You have the right to remain silent. (Persiflette)

22 mai 2023

La convocation du bureau des aurors lui avait fait froid dans le dos, suffisamment pour que le sujet Fergus ne refasse pas surface tout de suite en dépit du nombre de fois où elle avait croisé l'écossais en trois semaines. Qu'allait-on trouver à lui reprocher encore ? Le premier réflexe de la jeune femme avait été d'adresser un hibou à sa mère, qui était sans doute la mieux placée pour apaiser ses inquiétudes mais celle-ci avait fait silence radio, ce qui acheva d'inquiéter Miss Fogg. Soucieuse de ne pas en rajouter à son frère  @Persée Fogg après ce qu'il avait déjà subi à cette stupide marche des libertés, Perséphone se trouva contrainte de ruminer le sujet dans son coin.

Elle aurait sans doute pu s'ouvrir à  @Haruka Yard ,  @Freya Korrigan ou Blake ( @Edel Almadovar ) mais elle n'en fit rien et les jours s'écoulèrent à une lenteur désespérante jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que deux, qui s'envolèrent en un battement de cils, la précipitant vers ce rendez-vous qui ne pouvait qu'être désagréable.

Elle se fit accompagner jusqu'au Bureau des Aurors, cherchant sa mère du regard mais elle ne la trouva pas. Elle allait interroger un de ses coéquipiers quand un autre auror l'intercepta.

« On vous attend en salle 2. Je vous accompagne. »

Elle fronça les sourcils, persuadée que celui-ci avait quelque chose contre elle mais au lieu de le lui avouer de but en blanc...

« Vous avez toujours porté la moustache ? », fit-elle plus pour faire redescendre la pression qu'autre chose, même si franche, qui portait une moustache de ce genre à notre époque ?
« C'est l'auror Clearwater qui va mener l'interrogatoire. »
« Quoi ?! », lâcha-t-elle, devancée par sa surprise tandis qu'il lui ouvrait la porte prêt à la pousser à l'intérieur s'il le fallait.
« Un problème ? »
« Non pas du tout, c'est ju- »
« Parfait alors. »

« ... ste une très mauvaise idée... »

La porte se referma sous son nez et il lui fallut cinq bonnes secondes pour se retourner et faire face avec un sourire désarmant.

« Hey... »

Dire qu'elle avait cogité au point d'oublier le petit mot qui était toujours dans la poche de son jean, malgré quelques lavages. Maladroitement, elle vint s'asseoir face à lui, dans cette pièce volontairement mal éclairée. Elle s'était toujours demandé pourquoi d'ailleurs. Le crissement des pieds de la chaise sur le sol lui hérissa le poil. Elle s'installa face à lui ne sachant trop que faire de ses mains.

Ce n'était pas qu'elle avait oublié la marche des libertés et cette superbe blonde ( @Dawn Nightingale ) avec qui il était si complice, mais bien malgré elle, elle avait un petit quelque chose pour ce type-là. Ce qui en revenait bien à ce qu'elle avait essayé de dire à l'autre moustachu : cet interrogatoire était une très mauvaise idée.

« Okay. », répondit-elle mortifiée tant par l'idée qu'elle était à nouveau soupçonnée de quelque chose que parce qu'elle n'arrivait pas à s'enlever certaines choses de la tête. Il lui posa quelques questions pour démarrer et en même temps qu'elle essayer d'y trouver une réponse, elle continuait de trouver que décidément, c'était bizarre cet interrogatoire tous les deux... « Euh... dans Poudlard il me semble... je suis sûre même, j'étais dans la salle commune de Serdaigle et je cherchais mon frère. Il doit y avoir quelques étudiants pour corroborer. Styles, peut-être Howell. J'avoue que je me rappelle plus très bien. », elle n'était pas hyper physionomiste, encore moins en passant en coup de vent dans une pièce, « J'étais avec toi. », fit-elle de but en blanc, son regard plongeant longuement dans le sien. Elle n'aurait su dire si c'était qu'elle était vexée, stressée ou si c'était une petite pointe de rancune qui lui avait tiré les mots de la bouche. Un instant elle essaya de se raisonner en se disant que c'était dans sa tête depuis le début mais petit mot dans sa poche - elle y repensait maintenant - mettait en l'air toute idée raisonnable et mesurée qu'entre eux il n'y avait rien du tout. Enfin, si, concrètement il n'y avait rien, elle voulait bien le reconnaître. « Et ensuite je suis rentrée avec ton père et Luke Korrigan, mon directeur de maison. »

Les questions suivantes furent d'un genre différent. Un instant elle se demanda si ses premières réponses étaient nulles au point qu'il avait dû rabaisser le niveau.

