All of us are engaged in a war already, although not all of us know it.

 «The greatest war ever fought, and are still fighting, where more people have been defeated and died, is the war within. »
Anthony Liccione 

Nathanael était une personne profondément empathique, mais il savait aussi que, parfois, il ne pouvait pas aider et sauver tout le monde. Il pouvait essayer, encore et encore, mais parfois certaines batailles étaient perdues d'avance. L'accepter était la partie la plus difficile de son métier, celle qu'il combattait encore et toujours, sans cesse. Lorsqu'il rentra dans cette pièce, observa Amaranth prise de convulsion, son cœur manqua un battement et, l'espace d'un quart de seconde, il jura s'être figé sur place, les pires scénarios faisant rage dans son esprit, avant qu'il ne se reprenne.

Il ne pouvait qu'imaginer ce que devait être la vie de l'écarlate, aussi difficile et douloureuse qu'elle soit, mais le Pierce ne reviendrait pas sur sa promesse. Il savait dans quoi il s'embarquait et ne souhaitait pas faire machine arrière, pour rien au monde. Amaranth n'avait pas choisi cette vie, elle lui avait été imposée et, si Nathanael pouvait l'aider de quelque façon que ce soit, pour qu'elle ait le futur qu'elle mérite, il le ferait sans aucune hésitation.
Le retour à la maison fut effectivement silencieux et, si Nathan était curieux de connaître les détails de sa rencontre avec le commissaire-sorcier, il pouvait lire sur le visage de l'écarlate un torrent d'émotions et, surtout, un besoin de prendre le temps pour digérer. Ayant appris à ne pas insister, il laissa la belle se réfugier dans la salle d'eau, tandis que lui descendit vers la cuisine. Se débarrassant de sa veste et de sa cravate, ne gardant que sa chemise blanche aux manches retroussées, avant de commencer à faire bouillir de l'eau, pour préparer un thé relaxant à la mélisse, aux effluves de pomme, de menthe et de mangue, entre autres.

Lorsqu'il remonta vers la chambre, leur chambre pour ainsi dire, Nathanael posa son regard évidemment inquiet sur la silhouette de la belle, avant de s'approcher et poser la tasse de thé sur la table de nuit, juste à côté de lit, soufflant :


C'était bien tout ce qu'il pouvait faire, pour le moment, malheureusement. Se redressant, il fit quelques pas en direction de l'entrée, pour s'extirper de la chambre à coucher, avant de demande à la belle :


Son épaule droite posée contre l'encadrement de la porte, la main gauche réfugiée dans la poche prévue à cet effet,  le Pierce sentait un petit pincement au cœur à voir la belle dans cet état...et à savoir qu'il ne pensait pas pouvoir y faire grand chose. Il ne voulait pas la brusquer ou lui tirer les vers du nez, mais au moins lui rappeler une fois encore qu'elle n'était pas toute seule. Essayant de la rassurant d'un doux sourire en coin, il expliqua enfin :

 «The greatest war ever fought, and are still fighting, where more people have been defeated and died, is the war within. »
Anthony Liccione 

Jadis Nathanael avait été plus direct dans son approche, mais c'était son métier qui lui avait appris les vertus de la pièce. Il ne pouvait qu'imaginer à quel point la vie de l'écarlate pouvait être difficile, alors que pourrait-il gagner à la forcer à parler, si ce n'était la faire fuir au bout du compte ? Non. Il devait lui donner le temps nécessaire, pour remettre de l'ordre dans ses pensées et retrouver le contrôle de son corps. Aussi décida t-il de se réfugier dans la cuisine en supposant que, après cette journée intense, l'écarlate devrait sûrement avoir bientôt faim.

C'était son moment, l'instant où il pouvait tout laisser de côté pour le bien des plats qu'il allait créer...enfin laisser presque tout de côté, car son inquiétude dirigée vers la Mapleleaf n'avait jamais vraiment disparu. Il acceptait simplement que le temps était ce dont elle avait besoin et espérait que, quand elle serait prête, elle descendrait les escaliers pour venir le rejoindre. Le Pierce avait appris à être patient et, qu'il faille un jour, une semaine ou un mois à la belle pour s'extirper de sa bulle et bien...ainsi soit-il. Il serait là. Il le pensait quand il l'avait dit, quelques jours plus tôt, et sa détermination n'avait pas vacillé depuis.

