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Rip & Tear

Jack Deschain
Sorcier

Expertise : Sectumsempra !
Sortilège de Niv.7
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Jack Deschain
   
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Faceclaim : Levi Stocke.
Âge : 38
Sang : Sang-pur américain.
Profession : Chasseur de créatures, Agent du CIS depuis 2023.
Côté Cœur : Célibatârd.
Multis : Nott, James, Brynn, Morana, Maddox.
FICHE DE PERSO


“Right and wrong matters little when survival matters most.”
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TW : Langage cru, mysogynie, menace de mort.

Printemps 2013, Frontière Nouveau-Mexique et Texas.

Bud avançait mollement. Le soleil était en train de se coucher à l’horizon, et perché sur le mustang couleur sang, Jack sifflotait une vieille chanson qu’il avait entendu des centaines de fois à la radio non-maj. C’aurait dû être le genre de truc dont l’américain devait avoir un peu honte, mais au lieu de ça, il se vantait presque de savoir comment faire fonctionner ces maudites machines, même si c’était Pat qui lui avait montré les ficelles de ce qu’ils appelaient « électricité ».
Dans le Texas, posséder une radio pouvait valoir un aller direct pour Trafalgar, alors que tuer un non-maj n’était même pas de l’ordre du crime. Tout au plus était-ce un délit pour lequel on devait payer une petite somme, histoire de justifier les honoraires de déplacement de l’oubliator en charge du dossier.

L’Amérique avait, par bien de ses aspects, quelque chose de grand et à la fois d’écrasant.

Même ici, perdu au milieu du désert, Jack pouvait sentir la morsure impitoyable de l’environnement, tout en étant pourtant le plus libre des hommes.

Ce n’était pas le cas de sa prisonnière à l’arrière, que le cheval traînait sans ménagement depuis plusieurs heures maintenant. Un loup-garou tout ce qu’il y avait de plus… féminin et engageant ? Sans les poils en cette période, encore qu’on était jamais à l’abri d’une surprise avec cette espèce. Avec ses menottes spéciales et le joli collier qu’il lui avait installé autour du cou en tout cas, il se sentait assez en sécurité pour la laisser dans son dos.

La corde était assez longue pour qu’elle ne puisse pas approcher Bud sans avoir à se prendre un coup de sabot, et le mustang avait déjà assez connu de morsures en tout genre pour ne pas s’inquiéter de sa présence. D’ailleurs, deux belles traces sur son cuissot arrière avaient laissé des cicatrices couleur chair sur sa robe cramoisie.

La route serait longue mais le prix, quant à lui, aurait de quoi le faire sourire.

L’homme qui était venu le voir un mois auparavant pour lui demander de ramener, je cite, « la petite brune qui a un accent britannique parmi les médecins bénévoles », ne lui inspirait pas confiance, et c’était aussi pour quoi Jack était aussi intimement persuadé qu’il s’agissait d’un homme sous couverture, mais il lui avait promis une somme astronomique dont le chasseur de primes pensait bien toucher rubis sur ongle.

Pour ça il avait fallu s’extraire du Nouveau-Mexique et il faudrait se rendre à Crane, une petite ville magique, après Albuquerque, avant Austin. En gros, au milieu de nulle part, comme à peu près toutes les villes du sud de l’Amérique du Nord, pensa Jack.

Quelque chose remua derrière lui. La tête de l’Américain se tourna pour voir la silhouette féminine se secouait au bout de la corde – qui était bien évidemment enchantée, dans ce métier il fallait être prêt pour tout – et se releva au moment où Bud s’arrêta.

« Tu peux encore dormir, on est pas encore arrivé » s’amusa Jack, non sans un sourire goguenard, ce qui lui donnait l’air d’un petit con – l’air américain, donc.

Il n’avait pas oublié qu’au moment où elle avait voulu se défendre, elle avait feulé douloureusement en saisissant son arme à sa place. Une arme dont la lame était en argent.

Jack ignorait si elle était un agent particulier d’un service encore plus particulier d’un autre pays, en revanche il était persuadé pour l’avoir vérifié qu’elle était lycane. Son air fauve le trahissait, surtout quand elle lui jetait ce sale regard, mais Jack n’en avait pas vraiment peur. D’ailleurs, il clama avant toute chose, pour bien mettre les choses à plat avec sa prisonnière :

« Ne t’évertue pas à tenter de te libérer, les bracelets et le collier sont enchantés. Si tu les forces, ils exploseront et emporteront ta tête et tes bras. Les loups-garous ont beau être tout puissant, ils ne résistent pas encore aux décapitations que je sache. » Un petit ricanement s’échappa de ses lèvres, avant de pencher la tête, l’air un peu cruel soudainement : « A moins que tu ne veuilles tenter ? Sache que c'est vraiment mon kink de me retrouver baigner dans la cervelle, puis je serais curieux de voir si tu reprends ta forme de loup une fois morte… Ça se vend bien, la peau de loup, sur le Marché aux Trolls… »

Etrangement, son ton n'indiquait pas que c'était une blague.

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2013, quelques perdu après le Nouveau-Mexique.

