Point de rencontre (Elejna)

Comme à mon habitude, je me traînais mes manuels à la main, et mon grand sac à dos derrière moi. J’avais réussi à jeté un Sortilège d’Allègement pour enlever du poids, mais vu que je ne le maîtrisais pas tout à fait, j’étais quand même obliger de prendre quelques grimoires à la main. La journée avait été plus que chargée et je n’avais que trente minutes avant mon entraînement avec la Section Queerditch. Depuis peu, j’avais intégré cette dernière malgré les réticences de mon père, et j’avais signé un petit contrat avec les Faucons de Falmouth. J’étais donc en pleine prise de rythme et il fallait dire que ça me plaisait plutôt pas mal… Avoir l’esprit totalement occupé par les études et le Quidditch, avait l’avantage de ne pas me soucier des problèmes familiaux, mais avait l’inconvénient de moins voir Selma. Jamais je n’avais passé autant de temps sans elle…
C’est donc l’esprit vers elle, que je sortie de l’escalier du quatrième étage pour en reprendre un autre menant à la Tour Serdaigle. Sortant un peu vite, et complètement dans mes pensées, je percutais quelqu’un et fit tomber l’intégralité de mes grimoires sur le sol, avec divers parchemins glissés à l’intérieur de ses derniers.

« Por Dios... »

Sans même regarder qui j’avais bousculé, je me baissais pour poser mon sac et ramasser mes affaires le visage concentré sur cette dernière. Levant la tête d’un air véritablement désolé, je croisais alors le regard d’une jeune femme que je ne connaissais pas, vêtue en rouge et or.

« Excuse-moi, j’étais dans la lune, je ne regardais pas où j’allais. Je t’ai pas fait mal ? »

Je continuais de ramasser mes affaires dans mon tailleur Serdaigle mais je jetais quand même quelques petits coups d’oeil inquiet à la jeune femme. Après tout elle ne m’avait rien fait. J’aurai percuté quelqu’un que je n’appréciais pas, comme par exemple Michel-Ange Grimm, je ne me serais même pas donné la peine de demander.

« Tu es en première année ? Je ne t’ai jamais vu à Poudlard. »

Je remis les mèches de mes cheveux en arrière, fronçant un peu les sourcils et l’observant dans les yeux sans rien penser d’avantage. Je m’étais promis de me sociabiliser un peu plus, et de me faire plus d’ami.e.s. C’était un excellent moment pour commencer, même si je n’avais que… trente minutes.

« Je m’appelle Alejandra Montero. Si j’ai un accent c’est normal, je viens de La Havane. »

Je lui adressais un petit sourire et j’inclinais légèrement la tête pour me présenter. Je ressentais de bonnes vibrations pour elle, alors pourquoi ne pas essayer de faire un peu connaissance.

INFOS Messages : 21 FICHE DE PERSO

Elejna laissa son doigt glisser sur la couverture du livre qu’elle tenait devant elle.
Le regard baissé, elle progressait de façon presque fantomatique dans les couloirs du Château.
La lettre qu’elle avait reçu de sa famille avait laissé planer le doute sur les causes de l’incident.
Mais les conséquences étaient claires. Leur nom avait perdu de sa superbe. Leur réputation était bafouée. L’importance des Böhmersheim était mise à rude épreuve.

Elejna soupira discrètement, sa rentrée au sein de l’école de Sorcellerie n’était pas aussi libératrice qu’elle l’aurait souhaité.
Une année à parcourir le Monde Magique à la recherche d’un nouveau départ, de réponses à des questions qui ne faisaient qu’éclore dans son esprit.
Une année à tenter de trouver sa place et son rôle à travers ce chaos incessant qu’était devenu sa vie, et qu’elle n’avait pas hésité à fuir une seule seconde.
Une année au bout de laquelle elle avait choisi de retourner sur les bancs de l’Ecole de Sorcellerie, aussi loin que possible des éléments perturbateurs.

Mais elle avait beau avoir traversé la Manche, ses démons semblaient avoir pris part au voyage avec une facilité enfantine.
On ne fuyait pas aussi facilement les tourments d’une telle famille.
On apprenait à vivre avec.

