Une aiguille dans une motte de bain [ft. Blake]

Alors qu’il avait posé une absence exceptionnelle à l’université pour passer un énième examen médical à St-Mangouste, Blake venait de traverser Londres magique, quittant  @Cáel O'Dwyer avec un léger sourire sur les lèvres. Pourtant, il avait à peine eu le temps de passer les portes de l’hôpital qu’il avait repéré un journaliste véreux, un de ceux qui souhaitait absolument mettre nom sur l’avenir du fameux Blake Grimm-Nakatani, le même qui souhaitait connaître le moindre ragot à colporter à son journal. L’effet fut immédiat, perdant son sourire dans la seconde et déviant son regard puis sa trajectoire, il avait tenté de passer inaperçu avant de se rendre compte que le journaliste l’attendait de pied ferme et que sa sortie avait été remarqué.

Se faisant hélé comme il n’appréciait pas, Blake plissa les yeux, cherchant à se défaire de cette constante pression dont il n’avait nullement besoin lorsqu’il sortait d’un rendez-vous médical. Et alors qu’il avisait la première boutique qui lui passa sous le nez, vide de toute occupant depuis la vitrine, le Gryffondor ferma la porte derrière lui, la bloquant d’un simple sortilège voyant à peine l'écriteau qui indiquait qu’elle était fermé pour la clientèle.

Et avant même de pouvoir souffler, il s'était retourné sur ses talons, le bruit de plusieurs tissus chutant au sol attirant son attention avant qu’une voix réprobatrice sortie d’un mur pour venir enguirlander une sorcière qui s'était visiblement pris les pieds dedans, dans sa hâte.

”Attendez, laissez moi vous aider.”

Loin du tumulte et de la course qui l’avait mené jusqu’ici, Blake s’avança vers la jeune femme, conscient que sa venue venait probablement de la déranger, entendant à peine le fait qu’il n’aurait pas du rentrer aussi promptement. Se baissant à ses pieds, il se rendit compte que le journaliste ne pouvait plus se douter de sa présence dans les lieux mais au moment où il vit sa tête passer derrière la vitrine, son gros appareil photo en main, Blake prit la main de la jeune femme, les tissus de soie virevoltant au dessus pour la tirer à terre à sa hauteur, la cachant également avec lui.

”Bonjour, je suis désolé, je ne vous ai pas fait mal?” Il l’avait chuchoté, comme pour lui faire comprendre qu’il ne voulait pas se montrer dehors, lui confiant le secret de sa présence dans les lieux. La célébrité le suivait à la trace ces derniers jours, le club où il avait travaillé cet été avait été interviewer un peu plus tôt dans la semaine pour pouvoir épier les faits et gestes du joueur de Quidditch. ”Est-ce que c’est à vous que ce portrait vous parlait?” Il en avait froncé les sourcils, totalement concerné par l’abaissement dont il venait d'être témoin, avisant une discussion comme si de rien était, simplement pour rassurer la jeune femme qu’il ne lui voulait rien de mal.

Surprit par des gloussements sans tout de suite remarquer leur provenance, Blake était bien trop occupé pour comprendre tous ce que la jeune femme lui disait, voyant les rubans, la dentelles et les boutons voler de toute part autour d’eux comme l’aurait fait les féés durant les matchs de Furies Faeries de Finland. Le manège était digne d’un spectacle sous l’eau, tant les tissus  évoluaient avec une certaine grâce dans l’espace, quand bien même ils avaient été bousculé par leur arrivée en fanfare. Mais alors qu’il fronça légèrement les sourcils en comprenant avec un peu de retard qu’elle s'était trompée sur son prénom en l’appelant Cake (et merci @Perséphone Fogg   de ne pas être là pour l’entendre), puis en bafouillant continuellement.

Par sa célébrité, il lui arrivait souvent d’avoir ce genre de réaction, tout comme certain demi-vélane pouvait avoir naturellement. Les étourderies étaient fréquentes et il comprit que la jeune femme était sensiblement troublé par l’arrivée d’une star dans son petit magasin, au point d’avoir une langue fourchée. Il était loin de penser qu’elle agissait ainsi devant tout le monde. Pourtant, pour ne pas la morfondre dans son embarras, il préféra ne pas noter, lui lâchant néanmoins la main en voyant qu’il la tenait entre la sienne depuis qu’ils s'étaient accroupis à terre, les boutons dévoilaient aisément leur position en tournoyant au-dessus de leur tête.

