Sous les verrous. (Maeve)

« Et donc là, ma fille se barre. Ni une ni deux elle me snobbe comme un pote de la semaine dernière. »

J’étais dans les geôles de Caer Cynfeirdd. Je discutais avec un des elfes du château. Je m’étais présenté à la porte, et bien évidemment, je n’avais pas voulu décliné l’objet de ma visite. De un, parce que je n’avais des comptes à rendre à personne, et de deux, parce que c’était personnel. Aussi, on m’avait attribué un elfe pour me surveiller le temps que la maîtresse de maison daigne descendre pour me recevoir. J’étais donc assis sur ce petit banc de fortune, à me confier à… un elfe.

« Sur ceux, qu’est ce que je fais, je vais voir mon meilleur ami. Dilshad. Mais si, suis un peu j’en ai parlé tout à l’heure quand on parlait des enfants pour situer. Et tu sais pas ce qui se passe ? Même traitement ! On me snobbe. Et là, pire que tout, je perds 30 gallions et en plus il me claque la porte au nez ! »

Je regardais l’elfe, jouant avec quelques cailloux. Il attendait Maeve, droit comme un I mais m’écoutait avec une petite passion non feinte. Les elfes avaient l’avantage d’être entier.

« Ne te marie jamais et ne fais jamais d’enfants. » lui dis-je très sérieusement.

Je me remis en mouvement. Faisant les cents pas dans cette petite prison, j’avais de quoi réfléchir. Observant la décoration un peu lugubre, je les trouvais quand même plus sympathique que certains cachots de Poudlard. Croisant les bras, je poursuivais :

« Tu ferais quoi toi ? Après t’être excusé auprès de tout le monde ? C’est vrai, je peux pas les forcer à m’aimer. Et pourtant dieu sait que je les aime… Tous. Et voilà comme on m’le rend. Ya un truc qui tourne pas rond. Et tu sais ce que c’est bonhomme ? »

L’elfe toujours droit, tenait sa torche devant lui et fit un petit non de la tête.

« C’est qu’ils me cachent tous un truc énorme. Freya, Siobhan, Finn, Dilshad. Améthyste. Tous. Ya des secrets qu’ils ne veulent pas me dévoiler, et ils ont peur. J’en suis persuadé. Parce que contrairement à ce que ma fille prétend, j’dis toujours la vérité et... »

On entendit des bruits de pas. Je tapais alors dans mes mains.

« Motus et bouche cousu Pompei. C’est entre nous. »

Je m’appuyais contre les barreaux de la cage, avec ma pipe qui envoyait différentes formes de fumées au dessus de moi. J’avais pris soin de me donner ce petit air mystérieux avant l’arrivée de la maîtresse des lieux.

« Voilà comment on traite la famille et le Directeur de Poudlard au Pays de Galles donc ! »

Je me retournais, la gueule en coeur et le chapeau un peu de travers, je le réajustais dans un tique nerveux.

« T’as mis du temps. T’as fais exprès. Avoue. »

J’indiquais ma baguette, posée à côté de l’Elfe.

« Si on pouvait me rendre ça. T’as vu, j’ai été sympa, j’ai pas tout foutu en vrac quand on m’a conduit ici. Certainement une idée de ton père. Y ma jamais aimé. Comme tout le monde ici d’ailleurs. De toute façon, aujourd’hui… J’crois que plus personne ne m’aime. »

Et je m’étendais sur la paillasse dans la geôle, fumant ma tristesse.

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Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

S'il y avait bien une chose que Lady Aderyn abhorrait entre toutes, c'était qu'on s'arrange avec les règles quelles qu'elles soient. Elle s'était donc fait un malin plaisir de disqualifier les requêtes de Luke Korrigan lorsque l'un des elfes de Rowene les lui rapporta. C'était pur hasard d'ailleurs. Il aurait tout aussi bien pu tomber sur Geraint si celui-ci n'avait pas été en train de ronfler à en faire trembler la forteresse. Il valait peut-être mieux que ce ne soit pas tombé sur lui, sans quoi l'elfe serait reparti avec une permission d'envoyer paître. Son épouse, elle s'était contentée d'épier la mauvaise plaisanterie qu'elle venait de jouer sans qu'une seule fois son nom ne soit prononcé. Elle retourna ensuite se coucher, très satisfaite et assurée que ses instructions seraient suivies à la lettre.

