The Girl Who Fell From The Past (ft : Mêgam Joshi)

INFOS FICHE DE PERSO

Premier Juillet 2023,

Pré-Au-Lard, début d'après-midi.

Une jeune femme titubait tant bien que mal le long de la rue, collectionnant au passage les regards confus et airs réprobateurs. Elle n'était pas bourrée, à peine pompette. Non vraiment. C'est juste que ce matin, elle avait trouvé une vieille bouteille de vodka ukrainienne qu'elle avait trainée dans ses bagages depuis plusieurs années, bien sûr, elle s'était dite qu'il fallait la réserver pour une grande occasion, et puis, suite à une conversation un peu chargée avec un client à midi, certains souvenirs de son passé étaient revenu à elle.

Ça vous dit quelque chose ce sentiment que vous ressentez en repensant à un ex ? Ce mélange d'émotions contradictoires en se rappelant des bons moments, pourtant assombris par la réalisation que les problèmes qui ont causé la rupture étaient là depuis le début ? Pour Sera, c'est une émotion qu'elle connait bien. Sauf que pour elle, ce sentiment s'applique à quasiment toutes ses relations. Et pour le coup, l'ex-toxique, c'est définitivement elle.

Elle sait qu'elle devrait éviter cette ruelle, ce magasin qu'elle avait souvent fréquenté par le passé. Elle avait toujours été une personne rationnelle et raisonnable, donc bien évidemment elle regardait tout ce qui était lié à la divination avec une bonne grosse putain de dose de sel. Après tout, même s'il y a des gens qui ont un petit talent pour voir l'avenir, ils doivent exagérer quand même ? Sera se dit soudainement que sa vie doit juste être la punchline d'une blague divine.

Bien sûr, elle n'a aucune intention de rentrer dans la boutique. Elle passe à côté juste comme ça. Tant qu'elle y est, pourquoi ne pas voir si la boutique est toujours en bon état ? Alors, elle se met là, elle regarde la boutique pendant un moment avant de s'approcher un petit peu. Juste pour voir si elle peut voir quelqu'un qu'elle connait à l'intérieur. Elle s'approche lentement de l'entrée...Puis, elle se cogne le pied contre une marche et elle tombe, tête la première, à l'intérieur de la boutique.

Cette marche n'existait définitivement pas la dernière fois qu'elle est venue. Rien à voir avec l'alcool.

The Girl Who Fell From The Past

— ft. @Seraphina Solstice

01 07 2023

Quand on travaille en tant que voyante dans un illustre village sorcier, on est généralement coutumier des rencontres inattendues, des entrées rocambolesques, des demandes farfelues. On sait que le futur et le passé s’entremêlent chaque jour qui passe. On est conscient de la place laissée à l’imprévu. On n’oublie pas que l’inopiné ne se tient jamais très loin.

On sait tout ça, et on vit avec. C’est un fait.

S’attend-on pour autant à voir son propre passé resurgir devant ses yeux quand on l’a mis de côté, contraint et forcé ?

Mêgam avait beau voir clairement l’altéré et ce qui restait à venir, elle n’aurait certainement pas pensé, en ce premier jour de juillet, recroiser une de ses amies de longue date. Surtout quand sa visiteuse surprise trébuchait lourdement, s’étendant de tout son long sur le sol, sans qu’elle n’ait eu le temps même de tenter de la reconnaître.

Le passé aimait parfois à montrer le bout de son nez avec le plus grand des fracas, sans prendre la peine de s’annoncer.

C’était donc une de ces fois-là, où les Joshi n’avaient rien anticipé. Rien vu venir. Pas même l’ombre de ce visage familier, avant qu’il ne vienne troubler la sérénité dans laquelle commençait doucement à plonger ce début d’après-midi.

De l’autre côté du comptoir, à l’opposé de l’entrée, la cadette Joshi sursauta devant un bruit lourd et sourd, fendant le silence dans lequel elle était plongée depuis qu’elle s’était lancée dans les comptes du mois de juin de la boutique. Une main sur le coeur pour témoigner de la peur qui l’avait saisie, l’ancienne Serdaigle s’avança, et avec toute la prévenance dont elle savait faire preuve, s’agenouilla près du corps inerte qui semblait avoir pris un sacré coup.