Tout avait basculé si vite. A l’origine, j’avais été envoyé par Médicomage sans Frontière, en raison d’une catastrophe magique qui avait affecté tout un village de Sorcier. Des Moremplis avaient dévoré toutes un population, et nous étions arrivé après ce carnage, pour essayer de prendre en charge les rescapés. Ils étaient si peu nombreux, et surtout il n’y avait rien à soigné car les Moremplis avaient dévorés leurs victimes, ne laissant que ceux qu’ils n’avaient pas eu la force de tuer avec l’arrivée du soleil de plomb du Nouveau-Mexique. Nous étions arrivé et… un homme avait réussi à me capturer, non sans difficulté mais il fallait reconnaître qu’il était bien plus habile que moi. La raison de cette arrestation ? Visiblement, il n’y en avait pas. Je ne comprenais pas pourquoi, ni ce que j’avais bien pu faire et pourquoi on m’en voulait. La seule piste que j’avais, c’était ma Lycanthropie, qui, quelque soit le continent était vu comme une Malédiction à traîter de la pire des manières.
C’est donc sous ce soleil de plomb, que je marchais en suivant le cheval, sinistre compatriote d’un bandit qui n’hésitait pas à commettre la moindre exaction pour parvenir à ses fins. Alors qu’il parlait, je me taisais. Essayant d’appliquer la technique que j’avais apprise le mois dernier, en Inde dans cette tribue magique reculée : le Morichro. Cette technique constituait à réduire considérablement les capacités physiques et les besoins, dans l’optique de prolonger son espérance de vie dans les milieux hostiles. Mais… La tâche s’avérait aussi être un échec. Marcher en appliquant la technique n’était absolument pas aisé, et en plus, je ne la maîtrisais pas suffisamment pour contrôler parfaitement les besoins de mon corps. Tout au plus, j’arrivais à réduire la faim et la soif qui me taraudait…
Tête baissée, mes cheveux défaits d’un noir de jais, je ne levais jamais la tête refusant d’offrir à mon gêolier la peur de mourir qui pouvait se lire dans mon regard.

« Dormir en marchant, c’est pas très pratique John Wayne. »


Pendant mon séjour ici, j’avais dormi chez des Non-Maj car les loyers étaient bien moins chers. Et le territoire était si étendue que le secret magique était bien plus difficile à garder. Alors il n’était pas rare que ce genre d’associations loufoques se produise. J’avais regardé un Western, et j’avais apprécié. Le sobriquet de mon geolier dont je ne connaissais pas le nom avait alors été tout trouvé.

« Je suis pas assez conne pour ça. T’as l’air de t’y connaître en kidnapping de jeune femme. Et pour informations, c’est 350 gallions si la peau est en bon état. »


J’avais simplement énoncé des faits. Puis je commençais à en avoir marre de ce silence. Les possibilités d’évasions étaient si mince que ma seule chance de m’en sortir c’était d’en savoir plus sur mon camarade de mésaventure et trouver un point faible.

« Je peux savoir pourquoi je suis là ? Si t’es un pote au gars à qui j’ai écrasé les testicules hier soir parce qu’il rôdait trop prêt de moi, sache que j’ai aucun regret. Ca lui évitera de recommencer. »


Je me mis à ricaner. Parce que je n’avais jamais eu peur de la mort et j’avais passé ma maigre existence à essayer de la repousser chez les autres. C’était comme une compagne du quotidien, que j’avais fini par accepter. Ce qui me chagrinait le plus, c’était que je ne reverrai peut être jamais mes frères et sœurs pour leur dire adieu. Ca, c’était triste à mes yeux, et je rebaissais la tête.

« J’commence à sincèrement fatigué, même pour une Lycanthrope, ça fait des heures qu’on marche. Je suppose qu’on me veut vivante. J’ai les tendons qui rentrent en inflammations au niveau de ma cheville droite. Si je continue sans boire, ça va augmenter mes toxines dans mon corps et ça va empirer. D’abord, je ne pourrais plus marcher. Puis j’aurai des difficultés respiratoires, et enfin, tu livreras un cadavre. C’est pas comme ça que j’avais prévu de mourir, mais soit. Ainsi va la vie. »


Je ployais alors un genou à terre, m’étalant dans la terre et le sable, comme une vieille merde. Ma joue percuta le sol.
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Printemps 2013, Frontière Nouveau-Mexique et Texas.

« Seulement si la peau est belle, Miss… » ricana-t-il en retour, son regard glissant sur la silhouette de la jeune femme. Vingt-sept ans pour lui, un âge auquel on sort habituellement de l’école et où on vit ses meilleures années. Jack, lui, avait plutôt le profil du gars n’étant jamais à l’école et vivant selon ses propres règles, ce qui lui allait très bien et était totalement permis dans l’ouest américain. La Liberté avait un goût rance, mais c’était la liberté.

La louve zyeutait à droite et à gauche comme si elle cherchait la moindre aide extérieure. Tout pendant qu’elle se tenait sage, il n’avait guère à craindre, ou peut-être que sa meute finirait par la rejoindre, à cause de ce drôle d’instinct qu’avaient les bêtes ? Jack eut une petite moue avant de pouffer de rire.

« Si tu crois que je ferais ça pour ça… non, on s’bat toujours pour ce qu’on a pas, Miss, alors l’honneur, non, mais l’argent, par contre… » Il se pencha un peu en avant alors que Bud renâclait, agacé de rester sur place alors que le soleil brûlait au-dessus d’eux, rappel silencieux que lui comme elle était les esclaves de la nature – elle plus que lui, d’ailleurs.

Le chasseur de primes pencha la tête devant la déclaration de la sorcière avant que cette dernière ne s’étale sur le sol. Il l’observa quelques longues secondes, avant de pouffer de nouveau de rire. C’était la meilleure, tiens. Il leva les yeux au ciel, tournant le dos finalement, et tapa d’un petit coup le flan de Bud qui se remit enfin, et joyeusement, à marcher mollement.

