Entretien avec Zion Webb

Vendredi 15 septembre, 17h

Je savais pertinemment que recevoir les élèves de ma maison allaient les destabiliser. Il faut dire que mon expérience dans d'autres écoles du monde m'avait appris qu'il valait mieux faire réfléchir rapidement les jeunes à leurs ambitions professionnelles futures. Nombre d'entre eux se retrouvaient, aux portes du tournant de leur vie, avec quelques-uns de ces portes fermées. Et je ne voulais pas que cela arrive à mes élèves.

Parfois, j'oubliais que je devais être plus douce ... Et ce n'était clairement pas dans ma nature, étant plutôt du style à secouer les personnes que j'avais face à moi. Je ressentis alors un combat intérieur chez le jeune gryffondor. Je ne dis rien, le laissant se faire violence, le laissant prendre une décision, sans intervenir. Je pris donc appui sur mon fauteuil, et, avec ma baguette, je fis apparaître des cookies qui devaient venir de la cuisine. J'en pris un puis je mis l'assiette au centre du bureau.

La lueur que je vis enfin dans le regard du jeune Webb me fit alors sourire.

"Ah, voilà des mots que j'aime entendre dans la bouche d'un élève de ma maison. Monsieur Webb, relevez fièrement le menton, je suis certaine que vous relèverez ce défi. Prouvez-moi que vous êtes capable de faire preuve de leadership, et je suis certaine que vous pourrez avoir cette charge intense, mais passionnante. Thé, chocolat ou café ?"

Demandai-je tandis que je faisais apparaître devant moi une tasse fumant d'Irish Coffee, avec de la crème chantilly d'une belle épaisseur. Plongeant avec plaisir ma cuillère, je ne pus m'empêcher de lui dire :

"J'ai du mal à voir si c'est un compliment ou un reproche ... Mais je suis certaine que votre grand-mère est une femme formidable qui veut simplement le mieux pour son petit fils."

Reprenant mon dossier, je notais le fait que l'étude des moldus risquait de poser problème pour la suite.

"Que vous le vouliez ou non, la connaissance des moldus est importante quand on veut faire un métier en lien avec la sécurité magique. Je ne vous apprends rien sur le fait qu'actuellement, c'est même essentiel puisque le fait de garder le secret de la magie est au coeur même de tous les débats au ministère."

Je souris doucement en entendant la touche d'humour. Oh, je comptais bien faire attention à ce dernier, comme je le ferai avec tous. Il faut dire que ma maison était connue pour ses frasques et son amour de transgresser le règlement. J'étais d'ailleurs la première à le faire, à leur âge, mais aussi aujourd'hui, si je n'avais pas le choix.

Mon coeur se serra lorsqu'il m'expliqua ne pas avoir connu ses parents. Je ne pouvais pas vraiment le comprendre, car il aurait mieux fallu que mon père ne soit plus de ce monde à ma naissance. Mais aurais-je pu survivre sans ma mère. Je me levais alors et je posais une main sur l'épaule de mon étudiant.

"Je suis navrée pour vous. Mais vous vous êtes construits sans eux, avec le simple souvenir que l'on vous a donné. Je réitère ce que je vous ai dit : ils seraient fiers de vous. Maintenant, faites-moi le plaisir de ne pas faire le guignol pour vous sentir exister. Vous n'avez pas besoin de cela pour ça. Par contre, je ne vous demande pas de changer votre caractère et je me doute que votre humour fait pleinement partie de vous. On peut faire un pacte ... Vous vous engagez à prendre confiance en vous, de façon à ce que le management de l'équipe de Quidditch vous revienne naturellement, vous faites le minimum requis pour avoir des bases en étude des moldus, et j'envoie de façon hebdomadaire à votre grand-mère des lettres élogieuses."

Codage par Libella sur Graphiorum

Les cookies avaient l'air particulièrement appétissant. L'odeur qui s'échappait du plat que le professeur Miller vint lui chatouiller le nez au point de lui ouvrir l'appétit. Observant les cookies avec envie, Zion ne se fit pas prier quand sa directrice de maison lui proposa d'en prendre un. Envoyant la main avec assurance, il la remercia d'un signe de tête alors qu'elle lui proposait une boisson.

Pour aller avec ce cookie, il fallait au moins un chocolat liégeois avec plein sauce chocolat sur la chantilly ou un truc du genre. Ou non ! Du jus de citrouille chaud à la cannelle ! Ses pensées divaguèrent quelques secondes avant qu'il finisse par lui demander un chocolat chaud. Cela suffirait à lui remplir le ventre en attendant les portes de la Grande Salle n'ouvre leurs portes aux étudiants affamés.

Zion acquiesça un signe de tête lorsqu'Améthyste tentait de deviner si la comparaison du Gryffondor à sa grand-mère était un compliment ou pas.

« - Elle est cool ma grand-mère. » Se contenta-t-il de dire pour rassurer son professeur.

Chinenye Ayodele était froide, distance et de marbre lorsqu'elle revêtait sa coiffe de matriarche de la famille. Mais quand elle était dans le manoir, qu'elle n'avait aucune image à défendre contre vents et marées, elle était chaleureuse, aimante et d'une énergie inépuisable. Zion aimait bien les deux.

Améthyste Miller lui expliqua qu'il était désormais important d'en savoir plus sur leurs frères moldus. Zion souffla du nez.

« - Ils sont pas intéressants. J'ai rien contre eux mais j'ai pas envie de me mêler à eux. Je sais vraiment pas comment ils font pour vivre sans magie... Puis vu qu'ils cherchent à nous tuer... » Ajouta-t-il, en reprenant le cours d'Histoire de la magie qu'il avait eut récemment sur les chasses aux sorcières à la fin du XVIIe.

