Are you worried about me ? [ Ft Amaranth ]

 «Character is doing what you don't want to do but know you should do.»
Joyce Meyer 

Pendant longtemps Nathan avait été discret, presque totalement silencieux, car il avait appris d'expérience que la moindre de ses paroles apportait toujours le courroux de son père. Alors il avait appris à observer avant de parler, à bien réfléchir avant de s'exprimer et, surtout, à aller toujours à l'essentiel. Parce que quand il parlait c'était toujours trop, il finissait toujours par trop en dire et aujourd'hui ne fit nullement exception à cette règle. Il était un homme dont les pensées devaient rester cachées au reste du monde et, quand il se mettait à parler, il avait toujours l'impression d'en dire trop, de se dévoiler sous un jour qui  n'était absolument pas flatteur.

Il avait prêté serment. De soigner autrui. De ne faire de mal à quiconque et pourtant son père avait le don de vouloir lui faire briser cette promesse, avec une facilité déconcertante. Sa conviction était-elle donc si vacillante qu'il pouvait céder aussi aisément ? C'était triste, tristement pathétique. Heureusement le contact de la sorcière à la crinière de feu ramena Nathanael dans le moment présent. S'immobilisant un instant, passant une main sur l'un des bras qui l'entourait, le Pierce frissonna face au baiser dans son cou, en écoutant les paroles de la Mapleleaf.

Ne pas s'excuser d'être lui ? Ces derniers temps il avait l'impression de ne plus trop savoir qui il était, alors...alors oui, il était perdu, mais le vocaliser n'était pas une étape à laquelle il était encore arrivé. Se sentant honteux face à cette violente confession, Amaranth ramena à nouveau ses pieds sur terre en lui rappelant que transplaner jusqu'à la maison n'était plus une option.
Les yeux perdus dans le vide, à la recherche d'une solution, le Pierce se tourna vers la demoiselle et hocha la tête pour confirmer ses propos, alors que son esprit tournait toujours. Que faire ? Attendre ici que l'alcool ne passe allait être ennuyeux au possible, et rentrer à pied n'était pas une option non plus. Passant une main dans sa crinière d'ébène, il avoua très honnêtement :


Eh bien quoi ? N'avais-je pas dit que l'alcool finissait toujours par lui délier la langue, après tout ? Bien sûr le premier exercice était assez...intimide, évidemment, mais il y avait quelque chose d'autre qu'il pouvait essayer avant, quelque chose de plus simple qui pouvait être réalisable, ici, à Ste-Mangouste. Jaugeant les deux options, il expliqua :


Prenant une pause, se demandant s'il avait quelques affaires à amener – conscient qu'il n'avait pas besoin de sa baguette – Nathan se dirigea vers la porte de son bureau et, avant de l'ouvrir, pivota et tendit légèrement la main, invitant la demoiselle à le suivre d'un :


Heureusement à cette heure-ci les couloirs étaient pratiquement déserts, ce qui permit au duo de se faufiler sans trop de difficulté. Jadis cette partie du bâtiment était remplie de personnes venues simplement marcher ou se baigner, laisser le temps à leurs poumons et leurs corps de retrouver un second souffle mais, aujourd'hui, elle était laissée à l'abandon. Cet endroit était si silencieux qu'on pouvait presque y entendre ses propres pensées, mais l'eau était toujours acheminée vers les bains présents dans le coin droit du sanatorium. Les mains fourrées dans ses poches, Nathan se laissa guider par ses yeux et ses oreilles, vers un bain où l'eau commençait déjà à s'accumuler.

S'accroupissant au bord de celui-ci, il laissa ses doigts glisser dans l'eau chaud qui montait à vue d'oeil, expliquant :

 «Character is doing what you don't want to do but know you should do.»
Joyce Meyer 

Nathanael n'était pas aveugle face à la beauté d'un corps ou d'un visage. Il savait reconnaître quand une personne était désirable mais, pendant longtemps, le médicomage s'était refusé à l'admettre simplement parce qu'il était convaincu que cela ne mènerait jamais à rien. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait rien de bon à offrir à qui que ce soit, alors à quoi bon s'ouvrir à cette éventualité ? A quoi bon espérer ? Il savait pertinemment qu'il était piégé par ses propres pensées, qu'il était l'esclave de son passé et, par moments, il voudrait suivre les conseils de @Ethan et partir en vacances, apprendre à vivre à nouveau, mais il ne savait même pas par où commencer.