Derrière lui, il entendit le bruit de la peau qui râpe le sol, non sans un petit ricanement.

« Tu parles comme un médecin » commenta-t-il, avant de réajuster le chapeau sur son crâne, « on s’arrêtera quand on aura trouvé un coin d’ombre. Et pour le moment, la seule qu’est à l’ombre, c’est toi. »

Bien sûr, son ombre à lui, mais ça ne changeait rien.

Il fallut encore quelques longues minutes pour qu’ils arrivent dans le bout de terre que Jack visait, mais il leva la main pour faire taire la louve :
« Je sais. »
Elle devait déjà l’entendre contrairement à lui – le bruit du petit ruisseau qui glissait au milieu du désert. Jack fit avancer Bud jusque là, et sans même qu’il ne s’en rende compte, il faisait déjà un crépuscule avancé. Lui comme elle n’avait pas mangé de la journée, et ils accumulaient l’un comme l’autre la fatigue et la sueur de la journée, mais l’américain semblait en forme quand il descendit de son cheval. Ce n’était jamais qu’une façade, celle de l’habitude, mais la louve n’avait pas besoin de le savoir.

Il détacha Bud de la louve, mais laissa les mains de la jeune femme enchaînées l’une à l’autre – devant elle – et le collier à sa gorge. Il avait déjà fait son speech sur leur utilité et misait une petite pièce qu’elle n’était pas assez con pour croire qu’il laisserait faire le moindre dérapage de sa part.

« Tu peux aller boire si tu veux », il la suivit des yeux, peu intéressé par ce qu’elle pouvait être en train de penser ou de se dire à ce moment-là. Lui-même se dirigea vers le ruisseau, pour boire, puis pour passer un peu d’eau sur sa tête et jusqu’à sa nuque. Elle n’était guère très fraîche mais toujours plus que les températures endiablées de la fin d’après-midi.

« Le Désert du Chihuahua, si ça c’est pas ironique », de nouveau un sourire moqueur s’installa sur le visage du sorcier qui zyeuta du coin de l’œil la louve. « Je t’attacherais pour dormir. Pour le moment, profite, mais au moindre faux pas, tu files au piquet. »

Il lui parlait comme on parle à un cabot, quoi que cela semblait presque à un jeu plus qu’à un besoin de l’humilier. Comme si elle était une petite créature inoffensive. En même temps, en Amérique, des choses effrayantes et dangereuses, c’était pas ce qui manquait, à commencer par lui-même.

D’un air nonchalant Jack commença à ramasser des brindilles à droite et à gauche.

« Un lycan ne souffre pas des toxines qui sont sécrétés par son corps car il les élimine trop vite. J'ai déjà vu des serpents fuir devant un loup-garou en sachant qu'il ne pourrait pas le tuer, même les mambas noirs ne font pas l'erreur d'attaquer un lycan...  » commenta-t-il soudainement, glissant un regard sur elle avant de se relever avec son petit fagot dans le creux de la main, « si tu te reposes ce soir, tu devrais pouvoir marcher encore une journée entière, à moins que tu ne sois un lycan défaillant ? Une faible ? C’est pour ça que tu n’as pas de meute ? »

Il creusa un petit trou du talon de sa chaussure pour finalement y jeter en vrac les petits bouts de bois.


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« Je suis Médicomage. »

Et toi, un beau trou du cul pensais-je. Il ne s’était pas renseigné ou quoi ? Je soupirais et je continuais à suivre, après m’être rappé la moitié du visage, les plaies se résorbèrent en quelques minutes complètement. Il était bien renseigné, et désormais moi aussi, je pouvais arrêter le Morichro, car le voyage n’allait pas durer des jours comme je le pensais. Expirant, je lâchais ma concentration mais… Rien ne se produisit. A croire que je ne maîtrisais pas du tout cette foutue technique. J’entendis au loin le ruisseau, mais je ne montrais rien. Par contre, je remarquais son petit coup d’oeil sur ma personne quand lui l’entendit à son tour et je déduisais qu’il avait compris que j’avais également hérité de l’ouïe fine des Lycans. Il était  vraiment bien renseigné… C’était certainement un chasseur de Loup. J’allais crever là, bêtement. Mais pourquoi prolongeait-il mes souffrances?
Arrivée au bord de l’eau, je ne me fis pas prier, et je me désaltérais comme une mourante. L’instinct de survie de la Louve en moi commençait à prendre le dessus. D’ailleurs, elle tambourinait dans ma poitrine, me suppliant de sortir pour lui arracher la nuque alors que lui aussi était penché quelques mètres plus loin mais… Il fallait que je m’apaise. Cette histoire de collier, c’était pas du bluff. Même les mains liées, j’aurais pu lui arracher la tête… Mais je tenais pas à mourir bêtement. Debout proche de la rivière, je l’écoutais parler, et je ne pus m’empêcher de ricaner.

« Vous avez l’air bien renseigné. On dirait que vous avez fait ça toute votre vie. Contrairement à allumer un feu. »

Il s’y prenait très bien, mais j’avais juste envie de le faire chier, pour passer le temps. Il n’y avait que ça à faire, et c’était le genre de gars à comprendre les choses que si on l’agressait un peu. Il devait vivre dans la violence, la solitude et la froideur pour agir ainsi. M’asseyant à même le sol, croisant mes jambes, je l’observais faire. Au moins, j’allais rien glander il fallait voir le côté positif de la chose.

