The Gathering

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Novembre

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« Merde ! »

Il fronça les sourcils repassant consciencieusement le deck carte par carte. Il n'aurait même pas eu besoin de faire ça, rien qu'à la tenue en main, il avait tout de suite senti la différence. Il manquait des cartes. Combien, il n'en était pas sûr, mais elles ne pouvaient pas avoir disparues toutes seules, ni par négligence. Sheraz n'était pas quelqu'un de négligent. Dépité, il descendit les marches quatre à quatre, espérant trouver @Matthew Monaghan avant que les autres ne débarquent. Ils avaient petit à petit réussi à convertir quelques autres étudiants les vendredis soirs. Un petit moment de détente à l'ancienne dans la salle commune de Poufsouffle.

Si les escaliers qui menaient des dortoirs à la salle commune avaient été un toboggan, il n'y serait pas arrivé plus vite et plus échevelé.

« Matt, j'ai un souci : y me manque des cartes. Beaucoup de cartes... »

Il n'avait pas besoin d'en dire beaucoup plus pour que son camarade comprenne que c'était mort pour ce soir à moins d'un changement de plan à la dernière minute. Le plus raisonnable aurait été de se retirer et chercher désespérément une roue de secours parmi les étudiants non convaincus. Peut-être @Eynaelle Sanderson ou @Théa Rosewell - mais surtout pas Théa ...

« Et avant que tu ne le suggères : je ne les ai pas perdues. C'est pas possible... enfin si mais non. », ça n'était pas le sujet en tout cas, « Qu'est-ce qu'on fait ? »

Comme d'habitude, ils étaient les premiers arrivés et si on en jugeait aux quatre derniers vendredis soirs, ils allaient l'être encore pendant une petite demi heure. Largement le temps de mettre au travail leur matière grise et trouver une solution de repli.

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Novembre

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Une chanson de The Cure en tête, je fredonne alors que j’installe la table de salon agrandie à coup d’Amplificatum pour l’occasion, histoire qu’on tienne tous autour et qu’on puisse même étaler notre bordel. Seul j’ai conscience de prendre déjà énormément de place et j’ai une sainte horreur de devoir tasser mes cartes. Un coup de Wingardium Leviosa plus tard et un autre sofa encadre la table. Il n’y a pas à dire, là où j’aurais dû réquisitionner d’autres bras, une baguette magique fait le travail. Je sors de mon sac un sachet de patacitrouille et alors que je plonge encore la main Sheraz débarque en trombe.

« Qu’est-ce que...Non, ne me fais pas ce coup-là, Chouraz ! »

Depuis ce jour où @Anthea Illiadis lui a donné ce doux surnom de Chou, on se fait un malin plaisir avec @Camaël Grimm de le lui mettre à toutes les sauces et une partie de moi n’est pas peu fière de ma trouvaille de la soirée. Sauf que cette fierté est vite remplacée par une contrariété... On a attendu – du moins en ce qui me concerne – cette partie toute la semaine. C’est censé être le moment de détente qui marque le début du week-end, loin des parchemins à rendre et des bouquins à lire…

« Si tu ne les as pas perdu… Qui serait assez vicieux pour... Enfoiré de Popplewell ! »

Je sais très bien ce qu’il va me répondre ! Que je fais une fixette sur le mec depuis qu’il nous a lâché une énième fois, que je reporte ma colère sur ce pauvre gars qui n’a rien fait de mal au fond si ce n’est… nous planter un couteau dans le dos pour se rouler dans l’herbe avec sa belle. Traitre ! D’accord, je ne suis pas partisan du ‘’Bros before Hoes’’ car c’est insultant pour tout le monde mais il faut savoir respecter ses amis et surtout ses engagements, bordel !

« Réfléchis ! On le ban et comme de par hasard, des cartes disparaissent ! »

Je grogne un bon coup avant de me frotter le visage. Passer mes nerfs sur un absent ne résoudra pas notre problème ! Hors de question de chercher un remplaçant, pas le temps et pas l’envie, surtout.

