Once you understand something, you can master it.

TW ; Aliénation, violence, vulgarité, auto-mutilation

Amaranth percevait le monde comme à travers un voile, les mots de Nathanael atteignant ses oreilles comme des échos lointains.

Morrighan était surprise de la fermeté avec laquelle le médicomage refusait de plier devant sa présence. Elle pouvait sentir la résistance, la détermination qui émanait de lui, et cela l'excitait d'une manière qu'elle ne pouvait ni ignorer ni maîtriser. Morrighan contemplait Nathanael avec des yeux emplis d'une convoitise presque animale.
C'était comme si sa présence, sa force et sa fureur le rendaient d'autant plus irrésistible à ses yeux. Elle agissait comme un prédateur qui se délecterait d'une proie. Elle laissa glisser ses doigts le long de la mâchoire de l'homme, comme pour tester la solidité de cette façade qu'il arborait.

Ses doigts poursuivèrent avec une lenteur calculée le long de la silhouette immobile du médicomage. Son regard sombre et intense semblait dévorer chaque détail de l'homme devant elle, une faim dévorante brûlant dans ses prunelles.

- Rag-mhuinealach, feargach.. mmh Blasad !* Récita la créature avec un sourire en coin. Le médicomage avait tout pour enrager l'alter, autant que pour la satisfaire. Elle se nourrissait de colère, de rage et d'une certaine forme d'attirance éprouvée par son hôte.
À sa première phrase, Morrighan réagit avec orgueil, ses mots s'élevant dans un ton rauque.

- Morrrrrrighan susurra t elle sans le quitter du regard. Tu peux toujours m'appeler... Mais je préfèrerai que tu gémisse mon nom, joli Pieeeeerce.

La créature sembla presque se vexer quand le sorcier réagit à ses mots concernant le sort d'Amaranth. Elle n'avait pas l'habitude de ne susciter si peu de réactions. Son visage se consterna presque, lorsqu'il la chassa sans aucun ménagement. Elle siffla avec virulence. Il voulait qu'elle disparaisse, c'est ce qu'elle allait faire..

- Si c'est ce que tu souhaites...répondit elle avec un ton menaçant.

Dans un geste aussi surprenant que dérangeant, Morrighan se saisit d'un coupe-papier posé sur le comptoir de la boutique. Sans aucune prévention ni signe avant-coureur, elle le planta dans sa propre main. La douleur soudaine la traversa, un éclair ardent qui se propagea rapidement. Mais ce n'était pas la douleur physique qui était le plus marquant, c'était le symbole de cet acte.

Le cri qui déchira l'air n'appartenait pas à Morrighan. C'était la voix d'Amaranth qui revenait à elle, la victime de cette possession involontaire. Le hurlement trahissait une douleur à la fois physique et psychologique, une douleur qui venait de plus profond que n'importe quelle blessure corporelle.

Les yeux de la sorcière étaient toujours sombres, mais le regard perdu qui s'y trouvait semblait se réveiller lentement de sa torpeur. Le corps tremblant, elle baissa le regard vers sa propre main, qui était crucifiée au plan de travail par l'objet acéré.

Un sentiment de réalisation sembla la traverser, comme si elle prenait enfin conscience de ce qu'elle venait de faire. Le visage d'Amaranth émergea alors de ce chaos, les yeux remplis d'horreur et de confusion. La présence de Morrighan semblait reculer, comme si elle était repoussée par la détresse d'Amaranth. Le temps reprit son cours, le silence laissant place aux bruits ambiants de la boutique. La possession semblait s'évanouir, laissant derrière elle un sentiment de confusion et d'angoisse dans son sillage.

La sorcière écarlate qui avait quitté son corps pendant de longues minutes, revenait à elle par le levier de la douleur. Amaranth sentit ses jambes se dérober sous la douleur et l'émotion, et se rattrapa de justesse au comptoir. Elle ne savait trop bien ce qui s'était passé. Morrighan avait de nouveau émergé.