« Je suis Née-Louve. Je n’ai pas été mordue et j’ai appris à vivre avec ça depuis ma naissance. Donc non, je ne suis pas défaillante, j’essaie juste de vous apitoyer un peu, mais ça semble pas marcher des masses. Ma Meute n’est pas là, je l’ai quitté temporairement. »


Je n’avais pas la force de lui mentir ou de lui cacher la vérité. De toute façon à quoi bon ? Il savait déjà le principal, alors qu’est ce qu’il pouvait apprendre de plus. Bien évidemment, je ne lui donnais pas une seule information. L’observant creuser son petit trou, je fus quand même ravi qu’il ne soit pas assez gros pour cacher un corps.

« Les Lycans défaillants, ça n’existe pas. Il n’y a que ceux qui n’acceptent pas leur nature véritable. Et on peut savoir ce que vous allez faire avec l’argent ? Non parce que la tune, c’est bien joli. Mais si c’est pour le dépenser tout seul en pute et en alcool, autant prendre un autre taff. »

Je le regardais dans les yeux avec un petit air de défi amusé. C’était bien le genre à faire ce genre de chose. Il n’avait pas les caractéristiques d’un humain qui vivait en meute. Il n’avait sur lui que son odeur, et celle de son cheval depuis des jours.

« Je dis ça parce que ça a quand même l’air d’être un boulot de merde, et qui prend du temps. J’espère que vous le dépensez bien, et que votre cheval est bien nourri. En tout cas, il a un beau crin, ses sabots sont en bon état. Il a l’air d’avoir une excellente hydratation malgré l’endroit où on est et aucune bosse n’est apparente sur ses pattes. Il a les yeux et les urines clairs . Sa posture reste droite et il vous obéit correctement. »


Je relevais la tête vers lui et j’haussais les épaules.

« J’ai grandis dans une ferme avant d’être Médicomage. J’avais un Pur Sang Anglais, rien à voir avec votre Mustang. »

Je le regardais longuement, et finalement je soupirais.

« Vous avez de l’alcool ? Que le moment soit moins pénible ? »


Peut être que si j’arrivais à le saouler, ça allait lui délier la langue et j’obtiendrais de meilleures informations à son sujet.

« Je sais que vous ne répondrez pas, mais… Je suis curieuse de savoir qui veut récupérer une Médicomage de M.S.F. Si on m’avait arrêté pour ma particularité, on m’aurait butté, donc ce n’est pas pour ça qu’on est là vous et moi, à se préparer un petit dîner au chandelle dans le trou du cul du monde... »
Jack Deschain
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Printemps 2013, Frontière Nouveau-Mexique et Texas.

Jack souffla par le nez quand elle critiqua sa façon de faire un feu et préféra ne pas relever. Elle n’était pas la première à tenter de le déstabiliser ou de critiquer sa façon de faire – fallait dire qu’il avait quand même quatre frères et trois demi-frères, soit autant de petites canailles qui avaient rendu son cuir plus épais et sa tête plus dure à force de petites bastons amicales. Il en gardait quelques cicatrices d’ailleurs, comme à peu près tous les garçons, sauf peut-être Marlon. Marlon avait toujours été trop gentil de toute façon.

On est pas dans ta cuisine – il aurait pu lui balancer ça, mais comme elle se tenait tranquille, Jack préféra le lui laisser le loisir de croire qu’elle avait réussi à le toucher ou à quelque chose dans ce genre, d’autant qu’elle s’était posée bien sagement sans qu’il n’ait à lui hurler dessus et encore moins à lui cogner dessus, ce qui était fortement agréable. Après avoir passé une journée à crapahuter dans le désert, il préférait encore s’asseoir et se faire chier que de courir dans son jeans dégueulasse.

Accroupi finalement devant le feu, Jack souffla sur les premières braises quand elle commença à parler d’elle. Il ne leva pas les yeux, faisant attention de ne pas lui montrer qu’il s’intéressait le moins du monde à elle, d’ailleurs il n’avait toujours pas son prénom et ça lui allait bien. Il nota seulement qu’elle avait quitté sa Meute. Si c’était vrai, ça serait plus simple que ce qu’il imaginait. Personne ne viendrait la chercher. Il n’y avait plus qu’à voir si l’autre gars avait bien réussi à obtenir tout le fric qu’il lui avait promis…

« Les lycans défaillants, ça existe » protesta-t-il sans hausser le ton et sans rentrer dans les détails. Il en avait déjà vu, déjà abattu, parfois même à la demande de certaines meutes. Jack n’avait aucun maître, seulement des employeurs. Dans un autre pays on l’aurait peut-être appelé Sorceleur ; ici, il n’était que Pistolero, ces êtres solitaires, capables de percer le cuir de n’importe quel monstre, y compris des dragons-roches du Nevada.

Il bailla.

« Les putes et l’alcool coûtent cher, qu’est-ce que tu veux que je te dise… » s’amusa-t-il en lui jetant un petit regard, avant de soutenir le sien puisqu’elle semblait le défier : « mais peut-être que j’aime tout simplement mon métier tel qu’il est, et pour c’qu’il me fait faire. »

Tuer des gens était devenu une routine. Il n’y prenait pas particulièrement plaisir, mais ç’avait le mérite de lui vider le crâne, de l’anesthésier totalement de ce que la vie avait à offrir à côté de ça. Tuer était intéressant, mais surtout, être une sorte de justice cosmique, aveugle, accompagnant seulement le mouvement désiré par d’autres, c’était quelque peu grisant.