« Tu n’as vraiment rien d’autre en stock ? Pas même de vieilles cartes ? Dammit ! Là je ne vais pas pouvoir te dépanner mon pote… Et je ne pense pas que les cartes courent les rues dans ce Château. »

Je me bouffe l’ongle du pouce en faisant les cent pas à côté de mon préfet.

« Ce serait con d’annuler, on les a tanné pour ce soir… Il faut qu’on trouve autre chose à leur proposer, sinon ils nous lâcheront les prochaines fois. Mais pas le tarot, j’y comprends rien, et c’est pour les vieux moldus ça… »

Je marmonne tout seul dans ma barbe, continuant les aller-retour, la peau de mon doigt prenant cher avec mes dents.

Sheraz fait une petite mou. Décidément, ce chou allait le suivre toute sa vie. Il pouffa, se faisant la réflexion que shouraz ça faisait presque churros mais il se garda bien de le dire, de peur d'être associé ad vitam au meilleur snack de fête foraine de tous les temps.

Évidemment, la nouvelle ne fit pas plaisir à Matthew du tout. Ce vendredi soir était sacré pour son camarade, Sheraz le savait. Il le suivit du regard tandis que l'autre jeune homme cédait à l'agitation. Et voilà que Popplewell revenait sur le tapis. Mais oui Popplewell...

« Attends mais - t'as carrément raison ! Popplewell ! Qui d'autre ? »

Le bougre avait le mobile et la connaissance suffisante pour en avoir l'idée ! En plus il était dans leur maison. Tout collait !

« Tel que je le connais, il doit garder les cartes dans sa table de chevet ou une connerie comme ça. », de là à suggérer de faire un raid dans la chambre de leur camarade, il n'y avait qu'un pas, « C'est même sûr, il m'avait déjà dit qu'il y planquait ses antisèches de métamorphose... »

Une lueur vengeresse passa dans le regard du préfet qui avait tout l'air de dire, est-ce que tu penses à ce que je pense... En plus, allait vérifier ne leur prendrait pas plus de cinq minutes, hors ils avaient un bon petit battement d'une demie heure devant eux.

Matthew, plus raisonnable pour une fois (ou peut-être juste pour l'instant) était résolu à trouver un plan B. Mais Sheraz se voyait contraint de le décevoir. Ses vieilles cartes, il les laissait à Loutry chez ses parents. Pour ce soir c'était mort de son côté et ils n'avaient clairement pas le temps de tenter un rituel d'invocation à l'orée de la Forêt Interdite pour contourner les barrières de protection magiques.

« On peut toujours proposer un DnD... ça reste dans l'esprit même si rien à voir non ? »

L'idée d'aller fouiner chez Popplewell restait tout de même bien présente à son esprit... S'ils ne s'y rendaient pas sur le champ, il se promettait d'y aller de retour pour en avoir le coeur net. On ne plaisantait pas avec ce genre de choses.

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Alors là, je ne m’attendais pas à ce que Sheraz appuie mes soupçons concernant notre camarade de Poufsouffle. Encore que, camarade est un terme bien trop cordial pour un traitre. Depuis la rentrée, ce mec passe son temps à nous sortir des excuses bidon pour se défiler. Comme si, soudainement, on n’était plus assez bien, assez cools pour lui. Gros nase. Une simple paire de boobs lui passe sous le nez et monsieur tire un trait sur les potes.

« HA ! On est d’accord ! C’est le seul Poufsouffle qui pourrait nous faire un coup pareil. Mich est déjà parti, donc bon. »

Parce que, oui, ça aurait pu être un coup de @Michel-Ange Grimm, pour court-circuiter nos plans de gook de la soirée, pour nous inciter à être plus sociables sûrement. Sauf que le capitaine a mis les voiles, qu’il ne peut plus interférer dans nos soirées ! Mais l’information que lâche Sheraz concernant les anti-sèches montre déjà à quel point Popplewell est pourri jusqu’à la moelle.

