Rear View (Mêgam)

INFOS FICHE DE PERSO

ft @Mêgam Joshi
Jeudi 21 Juin 2023 - Milieu de soirée

Une ambiance particulière régnait à Pré-au-Lard, l’arrivée de l’été qui coïncidait avec celle de la musique, tamisait l’atmosphère du village magique autour de Poudlard, les lumières et les vibrations résonnant dans un calme apaisant. Comme un air de vacance. Pourtant, loin des rues animées et des boutiques qui accueillaient certains clients un peu plus tardivement exceptionnellement, Blake s'était éclipsé près du lac en face de la fabuleuse école qu’il avait rejoint depuis seulement trois semaines.

Il avait quitté un petit groupe d'étudiants qui traînaient encore dans la rue principale, chacun fêtant à sa manière fêtant chacun à leur manière la fin des examens et des matchs de Quidditch de l’année. Les flashs avaient encore été nombreux à se saisir du moindre instant qu’il passait avec @Perséphone Fogg et il avait préféré s'éloigner, loin de la célébrité qui lui collait à la peau. Installé sur un des nombreux rochers aux abords de l’eau calme, non loin des petits chalets qui s'étaient installés pour fêter l’occasion. Il voyait le ciel se refléter avec une certaine perfection sur le lac qui s'étendait à perte de vue sur le paysage écossais avec, en milieu de course, le château de Poudlard qui s’illuminait de ses propres torches. Un spectacle saisissant quand on y pensait et auquel il assistait seul.

Le visage à découvert, il ne craignait pas qu’on le reconnaisse lorsque le soleil se couchait de l’autre côté du village, ne profitant seulement que de cette étrange réalité avec laquelle il se connectait depuis son accident. Malgré une humilité qu’il avait mis durant toute sa jeune carrière, certains principes et acquis s'étaient étiolés pour laisser un vide que rien ne pouvait combler. Loin d’un stade de Quidditch, loin du pays qui l’avait vu naître, Blake était simplement en train de se retrouver tel qu’il aurait dû être si le sport n’avait pas croisé sa route.

Un éclat de rire attira son attention un peu plus loin, son regard se perdant un instant vers les chalets avant de s’arrêter sur un seul, guidés par de petites lumières, un peu plus en retrait avec quelques lanternes allumées sur le comptoir. Le souvenir fugace d’une tradition lui traversa l’esprit, là où ses parents l’amené au bord de mer pour y aller flotter des lumières avec un petit parchemin en son centre. Un vœux, un message, tout ce qu’il était possible de se sortir de la tête pour mieux entreprendre l’avenir, en laissant simplement le vent et le cours de l’eau l’emporter au loin avant qu’il ne s’embrase pour annoncer le début de certaines festivités locales.

Il eut alors un regard vers le lac qu’il aurait aimé bien voir pourvu de ses propres lumières et pris dans un élan, Blake avait commencé à se diriger vers le chalet, sans même plus faire attention à ce qui l’entourait. Pourtant, le lac commençait à attirer du monde et il voyait certains enfants courir autour de lui, exprimant leur innocence par des cris de joie qui vrillait dans ses oreilles autant que dans un stade de Quidditch. La foule se rassemblait non loin, lui donnant une bonne excuse de s'éloigner de nouveau. Mais en voulant éviter un parent qui courrait lui-même derrière son enfant, il se retourna avec violence sur une autre personne qu’il percuta de plein fouet, le milkshake en main s'éclatant entre eux sans plus de cérémonie en les éclaboussant d’un parfum mangue dont il raffolait. Leur ombre, se mêlant à la pénombre des lieux, n’arrangeait nullement sa situation et par instinct, il agrippa une main pour l’empêcher de basculer à terre. Retenant ainsi fermement la personne avant de la relâcher assez vite, Blake plissait les yeux, soucieux, en espérant mieux apercevoir les traits du visage qu’il avait en face.

”Je suis désolé, je ne vous ai pas vu. Est-ce que ça va?”

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— ft. @Blake Grimm-Nakatani

21 06 2023

Se marier à bientôt 27 ans n'avait rien d'une fatalité, en soit. Surtout lorsque l'on épousait un homme doté de toutes les qualités que l'on pouvait attendre d'un mari avec qui passer le restant de sa vie.

Il y avait pire destinée que de porter le fruit d'une union que tout le monde attendait de pied ferme — sauf quand les mariés eux même ne voulaient rien de tout ça. Ni d'un mariage, ni d'une union, ni d'un quelconque résultat que de tels rituels sociaux pouvaient engendrer.

Se marier à bientôt 27 ans n'avait rien d'une fatalité, c'était un fait.

Il y avait pire. Et le pire, c'était de ne pas pouvoir choisir.

Trois jours après avoir effleuré de près son futur, Mêgam n'avait pu s'empêcher de céder à ses intentions les plus funestes, passant et repassant devant La Tête de Sanglier sans jamais oser y entrer. Jusqu'à ce soir, où la fête de la musique battait son plein, à l'image de son cœur dont elle ne parvenait pas à refréner les palpitations depuis trois longues journées.

Les sorciers de Pré-Au-Lard étaient trop occupés à se laisser porter par les festivités en extérieur et profiter du retour du beau temps pour venir s'enfermer entre quatre murs délabrés que nombre d'entre eux fuyait déjà le reste de l'année.

Alors, ce soir, personne ne remarquerait Mêgam, dans un coin de la pièce, réfléchissant à cet avenir dont elle ne voulait pas, la tête penchée au-dessus d'un verre d'hydromel.

Personne ne lui porterait quelconque attention et, pour une fois, encore moins sa mère, trop occupée à organiser les fiançailles à venir qu'elle avait elle-même planifié. Trop surchargée par toutes ces discussions qu'elle devait encore mener pour prévenir la terre entière que, bientôt, elle serait sûrement grand-mère.

D'abord une gorgée, puis deux, juste pour oublier. Simplement de quoi aider Mêgam à trouver le sommeil.

Ou au contraire à rester éveillée pour échapper à ses propres cauchemars.

La Joshi ne buvait jamais. Ce n'était pas une question de religion, ni même d'opinion. Le goût de l'alcool ne l'avait nullement attirée par le passé, et voir ses camarades chanceler dans les couloirs du château, certains soirs de grande beuverie, avait suffit à l’écœurer suffisamment pour ne pas s'en approcher quitte à, parfois, ne pas participer aux fêtes qu'ils organisaient.

Autant dire qu'il ne faudrait pas beaucoup de gorgées comme celles qu'elle venait d'avaler pour qu'une femme de la carrure de Mêgam se laisse bercer par la chaleur affriolante de l'éthanol qui coulait à flot dans son organisme. Et quand bien même le tenancier lui-même avait tenté de l'en dissuader, l'ancienne Serdaigle avait eu soif de s'oublier, l'espace d'une soirée.

