You've got a friend in me —ft. Sheraz Mahal

You've got a friend in me

04 09 2023

Comme prévu, l'étincelle ne jaillit pas immédiatement. Là encore, difficile pour Siobhán de se montrer étonnée et pourtant, cette absence totale de gêne chez Sheraz donnait l'impression qu'il ne jouait aucun rôle et qu'il n'avait réellement aucune idée de ce qu'elle sous-entendait en le toisant malgré elle de ses grands yeux bleus.

Sheraz avait beau être Sheraz, il y avait toujours certains signes qui ne trompaient pas. Chez lui, ils étaient même encore plus visibles que chez d'autres, parce qu'il arrivait que son corps lui fasse faux-bon, bien malgré lui. Depuis qu'ils se côtoyaient, Siobhán avait pu en faire l'expérience à plusieurs reprises ; mais jusqu'ici, aucune mèche de ses cheveux n'avait changé de couleur, par plus que ses yeux ronds et noirs n'avaient pris une teinte inexistante dans la nature.

Le constat était sans équivoque : il ne faisait pas semblant.

« Je ne savais pas qu'on pouvait avoir besoin de ses parties génitales pour lire un simple magazine, tu m'apprends quelque chose », railla-t-elle par plaisir de le reprendre, toujours profondément fascinée par cette propension à genrer des objets. « En plus, c'est Sorcière Hebdo. »

Parmi tous ceux qui lui étaient proches, s'il y avait une personne capable de comprendre son aversion pour les approximations, c'était bien Sheraz. Combien de fois l'avait-elle entendu reprendre d'autres étudiants en cours ?

Mais subitement, cet air léger qui les entourait devint beaucoup plus lourd. La mention du prénom de @Selma Montero y était certainement pour quelque chose. Siobhán ressentit cette vague indéfinissable, aussi floue que ses contours embrumés déferlant sur une plage, similaire à cette fois où elle avait appris que son frère fricotait avec sa jumelle du même nom, @Alejandra Montero.

Ce n'était pas de la jalousie, encore moins de la déception — chacun était bien libre d'agir comme il le voulait, avec qui il le voulait. Mais Siobhán n'était parvenue à faire taire ce curieux pressentiment qui la prenait à chaque fois qu'il était question des Montero, et qu'elle ne savait faire taire pour le moment.

« Oh », répondit-elle simplement, reportant tout à coup son attention sur les mandragores.

Elle garda le silence longtemps après ça, ne sachant quels mots trouver pour formuler la meilleure réponse à son ami, sans lui faire part de ses préjugés. En tout cas, pas aussi rapidement. Stratège et méthodique, elle voulait d'abord en savoir plus sur le lien qu'ils entretenaient, bien qu'elle se doutait déjà que leur don en commun n'était probablement pas étranger à leur rapprochement.

« Je ne savais pas que tu étais ami avec Selma. Alors, comment tu peux te douter que j'ai des a priori ? »

Il n'y avait qu'une seule raison à ça. Sheraz était au courant, d'une façon ou d'une autre, du passé que sa copine avec un petit c partageait avec @Edel Almadovar. Si ça n'avait jamais aidé la Serdaigle à gagner ses faveurs, c'était loin d'être la principale raison pour laquelle Siobhán s'en méfiait. Et c'était sans compter sur cette vérité qu'Edel lui avait partagée, trois jours plus tôt, poussant Siobhán à soigneusement éviter les sœurs ténébreuses depuis la rentrée.

Mais elle avait besoin de savoir. Et de s'assurer, dans le même temps, que son ami n'était pas en train de se faire avoir, d'une façon ou d'une autre.

« Et pourquoi tu dis que votre découverte du monde moldu ne s'est pas passée comme prévu ? Il s'est passé quelque chose ? »

Ça n'avait rien d'anormal que Siobhán l'inonde de ce genre de questions.

Il faudrait plutôt s'inquiéter le jour où elle cesserait d'en poser.

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ANAPHORE

« Comme tu dis c'est Sorcière, pas Sorciers ou Sorcie point R point E. », répondit-il avec un fin sourire taquin. En vérité, elle avait sans doute raison : on ne lisait pas avec ses parties génitales... « Je te taquine ! bien sûr que n'importe qui peut lire n'importe quoi. Encore que, je suis à peu près sûr que le sexe a une incidence, déjà rien que du fait du conditionnement culturel, et y a sans doute aussi des aspects purement chimiques qui influent. »

Sheraz, grand assassin de la libération des genres. Avec son éducation datée, il ne risquait effectivement pas de se faire le porte étendard de ce genre de mouvements. Tout comme il ne mettrait probablement jamais le nez dans un Sorcière Hebdo ou un Glamour même s'il avait toujours trouvé drôle que 99,9% des gens ignorent la signification d'origine du mot, et même parmi les sorciers. Pendant trente secondes, il fut tenté de demander à Siobhán ce qu'elle pensait du mot Glamour mais il eut un éclair de génie et se ravisa conscient, sans trop savoir pourquoi, que ce n'était pas une riche idée.