Mais ça, c’était juste lui. Jack et son besoin constant de relativiser, de comprendre pourquoi, quel sens à sa vie. La réponse était bien souvent aucun, et alors une fois qu’on disait ça, son nihilisme reprenait d’autant plus le dessus. Vivre ou mourir n’avait fondamentalement pas de sens.

« Le loup dans la ferme » pouffa-t-il, sans rien rajouter de plus. Il imaginait très mal le loup-garou élevait ses petits cochons, mettre bas les petits agneaux. Ça n’avait pas beaucoup plus de sens que lorsque les humains le faisaient cela dit. La chasse, seule, avait ce quelque chose de noble aux yeux de Jack Deschain. Une forme de respect vis-à-vis de la proie traquée, de son existence dans une nature. La liberté, toujours rance, encore et encore.

Le feu avait fini par prendre, même s’il faisait encore chaud dans le désert. Mais Jack était un habitué. Dès que le soleil aurait fini sa lente descente, il finirait par faire un froid de canard dans le coin. Il bailla une nouvelle fois, s’étirant doucement.

« Tu sais » commença-t-il en observant les flammes, avant de lever les yeux sur le joli visage de sa prisonnière, « j’ai grandi avec pas moins de douze chiards, douze garçons, qui arrêtaient pas de piailler du matin au soir. Petit, je dormais même sous le lit de mes parents quand ma mère habitait un vieux camping-car prévu pour trois, alors qu’on était sept là-dedans, et j’ai dormi en écoutant le ressort du lit grincer quand mon père culbutait ma mère toute la nuit. Ne crois pas que tu vas réussir à me faire péter un câble en parlant comme ça à tout bout de champ. Quand j’en aurai marre de t’entendre, au mieux je te jetterais un sort, au pire je te couperais la langue. »

Il avisa la jeune femme, puis finalement jeta un peu d’herbe sèche dans le feu, ce qui émit un petit crépitement joyeux.

« J’en sais rien de pourquoi quelqu’un te veut toi tout particulièrement, et pour être honnête, je m’en branle. Quand je dis que je fais ça pour le fric, c’est pas une connerie. J’en ai rien à foutre de savoir si t’es une louve, un gobelin ou si t’es capricorne. Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Par contre, le fait que tu vaux plus de quinze peaux de loup, et ça, c’est nettement plus intéressant pour moi et mes finances. »

Il s’étira calmement, se rendant compte que la faim commençait à s’installer vraiment dans son estomac.

Jack se leva finalement, se dirigeant vers les sacoches que Bud avaient accroché sur le cuissot. Il fouilla rapidement à l’intérieur.

« Plutôt que de te demander pourquoi on a demandé ta tête, tu devrais plutôt te demander ce que ce quelqu’un va en faire. » Il revint avec une boîte de ce qui ressemblait à du spam, ce truc de supermarché avec une viande bon marché mais très probablement infecte, qu’il jeta d’ailleurs comme ça dans les flammes. Une façon pour Jack de cuisiner. « Y a plein de gens bizarres qui font des choses pas net avec des jeunes filles dans les environs… alors, avec un truc qui est capable de guérir ses plaies et de refermer naturellement les trous qu’on lui fait dans le corps… »

Un fin sourire fila sur les lippes de Jack, quand bien même ce n’était pas son genre il ne mentait pas sur le fait que des détraqués, il y en avait un paquet. A commencer par Bolton, ce petit fils de chien qui était toujours à vouloir lui voler ses prises.

« Tu dois l’savoir de toute façon. En tant que médicomage, paraît qu’on en croise des bonnes. »

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« Une enfance de rêve en somme. »

J’avais dit cela d’un air un brin sarcastique, mais pas non plus de là à me moquer de lui parce qu’il n’y était pour rien. Il avait dit cela avec une négligence déconcertante et je voyais que ça ne l’affectait pas le moins du monde. Le soucis résidait que ce modèle là devait être les standards pour lui, et donc ça expliquait pas mal de chose quand à ses choix concernant son avenir. L’observant faire la cuisine, je me taisais même si je mourrai de faim. Il n’y avait aucune faille, il ne semblait avoir aucun point faible. L’inquiétude me gagna et avec elle, la peur.

« Je n’ai rien fait de mal, et je ne comprends pas pourquoi quelqu’un s’intéresserait à moi je suis sans aucune valeur. Ma famille n’a pas d’argent, je n’ai aucune information à fournir. Rien, je suis juste une médicomage qui veut appliquer son Serment de Mungo. A croire qu’aider les autres, ça nous mets juste dans la merde... »


Je soupirais parce que je commençais sincèrement à le penser. Entre les créatures parasites au Tchad, et les démons dévoreurs d’âme en Inde, je commençais sérieusement à me demander pourquoi j’étais parti. Oh, j’avais la réponse. J’étais parti parce que je fuyais mon père. Mais… Est-ce qu’au final, ça valait la peine de prendre autant de risque jusqu’à me retrouver dans cette situation de merde.