Sans se douter qu’elle l’avait surtout pris en plein dans le nez.

« Est-ce que ça va ? »

Pour le moment, le visage de la personne à terre n’était pas visible en dehors d’une longue tignasse blonde qui gisait sur les carreaux en terre cuite. Si le parfum du passé aurait pu monter jusqu’au nez de la voyante, lui donnant un indice sur l’identité de l’inconnue, celui-ci était bien caché par les effluves de l’alcool qui lui parvenaient, à la place.

Visiblement, la personne qui venait de faire connaissance avec les pavés n’était pas morte, elle avait juste trop bu au point de rater la marche.

Mêgam se surprenait à espérer que l’inconnue n’était pas entrée dans le but de lui réclamer une séance.

Les astres répondaient mal aux questions qu’on leur posait quand ils flairaient l’alcool de là-haut.

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INFOS FICHE DE PERSO

Le cerveau de Seraphina n'est pas le plus affuté dans le meilleur des temps, mais là elle ram comme un pc sur lequel on a téléchargé des exécutables louche. Pourtant, même dans cet état second, elle se rend bien compte qu'elle s'est mis dans une sacrée merde et qu'elle va devoir réussir à être particulièrement conne pour se tirer de là.

La jeune femme relève lentement la tête, ses cheveux sont en pétard et ses joues ainsi que son front sont rougis. Mais ce qui frappe Mêgam soudainement, c'est ce regard.
Sérénité avait toujours fait honneur à son nom, c'était une jeune femme qui avait un contrôle complet de ses émotions et qui n'affichait jamais plus qu'un air légèrement amusé. Elle avait de cheveux blonds très courts et une tenue toujours soigneusement entretenue. La jeune femme devant Mêgam est à l'opposé complet de cette image nostalgique, tout un éventail d'émotions est nettement visible et elle est tout sauf soigné.
Pourtant, le regard reste exactement le même. Un regard perçant et remplis d'ambition qui a toujours indiqué la vivacité et l'ambition brûlante qui traversait toutes les apparences.

Seraphina commence à se relever lentement tout en s'excusant brusquement

"Yup yup tout va bien. J'ai juste glissé chef. 'savait comment c'est, des fois, vous passez une très bonne journée et la vie se dit que c'est le bon moment de vous rappeler que vous êtes sa salope."

...La seule chose que Mêgam pouvait être sûr, c'est que son ancienne amie n'aurait jamais parlé comme ça. Elle n'a même pas souvenir d'avoir entendu la moindre vulgarité sortir de sa bouche. Pour l'instant, l'inconnue dépoussière ses vêtements avant de continuer à balancer un flot non interrompu d'inepties.

"Donc j'disiais...J'disais quoi déjà ? Ah oui. Moi c'est Solstice, le Wandering Inn tout ça tout ça, l'auberge qui vient d'ouvrir vous savez...Là ou les fous vont boire. Bref. C'est bien ici la boutique des Joshi ? Je me suis pas plantée ? "

Elle réfléchit un instant avant d'éclater de rire

"Enfin si, je me suis bel et bien plantée."

Durant toute sa tirade, Seraphina évite soigneusement de regarder son ancienne amie. Elle regarde dehors comme pour chercher un endroit où fuir, elle admire la boutique avec curiosité. Elle a vaguement regardé les vêtements de Mêgam, mais jamais son visage.

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— ft. @Seraphina Solstice

01 07 2023

Quand le visage tourné contre le sol fit tout à coup volte-face devant celui de Mêgam, il y eut comme un moment de latence. Un instant de questionnement. Un silence.

Parce que les traits de l’inconnue étaient finalement très loin de l’être, inconnus. Au contraire, ils étaient d’une familiarité déconcertante. À vous couper le souffle. Littéralement.

Pendant quelques minutes, Mêgam resta de marbre, incapable de l’aider à se relever, à reprendre ses esprits, ou même de prononcer un seul mot. C’était à croire qu’elle venait de croiser un fantôme d’un nouvel ordre, bien loin de ceux qui parcouraient inlassablement les couloirs de Poudlard et qu’elle avait pu croiser durant ses études.