***

Dans la petite cellule où dormaient les fabuleux trésors des Cynfeirdd, Maeve suivait difficilement les lignes d'un énorme et antique tome du bout du doigt. A cette heure avancée de la nuit, les dorures et les enluminures ne faisaient rien pour aider ses yeux las, non plus que la casse minuscule des caractères tracés main. Elle finit par abdiquer devant l'horrible constat qu'elle n'en était toujours pas à la moitié de sa lecture. Si elle n'avait pas la moindre idée de l'heure, elle se doutait qu'il n'était plus temps d'aller se coucher. Une rapide balade sous les embruns glacés de l'océan lui donnerait sans doute le petit coup de fouet dont elle aurait besoin pour faire illusion puisqu'elle avait horreur du contre coup piégeux des potions d'endurance.

Encore toute à ses pensées, elle quitta donc la petite pièce dissimulée au fin fond d'un dédale de boyaux sans éclairage, sa baguette tendue devant elle pour compenser. Après une petite vingtaine de minute, elle s'apprêtait à laisser sur sa droite la geôle au squelette vermoulu quand elle réalisa qu'elle venait de laisser à sa gauche, un autre invité dont elle n'avait pas connaissance, celui plus en chair d'ailleurs. Sur le coup, c'était surtout la lumière chaleureuse qui l'avait tirée de ses ruminations. Plissant le front, revenant lentement en arrière de quelques pas alors qu'elle reconnaissait déjà la voix de Luke, elle avisa qu'on l'avait privé de sa baguette, ne prêtant qu'une oreille encore distraite aux doléances de son beau-frère.

« Pour tout te dire, je ne savais même pas que j'allais te trouver là. »

Elle ne doutait pas que ça lui vaudrait tout un interrogatoire et qu'il lui faudrait sans doute justifier que ça n'était pas un mensonge éhonté si ça n'était pas de sa simple présence dans les cachots. Il n'était pas chose publique que l'on n'accédait au trésor des Cynfeirdd par ce sinistre chemin où l'humidité de l'océan, les couloirs bas et étroits et le manque d'éclairage n'invitaient guère à la promenade.

« ... à une heure aussi matinale. »

Elle s'adossa au mur d'en face, sans donner le moindre signe qu'elle s'apprêtait à le libérer. Elle eut un petit rire malgré tout quand elle l'entendit se plaindre du désamour qu'on lui portait et se vanter tout à la fois de s'être conduit correctement.

« Tu t'appliques toujours à te rendre détestable mon pauvre Luke. C'est tout de même curieux que tu aies terminé ta nuit dans mes geôles sans aucune raison... »

Mais il ne l'écoutait pas vraiment, totalement englouti par cette triste aura qui lui collait comme une seconde peau.

« Et si tu me racontais ce que tu fais ici... », fit-elle en faisant apparaître un petit banc de pierre pour s'asseoir de son côté du couloir. Un petit sortilège de métamorphose d'ailleurs...

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Je me rasseyais, soupirant et ne répondant pas tout de suite à sa question. Bourrant ma pipe, je fis cela toujours avec grande précaution. Chose d’ailleurs qu’elle pouvait remarquer… Je m’étais remis à fumer. La dernière fois qu’elle m’avait faire ainsi, Eochaid devait être encore en vie. De profil donc, appuyé contre les barreaux, je m’appliquais à remettre du tabac en faisant comme d’habitude des petites grimaces propres à moi :

« Aucunes raisons, pas vraiment. J’mérite ma place ici… »

Ca ne souriait plus du tout. Avec Maeve tout était différent. Je ne pouvais pas faire semblant. Je ne pouvais pas non plus lui mentir. Au départ d’Eochaid, un lien avait naquit entre nous, qui faisait que si l’on n’était pas honnête l’un envers l’autre, on sombrerait certainement tous les deux. Enfin… Ce pacte semblait loin désormais. Relevant la tête en arrière et aspirant une bouffée, je ne la regardais toujours pas.

« Aderyn s’est joué d’moi. Enfin, je lui ai laissé croire que j’avais fais exprès de me laisser capturer. Ca redore sa confiance en elle, et moi, ça me met au calme pour réfléchir et penser. Et puis, j’étais en bonne compagnie. »

Je désignais du bout de ma pipe l’elfe. Qui se mit à sourire timidement en coin. J’avais toujours eu ce don de me faire aimer des elfes de maisons. Un pincement au coeur se fit sentir, quand je pensais à Flinky.
Finalement, j’inspirais encore un peu de fumée et… je commençais lentement à déballer mon sac.

