Est-il seulement possible que ce soit ... toi ? # Jade

Vendredi 17 novembre 2023, 17h

Je mentirais si je disais que je n'y avais pas pensé depuis Samhain. Par moment, l'image de ce bracelet porté par Jade lors de ce bal hantait souvent mes nuits. Je m'étais même retrouvée, en plein milieu de ces dernières, à me réveiller pour prendre la photo qu'une des médicomages avait bien voulu prendre avant que mon bébé me soit enlevé. Sur cette photo, je portais justement ce-dit bracelet. Seulement, cela faisait quinze jours que ma vie était un peu bousculée de tous les côtés.

Ce vendredi, j'avais fait ma journée habituelle et je me retrouvais dans mes appartements en fin d'après-midi. Mon regard s'arrêta une nouvelle fois sur la photo. Je devais absolument éclaircir cette affaire. Les choses semblaient doucement se calmer avec Luke et mes recherches concernant les expériences de mon père avançaient doucement. Je pouvais donc ouvrir une nouvelle porte de ce que la vie me réservait.

J'avais regardé dans le dossier de Jade et j'avais découvert que sa date de naissance coincidait avec celle à laquelle j'avais accouché. Simple coïncidence ? Non ... Je n'y croyais pas. Mais je préférais tout de même ne pas brusquer la lionne. Nous avions convenu de nous revoir en Novembre et j'allais donc utiliser cette excuse pour la retrouver. C'est pourquoi elle reçut un parchemin l'invitant à me rejoindre à mon bureau.

Je l'attendais clairement. Debout à faire les cent pas dans mon bureau, je faisais apparaître chocolat, puis thé, puis gâteaux ... Non, je ne savais pas ce qu'elle allait vouloir. Au moment où elle apparaissait devant la porte déjà ouverte, je fis tout disparaître.

"Installez-vous, Miss d'Aragon ! Vous voulez boire ou manger quelque chose ?"

On pouvait ressentir un certain stress, et dans mes gestes peu sereins, et dans ma voix.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je sentais mon cœur se serrer contre ma poitrine en découvrant un nouveau parchemin qui m’attendait. L’espace de quelques secondes, je pouvais sentir cette envie tentatrice de juste filer, quitter l’Angleterre et aller… N’importe où sauf ici. Après une première lettre menaçante qui m’avait mordu, j’observais avec méfiance le parchemin qui m’était destiné. Je finissais par soupirer, levant les yeux au ciel… Ce n’était qu’une lettre, rien de plus, je devais arrêter d’être aussi parano… Je ne devais pas rentrer dans son jeu psychologique. Il le faisait exprès juste pour me pourrir la vie en jouant avec mes nerfs pour me pousser à faire une connerie qui le conduirait droit à moi... Je finissais par prendre le parchemin qui m’attendait sagement sur le bureau, ne pouvant m’empêcher de sourire en voyant qu’il ne s’agissait que d’une simple convocation au bureau de la directrice des Gryffondors. Je m’étais angoissée pour rien au final. Le parchemin n’était pas maudit et n’essayait pas de me bouffer. Ca allait peut-être me réconcilier avec le courrier que je recevais……...

La pression redescendait petit à petit pendant que je prenais mon temps pour me préparer. Cette fois je savais qu’elle n’avait pas l’intention de me punir, elle m’avait prévenu qu’on se reverrait ce mois-ci pour faire un bilan. J’espérais juste qu’elle n’avait pas prévu de me faire passer un test surprise sur l’histoire de la magie pour vérifier si j’avais révisé ces notes… Si c’était le cas, j’étais fichue. Je n’avais appris qu’une page et la deuxième était déjà manquante après avoir fini en boulette pour y lancer sur la tête de @Zion Webb . Un détail que j’allais éviter de divulguer. J’avais fais un effort sur la tenue en la mettant correctement, j’appréciais suffisamment la prof’ pour y mettre du mien, puis je laissais mes cheveux détachés avant de mettre les voiles hors du dortoir. Je prenais la direction de son bureau avec assurance, masquant au fond de moi mes craintes. Et l’histoire de la magie semblait bien futile en comparaison…

J’arrivais enfin devant la porte ouverte de son bureau. Elle m’attendait déjà et m’invitait aussitôt à m’installer tout en me proposant de boire ou de manger quelque chose… Je la dévisageais quelques instants sans rien dire, elle n’était pas comme d’habitude. Elle me faisait presque penser à moi qui tentait de masquer mon stress… On avait ça en commun apparemment. En revanche je ne savais pas pourquoi elle semblait aussi anxieuse... Parce que je l’avais vu avec le directeur de l’école pendant le Bal ? Ca n’avait pas eu l’air de la gêner en tout cas sur le moment de se montrer publiquement. C’était peut-être autre chose alors.. ?... Bref ça ne me regardait pas après tout.