À tel point qu'en rejoignant la rue principale de Pré-Au-Lard, un peu plus tard, le monde autour d'elle semblait tourner. Beaucoup plus vite qu'à l'accoutumée.

Sauf que ça n'était pas qu'une impression.

Sa notion de distance aussi, avait dû se noyer dans quelques lampées ingérées. Mais Mêgam ne réalisa tout ça que lorsqu'elle percuta de plein fouet une silhouette qu'elle avait cru pouvoir habilement éviter. Sans succès.

Incapable de savoir si son déséquilibre soudain était dû à la violence du choc ou bien aux molécules qui jouaient avec ses neurones.

Heureusement, la personne en face d'elle fut largement plus vive et l'empêcha de se donner encore davantage en spectacle. Une douce odeur sucrée, différente de celle qui ornait sa peau d'habitude, remonta à ses narines depuis ce tee-shirt recouvert d'une substance qu'elle ne parvint pas tout de suite à identifier.

Ce qui était sûr, c'est que ça n'avait rien à voir avec l'hydromel de la Tête de Sanglier.

Se redressant du mieux qu'elle pouvait, Mêgam tenta de reprendre ses esprits en détaillant davantage l'objet de cette brusque rencontre. La terre tournait toujours autant, malgré ses deux pieds solidement ancrés dans le sol.

Du moins, elle le croyait, manquant de perdre l'équilibre de nouveau alors qu'elle ne bougeait plus, cette fois. Elle dût relever les yeux pour retrouver sa stabilité, ce qui lui permit d'enfin poser ses iris sombres sur un visage et un corps fins qu'elle n'avait jamais eu le plaisir de croiser auparavant.

Pour son plus grand bonheur, cet homme-là — probablement un étudiant — n'avait rien en commun avec Nilâ Joshi ou @Mohan Rajkumar.

Cette simple idée la fit rire. Dans des aigus bruyants, mais vrais.

Quel drame ça aurait fait si l'un d'eux était tombé sur elle en plein milieu des rues de Pré-au-Lard, dans cet état.

« Ne t'excuse pas », le rassura-t-elle immédiatement, saine et sauve en grande partie parce qu'il l'avait empêchée de s'exploser le crâne sur un pavé. Un sauvetage comme celui-là imposait donc le tutoiement. « Par contre, je suis désolée pour ton... » Marquant une pause, elle goûta le contenu du verre renversé sur le bout d'un de ses doigts. «... délicieux Milkshake à... la mangue, si je ne me trompe pas. Tu es un homme de goût, ce truc est bien meilleur que l'hydromel ! »

Le rire qui s'échappa de ses lèvres était on ne peut plus sincère.

Parce que même si l'hydromel était un peu trop chargé pour sa gorge en feu et qu'il jouait avec son esprit, faisant disparaître cette timidité qui était la sienne, il lui avait permis d'oublier.

Or, c'était justement le but recherché.

Oublier, l'espace d'une soirée, le regard triste que Mohan lui avait lancé, affligé de devoir se marier avec une femme qu'il n'aimait pas. Navré de devoir passer sa vie avec une femme qu'il ne connaissait pas.

« Tout est de ma faute et ce serait vraiment malpoli de ma part de ne pas t'en racheter un. Surtout qu'il t'en restait beaucoup, à en croire la quantité sur mes vêtements ! Si si. J'insiste... Tu viens avec moi ? Et je ne dis pas ça parce que j'ai envie d'en boire un verre, moi aussi. Enfin, ça dépend, rassure-moi... c'est bien sans alcool ? »

Le sourire aux lèvres, il était certain que le monde autour d'eux, même s'il tournait, n'y verrait que du feu dans ce bonheur éphémère qu'elle affichait.

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ft @Mêgam Joshi
Jeudi 21 Juin 2023 - Milieu de soirée

S’il s'était attendu à ce que la personne se confonde à son tour d’excuse ou mieux, ne le reconnaisse pas en pestant à son encontre, il accueillit un rire qui le surprit, voir même un peu plus que le timbre de voix, bien plus bas qui en suivit. Et bien qu’il avait commencé à vouloir déboutonner sa chemise pour se nettoyer d’un sortilège qu’il ne connaissait même pas, il s’arrêta dans ses mouvements en voyant la silhouette de la jeune femme tanguer sous ses yeux et la rattrapa de nouveau par le bras, par instinct. Et dans la pénombre, ce fut un regard sombre, voire noir, qui brillait à son encontre qui lui attesta l’état euphorique dans lequel la jeune femme se trouvait.

Ouvrant la bouche pour la refermer aussitôt en étant encore un peu plus surprit par son compliment puis par sa proposition, Blake avait fini par lâcher un sourire, mimant le sien qui semblait contagieux. D’une patience qui semblait sans limite malgré l’hydromel qu’il sentait, il la vit goûter, du bout de ses doigts, au milkshake qu’il avait malencontreusement renversé sur elle avec un naturel innocent qu’il ne sut détacher son regard cette moue qu’elle avait, en tentant d’en deviner le parfum.

L’air qui s'était enivré de mangue et d’exotisme ne le laissait pas indifférent et alors qu’elle lui proposait d’aller lui racheter un milkshake, qu’il fut sur le point de refuser, elle se mit à lui chuchoter une demande bien plus étrange, le forçant à se pencher vers elle pour l’entendre distinctement. Venait-elle réellement de lui demander si ce n'était pas de l’alcool alors qu’elle sentait le vin de miel qu’elle avait avoué avoir bu avant de venir jusqu’ici?

”Toi, tu ne dois pas souvent boire.” Il la tutoyait, devinant qu’elle n'était probablement pas plus âgée que lui. Et c'était probablement une phrase qu’on lui avait déjà sorti bon nombre de fois, pour n’avoir certainement que très peu bu de liqueur dans sa vie, rendant le sportif qu’il était certainement un peu plus ennuyeux lors des soirées que ses amis organisaient. Il ne s’en était jamais plein, préférant un esprit sain dans un corps sain pour assumer parfaitement les entraînements du lendemain. Mais loin de juger ceux qui en usait en soirée, il appréciait même lever son verre de jus vers les leurs pour profiter de cette légèrement qu’elle semblait arborer à la perfection. ”Non, de la crème et du sirop de manque seulement, mais le chalet qui en vend est à l’autre bout du lac.”

Jetant un regard en arrière, il lui semblait incongru de la laisser seule dans cet état, lui-même ne connaissant que très peu les environs. La marche et une crème glacée à l’arrivée lui donneraient certainement l’opportunité de garder son sourire chaleureux tout en laissant évaporer les affres de l’hydromel. ”C’est d’accord, mais seulement si tu me permets de t’en offrir un aussi. Ca sera toujours mieux que de chercher à essorer ton t-shirt pour en avoir.”

