'apprêtait à traverser.

Dâriush avait pris l'escalier de secours pour se rendre à l'appartement d'Ashlyn. S'approchant de la fenêtre de son salon, il avait toqué au carreau d'une manière un peu gauche de peur de ne pas sentir sa force et d'exploser le verre. Dans le doute de ne pas être entendu (et parce qu'il commençait à avoir vraiment mal de partout), il ouvrit la fenêtre d'un sortilège.

Il s'engouffra dans l'appartement avant de refermer la fenêtre derrière lui. « Ashlyn ? » avait-il prononcé, la peur dans la voix. Et si elle n'était pas là ? Et si elle l'abandonnait à son sort ? Et si... Dâriush sentit ses pensées s'emballaient. Un regard à gauche, puis à droite, la respiration saccadée, il espérait la voir entrée dans le salon rapidement. La lune serait là dans trois ou quatre heures, il ne fallait pas qu'il soit seul. Pas cette fois. Jamais.

C’était étrange de ne pas se rendre à Rose Cottage. Au bout de dix ans à mener la petite meute, Ashlyn se rendit compte qu’elle avait pris des habitudes, alors qu’elle était la première à dire que la routine était ennuyeux, que c’était aussi pour ça qu’elle avait choisi le métier de médicomage. Parce que les patients étaient tous, à leur façon, surprenants. Parce qu’il n’y avait jamais deux exercices identiques, parce que l’humain, toujours, éclairait ses journées, ou parfois encore les éteignait.

En trois jours, Dâriush ne l’avait pas contacté une seule fois. Elle ne savait même pas si elle devait l’attendre ou s’il allait se débrouiller seul. Peut-être qu’il irait chez un potionniste et qu’il se gaverait de tue-loup jusqu’à l’overdose, en espérant faire disparaître ce qu’elle avait laissé en lui. Rien que l’idée l’agaçait au plus haut point. Un grognement s’échappa de ses lèvres, qu’elle noya sous l’eau chaude de la douche qu’elle était en train de prendre.

Pas besoin de nettoyer cette peau qu’elle allait de toute façon perdre, mais il y avait quelque chose de satisfaisant à se laver. Quelque chose de spirituel, presque. En sortant de la douche, Ashlyn passa un regard sur le miroir qui lui renvoyait un reflet peu séduisant. Des cernes et un visage pâle, encore tiraillé. Elle soupira avant d’enfiler tout simplement une robe, le plus léger possible - pour ce qu’elle allait en faire.

Elle passa ses doigts sur la morsure du loup qui s’était depuis refermée. Son flan lui faisait toujours un peu mal mais elle soupçonnait que ce n’était pas exactement ça. Que c’était plus d’ordre psychosomatique. Une façon pour sa raison de rejeter ce qui s’était passé ce soir-là. Si Dâriush ne venait pas, peut-être qu’elle pouvait y croire. S’il disparaissait de l’hôpital, peut-être pouvait-elle faire semblant, simplement, de ne jamais l’avoir mordu ?

Ses grands yeux se baissèrent comme elle se rendait compte que ça lui était impossible, ou tout du moins, désagréable. La sensation d’abandonner Dâriush avait un quelque chose d’anormale, mais beaucoup de ses sensations récentes étaient nouvelles pour elle.

Elle sortit finalement de la salle de bain. L’appel d’air de la porte s’ouvrant sur le couloir amena avec elle le parfum très léger du mâle. La jeune Laskaris n’avait pas besoin de se poser dix milles questions ; il s’agissait de l’odeur même de Dâriush, chose que son odorat avait capté plus rapidement que son oreille visiblement.

Traversant le petit couloir pour arriver dans le salon, Ashlyn posa son regard sur l’homme qui revenait, soudainement, comme s’il n’était jamais parti. Il avait dû espérer jusqu’au dernier moment que tout ceci n’était jamais qu’un mauvais rêve. Il allait vite déchanter en sentant sa peau se déchirer pour laisser place à l’animal.

« Dâriush », lança-t-elle, sans arriver à masquer quelque peu son agacement, « on a changé d’avis finalement ? »

La petite moue était pincée. C’était un reproche mais elle ne cherchait pas à le cacher. Il ne lui avait donné aucune nouvelle depuis ce fameux soir, et soudainement, il entrait chez elle par effraction (car elle était certaine de ne pas avoir ouvert la porte à qui que ce soit), simplement parce qu’il avait besoin d’elle ? Pfft. Elle avait même regardé sur le registre de Sainte Mangouste mais il avait été absent, alors même là-bas... Elle s’était inquiétée, pour rien. Ashlyn n’aimait pas ce sentiment, cette façon qu’il avait de la repousser et en même temps de revenir quand ça lui était bien utile.

