Nero détestait le Marché aux Trolls, et pourtant, c’était un endroit familier, presque devenu réconfortant. Il avait mémorisé toutes les rues, il connaissait la majorité des commerçants les plus affluents. Il avait visité la grande partie des établissements, étant devenu un visage connu pour certains. Même si il n’était pas assez consistant pour être un régulier, Nero savait que si il pénétrait à l’intérieur de la Maison de Charme aujourd’hui, Mme Carmilla (
@Iris Faux-Orpin) le reconnaîtrait, même après plus d’un an d’absence. Cette pensée épuisait Nero.
Et pourtant il était incapable de rester loin de ces allées, trop utiles à sa double vie.
Alors que le soleil changeait la couleur du ciel d’un bleu à un pourpre, Nero poussa la porte d’un magasin d’aménagement extérieur. Le MacGregor avait toujours préféré faire ses emplettes le matin, mais le Marché aux Trolls était un endroit particulier, qui s’animait surtout le soir: c’était plus facile pour l’homme de main de se fondre dans la masse quand les rues étaient bondées.
Le tintement de la cloche annonça son entrée, et Nero fila comme une flèche directement vers la section qui lui était utile, trahissant son habitude de l’endroit.
D’une étagère, Nero s'empara d’un sceau hermétiquement fermée. Une poudre hautement explosive, si allumée par le bon sort. Sur l’étiquette, on pouvait y lire toutes sortes d’avertissements, et d'instructions: fait pour se débarrasser des racines récalcitrantes et
seulement les racines, il avait vite été découvert que les explosions se prouvaient particulièrement utiles sur les autres créatures vivantes. Pour des raisons légales, évidemment, le jardinage était le seul véritable usage publicisé pour le produit, mais ça ne voulait pas dire que les connaisseurs n’étaient pas au courant de son… efficacité.
Peut-être que Nero venait s'équiper pour le projet qu’il avait entamé dans le jardin du domaine MacGregor. Ou peut-être était-ce en lien avec le voyage au nom d’Atoum qui approchait.
C’était le truc, avec Nero. Il ne se cachait pas activement de ses venues, il ne cammouflait jamais son identité, il marchait toujours sur la fine ligne entre le justifiable et l’illégal: Nero savait ce qu’il faisait pour ne pas être coincé, il avait appris avec l’expérience, et c’était peut-être ce qui l’énervait le plus.
Alors qu’il observait les produits, seul dans la section, il sentit une présence s’approcher, se rangeant à ses côtés. Ses muscles se tendirent alors qu’il jeta un coup d’oeil furtif vers le nouveau venu, mais il reconnu le visage familier.
La familiarité, au Marché aux Trolls, était toujours de mauvais augure.
“Qu’est-ce que tu fais ici?” demanda Nero, sans aucune trace d’animosité dans sa voix, mais une certaine appréhension, toujours de mise quand il était question de leurs rencontres.
Il n’avait pas besoin d’avoir passé ses BUSES pour savoir pourquoi Franz venait l’aborder.