Soudainement, il se rendit compte qu’il était quelqu’un de tout à fait normal sous ses yeux. Peut-être était-ce dû à la nuit tombante qui l’empêchait probablement re connaître celui qui avait fait la une des journaux de Quidditch il y a peu ou peut-être qu’elle ne s’intéressait pas à la presse nationale. Mais dans cette petite promenade qu’elle lui proposait avec une certaine candeur, Blake avait simplement l’occasion d'être lui-même face à quelqu’un qui l'était aussi. Elle ne lui demanderait probablement jamais son prénom et c'était peut-être mieux ainsi.

”Allez, viens.” Il s'était légèrement décalé, lui lâchant le bras pour lui présenter le sien, de manière bien plus courtoise. ”Je peux décemment pas te faire marcher sur les galets en espérant que tu ne trébuches pas sur quelqu’un d’autre en chemin.” Soulignait-il qu’elle semblait être maladroite en se dédouanant totalement qu’il l’avait percuté en premier lieu? ”Ou même que quelqu’un ne finisse par te tomber dessus encore.” Il lui adressa un sourire sincère qui dévoilait ses légères fossettes. Se proposant ainsi de l’accompagner à travers le monde qui commençait de nouveau à affluer autour du lac, Blake se détournait du chalet aux lanternes qu’il avait vu plus loin pour lui montrer au loin, le chalet au milkshake.

”Alors selon toi, quel serait le lieu qu’il ne faut pas rater dans les environs?”

Optant pour le fait de ne pas nier être un parfait touriste sur une terre inconnue, Blake lui demandait ouvertement son avis histoire d'en savoir un peu plus sur Pré au lard. Beaucoup d'étudiants parlaient des bars comme le fameux Trois Balais, Blake était plutôt friand des grands espaces, ses pas l'ayant guidé jusqu'au lac n'étant ainsi certainement pas juste le fruit du hasard. Et si elle était également la, c'était probablement pour échapper à quelque chose qui la retenait bien plus étroitement dans ses retranchements.

Mais par ce sourire qu'il voyait, éclatant sous une lune absente et qui laissait le ciel noir s'éclairer de seulement quelques étoiles, Blake se laissa aller dans une fraicheur bien plus légère qu'il ne l'avait imaginé pour cette soirée, savourant la présence de la jeune inconnue qui semblait être doté d'une patience et d'une gentillesse comme il n'en voyait que rarement.

”Si tu me dis qu'il y a une plantation de mangue quelque part ici par contre, je préfère encore te prévenir que je te lâcherais pour y aller.”

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— ft. @Blake Grimm-Nakatani

21 06 2023

Sa nouvelle perte d’équilibre fut accueillie par une légère pression sur son bras, suffisant pour la retenir de s’écraser par terre, une seconde fois. Il n’y avait rien à faire ; cet homme qu’elle venait de rencontrer avait tout l’air de son bienfaiteur de la soirée, et maintenant que ses problèmes avaient été emmenés au loin par les effluves de l’alcool qu’elle transportait sur son chemin, elle pouvait bien se permettre ce petit moment d’égarement.

Nilâ demandait souvent à sa fille de leur trouver de nouveaux clients, moins habitués de ces autres qui concevaient leur vie en fonction des visions des Joshi. Si elle croisait sa mère, Mêgam pourrait prétendre qu’elle n’agissait que pour le bien de la boutique.

Même si pour une fois, c’était un peu à elle qu’elle pensait.

En plus d’être doué de certains réflexes, le jeune homme qui lui faisait face possédait un réel sens de la perspicacité. Il lisait sur son visage que c’était le genre de liberté qu’elle s’octroyait rarement. Et il avait tout à fait raison.

« Je ne bois qu’en de rares occasions et ce soir en est une. » Irait-il jusqu’à lui demander ce qu’elle célébrait, ou bien se contenterait-il de penser que c’était simplement la musique qu’elle commémorait ? Et surtout, s’il lui posait la question, que répondrait-elle ? « Ça tombe bien, je pourrais faire des kilomètres pour une boisson non alcoolisée à la mangue. Mais peut-être que tes amis t’attendent ? »

Voilà qu’elle était de retour, la Mêgam qui ne voulait jamais s’imposer. L’alcool faisant son chemin dans ses veines, il ne parvenait pas tout à fait à effacer sa vraie personnalité, toujours préoccupée à l’idée de ne pas s’imposer et se faire la plus petite possible, bien qu'il venait d’accepter sa proposition.

Peut-être avait-il oublié qu’il était accompagné dans la bousculade, et ça ne mangeait pas de pain de lui rappeler qu’il avait probablement mieux à faire que de perdre son temps en sa compagnie.

Son sourire ne la quittait pas, y compris quand il lui fit réaliser, à juste titre, que son haut sentait la mangue à des kilomètres à la ronde. Parce qu’elle s’imaginait, l’espace d’un instant, s’en démunir en plein milieu de la rue principale de Pré-au-Lard, devant toutes les amies de sa mère qui devaient l’observer de loin. La simple idée de sortir aussi rapidement de la réserve qu’elle affichait quand on la rencontrait, la première fois, la fit rire légèrement.

Mais même si sa langue semblait prête à confesser tout ce qui la taraudait, elle arrivait encore à garder le silence à ce sujet.

Si elle avait su que boire suffisait à feindre en elle une sensation de bonheur même illusoire, Mêgam se serait mise à l’hydromel un peu plus tôt.

« Au fait, c’est quoi ton nom ? Je ne peux décemment pas me risquer à vivre un moment aussi intime avec quelqu’un dont je ne connais même pas l’identité. »

Son sourire bascula au coin de ses lèvres, alors qu’elle reprenait les mots qu'il venait de prononcer. Sans hésiter, elle attrapait le bras qu’il lui montrait, sans même attendre qu’il lui réponde.

Toute en contradictions.

Les fossettes qui se creusèrent alors sur son visage doux lui fit marquer un temps d’arrêt, mais elle secoua sa tête comme pour faire comme si rien ne s’était jamais passé, reprenant un peu son sérieux alors que son propre pas les incitait tous deux à se mettre en marche.

« Ce n’est pas vraiment un lieu en particulier, mais si un jour tu as besoin de prendre de la hauteur, je te conseille de sortir des chemins taillés dans la pierre de Pré-Au-Lard. En prenant la route vers les boutiques un peu en retrait, traverse la rivière et aventure toi près des falaises. Grimpe un peu, en bifurquant légèrement à gauche, et là, sous les pins, tu finiras par trouver un banc de pierre. Assis-toi dessus et tu verras. L’air qu’on respire là-bas est bien meilleur. »

Pendant un instant, la tête baissée alors qu’elle continuait de marcher, Mêgam ne réalisait pas tout à fait qu’elle venait de le guider son endroit à elle, celui même où elle se retrouvait quand elle ressentait le besoin de prendre sa bouffée d’air frais quotidienne, pour compenser cet étouffement quasi constant quand sa mère était dans les environs. Refusant le conflit, la voyante préférait encore prendre ses distances, là où elle se sentait le mieux.