Elle souffla par le nez, fâchée.

Dâriush tourna aussitôt la tête vers Ashlyn lorsqu'elle apparut, précédée par cette odeur de savon. Il fronça légèrement les sourcils alors qu'il se surprenait à regarder la femme qu'il avait devant lui avant de finalement baisser le regard. C'était bien une première chez l'Iranien qui ne se connaissait plus vraiment depuis quelques jours. Il y avait une dualité en lui : l'Homme contre la bête. S'il se rattachait du mieux qu'il pouvait à ce qui faisait de lui le sorcier que tout le monde connaissait, la bête le surprenait de temps à autre alors qu'il se surprenait à aimer ou apprécier certains changements qui opéraient en lui.

Que ce fut cette corpulence que le loup lui offrait pour mieux l'accueillir, ces muscles dont il connaissait l'existence chez les autres, mais qu'il n'avait jamais vus sur son propre corps qui apparaissaient légèrement sous sa peau bronzée, ou encore cette force qui l'avait fait crisé plus d'une fois alors qu'il cassait des trucs sans faire exprès, il y avait dans tout cela des choses qui lui plaisaient. Sa vue s'était affinée, bien sûr, et son odorat, pourtant déjà si bon, en était décuplé.

Mais cela ne l'avait pas empêché d'espérer jusqu'au bout, oui.

Ashlyn avait toutes ses raisons pour se sentir délaisser. Dâriush ne répondit pas à sa phrase, tout du moins, pas tout de suite. Il se passa une main sur l'arrière du crâne, signe de son malaise, avant de finalement relever son regard noir pour affronter le chocolat énervé des iris de la louve qui lui faisait face.

« - Désolé. J'aurais dû t'envoyer un hibou ou... Ou je ne sais pas... »

C'était des curieuses sensations qui s'étaient éveillées en lui à chaque fois qu'il évoquait Ashlyn que ce fut à voix haute ou dans ses pensées. Elle avait un pouvoir d'attraction sur lui, quelque chose qu'il ne comprenait pas. Dans tous les grimoires qu'il avait pu dénicher sur la Lycanthropie, rien de tout cela n'était expliqué. Peut-être était-ce parce qu'ils avaient tous été rédigés par des sorciers plus ou moins vindicatifs à l'égard de cette espèce... Mais l'Iranien se doutait que c'était quelque chose qu'il y avait entre eux.

La caresse sur son visage lui avait retiré pour un temps une souffrance bien trop difficile à gérer pour un seul homme.

Dâriush souffla, stressé, avant de finalement s'asseoir sur le rebord d'un fauteuil. Il semblait à la fois pressé, inquiet et effrayé. C'était tous les signes d'une attente qui s'éternisait depuis trois jours. Ses rêves, ou ses cauchemars, lui avaient montré les prémices de cette nouvelle vie comme si son loup tentait de l'amadouer.

« - Mais je suis là, non ? C'est tout ce qui compte. »

Peut-être dit d'une manière peu cavalière, l'Iranien lui faisait part de tous ses sentiments qu'elle pourrait traduire comme bon lui semblait.

Maintenant son regard dans le sien sans jamais sourciller en se surprenant à aimer ça, Dâriush reprit, mais cette fois, plus bas, presque dans un murmure : « Et maintenant ? Qu'est-ce qu'on fait ? »

La bête se montrait pressante. Dâriush se gratta machinalement l'avant-bras. Sans même s'en rendre compte, il venait de le faire au sang. L'inconscience du sorcier semblait perdre du terrain face à celle du loup.

« Tu aurais dû, oui », souffla la louve, non sans passer un regard implacable sur l’homme.

Sa colère ne dura qu’un temps. Elle souffla de nouveau par le nez avant de finalement se diriger vers la cuisine, vérifiant que tout était éteint et bien rangé. Ce n’était pas qu’elle était très organisée, mais Ashlyn aimait quand les choses étaient à leur place. Une façon pour elle de garder le contrôle en permanence sur son espace. De s’y sentir chez elle et toujours en confiance, puisque rien ne changeait jamais de place, ou alors par ses quelques rares oublis.

Derrière elle, Dâriush s’était assis. Au timbre de sa voix, il avait surtout l’air au bord de sa vie plus qu’au bord du canapé. Elle eut un petit sourire en coin, trouvant cela amusant, mais c’était surtout ses mots qui lui parurent agréables à entendre. Elle passa sa langue sur ses dents, avant de finalement fermer le volet de la cuisine, empêchant alors la lune montante de toucher à sa peau.