”Ce sont vos ancêtres que vous devriez frictionner d’amidon, est-ce à vous que le portrait s’adressait avant? Vous ne devriez laisser personne vous parler sur ce ton, je suis certain que vous avez des qualités à revendre.” Il l’avait chuchoté, pour ne pas réveiller le tableau qui avait hurlé à son arrivée, mais aussi pour ne pas éveiller les soupçons du journaliste qui semblait vouloir repasser devant la baie vitrée de la boutique. Cherchant alors à soulager la jeune femme pour ne pas l’embêter davantage, Blake leva les yeux autour d’eux, se rendant néanmoins compte que si la jeune femme restait dans les lieux, c'était forcément parce que le métier lui plaisait. Et dévier son attention vers les friperies en vente l’aideraient certainement à prendre une certaine confiance en elle.

”Appelez-moi Blake, s’il vous plait.” Il lui tendit la main dans les plus grandes politesse, un sourire en coin levant ses fossettes sur les joues. Il n’en faisait pas tout un charme, mais c'était celui qu’il offrait simplement au fan pour les mettre en confiance, sans leur faire sentir qu’il était au-dessus de qui que ce soit. ”Et vous? Est-ce que c’est vous qui confectionnez toutes ses robes? Vous pensez que certaines conviendraient dans la cadre des robes de Quidditch?”

Il observait les penderies sous les quels ils s'étaient réfugié, murmurant encore en levant la main vers les étoffes. Blake n’avait visiblement aucune idée du propriétaire de l'établissement, comprenant néanmoins que la jeune femme semblait surtout être légèrement exploitée alors qu’elle arborait un si grand sourire envers tout client.

”En fait, pour tout vous dire, je souhaite surtout me soustraire d’un homme là bas … vous voyez celui avec sa plume à papote noire qui semble cracher du feu? C’est le journaliste du Chaudron trop cuit.” Connu pour ces potins et ses photos scandales, Blake avait toujours eu des gardes jusque là pour que l’homme ne puisse s’approcher de lui. Mais à présent sans contrat, ni aide quelconque, Blake se retrouvait un peu plus à la merci de tels journalistes véreux en quête de sensation forte moyennant finance. ”Du coup, je sais que je ne peux pas me cacher éternellement sans perturber votre journée, mais je me demandais si vous avez de quoi m’apprêter pour passer inaperçu?”

Se dédouanant de la confection en lui expliquant qu’elle n'était là que pour le renseigner, Blake se rendit compte que ses jeux de mots étaient loin d'être de simples bégaiements. Mais tout comme un handicap, la jeune femme se corrigeait seule, sans s’excuser, comme si tout était tout à fait normal. Le Gryffondor, lui assurant un sourire sincère, se mit en tête de faire de cette petite particularité quelque chose de tout à fait normal. Quelque part, il la trouvait même bien plus charmante ainsi, à travers des grands sourires et des gestes grandiloquents.

Alors qu’elle lui expliquait que les vêtements d’ici seraient loin d'être approprié pour le Quidditch, Blake hocha la tête, observant la fenêtre tout en l'écoutant. Cela semblait bien logique que les équipements pour le célèbre sport magique ne se trouveraient que dans des magasins spécialisés, celui-ci étant même à deux pas d’ici. Mais il fallait dire que les robes étaient loin d’avoir cette touche de modernité qu’on cherchait au Quidditch. Ecarquillant les yeux avant d’esquisser un sourire sur les mannequins qui bougeaient devant eux, se serrant la main presque mécaniquement et animant ainsi la boutique fermée au public.

”C’est excellent ! Vous avez tenté de faire des défilés comme…” Il n’y connaissait rien, lançant une idée alors qu’elle commençait à avancer accroupie, à la manière d’un petit canard dans la marre. Se retournant en lui adressant un sourire, Blake ne put que lâcher un sourire, beaucoup trop attendrit devant la vision d’une jeune adulte en train de se balader ainsi dans sa propre boutique.

Quelque part, une part d’enfance lui revint à l’esprit alors qu’il s’amusait avec sa petite soeur, ce qu’il avait toujours tenté de faire après ses entrainements sur le balai. Mais alors que la voix de @Cáel O'Dwyer lui recommandait encore d’attendre pour ce genre d’exercices qui solliciteraient bien trop ses hanches, Blake s’agenouilla simplement pour évoluer derrière la jeune femme à quatre pattes, s’assurant que la silhouette du journaliste s’en irait de la baie vitrée. Mais alors que la jeune femme se cognait sur un mannequin, Blake fut bien trop préoccupé par le journaliste, qui lui fonça dedans sans le vouloir, la retenant encore une fois par les mains alors que la petite voix moqueuse se faisait de nouveau entendre.

