Black Sabbath (Améthyste)

15 Novembre

Dans le bureau du Directeur, je regardais le sablier que j’avais confectionné pour être le prototype du Retourneur de Temps parfait. Tout partait en vrille dans ma vie, et… elle ne valait plus la peine d’être vécue. Ma fille  @Siobhán G. K. Almadovar  me tournait complètement le dos, et chaque jour était un jour de plus en plus dur à supporter parce que je me rendais compte que je ne pouvais rien faire pour que cela aille mieux entre nous.  @Finn Gavalagh-Korrigan  aussi était hors d’atteinte. J’avais également réussi à briser une de mes seules relations amicales avec  @Dilshad Zaman , et Braxton avait disparu totalement de ma vie. De plus, mon frère était condamné, je le savais quasiment totalement désormais et… je n’avais plus aucun espoir pour lui. Quand à @Améthyste Miller … C’était très mal engagé, et pour le moment, ça ne surpassait pas encore tout le reste de cette merde de vie que je vivais.
Alors j’avais pris ma décision, seul et sans me soucier des avis des autres. D’ailleurs c’était mieux ainsi. Si par malheur l’un d’entre eux avait appris mon projet, ça n’aurait fait qu’empirer les choses. Observant donc le sablier, et le sable de synthèse que j’avais réussi à modeler pour ressembler au plus prêt des vrais Retourneur de temps, je le passais encore dans ma main, avec un gant en cuir de dragon. Un petit souffle étrange s’en échappa et je le regardais avec… envie.
J’allais retourner dans le passé. Sauver Ether, et changer le présent. Le reconstruire avec un fils et une fille qui aurait un mère pour les guider dans leur quête. Dire au  @Dilshad Zaman  du passé ce que je savais pour son fils plus tôt, et… empêcher Eochaid d’aller dans le Foil.
Mes yeux scintillèrent d’une soudaine envie, comme un enfant, à qui on a fait une immense promesse et qui est prête à l’avoir exaucée.
Passant plusieurs fois le sable dans le mécanisme, pour vérifier qu’il circulait bien, je marmonnais les incantations, le vieux grimoire que j’avais trouvé dans la forge des Gobelins de Gargareth devant moi. Des étincelles jaillirent de mes doigts, et de ma baguette. J’allais y arriver ! Je voyais le sable scintiller !

« J’y suis presque. » dis-je à moi même comme un fou.

Mais, le sable synthétique ne fit pas l’affaire. Evidemment… Les éclairs passèrent dans le sable de manière anarchique, puis dans ma baguette et enfin remontèrent dans mon bras pour aller dans ma poitrine. Je fus expulser dans tout le bureau, le sablier explosa et j'attéris sur les portraits des anciens directeurs dans un bruit sourd, presque totalement paralysé par la foudre verte.

« C’était d’une stupidité sans nom ! »

« Jamais aucun directeur ne s’est risqué à jouer avec le temps Professeur Korrigan ! »

« Ca prouve un vrai mal-être sous-jacent... »

Je me tournais vers eux :

« Allez vous faire... » marmonnais-je en grimaçant.

« Je cours chercher le Professeur Miller ! Ce qui lui faut, c’est un Potioniste ! »

Dans les ultimes forces qui me restaient, j’arrivais quand même à donner un ordre.

« J...je vous interdis de parler de ce que vous avez vous. »

Car, il devait tout de même obéissance au directeur. L’instant suivant, je sombrais dans l’inconscience.

Quand je revenais à moi, le visage d’Améthyste m’apparut alors. Preuve que je n’étais malheureusement pas au Paradis, sinon j’aurai vu Ether. J’étais bien dans ce foutu monde de merde et j’avais échoué. Les souvenirs me revinrent en mémoire, et au vu de ses questions et de son incompréhension, je compris que la règle d’obéissance et de loyauté au Directeur avait été appliqué par les tableaux. Ils étaient liés par un serment magique, et donc ils n’avaient pu rien dire.