Elle revint finalement dans le salon, jetant un œil au loup :

« Ne t’assois pas, on ne reste pas là. » Elle le regarda se lever, avant de jeter un œil à tout ce qu’il avait sur lui : « Ne prends rien qui a de la valeur, tu le perdrais. Pareil pour tes habits. »

Même si à ce titre-là, il semblait qu’il ne s’était pas encore racheté des vêtements à sa taille. Un sourire moqueur s’inscrivit sur les lippes de la louve mais elle ne fit aucun commentaire. Elle s’approcha d’un petit pas, tendit sa main pour venir cueillir la sienne. La blessure qui saignait était déjà refermée. Le loup était là, présent, et n’attendait qu’à sortir.

Elle reposa son regard sur le visage de Dâriush, l’air soudainement plus sérieux.

« Ce soir, nous allons nous rendre dans une forêt que je connais bien. On y croise jamais personne, ce qui fait que tu pourras t’approprier ta forme. A partir du moment où nous serons dans la forêt, le loup cherchera à prendre l’ascendant, comme ce doit être déjà le cas à l’heure actuelle. Il faut que tu le laisses venir. Il te fera mal, horriblement mal, d’accord, mais plus tu résistes, plus ce sera douloureux. » Elle lui caressa le revers de la main : « Tout du long, je serais là, à tes côtés. Je te surveillerais, je t’empêcherais de faire du mal à qui que soit, y compris à toi-même. Tu pourras vivre ta première nuit, et malheureusement, tu ne risques pas de t’en souvenir. En règle générale, on ne se souvient de pas grand chose, mais si tu le désires, je pourrais te faire une copie de mon souvenir. »

Un sourire passa sur les lèvres d’Ashlyn, parce que le contact avec les mains de Dâriush lui faisaient autant de bien à elle qu’à lui. Elle les lâcha cependant, jetant un oeil à la petite montre qu’elle avait déposé sur la table basse avant d’aller prendre sa douche. Elle y tenait, aussi elle resterait ici.

« Est-ce que tu es prêt ? »

Elle l’observa et finalement posa sa main sur son épaule. Les deux loups transplanèrent, avant d’être recrachés en plein milieu d’une forêt qui avait tout de commun avec toutes les autres forêts du monde. Ashlyn avait dû se renseigner en amont pour être certaine que rien ne s’y passerait, et encore moins une mauvaise rencontre.

Elle se recula de quelques pas, voyant déjà Dâriush luttait bien malgré lui. Elle retira la robe qu’elle accrocha à une branche basse, et comme elle ne portait rien de plus, Ashlyn put se laisser aller. Son épiderme chaude se couvrit d’une épaisse fourrure brune et blanche, alors qu’elle sortait de l’autre côté de l’arbre.

Rapidement, la louve s’approcha de Dâriush, restant à bonne distance.

Ses yeux criaient «ne lutte pas», mais c’était toujours plus facile à dire qu’à faire.

TW : gore graphique.

Ashlyn l'avait rassuré. De ses mots. De son geste. De ses mains sur les siennes. De cette caresse qui lui avait prodigué une douceur sur son âme tourmentée. Le toucher lui semblait différent, maintenant qu'il en subissait le contact. Il garda la tête baissée, son cœur oscillant entre la peur et l'attente, mais aussi le calme et sérénité que lui conférait le lien qu'il entretenait désormais avec Ash. Son palpitant s'emballait littéralement pour ralentir tout d'un coup, puis repartir et ainsi de suite, dans sa cage thoracique.

Un sourire effleura les lèvres d'Ashlyn qu'il contempla quelques instants avant de finalement sourire nerveusement. Il n'y tenait pas vraiment non. C'était une sensation étrange. Elle ne lui cachait rien, le mettant en garde sur le loup tout en lui prodiguant les conseils qu'il fallait pour supporter au mieux ce qui allait se passer. Pourtant, lorsqu'il entendait sa voix, il avait cette impression bizarre de se sentir presque invincible. Chassant les ténèbres par sa présence et son odeur, elle semblait être le rayon de lumière sous lequel se tenir le temps que l'orage n'éclate.

De nouveau, son cœur s'emballa. Il la laissa le guider dans ce transplanage d'escorte pour le mener dans une forêt qu'il ne connaissait pas. L'Iranien balaya l'endroit du regard avant de sentir une douleur profonde qui lui lacérait le ventre. Se mettant à genou pour mieux la supporter, il releva la tête pour voir la lune l'éclairait au travers du feuillage.

