Narcissistic, my god I love it ((Xiulan))

Identité : Yǐn (尹), l'ombre d'une influente famille de sorciers chinois, pouvoir et prestance, une façade dorée parfaite pour une arrière-scène de secrets et de corruption. Le pouvoir ne se préserve pas sans crimes et sacrifices, l'essentiel est juste d'à jamais le couvrir aux yeux de la société, que jamais la vérité n'éclate ; et pour préserver la pureté de leur nom, elle a aussi appris à mentir. Xiulan (秀兰 ou 秀蘭 en chinois traditionnel), c'est un des beaux paravents, les promesses liées à son nom, belle et élégante, chimère d'une délicatesse pure parant ses épines. Comme l'orchidée, elle est synonyme de splendeur, masque parfait d'une exquise illusion que nul ne devrait percer à jour.

Date et Lieu de naissance : Enfant du 21ème siècle, Xiulan naquit au mois d'octobre 2000, le 22, au milieu d'un sec automne dans la ville de Wuxi en Chine, aux abords de Shanghai, elle était à la fois l'enfant de l'attente et de la déception. 21 années, les cendres des espoirs de sa famille, la fille remplacée en quête de vengeance.

Statut civil : fiancée à un riche héritier d'une lignée de sangs-purs qui sait pourtant que leur alliance n'est qu'une farce pour les apparences. Xiulan est libre, fausse innocente, chacune de ses conquêtes est stratégique plus que sentimentale. Qu'importe le genre, elle tirera profit de ses atouts si elle en a l'occasion et peut en tirer un bénéfice, que celui-ci soit des avantages sociétaux, ou la porte d'entrée pour faire tomber une nouvelle famille.
En réalité, son cœur ne bat que pour les femmes, elle a la profonde certitude d'avoir toujours été lesbienne, et si pour le bien de ses ambitions il est préférable qu'elle se tienne loin de se retrouver enchaînée à une autre belle jeune fille... Mais il faut bien que quelqu'un se mette en travers de ses plans, n'est ce pas ?

Scolarité : elle s'est habituée à la vie aux dortoirs de la maison de Serpentard, même si tout présageait d'apparence qu'elle avait un cœur à se retrouver à Serdaigle. Créative et avide de savoir, sérieuse et obéissante, la magie a pourtant bien vu en elle l'ambition, la manipulation, et les embruns d'une sombre révolte grondant en elle. Elle sera en 5ème année à la rentrée, dernière ligne droite pour obtenir ses ASPICs et s'orienter dans le cursus de droit magique qui l’intéresse tant. Elle a également intégré le club de journalisme, ayant eu tôt fait d'apprendre que l'on pouvait extorquer des informations très intéressantes par ce biais.

Profession : étudiante vivant encore de l'argent envoyé par ses parents. Iels lui ont été cruel-les toute sa vie, mais il faut croire qu'il reste en elleux plus d'attachement à elle qu'elle n'en a à leur égard. Qu'à cela ne tienne, elle profite de la situation tant qu'elle le peut.

Baguette magique : une longue baguette en bois de vigne, avec en son coeur une épine du monstre du fleuve blanc particulièrement rigide, à l'image de l'ambition et de l'élégance de sa possesseuse.

Famille : Elle a un frère cadet, le fameux irremplaçable, celui qu'elle a toujours jalousée pour l'attention et l'affection qu'il recevait, mais pour qui elle éprouve désormais une profonde pitié. Lui, il est prisonnier de ses parents, de ses oncles et tantes, des grands-parents, des cousins et de toutes les attentes du Witan... Elle elle est libre, elle a rongée ses chaînes, et de là où elle l'est elle sait que d'elleux deux, il est le plus malheureux.
Le reste de sa famille sont toustes membres de la branche chinoise du Witan, des sangs-purs élitistes assoiffés de haine pour les moldus, voir ceux au sang qu'iels jugent "impur" auxquels elle ne se veut plus associée. Elle avait un semblant d'affection et de désir de recevoir leur amour il y a encore quelques années, mais ces choses-là sont maintenant mortes définitivement.

