Effigo Faciem. (OS? Dilshad?)?)

« Ouvre ! »
5 novembre 4h56 du matin

J’avais refusé de boire ce soir là, pourtant j’en mourrai d’envie. Au pied de sa boutique, on était entre chien et loup. Le soleil allait se lever dans pas longtemps et je n’avais pas dormi de la nuit. J’avais passé mon temps à errer dans Londres, à penser à ce que m’avais dit Siobhan et aussi Améthyste. La première, m’avait encore écarté de sa vie, pour… je ne savais encore quelle raison. Et la deuxième, en qui j’avais pensé retrouvé le réconfort nécessaire avait dit… qu’il nous fallait du temps.
Et le troisième, ne me parlait plus depuis quatre jour. C’était rien, quatre jours. Mais pour moi, surtout maintenant c’était beaucoup.

« Dilshad… Je vais faire sauter ta boutique ! »

Mon manteau claquait et je réajustais de rage mon chapeau havre sac en feutre sur ma tête. Blême, j’étais totalement perdu. Mes yeux transpirait l’égarement. Parce que j’étais en train de tout perdre, et… d’un coup.

« Ah tu veux pas ouvrir... »

Je tambourinais de désespoir contre sa porte. Mais… je savais bien qu’il n’ouvrirait pas. Je me mis alors à beugler au milieu de la rue :

« Je suis désolé ! T’entends ! J’ai fait avec toi comme j’ai fait avec les autres et je suis en train de tout perdre ! Ouvre je t’en congure ! M’oblige pas à te supplier Dil... »

La rue était totalement déserte. J’appuyais mon front contre la porte de la boutique quand soudain…

« Professeur Korrigan ? C’est vous qui faites autant de bruit à cette heure ci ? Je… euh… je vais demander de vous arrêter, sinon je serai dans l’obligation de vous conduire au poste et... »

« Grivin, vous êtes sérieux ? Vous allez arrêter votre ancien directeur de maison et professeur préféré ?! »

« Je ne fais que mon travail monsieur et... »

Je levais ma baguette. Il y eu un nuage de brouillard et Grivin recula sortant sa baguette apeuré mais… la baissa de désespoir. Face à lui cinq Luke se tenaient debout. Mon Effigio Faciem, le sort que j’avais inventé marchait toujours aussi bien.

« Professeur Korrigan… je vous en conjure... »

Le Luke 1 leva les mains vers Grivin, en parfait innocent et commença à dire :

« Je viens voir un ami, je vais pas bien. J’ai besoin de lui parler. »

Le Luke 2 ramassa une pierre et la balança contre une vitre des étages supérieurs.

Luke 2 : « Ouvre ! C’est urgent ! »

Le Luke 3 mit ses mains en porte voix : « Tu te rends compte dans l’état dans lequel t’es en train de nous mettre ?! »

Luke 4 : « Je pense que ça sert à rien d’insister… On devrait rentrer et aller s’excuser auprès de tout le monde... »

Luke 5 : « C’est ça ! Manquerait plus que ça ! DILSHAD OUVRE C’EST LA ZIZANIE DEPUIS QUE T’ES PLUS DANS NOS VIES ! »

05.11.2023. Dilshad sursauta dans son lit. Un juron en urdu traversa ses lèvres alors qu'il entendait tambouriner à la porte de sa boutique. Son porte-manteau, Porto, s'était précipité dans sa chambre. Ce dernier semblait danser sur place, faisant de grands gestes avec ses branches pour lui indiquer quelque chose. Dilshad, les yeux mi-clos, ne put s'empêcher de les plisser un peu plus vers Porto avant d'allumer sa lampe de chevet après une légère caresse de son index sur le verre.

Aussitôt, Porto se remit à danser, s'arrêtant quelques instants pour mimer quelque chose avant de se remettre à sautiller sur place. Dilshad leva les yeux au ciel. Repoussant ses draps et ses couettes, il sortit du lit, enfilant rapidement ses chaussons. Il attrapa sa baguette magique pour tapoter son pyjama qui devint un joli kurta bleu nuit assez sombre, puis il s'élança à la suite de Porto qui dévalait déjà les escaliers.

Poussant la plante qui protégeait la vue de l'escalier, Dilshad reconnut enfin les voix qui se faisaient entendre de l'autre côté de la porte. Il se figea instantanément.

« - Vraiment ? Le coup du mec bourré qui s'excuse ? » Avait-il dit l'air agacé avec sa tête endormie.

Soupirant, Dilshad se dirigea malgré tout vers la porte d'entrée qu'il ouvrit d'un coup.