« Franchement : des gens répondent oui à ça ? », répondit-elle spontanément avant de se ressaisir. Qu'importait les réponses des autres quelque chose lui disait qu'elle avait intérêt à répondre quelque chose d'un peu plus élaboré ou au moins de clair, « Non. J'ai jamais fait de magie noire. »

Il grimaçait maintenant. Perséphone fronça les sourcils, se demandant ce qu'il allait lui sortir mais cette fois, la question lui parlait plus.

« Eh bien... oui. La Coupe était en Roumanie l'année dernière. En tant que joueuse pro, il faut qu'on me voit sur ce genre d'event, même si je ne joue pas. Pour ma carrière. Mon coach peut te donner la liste de tous mes déplacements pro sur les quatre dernières années. C'est pas énorme mais de tête, je vais en oublier à tous les coups. », elle espérait bien que ça n'allait pas lui porter préjudice mais elle glissa tout de même la carte d'Aerius Warwick, ancienne star de la batte à l'internationale.

Et puis, sans crier gare, Fergus envoya valser sa petite fiche violette. Perséphone ne put s'empêcher de relever qu'au moins le bureau des aurors essayer d'égayer un peu son travail. S'il fallait, ils avaient aussi des post-it arc-en-ciel qu'ils réservaient aux thérapies de reconversion des mages noirs. Non, c'était complètement con comme idée. Ça le ferait peut-être sourire. Plus tard.

Voilà qu'il lui proposait à boire maintenant. C'était l'occasion rêvée de revenir sur ce petit mot. Quelque part c'était lui qui avait amené le sujet, ça la ferait un peu moins passer pour le genre de filles monomaniaques qu'elle ne voulait surtout pas avoir l'air d'être.

Elle passa la main dans ses cheveux pour se donner de l'allure avant de se lancer mais il avait toujours plus de questions.  Mais cette fois c'était des questions d'ordre plus privé. Elle eut un petit sourire incrédule en le voyant rougir. Non, il n'était pas en train de la leurrer pour lui extirper des infos, ou alors il feignait drôlement bien. Après tout c'était le travail des aurors. La poursuiveuse ne voulut cependant pas croire à cette explication. Peut-être parce qu'elle le trouvait craquant à tourner comme un lion en cage, tantôt la confrontant, tantôt fuyant son regard. C'était déjà ce qui l'avait accroché la première fois.

« Gryffondor n'a pas démérité, ça a surtout été une question de chance. Je peux te poser une question moi aussi. », elle attendit un petit instant avant d'enchaîner, « Pourquoi ce mot ? », s'il ne voyait pas de quoi elle parlait, elle abdiquait définitivement. A son tour de sentir ses pommettes se rehausser légèrement. Son hâle naturellement doré se teinta légèrement, elle se mordit la lèvre regardant sa manucure pour se donner du courage, « Enfin je veux dire : je t'ai vu avec cette fille à la manif, vous aviez l'air assez proches... »

Sous entendu, tu comprendras pourquoi je n'ai jamais donné suite. Mais étaient-ils suffisamment sur la même longueur d'onde pour cela.

« Je veux dire... je comptais te répondre à la base... »

Elle suspendit la fin de sa phrase. Etait-ce bien la peine de développer ? De toute manière, Fergus apportait justement un petit interlude imprévu. La jeune femme écarquilla quand les yeux le petit récipient terminer sa chute juste devant elle. Etait-il mal à l'aise à ce point ?

« Laisse je vais - », leurs mains s'effleurèrent comme elle espérait anticiper et se servir elle-même, « Merci. »

Sa mère lui avait toujours vivement recommandé de choisir le thé plutôt que le café du Ministère qui, apparemment était un véritable jus de chaussettes...