Le médicomage avait toujours eu une relation particulière avec l'alcool. Il savait que cela lui déliait la langue, un peu trop, ce qui expliquait pourquoi il se retenait d'en consommer quand cela n'était absolument pas nécessaire. Regrettait-il la proposition qu'il venait de faire ? Pas dans le moment présent en tout cas, mais peut-être aurait-il à revisiter son avis sur le sujet, à tête reposée et sobre. Ou peut-être pas. Peut-être était-ce exactement ce qu'il lui fallait, et que ce whisky lui avait donné le petit coup de pouce nécessaire.

Il devait arrêter avec toutes ces questions, et simplement profiter du moment présent. La vapeur emplissait déjà la pièce, alors que Nathan retirait ses chaussures pour tremper ses pieds, au moins le temps que sa camarade ne se change. Laissant sa conscience être emportée par la vapeur, le jeune homme releva son regard lorsque, à travers la vapeur, il put deviner les courbes de la belle se réfugiant dans le bain chaud. Sentant son sang bouillir à nouveau, ce fut sans honte ou gêne que le Pierce admit :


Alcool ou non, elle était une belle femme. Très belle même, Nathanael serait bête d'essayer de prétendre le contraire. Il n'avait pas regardé quelqu'un de cette façon depuis...depuis très longtemps. Bon, n'était-ce pas à son tour de se changer, à présent ? Vapeur et alcool obligent, le Pierce laissa sa pudeur au vestiaire et, se levant, commença à retirer sou t-shirt en se disant que la vapeur ferait un voile suffisant...ou pas. Pliant ses vêtements par habitude, petit à petit il dévoila un corps qui, sans être volumineux, témoignait tout de même d'une musculature finalement ciselée, harmonieuse malgré les marques sur son dos.

Dans son plus simple appareil, le Pierce plongea enfin dans le large bassin, relâchant un soupir de satisfaction avant de disparaître complètement sous l'eau, pour quelques secondes en tout cas. Lentement il s'approcha, trempé, avant de se réfugier contre le bord du bassin à la droite de sa camarade. Ecartant ses bras à gauche et à droite, le long du bord, le Pierce laissa s'échapper un nouveau soupir de soulagement, tout en ramenant sa tête en arrière pour profiter du moment présent.

Depuis combien de temps ne s'était-il pas senti ainsi ? Aussi détendu et...autre chose ? Trop longtemps.

Beaucoup trop longtemps.

 «Character is doing what you don't want to do but know you should do.»
Joyce Meyer 

TW : nudity, sex

La vie pouvait être délicieusement surprenante, pour peu que l'on reste ouvert aux possibilités. Cette soirée n'en était-elle pas la preuve ? Le Pierce n'était pas de ceux qui s'ouvraient publiquement, déballaient le récit de leur vie, ou encore se mettaient littéralement à nu à moins que cela ait une signification particulière. Il restait en contrôle, ne laissait jamais rien au hasard, ce qui expliquait aussi que sa vie semblait être restée au même moins que depuis le décès de sa femme. Il avait grandi et vieilli, avait gagné en maturité et en expérience, avait gravi les échelons de Ste-Mangouste mais, socialement parlant, il semblait encore être au point mort.

Au cours de sa carrière il avait vu passer bon nombre de familles détruites par la perte d'un proche, et bon nombre de façons différentes d'accueillir le deuil. N'était-ce pas ironique, pour un homme pour qui la vie s'était mise en pause, depuis le moment le plus tragique de son existence ? Il traitait la mort chez les autres, mais pas chez lui. Il ne s'aventurait pas sur ce terrain-là, et il lui avait fallu du courage en bouteille pour réaliser à quel point ce mode de vie était voué à l'échec.
Une partie de lui semblait croire que s'ouvrir à une autre personne reviendrait à tromper la mémoire de sa regrettée épouse, la matérialisation d'une trahison, mais au fond de lui il savait que c'était faux. Il savait qu'elle aurait voulu le voir avancer. Voilà la raison pour laquelle il pénétra dans le sanatorium, conscient de l'effet que l'alcool pouvait voir sur sa retenue habituelle.