”Dites … vous ne seriez pas ventriloque?”

Il n’arrivait pas à voir d’où venait la voix et alors qu’on entendait les mannequins commencer à se taper dessus, comme si l’enchantement commençaient à perdre son effet, Blake se releva et attira la jeune femme vers ce qui lui semblait être une mezzanine, avalant les marches quatre à quatre en se pressant.

Et contre toute attente, deux mannequins commençaient à suivre l’enchanteuse du sortilège, le visage presque larmoyant d'être laissé pour compte. Blake fut un instant abasourdi par la présence si marquée de la magie dans chaque coin de la boutique, qu’il s’agissait là des tissus ou même des mannequins, tout était réellement animé de petites maladresses à l’image de la jeune femme qui venait de lui éviter les gros titres d’un journal à sensation.

”Merci beaucoup Madame … comment est-ce que je peux vous appeler?” La demande était humble, sincère de soulagement et de reconnaissance pour ce qui aurait pu signifier tellement peu. Mais Blake était relativement content de ne pas avoir à courir et s’en déboiter la hanche. Mais avant même qu’il ne puisse la complimenter sur le charme de sa boutique qu’elle semblait tenir du mieux qu’elle pouvait, Blake fut interrompu par un mannequin qui les avait suivi et qui semblait regarder avec attention la jeune femme en remontant les escaliers. ”Je crois bien que vous avez un amoureux.”

Il sursauta en entendant une partie du prénom de son cousin @Michel-Ange Grimm , se demandant pourquoi son cousin était dans la boutique avant de comprendre qu’elle parlait du mannequin. Surprit, il en lâcha un soupir presque soulagé de ne pas se faire prendre entrain de se cacher alors que sa maison Gryffondor lui aurait donné le courage nécessaire pour aller affronter le journaliste.

”Mais ils ont tous des prénoms du coup?” Il en osait presque lui demander si elle avait ses préférés avant qu’elle ne se présente, lui enlevant alors les mots de la bouche alors qu’elle lui présentait son pendentif en relief dont elle tenait le nom. De surprise en surprise, il fut presque ébahit de voir que la jeune femme restait toujours en compagnie de sa grand-mère, néanmoins bien plus drôle que le portrait en contre-bas. Et puis presque aussi subitement, il réalisa que la jeune femme n’avait que des tâches de subalterne dans une boutique qui était certainement à sa famille, pour qu’on doive lui coller des ancêtres sur le dos ainsi.

Et alors qu’il comprenait à moitié ce que la jeune femme lui disait, bafouillant, mais se rattrapant à chaque fois tout en gardant son engouement sérieux pour tous ce qu’elle lui présentait, Blake la regarda alors que son sourire s’agrandissait au fur et à mesure qu’il l'écoutait. Oh non, il ne se moquait pas, il éprouvait même un grand respect pour la jeune femme qui ne riait pas de ses propres jeux de mots, mais il la trouvait belle dans ce qui devait peut-être être handicapant dans la vie de tous les jours.

Secouant la tête devant le tissu en poil de Yéti, mais l’association malgré lui à un animal faisant sa vaisselle sous un tipi, Blake se releva, oubliant parfaitement la présence du journaliste qui s'éloignait. Vicky était des plus surprenantes, en plus d’avoir réussi à lui faire passer l’angoisse naissante, elle réussissait même à le faire rire.

”Vous savez quoi, je vais tout essayer. Et ensuite, je vais vous aider à ranger. Et ne me dites pas non, je compte bien acheter ce que vous me proposez au teint.”

Passant ses doigts sur le tissus sans du tout y connaître quoi que ce soit d’autre que “Oh c’est doux, c’est lavé avec Marleen?”, Blake observait toute cette magie fine qui suivait ses mouvements, prenant le premier paravent sous la main pour se cacher derrière et tenter des chapeaux enchantés et des capes magiques virevoltantes à souhait. Valsant entre les différents vêtements qui semblaient faire la file indienne devant lui, Blake en sorti avec le long manteau en poil de yéti, assorti avec le chapeau et d’un épais accessoire lui masquant la quasi-totalité du visage, sans réellement savoir ce que c'était.