Celui-là, c’était un fantôme du passé, un souvenir en chair-et-en-os, de ceux qu’on ne s’attendait pas à voir resurgir à force de s’être habitué à leur absence.

Sérénité avait disparu du jour au lendemain, sans laisser de traces. C’était bien simple : un jour, elle était là, le lendemain, elle ne l’était plus. Et si la situation avait échappé à Mêgam, elle s’était toujours demandée pourquoi. Elle s’était toujours demandé comment. Et, surtout, elle s’en était voulu de n’avoir pas cherché à voir, à prédire, à anticiper. Elle s’était toujours dit que ça aurait été moins dur de perdre une amie quand on pouvait s’y préparer.

« Sérénité, c’est toi ? », se risqua la voyante, abasourdie, le regard un peu méfiant.

Qui d’autre ?

Bien sûr que c’était elle. Il n’y avait aucun doute quant à l’identité de la personne qui lui faisait face.

Ses yeux d’un bleu profond la ramenait au jour de sa disparition — quoi que ses cheveux ensoleillés étaient un peu plus courts que dans son souvenir — laissant sur le visage de Mêgam une pointe de sidération à peine dissimulée. D’autant qu’à entendre les mots de Sérénité, cette dernière ne la reconnaissait pas.

La première théorie, et la plus sensée sur le moment, consistait tout naturellement à penser que l’alcool pouvait avoir un rôle à jouer sur cette perte de mémoire. Pour le temps qu’elle avait passé dans la boutique, Sérénité ne pouvait pas ne pas se souvenir. C’était tout bonnement impossible. Et inenvisageable.

« Je sais qui tu es, Sérénité. On a passé quatre années à Poudlard ensemble… tu ne te rappelles pas ? », hasarda Mêgam en partant à la recherche de son regard fuyant. Elle qui détestait toiser les gens n’avait aucune retenue quand il s’agissait de cette amie qui lui avait fait faux-bon. « Bon sang mais t’as vidé tous les bars de Pré-Au-Lard ou quoi ? »

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Pendant que Mêgam hésitait, Seraphina prend le temps de reprendre le contrôle de ses émotions et de réfléchir. En quelques instants, elle imagine plusieurs situations possibles pour se tirer de cette situation. Honnêtement, le plus malin, et plus drôle aussi, ça aurait été de juste fuir. Mais le truc, c'est que quand tu vis dans un village, c'est un peu chaud se cacher d'éviter une voisine.

Mais le fait est que Seraphina connaissait bien Mêgam, si elle n'a pas trop changée, elle devrait pouvoir profiter de sa timidité et de son côté effacé pour imposer sa présence et mener la conversation. Elle esquive habilement Mêgam pour se faufiller dans la boutique, elle se dirige directement vers la section boule de cristal, elle passe ses mains derrière son dos et admire son propre reflet dans la glace.

"Je suis probablement la personne la moins sereine du monde. Z'êtes sûre que vous me confondez pas avec ma jumelle maléfique ?" Elle claque de sa langue à plusieurs reprises pour produire un crissement désapprobateur. "Na na na. J'aurais pu vider tous les bars de Pàl. Mais le truc quand t'as une auberge, c'est que tu peux le faire de chez toi. Pas mal non ? En plus, j'avais une bouteille de vodka que j'avais ramenée de chez moi en Ukraine..."

Seraphina conclut sa tirade par un "chef kiss" accompagné du geste de la main et tout. Une chose est sûre, Sérénité était Franco-Anglaise, pas du tout Ukrainienne. Elle se retourne vers Mêgam avec un sourire en coin sur les lèvres.

"À la base, je cherchais un truc pour rendre mes séances de voyance un peu plus intéressante...Histoire d'occuper le client surtout. Et si ça pouvait aider avec la divination, ça serait bien. J'avais pensé à un jeu de carte qui fait très mystique et magique...Ou un truc dans le genre. J'aime bien les cartes." Elle fait avec un vague geste de la main dans la direction de Mêgam "Et tant que j'ai une voyante sous la main. Tu rafles combien aux clients ? J'sais jamais combien demander, j'ai toujours l'impression de faire payer trop cher, mais y a toujours des cons pour payer malgré tout."