Petit à petit, Nathanael sortit de quoi préparer une soupe à la queue de bœuf du côté gauche du plan de travail, tandis que le côté droit recevait une composition un peu plus particulière : de quoi préparer des ailes de poulet, avec une sauce aux cornichons pour un mélange épicé et vinaigré qui avait fait ses preuves...les quelques fois où il avait testé la recette, en tout cas. Ayant appris à faire plusieurs choses en même temps, Nathanael préparait tour à tour la soupe et les ailes de poulet, les senteurs de la soupe commençant doucement à s'échapper dans toute la maison. Il était sur le point de mettre les ailes de poulet au four, lorsqu'il fut extirpé de sa concentration culinaire, par ces deux bras venant l'entourer.
Reprenant pied dans le moment présent, ce fut en posant une main libre sur les bras autour de lui qu'il souffla :


S'écartant du plan de travail, le médicomage pivotant et lentement, doucement, passant ses mains autour de l'écarlate dans une étreinte douce aimante. Il resta là, tout contre elle, alors qu'elle essayait de mettre les mots sur toute cette histoire, sur tout le merdier qu'était devenue sa vie. Lentement, toujours au creux de son cou, le Pierce la rassura d'un :


Prenant une courte pause, l'homme s'écarta légèrement et, lentement, posa une main chaude contre la joue de la belle, avant de venir déposer son front contre le sien. Doucement, il lui souffla :


Relevant la tête, il déposant un doux baiser sur le front de la belle, avant de conclure par une simple question :

 «The greatest war ever fought, and are still fighting, where more people have been defeated and died, is the war within. »
Anthony Liccione 

Nathanael était très conscient de ses défauts, bien plus que de ses qualités en tout cas. Il savait qu'il était pessimiste, trop prompt à porter sur son dos tous les torts du monde, qu'il avait des difficultés à canaliser sa colère et, enfin, qu'il était trop secret vis à vis de ses proches qui l'entouraient. Sa femme lui avait fait la remarque à l'époque, tout comme Abigail d'ailleurs mais, tout têtu qu'il était, Nathan n'avait pas écouté, persuadé que partager ses craquelures était un signe de faiblesse, un luxe qu'il ne pouvait se permettre. Et petit à petit, ces craquelures s'étaient faites plus grandes, plus profondes, infestant un peu plus l'esprit du médicomage, jusqu'à ce que l'option de s'ouvrir aux autres ne soit plus envisageable.

Il avait trop de colère, trop de tristesse, trop de blessures en lui. Il craignait que s'il s'ouvrait complètment, il ne soit plus jamais à même de se relever, et cela n'était pas un scénario envisageable. C'était pour cela qu'il comprenait bien la lutte qui ravageait l'esprit de l'écarlate et, surtout, qu'il ne la blâmerait pas de son silence. Il ne voyait pas cela comme un manque de confiance, mais une volonté de tout porter sur ses épaules. Il comprenait, mais il savait aussi que c'était son rôle que de rappeler qu'il était là, pour le jour où la tempête se ferait trop forte pour elle seule.

Il était là et continuerait de l'être, il en avait fait la promesse.

Mais pour l'heure il avait cuisiné et, quand la demoiselle fut surprise de la recette, Nathan se fendit d'un sourire en admettant bien mystérieusement :


En réalité, il avait surtout une excellente mémoire. Il s'était souvenu qu'elle lui avait parlé de certains de ses plats préférés, à l'époque de Poudlard et, malgré tout ce temps, il s'en souvenait toujours. Pourquoi ? Parce que chaque plat avait une importance particulière, liée souvent à des souvenirs heureux et, en cet instant, le Pierce avait estimé que c'était exactement ce dont l'écarlate avait besoin.
Il s'écarta donc de quelques pas, la laissant goûter et, quand le verdict tomba, un poids sembla se soulever de la poitrine du médicomage. Il ne pouvait pas faire grand chose, mais au moins avait-il réussi ceci. C'était mieux que rien, non ? Affichant un petit sourire timide, n'étant jamais à l'aise avec le concept de fierté, son visage prit une expression bien plus sérieuse, lorsque fut le temps pour la belle de révéler quelques détails, sur les événements des semaines précédentes.