« Mais n’y va pas trop souvent. Sinon, on risque de s’y croiser. »

Malgré elle, son bras se resserra autour du sien alors qu’elle manquait encore de trébucher tant le monde autour d’elle vacillait. Mais cette fois, Mêgam se rattrapa sans qu’il n’ait besoin d’intervenir.

S’agissait-il d’une diversion, ou bien avait-elle réellement manqué de perdre l’équilibre à nouveau ?

« Comment se fait-il qu’un étudiant de Poudlard n’ait pas d’yeux que pour Les Trois Balais et la boutique de Zonko? Tu es nouveau, par ici ? »

Si, en temps normal, elle se serait probablement reprise pour s’excuser de son impertinence et de sa curiosité, l’alcool lui fit soudainement oublier les règles de la bienséance et tout le poids du carcan dans lequel elle vivait habituellement.

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ft @Mêgam Joshi
Jeudi 21 Juin 2023 - Milieu de soirée

Alors que l'été se savourait sous un ciel étoilé à cet instant-là de la soirée, Blake préféra comprendre que la jeune femme avait gouté à l’hydromel pour cette occasion toute particulière. Loin de la juger par son envie de s'échapper d’un quotidien, quelque soit le moyen utilisé, il préféra observer ce sourire qui attirait le sien par cette simplicité. Il eut un signe négatif de la tête, n’attendant personne ce soir, à part peut-être la providence, et si on l’entendait, il l’aurait certainement nier. Et alors qu’elle acceptait son bras pour parcourir les petits mètres qui les séparaient du chalet de mangue, Blake eut une légère moue avant de lui répondre.

”Tu sais quoi, on va faire mieux. Pas de nom, juste toi et juste moi ce soir.” Et s’ils restaient encore des inconnus un moment? De quoi juste pouvoir profiter du chemin, de celui-ci ou d’un autre sans se préoccuper de savoir quelle étiquette on pouvait leur mettre pour simplement être eux-mêmes. ”Ca ne t’empêchera pas de sentir bon, de profiter de la vue et …”

Et bien que la pénombre l’empêchait de voir où il mettait réellement les pieds sur ces galets, il la senti s’arrêter un instant avant de reprendre comme si de rien était. Tout juste de quoi apercevoir son léger trouble alors qu’elle lui indiquait une direction très précise à prendre pour ne rien rater du village. Surplombant une partie de Pré-au-Lard, il aurait presque pu voir le banc de pierre sur lequel il aurait bien aimé se poser, un peu en retrait du monde autour. Elle semblait s’y être rendue assez souvent, comme si elle comptait le nombre de pas pouvant le séparer d’une vue imprenable sur le monde.

”J’y songerais alors.” Prendre de la hauteur était son domaine et c'était probablement ce qui lui manquait le plus à cet instant. Un léger sourire de remerciement vint sur ses lèvres alors que la curiosité de l’inconnue vint lui demander ce que faisait un étudiant en dehors du parcours habituel qu’il aurait du prendre avec ses amis. Elle visait très juste et il ne put que la féliciter d’une légère moue, desserrant un peu son bras autour du sien. ”J’avais besoin d’un milkshake à la mangue.” Il lui répéta non sans un sourire, avisant son t-shirt trempé avant de reprendre, d’un ton moins moqueur, lui montrant d’un regard les lanternes qui flottaient dans l’eau. ”En fait, j’ai vu de la lumière là-bas. Ca fait un peu bateau, je le conçois mais j’avais envie de renouer avec une vieille tradition familiale.”

Il était nouveau, assez pour vouloir se raccrocher à ce qu’il connaissait le mieux pour les transposer dans un nouvel environnement, sans balai, ni Quidditch. Continuant de marcher alors qu’ils passaient devant un petit feu de camp tenu par un groupe d’adolescent, Blake laissa son regard courir sur le visage de la jeune femme qu’il vit à présent bien mieux à la lueur du feu.

”Et toi, qu’est-ce qui t’amène au lac au lieu d’aller grimper tout en haut de la falaise?” Bien qu’il avait l’impression qu’elle s’y rendait souvent seule dans ce lieu qui lui tenait à coeur, il comprenait que c'était probablement un instant où elle arrivait à se retrouver avec elle-même, prenant assez de distance avec le reste du monde pour respirer. Blake se voyait ainsi perché en haut de son balai et ce fut à son tour de ralentir légèrement, laissant les chants et le feu du petit campement de fortune éclairer les yeux noirs de la jeune inconnue.

”Est-ce que ça va?” Ce n‘était certainement pas seulement des flammes qui avaient vu vaciller dans son regard alors qu’elle avait fermement retenue son bras. Ignorant combien elle avait pu boire avant d’arriver jusqu’ici, il s'était totalement arrêté en observant les traits de son visage. S’il avait pris l’habitude de faire attention aux coups de chaud comme aux troubles physique que les joueurs pouvaient avoir en plein match, il lui semblait moins évident de comprendre pourquoi la jeune femme était dans cet état. Ce n’était pas de l'ébriété, c'était quelque chose qui l’inquiétait presque parce que son bras n’avait pas quitté le sien. ”On est même pas à mi-chemin mais si tu préfères, je fais assez vite pour te ramener ta part si tu ne bouges pas d’ici.” Il avisa un rocher sur les cotés, sans même trop savoir si c'était celui où il s'était posé quelques instants auparavant.

Et alors que le vent se levait légèrement, Blake enleva sa chemise pour la passer sur les épaules de la jeune femme par principe, restant lui-même en simple t-shirt. Repliant le col, il avait pleinement conscience qu’il rajoutait une couche de milkshake sur elle et eut un sourire avant de s'éloigner de quelque pas, glissant sa main sur son bras, comme pour l’avertir de ne pas s'éloigner.

”N’en profite pas pour tomber, c’est ma chemise préférée.”

N’importe quoi. Avait-il réellement une chemise préférée? Non. C'était plutôt ce qu’il y avait dans la poche qui était son porte bonheur et il était entrain de le confier à une totale inconnue dont une partie de lui ne voulait s'éloigner à cet instant, surtout pas en la laissant seule. Oui, c'etait certainement à cause de la chemise.

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— ft. @Blake Grimm-Nakatani

21 06 2023

Alors que Mêgam s'était imaginée passer la soirée seule avec son amertume pour unique compagnie, c'était un homme sans nom qui venait juste de la remplacer.