* Stubborn, Angry.. mmh Tasty !
- Scotish Gaelic -

TW ; Aliénation, violence, blessure, auto-mutilation


Nathanael Pierce était là, à ses côtés, et malgré toute la colère qu'elle avait ressentie à son égard, elle se sentait soudainement vulnérable. Ses mots résonnaient dans son esprit, révélant à quel point elle avait gardé cachée la vérité sur Morrighan. Elle ne savait pas comment expliquer cela au médicomage, comment lui faire comprendre le poids de cette dualité qui la tourmentait.

« Oui... C'était Morrighan », répondit-elle d'une voix faible, les mots sortant de sa bouche avec une difficulté presque douloureuse.

Sous le regard du guérisseur, elle sentit sa main enfin se libérer du coupe-papier, une lueur d'espoir se dessinant dans son esprit. Le ton apaisant de Nathanael la ramena doucement à la réalité, la rassurant malgré le chaos qui régnait en elle. Elle hocha la tête, essayant de réprimer la douleur et de faire face à la situation.

Lorsqu'il se prépara à retirer l'objet de sa main, Amaranth serra les dents, fermant les yeux pour se préparer au choc. La douleur qui suivit fut intense, presque insupportable, mais elle tint bon, serrant les poings et essayant de garder le contrôle malgré la sensation de brûlure.

Finalement, le coupe-papier fut retiré, et un soupir de soulagement mêlé à une vague de nausée s'échappa de ses lèvres. Son regard se posa sur Nathanael, mêlant gratitude et honte. Elle avait laissé cette situation échapper à son contrôle, et maintenant elle devait faire face aux conséquences.

« Je... Je suis déso... Tu n'aurais pas du voir.. ça », murmura-t-elle d'une voix tremblante, les yeux humides de larmes qu'elle refusait de laisser couler.

Elle avait laissé Morrighan prendre le dessus, la laisser exprimer la rage et la colère qu'elle ressentait. Mais maintenant, elle devait affronter les conséquences de cette possession, les marques physiques et émotionnelles qui en résultaient. Elle se sentait fragile et vulnérable.

Après que Nathanael eut retiré le coupe-papier de sa main, Amaranth se sentit soudainement vide, la douleur ayant cédé la place à un engourdissement. Elle se laissa glisser lentement au sol, sentant son sang s'écouler et une sensation de faiblesse l'envahir. Ses doigts serrés contre sa paume, elle pouvait sentir chaque pulsation douloureuse de son cœur, chaque battement lui rappelant la folie qui venait de se dérouler.

Elle tenta d'attraper un morceau de tissu à proximité et de nouer un garrot de fortune autour de sa main blessée. Le geste était brusque et confus comme si elle cherchait à reprendre le contrôle d'une situation qui lui avait échappé. Sa main tremblait; et la tentative échoua. Ses doigts relâchèrent mollement l'étoffe de coton. La sorcière étouffa un cri de frustation, fatiguée de ne pouvoir se soigner sans une aide extérieure. Elle songea un instant à l'absence de réponse de l'Auror Seymour. Son coeur se serra encore une fois.

Ses dents étaient toujours serrées, une combinaison de douleur physique et d'émotions enchevêtrées la faisant grimacer. Son regard se posa sur la main blessée, où le sang continuait de couler lentement, une preuve tangible de son propre chaos intérieur.

Elle hésita un instant, son regard croisant celui de Nathanael. Une partie d'elle était tentée de le laisser prendre soin de la blessure, de le laisser appliquer son expertise pour soigner sa main. Mais une autre partie, celle qui avait laissé Morrighan prendre le contrôle, hésitait, se méfiant de toute forme d'aide extérieure. C'était comme si elle voulait se punir pour avoir laissé cette situation se produire, pour avoir laissé cette part d'elle-même s'exprimer de manière si incontrôlée.

Elle se sentait épuisée, tant physiquement qu'émotionnellement, et elle savait qu'elle ne pouvait pas continuer à ignorer l'aide offerte.

Son regard se posa de nouveau sur Nathanael, cette fois-ci avec une expression plus vulnérable. Elle avait besoin d'aide, même si cela allait à l'encontre de son instinct habituel d'indépendance. Et peut-être était-ce là le premier pas vers la guérison, vers la compréhension de cette dualité qui la tourmentait.