Ils vinrent à parler des parents du Gryffondor. Zion n'était pas à son aise, mais il écouta le professeur en mangeant son cookie d'un air absent. Le gâteau avait beau être délicieux, cela ne suffisait pas à l'attendrir. Le sujet de ses parents était compliqué à gérer pour lui et c'était pour cette raison qu'il ne l'abordait jamais, surtout quand il pouvait se permettre d'être vulnérable comme dans cette espace intime que le professeur de Potion avait instauré entre eux.

Un sourire vint malgré tout se dessiner sur ses sombres lèvres.

« - OH ! Ça sonne comme un challenge ! » Il adorait ça. « Et on s'y prend comment pour être un leader ? Comment je dois faire pour inspirer le respect des autres ? Comment vous avez fait vous pour l'obtenir ? » Demanda Zion, qui semblait s'être trouvé un nouveau professeur préféré.

Fallait bien remplacer @Luke Korrigan.

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Vendredi 15 septembre, 17h

Si sa grand-mère était cool, alors cela signifiait que cette comparaison était un compliment dans sa bouche. Je devais avouer être surprise car peu de monde m'avait qualifiée de cool depuis mon départ de Poudlard, il y a 23 ans. Je l'avais été bien avant, étant quasiment un cliché de Gryffondor quand Maeve Cynfeirdd était celui de Serpentard. La vie nous avait changées mais au fond, nous restions les mêmes ... Alors finalement, ce qualificatif de cool me plaisait.

D'un claquement de doigt, je fis apparaître devant le gryffondor une énorme tasse de chocolat chaud fumant, agrémenté d'une épaisse couche de chantilly.

"De la cannelle ?"

Je l'écoutais alors parler des moldus, en grimaçant légèrement. De toute évidence, Zion Webb n'avait jamais côtoyé ces derniers pour les juger ainsi. Pourtant, j'avais été moi-même éduquée dans la haine de ces derniers.

"Je n'aurais pas pensé que vous étiez homme à vous en tenir à des aprioris ... Vous savez, Monsieur Webb, si nous voulons protéger notre secret aux yeux des moldus, nous devons justement les connaître. Comment pensez-vous agir en cas de crise ? Si on vous envoie gérer une situation dans laquelle un moldu a été confronté à la magie, que comptez-vous faire ? Car lancer Oubliettes n'est pas la solution absolue ... Il y a de nombreux effets secondaires ..."

J'ignorais si cela convaincrait le jeune gryffondor. Je ne relançai pas la discussion sur les parents de Zion, comprenant qu'il n'en avait pas envie. Et évidemment, je respectais cela. Et lorsque je vis un sourire s'afficher, je compris que le challenge que je lançais l'emballait.

"Déjà, il va falloir que vous gagnez en confiance en vous. Que vous cessiez de croire que faire le pitre est ce que vous savez faire de mieux. Au départ, vous allez avoir l'impression de jouer un rôle, et, doucement, vous deviendrez ce rôle."

Je bus tranquillement quelques gorgées d'Irish Coffee avant d'ajouter.

"Je vous propose de nous revoir dans un mois. Ainsi, vous aurez les idées plus claires. Réfléchissez bien à cet entretien. Et sachez que je suis là pour vous, Monsieur Webb."

Codage par Libella sur Graphiorum

Zion n'était QUE des aprioris. Ce n'était même pas fait exprès. C'était très certainement dû à son âge mais pas que. En effet, la famille Ayodele, du fait des suspicions de Vaudou de part du reste de la communauté sorcière, avait toujours élevé les siens en se fiant à leurs instincts, à leurs premières impressions que leur laisser les gens. Alors quand on ajoutait les préjugés que l'on avait généralement dans l'adulescence... Cela faisait un cocktail assez explosif chez le Gryffondor qui ne semblait même pas y voir du mal là dedans.

« - Je sais pas. Je sais que y a des gens qui sont chargés de ce genre de choses au ministère. Moi, pour le moment, je préfère m'en tenir loin. Ma famille du côté de mon père est moldu, et ils n'ont pas très bien vu le fait que mon père soit sorcier. Enfin, c'est tout ce que j'en sais. »

La famille Webb avait une histoire assez particulière, un bagage chrétien très ancré en eux qui faisait que voir la magie s'éveillait chez l'un d'entre eux... Ils avaient accepté le destin de Tobias mais c'était avec beaucoup de hontes qu'ils l'avaient vécu. Mais Zion n'en savait pas plus. Il ne les avait jamais fréquenté, se contentant d'écouter ce que sa grand-mère lui en disait lorsqu'il ressentait le besoin de parler de ses parents.

Mais le professeur Miller ne sembla pas chercher plus loin et préféra laisser tomber ce sujet pour continuer l'autre. Zion la remercia silencieusement. S'il ne parlait jamais de ses parents, ce n'était pas par honte, c'était parce qu'il digérait difficilement leur manque quand il en parlait trop.

D'après la directrice de Gryffondor, pour avoir la carrure d'un leader, il fallait avoir confiance en sois. C'était quelque chose qu'il pensait toujours avoir eut. Mais si elle le lui disait, c'était peut-être qu'il montrait le contraire. Réfléchissant à cela, il se contenta d'acquiescer d'un signe de la tête avant de se lever de sa chaise.

« - D'accord. Merci professeur. À dans un mois, alors. »

Il lui fit un sourire avant d'incliner poliment de la tête. Se dirigeant vers la sortie, il se retourna un bref instant, le visage marqué par la réflexion, avant de finalement quitter le bureau de son professeur de Potion.

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