« Oui, on guérit plus vite. Et je me doute de ces que les hommes peuvent accomplir. De toutes les créatures de ce monde, ce sont les plus cruels... »

Je regardais sinistrement le feu. Les créatures commettaient des exactions souvent par nécessité ou pour des questions de survie. Les hommes quand à eux faisaient ça par plaisir. Je contemplais alors à nouveau le feu, mon imagination déborda malheureusement sur la capacité des hommes à être cruel et imaginatif pour faire souffrir une femme comme moi. Mes épaules se baissèrent et je gardais un long silence avant de dire :

« J’aimerai que vous m’enleviez les menottes pour manger. Je ne peux pas me transformer pour manger et je ne peux pas me servir de mes mains. Je refuse de me couvrir de honte en mangeant comme les loups sous ma forme humaine. De toute façon, j’ai ce collier et j’ai nul part où aller. »

Je lui indiquais mes menottes, le regard un peu vide. Ces paroles m’avaient vraiment mis un coup et même s’il me les enlevait, je n’irai nul part. La condition humaine m’avait refroidi et totalement gelé le coeur et l’esprit, anéantissant presque tout espoir. D’ailleurs, quitte à mourir ou pire, souffrir, autant parler un peu.

« Je m’appelle Ellie, ça signifie Seigneur Dieu. Ironiquement, il ne m’est pas d’une grande aide aujourd’hui ce qui rajoute des doutes sur sa véritable existence. »

Je lui souriais un peu, et je baissais les bras, regardant la viande cuir sans rien dire de plus. Mon regard passa sur son cheval et je commençais même à regretter de ne pas avoir son existence à lui. Après tout, il n’était pas maltraité et il semblait heureux.

« Moralement, ça ne vous fait rien ? Vous dites que ça vous en touche une sans faire bouger l’autre. Charmante expression d’ailleurs… Mais.. vous n’avez pas peur qu’un jour vous soyez juger pour vos actes ici, ailleurs ou dans l’au delà ? »

Je le regardais dans les yeux, observant les flammes entre lui et moi. A quoi ça servait de lui parler au final, mis à part profiter du mieux que je pouvais du moment présent avant d’aller vers un avenir qui semblait selon lui tout sauf meilleur qu’ici en face de lui…
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TW : Langage cru, mysogynie, menace de mort/vi*l.

Printemps 2013, Frontière Nouveau-Mexique et Texas.

« Je confirme. Aider, ça fout souvent dans la merde. »

Un sourire amusé passa sur le visage de Jack, comme il avait presque l’impression d’être plus sage après avoir dit ça. Comme s’il tenait entre les mains la vérité sur la réalité crasse du monde. Des choses horribles, il en avait toujours vu, aussi ça ne lui faisait plus grand-chose, mais il y avait des jours où il se demandait s’il y avait une limite à tout ça. Une frontière à ne pas franchir. Quelle frontière n’avait-il pas franchi de toute manière ? Une seule jusque-là.
Ce n’était pas qu’il tenait pour sacré le coït, et peut-être y avait-il une certaine forme de flemme à se forcer sur quelqu’un, ou peut-être aussi n’avait-il jamais été repoussé ou repoussant pour se sentir dans l’obligation de. Quoi qu’il fût, c’était bien la seule qu’il n’avait franchi, et au fond, ce n’était pas une question de respect de la chose. Il ne se sentait juste pas l’envie de.

« T’as jamais vu un chat jouait avec une souris toi… Non, la violence est partout, la violence provient de la nature, elle est naturelle même. »

Est humain celui qui raisonne cette violence, disait souvent Marlon, mais c’est pas pour rien qu’il était si mauvais chasseur.

Il haussa les épaules alors que sa prisonnière avait l’air de faire le plus gros bad trip de sa vie. Faut dire que lui-même ne savait pas vraiment pourquoi on lui avait demandé de ramener son cul à Crane. Est-ce que c’était pour la baiser ? Possiblement. Est-ce qu’il en avait quelque chose à faire ? Non. Mais ç’aurait très bien pu être une de ces… comment Clyde disait déjà ? Ces back room ? Ces trucs un peu glauques où il fallait payer pour exécuter quelqu’un d’une certaine façon.
Ah ça, il se disait bien que ça pourrait être ce genre de truc, mais son commanditaire n’avait pas l’air de savoir que Miss était lycane, alors il en doutait un peu. Si c’était pour ça, il aurait pu demander plus. Il n’avait pas demandé assez.

Jack cligna des yeux, alors qu’elle lui demandait de lui retirer ses menottes.

Il souffla par le nez.

Qui lui avait dit qu’elle allait manger ?

Il pencha la tête sans un mot, l’air un peu perplexe face à ce soudain revirement de situation. La Lycane avait l’air éteinte. Froide. Triste ? Pourquoi était-elle triste exactement ? Jack eut une petite moue alors qu’elle lui donnait son nom. Il n’en avait rien à foutre. Il détourna le regard, tirant à l’aide d’une branche la boîte de conserve qui avait rougi au cœur du feu. Il la laissa refroidir à ses pieds.

« Moralement » articula Jack tout doucement, comme s’il ne s’était jamais posé la question.

Il se l’était posé des centaines de fois quand il était gamin. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Est-ce que je suis un gentil ? Est-ce que je suis méchant ? C’est quoi être gentil – c’est quoi être méchant, au fond ? Jack posa son regard sur Ellie, puisqu’elle s’appelait ainsi, l’air le plus nonchalant et le plus indifférent du monde.

« Il n’y a que les humains pour se poser ce genre de question. Je ne crois pas que le lion se dit quand il va tuer un bébé gazelle que ce qu’il fait est mal ou que c’est pas honorable. Il le fait car ça lui demande moins de ressources que d’aller enculer le papa gazelle qui serait bien le premier à jeter son gosse dans la gueule d’un croco’ s’il était boiteux ou trop faiblard. » Jack haussa les épaules. « Moralement, c’est pas acceptable de dérouiller un gars, mais si j’en tue cent mille, ça devient une statistique, voir un exploit. Moralement, c’est pas acceptable de trucider un mec, mais si par contre c’était pas un gentil mec, là, ça devient un comportement louable. »

Il prit un air un peu ennuyé, jetant un regard à Ellie.