« Parce qu’en plus il s’en vante... ça ne l’a pas empêché de se planter dans cette matière l’année dernière. »

Gros gros nase. Même pas fichu de tricher correctement et discrètement. Sa planque est donc aussi bête que sa table de chevet. Tout le monde peut y accéder. Surtout ce soir avec la salle commune et les dortoirs presque déserts. Aucun témoin. Quand je croise le regard de Mahal, la chose à faire est évidente ! Je pointe un doigt vers les dortoirs.

« On garde le DnD en cas d’extrême urgence… Mais d’abord on vérifie si nos soupçons sont fondés. Après tout, ce serait du vol de sa part… T’es préfet… On veut juste s’assurer qu’on n’a pas de voleur chez nous… Et récupérer tes affaires. Rien de mal là-dedans, right ? » Je hausse les épaules et prends déjà le chemin des escaliers. « Et si quelqu’un nous tombe dessus... JE fouillais et toi t’essayais de me stopper ! »

Je monte les marches quatre à quatre et entre en trombe dans la piaule de Popplewell, déterminé. L’endroit sent le fauve, à l’image de l’un des occupants des lieux. Je grimace et m’avance du côté de la chambre décoré par des posters de l’équipe des Busards de Heidelber. Parce qu’il soutient l’Allemagne, traître jusqu’au bout ! Je me glisse jusqu’à la table de chevet dont je n’arrive pas à ouvrir le tiroir.

« Il n’est peut-être pas si idiot que ça, ce fils de troll ! »

« C'est clair... j'ai même pas pris la peine de nous enlever des points tellement... » à quoi bon, il allait déjà en perdre pour sa connerie. Bref. Plus ça allait plus le cas de Popplewell était désespérant. Et on ne parlait même pas des soirées de gook. Une petite pensée pour Michel-Ange qui laissait derrière lui un vide autant qu'une bouffée d'air frais.

« Surtout qu'il n'en saura rien... », confirma Sheraz qui n'avait surtout pas l'intention de se faire prendre. Il faudrait dans le cas contraire inventer une excuse de dernière minute à laquelle il ferait mieux de réfléchir tout de suite.

Suivant Matthew dans les escaliers, Sheraz grimace lorsqu'ils arrivent à destination. Lui qui est si ordonné, c'est le genre d'ambiance olfactive qui lui ferait rebrousser chemin s'il ne s'agissait pas d'un cas de vie ou de mort. Dans le même temps, son comparse a déjà le nez sur la table de chevet mais, surprise : celle-ci est verrouillée.

« Ben... dans ce cas : open sesame ! »

Manque de bol, le sortilège ricoche alors qu'il est pourtant parfaitement bien exécuté. Popplewell serait-il en vérité un génie du mal ? Sheraz en reste baba, ses yeux ronds comme des soucoupes se tournent vers Matthew et il n'entend pas du tout les bruits de course dans les escaliers :

« Bordel ! Vous m'avez fichu une de ces frousses !!! Vous foutez quoi ? Je vous ai dit que je serais pas là ce soir les gars. J'ai un DM hyper en r- »
« Deniiiiiiis chou ? Tu les trouves ? »
« Ouais ... euh... ahem... »

Sur le visage de Sheraz on peut lire : un DM hyper en retard ma gueule...

En face, Popplewell se décompose et pour se rattraper :

« Mais si y vous manque des cartes servez-vous, j'en ai plein sous le matelas, d'ailleurs je t'en avais emprunté une ou deux Sheraz, tu m'en veux pas. », et voilà qu'il déverrouille sa table de chevet sans que Sheraz ait bien vu en faisant quoi pour en sortir un chapelet de petits emballages carrés métallisés qu'il fourre dans sa poche avant de filer en trombe...