Sérénité n'avait jamais eu de mal à croire aux pouvoirs de Mêgam, après tout, elle l'avait vu suffisamment pour savoir qu'il y avait de la vérité là-dedans. Mais elle était avant tout quelqu'un d'extrêmement sceptique qui partait du principe que jusqu'à preuve du contraire, chaque voyant qu'elle croiserait sera un charlatan. Et même les prophéties d'un vrai voyant sous mises à tellement d'incertitude et ouverte à tant d'interprétation possibles, que les prophéties ne pouvait pas être considérée comme une source d'information fiable...

L'idée que Sérénité puisse réellement être voyante est complètement absurde. Actuellement, Seraphina a plus l'air d'une arnaqueuse.

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— ft. @Seraphina Solstice

01 07 2023

Physiquement parlant, il n’y avait plus aucun doute possible.

C’était bien Sérénité qui venait de marquer son grand retour dans la vie de Mêgam, avec une brutalité à laquelle elle ne l’avait pas habituée. D’ordinaire si calme et posée, elle ne montrait plus aucune trace de sérénité.

Physiquement donc, tout était conforme au souvenir que l’ancienne Serdaigle se faisait de son ancienne amie. De ses cheveux à ses yeux, en passant par sa silhouette et sa voix.

Mais Mêgam s’était quand même posée la question au point de la formuler à haute voix, simplement par acquis de conscience. Parce que si son interlocutrice était une copie conforme de cette amie égarée, les propos qu’elle tenait n’avaient, quant à eux, strictement aucune cohérence.

Une jumelle maléfique semblait effectivement être la théorie la plus probable à ce stade de leur échange. Et ça aurait même pu être totalement plausible si Mêgam ne savait pas que Sérénité n’avait jamais mentionné l’ombre d’une sœur.

« Tu l’étais, avant. »

Et si en temps normal, Mêgam était, elle aussi, la sérénité incarnée, le petit jeu de son interlocutrice et cette façon qu’elle avait de refaire son apparition dans sa vie après l’avoir lâchement abandonnée avait le don de faire légèrement monter la pression à l’intérieur d’elle, au point de faire même quelques pas pour la confronter et plonger son regard dans le sien.

Elle se laissait rarement aller, Mêgam. Elle avait même plutôt tendance à fuir les difficultés, à tenir en horreur les conflits. Mais avec ses amis, c’était différent. Et avant qu’elle ne disparaisse du jour au lendemain, elle considérait Sérénité comme telle.

« À quoi tu joues, là ? De quelle auberge tu parles ? En plus, t’es aussi Ukrainienne que je suis Coréenne… »

Le visage de Mêgam s’était fait plus dur, bien que ses traits conservaient par nature une certaine douceur. Elle ne savait pas à quoi ressemblait la colère, mais si elle devait avoir une couleur, ça serait probablement celle qui se répandait comme une traînée de poudre dans ses iris.

Et quand vint la question de l’argent, elle se rapprocha encore de la jeune femme, tandis que son regard lui intimait avec sévérité de parler moins fort pour que sa mère, à l’étage, ne l’entende pas.

Sa famille avait un profond respect pour leur métier, et le don qui leur avait été fait, à la naissance, était précieux.

Et s’ils demandaient effectivement une compensation financière, ce n’était pas pour se faire de l’argent sur le dos de qui que ce soit, mais simplement pour gagner leur vie honnêtement, en faisant ce en quoi ils excellaient.

C’était un sujet sensible. Aussi, la voix de Mêgam commençait à se faire tremblotante. Ses yeux brillaient d’une intensité rare, car le plaisir de revoir son amie avait été plus qu’éphémère.

Parce qu’il avait laissé la place à une profonde déception.

« Pourquoi tu parles de séances de voyance ? Je ne comprends rien. » Une dernière question pour celle qui n’en posait jamais de peur de la réaction de ceux qu’elle interrogeait. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, Sérénité ? »

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Sous les yeux de Mêgam, Seraphina semble se calmer d'un seul coup. Son regard se tourne vers elle, ses mains retombent contre son coeur...Puis, elle éclate de rire.