La Gryffondor passa son sac devant elle, décidant finalement de jeter un œil à son emploi du temps qu’elle connaissait par cœur.
Avoir l’air occupée – et préoccupée – pousserait peut-être les autres élèves hors de son chemin.
Un nouveau regard vers le parchemin et celui-ci se déchira au contact d’un élève qui avait tourné un peu trop abruptement au détour d’un couloir.
Une pile de livre vint rejoindre le sol de pierre dans un fracas sourd.
La silhouette d’une jeune femme aux cheveux d’un noir de jais plongea sans hésiter sur les grimoires étalés au sol, désormais orphelin des parchemins qui les habitait.

- Désolée… avait-elle réellement besoin ou envie de se justifier ? Non tout va bien merci.

Pas vraiment. Cependant, la Gryffondor s’agenouilla à son tour afin de rassembler les divers ouvrages et parchemins qui décoraient désormais le couloir du Quatrième Etage.
Elejna se releva finalement, son emploi du temps abîmé à la main, ses grands yeux clairs se posant sur l’élève qui semblait décidée à discuter.

- Non je viens de transférer d’une autre école. Inutile de préciser laquelle, ni de mentionner son année de césure. Elejna, enchantée.

Son léger accent germanique transparu quelques instants alors qu’elle se présentait.
Elle mettait un point d’honneur à ne pas le laisser transparaître. Son anglais serait parfait.
Pendant qu’elle se présentait, la Rouge et Or s’était saisit de sa baguette afin de la faire glisser le long de la déchirure du parchemin qu’elle tenait toujours en main.
En quelques secondes, celui-ci retrouva son format original.

- J’espère que tu en as laissé pour les autres élèves, lança la jeune femme en désignant d’un doigt élégant, en désignant la pile de livres, revenue dans les bras de son propriétaire temporaire.

Ses traits étaient sérieux mais son regard, légèrement amusé, laissa entrevoir le ton amical que la jeune femme destinait à Alejandra.

Je n’étais pas très loquace habituellement. Dans beaucoup de circonstance, j’aurai passé mon chemin après m’être excusée pour passer à autre chose. Le temps des Montero était précieux, c’était ce que mon père disait souvent. Mais en me baissant pour ramasser mes livres, mes yeux s’étaient plongé dans les siens et j’avais écouté avec attention les maigres paroles qu’elles m’avaient accordé. J’avais perçu l’accent, qui était parti aussi vite qu’il était arrivé. J’avais aussi entendu qu’elle venait d’une autre Université. J’avais également capté sa grâce et son élégance, qui dans ce monde signifiait la noblesse d’un haut rang.
Bref, je m’étais vu en elle l’espace d’un instant, et, il fallait dire que c’était si rare ici que j’avais décidé de m’attarder un peu. Quand elle me demanda s’il y en avait pour les autres étudiants, je me mis à pouffer un peu.

« Ahah. Non non, ils sont pour moi. Je suis en Section Queerditch, donc je dois plus travailler si je veux garder mon niveau scolaire. »

Et surtout avoir toujours l’excellence, pour prouver à mon père que ce n’était pas mon nom qui faisait de moi ce que j’étais, mais mes compétences. Allégeant à nouveau leur poids d’un coup de baguette, car le Sortilège s’était rompu lorsqu’ils étaient tombé, je relevais la tête vers elle et je disais :

« Bienvenue à Poudlard donc Elejna. Moi c’est Alejandra. Alejandra Montero. »

Je souriais légèrement, la façon de prononcé le « J » de mon prénom venait de me démasquer immédiatement. Cherchant un sujet de conversation, j’observais son uniforme aux couleurs de Gryffondor. C’était d’un banal affligeant de parler de ce genre de chose, mais en même temps… Je ne connaissais rien d’elle et démarrer une conversation n’était pas vraiment mon fort.