Hérédité du sang : le sang prestigieux des Yin coule dans ses veines, celui d'une lignée de sang-purs ultra élitistes enviée et jalousée à la façade quasi parfaite, vitrine modèle de ce que l'on attendrait de telles familles dans le monde. Derrière le rideau, la fin justifie toujours les moyens, tous les crimes sont permis à condition que nul ne l'apprenne... Des siècles que l'image tient, pour combien de temps encore ? Peut-être que cette association au Witan ces dernières années leur coûtera finalement leur prestige... et avec un peu d'espoir leur liberté ou la vie.

Caractère : Son extérieur est celui d'une jeune femme courtoise et accessible, élégante mais peu prompte au jugement, curieuse fée à apparence humaine aux doux sourires et toujours prête à porter assistance. D'une apparence innocente et curieuse, il est aisé de baisser sa garde avec elle tant elle dégage vite cette fausse candeur qu'on semble trouver sous ses airs de fille de famille noble un peu pincée. Plutôt sage, de bon conseils, elle s'investit toujours au mieux dans la réussite des autres étudiant-e-s autour d'elle semblant avoir des difficultés. Créative, assidue, sérieuse dans ses études, aucun point noir majeur ne semble apparaître dans le portrait qu'on peut brosser d'elle.
Personne ne sait pour la jeune femme impitoyable et manipulatrice, celle qui feint la douceur pour s'attirer sympathie et allié-e-s, d'une curiosité faussement innocente pour arracher à autrui un maximum d'information. La fin justifie aussi les moyens chez elle, les sacrifices sont tous à faire si le prix est obtenu au bout du compte. Calculatrice, ordonnée, elle planifie minutieusement chacun de ses coups comme si la vie n'était qu'un vulgaire échiquier, et chaque individu un pion dans ses mains.
Sans coeur, diront ses parents alors qu'elle n'est qu'à leur image, seulement consciente de jusqu'où tout cela mène. En son fort intérieur elle ne souhaite que les détruire, que renaître de ses cendres et obtenir sa vengeance. Revancharde, elle ne prétend même pas être capable de pardon, une erreur en est une, et elle est toujours la première et la dernière. La confiance de Xiulan s'obtient difficilement et se perd en l'espace d'une seconde, ce n'est pas une personne qui a des ami-e-s, que de potentiels allié-e-s, que des pions... Ou alors, peut-être qu'elle a des ami-e-s, de fragiles amitiés cultivées avec des personnes qui n'ont rien à voir avec ses plans, qu'elle utiliserait pourtant avec regret si la situation le voulait. L'affection est une chose, son but en est une autre qu'elle priorise... pour l'instant.

Patronus : son patronus prend la forme d'un jeune qilin, comme celui qu'elle a vu enfant, une créature mi-cerf mi-cheval avec une corne unique sur le front, et un mélange de pelage et d'écailles. Symbole d'harmonie et ne résidant que dans les lieux calmes et en paix, sa simple vue lui a toujours procuré le plus pur des bien-êtres. Ainsi, il est aussi devenu celui voué à la protéger.

Miroir de Risèd : elle se tient sur les cendres de l'empire de sa famille. A quoi bon obtenir leur amour et leur pardon ? Tout ce qu'elle veut c'est que les familles de sang-pur traînant dans la magie noire et potentiellement associées au Witan tombent, que les secrets de chacun soient révélés, la vérité nue et les sanctions appropriée pour chaque être corrompu à la tête du monde sorcier. Si elle doit elle aussi tomber, elle tombera, mais elle fera tout pour entrainer les autres dans sa chute.