« Je pourrais te prendre par tous les trous, là tout de suite. Rien ne me l’interdit dans mon contrat. Mais je ne le fais pas. Ça fait de moi un moins sale type que ce que je suis actuellement ? »

Il se pencha, ramassa la petite boîte qui était brûlante mais la corne sur ses mains avait le mérite de le protéger des brûlures. Il la fit sauter entre ses doigts quelques secondes avant de l’ouvrir à l’aide de son pouce, venant renifler l’intérieur de la boîte, comme pour vérifier que c’était toujours comestible. Ça avait l’air d’une bouillie infecte mais il avait mangé pire – il avait parfois mangé du vide.

« Tu ne vas pas manger ce soir, et pas non plus demain. Tu boiras de l’eau et ça suffira à ce que tu crèves pas pour les trois prochains jours de rando’ qu’on a à faire toi et moi. Te fais pas d’idées, Ellie. Dans ce trou, y a pas de Dieu, pas de Diable, juste toi et moi. »

Il enfonça finalement son couteau dans la conserve pour découper un morceau plus ou moins solide et le goba devant elle, sans moufter.
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Je l’observais avec l’indifférence la plus totale, alors qu’en réalité j’étais terrorisé qu’il passe à l’acte avec ses pseudos-menaces qu’il venait de proféré sur mon corps. C’était peut être ça qui m’attendait et au final c’était pire que la mort car cela m’arrachait toute dignité jusqu’à la fin de ma vie. Je baissais alors les yeux, sur le feu puis par terre. Parce que je sentais le désespoir et la peur me gagner à chaque instant. Je n’étais pas de nature à baisser les bras, mais là il fallait quand même avouer que mon geôlier ne semblait pas avoir de réelles failles ou alors il ne les montrait pas. Il avait été clair, précis, et blessant sur les sujets sensibles qui me concernait. Mais évasif ou silencieux sur tout ce qui pouvait le toucher lui.
Et il avait cassé mes espoirs quand j’avais compris qu’il était totalement irrécupérable et qu’il n’aurait jamais aucun regrets, ni aucun remord.

« D’accord. »
avais-je simplement dit.

Je n’avais plus faim, de toute manière. J’avais juste envie de dormir pour aller plus vite à ma funeste destinée. Résignée donc, j’avais levé la tête vers lui, mais quelque chose en moi fit un bon dans ma poitrine. Un hurlement que moi seule entendait. Puissant, fort, qui voulait me dire de me battre. De survivre. De continuer. De me transformer et d’arracher la carotide de l’homme en face de moi pour fuir loin d’ici, là où les notre m’attendait. Là où ma Meute était. Mon collier se mit à me bruler le cou, et je fis une horrible grimace. Il fallait absolument que je me contrôle.

« Ce n’est rien. »
expliquais-je « Ma Lycanthropie fait que lorsque je suis sur le point de mourir, elle peut prendre le dessus pour survivre. Là, je sais que je vais certainement y passer et je perds espoir. Du coup, j’essaie de m’en dissuader avec ma partie animale qui n’est pas défaillante comme ma partie humaine qui a accepté son sort. Un loup, ça crève que si ça n’a pas le choix. »

J’avais baissé la tête et je soufflais alors que la brûlure s’était calmé, mais m’avait bien brûler. Je ne préférais pas montrer ma souffrance, et j’essayais de me vider l’esprit.

« Dans mes affaires, il y a une potion de sommeil. La fiole brune. A l’intérieur, c’est un liquide bleu pastel. J’aimerai dormir pour me soulager l’esprit si ça ne vous dérange pas. »


J’avais relevé les yeux vers lui. J’allais lui arracher sa putain de nuque d’Homo Sapiens et faire comme j’avais fait avec les singes avant que sa saloperie d’espèce nuisible qui était rentré en compétition avec mes meutes n’arrive sur cette planète.
Le collier s’activa encore, me brûlant plus fort que la dernière fois et me décrochant un râle sourd, qui me fit tombé sur le côté.

« S’il vous plaît. »
Jack Deschain
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Printemps 2013, Frontière Nouveau-Mexique et Texas.

Jack avait gardé son regard sur la louve dont l’instinct était en train de revenir à elle. Il pouvait lui aussi le sentir, dans sa façon de se tendre, dans la façon que le collier avait de vouloir la dompter. Le chasseur eut une grimace, posant calmement sur le sol la conserve ainsi que le couteau, planté à l’intérieur.

D’une main leste, il sortit de son holster gauche une arme et tira une seule fois – une seule balle, jamais de gaspillage – dans la caboche de la louve. Ce n’était pas qu’une éraflure, mais une vraie explosion de sang et de cervelle laissant sur le sable affamé une gerbe couleur grenat.

« Maintenant tu peux dormir », commenta le chasseur, non sans rester quelques secondes attentif à si le loup sortait ou non de sa cachette. Au lieu de ça, la jeune femme resta sur le sol, dans la poussière et dans son sang.

Jack remit finalement le pistolet dans son holster, vérifiant par acquis de conscience qu’il avait bien pris le eagle et non pas le smith&wesson. La balle aurait été autrement plus mortelle avec son liquide d’argent concentré au plomb et au mercure. Il soupira profondément, jetant un regard au sac de la jeune femme qu’il avait accroché à Bud. Le cheval le jugeait à son tour.