TW ; Aliénation, violence, blessure, auto-mutilation

Alors qu'elle était toujours assise au sol, la douleur dans sa main s'apaisant lentement grâce aux talents de guérisseur de Nathanael, Amaranth sentait à la fois un soulagement et une vulnérabilité accrue. Maintenant, Nathanael semblait être capable de percer à travers sa façade fragile.

Sa voix était à la fois tremblante et lasse lorsqu'elle répondit à sa question sur la durée de ces étranges épisodes. "Cela a commencé... en janvier", commença-t-elle, sa voix se brisant légèrement. "Après la mort de mon père. Les premiers signes étaient subtils, des moments d'absence, de confusion. Je pensais que c'était juste le chagrin qui me rendait distante. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait lorsque j'ai fais appel à tes soins.. c'est peu après la réunion que j'ai commencé à me douter de.. "

Elle détourna le regard, ne voulant pas voir la compassion, la pitié ou la curiosité dans les yeux de Nathanael. "Puis, en avril, Morrighan... a émergé pour la première fois. C'était... terrifiant. Comme si une partie de moi m'était arrachée. Et depuis lors, chaque fois qu'elle prend le contrôle, c'est comme si je disparaissais dans l'obscurité. Il y a de la fièvre, de la douleur, et quand je reviens, je me sens... vidée."

Son regard se posa finalement sur la main blessée, qu'elle avait tenté en vain de ligoter. Elle pouvait sentir la tension dans l'air, les doutes de Nathanael quant à sa capacité à gérer seule cette situation. Cependant, elle n'était pas prête à abdiquer complètement le contrôle, même si cette lutte incessante l'épuisait.

Lorsque Nathanael laissa échapper un commentaire sarcastique sur sa tentative de se débrouiller seule, Amaranth ne releva pas. Elle avait tenu bon jusqu'à présent, elle avait trouvé des moyens de gérer les émergences de Morrighan du mieux qu'elle pouvait. C'était peut-être bancal, mais c'était la seule façon qu'elle avait connue.

Les mots suivants de Nathanael la touchèrent plus profondément. "Je ne peux pas t'aider si tu ne le veux pas toi-même", dit-il d'un ton sérieux. "Je comprends la volonté de garder certaines choses secrètes, mais pas au détriment de ta santé."

La vérité de ses paroles la frappa comme un coup de poing. Elle avait passé tellement de temps à essayer de contrôler cette situation, à garder Morrighan à distance, à protéger les autres de cette part sombre d'elle-même. Mais à quel prix ? Sa santé se détériorait, mentalement et physiquement. Ses émergences étaient de plus en plus fréquentes et douloureuses, et elle ne pouvait plus nier que cela devenait intenable.

- Je n'ai pas vraiment d'autres choix. Je suis devenue... ma propre ennemie. Je suis seule, dans cette lutte. Tous sont partis.. Elle passa sa main valide sur son visage épuisé de ces émotions. Son humeur vacillait de l'épuisement à la fureur. Les nuits étaient fiévreuses, le seul qui avait réussi à la soigner sans la juger avait quitté le pays. Son Auror s'était sans doute enfui en Amérique. Elle avait fait confiance, et la vérité s'était habillée d'illusions.

- La dernière fois, j'ai du la faire taire à l'aide d'une pierre.. elle déploya sa main valide courronnée de balafres. Certains doigts semblaient encore tordus. Le souvenirs lui souleva le coeur, une nouvelle fois. Elle étouffa une nausée. Merlin, il fallait qu'elle prenne quelque chose.

Amaranth semblait avoir du mal à répondre aux questions de Nathanael, comme si elle hésitait à partager les détails de sa situation. Les mouvements lents et obsessionnels de ses mains dans ses cheveux trahissaient une certaine nervosité. La colère du médicomage s'était fait sentir lors de leur précédente conversation, et elle n'était pas sûre de comment réagir à présent. Elle pouvait entendre les reproches dans son regard, même si le masque qu'il portait cachait une grande partie de ses émotions.