Un sourire toujours en coin, je lui répondais :

▬ Bonjour professeur Miller. Je veux bien du café si vous en avez oui, enfin si ça ne vous gêne vraiment pas.

Je ne voulais pas abuser, surtout si elle se rendait compte que j’étais toujours aussi nulle en histoire de la magie. Elle allait me retirer les croissants juste sous mon nez, alors autant éviter la déception et ne rien demander de plus que le café. Je posais mon regard dans le sien, et rajoutais alors poliment pour la diversion :

▬ J’ai commencé à réfléchir à des idées, et peut-être qu’un stage hors de l’Angleterre, avec Nicolas Flamel par exemple pourrait être intéressant à faire… Ou d’autres alchimistes reconnus.

Et c’était une bonne excuse pour fuir et ne peut-être plus remettre les pieds ici… J’étais venue en pensant être en sécurité à Poudlard, mais je ne l’étais pas finalement… J’avais seulement eu de la chance jusqu’à maintenant qu’il ne m’arrive rien.

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Vendredi 17 novembre 2023, 17h

Comment allais-je pouvoir démarrer cette discussion ? Et si je me trompais du tout au tout ? J'avais tellement envie de retrouver ma fille depuis que Jasper était décédé que je me faisais peut-être des idées concernant Jade d'Aragon ? Je retournais dans ma tête toutes les informations que j'avais glanées depuis Samhain et je me disais que tout cela ne menait qu'à une seule et même conclusion : Jade d'Aragon était ma fille.

Lorsqu'elle passa le pas de la porte, mon coeur rata un battement et, durant un bref instant, j'eus envie de disparaître dans un petit trou de niffleur. Mais je devais prendre mon courage à deux mains. Nous étions deux gryffondors ... Elle était comme moi ... A cette pensée, mon coeur s'emplit d'une fierté intense. D'un claquement de doigts, je fis apparaître café, lait et sucre, ainsi que des viennoiseries. Devant moi apparut également un café, mais sous forme d'Irish-Coffee. Oui, il allait au moins me falloir cela si je voulais parvenir à parler avec Jade de notre lien.

Avant même que je ne me mette à parler, la gryffondor prit les devants pour me parler d'un stage hors Angleterre. Je ne savais expliquer ce que je ressentais à ce moment. C'était comme si, en même pas deux mois, elle avait totalement changé d'avis à ce propos. Et Nicolas Flamel ... C'était ambitieux ! Et même si je savais que je pouvais lui obtenir ce stage, en passant par divers connaissances, cela m'étonnait tout de même.

"Eh bien ... Je ne m'attendais pas à ce que vous ayez une idée si claire de vos futurs stages. Je dois vous avouer que pour quelqu'un qui ne voulait pas sortir de Poudlard, c'est ... impressionnant."

Je pris une bonne gorgée d'Irish-Coffee avant de prendre, dans le tiroir de mon bureau, la photo que je regardais tous les jours depuis vingt-quatre ans. On pouvait, en faisant un petit effort, me reconnaître. J'étais certes plus jeune avec mes longs cheveux noirs qui encadrait mon visage. Mais on reconnaissait la cicatrice que j'avais sur la lèvre supérieure. Dans mes bras, un bébé et surtout, à mon poignet, le même bracelet dont Jade avait hérité.

"Puis-je vous demander de regarder cette photo ... ? Et de me faire part de vos remarques ?"

Je la lui tends, la main tremblante. Assise sur mon siège, je reprends quelques gorgées de ma boisson. Mon coeur bat à tout rompre.

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle était surprise par mon revirement de situation, sans se douter que mes pensées de partir loin de l’Angleterre, était sûrement pour ne plus jamais y revenir et juste prendre la fuite face à celui qui hantait mes rêves… Pourtant malgré la crainte qui me poussait à vouloir m’enfuir, y avait quelque chose dans cette école qui me donnait envie de rester… Je souriais malgré tout légèrement pour masquer mon hésitation autant que ma gêne face à son commentaire et je détournais le regard sur mon café tout en prenant un pain au chocolat qui était apparu, à mon grand plus grand plaisir. Je croquais aussitôt dedans comme-ci je craignais qu’il me soit confisqué juste avant de pouvoir. Au moins j’aurais eu une bouchée !