Mais tant que cet arrière-goût sur sa langue et dans sa gorge était passé, il n'y avait rien qui pouvait la bloquer, pas même un questionnement quant à cet anonymat qu'il souhaitait conserver. Mêgam se contenta de lui répondre avec un sourire avant de se stopper et de tendre sa main vers celui qu'elle venait juste de rencontrer et avec qui, pourtant, l'ordre des choses se poursuivait tout naturellement, sans qu'il n'y ait besoin de forcer quoi que ce soit.

« OK. Deal », déclara-t-elle avec un sourire.

Le peu de questions qu'elle avait posé resta donc sans réponse. Tant concernant l'identité du bel inconnu que les raisons de sa méconnaissance des lieux qu'ils étaient, à l'instant même, en train de (re)découvrir ensemble.

Il restait énigmatique et, quelque part, cela aurait probablement pu donner envie à Mêgam d'en savoir plus. Si et seulement si elle n'avait pas été dotée d'une grande pudeur vis-à-vis de ce que les autres tenaient à garder secret.

Elle voyait tellement de choses au quotidien qu'elle n'allait certainement pas chercher à en voir plus que ce qu'on voulait bien lui montrer.

Pourtant, il eut quelques mots qui lui firent à nouveau hocher la tête et marquer un temps d'arrêt. Son regard se perdit entre les iris du jeune homme et ces lanternes qui s'y reflétaient.

Si quelqu'un était bien placé pour comprendre la nostalgie d'un pays qu'il considérait comme son chez lui, c'était bien elle. Mi-Britannique, mi-Indienne, la Joshi connaissait bien le sens de ces lumières dont les reflets venaient se perdre à la surface de l'eau.

À elle aussi, ça lui rappelait son pays.

« Comme ça, on est deux », souffla-t-elle avant de reprendre sa route en sentant certains des effets de l'alcool s'amenuiser quelque part dans le Lac Noir.

Elle brûlait de lui demander d'où il venait, mais s'il n'en avait pas dit plus de lui même, c'était probablement qu'il n'avait pas envie d'en parler.

Non ?

Dans le doute, Mêgam préféra ne rien dire, lui laissant ce droit à l'anonymat qu'il s'était lui même octroyé en refusant de se présenter. Ce qui lui permettait, dans le même temps, de conserver le sien.

« J'avais envie... d'hydromel. Et maintenant, d'un milkshake à la mangue. Comme quoi, c'est drôle, les coïncidences, tout ça », confessa-t-elle sur le ton de la rigolade en se mordant l'intérieur des lèvres.

Pouvait-elle décemment admettre qu'elle serait bientôt l'un des personnages principaux d'un mariage forcé alors qu'il ne connaissait même pas son prénom ? Probablement pas. Et puis, de toute façon, elle était bien trop tentée par l'idée de s'oublier, ce soir-là.

C'était sans compter sur la perspicacité du garçon à ses côtés, qu'elle avait presque déjà oublié. Il avait senti ce qu'elle n'avait pas voulu dire... Et ce qu'elle se refusait encore à avouer, loin de vouloir être celle qui gâcherait la soirée après avoir saisi sa chance de la rendre bien meilleure qu'elle n'aurait jamais pu l'être.

Mais à peine eut-elle le temps de choisir l'humour pour toute réponse qu'elle se perdit dans la gentillesse d'un geste qu'il lui adressait. Ses pupilles sombres l'observèrent retirer sa chemise pour lui faire sentir une douceur cotonneuse sur ses épaules nues. Le regardant s'éloigner non sans avoir senti sa peau s'égarer contre la sienne, Mêgam eut un frisson et ne sut quoi répondre en apprenant que son état d'ébriété avait certainement abimé sa chemise préférée.

Elle resta bouche bée pendant de longues secondes, sans parvenir à prononcer ne serait-ce qu'un seul mot. Fallait-il qu'elle le remercie ? Qu'elle lui souhaite bonne chance ? Qu'elle lui rappelle qu'elle aussi, était encore capable de marcher ?

Probablement était-il préférable de ne rien dire du tout et, par chance, ce fut cette option qu'elle retint malgré les aléas de l'alcool qui semblait revenir en elle par vagues.

Au lieu de s'exprimer, donc, elle sentit un léger poids dans la poche de la chemise et, désireuse malgré sa retenue innée de répondre à ses questions sans même avoir besoin de l'interroger, elle attrapa dans ses mains une réplique miniature d'un petit vif d'or noir.

Un fragment de passé.

Des silhouettes sur un balais, fendant l'air à la vitesse de l'éclair. Des cris en contrebas exprimant tantôt la joie, tantôt la peur, tantôt la surprise. Des applaudissements raisonnant jusqu'au plus haut des cieux. Des lumières vives, des sourires, des flashs, un mélange de ces trois éléments les uns après les autres, s'accélérant au fil des minutes. Et puis, plus rien.

Rien d'autre que ce visage qui reviendrait vers elle après qu'elle ait pris grand soin de cette chemise pour n'y avoir pas touché, non sans avoir au préalable soigneusement rangé le-dit objet là où elle l'avait trouvé, assez subtilement pour qu'il ne puisse pas la voir faire.

« C'est très courageux de ta part d'avoir confié ta chemise préférée à une inconnue, en tout cas », glissa-t-elle en pinçant ses lèvres lorsqu'il fut de retour à sa hauteur, sans rien laisser paraître malgré son instabilité suite à sa vision. Parce qu'il n'avait pas nié qu'il était étudiant à Poudlard lorsqu'elle l'avait suggéré, elle poursuivit dans un léger rire quelque peu pincé, lui aussi : « Laisse-moi deviner... Une telle bravoure... Tu es forcément un Gryffondor. »

Si elle avait cru comprendre qu'elle avait à fait à un joueur de Quidditch, ça, en revanche, elle se contentait de l'hypothétiser.

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Jeudi 21 Juin 2023 - Milieu de soirée

Ce fut presque un exercice de dextérité que de revenir avec deux gobelets remplis de milkshake à la mangue, évitant les sorciers qui sortait précipitamment de l’eau en tentant de se rapprocher du bain de minuit qui arrivait probablement à grand pas. Sans la moindre idée de l’heure, Blake s'était rapproché de cette silhouette qui ne semblait pas avoir bougé d’un pouce, avec cette expression indéchiffrable dans le regard qu’elle porta à son encontre.

Et bien qu’elle avait accepté d'être une inconnue ce soir, il avait cette curieuse envie d’en savoir un peu plus sur ce qu’elle se retenait de vivre, comme si même l’hydromel qu’elle était venue cherché n’avait pas délié son esprit mais seulement un corps qui n’avait pas l’habitude de succomber à l’alcool. Mais ce soir, ils étaient deux à avoir un certain mal du pays et pour laisser ses lèvres offrir un sourire, il lui tendit sa part avant de venir trinquer doucement avec elle.