Une seule personne connaissait l'exactitude de sa situation parce qu'il y avait assisté, et que les manisfestations des entités étaient bien son domaine. Elle ouvrit la bouche, mais se ravisa. Elle entendait de nouveau la colère du médicomage gronder derrière son masque. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Elle n'avait aucune envie d'expliquer la raison de son choix. Cela lui paraitrait aberrant et sans doute stupide.  Amaranth savait que parler de la véritable origine de son état mettrait en lumière des pratiques sombres et blasphématoires, liées à sa mère. Elle ne voulait pas risquer sa propre liberté en révélant ces secrets. Elle fefusait également finir à St Mangouste pour le reste de sa vie, ou pire Azkaban. Plutôt mourir.

Partager sa vérité, son quotidien, ses peurs. Non, l'humiliation était déjà trop grande.

Le silence était devenu son refuge, une manière de ne pas répondre aux questions de Nathanael et de ne pas justifier ses choix. Cependant, l'ouragan de reproches qu'elle percevait dans le regard de Nathanael était difficile à ignorer. Elle comprenait qu'elle avait déçu, peut-être même trahi, son ancien camarade de classe. La colère de son propre passé, la rage sanglante qu'elle avait ressentie, refaisait surface en tremblements, comme un rappel brutal de ses actions.

Il ne voyait que son échec, sa propre incapacité à protéger chacun de ses patients. C'était peut-être ça qui la mettait en colère, n'était elle qu'une de ses patientes. Un cas exceptionnel. Rien de plus. C'était la confusion de ses attentes et besoins qui l'avait poussé à se séparer de ses soins.  Elle était bien consciente que personne d'autre ne connaissait la véritable étendue de sa lutte, de sa bataille intérieure. Elle n'était qu'une patiente parmi tant d'autres, une personne qui avait appris à masquer sa douleur et à jouer un rôle.

Le silence qui s'installa après les paroles de Nathanael était chargé d'une tension palpable. Il avait rebouché la plaie, guéri la blessure, mais il y avait plus que des maux physiques qui affligeaient Amaranth. Nathanael avait raison, elle avait abandonné, elle avait baissé les bras. La vérité de ses paroles la frappa de plein fouet, une réalité qu'elle avait tenté d'ignorer pendant si longtemps

Lorsqu'il lui demanda d'essayer de fermer sa main, elle obéit lentement, sentant les muscles se contracter sous sa volonté. Une lueur d'espoir traversa son regard alors qu'elle réalisait que sa main répondait à sa commande. Les mots de Nathanael la tirèrent de sa contemplation, une réalité dure qu'elle ne pouvait pas ignorer. Elle était à un carrefour, confrontée à un choix crucial.

D'une voix pâle et absente, elle avoua à demi-mots son incompétence à gérer la situation.

« Je... Je ne veux pas continuer ainsi, Nathanael. J'ai été aveuglée par ma propre peur et ma colère. J'ai laissé Morrighan prendre le contrôle parce que je pensais que c'était la seule façon de me protéger, de protéger les autres.. Je ne veux plus fuir, je ne veux plus me cacher. J'ai besoin d'aide, et je ne peux pas le faire seule.. J'ai l'impression de sombrer à chaque nouvelle crise.. De me noyer.. »


Elle avait reconnu sa propre faiblesse, son besoin d'assistance. Elle avait fait le premier pas vers la lumière, laissant derrière elle l'ombre qui l'avait enveloppée pendant trop longtemps.

Amaranth sentit une étrange combinaison d'émotions qui se déployait en elle alors que Nathanael parlait. Ses paroles étaient à la fois une main tendue vers l'espoir et un rappel cinglant de la réalité. Elle avait fui, s'était cachée derrière des barrières mentales, mais il était temps pour elle de faire face à sa situation. Ses prunelles se fixèrent sur le visage sérieux du médicomage, lisant la fermeté et la détermination dans chacun de ses traits. Nathanael ne lui offrait pas seulement une issue, il lui imposait une ultime chance de guérison.

Le murmure de sa propre voix intérieure, cette présence qui avait pris le contrôle de sa vie, se taisait pour une fois. Peut-être qu'elle reconnaissait, elle aussi, l'importance de ce moment. Une occasion de retrouver une existence libre, de se libérer des chaînes invisibles qui l'avaient entravée pendant si longtemps.