Il laissa donc filer, ne voyant pas venir l'énormité que Siobhán était en train de déterrer avec subtilité. Son Oh et le silence appliqué qui suivit la mention du nom de @Selma Montero coupa court à toute forme d'innocence dans la conversation. Ne sachant trop comment ramener son amie à de meilleurs sentiments, il se prit à l'imiter, se concentrant sur les billets drainantes qu'il fallait disposer au fond du pot jusqu'à ce qu'elle lui pose cette drôle de question.

Cette fois les grands yeux noirs de Sheraz la confrontèrent d'un air un peu blasé, ses sourcils marquant l'expression d'un franc scepticisme. Il ne l'avait pas dit mais son expression le faisait à sa place : Franchement ?

Elle ne pouvait pas lui faire croire qu'elle ne voyait pas d'où venait cette idée. Il laissa planer quelques secondes de silence avant d'abdiquer :

« Ben... disons que j'ai un peu de mal à croire que ton mari ait pu faire l'impasse sur le sujet alors que les soeurs Montero fréquentent la même école. Il a forcément dû te dire quelque chose... ? Sur les Almadovar et les Montero... »

C'était que si @Edel Almadovar n'avait rien dit, Sheraz n'allait pas tarder à se retrouver dans une position délicate, partager entre protéger son amie irlandaise d'un environnement à risque et protéger son amie cubaine des médisances et des méchancetés de son ex qui auraient bien pu passer par une autre bouche, si adorable soit-elle.

« Laisse tomber... j'ai rien dit. », lui parut finalement la plus sécure des options.

Par chance, Siobhán saisit la perche et revint à un sujet qui ne faisait pas l'effet d'une patate chaude.

« Mes parents l'ont un peu trop adorée, et aussi, j'ai voulu l'emmener au cinéma - c'est un genre de théâtre moldu mélangé à de la photo magique. Je pensais qu'elle allait passer un bon moment mais à la fin du film j'ai eu un petit doute. Je me rends pas vraiment compte de ce que ça peut faire pour un sorcier. Pour moi c'est un truc tellement ordinaire... »

Elle avait aimé l'expérience mais on ne l'aurait pas juré à la voir à la fin du film, avant qu'elle ne donne son avis.

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ft. @Sheraz Mahal

04 09 2023

Enfoncer ses mains blanches dans la terre ne lui faisait pas peur. Pas plus que de mettre les pieds dans le plat, comme cela venait justement tout juste de se produire. Alors qu'elle prenait toujours soin de préparer un pot suffisamment drainant pour les mandragores, Siobhán prenait conscience qu'en dehors d'un débat féministe dans lequel elle ne s'empêtrerait pas cette fois-ci, ils avaient abordé un sujet bien plus épineux, capable de mettre à mal ce moment de paix durement remporté. Et ça n'avait rien à voir avec le conditionnement culturel, ou des aspects purement chimiques. Le sujet avait beau être nébuleux par nature, les sentiments avaient cette fâcheuse tendance à en rajouter une couche et tout compliquer dès lors qu'ils entraient en scène.

Sheraz n'était pas dupe. Il la connaissait suffisamment pour savoir lire dans ses réactions, parfois même dans ses mots. Et même si la demie-vélane maîtrisait l'art des faux-semblants, elle ne cherchait pas à faire semblant devant le Poufsouffle. À quoi bon ?

« Je n'avais pas d'a priori sur les Montero, au départ. Et ta réaction me laisse penser que justement, c'est bien qu'on en parle, au contraire. Tu sais que je déteste les non-dits », insista-t-elle en croisant le regard fuyant de son ami. Sa posture l'était tout autant, alors qu'il devait se rendre compte que c'était un terrain sur lequel il ne souhaitait pas aller, au point même peut-être de regretter de l'avoir mentionné. Mais il devait savoir à quel point Siobhán savait parfois se montrer tenace. « Qu'est-ce que tu sais sur les Montero exactement, Sheraz ? Et s'il te plait, ne me mens pas. Je ne leur veux aucun mal, tu le sais. Je me méfie simplement quand elles s'approchent trop près de ceux que j'aime. Je ne dis pas qu'elle te veut du mal, je suis certaine que ce n'est pas le cas. Mais j'aimerais savoir ce qu'elle t'a dit pour m'en assurer pour de bon... »

Son regard bascula à nouveau sur le terreau qui s'était insinué dans les lignes de sa main. Pensive, elle se demandait encore ce que les sœurs mijotaient et s'inquiétait de n'avoir obtenu aucune réponse depuis leur arrivée à Poudlard. Bien qu'une voix sournoise lui chuchotait qu'ils ne tarderaient pas à obtenir une réponse à cette question, à travers les aveux à venir d'@Edel Almadovar .