▬ Oui… J’essaye de réfléchir à des stages qui pourraient être vraiment intéressant…

Je l’observais ensuite avec curiosité. Elle était aussi bizarre que moi aujourd’hui… Je haussais un sourcil interrogateur à sa demande, plus que surprise et acquiesçais d’un signe de tête sans comprendre. Pourquoi elle voulait me montrer une photo ? Et pourquoi elle voulait des remarques de ma part … ? Malgré l’incompréhension qui passait dans mon regard je soufflais :

▬ Heu oui, si vous voulez…

Je récupérais la photo, reconnaissant bien la prof’ qui était plus jeune avant son enfant. A vrai dire je ne savais pas qu’elle était mère… Puis mon regard se posait sur ce fameux bijou qu’elle portait… Ce même collier porter au bras comme un bracelet, et il rendait bien mieux comme ça ! Je sentais mon cœur faire un bond dans ma poitrine et mes muscles se crisper aussitôt… Mon pain au chocolat se faisant aplatir sous la pression involontaire de mes doigts, je finissais par relever mon regard sur la femme qui me faisait face… Un regard bien plus foudroyant qu’à mon habitude alors qu’enfin j’ouvrais la bouche, presque agressive alors que je lançais :

▬ Je ne vous ai pas volé !

Ok un vieux réflexe lié à mon passé… Et j’étais prête à défendre ardemment mon bijou, c’était le mien ! Personne n’avait le droit de me l’enlever ! Professeur ou non, je ne la laisserais pas faire ! J’étais accusé à tord !

▬ Je peux prouver que celui que j’ai m’appartiens !  Je n’ai rien fais !

J'étais bien déterminée à garder la seule chose qui m'appartenait vraiment... Après tout si elle me montrait cette photo, c'était pour ça non ? M'accuser de lui avoir volé ? Ma mère était peut-être finalement une voleuse comme moi, c'était héréditaire... Mais ça ne changeait rien, ce bijou était maintenant à moi et je le garderais ! Elle n'avait pas le droit de me l'enlever !

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Vendredi 17 novembre 2023, 17h

En d'autres circonstances, j'aurais certainement creusé afin de savoir pourquoi Jade, en deux mois, avait décidé d'aller jusqu'à quitter l'Angleterre alors même que l'idée de faire un stage en dehors de Poudlard semblait l'effrayer au plus haut point. Mais, à vrai dire, je n'avais à l'esprit que le fait que la gryffondor puisse être ma fille, celle que j'avais dû abandonner pour espérer qu'elle vive une vie équilibrée, sans devoir fuir et craindre un grand-père qui voudrait, sans aucun doute, sa mort.

J''avais réfléchi longuement à comment aborder la question, mais, malgré tous les scénarios qui m'étaient venus à l'esprit, aucun n'avait envisagé ce qui était en train de se dérouler devant moi. Jade pensait que je l'accusais de vol ... J'écarquillais les yeux, ne trouvant pas mes mots.

Ma respiration s'était arrêtée dès lors qu'elle avait prise la photo entre ses mains. Verrait-elle le bracelet que je portais sur le cliché ? Comment réagirait-elle ? Je déglutis difficilement tandis que je la voyais se braquer. Le regard qu'elle me jeta me brisa le coeur et, doucement, je me décidais à m'approcher d'elle, les larmes aux yeux.

"Jade ... Non ... Ce n'est pas ce que je pense. Je sais très bien que tu ne l'as pas volé ..."

Je l'avais tutoyée, naturellement. C'était comme si j'avais mis sur pause tout ce que j'avais fait jusque-là. Je devais être plus proche d'elle ... Je ne voulais pas qu'elle s'enfuit. Pas maintenant ... Jamais à vrai dire.

"Ce bracelet, je l'ai confié à l'hôpital français ... Lorsque j'ai dû abandonner la petite fille que je venais de mettre au monde ... Celle qui est sur la photo."