« Les courageux et les intrépides hein. C’est une bonne Maison. »

Je souriais, et je me rendais aussi compte que ce sourire dura longtemps. Aussi, je l’effaçais rapidement et je regardais autour de moi. Finalement, même si j’avais allégé le poids des livres, le volume que composait ces derniers était si imposant qu’en réalité je ne pouvais plus la voir et que c’était effectivement pour ça que je lui étais rentré dedans.

« Euh… Et ils sont aussi serviables les Gryffondor non ? J’ai mis un sort d’allégement, mais je ne suis pas contre un petit coup de pouce pour les ramener à la Bibliothèque ? Enfin… Si t’as deux minutes. La bibliothèque c’est pas si loin que ça. A Poudlard, tout est proche et loin à la fois, c’est que j’ai appris à mes dépends. D’ailleurs même après un an ici, je suis complètement perdu parfois. »

Et quand j’étais perdu, j’avais la fâcheuse tendance à tomber à chaque fois sur cet imbécile de Finn Korrigan qui se posait toujours des questions existentielles...

INFOS Messages : 21 FICHE DE PERSO

Elejna observa la Serdaigle qui se tenait devant elle l’espace de quelques secondes. Elle détailla sa chevelure brune et ses yeux sombres, avant d’en déduire qu’elle n’était probablement pas, elle non plus, originaire de Grande-Bretagne.
Et alors que ses pensées arrivaient à cette conclusion, Alejandra elle-même vint les confirmer en prononçant son prénom d’une manière tout sauf Britannique.

La Gryffondor sourit légèrement, posant ses yeux clairs dans ceux de son interlocutrice.
Son regard se posa finalement sur les livres qu’elle semblait peiner à porter désormais.

- Avec toutes ces disciplines, j’imagines que tu es chez les Serdaigles. Ce sont toujours eux qui se cachent derrière des montagnes de livres.

Sur ces derniers mots, Elejna se saisit de quelques ouvrages afin de pouvoir distinguer Alejandra. Si elle n’était pas venue à Poudlard pour se faire des amis, la jeune allemande ne souhaitait pas non plus se faire des ennemis dès ses premiers jours dans le Château.

- Toutes les maisons sont bonnes lorsque l’on sait qu’on y appartient. Même les Serpentards.

Elle pensa quelques instants à sa sœur @Thalia Böhm qui avait été répartie dans cette maison sans hésitation de la part du Choixpeau.
Leurs pas résonnaient désormais dans les couloirs alors que les deux jeunes femmes se dirigeaient vers la Bibliothèque.
Que celle-ci fut au sommet de la plus haute tour ou vers les tréfonds des cachots, Elejna aurait été bien incapable de se diriger à travers les dédales de couloirs et d’escaliers qui semblaient avoir un esprit à part entière.
Tentant de se repérer avec les quelques tableaux qui ne manquaient pas une occasion de faire un commentaire « Vous ne devriez pas être en cours ? », « Gardez un œil sur ces élèves, ça ne me dit rien qui vaille », la Gryffondor se sentit malgré tout désorientée dans leur avancée.

- Et tu étais où avant Poudlard ? demanda Elejna avant de se mordre silencieusement la joue.

Elle espéra l’espace d’un instant que la Serdaigle lui répondrait simplement avant de passer à un autre sujet.
Elejna ne voulait pas s’étaler sur son passé, mais elle doutait que le retour de sa propre question ne passe à la trappe.

Portant l’autre moitié de livre devant moi, j’étais enfin ravie de pouvoir voir où j’allais. Tournant la tête vers Elejna, je me rendis compte qu’elle avait bien apprise sa leçon sur Poudlard, les fondateurs et les rôles des différentes maisons respectives. Avec un petit sourire, je déclarai en avançant :

« Oui ! La Maison Serpentard représente la Noblesse. J’ai failli y aller, mais j’ai refusé, car il était hors de question que je laisse ma sœur seule chez les Serdaigle. Le Choixpeau m’a donc envoyé avec elle, non sans regrets. »

Je lui accordais un petit sourire. Tournant à un angle, j’écoutais toujours ce qu’elle me disait, faisant totalement abstraction des différents tableaux sur la route et de ce qu’ils disaient. Quand elle me demanda d’où je venais je fronçais un peu les sourcils. Visiblement, elle n’avait jamais entendu parlé de ma famille, sinon elle aurait deviné elle même.