Laissant la chaleur venir détendre ses épaules raides, le Pierce relâcha à nouveau un soupir de soulagement, avant de sentir l'approche de la tentation personnifiée. Entre les vapeurs, la chaleur, l'alcool, les bras autour de son cou et le regard qui se posait sur lui, Nathanael jeta enfin sa retenue par la fenêtre. Doucement, sous la surface de l'eau, il laissa ses doigts se perdre sur les courbes délicieuses de la belle, alors qu'elle amenait le sujet de cette pause amplement méritée.

Laissant un sourire sans équivoque éclairer son visage, le Pierce sentit son corps frissonner sous ce contact étonnamment enivrant, jusqu'à ce que l'écarlate ne fasse grimper la température de plusieurs degrés. La soirée prit définitivement une tournure intéressante et, face à ce contact de cette peau contre son torse, face à cette proximité amenée par l'ivresse et ce désir silencieux, il sentit son corps s'éveiller à nouveau. Il y avait beaucoup de choses que Nathan pouvait et voulait contrôler, maîtriser ou taire mais, dans cette position imposée par l'écarlate, il lui serait impossible de cacher à cette dernière l'effet que cette proximité avait sur son corps. Elle devait déjà le deviner, alors qu'une main se perdait le long de ses hanches, tandis que l'autre remontant doucement le long de son ventre, traçant des sillons invisibles du bout de ses doigts.


Alors que ses doigts remontant doucement toujours plus haut, jusqu'à finir par effleurer la base de cette poitrine qu'il ne pouvait plus ignorer, Nathan se pencha en avant et, enfin, pour terminer sa phrase, déposa un baiser brûler au creux du cou qui lui faisait face.

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Joyce Meyer 

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Encore aujourd'hui Nathanael se rappelait des paroles de sa femme, celle qui le poussait à croquer la vie à pleine dos, à regarder le soleil en face sans avoir peur d'être ébloui. Ce n'était pas qu'il ne pensait pas mériter d'être heureux ou quoi que ce soit du genre, il avait simplement appris que le bonheur n'arrivait jamais sans contre-partie et que, s'il s'ouvrait à la possibilité d'être heureux, tôt ou tard l'épée de Damoclès finirait par lui tomber sur le coin de la figure. Il n'avait pas pu avoir sa fratrie sans souffrance, n'avait pas pu avoir sa femme sans la perdre : où était ce bonheur universel dont tout le monde parlait ? Où était cette fin heureuse, mentionnée dans les romans pour naïfs et les films ? Il avait cessé d'y croire, se contentant de grappiller les petits moments d'insouciance et de tendresse, çà et là, sans jamais oser espérer plus.

C'était pour cela que, en dix ans, il n'avait jamais essayé de refaire sa vie. Pas uniquement parce qu'il aimerait toujours sa femme ou son souvenir, mais parce qu'une partie de son cœur était terrifiée à l'idée que l'histoire ne se répète. Alors pour éviter de souffrir il s'était détaché, distancé et avait vu tous les autres avancer dans leur vie...tandis que lui faisait du sur place. Mais il en avait assez. Assez de mettre sa vie en parenthèses pour une éventualité. Assez de se retenir, par crainte de quelque chose qui n'arriverait peut-être jamais.

Il était Nathanael Elias Pierce. On lui avait volé son enfance et son innocence. On l'avait forcé à être un parent dés l'âge de cinq ans, et il se damnerait avant de laisser qui que ce soit lui voler un peu plus de cette rude existence. Aujourd'hui il voulait vivre, et il avait fallu attendre le regard et le toucher de l'écarlate pour qu'il s'ouvre à cette évidence. La vie avait voulu que Nathanael rencontre son épouse avant Amaranth et, si cette union s'était terminée de la façon la plus brutale qui soit, le Pierce aimait à penser que cette souffrance lui permettait d'apprécier davantage ce qui se dessinait, en ce moment.