« Charmant... », commente Sheraz avant d'adresser un oeil déconfit au matelas défoncé du Don Juan, « Oh God, Matthew, je sais pas si j'ai les tripes de toucher à ça... »

Rien que de penser à ses cartes là dessous, il en a la nausée...

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Le tiroir résiste même au sortilège du préfet. Alors que je sors à mon tour ma baguette, prêt à faire exploser cette foutue table de chevet une bonne fois pour toute, Popplewell débarque en trombe. Je cache aussitôt le bout de bois dans mon dos et me recule, dos au mur, affichant un air innocent que je perds lorsqu’il nous ressort l’excuse bidon.

« Oh, et elle c’est ton binôme, c’est ça, Denis chou ? »

Mais c’est à peine s’il m’écoute, comme toujours. Et dire qu’on a presque été amis à une époque, presque, j’ai même failli le laisser mettre ses grosses paluches sur Betty, dans un moment de faiblesse. Je serre les mâchoires lorsqu’il admet avoir pris des cartes à Mahal et roule des yeux alors qu’il se précipite hors du dortoir, ses capotes en poche, nous plantant là. Ce mec ne pense qu’avec son entrejambe mais le bon côté c’est qu’il n’a pas bronché au fait qu’on fouille ses affaires. Je lâche un profond soupir de soulagement, teinté d’une touche d’agacement, alors que je retire mon bras de mon dos. Je viens me planter à côté du préfet et lui donne une petite tape dans le dos.

« T’en fais pas, Mahal, tu restes notre chou préféré ! »

Déjà parce que la personne qui l’a affublé de ce surnom est clairement au-dessus de la greluche de Denis, la preuve en est par ses goûts en matière d’homme. Le petit lapin ne poserait jamais son regard sur un troll tel que Popplewell, j’en suis certain ! Je pointe la baguette sur le matelas du traitre, peu réjoui moi aussi par la tâche qui nous attend. Les odeurs qui se dégage du lit laissent envisager les pires scénarios…

« On n’est peut-être pas obligé d’y aller avec nos mains, hein… » Je tourne et abaisse ma baguette. « Wingardium Leviosa ! »

Le matelas se décolle du sommier, lévite au-dessus du lit avant d’aller se poser sur le sol. Les cartes volées côtoient des exemplaires de Playwitch, des emballages vide de bonbons, quelques noises éparpillées et des mouchoirs usagés. J’ai un haut le cœur en constatant que les cartes sont un peu trop en contact avec certains mouchoirs en question que j’envoie valser sur le matelas à coup de Flipendo.

« Par hasard, tu ne connaitrais pas un sortilège pour désinfecter ces cartes ? Je ne suis pas certain que le Récurvite suffira… »

Je le lance malgré tout, pas très pressé de mettre mes mains sur nos trouvailles sans un minimum de nettoyage. Du bout de ma baguette je soulève les pages d’un des magazines et hausse un sourcil appréciateur avant de laisser la couverture retomber. Je fronce les sourcils alors que mes yeux parcourent les cartes découvertes, que je trouve peu nombreuses. Dans le doute, je me mets à genou et regarde sous le sommier. Un amas de fringues sales, des magazines de Quidditch, une bouteille vide de jus de citrouille…

« Ce mec est vraiment un porc… »

Je dégage un caleçon sale et ai un hoquet d’horreur en découvrant un manuel de potion. Je reconnais parfaitement la tranche abimée pour en être responsable ! Et dire que j’ai dû racheter ce foutu bouquin en début d’année, pensant avoir perdu mon exemplaire alors qu’il git dans ce tas de détritus ! Je grogne mais décide de laisser le bouquin mourir sous ce lit étant donné sous quoi il était caché depuis tout ce temps.

