Une pointe de nervosité creusait sa poitrine. Des vacances, de vraies vacances personnelles. Le MacGregor n’avait plus voyagé pour son compte personnel depuis des décennies, toujours ballotté d’un côté et de l’autre du monde, mais jamais pour sa propre cause, encore moins son propre bien.
C’était presque idiot, son stress. Il ne se rappelait plus comment agir, comment se détendre. Quelque chose qu’Iris avait tenté de lui réapprendre, malgré les objections de l’homme. Et puis, le simple fait qu’il s’agissait d’un cadeau de la part de Madame Olympe était suffisant pour lui donner froid dans le dos. Le sorcier avait appris à se méfier des manigances des femmes auxquelles Nyéléni s’était lié d’amitié. Certainement pas dangereuse, cela ne voulait pas dire qu’elles étaient innocentes.
Ces vacances offertes avaient un goût amer pour Nero qui y voyait seulement le départ d’Iris. Elle n’irait pas bien loin, certes, elle quittait son quotidien à l’IDEM, arrachée de son regard protecteur par un inconnu que Nero ne pouvait que voir d’un mauvais œil. Cadeau envenimé, selon lui, il aurait voulu en rester loin, comme si refuser ce voyage empêcherait la démission d’Iris, empêcherait sa vie de changer.
Il hésita longuement, songeant à ne pas se présenter. La veille, il avait observé son sac. Ce sac poussiéreux et rapiécé, mais magiquement solidifié: jamais défait, constamment sur la route, rempli du strict nécessaire pour voyager léger. Un sac de soldat. Pendant de longues minutes, il avait observé les coutures sans réellement les voir, mijotant les répercussions, angoissant sur la destination, réfléchissant au départ d’Iris qu’il n’arrivait pas à freiner.
Il n’aimait pas le changement, ce MacGregor, et il n’aimait certainement pas se faire forcer la main.
Malheureusement pour lui, il y avait une personne qui savait très bien bousculer son quotidien et qui prenait un certain plaisir à changer sa vie, cette femme à qui il n’arrivait pas à faire tête, depuis leur rencontre, à qui il ne pouvait rien refuser.
C’est pourquoi il se présenta aux douanes à la dernière minute, respectant sa promesse malgré l’implication attristante de ce voyage, sac à l’épaule. Il n’avait pas l’allure du vacancier typique, mais il était là.
Il aperçut la silhouette de son amie alors que celle-ci lui tournait le dos, observant la zone d'embarquement. Il lutta contre le pincement que cette vision lui apporta, accablé à l’idée qu’elle ne l’accueillerait plus avec son sourire et son café au travail.
Il soupira et fit son chemin jusqu’à elle, se positionnant dans son dos. Elle ne l’avait pas encore vu, il pouvait encore s’échapper. Mais maintenant qu’il était en sa présence, il semblait ne plus vouloir partir.
Il se pencha près de l’épaule de la sorcière. “Vous attendez quelqu’un, madame?” Un léger sourire étira le coin de ses lèvres.