La rencontre avec le Yard, Lily s'appropriant un mystérieux carnet, l'existence des quatre sœurs et, enfin, la partie la plus difficile du discours. Lentement, les pièces du puzzle commençaient à s'aligner dans l'esprit du médicomage.
C'était à croire que toutes les femmes étaient maudites dans cette famille, ce qui expliquait sans doute l'inquiétude de la Mapleleaf. Lorsque le discours prit fin, et que l'ombre de cette menace commençait déjà à planer au-dessus de leurs têtes,  Nathanael extirpa de son esprit la première question vers laquelle sa curiosité était dirigée :


Peut-être était-ce la clé, sur la façon de Morrighan s'était trouvée ainsi mêlée à Amaranth ? C'était en tout cas ce qu'espérait le médicomage, alors qu'il s'approchait de la demoiselle. Lentement, doucement, comprenant l'effort qu'il avait fallu à la belle pour déballer tout ceci, il l'entoura de ses bras aimant. Laissant le silence s'installer pendant quelques instants, faisant de son mieux pour garder son calme malgré le poids de ces révélations, Nathanael finit par souffler :


S'écartant légèrement, Nathanael entoura le visage de la belle de ses chaudes mains, avant de lui souffler une promesse :

 «The greatest war ever fought, and are still fighting, where more people have been defeated and died, is the war within. »
Anthony Liccione 

Nathanael comprenait le désir de la demoiselle d'obtenir des réponses mais, en même temps, la terreur à l'idée que ces réponses ne fassent plus de mal que de bien. Quel serait le prix à payer, pour obtenir de ce qu'écarlate voulait ? Le Pierce s'était posé la question, oui, mais il serait prêt à payer le prix en son entier, si cela permettait à la Mapleleaf d'avoir un avenir. Mais pour l'heure il se devait simplement d'écouter, d'enregistrer, de comprendre que ces carnets étaient sans doute la clé de tout. Empêcher Aggripine de s'en emparer était donc une priorité, mais comment faire ? Comment réussir, là où cette sorcière avait pour le moment échoué ?

Le visage de l'homme se figea à la mention du mot que Amaranth ne s'autorisa pas à terminer. Il devinait le reste du monde, il devinait à quel point ce carnet devait être manipulé avec prudence et déférence. Hochant la tête, faisant signe qu'il avait compris ce qu'elle ne pouvait vocaliser, le médicomage essaya de la rassurer tant bien que mal. Enfin, quand elle vocalisa sa crainte, ainsi que la confiance qu'elle avait en eux, Nathan s'abandonna un court instant à cette étreinte bienvenue, avant de s'écarter légèrement. Plongeant son regard en elle, il lui vint alors une suggestion :


Laissant une pause s'installa un court moment, il rajouta :


Laissant une pause s'installer à nouveau, il posa sa main sur la joue chaude de la belle, avant de demander, hésitant :

 «The greatest war ever fought, and are still fighting, where more people have been defeated and died, is the war within. »
Anthony Liccione 

Nathanael se rappelait encore du premier moment où sa sœur avait posé sur lui ses yeux emplis de larmes, avant de lui poser une seule question : pourquoi ? Pourquoi cela leur arrivait-il ? Pourquoi n'avaient-ils pas pu avoir des parents aimants et protecteurs, comme tant d'autres familles ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas se sentir en sécurité, dans leur propre foyer ? Qu'avaient-ils fait pour mériter leur sort, pour mériter la fureur d'un géniteur incapable et méprisant, mis à part être simplement nés ? Nathan était trop jeune à l'époque, trop jeune pour trouver les mots, trop jeune pour faire autre chose que de prendre sa sœur chérie dans ses bras, et lui murmurer que tout irait bien aussi longtemps qu'il serait là.

