31 Juillet 1977 : Chaque Illadis gardait en lui un lourd héritage, qu’il allait devoir porter pour le restant de ses jours. Parmi les membres de cette prestigieuse lignée, les hommes étaient ceux envers qui on avait le plus d’attentes, car ils allaient porter leur nom toujours plus haut, toujours plus loin. Ils étaient censés être des gardiens, censés accomplir de grandes choses, chacun d’entre eux, sans exception.
Ainsi, lorsque Thaddeus posa son premier regard bleu-océan sur ce monde, sous le regard bienveillant du soleil de Grèce, ses deux parents surent immédiatement que, comme sa soeur, l’héritage d’Achille allait le porter plus loin que ce nouveau-né ne pouvait l’imaginer.
Peu de temps après sa naissance, une fois les vacances d’été terminée, la famille retourne dans sa demeure familiale, en Angleterre.
Juillet 1982 : Au fil des années qui s’écoulèrent le petit Thaddeus se montra être un petit garçon plein d’énergie. Il essayait de passer autant de temps que possible avec sa sœur, mais malheureusement, avec 5 ans de différence avec son cadet, elle avait d’autres préoccupations comme éprouver quotidiennement ses dons innés de voyance.
Juillet 1983 : Ce fut à partir de ce jeune âge que le père de famille commença à expliquer à son deuxième né l’histoire de sa famille, l’héritage qui était le sien et, surtout la mission qui était la sienne. Il allait devoir, comme son aînée, travailler à la restauration de la grandeur de cette famille, pour que tous puissent retrouver la place qui leur avait été dérobée, jadis. Thaddeus ne comprenait pas vraiment tout ce que cela impliquait, bien trop jeune pour tout enregistrer mais, à voir sa grande sœur, son modèle, s’épuiser à constamment travailler et étudier, il commença rapidement à prendre les choses au sérieux.
Juillet 1985 : Chaque année la famille se retrouvait pour les vacances d’été, dans la demeure familiale, en Grèce. Cet été, l’aînée Illiadis emmena son frère dans les ruines du palais minoéen de Cnossos et, si Thaddeus n’avait pour seule envie que de grimper de pilier en pilier, jusqu’au sommet du palais, sa soeur l’avait amené ici pour une toute autre raison. Elle passa les heures qui suivirent à expliquer au jeune Thaddeus l’histoire de ce palais. C’était là le reflet du temps qui passait car, aussi puissant fut le maître de ce palais, jadis, tout ce qu’il restait de lui, aujourd’hui, se résumait à ce bâtiment détruit par l’usure du temps.
Rien n’était éternel, tout finissait par retourner à la poussière. C’était ce que l’aînée Illiadis essaya de faire comprendre à son jeune frère, avec la patience que seul un parent aimant pouvait avoir, afin que Thaddeus réalise qu’il était de leur devoir, à tous les deux, que leur demeure ne finisse pas dans un état similaire.
Ils étaient des descendants du puissant guerrier Achille et, par extension, de Pélée et de Thétis. Leur ligne était aussi longue que puissante, et il ne serait pas dit que Thaddeus et sa soeur en provoquent la ruine. Ce jour-là, au milieu des ruines, que les deux Illiadis firent le serment solennel de tout faire pour préserver et faire prospérer le nom qui était le leur, en se promettant de revenir ici, chaque année, dans ce temps, pour se rappeler de pourquoi ils s’étaient fait cette promesse.
Juillet 1988 : Si son père insistait pour rappeler à Thaddeus le poids de sa lignée et la responsabilité qui allait avec, il poussa son garçon à s’intégrer aux différentes soirées de sang-pur, à s’intégrer à cet univers qui était le sien. En plus de ses leçons habituelles, Thaddeus fut poussé vers plus d’activités sportives mais aussi vers la découverte des arts, et ce fut à cette époque qu’il commença à apprendre le piano. Pourquoi ? Parce qu’on attendait de lui qu’il soit plus qu’une seule chose. Il ne devait pas seulement être un Illadis, mais aussi un érudit, un guerrier et un artiste : tout cela à la fois.
Si le jeune grec était un garçon prenant ses études très au sérieux, car l’échec n’était malheureusement pas une option, il développa une aisance impressionnante en matière de musique, pour le plus grand bonheur de sa douce mère.
Au moins, s’il échouait à être digne de son nom, il pourrait toujours se reconvertir en saltimbanque, non ?