”Figure toi que je suis un choipeauflou.” Il s’amusa à la voir l’observer ainsi, tentant dans un jeu adroit de chercher à en savoir plus sur lui. Lui laissant de quoi pouvoir deviner sa seconde maison de prédilection, il la détailla tout autant, prenant doucement la voix de choixpeau juger qui avait raisonné dans sa tête il y a à peine trois semaines. ”Hmm un sens de l’observation et de la perspicacité. Tu devais certainement être une Serdaigle.” Il n’aurait su dire pourquoi il était sur de ne jamais l’avoir vu à Poudlard, sauf si elle s’était amusée à se cacher jusque là. Des yeux aussi noirs ne passaient jamais inaperçus et encore moins, avec sa chemise sur les épaules. S’assurant par reflexe que son vif d’or miniaturisé se voyait encore à travers la poche, il souffla doucement avant de boire.

”Alors hydromel, c’est fait, la mangue aussi. C’est quoi le prochain dans ta liste?” Son regard s'était déjà porté vers la baie, les lumières des lanternes presque un peu plus nombreuses et le guidait vers l’horizon. La jeune femme lui donnait l’impression de vouloir dépasser un cadre très particulier qu’elle s'était imposée jusque là, rien qu’en connaissant un endroit parfait où se poser sans encore y être.

Sortant alors deux petites lanternes pliés de sa poche, qu’il avait réussi à acheter dans le chalet jusqu'à coté, il en tendit une à la jeune femme, l’ayant bien vu observer les flammes qui s'éloignaient le long du lac. Comme une mélodieuse mélancholie qu’ils partageaient. La coïncidence s'était suffisamment imposé pour passer à coté d’une telle occasion.

”Si jamais y’a quelques lignes vides, je te propose ça.” Bien qu’il fallait l’usage d’une simple baguette pour la déplier et lui donner la première étincelle, Blake eut un léger sourire. ”Il est vraiment loin d’ici ton spot?” Loin d'être une obligation de les envoyer dans l’eau, il n’avait qu'à apercevoir le relief dans la poche de sa chemise pour avoir envie de voler. Ce n'était pas tant la nuit qui le dérangeait pour faire une petite trotte mais surtout de savoir si la jeune femme était assez en forme pour vouloir s'échapper à la foule qui commençait à affluer.

Il s'était rapproché de la jeune femme au moment où on entendait quelques rumeurs circuler sur des feux d’artifices, certains visages se tournant vers lui alors qu’il était totalement à découvert. S’il avait l’habitude des bains de foules et des gradins des stades rempli en scandant à tue-tête le nom de tous les joueurs de son ancien équipe, près de ce lac à Poudlard, il avait encore envie de passer inaperçu. Quelques murmures eurent alors raison de lui et Blake se détourna du lac, reprenant le bras de la jeune femme pour ne chuchoter qu'à son attention.

”Tu saurais nous faire transplaner? Ou tu veux, je te suis.”

Les déplacements d’escorte n'étaient pas nouveau, n’ayant pas eu la théorie pour pouvoir la pratiquer et surtout, il avait toujours eu un balai entre les mains pour pouvoir s’en passer et quitter les lieux avec une certaine classe. Tombant dans ses yeux noirs, il avait conscience de probablement lui en demander beaucoup alors qu’elle se remettait à peine de ses émotions et comme pour éviter de s’y perdre alors qu’aucun nuage ne se profilait à l’horizon, Blake détourna son regard ailleurs.

”S’il te plait…”

Il ressentait son coeur battre jusqu'à ses oreilles, rien qu'à l’idée d'être découvert alors que les journaux n’avaient nullement réussi à se saisir de la moindre déclaration depuis son accident. Sa demande était tous ce qu’il y avait de plus poli, sans empressement mais avec un besoin évident de s’éclipser avec son inconnue.

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— ft. @Blake Grimm-Nakatani

21 06 2023

Il était étrange de penser qu'ils ne s'étaient rencontrés que quelques minutes plus tôt, de la manière la plus violente qui soit pour deux inconnus qui ne s'étaient jamais vus, ni de près, ni de loin. Pourtant, après lui être rentré dedans sans le vouloir, passer du temps aux côtés de cet homme dont elle ne savait rien à part une maison à Poudlard et un éventuel passe-temps auquel il s'adonnait — toujours pas de nom — était ce qu'il y avait de plus naturel et de plus censé dans la vie de Mêgam depuis quelques jours maintenant.

Pour cette raison, cette moitié de lion en lui ne pouvait coexister avec une partie bien plus sinueuse et perfide, souvent assimilées aux couleurs vert-et-argent au sein de la grande école de sorcellerie. Pour sûr, son courage et sa hardiesse évidente, pourrait aussi bien se mélanger avec la sagesse d'esprit des Serdaigles.

Pourtant, Mêgam s'aventurait sur une autre route, ne pouvant se détacher de la lueur bienveillante qui brillait dans ses yeux.

« J'hésitais avec Poufsouffle. Je suis ravie de voir que le Choixpeau et moi, on est toujours sur la même longueur d'onde. Peut-être que je pourrais le remplacer, ou même l'assister ? Je ne sais pas ce que tu en penses mais sa chanson de la Répartition aurait sérieusement besoin d'être remise au goût du jour. » Elle eut un sourire en constatant qu'il avait vu clair dans son jeu, autant qu'elle avait su tirer son épingle du sien. S'il savait seulement à quel point il misait juste, en mentionnant son sens de l'observation, grandement aidé par ce troisième œil dont il n'avait pas encore connaissance. « On ne peut donc rien te cacher, n'est-ce pas ? C'est le problème avec les Gryffon-souffle, ou les Pouffondor — comment on dirait, tu crois ? Ils sont meilleurs que nous tous », admit-elle en sirotant une gorgée de son milkshake, qui avait bien meilleur goût que son tee-shirt toujours tâché.

Alors qu'elle était affairée à vider le contenu de son verre, il ne saisirait probablement pas la sincérité de ses propos.

Ce don qui la définissait lui octroyait un certain nombre d'avantages. Parmi lesquels ; pouvoir se fier à sa première impression ou à sa première lecture, qui s'avérait rarement erronée. Et quelque chose lui disait que l'homme en face d'elle avait un vrai bon fond, le genre qui pouvait lui donner envie de s'en faire un ami.

