Point de rencontre (Elejna)

Je me mis à ricaner quand elle déclara que c’était horrible. J’étais bien d’accord avec elle, et j’allais lui dire. Fièrement, je répliquais :

« Je suis bien d’accord avec toi, l’amour c’est horrible. Ca rend les gens complètement débile. »

Mon regard suivi celui d’Elejna, que je trouvais bizarrement perturbé, et il se posa sur la fille que je soupçonnais être de sa famille. Au vu de sa réaction bien qu’elle ne laissait pas grand-chose transparaître, je me doutais que les relations n’étaient pas au beau-fixe avec elle.

« Ah. Ouais, la magie noire c’est pas terrible, enfin ça m’a jamais attiré. »

Je n’osais pas lui poser la question si elle l’avait déjà pratiquée, en fait j’étais plus soucieuse que je ne laissais transparaître de son éventuelle brouille avec sa sœur. Mes yeux se posèrent sur elle puis glissèrent sur sa sœur. Je transposais un peu la situation avec ma propre vie, estimant que je ne pourrai jamais vivre sans elle. Je trouvais ça triste.

« Je vois ton regard, hein. Même si t’en parle pas. Il s’est passé un truc grave ? Enfin, je me mêle de ce qui me regarde pas. »

Je détournais les yeux, faisant mine d’observer mon emploi du temps que je connaissais déjà par coeur. Je ne voulais pas perdre le début de relation que j’avais avec elle, après tout, elle m’avait rendu service et elle était fort sympathique, je ne voulais pas m’attirer les foudres d’Elejna avant même de l’avoir rencontré.

« Oublie ma question c’était… déplacé. Tu… euh… tu joues au Quidditch ?  T’as une équipe favorite ? »

J’allais signé un contrat avec une équipe professionnelle, mais je ne savais pas encore laquelle. Mes yeux se posèrent sur elle puis je revenais à mon emploi du temps, un peu honteuse d’avoir trouvé un sujet de conversation aussi merdique que celui là, alors qu’on pouvait très bien parlé d’autre chose.

Je fis une grimace, non pas quand elle dévia le sujet, mais à une énième gorgée de jus de citrouille. Finalement, comparé aux cocktails de la Havane, je trouvais ça peu à peu immonde. Comme dans ces récits d’Isaac Asimov, un auteur Moldu que j’affectionnais particulièrement, qui expliquait que pour quelqu’un qui mourrait de faim, se nourrir de rat avait une excellente saveur au départ, mais que le goût se tarissait au fur et à mesure qu’on en mangeait. Bah, pour le jus de citrouille c’était pareil.

« Ok. J’évite le sujet. Mais sache que si jamais tu veux en parler, j’suis là. Il faut jamais resté seule dans ses problèmes, sinon on dépérit. »

Je lui fis un petit clin d’oeil, ce qui eut pour effet de m’empourprer un peu les joues. Changer de sujet pour parler de Quidditch était une excellente idée, j’allais pouvoir parler de mon truc à moi. J’aimais le quidditch depuis toujours et j’avais du le cacher à ma famille. Il n’y avait que cette année, ou j’avais eu le courage de me rebeller et d’enfin passer le cap.

« Le Quidditch c’est un sport merveilleux. Je joue pour les Faucons, à mi temps. Je suis dans la section Queerditch. On divise notre temps entre le club et le parcours spécifique de Poudlard, c’est assez épuisante. Ca se voit pas, mais je joue Batteuse. J’ai pas la carrure, mais je suis adroite et précise, enfin je crois... »

Je pris un instant pour y réfléchir. Je n’étais pas non plus la plus sure de moi, même si je laissais tout le temps paraître le contraire. Mais… Si j’avais été repérée c’est bien que je disposais d’un quelconque talent. Relevant la tête vers elle je déclarais avec un petit sourire :

« Je peux te récupérer des billets pour venir me voir si tu veux. Mais attention va falloir m’encourager ! Si tu y vas avec cette petite mine d’enterrement, on va croire que tu supportes l’adversaire... »

Je la taquinais et ça me faisait un peu plaisir de le faire. Je savais qu’il y avait quelque chose de bien plus grand sous cette carapace, et c’est ça qui m’attirait. Enfin… M’attirer était peut être un mot un peu grand et un peu fort non ?

« C’est dégueux hein ? Le jus de citrouille. »

Je voyais bien que quelque chose clochait. J’avais perdu l’étincelle qui animait ses yeux quand elle parlait. Est-ce que j’avais été trop indiscrète ? Trop bavarde ? C’était la première fois que je rencontrais une personne qui me ressemblait autant et je devais avouer que ça me faisait bizarre. D’habitude c’était les gens qui faisaient la conversation et moi qui m’enfermait. Quand son sourire vira un peu au jaune, je posais ma fourchette et je fronçais les sourcils. Je l’avais… vexée ? Un peu maladroite, voir beaucoup, je restais là à la regarder faire ses affaires… Je pouvais pas la retenir contre son gré même si je mourrai d’envie d’en savoir d’avantage sur elle. Mais… Visiblement elle ne voulait pas m’en parler.

« Non, c’est toi que j’ai invité. Pourquoi j’inviterai quelqu’un d’autre ? C’est fort impoli… Ca va t’es sure ? »

Je fronçais les sourcils à nouveau. Je sentais que j’avais bien gaffé. Pourquoi j’avais été aussi curieuse moi aussi ! D’habitude je me foutais complètement de la vie des gens mais là il y avait quelque chose de secret… de mystérieux et surtout de douloureux que je pouvais percevoir en elle qui… m’interrgeait et m’attirait. Je mourrai d’envie de lui attraper le poignet de lui dire de s’asseoir, que j’étais là pour elle mais…

« J’vais pas te retenir plus longtemps. J’ai cours dans quelques minutes... »

C’était un mensonge et je m’étais levé. La mine, à la fois ferme et un brin soucieuse, je la regardais dans les yeux.

« J’étais ravie de te rencontrer. J’espère que t’as pas mal pris quelque chose ou quoi… Je suis assez maladroite. En tout cas, si tu veux reparler, envoie moi un hibou... »

Je soupirais, et je me rasseyais bien déterminée à finir mon assiette, qui avait un goût très maussade maintenant qu’elle allait s’en aller du décor, comme si la lumière c’était brusquement éteinte tout à coup et avait emmener avec elle tout espoir.