Sans même prendre la teneur des mots qu'elle venait de prononcer à l'égard du préfet des Poufsouffle, la jeune femme revint sur le récit de leur escapade estivale pour tenter d'alléger la conversation. Et, dans le même temps, montrer à Sheraz qu'elle considérait @Selma Montero comme n'importe quelle autre fille qui aurait pu le côtoyer — bien que ce n'était pas tout à fait vrai.

« Un théâtre et des photos magiques, ok... », répéta-t-elle comme si ça l'aidait à intégrer et à imaginer à quoi un cinéma pouvait ressembler. Elle ne se souvenait pas avoir étudié ce sujet en cours d'Etudes des Moldus. Et si elle ne s'en rappelait pas, alors c'était probablement qu'elle n'en avait pas encore entendu parler. « Qu'est-ce qu'il s'est passé à la fin de ce... film ? », questionna-t-elle avec une voix incertaine à la mention de ce dernier mot qu'elle n'était pas certaine d'avoir correctement entendu. « Tes parents ont pensé la même chose que moi en premier lieu, pas vrai ? », ajouta-t-elle avec un sourire.

Son regard était parti à la recherche de celui de Sheraz pour l'encourager à lui en dire plus sur le déroulé de son été... Et lui rappeler qu'elle était tout, sauf une ennemie pour lui, mais aussi pour son entourage.

Aussi douteux puisse-t-il sembler au premier coup d’œil.

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ANAPHORE

D'instinct, son attention s'arrêta à ce au départ qui ponctuait la phrase de Siobhán presque innocemment. Il ne pouvait cependant pas croire une minute qu'il n'y avait rien derrière cette habile tournure. Au départ, ça sous-entendait bien que maintenant si n'est-ce pas ?

« Et à partir de quel moment tu as commencé à en avoir ? », insista-t-il, sans trop savoir par quel bout la prendre ni être vraiment sûr de vouloir en entendre plus. Il savait bien que Selma avait des histoires de famille à faire froid dans le dos, quand bien même elle n'était jamais entrée dans les détails. Lui, ça ne l'avait pas empêché de la prendre dans son entier, pour ce qu'elle était, en dépit du reste. Et pourtant, froussard comme il était, il aurait pu cent fois prendre ses jambes à son cou, à la première mention de quelque activité sordide ou illégale (le meurtre d'un parent direct par exemple...), « Je sais pas Siobhán. C'est pas à moi de te parler de ça, j'aurais l'impression de la trahir parce que c'est pas le genre de chose dont on parle à n'importe qui. Je veux pas dire que tu es n'importe qui, loin de là. Si je devais raconter un secret c'est sûr que c'est à toi que je le raconterais, mais ce secret-là ne m'appartient pas. Tu comprends ? »

Il l'espérait de tout cœur. Cette fois-ci, il la regardait bien droit dans les yeux avec presque l'envie de l'accrocher à ce regard qui disait ne m'en veux pas.

« Mais tu m'as pas vu débarquer en hurlant au moment où on demande "si quelqu'un veut s'opposer à ce mariage blablabla alors... je suis peut-être pas le plus courageux ou le plus intimidant de tes amis ... , il était clair qu'il faisait pâle figure à côté d'un Zion ou d'un Edel, « ... mais moi aussi j'essaie de veiller sur ceux que j'aime. Si j'avais eu quoique ce soit à reprocher à Edel, même si pour tout te dire il me fait flipper, je crois que tu l'aurais su. Tu crois que tu pourrais te contenter de ça ? »

Encore une fois son regard était plus éloquent que n'importe quel mot. Il ne lui en donnerait pas plus. Plus par respect pour Selma que par crainte d'Edel. Il aurait fait la même chose d'un secret que Siobhán lui aurait confié et d'ailleurs, ne venait-elle pas de lui en confier un de taille ? Il espérait au moins qu'elle repartirait avec la certitude qu'il serait bien gardé.

Par chance, la jeune femme lui fit grâce, feignant de bien vouloir valider cette nouvelle amie qui soulevait tant de questions. Et lui de tomber dans le panneau...