« Je suis ici parce que, comme tu le sais, à chaque fois que la situation m’échappe, je viens vers toi pour recoller les morceaux. »

Je me tournais enfin vers elle. Dans un soupire triste, je ne pus garder mes yeux dans les siens plus de quelques secondes. Tirant à nouveau quelques bouffées, qui prirent la forme d’oiseaux qui s’envolèrent de la cage, je continuais lentement et prudemment.

« Et parce que quand je fous ma vie en l’air, la seule capable de me remettre sur les rails depuis la mort d’Ether et l’absence d’Eochaid, c’est toi. Et Dilshad. Mais… j’y étais y’a deux minutes, n’y va pas. Crois moi, on est très mal reçu ! »

Je la regardais très sérieusement. L’humour repointait un peu, mais… elle savait bien que c’était toujours pour masquer la vérité. Toujours. Qu’en réalité, j’avais peur que le monde m’échappe et que tous mes proches suivent la même destinée qu’Ether, ou Eochaid. Et que, si je ne contrôlais pas l’ensemble du tableau, une catastrophe allait arriver. Contrôler, pour protéger, et anticiper. Sauf que… ça ne marchait plus vraiment comme avant.

« Je continue de faire n’importe quoi avec ceux que j’aime. Sio, Améthyste, Dilshad… Pourtant, je veux que leur bien. Je veux que les protéger. »

Je regardais le mur d’en face, sans véritablement le voir.

« Siobhan me cache quelque chose. Je le sais, je l’ai éduqué. Elle m’a attaqué direct, sans préavis le soir du Bal au Ministère, elle n’agit jamais comme ça. Elle a provoqué ce qui a suivi. »

Je continuais de regarder le mur.

« Dilshad, ne veut pas m’écouter. On s’est disputé à propos de son fils. Je sais que c’est dur à encaisser mais… je sais au fond de moi que rien n’est perdu pour lui. »

Je fis ensuite un vague mouvement de la main qui tenait ma pipe.

« Quand à Améthyste, ma nouvelle petite amie, enfin… si on peut appeler ça ainsi, elle a soit disant besoin d’un peu temps. Pour nous. Alors qu’en réalité, elle me cache certainement des trucs liés à ce qui a été écrit sur elle dans la presse. Je ne sais pas si c’est la peur de l’engagement… Ou la honte. J’en sais rien. Même moi d’ailleurs, la dedans, je sais pas ce que je veux. J’ai l’impression de tromper Ether. »

Mes dernières paroles s’étaient retrouvés sourdes, quasi muette. Ma gorge s’était nouée. Je ne pleurais jamais en public. Bourrant à nouveau ma pipe, pour la énième fois depuis qu’on était ici, je retirais une énorme bouffée de tabac pour éviter de penser encore une fois à elle. Mais ça m’était impossible.

« Et toi ? Par quel heureux hasard tu viens aux cachots ? » dis-je toujours sans la regarder, et mettant désormais mon chapeau sur les yeux, en position de repos, mais pour surtout éviter qu’elle ne voit mes yeux.

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« Je doute que ma mère ait besoin de ce genre de stratagème. »

Maeve sourit malicieusement. Sa mère était la plus adorable des vieilles dames, mais elle pouvait être aussi une vraie teigne quand elle avait quelqu'un dans le collimateur. Luke faisait partie de ces rares chanceux. Trêve de plaisanterie, le fait que son beau frère ne se rebelle pas plus que cela à ce qui avait déjà tout l'air d'un interrogatoire en disait déjà long. De même que cette pipe qu'elle avait toujours détestée. Mais elle ne fit aucun commentaire. Le laissant faire pour peut-être mieux l'observer.

Finalement, elle se décida à ouvrir pour venir s'asseoir contre lui, comme au bon vieux temps. Les langes et les biberons à la chaîne étaient loin derrière eux mais ils en avaient gardé un lien de proximité dont peu soupçonnaient la profondeur. C'était que Luke et Maeve se montraient rarement aussi intimes en public. Il n'y avait pas spécialement d'arrière pensée là dedans mais Luke avait cette fâcheuse tendance à toujours aller à la provocation quand il avait un public.