Epouvantard : la haute stature de son père, le bureau sombre, le pupitre sur lequel reposent plusieurs documents, et le silence. Elle est revenue en Chine, prisonnière à jamais, réduite au silence par serment inviolable après qu'il ait découvert qu'elle avait volé des papiers confidentiels pouvant faire tomber les Yin et plusieurs autres familles de sang-pur à travers le monde. Elle est la honte de la famille, et iels s'arrangeront pour qu'elle finisse sa vie humiliée, enfermée et incapable seulement de se libérer d'une quelconque manière.

Particularités : A toujours un coup d'avance sur les autres.
Danseuse classique de talent s'étant échappée de sa boule de neige en verre.
Fashionista, elle ne sort jamais sans un accoutrement un tant soit peu élégant.
A probablement des tendances pyromanes, un peu trop attirée par les flammes pour son bien.

Qui es-tu ? : Koala (il/iel), raton laveur-koala breton de 21 ans dont les principaux crimes semblent être son goût pour la K-Pop et la J-Pop... quand on ignore sa passion pour les Vocaloids depuis une décennie (Hatsune Miku mon amour), et les 350 anime finis recensés sur son compte Myanimelist.

Faceclaim & Crédits : Song Yuqi, les crédits sont dans le profil meh eh eh

Trigger Warnings : De manière générale, pas de psychophobie, ou de trucs autour de violences sexuelles svp. Sinon, si vous mettez un TW en début de message généralement tranquille, mais si c'est un truc vraiment hardcore on en parle avant !
Les TWs autour de Xiulan sont les suivants : incendie, manipulation, pression familiale, élitisme, magie noire. Evidemment, certains seront peu abordés, d'autres plus récurrents

Un petit plus ? : maybe on prévoit des plans maléfiques avec des gens qui se reconnaîtront.  

It's awkward, I couldn't even make eye contact with myself
Being patted will always remain in my memory

Une journée entière, vingt-quatre heures n'étaient jamais assez pour remplir toutes les tâches imposées dans la famille Yin. Chaque seconde semblait mesurée pour être dédiée à une quelconque action qui aurait du sens, elle avait été modelée dès le plus jeune âge pour obéir et exécuter comme une machine dépourvue d'émotions.
Xiulan n'avait jamais manquée de rien, disait on. Pour tout ce qui était matériel, elle avait toujours mangé à sa faim, les mets de la meilleure qualité, s'était toujours drapée des plus beaux tissus, avait toujours obtenu tout ce qu'elle souhaitait à ses fêtes quel que soit le prix. Bambin prodige, elle avait parlé très tôt, disaient ses parents, qui vantaient également la vitesse à laquelle elle avait sut se mettre sur ses deux jambes pour pouvoir marcher. En réalité, les dates de ses tous premiers mots comme de la première fois qu'elle avait pu se lever changeaient en fonction des interlocuteurs dans le seul but qu'elle soit une enfant apparaissant meilleure que les autres.
Meilleure que les autres, si elle ne l'était pas alors elle n'était rien. Chaque erreur et chaque mauvais pas devenait les plus terribles tragédies de sa vie entre les murs froids de la demeure des Yin. C'était la pire chose pour ses parents, mais aussi la pire pour elle à qui on avait instillé cette obsession d'une perfection imaginaire dès les premiers souffles.
Modelée à la convenance de sa famille et des attentes de la société sorcière des sang-purs alliés venant de tous coins du monde, elle n'était jamais qu'une petite poupée docile d'une aristocratie qui ne donnait pas son nom. Derrière une vitrine, elle restait immobile, lèvres scellées comme une belle sculpture trop réaliste, jolie chose innocente qui ne laissait entendre sa voix qu'en ayant l'autorisation de ses parents. Et toute jeune déjà, elle avait eu ce langage fleuri, polie et courtoise qu'importe les tests des rivaux de sa famille. Son échec, c'était un échec pour les Yin, elle se devait d'être parfaite, toujours parfaite, irréelle autant qu'il était possible de l'être.
Il y avait quelque chose de presque effrayant dans le regard presque vide de cette toute petite fille, aussi docile qu'une marionnette, comme s'il n'y avait pour commencer jamais eu d'âme derrière ce regard ombré par de longs cils élégants. Elle ne semblait jamais s'énerver, jamais pleurer, quand elle tombait elle restait silencieuse, se relevait et s'excusait de sa maladresse, imperturbable plus qu'elle aurait dû l'être pour une enfant de cet âge.
Xiulan était selon les descriptions des membres de sa famille, la fameuse représentation humaine de la perle noire des légendes chinoises autour des débuts de la civilisation. Elle était à elle seule une représentation de la sagesse, comme si elle avait été offerte à ses parents par les dragons des mythes, comme si elle-même était un morceau de ces mythes. Et qui aurait pu affirmer le contraire ? L'enfant n'était pas seulement sage, elle était aussi douée, déjà bilingue, pianiste, danseuse classique, et une émérite joueuse d'échecs sorciers. Comme pour observer un animal de cirque, on se massait à chaque partie pour la regarder jouer face à des enfants plus âgé-e-s ou des adultes curieux de pouvoir écraser cette arrogante petite génie. On l'admirait autant qu'on souhaitait la voir partir en cendres.
Et la petite l'avait compris trop tôt, que les gens pouvaient avoir de très mauvaises intentions, qu'il fallait faire preuve de prudence, et plus que tout elle savait la douleur qu'était celle de ne jamais être assez. Elle n'était jamais assez bien pour ses parents, courrait après l'espoir naïf de recevoir quelques félicitations, quelques notes d'affection entre certains présents, ou de seulement pouvoir passer du temps avec sa famille... Mais si elle avait toujours eu tout ce qu'elle voulait d'un point de vu matérielle, sentimentalement elle n'avait jamais été qu'une enfant maltraitée par l'extrême élitisme familiale et l'extrême froideur de tous ces monstres aux visages parfaits.




