You cannot change what you are, only what you do

Le ciel se voilait lentement de ses couleurs crépusculaires, avec ses magnifiques dégradés de bleu venant doucement épouser l'éclat orangé du soleil venu se coucher à l'horizon. Un spectacle auquel Nathaniel prit le temps d'apprécier à travers la fenêtre de son salon, assit dans un fauteuil et un livre à moitié entamé dans ses mains, les yeux fixant l'horizon en l'attente de la délicate compagnie d'Amaranth. Il avait même troqué pour l'occasion sa tenue sombre d'Auror pour un costume bleu nuit élégant.

Voilà deux semaines qu'ils s'étaient retrouvés tout à fait par hasard après des années de séparation, donnant lieu à une soirée improvisée qui s'était terminée dans une sorte de tendresse naissante l'un envers l'autre n'ayant nullement laissé Nathaniel indifférent. Pour une fois depuis longtemps, il était rentré chez lui avec un sentiment d'alégresse. L'alcool s'étant dissipé depuis le temps, l'Auror sentait que cela persistait. Avait-il que trop baissé sa garde, lui qui avait mis un point d'honneur à ne plus avoir d'attaches par crainte de tout perdre de nouveau et de perdre de vue les objectifs qu'ils s'était fixé ?

Voyant la silhouette de son invitée se dessiner au loin dans sa robe lavande, l'homme se leva, laissant sur son passage un agréable parfum de musc venu se mélanger à l'odeur qu'émanaient des fleurs qu'il avait joliment exposées dans un vase posé sur la table. Nathaniel ouvrit la porte et un sourire incontrôlé vint alors lentement se broder sur ses lèvres, ébloui par le charme évident que dégageait la jeune femme. Elle était tout simplement radieuse. Un compliment, que le Seymour intériorisait, enchainé par cette difficulté à exprimer spontanément ses sentiments à travers les mots. Il pouvait être d'une incroyable justesse dans ses écrits et dans son discours alimentés par une noble éducation ainsi que d'une soif de savoir qui ne cessait jamais, extérioriser ses ressentis relevait d'un exercice assez complexe, tout comme la personne qu'il était.

« Bonsoir Amaranth. »

La salua-t-il avant de se décaler pour la laisser passer.

« Soit la bienvenue, entre je t'en prie, fais comme chez toi. »

Aussi étonnant que cela puisse paraitre au vu de son niveau de vie, Nathaniel vivait plutôt dans la simplicité et sans artifices dans cette petite maison sur deux étages. Au dessus, il y avait sa chambre. L'entrée quant à elle donnait directement sur un salon soigneusement rangé, habillé de meubles assez rustiques. Il y avait une table qu'il pouvait agrandir à loisir s'il recevait, une cheminée qu'il allumait pendant l'hiver où Nathaniel appréciait lire tranquillement sur un fauteuil confortable, ce même fauteuil qu'il avait déplacé près de la fenêtre pour observer de temps à autre l'extérieur. Sur les murs, il n'y avait volontairement aucune trace de portrait familial, sûrement pour ne pas se rappeler à chacun de ses passages à qui le sang qui coulait dans ses veines appartenait vraiment. A la place, il y avait des tableaux de peintres qu'il appréciait. Mais le plus frappant était surtout ces deux larges bibliothèques où étaient contenus un nombre incalculables de livres que Nathaniel avait lu au moins une fois allant de la pure littérature à des ouvrages beaucoup plus pointus écrits par des auteurs sorciers mais aussi moldus.

En invitant Amaranth chez lui, il l'avait fait entrer dans son univers fait d'encre et de papier dans cette quiétude qu'avait toujours été sienne et dans lequel l'Auror avait trouvé un refuge depuis sa plus tendre enfance et l'absence de Victoria pour ne plus souffrir de la solitude. Mais une belle soirée en perspective s'annonçait. Peut-être que ses démons sauront se taire, juste pour cette fois ou à tout jamais, il l'espérait.

Avec soin et minutie, il avait orchestré l'espace pour que tout soit propre et accueillant. Le désordre, de toute évidence, n'était pas dans ses cordes ; il aspirait à ce que chaque chose soit disposée à sa juste place. Il suffisait de contempler son bureau au sein du Ministère, où, en dépit du foisonnement d'éléments qu'il pouvait étudier dans le cadre de ses enquêtes, tout demeurait impeccablement rangé. L'homme espérait que l'environnement dans lequel il se complaisait ne susciterait pas de malaise chez son invitée envers qui l'Auror avait à cœur de la mettre à l'aise.

Comme pour s'en assurer, il porta son regard sur la douce Amaranth, tandis que cette dernière explorait les lieux d'un œil curieux. Son éloge apaisa les inquiétudes qu'il avait pu avoir.