« - QUOI ? »

Dilshad vit alors un agent de la Brigade de Police magique qui semblait tout à fait perdre ces moyens devant l'hystérie du Directeur de Poudlard.

« - Il est 5h du matin, Luke Korrigan. Qu'est-ce que tu fais là ? »

Il n'était pas particulièrement robuste physiquement. Son corps était plutôt quelconque pour un homme de son âge. Néanmoins, Dilshad s'était mis au milieu, occupant suffisamment l'espace pour empêcher quiconque d'entrer.

Sur son visage fatigué, on pouvait lire une colère froide. Dilshad n'avait toujours pas digéré leur dernière conversation. Et même si Luke restait son ami, il y avait des sujets sur lesquels le mécamage n'aimait pas s'épancher pour des raisons évidentes. Pour tout avouer, c'était un sujet qui provoquait toujours une réaction incontrôlée chez le sorcier d'origine pakistanaise. Un signe d'un traumatisme profond qui ne se guérirait probablement jamais.

Dilshad avait beau savoir que Luke était un peu pareil que lui (à savoir quelqu'un avec un quotient intellectuel qui prenait parfois tellement de place que ça en écrasait les compréhensions sociales en exacerbant un autre côté de leur personnalité), il n'arrivait pas à passer l'éponge là-dessus. Et ce n'était pas en lui faisant des excuses semblables à celle d'un homme ayant trompé sa femme que les choses se tasseront d'un claquement de doigts.

Luke savait qu'Anwar fut, était et resterait un sujet particulièrement sensible pour Dilshad.

Enfin il sortit ! Dans son plus beau pyjama. Je tapais alors dans mes mains et tous mes autres autres moi disparurent dans un POP retentissant, révélant des pierres de toutes les couleurs qui revinrent alors dans mon chapeau. Avec élégance, je remis ce dernier sur ma tête et je sortis une pipe assez longue de la poche intérieure de ma veste, chose que je ne faisais que très rarement, pour les situations extrêmes. D’un coup de baguette j’allumais cette dernière et je regardais le Brigadier.

« Il est là Grivin, vous voyez ! Inutile de vous mettre en colère mon p’tit... »

Je tirais une bouffée et le brigadier prit son courage à deux mains pour dire :

« Je dois quand même vous mettre une amende, Professeur Korrigan. »

Je roulais des yeux. Le brigadier tira une plume et griffonna l’amende magique qui vola vers moi. J’écarquillais les yeux.

« 30 gallions ! On sait où va l’argent public Grivin ! T’entends ca Dil ? 30 gallions pour un peu de remue ménage ! »

Mais Grivin roula des yeux, et transplana. Me laissant seul avec mon ami. Quand il fut parti, j’enflammais l’amende qui s’évapora en une forme d’oiseau de feu en volant vers le ciel.

« Voilà c’que j’en fais de son amende. » grommelais-je

Tirant sur ma pipe, j’en avais presque oubliée la raison de ma venue. Je m’avançais avec vers mon ami et je lui posais une main sur l’épaule. Un peu tremblante certes.

« Je suis désolé. Pour la dernière fois. C’était déplacé. J’aurai pas du. Je… parfois j’oublie qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Tiens, en guide de dédommagement. »

De mon chapeau havre-sac, je sortis un bouquet de rose, et je lui tendis.

« Voilà. Il paraît que quand on veut s’excuser, on offre des fleurs… J’ai pris des roses ahah ! Parce qu’un Pakistanais avec des roses c’est toujours super drôle... »

Je lui tendis en pouffant un peu de rire, et je pris une nouvelle bouffée. Finalement je fis disparaître les fleurs en tapant dans mes mains et je le serrai dans mes bras.

« Je déconne ! Je déconne. T’enfuis pas. Pars pas. J’ai besoin de toi dans ma vie. J’ai… j’ai fait une grosse connerie. Deux, grosses conneries... »

Je le regardais en le prenant par les épaules. J’arrêtais de fumer proche de lui. Cette dernière commençait à former des navires de guerre et des décors en tout genre, comme à chaque fois que je réfléchissais en fumant.

« Trois, si on compte celle que j’ai fait avec toi. Je peux rentrer ? Deux minutes promis. »

05.11.2023. Dilshad leva les yeux au ciel, agacé par ce spectacle et désolé pour ce pauvre agent de la BPM. Luke était imbuvable. Il était cinq heures du matin et il faisait chier son monde. Au-dessus de certaines boutiques, quelques lumières commençaient déjà à s'allumer pour préparer la journée ou pour suivre ce qui était en train de se passer. Luke ne tarda pas à défaire ses clones qui disparurent dans un sillage de pierres précieuses en direction de son havre-chapeau. Dilshad pesta.