« J’étais à Castelobruxo. Ma famille est originaire de La Havane magique, je suis d’origine Cubaine. Et toi ? »

Je tournais ma tête vers elle et vit qu’elle était… étrangement angoissé ? Mal à l’aise ? Est-ce que c’était ma question qui l’avait rendu mal à l’aise ? Ou la sienne ? Finalement, en haussant les épaules, je me contentais simplement de dire d’une petite voix fluette et amusée :

« Tu n’es pas obligée de répondre, c’est pas un interrogatoire ! Oh non ! »

Une pancarte sur la porte, disait que la Bibliothèque était temporairement fermée. La raison était écrite en tout petit en dessous de la pancarte, Peeves, l’esprit frappeur était rentré pour balancer des livres à tort et à travers et il fallait reclasser l’ensemble des ouvrages. Même avec la magie, ce genre de chose prenait du temps.

« C’est la troisième fois cette semaine ! A croire qu’il le fait exprès ! Tu vois, le problème de Poudlard, c’est son laxisme envers les esprits frappeurs et les étudiants qui se croient tout permis… Comment je vais faire moi, pour mon devoir de Métamorphose… Il me faut absolument un manuel… »

Je l’observais et je déposais les livres dans un énorme baque prévu à cet effet. Le temps du rangement, on pouvait ramener les livres là dedans. Comme une petite belette, je me mis d’ailleurs à fouiller dans le baque voir si quelqu’un n’avait pas ramené le livre de Métamorphose avancé que je voulais. Jurant en espagnol, je relevais la tête en arrière, les cheveux ébourriffés.

« Tu dois me trouver ridicule. »

Mes cheveux étaient devant mes yeux et me donnaient un air de folle. Je soupirais et je mis mes mains sur les hanches, regardant l’heure dans une pendule du couloir.

« Tant pis. Bon, ça me fait du temps de libre. Tu veux aller boire quelque chose dans la Grande Salle ? Comme ça, tu me raconteras pourquoi tu étais si mal à l’aise quand je t’ai demandé d’où tu venais... »

Je lui fis un léger clin d’oeil et je fis claquer ma langue, passant devant elle pour aller vers la Grande Salle. A quelques pas d’elle, sans me retourner je déclarai :

« Allez viens, je sais que t’as d’autres à faire... »

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Un léger sourire apparu sur les lèvres de la Gryffondor alors qu’elle écoutait les paroles de la Serdaigle.
Ces mots qui portaient tant de sens et qui pouvait, si on ne les écoutait pas attentivement, passé totalement inaperçu.
Mais Elejna avait toujours porté beaucoup d’attention aux détails.
Et l’un des mots marqua son esprit avec lenteur.

Le regret.
Cette douleur lente qui évoluait dans les entrailles d’un individu, dans une valse lente et empoisonnée. Qui, à chacun de ses pas, délivrait une dose infime, mais latente, de peine et de regrets.
La jeune femme sortie de ses pensées par un nouveau flot de paroles de la part de son interlocutrice, qui semblait avoir un flot de paroles ininterrompu.

- Tu es allé à contre-sens du Choixpeau… répondit la Rouge et Or en hochant légèrement la tête.

Il ne s’agissait pas d’une question mais bien d’une constatation.
Et même si l’allemande ne comprenait pas cette décision, elle s’en garda bien de le dire.
Elle, avait suivi les indications du Choixpeau, ce porteur de connaissances qui lisait à travers les âmes et les cœurs.
Et s’il l’avait réparti à Gryffondor, non sans quelque peu d’étonnement aux vues de son histoire familiale, l’étonnement avait finalement cédé la place à un semblant de fierté.
Peut-être était-elle capable de s’éloigner du chemin familial déjà tracé pour elle.
Sa répartition dans la maison des Gryffondors semblait représenter les prémices de cette nouvelle vie qui s’offrait à elle.