« Quoi ? » maugréa le chasseur, « tu veux me faire la morale toi aussi ? »

Le cheval renâcla avant de se tourner, laissant seulement son énorme croupe à la vue de son maître. Jack leva les yeux au ciel, terminant finalement sa conserve, l’air un peu morose.


Le cheval avançait mollement.
Derrière, Jack avançait à pieds, un fusil sous le bras, l’air sombre. Le ciel était orageux, tant et si bien qu’il portait même une veste en cuir sur le dos pour couper le vent. Quand Ellie revint enfin à elle – c’est fou ce que l’organisme lycan donnait envie parfois – ils avaient déjà avancé une journée et demi et sans les piailleries d’Ellie, ils étaient désormais à seulement une journée de Crane.

« De nouveau parmi nous ? »

Un sourire goguenard scia le visage de Jack.

« T’as rien raté. »

Il s’étira calmement, quoi que son regard vif semblait chercher quelque chose dans les environs. Jack avait l’impression d’être suivi, et ça il n’appréciait pas vraiment la blague. Si l’agent du Ministère avait fini par envoyer quelqu’un pour le surveiller, ça n’allait pas le faire rire.

« Ce soir tu vas être contente Ellie, c’est restau’ ! Et j’invite ! Promis, ça sera moins chromé, plus comestible… Ne m’en veux pas, j’ai trouvé ça plus efficace qu’une potion… »

Un rire s’échappa de ses lèvres.

Au loin, on voyait une enseigne clignotante, toute mise de travers en haut de la façade de bois d’un ancien saloon. Ç’avait un côté très pittoresque avec les cactus en fleurs qui bordaient la dernière bande du désert.  

« C’avait l’air d’être ta première balle dans la tête » commenta Jack sans avoir l’air intéressé, même s’il restait assez curieux. Si la jeune femme était un agent espion comme voulait lui faire croire le gars de Crane, elle n’en avait ni le mental, ni le physique.

Au bout de trois jours, même Jack Deschain commençait à douter de la véracité de tout ça.
Est-ce que ça changeait quelque chose ? Pas vraiment. L’injustice du monde n’avait pas de prise sur celui qui ne croyait en rien, et surtout pas en la justice.

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Balancé de gauche à droite, je me mis à gémir en revenant à moi. J’avais fait un rêve curieux, avec des voix qui m’appelaient pour les rejoindre. Comme un murmure, un chant qui m’appelait. J’avais eu une envie irrésistible de les rejoindre. D’être avec eux et d’atteindre la plénitude. Mais au lieu de cela, un Loup blanc m’avait attrapé la cheville et emmené loin d’ici. Très loin d’eux et de leurs voix. Qui s’étaient faites de plus en plus lointaine pour finalement disparaître.

« V...vous êtes un malade... »


J’avais tourné la tête vers lui, et je l’avais rebaissé. Cherchant à reprendre mes esprits, je ne l’écoutais qu’à moitié. Il me parlait de restau. Je relevais la tête pour apercevoir au loin un vieux bâtiment avec une enseigne clignotante, comme on en voyait dans ce trou paumé.

« Non non j’en prends… tous les jours… connard. »

Je crachais par terre. Par sur lui ni à ses pieds, je n’étais pas assez stupide pour le provoquer encore plus que je ne l’avais fait. Couché comme ça, sur le cheval j’avais l’impression d’être du bétail. Visiblement, j’avais ce goût particulier du sang dans ma bouche. Ca aurait pu me plaire, sous ma forme de Louve mais là c’était du miens qu’on parlait. En tout cas, de ce côté là c’était le silence radio. Comme si mes capacités de guérisons l’avaient apaisé… ou épuisé. C’était tout sauf rassurant car j’avais l’impression qu’il me manquait une partie, mais en cherchant bien, je pouvais tout de même la sentir en moi. C’était plus qu’étrange.

« Bon sang, j’ai mal à la tête… »


Je me mis à éclater de rire. Un rire nerveux, hystérique et fatiguée. Cette vanne que je venais de faire m’avait faites un peu craquée. Je ne savais même pas que nous autres Lycans pouvions aller aussi loin dans la guérison. Attentive cependant, je sentis peu à peu mes sens revenir, et la bête en moi signifier qu’elle était bien là. Un petit sourire en coin passa sur mon visage quand je le vis se retourner à plusieurs reprises.

« Ils sont deux, et l’un d’eux boite. »
dis-je avec un petit sourire qui se voulait charmeur et amusé mais dans cette position, je devais surtout avoir l’air d’une gourde.

« Le vent ramène leurs odeurs et les sons de leurs bottes d’ici. Ca veut dire qu’ils ne sont pas si loin. C’est pour ça le restau ? Moi qui pensait que vous vous étiez un peu attaché à moi. »
dis-je d’un ton cassant et ouvertement sarcastique.

J’avais pris ma décision. J’allais me sortir de là, et à la moindre occasion qu’il m’offrirait je le tuerai. Car je savais que c’était la clef de ma survie.

« Ca peut pas être des amis à moi, donc c’est forcément des amis à vous… J’ai si hâte. »


J’étais toujours empreint d’ironie, mais finalement mon visage se referma et je déclarai :

« Vous auriez du me tuer tout à l’heure. »


Parce que je savais que la mort était un moindre mal à ce qu’il pouvait m’attendre selon lui.
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