« Je ne vois pas ce qui t'étonne pour Dilshad. Ça n'était pas bien malin d'agiter Anwar comme carotte pour lui forcer la main... à quoi tu t'attendais Luke ? Tu ne peux pas te permettre de lui donner de faux espoir, c'est trop cruel. Imagine si c'était un des nôtres... » le reproche était fait d'une voix douce qui l'invitait plus à battre sa coulpe et adopter le point de vue de leur ami commun qu'à partir au conflit. Mais avec Luke on ne savait jamais...

Ils avaient toujours parlé de leurs enfants, depuis le jour où ils avaient commencé à les élever tous ensemble. Leur petit troupeau de tête blondes et rousses, ils l'avaient veillé tour à tour comme lait sur le feu. Alors oui, Maeve n'avait pas de mal à se mettre à la place de @Dilshad Zaman . Elle aurait tout brûlé sur son passage si on avait touché ne serait-ce qu'un cheveu de @Freya Korrigan , @Finn Gavalagh-Korrigan ou @Siobhán G. K. Almadovar .

« Tout le monde ne te cache pas quelque chose. Ecoute-toi sérieusement ? Tu as seulement l'impression que tout t'échappe et c'est probablement le cas. On ne peut pas tout contrôler. »

Elle lui adressa un long regard, le laissant poursuivre avant de promettre.

« Quand tu auras dormi là-dessus, si tu penses toujours qu'on te cache des choses, je te promets de me pencher sur le cas de Siobhán. »

Elle la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était par nature, tout aussi capable du meilleur que de se trouver dans quelque chose de réellement grave. Il ne pouvait pas y avoir de juste milieu. C'était de famille.

« Alors raconte... C'est une jeune femme rationnelle. Il n'y a rien que vous ne sauriez résoudre avec une conversation honnête, mais il faudra d'abord te purger de tes émotions pour pouvoir l'aborder sereinement. Prends du recul sur ce qu'elle te dit. Essaie de faire la part des choses entre ce qui est purement réactif et ce qu'elle essaie vraiment de te dire. Et surtout soi franc, sans détour. Siobhán déteste que tu lui caches des choses... »

Quant à @Améthyste Miller , elle n'avait pas suffisamment de recul pour dire. Le temps où elles s'étaient brièvement fréquentée sur les bancs de Poudlard, avant que la Gryffondor ne disparaisse des radars, était ben lointaine.

« Je savais bien qu'il y avait fangieux sous roche quand je vous ai vu l'autre jour à l’infirmerie... Le plus simple serait probablement d'avoir là aussi une conversation honnête et transparente. »

A la mention d'Ether, Maeve quitta Luke du regard, remettant en perspective les mots terriblement durs d'Eochaid quand il l'avait quitté. Après coup, elle se disait que cette colère, c'était le dernier cadeau de l'irlandais. Une forme de liberté terrible. Celui qui lui avait sans doute évité que le frein de la culpabilité ne s'éternise trop longtemps.

« Tu ne trompes pas Ether, Luke. Tu es juste en train de laisser derrière toi une étape de ce deuil et c'est une bonne chose. Même si c'est dur... »

Cette fois, elle replongeait son regard longuement dans celui de Luke, cherchant quelque chose de précis.

« Heureux, je ne sais pas. Je cherchais des informations sur la meilleure manière de forcer un ysbryd à se réincarner... »

Elle s'éclaircit la voix pour se donner l'air sans doute moins coupable. Elle savait ce qu'il pensait de son jusqu'au boutisme en ce qui concernait son ours de mari...

ysbryb : spectre en gallois

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Je restais assis, et quand elle rentra pour se poser contre moi, je me mis à soupirer. Comme un grand frère qui détestait quand sa petite sœur faisait ça, alors qu’au fond c’était ce dont il avait besoin et c’était ce qui lui fallait. J’éteignis ma pipe pour Maeve, et je chassais la fumée en faisant un éventail avec ma main. La rangeant avec soin, je ne disais rien. Profitant un peu de l’instant qui était bien rare, et de plus en plus avec le temps. Tout contrôler. Bien sur que j’en étais là, et que c’était mon plus gros défaut mais… si on ne contrôlait pas les choses, tout partait dans tous les sens et on était exposé.