« Hmmm, ça dépend si je bouscule encore quelqu'un sur ma route et du contenu de son verre, j'imagine. Mais si c'est de la Biéraubeurre que j'ai sur mon tee-shirt, je te préviens, ce sera sans moi. Sans compter que je passerai me changer, cette fois. »

C'était un bon moment, comme rarement elle en avait connu depuis sa sortie de Poudlard, quand chacun de ses amis avait pris une route différente de la sienne. Si certains étaient désormais au Ministère ou à l'étranger, elle était la seule de sa bande d'amis à avoir fait de Pré-au-Lard son domaine. Mêgam avait, elle aussi, eu des envies d'ailleurs, et des propositions en masse suite à l'obtention de son diplôme avec les félicitations du jury. Mais lorsqu'elle avait parlé du futur qu'elle envisageait à sa mère, cette dernière n'avait même pas daigné lever un sourcil.

« Et si on ne parle pas de boissons, le prochain point dans ma liste, c'était... Hm... Laisse-moi réfléchir. Ah oui, ça y est, je me souviens. Passer la soirée avec un inconnu. Oh mais attends, ça aussi, c'est fait ! » Son rire d'or la faisait briller de mille feux, mais Mêgam était trop préoccupée par son interlocuteur et ce qu'il lui proposait pour s'en rendre compte. « J'adorerais », approuva-t-elle en attrapant sa petite lanterne.

Lors de son premier voyage en Inde, quand elle n'avait que cinq ans, sa mère l'avait initiée à la célébration des divinités de son pays. A l'instar des eaux sacrées du Gange, elle aurait grand plaisir à renouer avec ses traditions sur cette terre où une partie de sa famille s'était établie.

Y compris aux côtés d'un inconnu, avec qui elle se trouvait étrangement de nombreux points communs.

Et, alors qu'elle aurait pris joyeusement la route vers ces jeux de lumières qui l'attiraient indéniablement, Mêgam fut tout à coup saisie par un trouble qu'elle lisait sur le visage du jeune homme qui l'accompagnait, alors que la masse de noctambules semblait s'épaissir peu à peu autour d'eux. Sans poser davantage de questions, et même si le regard des autres, pour une fois, ne comptait pas pour elle, la voyante hocha la tête pour approuver silencieusement sa demande qui se faisait plus appuyée même si elle était formulée avec toute la politesse qui semblait le caractériser.

La jeune femme eut un sourire qu'elle voulait rassurant. Si elle ne connaissait pas l'origine de son trouble sur le moment, elle mieux que personne avait tendance à faire passer les besoins des autres avant les siens.

Sans doute une caractéristique qu'elle partageait avec son côté Poufsouffle.

Hésitante malgré l'alcool qui circulait toujours quelque part en elle, la Joshi finit par attraper la main de l'homme dans la sienne après s'être, à son tour, rapprochée de lui.

« On y va », chuchota-t-elle simplement sans lâcher ses yeux du regard, comme pour tenter de le rassurer comme elle pouvait, sans même savoir si sa demande s'était réellement faite suppliante ou si c'était son esprit qui lui jouait des tours.

L'instant d'après, ils avaient pris de la hauteur, et profitaient d'une vue plongeante non seulement sur le village, mais aussi sur les lumières vacillantes de Poudlard au loin. Entre eux, les lanternes tentaient d'imiter les quelques centaines d'étoiles étincelantes au-dessus d'elles dans un spectacle somptueux.

Mêgam se perdit un instant au milieu de cette vue dont elle ne se lassait pas, avant de prendre place sur le banc de pierre qu'elle avait décrit un peu plus tôt, invitant silencieusement son inconnu — qui ne l'était plus tant que ça à mesure que les secondes passaient — à la rejoindre.

Et si elle ne disait rien, c'était simplement pour lui laisser tout le loisir de parler.

S'il en avait l'envie.

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Jeudi 21 Juin 2023 - Milieu de soirée

Le silence s'était instauré de lui-même alors qu'elle avait attiré son attention sur elle, ses grands yeux noirs l'enveloppant dans une nuit qu'il ne voulait écourter. Loin du tumulte et des clapotis de l'eau sur les galets, ce fut celui du vent à ses oreilles qui attira un de ses sourires bien plus soulagés, la laissant s'éloigner de lui en lâchant sa main. Le regard perdu par-dessus la vue où elle avait choisi de les faire transplaner, il observait le contre bas, Poudlard les surplombant encore un peu de loin alors que le lac s'illuminait de petites lanternes. Par cette hauteur, il en aurait enfourché son balai pour descendre en piquet, en chute libre.

À cette simple pensée, il respira cet air plus sain, plus frais, là où la liberté était vaste et nuancée par des sensations encore inconnues. Dans le vide qui s'étalerait immédiatement sous ses pied s'il faisait le moindre faux pas au-dessus de cette falaise, il se sentait pourtant chez lui, enfin complet, sans avoir besoin de voir des anneaux du terrain de Quidditch. Et tournant son attention vers la jeune femme dans l'optique de la remercier par son geste, il l'observa un moment du coin de l'œil, le vent soulevant quelques une de ses mèches ondulées et noires de jais. S'il avait vu le feu du camp de refléter dans ses regards comme dans certains petit bijoux qu'elle portait, il lui semblaient qu'au loin, elle scintillait. Assise sur ce banc, elle exaltait d'un charme qu'elle s'ignorait certainement.

Il fit seulement quelques pas pour la rejoindre, recroisant son sourire comme une valeur sûre pour le reste de la soirée. Elle lui avait permis de prendre une hauteur et une distance non négligeable avec le reste du monde. Cette découverte n'avait que peu de mots pour être remercier et il les lui souffla tout de même en rompant le calme et la tranquillité offerte.

”Merci ”

Gardant la petite lanterne en main, il se rendait compte qu'ils ne pourraient probablement pas les faire glisser sur le lac alors que l'idée avait semblé la séduire. À présent en hauteur, il semblait pourtant évident qu'elles auraient tout autant leur place dans l'eau que dans l'air.

”Variante de tradition, ça te tente? Dans la liste, ça doit probablement correspondre à ‘prendre de la hauteur avec un inconnu'.” Reposant son propre gobelet vide à ses pieds, Blake en lâcha un sourire. C'était une ligne qui aurait pu figurer aisément dans la sienne, être à deux sur un balai était à ses yeux, un moment presque intime. Mais à défaut de ne plus pouvoir pratiquer ni vivre de sa passion pour le moment, il devait se trouver d’autres alternatives et c'était certainement ce qu’il tentait de faire depuis un mois et demi. ”Chez nous, on écrit un vœux dedans et on le laisse prendre son envol.”

Frôlant les manches sa propre chemise, Blake s'était installé sur le banc de pierre, laissant son regard voguer sur ces petits détails qui les rendait plus grand vue d'ici.