Aussitôt, son organisme s'emballa. La douleur le propulsa au sol. Un gémissement s'échappa de sa gorge avant de s'étouffer dans son propre sang. Ses dents se déchaussaient pour laisser place à celles du loup. La pousse était terrible. Ses mains griffant la terre, il se rendit compte peu à peu que les griffes sortaient de ses doigts, tandis que sa peau se noircissait jusqu'à n'être plus que du poil.

Il avait l'impression de mourir. Se roulant par terre malgré lui, répandant son sang et son vomi sur le sol, il perdait totalement le contrôle alors que son corps accélérait la transformation face à la Lune qui lui brûlait chaque parcelle de son corps. Ses vêtements craquèrent lorsqu'une douleur puissante le força à lever son bassin malgré lui. Ses chaussures explosèrent alors que ses pieds et ses jambes formèrent un angle curieux pour un homme.

L'instant d'après, entre ses larmes, sa transpiration et son sang, il ne vit plus rien. Comme si on l'avait énucléé sur les globes oculaires. Des gémissements étouffés de l'homme s'entrecoupaient des grognements d'un loup qui se faisait plus insistant. C'était certain, Dâriush allait mourir dans cette forêt.

Tout à coup, il ouvrit de nouveau les yeux. Deux billes rouge sang apparurent alors pour observer le pelage brun de la louve qui lui faisait face. Ashlyn. C'était ce que son esprit tentait de crier pour lui demander de l'aide.

Il faut que tu le laisses venir.

Sa tête tapa violemment le sol alors qu'il se cambrait une dernière fois avant de s'abandonner à la bête.

Il resta quelques instants allongés sur le sol, sa cage thoracique se levant rapidement comme s'il reprenait son souffle avant de finalement se mettre sur ses pattes. C'était un loup au pelage de nuit, aux yeux rouges. Le loup noir observa quelques instants la louve, puis d'un coup, il s'élança dans la nuit, comme s'il fêtait cette liberté durement acquise. Toute la perception de sa vie lui était différente. Les odeurs plus fortes que jamais l'attiraient ici et là, lui donnant un air un peu fou sans trop savoir où il allait. Le sol de terre, d'herbes et de bois sous ses coussinets était probablement une de ses sensations préférées, mais surtout... Surtout... Il y avait ce sentiment de liberté qui le rendait fou de joie.

Dâriush, au sein du Loup, ferma les yeux et se laissa porter par la bête, fatigué, mais tranquille... Pour un temps.

L’homme faisait place au loup devant ses yeux, et elle ne pouvait rien faire pour l’aider. Il prendrait le plis, d’ici quelques mois, à force de subir l’exercice. C’est tout ce qu’elle pouvait se dire alors que la louve l’observait, le voyant enfin se libérer de son humanité pour embrasser uniquement et seulement sa bestialité.

Quand leurs regards se croisèrent, la louve sembla avoir un sourire, avant de le voir s’enfuir à toute vitesse, pour le seul plaisir de se sentir vivant dans cette peau. Le loup avalait ses premiers mètres comme s’il n’avait jamais couru, humait l’air à grande bouffée comme s’il avait manqué d’air. Derrière Ashlyn suivait, le guettant d’un regard presque maternel alors que ses oreilles tentaient de capter le moindre bruit pour s’assurer que le moment reste le plus simple et le plus magique possible.

Elle se rappelait des mots de Mitia, du fait que leur place dans le monde n’était pas anodine. La jeune femme à l’époque leur prêtait tout à un tas de nom, que ce fut fils de Seth ou gardiens de la nature. Elle disait que si les fils d’Abel étaient des cultivateurs, les fils de Caïn des agriculteurs, alors les fils de Seth ne pouvaient qu’être des chasseurs et des cueilleurs, puisqu’on leur avait laissé seulement le reste. Loin de s’en sentir lésé, ils avaient appris à communier avec la nature comme le loup avec sa forêt, et s’étaient éclatés partout sur la planète, prenant tantôt la forme d’ookami céleste, tantôt de mirages dans le désert.

Quand elle voyait Dâriush vivre jusqu’à en être saoul, quelque chose en elle voulait y croire. Ils n’avaient que peu de choses, mais tout ce qu’ils avaient été précieux.

La louve s’arrêta un instant, seulement pour pousser le long et tonitruant hurlement de minuit.

(...)

Le loup s’était arrêté, épuisé, et chez les mordus, le retour à la peau d’homme passait généralement par le sommeil. Une chance peut-être de ne pas vivre la transformation inverse, ou un peu de pitié seulement de cet organisme déjà bien cruel.