« Non. Tout le monde ne me cache pas quelque chose. Ils m’en disent de moins en moins. Certains parce qu’ils grandissent, ou mûrissent. Et d’autres parce qu’ils ont toujours eu un petit caractère de merde. Et le père et le fils ont le même caractère. Si je suis pas dans leur vie et si j’essaie pas d’arrondir les angles ils vont faire n’importe quoi ! »

J’avais toujours besoin de faire quelque chose. Vu que je ne fumais plus, j’avais pris mon chapeau et je commençais à jouer avec tout en réfléchissant. J’avais remarqué que Sheraz et Dilshad se ressemblait étrangement sur pleins de points. C’était curieux d’ailleurs car ils n’avaient pas vécu ensemble plus que ca. A croire que le caractère était inné. C’était pour ça que Siobhan était aussi relou que sa mère.

« Merci. » dis-je en réponse à sa promesse.

Je tournais la tête pour l’embrasser sur le dessus du crâne et je reprenais mon feutre pour jouer avec. On entendit des bruits de verre brisés à l’intérieur, mais ça n’avait rien d’étonnant quand on savait le désordre qu’il y régnait.

« Quand je la vois, j’ai l’impression de revoir Ether. Tu te rappelles quand je l’ai présenté à Eochaid pour la première fois ? Cet imbécile lui a demandé si son frère était hypnotisé par sa magie de harpie ou s’il était vraiment amoureux, que j’étais tellement débile que j’étais pas capable de faire la part des choses entre une vélane et la femme de ma vie... »

Je me mis à ricaner. Eochaid avait toujours été dur avec moi, mais j’avais appris avec le temps que c’était uniquement parce qu’il m’aimait et qu’il avait toujours voulu me protéger du Clan et de sa brutalité, que je n’avais jamais eu. Du ricanement, je me mis alors à rire avec mélancolie. Bien sûr que Maeve s’en rappelait, puisqu’elle était là également.

« Et elle lui a simplement souris. Puis elle a dit... »

Je me tournais vers Maeve, les larmes aux yeux de rire. Ce souvenirs transpiraient et ressortaient au meilleur moment. Je pris alors les intonations de la voix d’Ether, à savoir droite directe et sans appel comme Siobhan le faisait pour dire :

« L’amour est un délire qui donne la force, le courage, le génie et la vertu à l’être faible, timide, stupide et vicieux, si celle qui le fait naître l’exige. »

J’éclatais encore de rire, mais en essayant quand même de me calmer pour me tourner vers Maeve et dire :

« La tête d’Eochaid... »

Je soupirais. D’un long soupire mélancolique et profond qui voulait tout dire. Qu’ils me manquaient, bien sur. Et je savais qu’à côté de moi il y avait quelqu’un qui partageait ma peine. Quelqu’un qui, dans les épreuves que la vie nous avait mis dans les roues, s’était retrouvé ma plus puissante alliée, amie et confidente.

« Ils me manquent beaucoup. » dis-je simplement comme une évidence. « Et je me dis que s’ils avaient été là, ça aurait été bien différent aujourd’hui pour les enfants. Et donc, j’essaie de faire de mon mieux. De retarder le moment où elle aura plus besoin de moi. Donc je me rends indispensable, je lui mens pour la protéger alors qu’en fait c’est juste moi que je protège. Parce que j’ai la trouille qu’elle s’en aille, et de ne plus rien avoir. Si elle part, c’est comme si Ether était morte pour rien, comme si j’avais brisé la promesse que je lui ai faites avant qu’elle meurt. »

Je repris mon feutre, continuant de le faire tournoyer dans ma main d’un geste mélancolique. Il était usé. C’était un cadeau d’Ether d’ailleurs…

« Je lui ai menti toute sa vie, parce que j’ai promis à Ether de rien lui dire sur ses origines avant de mourir. Parce qu’elle savait que sa sœur voudrait la détourner du chemin. Et… je suis en train de faire tout le contraire avec ce foutu mensonge. J’ai bien vu, à l’infirmerie, comment elle regardait sa tante. Son regard brûlait de mille questions, voulait tant en savoir, et ne comprenait pas pourquoi je n’avais jamais rien dit. J’ai pas besoin d’être Legilimens pour savoir ce qu’elle ressentait. Et tout ça, c’est entièrement ma faute. »

Maeve me regarda dans les yeux. Elle savait que je n’avais jamais rien pu lui refuser. Mon esprit arithmétique réfléchit durant quelques secondes, prenant en compte l’ensemble des informations que cette courte phrase voulait dire. Avec un soupire, je répondis :

« Il y a un livre de druidisme ancien, à Poudlard, qui parle de ce genre de chose. Si tu ne l’as pas trouvé, c’est que je l’ai enlevé de la Bibliothèque et de la Réserve. Il est dans mon bureau depuis Août. »

Avec calme et sérénité, je sortis une petite pierre en forme de clef, avec du granite irlandais de chez moi preuve que j’avais personnellement enchanté l’endroit pour que personne ne vienne.