I wonder if I could love you
I don't know anything, I'm clumsy
And I'm just crying because I don't know better

La glaciale demeure qui avait vue naître Xiulan était devenue plus froide qu'auparavant à la naissance de son jeune frère. La société sorcière chinoise autorisant un second enfant en fonction des familles, il était normal que ses parents aient souhaité un jour tenter leur chance, mais elle n'aurait jamais pensé que ça arriverait. Il lui avait semblé être parfaite, être l'enfant attendue, on lui avait dit qu'elle était la perle noire, qu'elle était la sagesse, mais cette sagesse avait peut-être depuis toujours voulu dire qu'elle allait devoir céder sa place.
Sept ans plus jeune qu'elle, le deuxième enfant des Yin devint aussi le seul centre d'attention de tous les yeux, et, plus étonnant, aussi le centre de l'affection des adultes. Quelle cruauté cela fut il pour l'aînée que de découvrir sa mère et son père capable de toutes ces choses, d'avec les années qui passaient apprendre qu'il y avait quelque chose chez elle qui faisait qu'elle n'était pas aussi bien que lui. Avait elle parlé plus tard ? Marché plus tard ? Apprenait il plus vite et mieux ? Pourtant il faisait beaucoup de crises de colères, désobéissait parfois, et, mortifiée, il tournait en boucle dans sa tête des pensées comme "mais moi j'étais sage, moi j'ai toujours obéit, vous n'avez même pas eu à beaucoup me punir". Pourtant il y avait toujours des choses qu'il obtenait qu'elle n'avait jamais obtenue.
Si elle avait reçu ses gifles pour des erreurs, des propos déplacés ou un quelconque soucie de comportement, il se faisait simplement gronder. Certes, il avait eu la même éducation stricte qu'elle sur quasi tous les points, mais ce "quasi" c'était bien là que le bât blessait.
Xiulan, elle avait passé une partie de son enfance à chercher ce qui faisait qu'il avait pris sa place, parce qu'on lui avait dit qu'il y avait toujours des raisons. Mais elle ne trouvait rien, elle s'efforçait de faire de son mieux, mais en société même elle n'était plus la petite créature à observer, un second choix, dans l'ombre du morveux de sept ans son cadet.
Elle le détestait. Elle ne voulait pas être sa sœur, elle n'avait jamais cherché à tisser de liens, se contentant d'être cette présence fantôme glaciale qui le dévisageait comme s'il avait fait une mauvaise chose. Il lui avait volé sa place, et elle ne savait pas pourquoi. Qu'avait il de plus qu'elle ? C'était juste un morveux pathétique banale, et elle finirait par le prouver.