Le regard de Perséphone glissa sur le côté, rehaussé par une petite ride du lion sceptique. Etait-ce bien ce qu'il avait voulu dire ou était-ce une forme de maladresse poussée à l'extrême ? Spontanément, elle avait bien envie de mettre ça sur le compte de la bourde. Ca cadrait bien avec le reste du personnage et cette petite manie de prendre la tangente dès que quelque chose les rapprochait du flirt. Quand il se sentit obligé de préciser "en ami" elle réprima une douce envie de rigoler, posant son poing sur sa lèvre inférieure tout en le dardant du regard.

« Oui je vois le genre, je suis pareille avec mon meilleur ami et c'est vrai que pour les autres ça prête à confusion parfois. »

A tel point que leurs coaches respectifs avaient pris l'habitude d'en jouer.  De leur côté, ils se contentaient d'éluder ou de donner des réponses courtes pour ne pas saboter leurs plans mais si les médias avaient su, ils auraient déchanté dans la minute. Oui, que ce soit lui ou elle, quand ils disaient non, on est juste amis, il ne fallait pas chercher plus loin.

Dans la foulée, Fergus achevait de dissiper tous ses doutes, se décrivant lui-même comme plus ou moins maqué à son boulot. Elle fronça les sourcils. Comment le métier d'auror pouvait être d'un ennui mortel ? Pour ce qui était de lui, même si elle avait du mal à le croire sur parole, elle ne le connaissait pas assez pour le contredire et de toute manière il renvoyait déjà la balle, s'imaginant qu'elle avait quelqu'un voire l'embarras du choix.

« N- Maman ?! »

La porte s'était ouverte à la volée, lui coupant la chique juste au moment où elle s'apprêtait à jouer carte sur table. Le pire c'était qu'elle savait exactement ce qu'elle s'apprêtait à lui dire mais là, devant sa mère en furie, accessoirement la collègue de travail de Fergus ? Mauvaise idée. Sa mère avait une multitude de raison de mal prendre la nouvelle. Elle avait déjà l'air bien remontée. Pas sûre qu'elle apprécie que sa fille flirte avec 1) un de ses collègues, 2) un homme plus âgé qu'elle 3) un auror qui se devait justement de rester impartial dans ses enquêtes.

« Ça va maman, t'inquiète. C'est la procédure... enfin je crois... »

Elle adressa un regard en coulisse à Fergus. Elle espérait bien que ce n'était pas juste un plan pour la revoir entre quatre yeux. En tout cas ça n'en avait pas l'air.

« Il se fout de moi pour de bon. », commenta Ariana Valero comme Fergus essayait de freiner des quatre fers sur sa bonne idée de faire les présentations, « C'est ma fille bougre d'âne et il est pas question de passer la matinée à la cuisiner comme une criminelle sans m'en avoir au moins avertie avant. » Tout à coup, l'agent Valero s'interrompit, jetant un regard circulaire à la salle d'interrogatoire avec sa lumière presque cosy et le thé, cela ne ressemblait plus exactement au trou dans lequel ils faisaient craquer les durs à cuire, « Il se passe quoi ici ? », demanda-t-elle d'un ton radouci.

Perséphone, elle, savait bien qu'il ne fallait pas se laisser prendre au pied. Ariana Valero avait flairé l'embrouille et maintenant, c'est elle qui allait les cuisiner jusqu'à ce que mort s'ensuive. D'ailleurs, elle venait de refermer la porte dans son dos, attendant une réponse de Fergus de toute évidence. Si Perséphone s'était trouvée dans le dos de sa mère, elle ne se serait pas gênée pour faire de grands signaux à ce pauvre Fergus mais là, elle n'était pas du tout en position d'échapper à l'attention de sa chère maman.

Tout à coup, Fergus abandonna l'attitude "marcher sur des oeufs" pour la troquer contre... Perséphone n'aurait trop su comment le qualifier. "Rentre dans le tas", "Pieds dans le plat, les deux de préférence", "Couillu" ? Quelque chose dans ce goût là et, franchement, elle ne savait pas trop si ça allait les mener au désastre ou écarter la menace Valero.