« Il n’y en a pas d’autres là-dessous… Les cartes qui te manquaient sont toutes là ? Ça me semble léger. »

Sheraz reste un instant interdit devant l'absence de réaction de Popplewell à leur présence dans sa chambre. N'osant pas bouger en attendant que ça lui monte au cerveau, il finit par glisser un regard en coulisse à Matt quand finalement ils ne voyaient jamais cet abruti revenir sur ses pas.

« Tu sais franchement, je suis pas convaincu que ce soit une grande perte... »

Là-dessus, son acolyte lui donne un bourrade dans le dos, assurant que rien ni personne ne viendra lui enlever le chou qu' @Anthea Illiadis lui a attribuer. Avec une petite moue, le préfet accepte. C'est toujours mieux que le chou de Denis. Il n'a pas vu qui était la fille, mais vu l'empressement avec lequel Popplewell s'est hâté de la rejoindre, il l'imagine déjà comme une grande dévoreuse... d'âmes. Il a finalement un petit haut le coeur en considérant la tâche qu'ils s'apprêtent à accomplir.

« Je crois que je vais vomir. », pauvres, pauvres cartes. Quand il considère le voisinage de certains objets clairement indésirables et tout le soin que lui met à ranger ces petits trésors, il en serait littéralement malade. L'éducation vieillotte qu'il a reçu de ses parents ne va probablement jamais se remettre d'un tel merdier. Il se résout tout de même à donner de la baguette pour récupérer son dû et lui donner un coup de propre. En temps ordinaire, jamais il ne se serait risqué à abîmer les précieuses cartes mais là c'était au-dessus de ses forces.... « Tiens ben voilà où est la moyen de Popplewell en potion... »

Paie tes révisions pense le jeune homme, de plus en plus courroucé. D'ailleurs, en regardant le chiche paquet de cartes qu'il récupère il s'aperçoit que :

« Hey mais attends, celle-ci et celle-là ne sont pas à moi. », il rebat la dizaine de carte consciencieusement avant de s'arrêter sur une en particulier. Une qui n'est pas à lui non plus. A son expression quasi horrifiée, on peut se douter que quelque chose est en train de se tramer dans la cervelle du petit génie, « Matt... cette carte... elle s'appelle Krenko... comment j'y ai pas pensé avant... Krenko... »

Complètement déconfit, il se serait bien laissé glissé dos au mur s'il n'avait pas été dans la chambre de Popplewell. La pointe de ses cheveux devient graduellement translucide, ce qui chez Sheraz est le signe d'une espèce de montée de panique incontrôlée.

« Matt : il faut qu'on retrouve les autres ! Toutes les autres. Cette carte, tu vois, elle s'appelle Krenko, comme... comme... comme le gobelin des cavernes de Gragareth. Enfin non, pas "comme"... c'est exactement lui ! »

Ses immenses yeux noirs lui mangent le visage comme il semble lutter pour ne pas tirer de conclusions hâtives.

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Je me relève et lance un regard au reste du dépotoir qui sert de chambre. Je file à l’armoire que j’ouvre, fouille rapidement, mais rien ne me saute aux yeux dans les fringues du Poufsouffle. Je lève le nez d’une pile de t-shirt quand le préfet me dit que certaines ne lui appartiennent pas. Une expression perplexe marque mon visage alors que je reviens vers Sheraz.

« Parce qu’en plus il a volé des cartes à d’autres ?! »

Parce que, vu ce qu’on découvre sur le personnage, j’envisage de moins en moins la possibilité qu’il en ait possédé une seule. Combien de personnes ont pu être de pauvres victimes de cette ordure ? Je n’ai jamais été du genre revanchard. A la limite à choper la personne et lui coller une bonne tarte et on n’en parle plus. Mais là, Popplewell cumule les mauvais points et commence à installer une mauvaise ambiance chez les jaunes et noir. J’ai peut-être bien trop gardé en tête l’exemple que me donnait mon frère et sa bande, à manigancer pour se venger de ceux qui lui avaient manqué de respect… Thomas ne fait pas dans la demi-mesure, ça se termine à l’hôpital pour certains, au poste pour les autres. C’est pour cette raison que je me suis détaché de lui, que j’ai collé aux basques du tonton, me suis accroché à ce modèle plus sain. Mais l’envie de coincer Denis dans un couloir pour lui faire comprendre ma façon de penser avec les poings me démange sérieusement.