« Tiens, tu trouveras ton bonheur. Si on peut appeler ça comme ça. Mais… Ne fais surtout rien seule Maeve. »

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Elle l'écoutait faisant au mieux pour chasser ses vieux réflexes de psychomage qui ne manqueraient pas de revenir au galop dans cinq minutes. Elle détacha son regard de celui de son beau frère un instant, avant bras reposés sur les genoux.

« Wow wow wow, doucement. Ne mélange pas tout. Tu as l'air tellement persuadé d'avoir retrouvé le fils de Dilshad. Et si tu te trompais ? Luke... », c'était dit sans dureté dans le ton. Elle connaissait Luke depuis longtemps et, en dépit de la raison, elle ne pouvait s'empêcher de le prendre avec empathie. Elle savait qu'à l'intérieur, une tempête d'angoisses et d'émotions mêlés s'agitait furieusement derrière la façade abattu de Luke.

Le sujet des Zaman clos, les autres démons de Luke avait aussi long à dire et ce souvenir doux amère d'Ether se rappelait à eux dans une mélodie en mineur. Maeve eut un pauvre sourire, rappelant une millième fois la présence d'Eochaid parmi eux. Elle ne se rappelait plus de ce moment précis mais de l'agitation d'Eochaid à l'idée que Luke ait pu être simplement charmé par le glamour des faes. L'idée avait fini par se dissiper, petit à petit, avec le temps.

La tête d'Eochaid.

Ils éclatèrent d'un seul rire.

Les têtes d'Eochaid. Voilà une chose qui ne pouvait pas s'oublier. Intérieurement son cœur se réchauffa pour un petit moment. Évidemment leur absence avait façonné ce qu'ils étaient aujourd'hui. Eux. Les enfants. Les autres. Leur petite famille rafistolée tenait debout comme elle pouvait mais elle était toujours là. Et entre tout ça ce secret...

« C'est légitime Luke, @Siobhán Gavalagh-Korrigan ne fait que chercher les réponses que tu ne veux pas, que tu ne peux pas lui donner. Je t'avais dit de ne pas le leur cacher. Je sais que c'était trop dur de reprendre la parole donnée à Ether. Je ne le sais bien. C'est le schéma classique de toutes les tragédies mais ce qui est fait est fait. Parles-lui, franchement, sans détour. Parle lui de sa mère, de la promesse... sois honnête et cesse de vouloir la protéger. C'est une adulte et finalement tout ce qu'elle te reproche c'est de ne pas la traiter comme telle. Elle a le droit de savoir. Ils ont le droit de savoir. »

Cette fois-ci son regard plongeait dans le sien, réclamant un engagement, une autre promesse. Échange de bons procédés, il réclamait lui aussi une promesse.

Elle considéra un instant cette clé d'un air fauve, presque piquée qu'il lui ait fait ce secret mais finalement non, elle n'était piquée de rien, c'était sans doute ce qu'elle aurait fait elle aussi. Cette promesse lui coûtait. Depuis la malédiction d'Eochaid, elle s'était graduellement prise, sans s'en rendre compte, à ne plus partager ses projets, du moins ceux qu'elle estimait être les plus dangereux. Elle répugnait à mettre ses proches en danger, c'était indéniable. Geraint, plus fin qu'il ne le laissait paraître, avait essayé d'avoir cette conversation avec elle. Plusieurs fois. Mais il s'était heurté à un mur qu'il n'avait pas voulu abattre.

Finalement, Maeve prit sur elle prit sa main et la pierre avec. Il n'y avait guère besoin de mots pour sceller cette promesse.

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Je me mis alors à sourire. Mes yeux pétillèrent de malice quand elle parla de Dilshad, mais je me gardais de trop en dévoiler. Finalement, je lui répondais un peu en langue de bois avec un sourire énigmatique sur les lèvres.