Alejandra répondit à sa question sans hésitation.
Clairement, elle était fière de ses origines et les revendiquait haut et fort, ce qu’Elejna était bien incapable de faire, même si elle l’avait souhaité.
Alors que la jeune femme cherchait une manière de retarder autant qu’elle le pouvait le moment où elle devrait répondre, les deux étudiantes arrivèrent devant les portes – closes – de la Bibliothèque.
La Rouge et Or s’approcha des doubles portes en bois massif qui les séparaient de leur destination.

- C’est quoi un… Peeves ?

Il ne s’agissait probablement pas d’une créature magique, Elejna l’aurait reconnue immédiatement à son nom.
La jeune femme se tourna vers Alejandra, un sourcil haussé.
Elle l’observa, ressentant sans aucune difficulté la panique qui commençait à l’envahir.
D’un léger geste de sa baguette, elle fit léviter les livres qu’elle tenait précédemment dans ses bras, le temps pour elle de sortir sa copie du manuel de Métamorphose qui semblait être devenu un Graal inaccessible pour la Serdaigle.

- Tu peux emprunter le mien. Je n’en n’ai pas besoin pour les prochains jours. Elle tendit l’ouvrage à Alejandra, bloquant son regard dans le sien quelques secondes. Il est neuf, ne le prête pas à d’autres élèves s’il te plait.

La Gryffondor rajusta son sac sur son épaule, et d’un mouvement habile et furtif fit redescendre les quelques livres restant de leur état de lévitation.

Elle n’avait aucune idée de leur position par rapport au reste du Château, et, encore moins par rapport à la Grande Salle.
Suivant les pas de la Serdaigle, et une fois hors de son champs de vision, son sourire forcé s’éclipsa rapidement alors que la cubaine mentionnait ses origines une nouvelle fois.

Alors qu’elle faisait lévité son manuel, je le regardais avec envie et un infini remerciement. L’observant dans tous les sens, pour bien vérifier que c’était un vrai et non une blague, je l’attrapais en l’ouvrant véritablement soulagée :

« Oh merci ! T’es un amour ! Enfin, t’es sympa. C’est comme ça qu’on dit en anglais. »

Je rougissais un peu et je rajoutais ce dernier à la pile de livre. Prenant la direction de la Grande Salle, je réfléchissais à la meilleure façon de lui répondre. Avec un petit ricanement, légèrement hautain, qui en disait long sur le fond de ma pensée concernant Peeves, je répondis :

« Peeves est l’esprit frappeur du Château. Il joue beaucoup de tour aux étudiants. Plusieurs fois, le Ministère a essayé de le chasser, mais à chaque fois sans succès… Depuis, il y a une « trève », il est toléré. Mais crois moi, à la Havane, on l’aura envoyé au néant depuis longtemps. Il est à contre sens d’une Université ! Ici, on n’est pas là pour blaguer ou faire les ânes... »

On était là pour réussir socialement. C’était mon infini conviction. Descendant les escaliers, je me tournais vers elle, avec toujours ce petit sourire. Elle était fort sympa, et peut être que j’étais enfin en bonne voie pour me faire une autre amie à Poudlard. Je n’en avais pas beaucoup. J’avais ma sœur, Selma, et une poignée d’étudiant dans mon petit cercle. Cela me suffisait largement mais… Pour elle, j’avais envie de l’ouvrir un peu.

« Je ne le prêterai pas, rassure toi. Même à ma propre sœur, alors. Et ça, c’est énorme venant de ma part ! »

J’entrais dans la grande salle, et je m’installais à une des quatre grandes tables. La journée, contrairement au temps des repas, les étudiants n’avaient pas vraiment de table attitré, même s’ils avaient, par réflexe, l’envie de s’installer à leurs propres tables. Je pris donc place à celle des Gryffondors, pour ne pas la perturber.

« Qu’est ce qui t’as amené ici ? Toi aussi on veut t’éduquer au mieux ? Allez, ne me cache rien. Je sais très bien que tu viens d’une bonne lignée. Je sais reconnaître quelqu’un du genre quand j’en vois une... »

Je lui fis un petit sourire, pour l’inviter à la confidence, alors que je me servais un petit café. A vrai dire, on pouvait croire que j’étais ici comme chez moi, preuve qu’au final, mon père avait eu raison. Je me sentais bien à Poudlard, et j’étais… métamorphosé. Jamais à Castlobruxo, il ne me serait venu à l’esprit de sympathiser avec une inconnue, à une table qui n’était pas celle de ma maison.