« Eh bah quoi, Krenko ? »

Je ne comprends pas où il veut en venir. Je pose mes prunelles sur la carte qu’il a dans les mains, puis sur son visage et enfin ses cheveux. L’inquiétude me gagne alors qu’il développe. Je n’étais pas présent quand certains étudiants, dont Mahal, ont eu affaire à des gobelins. Je ne peux même pas imaginer ce qu’ils ont ressenti. Ce qui nous a été raconté n’est certainement pas à la hauteur de ce qu’ils ont vécu. Krenko… L’un des gobelins ? Je balaie cette idée d’un geste de la main.

« Arrête, Sheraz, ça n’doit être qu’une coïncidence ! Un coup… de bol ? Le créateur des cartes aura trouvé l’inspiration dans… je ne sais pas… Mais ça ne se peut pas ! »

Si ça se trouve il y a un mec de petite taille qui se nomme Frodon, quelque part sur Terre ! Cela ne ferait pas de lui un hobbit pour autant, pas vrai ? Juste un coup du destin. Ou des parents nases. Je me passe une main sur le visage avant de venir frotter la base de ma nuque, les yeux de nouveaux posés sur la dite carte.

« Tu penses sérieusement que ce serait… LE gobelin de la carte ? De… cette carte ? Mais… Comment ? J’veux dire… Popplewell, un génie du Mal ? » J’éclate d’un rire jaune. « C’est lui prêter bien trop d’intelligence, non ? Et le génie en question semble bien trop occupé à tourner autour des jeunes femmes pour manigancer quoi que ce soit… d’aussi brillant ! »

Ma mine s’assombrit malgré tout. Si c’est en effet lié à ce qui s’est produit, si ces cartes sont aussi dangereuses que Sheraz semble le penser…

« Je ne pense pas qu’il y en ait d’autres de cachées ici. On peut tenter de retourner la salle commune mais ça va nous prendre bien trop de temps… Tu es en train de nous lancer dans une quête, Mahal. A deux ça va être chaud. » J’écarquille les yeux et un sourire en coin né sur mes lèvres. « Il nous faudrait… une communauté. »

« Ben ché pas regarde... », des cartes volées à d'autres ? C'était bien possible. Si ça se trouvait, Popplewell n'avait même jamais acheté une seule carte... la honte de leur table de jdr ce mec. Bref. A partir de là, il était clair qu'il ne serait plus jamais convié à les rejoindre.

En parcourant les cartes, une poussée de paranoïa le prit aux tripes que Matt essaya du mieux qu'il pouvait de modérer.

« T'as raison, t'as raison c'est pas possible. », s'imposa Sheraz en se sentant perdre les pédales. Et pourtant, en même temps qu'il le disait, il n'y croyait pas une seconde, à la coïncidence. Brusquement, avec ce regard un peu fou qu'on ne lui avait encore jamais vu, il saisit son ami par le bras, « Je suis pas censé en parler mais il y a un mois un peu plus, on a découvert que des démons avaient été enfermés dans un catalogue d'ameublement moldu. A cause du CIS j'ai pas pu vérifier ma théorie mais si ça se trouve, c'est pas juste le cas de mon exemplaire. J'veux dire : y a zéro probabilité. C'est pas possible. Que je tombe sur le seul catalogue pimpé à la magie noire. Et si c'est pas le seul, c'est probablement qu'ils sont tous comme ça. Et tu te rends compte ce que ça veut dire : ça fait des millions d'exemplaire. Et cette carte là. Je sais pas ce que ça veut dire ni pourquoi mais y a forcément une raison. »

Mais Matthew était bien plus rationnel que ça, pointant une évidence presque loufoque : Popplewell, génie du mal.