L'hilarité était aussi soudaine qu'inexplicable, elle continue à rire pendant quelques secondes avant de reprendre sa personnalité déjanté. Elle sourit face à sa Mêgam et elle se rapproche en titubant. Elle fait non avec le doigt d'un air faussement réprobateur.

"Tsss Tsss Tsss. Faut suivre là. C'est bien de poser des questions, mais faut écouter ce que j'dis aussi !"

Ironique venant de quelqu'un qui a du mal à se tenir debout et qui vie définitivement dans son propre monde.

"Moi c'est Seraphina. Se-Ra-Phi-na. Comme un ange, tu vois ? Et comme je l'ai dit, je suis l'aubergiste du Wandering Inn. Là où les fous vont boire. Tout ça tout ça. Va falloir bien me suivre là, parce que j'ai une sacrée histoire."

Seraphina se recule légèrement et place son dos contre un mur, son regard se porte vers l'horizon tout en racontant sa petite histoire.

"Je connaissais une meuf, À la base c'était juste une idiote lambda, tout aussi ennuyante que n'importe quelle autre sorcière, même pas une goutte de sang de vélane ou une identité secrète en tant que louve-garou. Sauf qu'un jour, comme ça sans raison, elle se rend compte qu'enfaite, elle peut voir le futur, que d'une certaine manière, elle l'a toujours pu."

Un grand sourire s'affiche sur ses lèvres, Mêgam peut voir que Seraphina se retient d'éclater de rire une deuxième fois.

"Et c'est là qu'elle a commencé à paniquer. Parce que tu vois, les rêves que la meuf elle faisait c'était vraiment, vraiment bien de la merde. Tu es une voyante aussi. Tu t'es déjà demandée ce que tu ferrais si tu voyais un futur vraiment, vraiment merdique ? Et bah dans le cas de cette meuf, vu qu'elle a jamais été la plus maligne, elle s'était dit que la meilleure solution, c'était de mourir. Booom, fin de l'histoire. "

Cette fois, elle se met bel et bien à ricaner, elle cherche quelque chose dans sa poche, et soudainement son sourire disparait. Elle gonfle ses joues en une expression boudeuse en regardant Mêgam.

"Damn, j'ai sorti trop de conneries à la minute, j'ai besoin de recharger. T'aurais pas un truc à boire ?"

Demande-t-elle le plus sérieusement du monde.

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— ft. @Seraphina Solstice

01 07 2023

Impossible pour Mêgam de cacher son désarroi à l’instant même où Sérénité se laissa aller à une crise de rires juste devant ses yeux. Et comme si cela ne suffisait pas, sa retenue ne l’étouffait visiblement pas.

Elle s’y donnait à cœur joie.

Mais Mêgam n'avait pas le cœur à rire, elle d'ordinaire si joyeuse. La situation échappait complètement au contrôle de la jeune Joshi.

La colère qui était montée laissa alors soudainement place à une forme de tristesse, naissant au moment même où elle s’aperçût que son amie n’était plus vraiment là. Que la personne qui avait pris le relais dans sa tête, quelle qu’elle soit, et qui se tenait en face d’elle, n’avait strictement rien à voir avec celle qui avait passé ses cinq premières années à Poudlard à ses côtés.

Le cœur de Mêgam se serrait à mesure qu’elle obtenait des réponses de la bouche de celle qui disait s’appeler Séraphina, et qui parlait désormais d’elle à la troisième personne, plongeant toujours plus profondément la voyante dans l’incompréhension la plus totale. Ou bien était-il réellement question de quelqu'un d'autre ?

C’était à n’y plus rien comprendre et Mêgam avait clairement perdu le fil de ses propres idées.

Et dans ce genre de situation, y avait-il meilleure solution que de se raccrocher à ce qu’on tenait pour acquis ?