Elle était belle, elle était désirable et cela tombait bien, car Nathanael la voulait. Ici. Maintenant. Elle et personne d'autre.

Chaque caresse était un frisson. Chaque regard une promesse et, en cet instant, l'homme décida de s'y abandonner sans retenue. Sentant son corps s'éveiller à nouveau au contact de ces lèvres, il ne s'écarta que lorsqu'il fut à bout de souffle. Pas un seul instant il ne quitta la belle du regard, alors que les doigts de sa main gauche s'aventuraient plus bas, jusqu'au contour de ses fesses.


Le Pierce sentit évidemment son corps se raidir, en sentant la main de l'écarlate s'aventurer dans une zone dangereuse, à son tour. Ainsi piégé, Nathan ne pouvait plus prétendre ne rien ressentir. Elle devait bien le sentir dans le creux de sa main, un peu plus à chaque seconde.


Alors que sa main gauche vint se perdre sur les contours de cette généreuse poitrine, les lèvres de l'homme se perdirent le long de l'épaule de la belle, remontant chaudement jusqu'à son cou, ses dents venant caresser sa peau çà et là. Il n'eut pas besoin de mots, qu'un seul regard qui ne souffrait d'aucune ambiguïté, qu'un seul regard  brûlant et une vigueur renouvelée pour rappeler à l'écarlate à quel point il la voulait, en cet instant.

 «Character is doing what you don't want to do but know you should do.»
Joyce Meyer 

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Le risque de vouloir tout maîtriser, tout contrôler, était de passer à côté des petits plaisirs spontanés de la vie. Nathan aurait pu vouloir continuer à travailler pour maîtriser ses émotions, maîtriser sa rage et serait passé à côté de...tout ce qui était en train de se dessiner. Il ne s'agissait pas seulement du plaisir et de la passion, pas seulement de cette danse des sens mais aussi de l'abandon, de l'acceptation de cette silencieuse vulnérabilité, de la reconnaissance d'un désir qu'il n'avait pas ressenti depuis une décennie. Cela aurait été simple de mettre ce désir sur le dos de ce courage en bouteille, mais au fond de lui Nathanael savait que ce désir avait toujours été là, quelque part. Il avait simplement accepté d'enfin écouter cette partie de lui-même.

Il n'était d'habitude pas le plus démonstratif de hommes, mais aujourd'hui chaque souffle était une prière à la beauté d'Amaranth. Chaque baiser, une offrande sur l'autel de ce corps qu'il ne pouvait que désirer, de chaque fibre de son corps. Il ne pouvait et ne souhaitait plus le nier, alors qu'il sentait son esprit et son contrôle s'envoler un peu plus, de seconde en plus.

Frissonnant sous le contact des doigts de la belle dans son dos, Nathanael fit écho au désir de la belle, lui soufflant entre deux baisers volés :


Le reste de sa phrase prit une pause, alors qu'il sentait déjà le mouvement du bassin de la belle, juste sous la surface de l'eau. En cet instant, la bouche toujours entreouverte, Nathanael agrippa les hanches de la Mapleleaf et, l'instant d'après, ce fut couplé à un râle étouffé de plaisir qu'il vocalisa la seconde moitié de sa promesse.


Alors que son corps s'éveilla à ce plaisir partagé, à cette union des corps et des sens, ce fut un sourire satisfait et pus spontané qui naquit au coin des lèvres du Pierce, ce dernier se rappelant enfin ce que cela faisait de se sentir réellement vivant. Ses mains agrippant fermement les hanches de la belle, n'ayant aucune intention de la laisser partir de sitôt, ce fut dans un élan intense et passionné que son corps décida de se mettre en mouvement, avant qu'il ne s'avance pour voler un baiser brûlant à ces lèvres qui continuaient de le narguer, de l'appeler.

Il n'y avait qu'elle et lui. Que cette danse des corps. Que ce plaisir suave, grandissant un peu plus à chaque seconde, à chaque mouvement de son corps animé d'une vie, d'un désir qui lui était propre.