Peek-Peek-A-Peek-A-Boo
A fox who wants to have fun, that’s me

La famille Yin faisait dans la magie noire depuis toujours, mais n'avait jamais vraiment eu d'affiliations très claires. Avant tout, iels agissaient dans leur seul et unique intérêt, tout simplement. Les anciens disaient qu'on ne gagnait jamais à se mettre en équipe, et qu'on ne pouvait faire confiance qu'à soit-même. C'était vrai, Xiulan avait noté en grandissant.
Frêle adolescente qu'elle était, à n'organiser ses journées que selon les désirs de ses parents, elle avait eu le loisir de découvrir et comprendre certains derrières de la scène. En revenant de ses cours de danse, elle passait souvent plusieurs minutes à espionner les conversations téléphoniques de son père, ou les quelconques réunions qu'il avait avec ces personnes qui toujours rapportaient d'étranges objets magiques. Les artefacts, comme avait expliqué le précepteur privé de l'aînée des Yin, émanaient toujours une certaine énergie magique, et certains étaient plus dangereux que les autres. Elle l'avait sentit certaines fois, qu'il y avait quelque chose de très puissant dans ces objets, plus qu'à l'accoutumé, sensible aux énergies magiques depuis l'éveil de ses pouvoirs.
Elle avait été une déception en tant que sorcière. Il était commun de dire qu'elle aurait dû avoir ses pouvoirs plus tôt, mais sa première manifestation magique avait dû attendre sa douzième année après que les adultes aient vraiment envisagé qu'elle soit une cracmol. Tout le monde avait ses pouvoirs à dix ans au plus tard, si elle ne les avait pas eu à ce âge c'était qu'il y avait un soucie chez elle ! Peut-être qu'elle n'était qu'une sous-sorcière, ou pire, une pauvre fille dépourvue de pouvoirs, dans tous les cas une honte pour la famille. Et même si le réveil tardif de ses habilités n'avaient en rien entravé son talent et son affinité particulière avec la magie, elle était tout de même devenue une honte.
C'était ridicule, mais comment aurait elle pu le savoir depuis sa prison dorée ?
Elle était donc devenue une enfant plus ou moins cachée, comme chacun avait honte du "retard" dans la manifestation de ses pouvoirs dans une famille où tout le monde était précoce. Les quelques rumeurs avaient abimés l'image de la lignée entière, certaines personnes avaient même sous-entendu qu'elle n'était pas la fille de son père, parce que rien d'autre n'expliquait qu'elle s'illustre ainsi comme une anomalie.
Danseuse prodige, oratrice de talent, sans cesse félicitée pour ses prouesses intellectuelles et magiques, rien n'avait jamais effacé ce fâcheux détail qui l'avait éloignée d'autant plus de son espoir d'obtenir l'amour de ses parents, ou au moins un qui serait équivalent à celui octroyé à son frère.
Mais l'âge l'avait rendue intellectuellement plus éclairée, plus apte à silencieusement remettre en question certaines choses. Écouter aux portes ou s'infiltrer fouiner dans le bureau des membres de la famille n'était certainement pas quelque chose d’autorisé... mais tout cela lui avait permit d'apprendre et de comprendre plus de choses qu'elle n'aurait dû.