Voilà ... Les choses étaient dites. Cela avait l'air plutôt explicite et pourtant, je ressentis le besoin de mettre encore des mots ... plus clairs ... Je m'étais levée, me mettant accroupie aux côtés de Jade. Je posais ma main sur la sienne, essayant de capter son regard.

"C'était le 17 mars 1999 ..."

Je m'arrête là. Et j'attends ... Une attente qui semble éternelle.

Codage par Libella sur Graphiorum

Son visage anxieux devenait triste dès l’instant où je me défendais, bien décidée à garder son bijou qui était cher à mes yeux. Mon seul lien avec ma mère, et elle voulait me le prendre. C’était du moins comme ça que je voyais les choses jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole d’une voix plus fébrile et hésitante… Elle savait que je ne l’avais pas volé parce qu’elle… l’avait elle-même donné quand elle avait abandonnée sa fille, un 17 mars…  Je fronçais les sourcils, sans pouvoir prononcer le moindre mot en observant le sol qui semblait soudain avoir quelque chose d’intéressant. J’étais en pleine hallucination et il m’avait retrouvé ou c’était bien réel ? Je sentais sa main se poser sur la mienne et un frisson me parcourait. C’était vraiment ma mère … ? Une prof anglaise ? Elle avait fait exprès de me mettre au monde dans un autre pays pour s’assurer de ne jamais me revoir ? Est-ce que je devais me réjouir ou lui sauter à la gorge pour m’avoir abandonné .. ? J’étais confuse, perdue et reposait mon regard sur la photo sans la regarder…

L’agressivité dans mon regard s’était éteint pour laisser finalement place à une certaine tristesse. Elle prenait soin de ses élèves mais moi elle m’avait rejeté sans me laisser ma chance. Et le plus loin possible… J'étais même soudain jalouse en plus d'être déçue. Si je n’aurais pas été une mauvaise élève, ni enchaîner les mauvaises décisions, je ne l’aurais jamais revu… Je repensais alors au bal et ne pouvait m’empêcher de me demander si  @Luke Korrigan  était alors mon père. Je restais encore muette quelques instants qui devaient sembler interminable pour elle, mais pour moi, le temps semblait s'être arrêté et j'essayais de réfléchir... Puis je finissais par mettre fin au silence..

▬ Vous voulez dire que vous êtes … ma mère … ? …. Et Luke Korrigan mon père ?!

Je connaissais déjà la réponse dans le fond pour elle… Mais pour le père, je ne faisais que déduire après les avoir vu ensemble.. Je retirais finalement ma main de la sienne dans un mouvement de recul, posant enfin mon regard confus et déçue dans le sien :

▬ Pourquoi vous m’avez abandonné … ? Et en France ?! Vous auriez du essayer l’Australie ou l'Amérique, c’est encore plus loin…..

Je pensais qu’elle n’avait pas voulu de moi, et ça se ressentait dans mon ton accusateur… Posant la photo, je relevais ma manche, puis retirais le bijou de mon poignet, le retournant ensuite pour observer la lettre « A » qui y était gravé…

▬ ...C’est A pour Améthyste .. ?

J’aurais pu lui envoyer à ses pieds ou lui rendre, pourtant… Je le gardais et je ne pouvais me résoudre à m’en séparer… J’y tenais..

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Vendredi 17 novembre 2023, 17h

Je ne m'étais jamais sentie aussi stressée ... J'étais terrorisée, et même si, en matière de terreur, j'avais traversé, dans ma vie, des moments pouvant faire frémir un mage noir, ce que je ressentais à ce moment était d'une intensité toute autre. J'avais peur que Jade me repousse, qu'elle ne me croie pas, qu'elle me prenne simplement pour une folle. Et, d'un autre côté, j'étais tellement heureuse que ce soit elle. Car je n'avais plus aucun doute ... Le bracelet ne pouvait pas avoir atterri, comme par hasard, sur une jeune femme étant née le même jour, dans le même pays que ma propre fille.

De plus, lorsque je la regardais dans les yeux, je le ressentais ... C'était comme une évidence. Son regard me faisait penser à celui de Keeth ... Je pensai tendrement à lui alors que ma main effleurait la sienne. Le contact resta quelques minutes et j'en profitais, persuadée qu'elle finirait par la retirer. Je vis que son regard avait changé, et mon coeur se réchauffa. Si je m'étais écoutée, je l'aurais pris dans ses bras. Mais je ne voulais pas la braquer. Ce qui comptait avant tout, c'était elle. Et j'avais bien l'intention de le lui faire comprendre.