« - En effet, 30 gallions, c'est bien trop peu. » Répliqua le sorcier lorsque Luke se permit de faire de l'esprit et de profiter de son statut de directeur de Poudlard avec ce pauvre agent de la police magique.

Dilshad, à la place de Grivin, lui en aurait filé une centaine avec un procès-verbal pour outrage à agent. Le policier disparut et Luke ne trouva rien de plus intelligent que de la brûler. Le mécamage secoua la tête, dépité.

« - Tu ne viendras pas pleurer quand ils te relanceront avec de la majoration dessus. » Souligna Dilshad, un brin acide.

En faites, toute cette situation l'agaçait. Luke, certes bien intentionné, venait s'excuser de la pire des façons, en faisant chier son monde, y compris Dilshad qu'il réveillait bien avant son heure de lever. C'était à la fois frustrant et usant.

De plus, il n'avait toujours pas pu voir @Maeve Cynfeirdd pour faire un débriefing de cette histoire afin de pouvoir poser le pour et le contraire. C'était comme si Luke lui donnait le bâton pour se faire battre. D'ailleurs, il n'y avait que cette amitié si profonde qui les unissait pour l'empêcher de le saisir afin de lui taper dessus.

Le sorcier d'origine pakistanaise observa les roses sortis du chapeau de sorcier de Luke plus dépité que jamais. Dilshad l'observa de haut en bas, de bas en haut, sans rien dire, sans faire aucun geste pour les récupérer. Il avait cette impression plus que douloureuse que d'être un dindon prêt à se faire farcir par le Korrigan pour des raisons qui le dépassait pour le moment.

Dilshad s'apprêta à partir lorsque Luke le saisit contre lui. Cela eut l'effet de provoquer sa colère.

« - NON, LUKE. NON, TU NE PEUX PAS RENTRER. »

Il se défit du mieux qu'il put de l'étreinte de son ami.

« - C'est cinq heures du matin. Tu fais un bordel sans nom devant ma boutique, tu envoies un pauvre agent venu faire son travail sur les roses, tu me réveilles et en plus tu te prends de la pire des façons pour t'excuser des propos que tu as tenus ! »

Dilshad était réellement énervé. D'un geste agacé, il tenta de mettre une mèche rebelle derrière son oreille avant de reprendre.

« - Donc non, je t'excuse pas ! Je veux que tu me laisses TRANQUILLE ! »

Dehors, on entendit une fenêtre s'ouvrir.

« - C'EST PAS BIENTÔT FINI CES CONNERIES ? »
« - PARDON MONSIEUR GRAHAM, LE PROFESSEUR KORRIGAN ALLAIT PARTIR ! » S'écria Dilshad en passant la tête par-dessus l'épaule de Luke pour répondre à son voisin à qui il était bon de devoir lui mener des gâteaux de sa mère pour s'excuser du bazar créé par son ami.

Dilshad se recula, main sur la porte et conclut :

« - Au revoir, Luke. »

Et il ferma la porte avant d'aller se recoucher. Le sommeil ne viendrait pas, c'était certain. Il le savait. Il attendrait une demi-heure pour se calmer avant d'aller se doucher.

Je fus surpris de la réaction de mon ami. Je levais alors les mains, plus triste que jamais. Je restais silencieux, face à la porte et je baissais la tête dans un rictus qui m’était propre. Je soupirais, laissant sortir ce qu’il y avait à sortir. J’étais isolé, perdu et… je n’avais nul par où aller ni qui voir. Les mains dans les poches donc, je restais un long moment devant la porte, quand je me rendis compte que Monsieur Graham m’observait encore. Il devait attendre que je parte.

« Vous savez ce que c’est… Les histoires d’amour !  Je lui ai brisé le coeur et c’est ma faute. J’pense qu’il reviendra… Et on pourra s’embrasser comme des vrais hommes, M’sieur Graham. »

Les volets se fermèrent et je souris en coin, fier de ma petite victoire mauvaise sur Dilshad. Maintenant, tout le monde penserait dans le quartier qu’on était en couple. Ca lui apprendra, à me fermer la porte au nez. Faisant quelques pas, je regardais une dernière fois la boutique, les mains dans les poches de ma veste. Ressortant ma pipe, j’envoyais quelques bouffées de fumées en forme de démons monter à sa fenêtre, et les larmes aux yeux, je marmonnais.

« Tu comprendras que j’avais raison, mon ami. »

Et je transplanais, en réajustant mon chapeau bien évidemment.