Xiulan avait pris plaisir à développer sa propre piste de jeu pour découvrir les secrets de la famille, espérant par-là parvenir à trouver ce qu'elle devrait rectifier chez elle, ce qu'elle devrait faire pour obtenir de l'attention et de l'amour. Discrète et furtive comme une petite renarde, elle avait ainsi appris l'adhésion récente de sa famille à une organisation sous le nom du Witan, la raison de certains voyages d'affaires qui étaient en réalité pour rencontrer l'Oracle, lui prêter allégeance et se mettre en contact avec plusieurs personnes influentes y étaient liées.
Morceau par morceau, elle avait donc appris que certaines personnes passant au manoir étaient associées à cette histoire, guettant leurs discussions évoquant de la magie noire, la destruction de l'équilibre entre le monde magique et le monde moldu, ramener à la vie une certaine sorcière prénommée Morgane, et ramener une terre perdue qui correspondrait à un idéal partagé par les membres du Witan. Elle entendait parfois que c'était aussi pour sauver la nature, les créatures massacrées pour conserver le secret, et rétablir des histoires de pureté de sang.
Sa famille s'était beaucoup engagée dans la collecte d'objets dangereux en tout genre, et des rituels sombres pratiqués après l'heure du coucher auxquels elle assistait par le trou d'une serrure dans sa robe de chambre, pieds nus foulant le sol froid. Elle n'était pas certaine exactement de qui était qui selon les passages de chaque membre du Witan au manoir des Yin, mais la large majorité des invités ne parlaient pas un mot de mandarin, parlant largement l'anglais ou quelques autres langues qu'elle ne connaissait pas vraiment.
Elle savait qu'il y avait des documents dans le bureau de son père, cachés dans un tiroir à faux-fond fermé à clé et par un sort, la clé se trouvant derrière les livres de la deuxième bibliothèque de droite, à la troisième rangée en partant du bas. Elle avait eu besoin de beaucoup de temps pour savoir tout cela, beaucoup de prises de risques dans son espionnage, plusieurs années également pour déterminer la nature du sort, en réalité des runes anciennes qu'il fallait absolument défaire pour obtenir les papiers au risque de déclencher un mécanisme de défense qui alerterait le propriétaire.
Oh, Xiulan elle ne s'était jamais rebellée en face, elle avait toujours été silencieuse, parfaite sous les regards d'autrui. C'était ainsi qu'elle avait été élevée, obéissante petite marionnette au service de l'image d'une famille qui la délaissait. Pourtant, il germait parfois dans son esprit des idées folles... Et si elle volait les documents ? Qu'y trouverait elle ? Quels secrets résidaient encore dans le faux-fond de ce tiroir ? Quelles choses ignorait elle encore ?
Elle n'avait plus de temps pour avoir un quelconque ressentiment envers son détesté petit frère, celui-ci étant de toute façon trop jeune pour comprendre tout ce qui se tramait, dormant paisiblement aux heures où se faisaient les choses les plus sombres. Il était devenu sage, il était devenu comme elle : vide. Et peut-être que quand elle avait le temps d'y penser, elle avait pitié de lui. Un jour il saurait, ou peut-être pas. Si elle n'avait jamais eu une quelconque frustration en elle, un quelconque sentiment d'injustice, peut-être que pour commencer elle n'aurait jamais chercher à comprendre ou vouloir percer de quelconques secrets familiaux.
Mais les choses étaient ainsi, elle était déjà une curieuse petite jeune fille en possession d'informations qu'elle n'aurait jamais dû avoir, et il n'appartenait qu'à elle de décider quoi en faire. Les années suivantes détermineraient ce fameux choix.