« Hé… Mais qui voilà… Oh oh… J’vois qu’on a brûlé des étapes et qu’on en est presque aux préliminaires !.. » soufflais-je amusé pour détendre l’atmosphère.

Je l’observais et je regardais autour de moi les débris du retourneur de temps et le sable synthétique qui avait brûlé et qui avait désormais un aspect noirâtre. Je me contentais de regarder mes brûlures, pour évaluer la situation. J’avais connu bien pire dans ma vie, mais… aussi bien mieux.

« Un p’tit objet à moi, sujet d’expérience passionnant qui a fait preuve d’instabilités. J’dois vieillir pour oublier des lois de Métamorphoses élémentaire dans mes calculs. »

Je me redressais comme je pouvais, adosser contre le mur du bureau. Les directeurs me regardaient d’un œil critique, et si elle n’avait pas été là, je leur aurai ordonné de roupiller et de me foutre la paix. Observant mes plaies, je remarquais l’efficacité et la pureté de son onguent qui faisait bien plus l’affaire qu’un sortilège ou un enchantement.

« Merci beaucoup en tout cas. Heureusement que j’t’ai dans ma vie Amé. »

Je l’observais. Je me doutais qu’elle aurait un milliard de questions, un milliard de trucs à parler. On ne s’était plus reparler de manière informel depuis notre dernière rencontre et il fallait dire que le reste s’était avéré plutôt… froid. J’attirais à moi un t-shirt à l’effigie d’un groupe de rock moldu et j’essayais de l’enfiler dans une grimace.

« Pas un mot à qui que ce soit de ce ptit… évènement. J’ai pas envie qu’on sache que le directeur, émérite Professeur de Métamorphose et pionnier dans le domaine de la Transfiguration moderne a fait une erreur de calcul. »

Je pouvais pas me lever, donc, je restais assis à la regarder.

« Et si on allait manger un morceau ? J’connais un resto pas loin d’ici, qui fait les meilleurs sandwich au bœuf mariné de l’univers. On pourrait parler potion, transfiguration, étudiants et chiffons quoi. Tu vois, un truc formel. Toujours formel avec toi maintenant. Toujours chérie. »

La douleur me montait à la tête et me faisait parler vite. Derrière elle, j’observais le tableau noir ou pleins de lignes de calculs étaient disposés. J’avais pas fait d’erreur, je voyais l’instabilité de la variable dans le sable synthétique d’ici et j’avais pris le risque inconsciemment et… volontairement.

Assis dans le fauteuil qu’elle m’avait mis, je l’observais un long moment. Quelque chose n’allait pas à l’intérieur de moi. Quelque chose d’étrange, d’ancien, et… de terriblement beau et fort était en train de naître. Je ne pouvais quitter mes yeux des siens et plus je restais là, à les regarder plus cette espèce de… magie ? Vieille, oubliée certainement en réalité de mon coeur si vieux, semblait agir.

« Manger, c’est super important. Si on mange pas, on meurt. » dis-je alors comme une évidence stupide.

En réalité c’était son regard… intense, et ce qu’elle venait de dire qui me percutait. Est-ce que j’allais avoir le courage ? Est-ce que j’allais avoir la force ? Est-ce que… ce n’était pas un peu trahir Ether de faire ce que j’allais faire et…

« Oh et puis merde. » dis-je alors brusquement.

Mon bras s’élança dans son cou et je l’attirais à mon pour l’embrasser. Bien évidemment que j’en mourrais d’envie. Bien évidemment que c’était le seul et unique endroit où l’on allait depuis le jour où elle était venu dans ce bureau ! Mais… j’avais décidé au départ d’être prudent vis à vis de mes émotions, puis, quand j’avais cru en avoir, elle m’avait dit de prendre de la distance et du temps. Et ? Puis merde ? Qu’est ce qu’elle voulait de plus à la fin !
Le baiser fut long, et je l’interrompis en posant une main sur sa poitrine et en faisant une très légère grimace.