« Oh ben il y a un plot twist de dingue et tu te rends compte qu'en fait depuis le début c'est la fille qui avait tout manigancé et que le vampire y était pour rien. », répondit-il avec son innocence légendaire, brandie devant lui presque comme un étendard. Évidemment que ce n'était pas la fin du film stricto sensu qui intéressait Siobhán, « D'ailleurs c'est drôle parce que le fait que le vampire ait une fille c'est un peu antinomique avec le fait même d'être mort-vivant, mais bon, c'est un détail. », quant à ce qu'en avaient pensé ses parents... « Que c'était ma copine ? », petit silence « À leur décharge, à part Griselda, j'ai jamais ramené de fille à la maison alors... »

Griselda, cette Serdaigle un peu lunaire, mais gentille comme tout avec qui il était ami depuis belle lurette, mais qui s'était éloignée l'hiver dernier quand il n'avait pas eu le nez de comprendre que cette lettre de Saint-Valentin était pour lui...

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ft. @Sheraz Mahal

04 09 2023

Plus cette discussion avançait dans le temps, plus les mots qui en découlaient venaient lui serrer le ventre d'une manière bien étrange. En dehors de leurs choix diamétralement opposés, de quelques différends d'attitudes, d'une pointe de jalousie sans doute, d’omissions volontaires et certainement de quelques éclaboussures d'un égo très mal placé, Siobhán n'avait aucune idée réelle de l'origine de ses a priori envers les Montero. Aucune explication tangible ne lui venait à l'esprit, à part le fait que les jumelles étaient intégralement immergées, à l'image de toute leur famille, dans un immense trafic de créatures magiques.

Mais devant Sheraz, tout à coup, elle se retrouvait bien incapable de s'expliquer avec des faits concrets, comme si la petite fille qu'elle avait un jour été venait d'être prise en flagrant délit en train de commettre une grosse bêtise. Quel genre d'oiseau de mauvaise augur était-elle pour imposer ce genre d'information à son ami ? Était-il déjà au courant ? Et si oui, son silence signifiait-il qu'il avait simplement accepté ce que @Selma Montero était dans un élan de sa gentillesse inée ? Avait-il trouvé en elle celle qui pouvait le comprendre mieux que Siobhán ne le ferait jamais, par ce don qu’ils partageaient ?

Au fond, la vérité, bien au-delà des faits, c'est que tout ça était aussi une question d'instinct. Et quand il entrait en scène, il devenait beaucoup plus difficile de démêler le vrai du faux ; de savoir ce qui n'était de l'ordre que du simple pressentiment ou si cela venait réellement obscurcir le ciel d'un mauvais présage.

Mais peut-être aussi qu'elle se trompait. Complètement. Jusqu'où allait sa confiance pour Sheraz ? Était-il suffisamment important à ses yeux pour qu'elle ne se fie plus qu'à son seul jugement, jusqu'à tenter de mettre le sien de côté ?

Perdue dans ses pensées, la poupée de cire semblait tout juste réaliser qu'elle était restée trop longtemps immobile pour que ce soit naturel. Et voilà que le pantin inanimé venait de se trahir lui-même. Elle pensait trop fort pour que Sheraz ne l'ai pas entendue.

Son visage se leva finalement vers celui du Poufsouffle, allumé d'un sourire tendre et sincère. Elle en oubliait même ce pourquoi elle était venue.

En tendant bien l'oreille, on aurait pu entendre les mandragores rouspéter du fond de leur pot de terre cuite.

« Je ne te forcerai à rien », avoua-t-elle simplement, comme si ça n'était pas déjà évident. « Tout ce qui importe, c'est ce que toi tu penses. Si tu fais confiance à Selma, alors je n'ai plus qu'à lui faire confiance aussi pour qu'elle prenne soin de ce que tu lui offres. Amour ou amitié, peu importe. Ce qui compte pour moi, c'est que tu sois heureux. Je saurai bien me satisfaire de ça, oui. »

A côté du bonheur de ceux qu'on aimait, tout le reste paraissait bien dérisoire. Il n'y avait qu'à voir la façon dont il parlait d'elle, avec autant d'assurance que lorsqu'il pouvait parler d'arithmancie ou de mécamagie. Certaines attitudes ne trompait pas.

« Tu sais quoi ? », commença-t-elle en se désintéressant soudainement des mandragores. « On va aller à Pré-au-Lard et tu vas me raconter ton film en mangeant un morceau. Parce que je comprends pas qui a manigancé quoi. »

Et elle détestait ne pas comprendre, comme elle pouvait détester de devoir se satisfaire d'un seul morceau de l'histoire.

En revanche, elle adorait écouter Sheraz parler des sujets qui le passionnaient et discuter de tout et de rien avec lui.

Même un été de silence n'aurait su changer ça.

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