After a long time
I just became an adult
By the time you find it out
Now I can laugh and say
I think...
I liked it

L'arrivée de la majorité de Xiulan marqua aussi son départ pour l'école de magie de son pays, mais aussi pour la première fois où son père sembla commencer à lui instiller les idées du Witan, probablement dans le but d'un jour l'y intégrer, comme encore convaincu qu'elle serait assez docile pour tout enregistrer et accepter sans questions.
Fiancée lors de sa dix-huitième année à un garçon plutôt timide de bonne famille, il ne lui fut pas compliqué de subtilement l'écraser et prendre le contrôle du duo. Elle ne se marierait pas avec lui, sauf s'il était préférable de le faire pour ses propres intérêts, elle ne l'aimerait jamais, et elle ne lui ferait pas d'enfants, les cartes étaient déjà posées. Au fil des mois elle l'avait terrorisé à demi-mots, manipulé et contraint au silence pour lui imposer ce qu'elle préférait, tout cela sans que jamais les apparences ne se fissurent. Il était dans son intérêt à lui aussi de jouer le couple parfait, pour ne pas passer pour un homme faible et ternir l'image de sa famille.
Elève modèle toujours dans le top de sa promotion, elle savait toutefois que seul le numéro 1 avait du sens à ses parents. En dessous c'était mauvais, en-dessous c'était ceux qui ne méritaient pas le nom de Yin. Et elle faisait mine d'en être inquiète, souffrait de la pression, mais gardait ses lèvres scellées pour cacher son sentiment secret, celui qui lui disait qu'au fond, ce n'était pas important parce que chaque année passant elle rêvait toujours plus de tout ruiner.
Son désir d'amour et d'attention s'effritait, sa jalousie pour son frère aussi, le tout laissant place à un instinct destructeur que l'on n'aurait sut décelé sous son image parfaite. Personne ne la connaissait, personne ne devinait en elle les flammes et la violence. Seul son fiancé et ses ennemi-e-s entrevoyaient parfois quelque chose en elle qui leur glaçait le sang, leur arrachait un frisson de terreur après avoir croisé ce regard sombre et impérieux.
Il était loin le temps de sa relative innocence, de ses espoirs vains, de la sagesse qu'on lui avait autrefois prêtée. Maintenant tout n'était qu'une farce ridicule qu'elle entrevoyait toujours mieux, avide d'apprendre toujours plus sur les magouilles de tout le monde, s'entraînant à l'école de sorcellerie à débouter divers plans et piéger des camarades dans le seul but de tester ses capacités. Son terrain de jeu suivant fut les galas, où elle participa à révéler plusieurs scandales, des infidélités, des corruptions honteuses et d'autres petites histoires qui mettaient bien à mal ses victimes. Elle était devenue crainte, elle était devenue reine, un masque de douceur cachant le serpent derrière la brebis.
Elle faillit toutefois perdre à son propre jeu quand elle se fit surprendre en 3ème année puis agresser par deux garçons de bonne famille, ceux-ci ayant notamment découvert son inclinaison pour les femmes et ses tendances à espionner tout le monde. Prise à son propre jeu ? Oh, ce n'était en réalité pas vraiment le cas. Ou bien ça l'était mais elle l'avait tourné à son avantage.
Xiulan, elle avait toujours un coup d'avance sur les autres. Xiulan elle savait que les parents de leurs familles respectives iraient s'entretenir pour forcer les jeunes à se réconcilier. Xiulan elle savait qu'on ne la laisserait jamais tranquille après un mauvais pas. Xiulan elle avait fait exprès de se faire prendre, sachant très bien qu'on la mettrait face à ses bourreaux qu'importe les blessures infligées.
Elle détestait avoir tord si c'était pour exposer ce côté froid qu'avaient sa famille d'ainsi la traiter pour préserver leur propre image. Elle les détestait de l'obliger à faire face à ses agresseurs.
Elle s'était excusée en dus termes, les avait laissé filé, et tout le monde avait baissé sa garde. Puis quelques soirs plus tard, lors d'un gala, le bâtiment avait pris feu, le père Yin trouvant à l'étage sa fille allumettes et bidons d'essence à la main, organisant sagement la progression du feu. Faisant mine de l'avoir sauvée des flammes, il la présenta comme une victime malgré les suspicions des autres rescapé-e-s, inventa tout ce qu'il pu pour sauver la face de sa famille.
Quelques jours après, son dossier fut transféré pour Poudlard sous excuse de se remettre de l'incendie et d'un échange scolaire pour parfaire sa maîtrise de l'anglais, et elle fut froidement abandonnée au Londres magique aussi tôt qu'il fut possible après d'interminables sermons. Elle devait se racheter et réfléchir à ce qu'elle avait fait, et elle avait feint être heurtée, triste, blessée, feint le regret alors qu'elle jubilait encore de la simple vue des flammes sous ses yeux, de la simple idée que les personnes qui s'en étaient prises à elle avaient été assez amochées pour garder les traces à jamais.
Emménageant ensuite seule dans un luxueux appartement de la capitale anglaise et payé par sa famille, elle trouva en ouvrant sa valise une pile de papiers. Ces documents n'étaient pas moins que les fameux documents secrets du Witan volés dans le bureau de son père, avec divers noms et des informations sensibles à propos de plusieurs membres impliqués qu'elle avait volés juste avant de se rendre au gala. Dans la précipitation pour faire taire les rumeurs quant à sa culpabilité dans l'incendie et celle pour l'exiler au Royaume-Uni, personne n'avait songé à ces précieux papiers... Et maintenant il n'appartenait qu'à elle d'en faire ce qu'elle voulait.