« Je crois que si on va plus loin, je vais mourir comme un Antechinus à Tête Argentée... »

Mes yeux bleus l’observèrent. Ce marsupial avait pour réputation de… tout simplement mourir après s’être accouplé. Et, si on allait sur ce terrain là, c’était surement ce qui m’attendait. Gardant cependant ma main contre elle, je poursuivais :

« Est-ce que ça te suffit comme preuve d’honnêteté de ce que je ressens pour toi ou tu veux d’autres gages ? »

J’avais habilement détourné le sujet de conversation principal : à savoir, qu’est ce que j’avais foutu. Mais en même temps, c’était plutôt habile de ma part. Là avec ce baiser volé, et bien sur l’avoeux de mes sentiments, elle n’avait d’autres choix que d’avoir… ce sujet en guise de sujet principal. Ma petite expérience devait passée en second plan désormais !

« Je ressens des choses pour toi, depuis que t’es rentré dans ce bureau la première fois. » commençais-je alors d’une voix un peu rauque. « Au départ, je croyais que c’était juste parce que j’avais l’impression de remonter dans le temps en te voyant mais… C’est devenu de plus en plus clair au fur et à mesure qu’on partageait des moments simples ici dans ce château toi et moi. Mais j’avais du mal à l’accepter. Tu vois… j’ai… j’ai été volontairement seul pendant si longtemps, pour m’occuper des enfants que… je crois que j’avais oublié ce que c’était. »

Je la regardais dans les yeux, et je l’attirais à nouveau à moi pour qu’elle se rapproche un peu.

« Mais la vie m’a rappelé à l’ordre on dirait. »

Je souriais légèrement aux propos qu’elle me déclara dans l’oreille et je rosis légèrement ce qui eut pour effet d’enlever la paleur que j’avais sur le visage. Heureux comme un ado que ce baiser soit réciproque et visiblement les sentiments qui allaient avec j’avais envie de me mettre à courir dans les couloirs en hurlant ma joie. Mais le soucis, c’était que j’étais pas vraiment en état pour ça.

« En voilà une belle promesse ! »

Je me mis à rire, mais à la suite de ces propos je ne riais plus. Mon sourire s’était effacé et je m’étais remis en position un peu plus confortable, assis dans mon fauteuil alors qu’elle se posait sur mes genoux. Une vague sensation de chaleur me parcourut le corps et l’espace d’un instant j’avais l’impression d’être à nouveau un étudiant.

« Je peux rien te promettre Amé. Et d’ailleurs tu dois savoir pourquoi parce que toi et moi on est pareil là dessus. J’ai passé des années à avancer tout seul, à protéger les autres et à construire les choses en adulte sans personne d’autre dans ma vie. Et encore, pour toi c’est pire tu n’avais personne avec qui partager ta vie. Donc, je peux pas te promettre de réussir... »

Je la rapprochais de moi, parce qu’évidemment avec ce que je venais de dire j’avais peur qu’elle s’en aille. Qu’elle sorte de ma vie et que je reparte à zéro. Alors, je continuais quand même pour aller un peu plus sur une note d’espoir.

« Mais je peux essayer, pour toi. »

Je la regardais dans les yeux, puis je l’embrassais tendrement sur le buste. Mais je me reculais dans la crainte d’avoir envie d’aller plus loin et de m’évanouir comme dans une première fois. Prenant une inspiration assez grande, je réfléchissais à comment désamorcé la situation, et finalement, je lâchais le morceau.

« J’ai essayé de construire un Retourneur de Temps. Pour remonter dans le temps assez loin, afin de convaincre mon frère de ne pas approcher ce Marais Maudit qui l’a transformé en Ours. J’ai aussi voulu remonter dans le temps pour voir Ether, et… et… essayer de la sauver au moment où elle met au monde Siobhàn et Finn. »

Je la repoussais, avec délicatesse pour me lever. Parce que ce que je venais de dire était assez impactant. Je venais de lui annoncer que je voulais une relation plus stable, plus saine, et plus… intime avec elle et je commençais avec quelque chose d’horrible à entendre pour elle. Mais avec Siobhan, j’avais appris que la vérité finissait toujours par éclater.