« Merci beaucoup, tu m'en vois ravi. »

Répondit Nathaniel, apaisé. Peu familier avec le rôle de l'hôte, il aspirait à l'accomplir avec une excellence toute particulière, chaque occasion lui étant rare et précieuse. Apercevant l'intérêt de la jeune femme pour l'une des toiles, il se rapprocha discrètement, prenant position à ses côtés. Ils contemplaient ensemble le tableau, captivés par cette œuvre saisissante. Un sentiment d'émerveillement et de respect réunissait leurs âmes, créant un lien silencieux entre eux et l'artiste qui avait su transmettre une telle puissance à travers son pinceau.

« Je l'aime énormément. Il y a comme quelque chose...D'éphémère, dans cette histoire que veut nous dépeindre l'artiste. Le ciel semble se perdre dans les abysses, révélant la fragilité de l'Homme face à la puissance majestueuse de la mer. »

Ses doigts effleurèrent délicatement la toile, glissant avec une tendresse presque sacrée, comme s'il cherchait lui aussi à s'imprégner des vibrations de l'œuvre. Il demeura ainsi pendant quelques instants, un sourire subtil se dessinant sur ses lèvres, avant d'inviter Amaranth à se joindre à lui dans le salon, avec une élégance empreinte de courtoisie. Sur la table, deux verres remplis attendaient, témoins silencieux de l'intimité naissante. Les échanges débutèrent avec une certaine hésitation, telle une danse inaugurale, mais au fil des mots échangés, la conversation creusa son sillon, devenant une quête sincère de compréhension mutuelle et d'âmes qui se dévoilaient peu à peu.

Portant à ses lèvres le nectar ambré de son whisky, dont la chaleur embrasait les sens, un silence s'installa subitement. Dans cet instant suspendu, telle une étoile filante traversant l'obscurité, Nathaniel puisa le courage de quitter la quiétude de sa réserve pour laisser, étonnamment, la voix de son cœur s'élever et briser les barrières de la prudence.

« Je n'ai pas eu l'opportunité de te remercier pour l'excellente soirée que nous avons passé ensemble la dernière fois. Il m'arrive encore de repenser à nos conversations et à cette balade sous le clair de lune... Pour être tout à fait franc, et je ne saurais comment l'expliquer... Cela m'a fait beaucoup de bien. Je t'en remercie sincèrement. »

Depuis longtemps, il n'avait pas été aussi serein. La présence d'Amaranth s'était insinuée avec une délicatesse inattendue au plus profond de son cœur, transcendante en bien des aspects. Il se découvrait à son tour en train d'explorer des émotions échappant à sa compréhension, même au vu de sa relation passée avec Victoria. Son regard azur se perdit pendant un bref instant dans les yeux verts de la professeure de Botanique. Puis, il prit la décision de se lever avec une certaine détermination, rejoignant la cuisine pour évaluer l'état du repas qu'il avait prévu pour cette soirée dont l'odeur berçait ses narines jusque dans le salon, avant de revenir s'assoir sur le canapé.

« Tu as faim ? » Demanda le brun d'une voix prévenante. « J'ai veillé à préparer un plat que tu m'avais dit apprécier il me semble ? » Sa sollicitude était telle qu'il avait même anticipé un détail aussi minime.

Nathaniel ne s'exprimait que par le fil authentique de ses pensées. Cette soirée demeurait ancrée dans les méandres de sa mémoire, et celle en cours était destinée à prendre la même direction. Toutefois, il n'était pas le seul à avoir été touché par ces moments partagés. Leur lien avait pris racine quelques temps auparavant, et pourtant, une transformation subtile semblait se profiler. Bien sûr, il avait toujours ressenti une affection particulière envers Amaranth, appréciant sa vivacité d'esprit et sa sensibilité. Cependant, cette fois-ci, l'émergence de sentiments nouveaux changeait profondément sa perception, incitant l'Auror à magnifier davantage l'image qu'il avait d'elle.

Leurs sourires, tendres et timides, se faisaient écho, semblable à des notes harmonieuses d'une mélodie naissante. C'était le reflet de ce lien imperceptible mais déjà robuste qui les unissait. Venue entrelacer ses doigts fins avec les siens, ce geste fut capturé dans la surprise et la douceur. Une chaleur apaisante se diffusa en lui, comme une promesse silencieuse. Puis, un baiser doux déposé sur sa joue déclencha un frisson qui ondula le long de son échine, marquant le passage de cette émotion si intime qui alimentait la flamme de la passion grandissante au fond de sa poitrine.

Le reste de la soirée se déroula dans une ambiance légère, agrémentée de conversations qui accompagnaient le repas soigneusement concocté, et qui semblait satisfaire les papilles de chacun. L'alcool apporta sa touche enjouée, propageant une atmosphère encore plus détendue et renforçant cette complicité certaine entre ces deux êtres qui apprenaient, finalement, à se découvrir autrement.

Pour terminer le repas, il avait eu l'idée de lui offrir un digestif, qu'il affectionnait particulièrement pour la subtile touche épicée qu'il laissait en bouche, en plus de son efficacité digestive. Alors que Nathaniel terminait de les servir, il remarqua avec amusement cette lueur malicieuse qui dansait dans les yeux de son invitée.