Ces mots, il les avait pensés à l'époque, mais aujourd'hui il se demandait s'il n'aurait pas dû agir plus tôt, plutôt que d'attendre le décès de son épouse pour rendre à Abiel la monnaie de sa pièce. Cela aurait-il changé grand chose ? Non, le mal était déjà fait, les cicatrices déjà présentes, mais peut-être que chaque membre de sa fratrie aurait été un peu plus capable de faire confiance à nouveau, s'il avait agi plus tôt. Il ne pouvait malheureusement réécrire le passer, mais il pouvait au moins aider Amaranth à obtenir réparation et, surtout, à acquérir un avenir où elle n'aurait pas à avoir peur de baisser sa garde.

S'il devait se salir les mains pour obtenir un résultat, alors soit, il se salirait. Pourquoi ? Parce qu'elle était sa bouffée d'oxygène, après une noyade d'une décennie. Parce qu'elle était celle capable de lui donner l'espoir, la volonté de vivre et pas seulement survivre. Parce qu'elle était ce qu'il ne pensait plus avoir, ne pensait plus mériter et pourtant...pourtant il demeurait couard. Il savait ce qu'il ressentait et ne le disait pas, peut-être parce que c'était évident, ou parce qu'il se savait maudit, incapable de protéger la prunelle de ses yeux. Alors, pour un temps au moins, s'il ne vocalisait pas ce mot qui demeurait sur le bout de sa langue, Amaranth demeurait hors de portée de cette silencieuse malédiction.

Et pourtant, alors qu'elle lui dérobait un baiser et qu'il la voyait se diriger vers le plan de travail, les lèvres du Pierce mimèrent les mots qu'il ne pouvait admettre, sans qu'aucun son ne sorte. Il essayerait d'attendre, d'attendre que la situation soit résolue, que ses mots signifient réellement quelque chose, plus qu'un simple bandage sur une plaie ouverte.

En un mouvement de poignet, usant de magie sans baguette, la porte du four s'ouvrit, et le plateau s'en extirpa pour se poser sur les plaques, juste devant. La senteur du poulet embaumait déjà l'atmosphère et, comme pour répondre à cette odeur, l'estomac de Nathanael se réveilla enfin, laissant apparaître un petit sourire gêné au coin des lèvres du concerné.
Le sourire de la belle lui faisait penser à celui de sa sœur, sa douce protégée qui lui manquerait terriblement, ces derniers temps. Laissant passer un brin de nostalgie sur son visage, se remémorant l'époque où Abi était assise à côté de lui, sur un tabouret, faisant ses devoirs pendant que lui faisait à manger pour eux, Nathanael chassa ces souvenirs dans un coin de son esprit, alors qu'il débouchait une bouteille de vin rouge, pour l'occasion. S'approchant du plan de travail, il attrapa une cuillère et ne tarda pas à goûter à la soupe, avant d'admettre :


Il ne serait jamais un chef étoile mais...il savait se débrouiller, avec ce qu'il avait sous la main. En un mouvement de la main, la louche, les bols et les assiettes prirent vies, se répartissant entre deux bols et deux assiettes que Nathanael ne tarda pas à présenter, sur un ton exagéré cérémoniel.


Invitant la demoiselle à aller prendre place sur la table du salon, Nathanael effectua un nouveau mouvement de poignet et, déjà, animés par une vie qui leur était propre, les bols, assiettes et couverts voletèrent pour retrouver leur juste place, sur la table. Attrapant la bouteille de vin et deux verres, pour l'occasion, le Pierce les remplit tous deux en chemin avant de prendre sa place, à la droite de la belle pour, cette fois, manger à côté d'elle.
Un petit regard sur le côté, dans la direction de l'écarlate et, déjà, il attrapa le verre de vin devant lui. Laissant son regard se perdre dans le liquide carmin qui dansait entre ses doigts, il finit par admettre à voix baisse :


Réconfortante ? Appaisante ? Merveilleuse ? Radieuse ? Tout à la fois, peut-être. Face à cette idée, il ne put s'empêcher de se rappeler quand il avait été aussi apaisé et, bien sûr, il se rappela aussi l'événement qui lui avait arraché cet autre futur qu'il n'aurait pas.


Joignant le geste à la parole, il leva son verre pour trinquer à ces étonnants derniers jours, et ce moment de tendresse partagée.