”Je suis presque sûr qu'on dit Bouffondor.” Il en eut un sourire, revenant sans aucun mal à leur précédente conversation avant d'être interrompu en plein milieu. Comme si rien n'y changeait. "Assistante de répartition... C'est les rides du choixpeau qui te dérangent? ” Plaisantant largement sur les siennes alors qu'il souriait, il était néanmoins bien au courant que le célèbre artéfact de Poudlard ne prenait clairement plus de risque et continuait ainsi de chanter avec des phrases d'une autre époque. Curieux de la manière dont elle semblait vouloir en faire une refonte, Blake poussa même un peu plus son concept. "Tu cherches un assistant d'assistante? J'épate avec les rimes et ce n'est pas de la frime, mais je veux bien une prime” Il aurait clairement fait un très piètre stagiaire, c'était certain, même s'il ne manquait pas de modestie. D'un regard, il l'autorisa même à s'en moquer avant de tourner son attention vers le vide. S’il n'était pas fait pour d’autres métiers, c’est parce qu’il savait exactement qu’il était fait pour un autre. Ce soir pourtant, il n’avait pas envie d’y voir une fatalité, pas ici, pas avec elle.

Et peut-être était-ce dû à cette hauteur qui s’engouffrait jusqu'au cœur, mais il se demanda ce qu'elle cherchait elle, lorsque ses pas la guidaient jusqu'ici. ”Tu penses à quoi?”

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— ft. @Blake Grimm-Nakatani

21 06 2023

L’on avait pour coutume de dire qu'on respirait moins bien en altitude. Une question de pression dans l’atmosphère, semblait-il. Mais plutôt que de se morfondre sur cette idée, les plus expérimentés des alpinistes savaient qu’ils n’avaient qu’à inspirer et expirer plus souvent pour compenser le manque des molécules d’oxygène qui se faisait sentir quand ils allaient de plus en plus haut.

Par-dessus Pré-au-Lard, ni Mêgam, ni son inconnu n’avaient ce problème. Probablement parce qu’ils n’étaient pas suffisamment en hauteur. Mais ça leur suffisait amplement. Tous deux semblaient se contenter du peu d'altitude qu'ils avaient pris, se réservant le droit de profiter d’un air plus frais, plus sain, sans la foule qui se pressait encore en contrebas. En jetant un regard de biais vers lui, la voyante s’était rendue compte que le soulèvement de sa cage thoracique s’était apaisé et, rassurée de voir que leur petit voyage improvisé l’avait aidé, elle en souriait.

« Tu n’as pas à me remercier de quoi que ce soit. »

Au fond, elle avait fait ça autant pour lui que pour elle, même s’il était encore compliqué pour elle de se l’avouer. Ses paupières se fermèrent un instant pour profiter du silence qui les entourait, se contentant des quelques rires d’en bas que le vent portait jusqu'à eux.

Pour la première fois depuis que sa mère lui avait annoncé le Makjidham, elle était bien et pouvait contempler ses problèmes d’un peu plus haut.

D’ici, rien n’était plus important.

Rien d'autre que le moment présent.

Et cette tradition nouvelle qu’il lui proposait.

Mêgam repris sa lanterne en main, satisfaite de cette alternative. Sa paume encore vide fut rapidement comblée de sa baguette, actionnée pour écrire quelques mots qu’elle ne pouvait décemment pas dire à haute voix ni montrer, si tant est qu’il pouvait être intéressé.

« À ton tour. »

Elle ne savait toujours rien de lui, et pourtant, la soirée suivait son cours sans que rien ne puisse les interrompre. À son tour à elle, elle détournerait le regard pour lui laisser tout le loisir d’écrire son plus grand souhait, celui qu’il voulait voir se réaliser.

Curieusement, Mêgam se demandait à elle-même si son vœu aurait trait à ces seules images qu’elle avait vu de lui. Elle savait que les premières, surtout lorsqu’elles n’étaient pas appelées, avaient trait à quelque chose qui comptait vraiment pour ses clients.

Il ne ferait certainement pas exception.

Perdue dans ses pensées, l’ancienne Serdaigle fut si surprise de l’entendre reprendre le cours de leur conversation comme s’il ne s’était jamais arrêté qu’elle ne put retenir un petit rire. Un autre. Un de plus.

Et peut-être pas le dernier, s’ils continuaient à vouloir prolonger ce moment et croire qu’il pouvait encore ne pas avoir de fin.

« Tu diras ça aux deux directeurs des deux maisons, et tu me raconteras comment ils ont réagi, d’accord ? » Son sourire s’évanouissait presque. « Non, c’est sa façon de croire qu’on peut ranger les gens dans des cases et de se faciliter la vie en s’appuyant sur leur nom, parfois. »

Pour la première fois de la soirée, elle venait subtilement de glisser une phrase sur une partie d’elle, sans ressentir le besoin de se montrer plus claire.

À plusieurs reprises, elle en avait voulu au Choixpeau de l’avoir envoyée à Serdaigle sous prétexte que sa mère et son père y avaient été répartis. Et ses frères avant elle. Oui, c’était à son manque cruel d’imagination qu’elle en voulait.

Elle qui aurait rêvé d’autre chose pour son avenir que ces carcans qu’on lui imposait depuis sa naissance.

Mais les rimes qui parvinrent jusqu’à elle la sortirent pour de bon de sa rêverie.

« Hé, c’est pas si mal ! Tu as du talent. » À nouveau, elle glissait un compliment sous couvert de le suivre dans ses plaisanteries. Mais Mêgam n’était pas du genre à se moquer. Il y avait toujours une part de ce qu’elle disait qui était pensé. « Je t’engage. Félicitations. Par contre pour la prime, faut pas abuser. »

Son rire s’était à nouveau fait entendre avant de laisser place aux échos qui venaient d’en-bas.

Ce banc ne l’avait jamais vue rire, avant. Et il n’avait jamais accueilli quelqu’un d’autre à ses cotés. Ce qui aurait pu sembler bizarre ne l’était absolument pas.

Ce qui l’était, en revanche, c’était d’entendre quelqu’un lui demander ce qu’elle pensait.

Comme Mohan l’avait fait, quelques jours plus tôt. Et la première réponse qui lui vint fut exactement la même que celle qu’elle lui avait donné.

Ce que je pense n’a pas d’importance, aurait-elle pu lui souffler.

Ça n’en avait jamais eu à ses yeux. En toute logique, ça ne pouvait en avoir dans les siens.

Sirotant bruyamment sa dernière gorgée de milkshake, elle fit disparaître ses déchets d’un coup de baguette avant de pivoter légèrement vers lui et parla réellement cette fois-ci, reprenant les mots qu'il lui avait servi un peu plus tôt.

« Pas de pensée. Juste toi et juste moi ce soir. »

Même si elle avait très envie de savoir ce qui lui passait par sa tête à lui en cet instant précis.

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