« Puisque tu me racontes ta vie, ou celle de quelqu’un d’autre j'en sais trop rien, je vais te raconter celle de Sérénité Campbell. La jeune femme que j’ai connu, moi. Mon amie. Celle qui était à mes côtés depuis le premier jour, celle qui est venue s’asseoir tout près de moi après la cérémonie de la répartition. Quelques années plus tard, elle est devenue préfète de notre maison. Elle avait un sourire d’une douceur infinie, et une voix au moins tout aussi tendre que ses traits. C’était une femme brillante et méthodique. Elle était la présidente du club d’échecs à Poudlard, et quiconque la défiait pouvait être assuré qu’il allait perdre. C’est pour ça qu’elle a gagné quatre fois le tournois. Quatre fois, tu te rends compte ? Et elle était tellement douée en sortilèges et en enchantement qu’elle m’a donné des cours particulier. Elle voulait devenir langue-de-plomb. Elle avait des ambitions. Autres que de collectionner les bouteilles de verre vides, j’entends. Et c’est drôle que tu sois là, tu vois, parce que Sérénité a passé tellement de temps dans cette boutique que j’étais sure que je la reverrai passer le pallier, un jour. Je m’étais promis que peu importaient les problèmes qui l’avaient faite fuir, je l’aiderais… parce qu’elle m’avait toujours aidée, elle aussi. » Dans un sens, n’était-ce pas justement ce qui était en train de se passer ? Cette Séraphina qu’elle clamait être, haut et fort, n’était-elle pas venue dans le but de chercher une aide quelconque, dans toute son inconscience, au beau milieu de toutes ses lubies ? « Pourquoi tu m’en as jamais parlé ? Pourquoi tu me l’as pas dit ? Pourquoi t’as voulu vivre ça toute seule ? »

Un long silence se fit quand Mêgam réalisa que le ton de sa voix était naturellement monté sous l’effet des reproches qu’elle formulait.

Non, elle n’avait aucune envie de rire.

Si le rire de Sérénité avait toujours été communicatif, celui de la femme qui se trouvait en face d’elle actuellement était plutôt morbide.

« Pourquoi t’es partie ? Qu’est-ce que tu as vu ? »

Le fait qu’elle ait pu être voyante ne l’étonnait pas tant que ça. Au final, Mêgam se demandait si, quelque part, elle ne l’avait pas toujours senti. Sérénité avait parfois mentionné qu’elle faisait des rêves parfois trop réalistes.

Tout prenait un sens, désormais.

Maintenant qu’elle avait dit tout ce qu’elle avait à dire, la Joshi attrapa sa baguette pour servir un verre d’eau à la jeune femme.

Elle ne croyait quand même pas qu’elle allait lui servir ne serait-ce qu'une seule goutte d'alcool ?

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Face à Mêgam, Seraphina resta silencieuse pendant un long moment, c'était même la première fois depuis qu'elle a passée la porte de la boutique qu'elle ferme sa grande gueule. Elle attrape le verre d'eau qui lui a été passée et elle le sirrote pendant un moment. Sans regarder Mêgam elle se mets à réciter un poème.

"I shall grow not old, as you that are left grow old:
Age shall not weary me, nor the years condemn.
At the going down of the sun, on the longest of day.
Let me be forgotten.

As the sun that shall be bright when I turn to dust,
Moving in hills upon the heavenly plain;
Near the veil of the future, near the time of darkness
To the end, to the end may you remain. "

Aucune pause ou hésitation, si ce n'est une prononciation douteuse et une solémnité brisée par quelques hoquets. À la fin de son poème, elle termine le verre d'eau en une gorgée.

"Damn. Je suis trop sobre pour ces histoires. Tu voudrais pas venir boire à mon auberge ? C'est moi qui règale... Non ? Ouais, le contraire m'aurait étonné."

Visiblement, Seraphina semblait considérer que son petit poème était une réponse suffisante à la tirade de Mêgam, elle s'éloigne lentement de son ancienne amie et se dirige vers la porte d'entrée en titubant. Tournant le dos à Mêgam, elle conclura finalement :

"Si j'ai bien apprit quelque chose, c'est que le passé est sans importance, et que le future est une bonne grosse connasse. On veut changer les deux, mais c'est que le future qui peut être pousser. Le truc, c'est que changer le future ça a rien de bien difficile. Je pourrais me jeter du haut de la tour d'astronomie, ça serait si simple. Ce qui est difficile, c'est de changer l'avenir pour le meilleure." Quelque soit l'idée qu'elle voulait transmetter, elle a visiblement perdu le fil. Heureusement, elle fini par se reprendre en main "Contrairement à nous, la plupart des gens sont myopes. Ils ne peuvent que se laisser porter par le future. Nous, on peut choisir. J'ai choisi de nager à contre courant pour finir par faire du surplace, tu as choisi de te laisser porter malgré tout, mais au moins on a pu choisir."