Lorsqu'elle verbalisa le fait que j'étais sa mère, alors que je lui avais laissé le temps d'assimiler ce que je disais, j'acquiessai doucement ... Jusqu'à ce que j'entende sa question concernant Luke. J'aurais pu rire, mais cela n'aurait pas été correct. Je lui répondis donc :

"Non, Luke était un ami à l'époque. Un ami sans aucune ambiguïté puisque j'étais avec ton père, Keeth ..."

Mon visage se ferma alors que je repensais à la découverte de sa disparition ... Je n'avais jamais su ce qu'il était devenu. Il avait juste disparu, ses parents l'avaient longuement cherché, le ministère de la magie aussi ... Rien ... Aucune trace ... Envolé ... Jasper Miller savait effacé les traces lorsqu'il voulait faire disparaître quelqu'un.

Lorsqu'elle retira sa main et m'envoya dans la figure le fait que j'aurais dû l'abandonner plus loin, mes yeux se remplirent de larmes. Je déglutis difficilement, mais je me repris. Je n'avais pas le droit de pleurer parce qu'elle me disait cela. Elle avait le droit d'être en colère contre moi, elle ne connaissait rien de la vérité. Je décidais donc de répondre le plus rapidement possible.

"Oui, c'est A pour Améthyste ... Je t'ai abandonnée en France car c'est l'endroit où l'on m'a envoyé quand j'ai dû fuir l'Angleterre."

Comment lui expliquer mon passé ? J'ouvris une armoire, et dévoila ma pensine.

"Tu as le droit de connaître mon histoire ... Parce que c'est aussi la tienne Jade. Seulement, je dois te prévenir, la vérité sera difficile. Non pas parce que je ne voulais pas de toi ... J'aurais tout fait pour te garder avec toi. Mais je ne pouvais pas te mettre en danger."

J'avais dit cela en lui tournant le dos. Je me retournai alors, lui montrant la pensine.

"C'est la seule manière que je connais pour que tu sois assurée de tout savoir, sans que je ne déforme avec mes souvenirs ou avec mon interprétation. Veux-tu le voir de toi-même ? Ou veux-tu que je t'explique avant ?"

Codage par Libella sur Graphiorum

Ce n’était finalement pas @Luke Korrigan mon père… J’étais presque déçue par la réponse, je l’aimais bien.. Et j’aurai pu mettre un visage sur mes deux parents. Elle me soufflait alors le prénom de mon vrai père. Keeth… Au moins il avait un nom maintenant… Tout comme ma mère… Cette femme qui prenait si soin de ses élèves… Est-ce pour apaiser sa culpabilité de m’avoir abandonné ? Si du moins elle s’en voulait…

Partagé entre la joie et la colère qui se mêlait à la tristessse, je préférais retirer ma main de la sienne et l’accabler. J’aurais pu me contenir, être moins brusque dans mes paroles… Mais je me retenais depuis ma naissance, sans jamais avoir eu la chance de pouvoir l’affronter pour obtenir des réponses. Elle ne ressemblait pas à l’image que je m’étais forgée au fil des années, en m’inventant ma propre histoire… Ce n’était pas une moldue perdue et apeurée qui aurait eu peur de moi et m’avait laissé.

Elle avait fui l’Angleterre et.. C’était pour ça que j’étais née en France… Je la toisais du regard, toujours aussi sévèrement et sans vraiment comprendre. Elle aussi fuyait ? Etait-ce à cause de mon père ? Et pourquoi m’avoir abandonné malgré tout ? Elle aurait pu me garder ! Ou c’était pour avoir la paix ? Je fronçais les sourcils :

▬ Pourquoi vous avez fui l’Angleterre .. ? C’était à cause de .. Keeth .. ? Vous auriez quand même pu me garder…... J’me serais fais petite…....

Si cela m’aurait permit de pouvoir rester avec elle en tout cas… Je baissais le regard à ces derniers mots que je prononçais avec tristesse. Il était trop tard pour la convaincre de me garder, je n’avais jamais eu cette chance et je l’aurais jamais. Elle avait choisi pour moi. Est-ce que j’aurais fini aussi mal que maintenant avec elle à mes côtés ? Peut-être bien que non. Mais je n’aurais pas la réponse à cette question non plus. Les choses s’étaient passé autrement.

