Molly exhale doucement en prenant garde de ne pas souffler la bougie qui lui fait face, tout en reposant doucement sa main sur la table, paume vers le haut. Encore raté. Sans s'agacer, ses yeux s'ancrent à nouveau sur le livre, et elle relit une énième fois ce chapitre qu'elle connaît par coeur. Elle observe sa main rougie et boursouflée, hésite un court instant avant d'attraper sa baguette.
Dernier essai pour la soirée, la bougie est presque entièrement consumée, tout comme sa main. La formulation du sortilège accompagne le mouvement de sa baguette, et Molly place sa main juste au dessus de la flamme en retenant sa respiration. Elle la retire bien vite en grimaçant et la bougie s'éteint d'elle même, décidant que la leçon était terminée.
Ces dernières semaines ont laissées à la jeune femme davantage de temps pour s'entraîner. Alors qu'avant elle devait se déplacer sans arrêt au milieu d'un brouhaha sans fin, la voilà à présent seule la plupart du temps. Les allées et venues étaient moindres, et surtout nettement plus courtes. Le temps de déposer un dossier, ou de demander à en consulter un, et le calme était de retour. Très appréciable.
Son travail est simple, et consiste à enregistrer les numéros de dossier dans un registre et à glisser les documents sur l'une des nombreuses étagères selon un ordre de rangement pré-établi. Les lire est une option que Mo a choisie d'elle-même et les mémoriser, son petit secret.
La porte de son espace de travail toujours ouverte, elle peut ainsi entendre qui arrive et devancer son besoin. Du travail bien fait lui donnait la quasi-certitude de se rendre indispensable. Elle ne tient pas à perdre ce job et à retourner dans les bras remplis de crasse.
Et puis, elle aime cet espace. Molly aime aussi son petit chez-elle, mais sa chambrette offre moins de place pour les entraînements pratiques. Et personne ne fait attention à ses horaires, elle peut donc traîner autant qu'elle veut ici. Personne ne connaît le planning d'une archiviste, ce qui est parfait.
Mo quitte sa chaise et referme le livre de sorts, sans avoir le temps de le ranger. Un pas résonne dans le couloir et un sourire vient fleurir sur les lèvres de la jeune femme, qui le salue avant même qu'il franchisse la porte.
Bonsoir, Professeur !
Elle vérifie la cafetière, encore chaude, et attend que son ancien enseignant franchisse la porte pour lui en proposer une tasse.
De quoi voulez-vous parler ?
Elle lui indique un siège en posant le mug fumant juste devant et se retient de trépigner d'impatience. Elle sait déjà qu'il n'est pas là pour consulter un dossier puisqu'il n'a fait aucune demande, et à cette heure incongrue, il ne vient pas pour en déposer un.
Les options restantes sont une discussion amicale ou une remontrance désagréable. Lorsqu'elle l'a croisé dans les couloirs du Ministère la première fois après son embauche, Molly s'était fendue d'un grand Tadaa ! Devinez quoi, je travaille ici maintenant, c'est chouette, non ? sans égard pour la conversation qu'il était en train de mener avec un autre sorcier. Si la réaction du vieil homme avait été, sans équivoque possible, parfaitement outrée de sa grossière interruption, celle de Jameson Clearwater lui avait paru plus chaleureuse sur le moment, la félicitant avec un sourire. Molly avait reçu un rappel à l'heure dans l'heure suivante, et essayait depuis de se montrer plus modérée dans son enthousiasme. Dans sa façon de saluer les gens, en tout cas.
Molly revient au moment présent et se sert à son tour du café, en attendant que le conjureur s'installe. Elle en a presque oublié sa main déjà brûlée, et repose le mug rapidement avant de s'asseoir à son tour, face à lui. Les yeux fixés sur la silhouette de son ancien prof, Mo essaie de décrypter son attitude. Bon moment ou pas ?
Attendant qu'il prenne la parole, la jeune femme déplace ce qu'il reste de la bougie et referme le livre, pour faire de la place sur le bureau.