Perséphone adorait sa mère et c'était réciproque, mais elle la connaissait suffisamment bien pour se dire qu'il y avait quand même cinquante pourcent de chance que ça tourne au vinaigre à partir du moment où il commençait à citer des numéros de dossier comme 57-BX-21. Dans le même temps, oubliant un peu Fergus et sa mère, la jeune femme tiqua. Cinq effractions relevant de Magie Noire. Elle espérait bien qu'on allait vite arrêter d'essayer de lui faire porter le chapeau. Et avec toutes les péripéties autour de la Marche des Libertés, l'endoloris subit par @Persée Fogg , elle n'était pas sûre d'avoir les reins assez solides pour d'autres macabres histoires d'auror.

« "Tu ne dis pas" mais "on" n'en pense pas moins. », épingla l'auror Valero en se rapprochant du dossier avant même que Fergus lui ait tendu la perche. Il était évident que certains, plus zélés que d'autres, ne feraient pas preuve d'autant de discernement que le jeune Clearwater. Elle saisit le dossier à la volée, comme il le lui offrait mais elle arrêta un long regard par en dessous sur son jeune coéquipier... Etait-ce bien du discernement ? Ariane parcourrait le dossier d'un air sévère, peut-être parce que certains avaient fait en sorte qu'il ne tombe pas du tout entre ses mains. Et c'était encore ce qui l'agaçait le plus.
« Tu sais très bien que personne ne travaille sur des dossiers dans lesquels on pourrait avoir des attaches... @Nott Tyrfing fera ce qu'il faut pour que je ne m'en mêle pas. », c'était dit sur le ton du regret mais Ariana savait pertinemment pourquoi cette règle avait été mise en place. Quant à s'imaginer qu'elle ne s'arrangerait pas pour y mettre son nez, il fallait être naïf. C'était sa fille dont il s'agissait, « Et comment se fait-il que tu n'es pas juger bon de me parler de tout ça Perséphone ? », ça aussi, c'était suspect.
« C'est même la première chose que j'ai faite mais tu ne répondais pas alors j'ai fait sans. Je croyais que tu étais repartie sur une filature ou quelque chose. »

Le regard de Valero se posa à nouveau sur Fergus. Un regard entendu. Quelqu'un avait fait en sorte que le message de Perséphone ne lui parvienne jamais... La doyenne fit mine de rien.

« Bien sûr que non, je vous aurais fait savoir mon absence. Mais il vrai que nous avons eu je ne sais combien de réunions ces derniers jours. A croire qu'on essaie de me mettre gentiment au placard maintenant que je ne suis plus toute jeune. J'ai bien pu passer à côté de ton hibou. J'en suis vraiment navrée ma chérie. »

Mensonge bien rôdé. Ça ne lui faisait pas plaisir mais elle ne pouvait pas prendre le risque que Perséphone se pose trop de questions.

« Ça ne fait rien maman. Et puis je suis sûre que si on te veut en réunion ce n'est pas pour se débarrasser de toi mais parce que tu as du galons. »
« N'est-elle pas charmante, n'est-ce pas Fergus ? »
« Maman ! »

L'agent Valero pouffa mais derrière son large sourire, elle n'oubliait pas cette foule de détails que venaient de lui révéler cinq minutes de conversation. D'ailleurs, cette dernière remarque n'était peut-être pas si innocente que cela. Protéger une sorcière de premier cycle, voilà qui était charmant aussi tiens...

« Je ne voudrais surtout pas m’immiscer... », démentit Valero comme Fergus l'accusait à demi moment d'avoir couper court à un moment sympa. Quant à chaperonner sa soeur, c'était qu'il prenait un peu trop de la graine le petit Clearwater, « Ahah très drôle Clearwater... », souligna-t-elle de ce ton indéfinissable qui ne laissa pas deviner si elle avait trouvé la blague drôle ou déplacée. Dans le dos d'Ariane, sa fille, Perséphone, se passait une main sur le visage. Fergus était au-delà de tout secours cette fois-ci. Et leur moment sympa aussi d'ailleurs.

Perséphone fronça les sourcils, un instant déçue de n'avoir pas une minute de plus en privé pour terminer la conversation qu'ils avaient commencée. Mais son oreille capta malgré elle le message. Au Chaudron Baveur dans trente minutes. Elle sourit intérieurement, complotant secrètement à la manière dont elle allait se débarrasser de Madame sa Maman sans que ça paraisse suspect.

Elle trouverait bien...