Je l’écoutais pourtant et ne m’enfuyais pas comme j’en avais coutume. Elle m’avouait qu’elle aurait voulu me garder mais qu’elle ne le pouvait pas, pour me protéger… Mais elle ne m’avait finalement pas protégé, elle n’était pas là pour m’éviter de sauter dans les bras d’un mage noir et le rejoindre… Je sentais mes yeux se remplir de larmes mais j’essayais de prendre sur moi, de me retenir… Elle me désignait alors une bassine bizarre tout en prétendant que j’aurais des réponses clairs grâce à ça… Un nouveau froncement de sourcil perçait sur mon visage, en quoi ce truc pouvait répondre à mes questions à sa place ?

Je me relevais, m’avançant vers la bassine tout en reposant mon regard sur… ma mère..

▬ Ok, montre-moi… J’ai l’habitude d’encaisser, même si ce n’est pas facile... Mais comment ça fonctionne, ce truc ?

Je n’avais pas grandi avec la magie, je ne connaissais pas ce qu’elle me montrait là.. Mon ton restait accusateur mais sans le vouloir, je l'avais pourtant bien tutoyé…

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Vendredi 17 novembre 2023, 17h

Le choc m'engloutit. Je reste là, pétrifiée, incapable de trouver les mots pour répondre à la jeune fille qui se tient devant moi. Elle est ma fille, ma propre chair et mon sang, mais elle ne le sait pas. Comment pourrais-je lui expliquer que je l'ai abandonnée pour la protéger, pour la sauver d'un destin tragique que son grand-père avait ourdi à son insu ? Keeth, l'homme que j'ai aimé, le père de cette merveilleuse créature, était un né-moldu, et moi, une sang-pure, issue d'une lignée de sorciers respectée. Notre amour était interdit, condamné par les lois strictes de notre monde. Je n'avais pas le choix. J'ai dû partir, fuir l'Angleterre avec le cœur brisé, laissant derrière moi tout ce que j'aimais. Et maintenant, ma fille me regarde, les yeux pleins de douleur et de confusion, me demandant pourquoi je l'ai abandonnée. Je voudrais lui dire que je suis désolée, que chaque battement de mon cœur depuis ce jour-là a été rempli de remords et de chagrin. Mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Je voudrais lui dire que je l'aime, que je l'ai toujours aimée, même lorsque j'ai dû laisser derrière moi tout ce que j'avais de plus cher au monde. Je voudrais lui dire que je donnerais n'importe quoi pour revenir en arrière et tout recommencer différemment. Mais je reste là, silencieuse, impuissante face à la douleur que j'ai infligée à ma propre fille. Et tandis qu'elle me regarde, les larmes au bord des yeux, je sens mon cœur se briser un peu plus, réalisant que même si je lui avais dit toutes ces choses, cela ne changerait rien à la réalité de notre situation. Je l'ai abandonnée, et cela restera à jamais une cicatrice sur nos vies, un rappel constant de tout ce que nous avons perdu à cause de l'intolérance et de la haine.

Puis je me reprends. Je n'ai pas le droit de flancher, même si chaque fibre de mon être hurle de douleur et de culpabilité. Je dois trouver la force d'expliquer à ma fille la vérité, aussi brutale soit-elle.

"C'était à cause de mon père, ton grand-père, que nous avons dû fuir l'Angleterre. Il était déterminé à te faire du mal, à éteindre ta lumière avant même qu'elle ne puisse briller pleinement. Keeth n'était qu'un pion dans son jeu cruel, une excuse pour justifier sa haine et sa peur de tout ce qui était différent de lui. Mais même si je le savais, même si mon cœur se déchirait à chaque pas que nous faisions pour nous éloigner de tout ce que nous avions connu, je ne pouvais pas risquer ta vie. Je t'ai abandonnée, ma fille, pour te protéger, pour te donner une chance de vivre libre, loin des ombres menaçantes qui planaient sur nous. Et je m'en veux chaque jour, chaque heure, chaque seconde de cette décision déchirante. Mais je sais que je l'ai faite par amour, un amour aussi puissant que la magie qui coule dans nos veines. Et maintenant, alors que je te regarde, je prie pour que tu puisses comprendre, pour que tu puisses trouver en toi la force de pardonner celle qui t'a tant blessée. Car même si je suis imparfaite, même si mes choix ont causé tant de souffrances, je t'aime plus que tout au monde, ma chère fille, et je donnerais ma vie pour te protéger, encore et toujours."