”Alors, c’est comment?”

L’assortiment était étrange, et il tenta de lever les genoux pour savoir s’il pouvait espérer courir avec avant de se rendre compte que Vicky avait totalement raison. La friperie était loin de convenir à un sportif et se regardant rapidement lui-même de la tête au pied, Blake plissa les lèvres avant de se retenir de rire devant l’accoutrement d’un des mannequins.

Michel était revenu en portant lui même une robe à sequin rose et jaune, des collants au motif digne des années soixante et un chapeau à plume.

”Non vraiment, je crois qu’il veut votre attention.”

Se retenant de rire à son jeu de mot, qu’il comprenait à présent, involontaire, Blake se regardait de haut en bas avant d’avancer vers un miroir pour mieux observer son accoutrement. Il était certain que personne n’allait le reconnaître tant qu’on ne le regardait pas de trop près et il espérait que le leurre allait fonctionner. Observant Vicky éconduire son prétendant de bois, Blake se nota de raconter cette folle journée à sa meilleure amie alors qu’elle notait qu’il lui manquait un accessoire essentiel. S'éclipsant soudainement alors que Blake commençait à avoir relativement chaud dans son long manteau, il fut surpris par son arrivée en trombe avec un foulard en soie qu’il en oublia de reculer alors qu’elle s'était vivement approchée de lui. Il n’avait décidément aucunement l’habitude qu’on s’approche ainsi sans qu’un de ses gardes ne repousse les fans qui pouvaient parfois être très prenant.

Mais alors qu’elle passait innocemment le foulard à son cou, ce fut le flash distinct qui le dérouta, manquant de trébucher sur un tabouret derrière lui. Plissant les yeux et posa sa main devant eux, comme pour se protéger malgré que le mal était déjà fait, Blake s'était presque instantanément fermé alors qu’il avait justement espérer pouvoir passer inaperçu. Pourtant, il voyait déjà d’ici les grands titres tout aussi racoleur les uns que les autres où @Perséphone Fogg et lui seraient mis en scène avec Vicky au milieu d’eux pour justifier leur rupture d’il y a quelques semaines.

Et si personnellement, il se fichait de ce que les journaux racontaient sur lui, pour n’avoir donné aucune interview depuis son accident, c'était néanmoins un fardeau qu’il ne voulait mettre sur les épaules d’une commerçante qui avait été plus qu’honnête et gentille à son égard.

”On va faire un deal Monsieur Parlow.” Blake s'était avancé, retirant le manteau pour le tendre vers Vicky, comme s’il la couvrait alors qu’elle était parfaitement présentable. Mais de toute les violations de vie privée, celle-ci ne lui plaisait pas. C'était le commerce d’une sorcière qui était en jeu et qu’il n’avait envie de faire pâtir à cause de sa présence. Quelque part, il se rendait compte qu’il était probablement temps d’affronter la presse pour éviter ce genre de désagrément. ”Une interview exclusivement et une autre photo pour remplacer celle que vous venez de prendre et que vous allez me remettre. Sauf si vous souhaitez qu’on s’arrange avec nos avocats.”

Alors que le journaliste abaissait son appareil photo, Blake se tourna vers la jeune femme comme pour s’excuser muettement de l’embarras dans lequel il l’avait entrainé à sa suite sans le vouloir. Mais s’il pouvait profiter de sa notoriété pour mettre en avant cette jolie friperie où il ferait forcément quelques dons en plus, il était certain de pouvoir rattraper des gros titres qui ne feront pas écarquiller les yeux de son père. Alors que le journaliste hochait la tête, lui donnant l’original de la photo qui sortait de son étrange appareil, Blake baissa les yeux dessus alors qu’il convenait d’un autre lieu pour pouvoir parler.

”Je suis désolé pour le dérangement.”

Portant son attention vers la jeune femme qui avait donné de son temps et de son énergie pour pouvoir le sauver de la mise, le Gryffondor reprenait les rennes de la journée comme il aurait du le faire depuis un moment. Il allait forcément s’assurer que la friperie serait vivement conseillée pour la communauté des sorciers et il lui tendit la photo avec un léger sourire. Ils étaient loin d'être séduisant sur le cliché où ils ne cessaient de fermer les yeux en grimaçant sous le flash.

”Ca vous dérange pas si je garde l'écharpe pour mettre le reste dans un sachet?”