« Mes intuitions sont rarement fausse. Ce n’est pas pour rien que lors de mon rituel pour devenir Animagus, le chien est venu à moi. »

Il était symbole de famille, de protection et aussi de clairvoyance. Le flair, faisait de cet animal un atout majeur et en tant que Chasseresse, elle devait le savoir. Sans rien ajouter, je me collais au barreau dos à la cellule, ma belle sœur contre moi comme si ça avait été ma propre sœur. Ecoutant ses paroles qui se voulaient réconfortantes, je regardais le sol en disant.

« Oui, je lui parlerai. Je lui dirai toute la vérité, même si ça doit l’éloigner de moi définitivement. Je n’en peux plus de vivre avec ça sur la conscience. »

Il y avait bien d’autres choses que j’aurai du dire à Maeve ce soir là. Ma promesse à Eochaid, de l’éliminer si jamais elle ou Freya se mettait en danger pour lui, ou s’il représentait un danger pour elles. Finalement, je me levais, l’attente ici devenant insoutenable. A elle aussi, je n’avais pas le droit de lui cacher tout ça. Avec calme, je tendis la main vers ma baguette, qui était encore à l’extérieur. Un anneau autour de mon doigt gauche s’illumina et cette dernière arriva dans mes mains. Sans un mot, je déposais alors ma baguette sur ma tempe. Un long fil argenté en sortit, et je sortis de mon chapeau un petit flacon. Glissant le souvenir de ma discussion avec Eochaid, je lui tendis, les larmes aux yeux.

« Tiens, tu devrais aussi regarder ça. Et si jamais je passe à l’acte, te tenir prête. »

Ma main tremblotait et je me dirigeais vers la porte de la geôle. Avec calme et toute la sérénité dont je pouvais faire preuve, je murmurais d’une voix un peu brisée par la tristesse.

« Je te demanderai juste de ne pas trop juger ce que tu verras. C’est la promesse d’un frère fait à un autre mourant. Ne m’en veux pas trop Maeve. »

Je mis mon chapeau sur la tête, afin de cacher mes yeux car bien sur ils commencèrent à se remplir de larme. La voix un peu cassé, j’ouvrais la porte de la cellule d’un coup de baguette avant de dire :

« J’ai des défauts, mais je tiens toujours mes promesses. »

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« Mmm. », commenta-t-elle d'un ton plus que sur la réserve.

Elle connaissait suffisamment Luke pour savoir qu'une fois lâché en roue libre on n'en faisait plus rien. Mieux valait économiser son énergie. Laissant passer le sujet et le chien avec, elle acquiesça, presque satisfaite de le voir enfin promette la fin de ce jeu de dupe qui n'avait que trop duré avec @Finn Gavalagh-Korrigan et @Siobhán Gavalagh-Korrigan. Elle doutait encore qu'il s'y tienne jusqu'au bout mais il avait franchi un cap. Cela ne signifiait pas rien.

Elle le regarda faire, omettant à dessin de lui avouer que plus rien ne retenait depuis la seconde où elle avait posé le regard sur lui. Au même titre que la forteresse elle-même, les geôles avaient leurs propres barrières qui auraient pu faire passer le plus brillant des magiciens pour un cracmol sans ambition.

Soupçonneuse elle le regarda faire. Que ne lui disait-il pas ? Quel scandale essayait-il d'éviter entre eux en lui offrant ce souvenir plutôt qu'en la confrontant directement ? Et quelle connerie s'apprêtait-il encore à faire ? Elle le menaçait presque déjà de ses yeux bleus glacés tout en prenant la fiole et elle se demandait s'il ne valait pas mieux la ranger dans le tiroir de sa table de chevet et l'y oublier jusqu'à ce qu'il la mette devant le fait accompli.

Mais il s'agissait d'Eochaid.

Elle ne dit rien, se contentant de lui faire remarquer :

« Tu n'aurais eu qu'à pousser la grille. », avant de le laisser partir.

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Sous les verrous. (Maeve) 500939fccaaf75c8df3b7bd857d39983e73d674b

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Souvenir de Luke Korrigan,
Il y a quelques années.
Caiseléan Korrigan.

« Assieds toi. Calme ta respiration. »

Dans une des pièces reculées du Château, Eochaid était en sueur. Bouillant de fièvre, je l’avais fait mettre torse nu et assis sur un fauteuil. Avec mon calme et mon inquiétude habituel, je pris quelques plantes spécifiques pour commencer à les brûler dans un immense encenseur.