Ashlyn découvrit ainsi Dâriush nu et profondément endormi après une nuit entière à découvrir l’ivresse de la lune. D’un regard pudique, elle le couvrit d’un drap en imaginant bien que s’il se réveillait à cet instant, il lui en voudrait comme un poux. Au lieu de ça, elle transplana, profitant du fait que le soleil n’était pas totalement levé, pour venir le faire s’échouer dans le fameux canapé qu’il finissait par bien connaître, toujours couvert de ce fameux drap blanc.

Elle l’observa quelques longues secondes comme il dormait, ses doigts glissants un instant, d’un geste qu’elle ne contrôla pas vraiment, jusqu’à son épaule. La morsure y était gravée derrière le reste sanguinolent de sa mue. Elle le trouvait soudainement beau, tout en sachant pertinemment que ce n’était que parce qu’il était son mordu.

En silence, la Laskaris l’abandonna, fatiguée par sa nuit, elle rejoignit sa chambre. Elle ferma la porte et se laissa tomber sur le lit, sentant encore dans ses omoplates la fatigue d’avoir voulu le suivre partout où il allait. La prochaine fois, elle penserait à le canaliser davantage, pour ne pas avoir à faire dix fois le tour de la forêt.

Dans un dernier bâillement, Ashlyn s’endormit et ne se serait réveillée que par la grâce du petit déjeuner que lui préparait généralement sa mère un lendemain de pleine lune, et ce pour quoi elle avait acheté tout le nécessaire dans le frigo : un excellent steak haché cru et ses cinq œufs au plat accompagnés de bacon.

Lorsque Dâriush ouvrit les yeux, il lui fallut quelques minutes pour se rappeler de l'endroit dans lequel il se trouvait. Son esprit semblait reprendre doucement sa place dans ce corps qu'il partageait désormais avec la bête. Il était dans l'appartement d'Ashlyn. Son regard se posa quelques instants sur le mobilier le plus accessible dans la position dans laquelle il se trouvait sans trop savoir comment il s'y était rendu. Tout semblait calme, comme endormi. Ce ne fut que lorsqu'il entendit le mécanisme du robinet de la salle de bain qu'il sut qu'elle était réveillée.

Il laissa de nouveau tomber sa tête sur l'accoudoir du canapé, laissant ses pensées qui gambadaient comme le loup la veille, dans les bois de cette forêt dont il ne connaissait pas le nom. Ce n'était qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il ne se rappelait que des bribes de souvenirs comme si la bête était une autre personne, un autre lui. Certaines sensations lui revinrent, comme le contact de l'herbe sur ses coussinets. Levant machinalement sa main pour observer sa paume l'air songeur, il finit par la laisser retomber avant de finalement se redresser.

Ce ne fut qu'à cet instant, lorsque le drap glissa de son torse, qu'il se rendit compte qu'il était nu en dessous. Instantanément, il plaqua le drap sur son bassin, cherchant du regard où ses vêtements se trouvaient.

Il n'y avait aucune trace de ses habits.

Dâriush déglutit péniblement. Est-ce que cela voulait dire qu'il... Qu'elle...

Le rouge lui monta aux joues avant de finalement souffler du nez. Un sourire vint loger ses lèvres. C'était stupide. Surtout après ce qu'ils venaient de vivre. Il lui fallait passer ce cap. A fortiori, sa vie était liée à la sienne et...

... Dâriush se figea de nouveau. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Était-elle à lui ? Ou plutôt... Lui à elle ? Ses sourcils se levèrent sous la surprise d'une telle pensée. De nouveau, le rouge revint avant de finalement se dresser pour nouer le drap autour de sa taille.

Ashlyn avait probablement d'autres vêtements à lui prêter. Elle était sous la douche pour le moment, peut-être pouvait-il se risquer d'aller fouiller dans sa chambre en quête d'un jean et d'un tee-shirt.

Avançant doucement dans le salon, il s'engouffra dans le couloir, les sens en alerte, le regard se portant un peu partout autour de lui. Il passa sa tête dans la cuisine et tout à coup, son ventre se mit à crier famine. Une odeur qu'il ne reconnaissait pas venait de réveiller une faim terrible. Quelque chose qu'il n'avait que rarement connu au cours de sa vie. Une main sur le ventre, l'autre tenant machinalement le drap au cas où, il pénétra dans la cuisine tout en humant l'endroit à la recherche de cette odeur qui lui tordait le ventre dans tous les sens.