« Disons que je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié. »

Le brun répliqua avec une pointe d'espièglerie, tendant son verre pour qu'ils puissent trinquer ensemble. Lorsqu'il porta le verre à ses lèvres, il sentit qu'Amaranth avait quelque chose en tête. Intrigué, il l'observa avec attention alors qu'elle lançait un sortilège informulé pour allumer le gramophone. À travers la mélodie jazzy qui se jouait, il comprit que c'était sa manière à elle d'exprimer sa gratitude. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il réalisa qu'elle l'invitait à danser, créant ainsi un moment mémorable et intimiste entre eux. Un peu pris au dépourvu par une telle proposition, l'homme afficha au départ une légère gêne. Cependant, il finit par saisir doucement sa main, amorçant quelques pas maladroits. Mais rapidement, il se laissa emporté par la musique, guidant son corps dans une danse lente et gracieuse, exécutée avec une fluidité et une maîtrise déconcertantes. Leur connexion semblait transcender chaque mouvement, transformant la pièce en une scène privée et envoûtante, où dansaient leurs émotions les plus profondes, telles que la passion et l'envie dans cette bulle qu'ils avaient crée.

Bien plus parlants que des mots, leurs corps s'étaient instinctivement rapprochés. Une main s'était doucement glissée dans le creux de son dos, et il avait posé sa tête tendrement contre la sienne, scellant leur proximité au rythme de la musique jusqu'à ce que les dernières notes s'évanouissent. C'était comme si le temps était suspendu pendant quelques secondes, laissant aux deux sorcières le loisir de savourer encore cet instant de pur bonheur. Inclinant la tête pour déverser son regard dans le sien, si bleu et si intense, l'ivresse de l'instant donnait à l'Auror l'envie de lui témoigner ses sentiments. Rapprochant doucement leurs visages, leurs souffles s'entremêlèrent, tissant un lien d'intimité partagée. Ses lèvres frôlèrent tendrement les siennes, une douce promesse suspendue dans l'air, avant de se sceller finalement dans un baiser ardent. Alors qu'il se laissait enivrer par la passion qui le consumait, les bourgeons d'hortensias et de roses s'épanouirent, tel un signe de l'amour naissant entre ces deux êtres que la vie n'avait pas épargnée.

TW : Sexe, nuidité

Lentement, leur histoire s'écrivait à l'encre noir. Il suivait l'appel de ses instincts, se laissant guider par les murmures de son cœur. Porté par une émotion à la fois puissante et intime, il s'approcha d'Amaranth, ses lèvres se scellant contre les siennes avec une tendresse empreinte de désir. C'était un moment où il redécouvrait cette sensation grisante qui allait bien au delà du physique. Il y avait là une passion sincère, plongeant tout deux vers une expérience unique et enivrante. Ses sens étaient en alerte. Chaque baiser, chaque caresse, le gratifiaient d'un frisson faisant monter une envie des plus primitives. Leur étreinte vint trouver sa continuité sur le canapé dans des échanges de plus en plus enflammés, tenant à croiser son regard entre deux reprises de souffles comme pour capturer ce moment dans son esprit.

Ses mains parcouraient machinalement le dessin de ses courbes élégantes magnifiquement esquissées et bientôt, cette robe qu'elle portait n'était plus qu'un lointain souvenir; il pouvait l'admirer, sentir sa peau douce contre la sienne elle aussi dénudée, son corps lentement débarrassé de ce qui l'en recouvrait. Ainsi, les deux amants se découvraient entièrement, dans ce qu'il y avait de plus pur. Ses doigts, effleuraient les quelques cicatrices gravées dans sa chair, témoins d'une histoire et d'une souffrance hypothétique qui éveillait sur le moment sa curiosité. L'homme scellait chacune d'elles par un tendre baiser, comme s'il voulait les apaiser une à une. Apaiser son âme d'un mal dont il n'avait pas encore connaissance.

Cette nuit-là, les démons s'étaient tût. La passion et leur désir seuls s'exprimant sous la lueur du clair de lune où leurs ombres imitaient leur danse nuptiale. Les soupirs résonnaient dans la pièce, entrecoupés de quelques mots spontanés chuchotés à l'oreille. Par moments, leurs doigts se perdaient dans leurs cheveux, et Nathaniel pouvait percevoir l'odeur de son shampooing, une fragrance tout aussi enivrante que son parfum.

Bientôt, cet état d'ivresse trouva son point culminant, une extase faisant trembler son être tout entier. L'instant d'après, sa tête trouva refuge dans la nuque de sa partenaire, où il ferma les yeux pendant de longues minutes, profitant de ce moment d'accalmie pour retrouver lentement ses esprits. Ses bras l'enveloppèrent doucement, comme s'il ne voulait pas quitter le confort de cet étreinte.

« Ne t'en va pas, s'il te plaît... » souffla-t-il finalement. Elle répondit à son souhait et accepta de passer la nuit. Cette soirée-là, il trouva la quiétude dans ce lit qui était d'ordinaire si vide, si froid. L'insomnie n'aura pas eu raison de son sommeil, bercé par la présence réconfortante d'Amaranth à ses côtés.