Je reprends ma respiration après ce long monologue. Alors que je me lève pour me rendre à la pensine, je sens mon cœur battre avec une intensité presque douloureuse dans ma poitrine. C'est le moment de lui montrer, de lui révéler toute la vérité, même si cela signifie rouvrir des plaies que je pensais guéries depuis longtemps. Je me dirige vers la pensine, cette boule de cristal luisante qui contient les souvenirs de toute une vie. Mes doigts tremblent légèrement alors que je plonge dedans, cherchant les images que je veux partager avec ma fille, les moments clés qui ont façonné nos destins de façon indélébile. Les souvenirs affluent, éclatant en éclats de lumière vive dans ma tête, et je lutte pour trouver ceux qui conviendront le mieux à ce moment délicat. Puis, d'un geste hésitant mais déterminé, je tends la main et effleure la surface lisse de la pensine, laissant les souvenirs se dérouler dans l'air autour de nous comme des fantômes du passé.

"Regarde", murmurai-je doucement, invitant ma fille à plonger avec moi dans ce tourbillon de souvenirs, dans l'espoir qu'ils puissent nous aider à comprendre et à guérir ensemble.

Les images se forment lentement dans la pensine, prenant vie sous nos yeux émerveillés. Je me concentre sur le souvenir de cette journée particulière, celle où nos destins se sont entrelacés de façon inattendue. Nous sommes dans les couloirs de Poudlard, l'école de sorcellerie où j'ai passé tant d'années de ma vie. Je me souviens de moi-même, une jeune fille audacieuse et impulsive, préparant une farce sournoise contre Maeve Cynfeirdd, une élève de Serpentard avec qui j'avais tissé des liens complexes, mêlant respect et rivalité. Nous étions des adversaires de choc, toujours à la recherche de moyens ingénieux pour nous surpasser l'une l'autre. Alors que je concoctais un sortilège destiné à embarrasser Maeve devant ses pairs, avec l'aide d'Abigaïl, ma meilleure amie, nos plans furent interrompus par l'arrivée inattendue de Keeth. Il aurait pu nous dénoncer, me laissant affronter seule les conséquences de mes actes devant les autorités de l'école, mais au lieu de cela, il choisit de me protéger. Il me regarda avec des yeux empreints de curiosité et d'amusement, un sourire en coin étirant ses lèvres fines. Et dans cet instant, quelque chose changea en moi. Je me sentis troublée, attirée par cet inconnu au charme mystérieux et à l'aura envoûtante. Mes joues rougirent sous son regard, et je sus que ma vie ne serait plus jamais la même. C'était le début d'une histoire d'amour improbable, une histoire marquée par la magie et le danger, mais aussi par une passion inextinguible qui brûlait entre nous comme un feu ardent. Et maintenant, alors que je regarde ma fille, je sais que c'est là que tout a commencé, que ce moment fugace dans les couloirs de Poudlard a été le prélude à une histoire qui allait changer nos vies à jamais.

"C'était un bel homme, n'est-ce pas ? Tu es prête à voir la suite, Jade ?"

Je savais pertinemment que la suite des événements serait bien moins joyeuse, mais je tenais à partager avec elle ce moment, afin qu'elle comprenne l'amour existant entre ses parents. J'avais d'ailleurs posé une main sur son épaule, une main délicate, un peu timide.

Codage par Libella sur Graphiorum

J’avais été abandonnée à cause de mon propre grand-père ? Pourquoi vouloir ma mort sans même me laisser la moindre chance … ? J’étais de sa famille après tout… Le même sang coulait dans nos veines… Ou presque.. Je n’étais pas au sang pur. Ce n’était pas le même sang pour des extrémistes comme lui apparemment... Il était mélangé à quelqu’un qui ne faisait pas parti d’une longue lignée de sorciers bourgeois et prétentieux, il était coupé a du sang plus modeste, plus sain… Une raison suffisante pour vouloir ma mort pour certains sang-purs, sans même me laisser prouver que je n’étais pas non plus une incapable pour autant… Le regard perdu dans le vide, silencieuse, j’essayais d’assimiler ce qu’elle me disait. Des paroles aussi durs que douces… C’était donc ça le fameux motif qui m’avait valu de me retrouver abandonnée en France... J’écœurais ce grand-père qui avait voulu faire disparaître l’erreur que je représentais à ses yeux. Elle n’avait voulu que me protéger de lui en agissant ainsi… Elle avait voulu m’offrir une chance d’une vie meilleure, loin d’elle et des dangers qui l’accompagnait.. Loin de cet homme et cette haine qu’il me vouait sans me connaître. Je n’étais même pas encore née que déjà on souhaitait ma mort… Est-ce que je le méritais finalement … ? La rancœur que j’avais toujours gardé au fond de moi vis à vis d’elle se tournait petit à petit sur le vrai responsable, ce grand-père. Le vrai fautif… J’avais une mère qui tenait à moi, qui voulait me protéger... Un léger soupir passait mes lèvres. Si elle savait….