« C’est fou, on voit mieux la grande salle qu’à la table des Serdaigles ! Tu veux boire quelque chose ? » dis-je en relevant mon petit regard vers elle.

INFOS Messages : 21 FICHE DE PERSO

Le livre atterri entre les doigts délicats et avides de connaissances d’Alejandra.
Et alors que la Serdaigle la remercia de manière plus que chaleureuse, Elejna ne put s’empêcher de lever légèrement un sourcil.
Elle n’avait jamais réellement été habituée à de telles démonstration de reconnaissance, marquées par une proximité verbale.
A Durmstrang, on ne se parlait souvent que par pur intérêt, comme cela avait souvent été le cas pour l’Allemande.
Son nom suscitait souvent de l’attention dirigé par l’occasion que pouvait représenter de compter la jeune femme dans ses alliés.

Elejna observa les joues de son interlocutrice s’empourprer.
Il semblait qu’en réalité, la cubaine avait laissé les mots dépasser ses propres pensées.
La Gryffondor ne releva pas le fait qu’Alejandra semblait souhaiter lui donner des leçons en anglais, alors qu’elle maîtrisait la langue à la perfection depuis des années déjà.
Un système d’auto-défense pour la Serdaigle ? Peut-être.

- Je vois. A Durmstrang, il aurait été expulsé dans l’heure, souffla la jeune femme.

Aucune marque de fierté ne laissait transparaitre dans sa voix.
Les méthodes de la prestigieuse école du Nord n’étaient, selon elle, pas forcément défendables.
Durs et froids, les membres du corps professoral portaient peu d’intérêt au bienêtre de leurs étudiants.
Tant que les résultats étaient là.
Et si ce n’était pas le cas, alors les méthodes d’apprentissage étaient durcies, parfois jusqu’à l’extrême.

- Par choix à vrai dire. Elle marqua une courte pause, tentant de jauger si l’ajout d’informations supplémentaires était de mise. Et par curiosité des méthodes d’enseignement si réputées de Poudlard.

Cela ferait probablement l’affaire.
Nul besoin de mentionner son manque de choix quant à son établissement d’accueil.

Elejna suivit Alejandra machinalement vers la table des Gryffondors, où elle s’assaillait chaque jour.
Elle ne releva pas la réflexion sur la pureté de son Sang ou sur la qualité de sa lignée qui, ces derniers temps, semblait avoir perdu de sa superbe.

- Et de là on peut voir facilement les Sabliers des Maisons, souffla-t-elle dans un léger sourire.

Les Gryffondors étaient devant.

Je fis une grimace quand elle parla des Sabliers. Il fallait avouer que celui de Serdaigle faisait grise mine. Pourtant, on se donnait à 100 % pendant les cours, à croire que cela ne suffisait pas… Posant les livres, je me tournais vers elle, consciente que désormais j’en savais un peu plus. Elle venait donc de Dumstrang. Je comprenais mieux désormais le très léger accent que j’avais pu percevoir lors de sa surprise précédente. Gardant cette information pour moi, je me contentais donc de répondre simplement :

« Ouais, Poudlard est une Université fascinante. Et ne t’inquiète pas, les Serdaigle vont vous rattraper... »

Me servant de Jus de citrouille, j’en fis de même avec un verre que je tendis à ma comparse. Avec un sourire amusé, je déclarai :

« Ne t’inquiète pas, tu vas t’y faire. Au début c’est écoeurant mais après tu trouveras que c’est la meilleure boisson de tous les temps ! »

Je le portais à mes lèvres. Au départ, j’avais cru à une blague quand on m’avait servi cela. J’étais plus habitué aux jus exotiques et élaborés qu’offraient la Havane, et boire quelque chose d’aussi fade m’avait dans un premier temps tiré un grimace. C’était aujourd’hui devenu ma boisson préférée :

« Tu es venue toute seule, ou tu as de la famille ? Je crois qu’une jeune fille chez les Serpentards, qui te ressemble un peu est arrivé aussi cette année. C’est genre… ta cousine ? Ou ta sœur ? Ou… ta femme ? »

A la dernière mention, je la regardais d’un petit air amusé et espiègle. Après tout c’était tout à fait possible. Nous étions en âge de nous marier, mais je doutais qu’une sang pur venant de Serpentard affiche encore aujourd’hui son homosexualité si c’était effectivement le cas… Certains principes restaient tenace.