« J’ai… j’ai un peu péter les plombs. Parfois, je trouve que mes épaules sont trop larges pour porter les fardeaux que je porte. C’était… pas par amour… enfin si, bien sûr il y avait de ça. Mais… Je sens bien que Siobhan, Finn et Freya ne vont pas bien du tout. Je me suis dit que… que si je les ramenais, ça serait plus facile. Que la charge serait moins lourde à porter, parce que s’ils étaient encore là, tout serait différent. Tout serait plus simple. »

Je marchais alors vers le sablier brisé au sol, et d’un mouvement lent et faible, je me penchais pour passer ma main dans le sable synthétique qui était sur le sol.

« J’ai été égoïste, et présomptueux. J’ai pensé avoir assez de connaissance pour reformer le sable qui est à l’origine issus d’un animal fantastique rare, voir quasi-disparu. Et encore une fois, la Magie m’a prouvé que je n’étais qu’un être fragile et de passage face à elle. Que quand des choses plus grandes et incontrolable se présentaient à moi, j’étais aussi inefficace qu’un étudiant de première année. »

Ma main glissa sur le sable, et je me mis dans une position étrange, entre la détresse et la réflexion. Mon cerveau cartésien me disait les failles que j’avais amélioré, mais mon coeur me hurlait d’arrêter maintenant que j’avais Améthyste dans ma vie. D’ailleurs, c’était à elle que j’avais pensé en premier pour venir me tirer de là. Parce que je savais inconsciemment que je faisais une erreur. Si j’avais réussi… Je n’osais pas imaginer les conséquences sur l’univers.

« Je te demande pardon. »

Je restais contre elle. Bien évidemment, j’avais théorisé les éventualités qu’elle avait spécifié mais… Je voulais quand même essayer, prendre le risque et… et… qui j’étais pour faire ça ? Les paroles d’Améthyste se répercutèrent dans mon esprit. Encore et encore. Les enfants, morts. Maeve, éloignée. Qu’est ce que j’avais essayé de faire ? Personne ne pouvait se dresser contre la vie et ses coups. Personne n’en avait le droit et j’avais cru que… je pouvais y arriver. Je baissais la tête et je restais contre elle comme un gosse. Je venais de lui avouer qu’Ether me manquait, et… elle n’était pas parti.

« Merci. » dis-je simplement d’une voix rocailleuse et épuisée.

J’essayais de retrouver un peu contenance et de me dégager de son étreinte mais… j’étais épuisé. Mes forces commençaient à me manquer. D’une main tremblante, je saisissais celle d’Améthyste et je la serrai des dernières forces qui me restaient.

« Tu as raison. Et il a fallu que ce soit toi qui m’ouvre les yeux alors que tout le monde me dit que je me trompe depuis le début. Je… je vais changer. Changer tout ça. Il faut que ça s’arrête, j’ai fait souffrir trop de personne. »

Je me mis à râler, et à mettre la main sur ma poitrine. Dans un état d’extrême épuisement, je me tournais vers elle et j’arrivais à dire.

« Je… je veux bien que tu dormes là ce soir. Je vais me métamorphoser, pour récupérer plus vite… J’ai pas envie qu’un étudiant tombe sur moi dans cet état. »

Au pire, il tomberait sur leur professeur de Potion, veillant sur un chien en train de dormir. Les gens savaient que j’étais Animagus, mais on pouvait toujours avoir un doute.

« Loyauté. Protection. Confiance, et détermination. Je l’avais oublié. »

Alors, je posais ma tête contre elle, et ma peau s’étira pour prendre la forme d’un chien. C’était ce que signifiait ma forme animagus et animal totem. Peu de gens connaissait la signification réelle de cela, pas même mes enfants. On me l’avait murmuré, lors de mon apprentissage en Amérique du Nord.
Me lovant contre elle, mes paupières se fermèrent et je commençais à m’endormir, la respiration irrégulière mais sereine.