Juillet 1990 : Son père l’avait prévenu que la famille dans laquelle il était né ne représentait pas toute la culture sang pur. Thaddeus pensait y être préparé mais, plus il passait de temps avec d’autres familles, dans des soirées et réceptions, plus il avait l’impression de ne pas être à sa place. Peut-être était-il trop gentil pour son propre bien, mais dénigrer et rabaisser quelqu’un en raison de la pureté de son sang, en raison de quelque chose qu’il ne pouvait contrôler, était-ce comme cela qu’il devait agir ? Était-ce ce qu’il était censé devenir, une fois adulte ? Les années qui suivirent furent source de beaucoup de questions pour le jeune grec, quant à la personne qu’il était censé devenir. Ce fut face à cette confrontation au monde réel qu’une partie de l’innocence du garçon s’envola, enfonçant ses doutes au plus profond de son crâne en gardant en tête que ses décisions étaient les siennes, et celles de personne d’autre.
Il gardait en tête la promesse faite avec sa soeur, et il n’allait laisser personne le dévier de la voie qui était la sienne. Il était trop généreux, trop gentil, trop prévenant pour devenir comme tous ces enfoirés pompeux. C’était à cette période que commença à se dessiner un choix de carrière qui allait définir le reste de sa vie.
Il ne voulait pas être comme tous ces sang-bleu. Il ne voulait pas ressembler à tous les autres. Il voulait pouvoir respecter la promesse faite avec son aînée, dans ces ruines et, en même temps, être force de changement, de paix. Peut-être était-ce arrogant de sa part, mais il voulait pouvoir faire une différence, et quoi de mieux que d’être un agent de la paix ? Si son père eut du mal à accepter cette décision, ayant imaginé un avenir différent pour son cadet, il ne fut guère surpris car il avait toujours été conscient du très haut sens moral de son cadet. Il ne s’était juste pas attendu à ce que le garçon, devenant jeune homme, se décide aussi vite.
La première née était née pour être une oracle, une voyante, mais Thaddeus serait celui qui hériterait de tout. En revanche il allait devoir se battre pour se créer l’avenir qu’il souhaitait, pour mériter ce pouvoir et cette richesse. Le savoir Auror, ou policier, ne fut donc pas une réelle surprise pour le chef de famille.
Ce fut cette année-là que son aînée fit son entrée à Poudlard, ce qui laissa la demeure familiale bien vide et silencieuse au goût du cadet. Heureusement celui-ci n’eut pas le temps de s’ennuyer, tout harcelé qu’il était par tous ces précepteurs, désireux de lui enfoncer dans le crâne autant de savoirs que possible, car il était hors de question que les héritiers du père de famille ne soient rien de moins que brillants.
Septembre 1995 : En quelques années Thaddeus avait bien poussé, et aujourd’hui c’était son tour de pouvoir intégrer Poudlard. S’il reconnut quelques têtes dans sa promotion, à force de fréquenter les mêmes cercles, le noble grec appréhenda tout de même cette nouvelle expérience. Quand vint son tour d’être réparti dans une maison, le choipeau sembla…hésitant. Thaddeus resta ainsi assis, pendant ce qui lui semblait être une éternité, en entendant le choipeau lui donner deux résultats au lieu d’un. Poufsouffle ou Gryffondor. Le premier faisait du sens car cela correspondait à sa personne, le second choix révélait de comment il voulait être, à l’avenir. Alors la décision fut faite, et l’uniforme du grec allait se colorer de rouge, dès le lendemain matin.
Depuis ce jour, deux idées furent en conflit dans l’esprit du jeune homme. D’un côté, tout aventurier et explorateur qu’il pouvait être, le grec était évidemment ravi de cette nouvelle expérience. Et, de l’autre, ces sept années à venir allaient être un test permanent, et l’échec n’était pas une option.
Il se montra rapidement être un élève modèle, parce que c’était ce qu’on attendait de lui, mais son naturel avenant l’aida à faire de belles rencontres, tout au long de sa scolarité. Pour être franc, sa rencontre la plus mémorable fut deux mois après la rentrée de sa première année. Comment s’appelait déjà cette jeune femme de troisième année, aux traits fins et à la longue crinière d’ébène ? Ah, oui, Aurora. Aurora Wellington était son nom.
Septembre 1996 : L’Illiadis avoua que, malgré la rigueur qu’il s’imposait, il commençait à apprécier cette école. Il était assez intelligent pour arriver à tout suivre, tout comprendre et avoir les meilleures notes, tout en essayant de se trouver du temps libre, pour respirer un peu. Il lui fallut quelques semaines, pour trouver son rythme de croisière, mais le grec y parvint, au final.