« Ca va te soulager. J’ai de plus en plus de mal à stabiliser tes transformations. »

Inquiet, je tournais la tête vers lui. Il me souriait, contemplant le plafond par la suite comme quelqu’un qui connaît très bien la suite des évènements. Il avait déjà accepté, contrairement à nous douce. D’une voix faible mais avec encore assez de vigueur pour effrayer n’importe qui, il murmura :

« T’inquiète pas Lucky. Tu en as déjà fais beaucoup. C’est pas tous les jours qu’on a la chance d’avoir un spécialiste dans le domaine à portée de main hein ? »

D’ordinaire, cela aurait du me faire rire. Mais là au vu de l’avancée de la Malédiction j’avais envie de tout sauf de déconner. J’avais déjà perdu ma femme et j’étais en train de perdre mon frère. Certes, nous nous ressemblions pas du tout, et tout aurait pu croire que nous serions opposés toute notre vie. Mais, à l’instar d’aimants, il en avait été autrement et je n’avais jamais été aussi proche de mon frère. Les yeux un peu embrumé, je m’approchais de lui avec de l’encre de Seiche pour commencer à graver des runes à la main.

« Tu ne pourras pas te servir de magie pendant quelques jours, mais ça devrait encore ralentir le processus. »

« Autant crever. » grommela-t-il

Je continuais ma besogne, sans un mot et sans rien dire. Je ne préférais pas rentrer dans le vif du sujet. Cela faisait quelques jours maintenant que l’on faisait ainsi, et je savais que même si cela le renvoyer pour quelques jours à l’état de quasi-Cracmol, ça avait pour but de ralentir la Malédiction. Mais… la suite devait se compter en nombre de jour.

« Tu sais, il y a des jours où je n’arrive plus à me souvenir de Freya et Maeve quand je reprends forme humaine. »

Mon regard se leva vers lui et je répondis simplement :

« C’est normal. »

C’était fatidique, presque mathématique et froid, mais en même temps c’était la vérité. Alors que j’avançais sur son avant bras, il me saisit brusquement le poignet et me força à lever les yeux vers lui.

« Luke, regarde moi. »

Je levais les yeux vers son visage. Sa barbe était de plus en plus impressionnante et son regard de plus en plus proche de l’Ours. D’ailleurs, sa poigne ressemblait à celle de cet animal dont il allait prendre la forme jusqu’à la fin de ses jours.

« Je veux que tu me fasses une promesse. Et laisse moi finir. Je ne serai bientôt plus en état de penser par moi même et je vais finir par rester sous la forme d’Ours. Il arrivera certainement un moment où Maeve fera tout ce qui est en son pouvoir pour me ramener. Ou toi. »

J’arrêtais de graver les runes à l’encre de seiche sur son bras. Bien évidemment, j’allais voué le reste de ma vie à essayer de le ramener. J’avais déjà perdu Ether. Je regardais sa main qui entourait mon poignet, j’allais répliquer mais il me prit de court.

« Si jamais ce qu’elle entreprend est trop dangereux. Ou si jamais je deviens une menace pour Freya, promets moi de me tuer. »

Je détournais les yeux. On avait un sens de l’honneur particulier chez les Korrigan et il le savait. Quand on promettait quelque chose, on allait au bout. J’avais déjà promis à ma femme de ne rien dévoiler aux enfants sur leurs origines, et, ils grandissaient. Et c’était de plus en plus compliqué.

« Non, je ne peux pas. »

Sa main sauta de mon poignet à l’arrière de ma nuque. Avec une force bien supérieure à la mienne, il colla alors son front contre mon front et serra des dents.

« Mon frère. On parle de famille. Tu me dois ça. Il arrivera un jour où Freya tentera certainement le tout pour le tout, Maeve, pareil. Et tu sais comme moi que les illusions de solutions ne se trouvent pas dans la magie des pierres. Alors je réitère ma demande. »

Sa main se serra et je fus contrains de le regarder dans les yeux.

« Si je deviens dangereux, directement ou indirectement pour ma famille, promets moi de me tuer, Luke. »

Je le regardais dans les yeux, puis, d’une voix tremblante et timide, je scellais encore une promesse…

« Oui. Je… je te le promets. »

Il resta son front contre le miens, et pour une des rares dans ma vie, je vis une larme perler sur sa joue. Comme une larme de profond soulagement. Il me libéra et dans un sourire très faible me glissa :

« Merci, petit frère. »

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La vie c'est comme une carte de Chocogrenouille. 

Amato Animo Animato Animagus

Directeur de Poudlard

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