Dâriush posa sa main sur le frigo qu'il ouvrit d'un œil curieux tout en observant la machine. Ce ne fut que lorsque la lumière s'activa qu'il vit l'épais morceau de viande sur une étagère du réfrigérateur.

Son ventre émit un bruit étrange. Réagissant presque instinctivement, il saisit la pièce d'une main ferme pour l'approcher à la hauteur de ses narines.

C'était ça l'odeur !

Sans attendre, sa bouche se mit à saliver tandis qu'une envie irrépressible d'y mettre un coup de croc se faisait sentir dans chacune des fibres de son corps. Comme s'il y était forcé, comme si...

Cru, il lui semblait que ce n'était pas important. Il en avait envie. Sa mâchoire se referma aussitôt sur le morceau de viande.

L’eau chaude relaxa avec plaisir les muscles endoloris. Si on lui avait dit que les jeunes loups avaient à ce point de l’endurance quand il s’agissait d’engloutir des distances, elle aurait probablement davantage songé à le finir quand il était en train de se vider de son sang sur le sol de Sainte-Mangouste.

Les épaules de la Laskaris se détendirent avec un sourire amusé malgré tout, car cette nuit avait été amusante malgré tout. Elle y avait vu un loup vif et curieux, un chiot dans ce monde dur. Elle avait dû l’arrêter par deux fois de chasser un pauvre chevreuil somnolant. Même les sangliers les plus territoriaux s’étaient écartés, sans doute qu’ils savaient à quoi s’attendre s’ils restaient sur le chemin du loup noir.

Secouant la tête, Ashlyn sortit de la douche, se sécha et s’habilla rapidement, pressée de retrouver la magnifique pièce de steak qu’elle avait choisi - maturée de quatre-vingt dix jours, une viande brunie et d’une odeur sans pareille. Une bête de compétition avait été sacrifié pour ce petit bijou rouge, ni trop sec, ni trop gras, tout juste ce qu’il fallait.

Elle enfila un jeans et un t-shirt troué, celui qui disait « je ne sors pas aujourd’hui », avant d’enrouler ses cheveux dans une serviette blanche.

En silence, pensant toujours Dâriush endormi, elle navigua jusqu’à la chambre pour préparer le linge qu’elle avait acheté en amont pour lui. Elle s’était bien gardée de lui dire, surtout vu que jusqu’au dernier moment il n’avait pas daigné la contacter. Pourquoi était-elle aussi sympathique d’ailleurs ? Un petit grognement agacé passa ses lèvres avant de s’arrêter, tendant l’oreille. Sa tête se tourna machinalement, mais aucun bruit. Elle était pourtant persuadée d’avoir entendu le frigo...

Le frigo...
Le frigo !

Ni une, ni deux, la louve attrapa la linge sous le coude et se mit à trotter dans le couloir - tout en repensant au nombre incalculable de fois où elle avait pu entendre sa mère lui criait de ne pas le faire, surtout pas en chaussette - avant d’arriver dans la cuisine.

Devant l’image de Dâriush, canines plantées dans le gros du steak, Ashlyn eut une grimace horrifiée et vociféra :

« LÂCHE CE STEAK TOUT DE SUITE ! »

Elle approcha, posant machinalement le linge prévu pour Dâriush sur la table à manger, et vint mettre une petite tape sur le nez du loup, comme on l’aurait fait à un chat pour le chasser.

« Lâche ça ! Vilain Dâriush ! »

Sans outre force de procès, elle lui arracha la pièce de steak, avant de grogner sur lui, montrant à son tour ses belles canines blanches, proéminentes sur ses autres dents plus larges et pointues que la moyenne. Une des rares choses qui la séparait du reste du règne des hommes. Certains chasseurs les identifiaient d’ailleurs ainsi, même si ce n’était pas aussi certain que ça, puisque certains lycanthropes récessifs montraient également un bel appétit pour la viande et une dentition adaptée.

« Tu pourrais demander au lieu de te servir, pfft, où est-ce que t’as été élevé toi » maugréa la louve, avant de déposer le steak dans son assiette et l’assiette sur la table. « On demande et on partage, surtout. On est pas chez les lions ici. »

Elle leva les yeux au ciel. S’il croyait qu’elle allait être gentille avec lui juste parce qu’il était mordu et qu’il ne savait pas... S’il ne comptait pas son instinct assez vite, il allait finir par se donner en spectacle en public et bientôt elle finirait harceler de petites notes vertes à Sainte-Mangouste où il l’appellerait à l’aide toutes les cinq secondes.