La main de Nathanael s'étendit vers elle, une offre de partenariat dans ce voyage vers la guérison. Amaranth regarda cette main tendue, sentant que c'était bien plus qu'un simple geste physique. C'était un pacte entre eux, une promesse de travail acharné et de confiance mutuelle. Elle comprit que ce n'était pas seulement elle qui devait s'engager, mais aussi Nathanael, qui mettait en jeu sa propre expertise et son temps pour l'aider.

Elle leva enfin la main pour la poser délicatement dans la paume de Nathanael, scellant ainsi leur accord tacite.

Le poids de sa décision semblait peser sur Amaranth alors que sa main était toujours liée à celle de Nathanael. Ses doigts se crispaient légèrement, témoins de la lutte intérieure qui faisait rage en elle. L'idée d'avancer vers la guérison était étrangement terrifiante. La sécurité que les murs de son isolement lui avaient offerte semblait être menacée par cette nouvelle alliance. Elle avait appris à survivre, à maîtriser plus ou moins les crises et les émergences de Morrighan, mais la perspective de les partager avec quelqu'un d'autre, même un professionnel bienveillant, était déconcertante.

L'envie de fuir était comme un éclat dans son esprit. Un instinct primal lui criait de rompre ce lien, de s'échapper avant que tout ne devienne trop réel, trop exposé. Elle pouvait déjà sentir les battements de son cœur s'accélérer, ses mains devenir moites alors que l'anxiété grandissait en elle. Mais en même temps, elle savait que fuir ne serait qu'un retour à l'impasse sombre dans laquelle elle s'était enfoncée. Elle avait déjà essayé de s'échapper, de nier, de prétendre que tout allait bien. Et cela l'avait conduite là où elle était maintenant, épuisée, affaiblie et seule.

La peur des crises à venir était profonde, la crainte de les affronter en présence d'un témoin encore plus grande. Les colères de Morrighan, les moments de confusion et de perte de contrôle, tout cela serait désormais exposé à la lumière crue de la réalité. Amaranth avait l'habitude de cacher cette partie d'elle-même, de la garder soigneusement dissimulée aux yeux du monde. Mais Nathanael était différent. Il connaissait maintenant la vérité, avait vu l'ombre qui l'habitait. Et cela la rendait vulnérable d'une manière qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant.

La voix dans sa tête murmurait, tentait de la pousser à s'échapper, à se protéger. Mais elle savait qu'elle ne pouvait pas retourner en arrière. Elle avait fait ce choix en connaissance de cause, accepté l'aide qui lui était offerte. Le prix de cette aide était la vérité, la transparence, la vulnérabilité. Et c'était terrifiant. La peur du rejet, du jugement, du fait d'être considérée comme brisée, la taraudait. Mais elle se rappelait aussi les mots de Nathanael, sa promesse de l'aider à sortir la tête de l'eau. C'était une promesse qu'elle ne pouvait pas ignorer, une promesse qui suscitait un fragile espoir en elle.

La main de Nathanael était toujours là, une ancre dans cette tempête intérieure. Elle pouvait sentir la chaleur de sa paume, la solidité de son engagement. Si elle le laissait partir maintenant, elle se perdrait à nouveau. Elle savait qu'elle ne pouvait pas faire face à ce combat seule, pas cette fois. Les souvenirs d'Aram, de leur tentative pour apaiser le lien avec Morrighan, lui rappelaient que l'isolement ne la mènerait qu'à l'échec.

Amaranth ferma les yeux, inspira profondément et sentit la tension dans son corps commencer à se relâcher. La lutte intérieure n'était pas terminée, mais elle avait fait un pas. Elle rouvrit les yeux et posa son regard sur Nathanael, dans une tentative silencieuse de communication. Une communication qui disait : "Je suis effrayée, mais je suis prête à essayer."

Elle retira doucement sa main de la sienne, non pas pour fuir, mais pour montrer qu'elle acceptait cette alliance, cette promesse de guérison. La route serait difficile, semée d'embûches et de défis, mais elle était prête à prendre ce chemin avec lui, à affronter les peurs et les doutes qui l'assaillaient. C'était peut-être ça, le vrai courage : avancer malgré la peur, faire confiance malgré les blessures.

- Deal, conclu la sorcière dans un soupir reconnaissant. Chuchotant un remerciement du bout des lèvres. Le chemin serait semé d'embûches pour les deux sorciers.