Cela lui permit de faire de belles rencontres et évidemment, la rencontre avec Aurora était sans doute le fait le plus déterminant de cette période-là. Thaddeus fut d’ailleurs surpris de voir que, malgré la différence d’âge et le poids du nom que portait la demoiselle, elle soit encore volontaire pour passer du temps avec le grec à la mâchoire carrée et aux yeux couleur de l’océan.
La demoiselle était…passionnée, c’était le moins que l’on puisse dire, et c’était cette énergie qui plut au grec, en un rien de temps. Cette énergie fit écho à la sienne, celle qu’il ne s’était pas permis d’écouter, et l’homme se sentit revivre à nouveau. Entre eux tout se passa vite, très vite, soit parce qu’ils étaient des individus qui n’avaient pas le luxe d’hésiter, ou parce que leur alchimie était évidente.
Mars 1998 : Aurora et Thaddeus étaient des adultes responsables, bien que toujours étudiants. Ils savaient quels étaient les enjeux de leur existence et, ainsi, en ce mois de mars ils décidèrent de se marier. Certes il y avait quelque chose à gagner pour les deux familles, rien n’était jamais totalement gratuit, mais cette union leur sembla être la suite évidente des choses.
Septembre 1998 : Ce fut dès le début de cette année que, avec l’un de ses professeurs ainsi que ses précepteurs, à la maison, Thaddeus commença un apprentissage intensif sur la légilimancie. Pourquoi ? Parce que devenir parent ne l’avait pas fait perdre de vue son objectif. Il lui était donc important de se préparer, de pouvoir obtenir les réponses, creuser les esprits de ceux qui passeraient entre ses mains.
L’étape la plus rude, au goût du grec, fut de s’autoriser à pénétrer l’esprit de son mentor, de fouiller ses secrets les plus inavouables.
Décembre 1999 : D’élèves de quatrième et de sixième année, les deux très jeunes époux étaient devenus, aujourd’hui, des parents. Déméter, dans sa grande bonté, avait offert en cadeau une sublime petite fille, que Aurora nomma Anthea. C’était l’accord que les deux époux avaient mis en place. Thaddeus lui, transmettre son nom à leurs futurs enfants alors, en retour, son épouse avait le droit de choisir leurs prénoms.
Toute sa vie le jeune homme s’était préparé à prendre sa place dans la société, à être ce qu’on attendait de lui, mais il n’arrivait pas encore à réaliser que tout cela lui arrivait aussi…tôt. Il n’oubliait pas ses responsabilités et la pression de l’héritage qu’il portait mais, quand il posa son regard saphir sur la petite Anthea, tous ces murmurent semblaient se taire. Il aimait sa femme plus que tout, oui, mais il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait aimer autant le fruit de cet amour, entre lui et la Wellington.
Ce fut durant cette année qu’il commença son M.U.L.O.T en sécurité magique, choisissant de faire son alternance dans les bureaux de la division Nord de l’Angleterre de laquelle, plus tard, il deviendrait le directeur;
Juin 2001 : Cependant Poudlard n’était plus ce qu’elle était. L’Ombre s’était abattue sur cette école, grandissant un peu plus à chaque jour et, si ses parents prièrent Thaddeus de rentrer en sécurité, sa femme se joignant aux suppliques, sa propre voie et son propre sens du devoir l’empêchaient de prendre ses jambes à son cou. S’il ne luttait pas pour les autres, qui le ferait à sa place ? Certes il n’était encore qu’un étudiant mais, quand l’heure sonna, lui et ses camarades de classe emboîtèrent le pas des professeurs, pour lutter contre l’ombre, pour être la lumière dans une mer de ténèbres.
Ce fut sans doute à ce moment-là, ce moment déterminant que Thaddeus comprit le caractère presque sacré de sa mission. Jamais plus il ne douta de sa voie, après cette bataille. Elle l’avait transformé, pour de bon.
Septembre 2001 : Cette année allait être la dernière du grec, à Poudlard. Il avait passé tout l’été à éprouver son esprit, à endurer des exercices pour que, cette fois-ci, il soit fin prêt à rentrer dans la vie active.. L’action c’était ce pour quoi il était né, aucun doute là-dessus, mais le sentiment de satisfaction ? Le contact avec ceux qu’il était chargé de protéger ? Cela n’avait vraiment pas de prix. Sa décision fut prise, dés qu’il posa le pied dans les bureaux de la police, pour la première fois.
