Mission #8 | Enquête EF-P-00

Le patronus canin à peine évaporé que le silence enserrant le quartier général de la brigade laissa planer une angoissante atmosphère. Engourdis par l'urgence de cette nouvelle alarmant, Noma chassa le grime de ses émotions et chercha à cacher habilement ses inquiétudes à l'abri d'une mine à l'éternel impassibilité. Ainsi, le regard perdu sur le plancher d'ébène, le né-moldu se releva prestement de ce bureau juché de rapports et d'un hochement de tête prompt à l'égard de l'un et l'autre de ses camarades, le brigadier, sans un mot, posa ses pupilles de corbeau sur sa jeune recrue, une jeune femme pleine de ressources et en laquelle il nourrissait désormais une confiance quasi-aveugle. Un maigre sourire supposé la rassurer fendit les lèvres crispées de l'américain et d'une poigne volatile, le Kahuna tira son barda dans la précipitation avant de se jeter dans le dédale de couloirs.

Les secondes à travers les longs corridor du Ministère semblaient s'être subtilisées aux pouvoirs du souvenir et dans les craquements caractéristiques de disparitions successives, le trio s'était soustrait au faste cérémonieux de l’atrium. De cette même sonorité brisant l'éther d'un bourdonnement sec, l'équipe apparue non loin de leur point de chute. Accueilli par la plus triste des manières, l’estomac retourné, Karma s’immobilisa un court instant avant de reprendre contenance. Et tel un spectre clopin-clopant, fendant la brume des incertitudes, un lévrier aux contours fébriles leur délivra le testament d’un homme faisant les honneurs de sa profession, les dernières volontés d’un sorcier se sachant condamné. Aussitôt le soupir d’un souhait balayé par le grain d’une pause morne, s’étirant avec mollesse, l’éphémère canidé s’épuisa en un frimas azuré.

Dans ce mutisme funeste et tenace, le maigre contingent parvint à se réunir sous le couvert décharné d'un feuillu offrant le prime du plus déplorable des spectacles. À la lueur d'un revelio magnifiquement exécuté, les silhouettes de corps inertes manifestaient avec froideur et cruauté de la fureur des combats. Le poids d'une culpabilité sur le cœur, le Sammy n'eut guère le temps d'accompagner les âmes de leurs défunts d'une prière. Pour cause, une volée de sortilèges venait tout juste de s'abattre avec approximation sur l'arbre voisin. Ne comptant point sur leur chance, le Kanaka agrippa sa baguette et dévisagea de ses iris ombragés ses camarades d'infortune. L'adrénaline fouettant son carmin, la Valkyrie se redressa sans semonce. S’ils n’avaient aucune idée sur l’estimation d’une arrivée de renfort, les trois agents allaient devoir composer et faire au mieux afin de contenir l’attaque.

Un rictus à la commissure de la bouche, la tête tournée vers le castel, s'armant d'un soupir lâché aux quatre vents, les méninges de l'hawai'i tournaient à plein régime, ficelant à la hâte un plan fragile et incertain. Sous le coup de l'impératif, défiant bien aisément d'une hiérarchie établie ou d'une remarque soulevant l'état impérieux de la situation, tel un chef d'orchestre autoproclamé, Noma vacilla sur ses talons et jugea sans mépris le tamoul et l'étudiante. ❝Yeleen, prends de la hauteur et assure une couverture aérienne tout en veillant à ne pas manquer une quelconque fuite. Si le choses viennent à mal tourner bat en retraite et lance un appel de détresse. Rajkumar, je vous laisse le soin de passer par l'arrière et de prendre les assaillants à revers. Je ferais diversion à l'avant, profitez-en pour prendre vos positions ! Lancez un periculum avant de pénétrer la maison, ce sera mon signal pour passer en force ! ❞ Et sans attendre l'approbation de son supérieur, le voltigeur s'engouffra dans la brèche taillée à même le dôme protecteur de sa subalterne.

Lançant tout azimut une mitraille de sorts et maléfices en direction des fenêtres, l'Asiatique ne tarda à enjamber la première victime de cet l'assaut. Méconnaissable, la face contre terre, Karma ne s'attarda sur son identité et le bras en opposition à une vaine tentative de l'atteindre, un charme de bouclier dressé devant lui, il sprinta à toutes jambes vers la façade du bâtiment, non sans barrer les accès inférieurs à grand renfort d'un mur de feu bleuté*. Si cela n'empêchait pas moins leurs adversaires de prendre la fuite, toute considération faite, même une poignée de secondes grapillée constituait un avantage pour le ministère et ses fervents représentants. Les phalanges blanchies contre le pommeau de son sceptre boisé, le menton vissé aux cieux et les yeux se détournant des cadavres de ses frères tombés pour leurs idéaux, le 'ricain toisait le manteau étoilé dans l'attente de voir percer l'oriflamme de son salut.   

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Ankylosé par le funèbre spectacle de ses camarades abandonnés à même le sol, le palpitant du brigadier s'emballa. Tel un cheval du diable inarrêtable, aveuglé par la noirceur d'un cœur battant au rythme des représailles et pires atrocités, Noma consentit à perdre pied, à faire le deuil d'un combat livré dans les règles de l'art. Les jointures de ses doigts craquant sous l'impulsion de ses nerfs ébranlant sa baguette, l'insulaire laissait volontiers les desseins d'une Justice se dérober sous l'esprit doucereux d'une vengeance froidement servie. Plaqué contre la façade du manoir, les yeux mouillés d'un sanglot muet, le voltigeur cilla à peine au passage d'un jet de rubis ayant eut la peine de le manquer d'une coudée.

Un sourire carnassier aux lèvres, le tireur d'élite releva fièrement la tête. D'un mouvement déterminé, les lignes de son caducée caressèrent les traits détachés d'un visage fermé, avant que d'un mouvement assuré, l'avant-bras de l'Asiatique ne dessine les courbes imparfaites d'un Patronus marin. ❝M'apprêtes à engager les hostilités ! Pouvez pénétrez l'habitation par tous les moyens !❞ Quelques mots hachés en un murmure, un message jeté en pâture au silence morbide de cette douloureuse soirée, les iris luisant devant le salut d'un semblant d'énergie positive, l'hawaïen suivit ces messagers incorporels s'évanouirent dans la pénombre. Les phalanges frissonnant d'adrénaline, expiant ses pêchés à venir en une cascade de soupirs fades, les poumons brûlant des soupçons ardents de vendetta, les paupières de l'américain se fermèrent alors que les flammes de son purgatoire l'engloutissaient d'une bise aseptisée.

Passant le rideau azuré, un craquement feutré naquit du brasier. Sans annonce, un impardonnable fendit le gèle d'une issue bloquée, d'où ne tarda à en émerger son bâtisseur. Léché par l'ardoise de son sortilège, le Sammy s'avança d'une démarche à l'insolente confiance, son chêne rouge toujours pointé sur l'intrus qu'il venait de frapper d'un Imperium. L'onyx d'un regard implacable posé sur sa victime, le fonctionnaire s'approcha. Le bout de sa canne braqué contre la tempe du malfrat, Noma glissa dans l'esprit de sa marionnette ses instructions. ❝Ouvre la voie et débarrasse moi de mes ennemis !❞ Sa volonté rongée par la haine et la ténacité qui l'animait, l'enfant des îles n'aurait aucune difficulté à garder sous son contrôle ce gangster de bas étage. D'une impulsion sauvage, barricadé derrière son pantin, le marionnettiste poussa le scélérat vers les échos fébriles des revelio de Rajkumar.

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