Elle n'avait répondit à aucune des questions de Mêgam, et simultanément, elle avait répondu à toute ses questions. Si Mêgam ne la retient pas, Seraphina s'apprête à quitter la boutique pour se diriger vers son auberge. Visiblement pas plus heureuse que quand elle était venue, mais au moins ça confirmait certaines des décisions qu'elle avait prise six ans plus tôt.

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— ft. @Seraphina Solstice

01 07 2023

Des vers de poésie, comme pour lui faire oublier la vulgarité de ses mots passés. Comme pour l’aider à accepter la triste vérité : celle qui consistait à admettre que son amie était partie. Pour de bon.

Pendant que Seraphina avait énoncé sa prose, Mêgam eut un moment l’impression de reconnaître un peu de Sérénité dans certaines phrases, avant que d’autres tics de langage ne viennent effacer ces douces sensations éphémères.

Mêgam avait gardé le silence, sans trop savoir sur quel terrain elle l’emmenait. Sans trop savoir si elle devait la suivre ou bien rebrousser chemin — l’abandonner ? Et si le poème se voulait une réponse à de nombreuses interrogations, la voyante ne comprenait pas ce qu’elle était censée faire de ça. Oublier ceux qui avaient compté ? Impossible. Rester jusqu’à la fin ? Mais jusqu’à la fin de quoi, au juste ? Son cerveau se nouait, comme si quelque chose lui échappait.

Alors que l’évidence était sous ses yeux.

Mais peut-être ce quelque chose l’empêchait-il de la voir.

Ce n’est déjà pas évident d’accepter la mort de quelqu’un quand ce quelqu’un est parti, alors l’accepter quand ce quelqu’un est en face de nous et nous parle, en bonne santé, est une gymnastique des plus compliquées.

La suite ne l’aidait pas à y voir plus clair et Seraphina elle-même dut bien se rendre compte de la confusion qu’elle créait chez celle qu’elle était venue chercher. Le visage de Mêgam se faisait tantôt interrogateur, tantôt perdu, sans chercher un seul instant à s’en cacher. Ses émotions se lisaient sur elle comme si ses traits étaient des mots ; sa peau, du papier finement tissé, sans aucune imperfection.

En face d’elle, Seraphina faisait les questions et les réponses, tentant de s’expliquer sans y parvenir. C’était à croire qu’elle n’avait pas tenu de raisonnement ou de discours logique depuis qu’elles s’étaient quittées, sans un mot, du jour au lendemain.

Mais quand elle la vit rebrousser chemin pour de vrai, elle, Mêgam fut prise d’un sursaut, comme si elle venait de se rendre compte que sa seule chance de ramener son amie était en train de lui échapper.

Mais il était hors de question qu’elle lui file entre les doigts. Une seconde fois.

Il n’y avait qu’une seule raison qui avait pu pousser l’ancienne Serdaigle à quitter sa vie d’avant pour en vivre une autre.

Elle avait vu l’avenir et ce qu’il lui avait été donné d’entrevoir avait drastiquement changé sa vision du monde qui l’entourait, au point de chercher soudainement à s’en émanciper.

Tout était sous les yeux de Mêgam.

Elle le voyait, ce tout, mais refusait dans le même temps de regarder dans les yeux.

« Reste. Je ne veux pas que tu t’en ailles. Quand t’es partie, la première fois, t’as laissé un tel vide derrière toi… Et cette fois je te laisserai pas recommencer. Ce serait la fois de trop. T’as choisi de partir une fois et maintenant tu peux choisir de rester. Mais quoi que tu décides, il faut que tu sois consciente que je ne compte pas abandonner. »

Ni t’abandonner.

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