Ce fut le 20 de ce mois que, finalement, la famille s’agrandit. Désormais Anthea n’était plus seule, elle avait à présent une petite soeur, que Aurora nomma Thalia. Comblé ? Le grec l’était, oui, et il allait l’être encore plus, quand il réaliserait à quel point l’arrivée de Thalia allait transformer la petite Anthéa. Elles allaient devenir inséparables, tous les deux.
En même temps, dans un autre domaine, Thaddeus continua ses leçons en maîtrise de légilimancie, redoublant d’efforts alors que le processus se voulait éreintant, épuisant.. Il manquait de concentration, de toute évidence, et maintenir le vide, dans sa tête, fut son prochain obstacle. Pourquoi persister ? Parce qu’il savait ce qu’il visait, et que baisser les bras n’avait jamais été une option.
Septembre 2003 : Il était loin le petit gringalet, cherchant encore sa place dans ce monde. Aujourd’hui, du haut de ses 25 années d’existence, le colosse qu’était devenu Thaddeus Illadis rejoignait enfin les forces de la brigade de police magique. Un nouveau départ qui allait le transformer, à plus d’un titre. Ce fut d’ailleurs, quelques mois après son intégration que, lors d’une intervention qui tourna mal, il observa l’un de ses collègues perdre la vie. Il avait toujours été conscient de la mort mais en être un spectateur aussi proche…quelque chose se brisa en lui, à ce moment-là. Quelque chose qu’il mettrait des années à retrouver.
Septembre 2005 : La vie du jeune couple était stable, à présent. Enfin aussi stable qu’elle pouvait l’être, avec deux jeunes enfants, et leurs amis avec qui ils traînaient toujours.
Présent et volontaire, Thaddeus impressionna par ses performances et, deux ans après son entrée dans les forces de l’ordre, il obtint sa première promotion, passant à enquêteur où il put mettre à contribution son esprit analytique. Il ne cessa jamais, pour autant, de continuer à pratiquer régulièrement la légilimancie, car il était hors de question qu’il ramène les démons de ses affaires à la maison. Son foyer était un havre de paix fleuri et relaxant, grâce à Aurora: son mari préférait que cela reste ainsi.
Septembre 2013 : Le couple Illiadis n’était pas peu fier de leurs accomplissements personnels, du chemin parcouru depuis le jour de leur rencontre. Aurora était une digne représentante de sa famille, vivant pour et par la mode tandis que son mari, lui, était à présent un capitaine de la police magique, fraîchement promu. Thaddeus savait que ce n’était pas fini, il entendait encore dans sa tête les contes de la cour de Constantinople de jadis, l’histoire de la place qui leur avait été volée. Cette reconquête arriverait-elle de son vivant ? Il l’espérait, oui, mais il savait que ce n’était plus sa seule priorité, à présent.
Septembre 2023 : La famille en avait fait, du chemin. Les enfants avaient bien grandi, Thaddeus se surprendre à prendre des coups de vieux, de temps en temps, à force de constater à quel point son ses deux filles n’étaient plus de petits bébés. Et lui ? Oh lui…lui n’avait pas chômé non plus. Quand il avait quelque chose en tête il n’en démordait pas, et ce fut aussi le cas de sa carrière. Échelon après échelon, Thaddeus redoubla d’efforts constants et, enfin, depuis quelques années maintenant, il pouvait se vanter d’être un directeur de division de la police magique depuis plusieurs années, déjà. Il n’était pas du genre à se vanter, évidemment, mais c’était toujours agréable de pouvoir se le dire, de pouvoir constater qu’il n’y avait rien qu’il ne puisse accomplir, s’il y mettait toute son énergie.
Si certains pensaient qu’il en resterait là, les plus récents événements vinrent chambouler la vie du grec. Le décret du Conseil International des Sorciers vint mettre un coup de pied dans la fourmilière, en confinant la population le temps que le soufflet ne retombe. L’application de ce décret demandait une certaine coordination et, en réalisant que le poste de commissaire-sorcier était encore à pourvoir, Thaddeus chercha à s’extirper du lot. Ses états de service parlaient pour lui et, rapidement, il fut décidé que Thaddeus Illiadis serait le nouveau Commissaire-Sorcier de ce pays, une nouvelle responsabilité qui, assurément, allait faire briller sa vie autant que la compliquer.