J’aurais pu l’accabler plus encore, lui dire tout les problèmes que j’avais du traverser seule, que ma vie était toujours menacée, par d’autres personnes à présent… Pourtant je ne le pouvais pas. Son abandon durant toutes ces longues années suffisaient déjà à peser pour que je n’ose en rajouter... Reposant mon regard dans le sien, je sentais bien sa sincérité et sa douleur… Je ne pouvais pas lui dire, lui avouer… Étrangement, je ne voulais lui dire que les bonnes choses qui auraient pu m’arriver, le joli tableau de la famille moldue bourgeoise dans laquelle j’avais fini, juste pour la rassurer… Et peut-être aussi dans le fond ne pas montrer que….. Peut-être mon grand-père n’avait pas eu tord en me pensant indigne… J’avais traîné dans des histoires peu glorieuses après tout… Est-ce qu’elle aurait honte de moi ? Est-ce qu’elle serait déçue ? Me rejetterait finalement si elle venait à le savoir … ? Je ne voulais pas prendre le risque… Je l’avais enfin retrouvé… Je devais donner une bonne image pour qu’elle veuille me garder auprès d’elle… Je ne pouvais pas donner raison à cet homme qui avait voulu ma mort… J’avais ma chance de pouvoir rattraper le temps perdu, je ne pouvais pas tout gâcher… Pas maintenant. Je l'avais enfin retrouvé... Je ne voulais pas voir la honte remplir son regard la prochaine fois qu'elle me verrait... Je lui mentirais. Je lui dirais la belle vie que j’ai eu dans une somptueuse villa... Une vie de paillettes et de luxe, semblable à celle des sangs-purs, en version moldus… Je tairais les détails, je tairais tout le reste…

Silencieuse jusqu’à présent, je finissais par souffler doucement, d’une petite voix hésitante :

▬ J’comprends, jcrois… Je…

Je m’arrêtais quelques instants, sans savoir comment le formuler, puis finissais par reprendre :

▬ J’espérais dans l’fond que tu avais une bonne excuse pour m’avoir abandonnée… C’est pour ça j’crois que je l’ai toujours gardé…

Je désignais un bref instant du regard ce bracelet que je gardais précieusement depuis toujours, malgré qu’il m’avait valu une électrocution la veille avec Luke Korrigan, un détail que je passerais sous silence tout autant que le reste d’ailleurs.

Je me rapprochais ensuite de cette étrange bassine, l’imitant pour pénétrer à une autre époque, comme-ci soudain nous avions voyagé dans le temps alors que je reconnaissais les traits de ma prof’… Ou plutôt.. De ma mère, bien plus jeune, revêtue de son uniforme de gryffondor. Elle, préparant un méfait comme j’avais pour habitude de faire moi-même à Beauxbâtons. Une scène qui m’arrachait malgré moi un léger sourire. Puis enfin j’apercevais le jeune homme qui s’approchait d’elle. Keeth… Mon père. J’observais la scène qui se déroulait sous mes yeux, sans savoir quoi ressentir malgré tout face à tout ça… Ils auraient pu faire un joli couple, j’aurais pu grandir avec ces deux personnes là et avoir une vie bien différente… Pourtant ça n’avait pas été le cas… Comme un bonheur qui nous avait été volé et arraché.

Je laissais un sourire passer à la réflexion qu’elle me faisait en observant ce jeune homme qui m’aurait sûrement fait craquer aussi.

▬ Oui… Il était séduisant.. !

Qu’est-ce qui s’était passé ensuite pour que tout dérape et que je passe à côté de tout ça … ? J’acquiesçais finalement d’un signe de tête en rajoutant :

▬ Oui, j’suis prête à voir la suite…

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