I'm just curious sometimes
After all this time that I ran hurriedly
The easе that I've gained little by littlе
What would we be like if it was different ?

La 4ème année de Xiulan se fit sans vagues, parce qu'avant tout elle avait toujours cet air parfait, parce que personne ne pouvait se douter de ce qui pouvait y avoir au fond de son crâne si déjà nul n'avait idée de son implication directe dans le fameux incendie qu'elle prétendait l'avoir traumatisée.
Ses échanges épistolaires avec sa famille ne furent que froideur et prétention tandis qu'elle jouait le jeu de la pauvre fille manipulée et blessée qui regrettait amèrement son geste. Presque ironiquement, la personne avec qui elle échangea le plus fut son jeune frère pour qui elle avait définitivement abandonné toute rancune pour ne plus y laisser qu'un mélange d'affection et de pitié. Du haut de ses vingt-et-un ans, elle en sait certainement plus qu'un adolescent de quatorze bougies qui voient encore ses parents comme des saints. Que pensera t-il quand il les saura baigner dans diverses magouilles et de la magie noire ? Nul ne le sait, peut-être qu'elle a peur pour lui, de sa réaction, de ce qui se passerait s'il réagissait... Elle se demande aussi si adulte il intégrera lui le Witan sans se poser de questions. Elle se demande ce qu'il adviendra de son innocence.
Les documents sont toujours en sa possession, pour une certaine raison son père ne la soupçonne pas de les avoir volés. C'est presque trop beau pour être vrai, elle a le sentiment de pouvoir en faire ce qu'elle veut... Mais rien ne certifie qu'il n'y a pas d'espions pour la surveiller, qu'elle n'est pas placée sans l'attention de quiconque, même si plus que tout il la démange d'user de ses connaissances pour faire gronder un scandale qui mettra bien à mal une partie de la communauté sorcière. Mais patience est maître de vertu, et elle collecte tranquillement des liens divers et la confiance d'autrui pour construire ses réseaux afin que si les documents fuitent, personne ne puisse échapper aux informations.
Et quand ça arrivera, elle pourra enfin sourire sur les cendres de sa famille détruire, jubiler autant qu'elle a pu le faire lors de ce fameux incendie. Les flammes sont une des plus belles choses qu'elle n'ait jamais vu.