« Je ne juge pas. On peut tomber amoureux de n’importe qui, crois en mon expérience ! Enfin… Ca m’est jamais arrivé, de tomber amoureuse. »

Perdue dans mes pensées et dans mon jus de citrouille, je me rememorrai mes idylles de La Havane. Ici, je n’avais connu personne digne de moi. Ou personne qui veuille m’accepter. Soupirant un peu, je relevais mes yeux vers la jeune femme tout en essayant de poursuivre la conversation. Je baissais un peu la voix, curieuse, d’en apprendre plus sur ce que l’on disait sur Dumstrang.

« C’est vrai que là bas, les étudiants font de la Magie Noire ? » demandais-je dans un petit murmure avec mon jus de citrouille dans les mains.

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Les élèves allaient et venaient dans un flux constant autour des deux jeunes femmes installées dans la Salle Commune.
Elejna les observait avec attention.
Certains semblaient juste de passage pour une pause bien méritée alors que d’autres semblaient avoir élu domicile sur les lourdes tables de bois.
Son regard repassa vers les quatre imposant sabliers avant de se poser dans celui de la Serdaigle qui semblait particulièrement encline à défendre sa maison.

- J’en doute, mais j’imagine qu’on se doit de vous laisser un peu d’espoir pour que la compétition soit plus… intéressante ?

Elle haussa un sourcil en buvant une gorgée de son jus de citrouille.
Quelle drôle d’idée.
Tout le monde avait l’air d’apprécier ce breuvage cependant parmi les élèves britanniques. Alors, ce devait être un vrai délice.
Une fois le liquide sirupeux ingéré, Elejna marqua une courte pause, son visage n’exprimant aucun indice.

- C’est…

La Gryffondor reposa son verre avec élégance, un léger sourire sur ses lèvres.
Elle releva alors son regard avant de venir le poser dans celui d’Alejandra.

- Horrible… ! lâcha-t-elle en riant doucement et en hochant la tête de manière positive.

Elejna écouta les paroles de la Serdaigle et se figea quelques secondes.
Elle avait reconnu sa sœur, même si la jeune femme avait tout fait pour éviter de croiser son chemin.
Il était plus facile d’éviter le sujet lorsque l’on parvenait à éviter la personne.
Mais elle l’avait croisée.
Son premier jour de fait. Elle l’avait aperçu à l’autre bout du Hall, entourée d’une foule d’étudiants inconnus.
Son regard s’était immédiatement arrêté sur celle dont elle partageait le nom, et tellement plus.
Les paroles d’Alejandra furent comme étouffée par son propre flot de pensées, comme si on avait tenté de lui parler à travers une épaisse porte, et lorsqu’elle avait relevé la tête, le sujet semblait avoir changé.

Elejna s’éclaircit un peu la gorge reprenant une gorgée de la boisson qu’elle n’appréciait toujours pas afin de se redonner contenance.

- Ma sœur oui. Lâcha-t-elle avait un détachement feint.

Elle reposa à nouveau son verre.
Son estomac s’était légèrement serré à la mention de deux sujets qu’elle n’aimait pas particulièrement aborder.
Alejandra n’avait-elle pas dit qu’elle n’avait pas besoin d’en parler ?

- Ce n’est – malheureusement – pas une légende, souffla-t-elle afin que les étudiants qui passaient régulièrement derrière elles n’entende rien de leur conversation.

Elle n’avait pas besoin que le monde sache qu’elle venait de Durmstrang.
Et encore moins pourquoi elle avait dû en partir.

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