Rien que l’idée lui déplaisait, et en même temps, elle trouvait ça amusant. Comme un maléfice, un petit arrière goût du lien pour la forcer à l’accepter, comme un parent accepte les bêtises de son enfant. Elle grogna une dernière fois à l’idée, avant de trancher en deux la pièce de bœuf, lui jetant un regard en coin.

« Et tu le coupes en morceau avant. On est pas des bêtes. »

Ca se discutait, mais pour le moment, ils allaient s’en tenir à ça.

Comme un enfant pris en flagrant délit d'une bêtise en train de se faire, Dâriush sursauta. Il rattrapa le morceau de viande du mieux qu'il put avec ses mains avant de tourner son regard vers Ashlyn qui était littéralement en train de le sermonner. Morceau de viande dans la bouche, il se contenta de poser le reste là où il l'avait trouvé, mâchonnant ce qu'il avait dans la bouche, l'air un peu hagard.

Ashlyn avait raison sur toute la ligne. Mais Dâriush ne pouvait expliquer réellement ce qu'il s'était passé, lui qui, habituellement, avait de la retenue sur tout et n'importe quoi. Depuis cette morsure, son caractère le surprenait. Il se sentait plus dans l'instantané, moins dans la réflexion. En sommes, tout le contraire de ce qu'il était jusqu'à maintenant. Cette curieuse sensation de redécouvrir son corps puis le monde, peut-être.

Il y avait une certaine innocence sur le visage de l'Iranien qui termina de mâcher sa viande sans rien dire, sinon en culpabilisant d'adorer son goût. Jamais, ô grand jamais, il n'aurait pensé un jour manger de la viande crue. L'idée même de manger un carpaccio lui avait toujours filé la nausée. Et là, il se retrouvait à voler un bout de viande crue dans le frigo de sa... De sa quoi d'ailleurs ?

Dâriush avala le morceau de viande.

« - Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, désolé. »

C'était vrai. Sorti du salon pour trouver des vêtements que les petits copains d'Ashlyn auraient pu oublier chez elle à l'image de ce tee-shirt qu'il avait jeté dans la corbeille de vêtements sales chez les Aslan, il s'était retrouvé avec cette envie irrésistible de jeter un sort à cette pièce de viande maturé dans la cuisine de la louve.

« - J'ai senti son odeur et... Habituellement, je fais cuire la viande. Je veux dire, je ne suis pas un monstre ! » Reprit-il, pour faire écho à ses manières de faire très... Caverneuse ?

Cette fois-ci, il ne fit rien pour se cacher, malgré sa tenue légère. Peut-être parce qu'il se sentait un peu mieux dans ce corps qui n'avait plus vraiment de défaut comme on aurait pu le lui faire remarquer avant sa transformation où il était clairement trop maigre.

Il s'éloigna du frigo tout en le laissant ouvert pour Ashlyn. Il vint s'asseoir sur une chaise non loin de là, la regardant étrangement. On aurait pu dire réellement ce qu'il pensait comme s'il était encore dans le flou de tout ça.

Finalement, il la remercia.

« - Merci pour hier. »

La première partie de soirée avait été ingérable. Sa transformation avait manqué de le tuer, il en était certain. Pour autant, il n'en parla pas. Peut-être était-ce par pudeur ? Peut-être était-ce pour l'impressionner ? Dâriush n'en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'était que le reste de la nuit, même s'il ne s'en souvenait que par bribes au travers des yeux du Loup, il avait passé un bon moment.

Et pour une première expérience, cela lui permit de mieux s'accepter maintenant qu'il était l'un des leurs. Il se doutait qu'il avait été particulièrement chanceux d'être transformé par Ashlyn plutôt qu'un autre.

À cette pensée, il ne put s'empêcher de lui demander :

« - Tu fais partie d'une meute ? Qu'est-ce que ça signifie vraiment pour... Nous ? » Demanda le guérisseur, avec une courte hésitation sur la dernière partie de sa question.

Un rire moqueur passa les lèvres d’Ashlyn alors qu’elle coupait en cubes assez épais le steak cru, les répartissant entre les deux assiettes.

« Relax Dâriush, je déconne. Tu peux le manger cru, tu peux le manger saignant ou ne pas manger de viande, tu fais ce que tu veux… »

Elle n’était pas aussi psychorigide que certains des siens, qui parfois allait d’un extrême à un autre comme pour se prouver qu’ils étaient soient très humains, soient très animales. Ashlyn se contentait de vivre comme son instinct le lui dictait, tout en restant critique de sa propre condition.