« Noooon, t'as raison. C'est carrément impossible ça. Je dois manquer de sommeil. Mais quand même... » il ne pouvait pas lâcher l'affaire et Matthew dût le sentir car finalement, il acceptait l'idée d'au moins retrouver les cartes et avec une brillante idée, « Faut qu'on redescende à la salle commune : on en a une de communauté ! »

Et là dessus de filer comme des flèches retrouver le restant de leur équipe de choc, autrement dit une petite brochette de nerd version sorcier.

« Les gars : la partie de ce soir est annulée ! », évidemment les gars et la fille se mirent à pester. Le nom de Popplewell fut invoqué à quatre reprises et quelques jurons avec, « Nous avons quelque chose de plus important à faire ce soir et on a besoin de vous ! »

Les états major des cartes Magic était dans la place...

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Je veux m’accrocher à l’idée que c’est simplement une idée saugrenue de Sheraz. Que tout n’est que coïncidences, que rien n’a souillé ces cartes… Si ce n’est celui qui les a empruntées. Alors quand il acquiesce, je ne suis pas mécontent. Ouais, voilà, j’ai raison ! On peut oublier ce délire et dormir sur nos deux oreilles, right ? Sauf que c’est là que ça bascule encore plus loin. Je déglutis devant le regard du préfet et manque même d’en oublier de respirer face à cette histoire de catalogue.

« Comment ça des démons ? » Je plisse les yeux. « Et qui ça, ‘’on’’ ? »

D’abord cette histoire de gobelins, maintenant… ça ? Ce n’est peut-être pas une si bonne chose de vouloir dormir dans ce château. Ni où que ce soit, en fait ! Heureux sont les ignorants. Je m’écarte, me prends la tête dans les mains, hésite à m’arracher les cheveux face à cette confidence et lâche un profond soupir alors que les idées se font un chemin jusqu’à mon cerveau, se regroupent. Même s’il admet que Popplewell n’a pas les épaules pour être aussi machiavélique et qu’on s’apprête à retourner la salle commune avec des renforts, je tique et lui donne une légère tape sur le bras du revers de la main.

« Attends… donc… on a des cartes Magic douteuses… des catalogues d’ameublement… que des trucs moldus, quoi. »

Je me laisserais bien tomber sur ce lit, mes jambes flageolent, mais je ne voudrais pas salir mes fringues, pas ici. Pas besoin d’être Einstein pour repérer le pattern dans ces histoires. Les objets en question se font rares dans le monde magique.

« Dude, les cibles sont plutôt claires, non ? » Je penche la tête, les sourcils haussés et la bouche de travers. « Les moldus ! »

Et ce n’est certainement pas ça qui me rassure, bien au contraire ! Je ne peux que penser à me famille, restée à Londres, surtout maintenant que je ne peux plus les retrouver. J’ai soudainement peur pour Ash. Je pense aux gamins paumés qui doivent se réfugier dans les cartes… Aux ménagères qui feuillètent ces putains de catalogues par passion ou par ennui…

« Ça pue cette histoire. Il faut vraiment qu’on les trouve ces maudites cartes ! »

Alors, c’est déterminé que je le suis et qu’on rejoint les autres. Je laisse Sheraz leur faire un topo, je rumine encore alors qu’ils discutent. Certains continuent de rouspéter et je grogne bruyamment, en gesticulant pour attirer leur attention encore plus.

« Allez les blaireaux ! On doit sauver le monde ! »

On a rarement été aussi efficaces pour quelque chose ! La pièce est retournée en un rien de temps, les coussins volent dans tous les sens. Ça aurait plu à ce lâcheur de @Michel-Ange Grimm ! Pour une fois que la mission n’est pas de ranger cette foutue salle… même si… du coup… Et merde !

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