Ashlyn sortit également le bacon et les œufs, qu’elle mit sur la table, avant de fermer du bout du pied la porte du frigo. Elle poussa vers Dâriush l’assiette où le steak avait été coupé seulement en gros cubes de viande, accompagnée d’une petite fourchette qui ressemblait à un pic apéro. Elle tira vers elle le bacon, en tirant une lamelle crue qu’elle vint mâcher alors qu’elle allumait, en même temps, la gazinière.

Elle aurait pu gober les œufs crus mais elle imaginait bien la tête de ce pauvre Aslan si elle le faisait… surtout après l’avoir disputé.

Quand il la remercia, elle leva un sourcil, lui jetant un petit regard par-dessus son épaule. Elle eut un petit sourire avant de se reconcentrer sur la poêle dans laquelle elle laissa glisser un peu de beurre, pour mieux y casser deux, trois, et bientôt cinq œufs.

Si elle ne répondit pas, elle n’aurait pas su quoi lui répondre de toute façon. De rien, je te devais bien ça ? Son oreille se concentra sur le grésillement de l’œuf dans le beurre alors qu’elle se rendait compte que ça lui avait presque coupé l’appétit. L’euphorie de la pleine lune allait doucement disparaître et elle redeviendrait cette médicomage souriante et calme, travailleuse, de celle qui ne voit jamais le jour où pour boire un verre rapidement avec un gars au hasard.

Ses yeux bruns se posèrent sur Dâriush, alors qu’elle tirait finalement les œufs du feu, posant la poêle au milieu de la table, entre elle et lui.
Elle s’installa en face, avec une fourchette. Devant elle trônait le bacon cru, un bout de steak en cube et quelques œufs. Elle commença par mâcher un morceau de steak, semblant réfléchir avant de répondre.

« Nous » lui semblait un grand mot, et en même temps, c’était aussi ce qu’ils étaient.

Il disait ça à moitié nu avec son drap, à manger dans sa cuisine. Il était allé plus loin dans le temps que la plus part de ses coups d’un soir, qui partait une fois l’affaire finie, de grès ou pas. Elle pencha la tête, finissant son morceau avant de lui répondre :

« Je suis la cheffe de ma meute, et par meute, j’entends de ma meute familiale. » Elle ne savait pas exactement où il en était de sa connaissance des loups, mais il apprendrait sur le tas. « Avant c’était mon père qui était alpha, mais il est mort quand j’avais sept ans, et ma mère étant une mordue n’était pas en mesure de nous gérer moi et mes deux autres sœurs. »

Elle tira une nouvelle lamelle de bacon, qu’elle roula avec beaucoup d’attention du bout du doigt.

« Depuis, c’est moi qui conduit la meute. Ma mère et mes deux sœurs. On a un petit cottage au nord de Londres, avec un bois qui est sécurisé, mais comme nous sommes nés-louves majoritairement, nous n'avons pas de gros soucis. Finalement, c'est plus ma mère que nous accompagnons à aujourd'hui. »

Ashlyn leva son regard sur Dâriush, le détaillant un court instant. Son visage avait légèrement changé, mais le plus important, c’était ce nouveau squelette, ses épaules plus épaisses, son torse plus… Elle releva les yeux bruns sur lui, avec un sourire moqueur.

« En tant que mordu, tu n’as en théorie pas trop le choix que de te trouver une meute. Je suis sensée t’éduquer jusqu’à que tu sois autonome, ou te permettre de trouver une meute qui te correspondra et dans laquelle quelqu’un se portera responsable pour toi. » Elle goba le morceau de bacon, qu’elle avala en seulement trois coups de crocs. « La morsure chez les loups, c’est aussi un lien magique, comme un pacte de sang si tu veux. C’est quelque chose de très profond, tu dois déjà le sentir. Tu pourrais éprouver des besoins de me suivre, de savoir où je suis, de me protéger, ou à contrario d’être protégé par moi. C’est un lien généralement familial, dans certaines meutes c’est considéré comme un mariage… »

Elle baissa les yeux sur le steak, qu’elle triturait du bout de sa fourchette.

« Mais je ne te demanderais rien de tout ça. Je t’ai mordu, alors je te protègerais et je serais toujours disponible pour toi, pour t’accompagner et te renseigner. Si tu as envie de rejoindre une autre meute, tu le pourrais aussi. Si tu connaissais d’autres loups-garous ou si… tu étais mal à l’aise avec moi… »

La voix se mourut tout doucement, se rappelant très bien d’avoir été rejetée au moment où il avait appris pour sa morsure. Elle baissa les yeux d’un air fier malgré tout et goba des morceaux de viande avec rapidité, la faim se réveillant malgré que son estomac se serra un peu.

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