Revoir son Ex c'est comme manger un truc qu'on sait qu'il est pourri (Tyler)

« Ok… C’est pas compliqué Hanky. Tu t’occupes des deux hommes, je m’occupe de la fille. »

Dans la jonction qui faisait l’Allée des Embruns du Chemin de Traverse, j’étais en conversation avec Hank, mon binôme du jour et de toujours. Ecoutant ce que j’avais à dire, il mastiquait un chewgum.

« Oh, mais t’es devenu un génie des plans on dirait Gus. Pourquoi c’est moi qui me tape les deux lascars et toi la petite blonde ? Je pensais que tu préférais les brunes... »

Je relevais les yeux vers lui, le visage las et fatigué pour lui signifier que d’une c’était pas le moment et que de deux, physiquement si la magie n’allait plus, c’était le plus à même de foutre en l’air deux hommes que moi. Même si je me défendais plus que bien en Jujitsu brésilien et Boxe birman, j’avais pas le poids et le physique de Hank qui avait reçu d’ailleurs la même formation que moi.

« T’es sérieux ? Tu te poses encore ce genre de question, c’est une question de poids et... »

« Attends, t’insinue que je suis gros là ? »

Evidemment, j’avais gaffé. En tant qu’ancien petit gars un peu en surpoids, il en avait toujours souffert. Pendant ses études à Poudlard, on avait travaillé d’arrache pied pour passer le concours d’Auror et réussir les épreuves physiques. Une sorte de vengeance sur la vie.

« Mais non tu... »

« Parce que Môssieur Ferguson Clearwater il prend pas d’la bedaine ? »

Je soupirais. Puis, soudain, je vis que les deux hommes commencèrent à courir parce qu’ils nous avaient vu.

« Hank ! Putain ! T’es vraiment con ! »

Il se mit alors à courir en beuglant et en balançant des sorts. Pour ma part, j’étais plus prêt, et dans le feu de l’action, je ne sortis pas ma baguette mais je plongeais en avant pour mettre ma cible au sol. Une fois au sol, je maintenais ma prise au niveau du buste avec mes jambes et j’essayais de me saisir de ses bras dans une prise complexe pour éviter qu’elle ne prenne sa baguette.

« Vous êtes en état… d’arrestation… j’serai vous, je me laisserai faire ! »

Mais ca se passait pas comme prévu. Elle était bizarrement plus forte que je ne l’aurai imaginé au vu de son physique tout à coup.

Je fus surpris de la dextérité avec laquelle la jeune femme se défendit. Je pris le coup de coude en plein dans le nez, et cela me sonna assez longtemps pour prendre une droite et me retrouver un genou au sol. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Parce que… j’adorai ça. Prendre des coups, et en recevoir. Je me sentais vraiment vivant. Au moment où elle prononça mon nom en revanche, je fronçais les sourcils de surprise. Je ne la connaissais absolument pas. Me redressant, toujours avec  ce petit sourire agaçant, je sortis ma baguette :

« On se connaît ? Désolé gamine mais j’ai jamais vu ta tronche, ou alors elle me revient pas. »

Je réfléchissais, au meilleur moyen de mettre court à la conversation. Je maîtrisais plusieurs sorts à la perfection, dont le Stupefix et l’Expelliarmus. Le problème était que, si le premier touchait, je n’allais rien savoir sur elle et… d’où elle me connaissait. C’était bizarre d’ailleurs comme sensation, car au moment où nos corps s’étaient rapproché durant la bagarre, j’avais eu une sensation de déjà vu. Des odeurs, des… gestuelles. Que j’avais déjà connu de prêt.

« Et j’ai jamais pris de stagiaire blonde. Et j’me rappelle pas avoir donné des cours à Crackbadaboum. Alors j’sais pas pourquoi tu me parles comme à vieux pote, mais tu dois avoir une case en moins, et c’est pour ça que tu traficotais avec ces deux débiles. »

Je me mis en garde, parce que je me doutais qu’elle n’allait pas se laisser faire. Et… la baston semblait aussi compromis. J’avais pris deux coups, et au vu de mon niveau en Jujitsu Brésilien et Boxe Birman, ça voulait dire que la personne en face de moi avait plus que des compétences en la matière. Donc pour plus prendre de risque, j’avais choisi de passer en duel magique.

« Tu sais quoi ? D’abord je te mets hors service, et puis après on parle. Et si t’es mignonne, je te signe un autographe. Expelliarmus. »

Je brisais ma garde et je me penchais en avant, le sort rouge claqua de ma baguette pour se diriger vers son bras armé.

Je me retrouvais ni une ni deux au sol. Par réflexe, mon autre bras se mit devant mon visage et mon buste pour éviter que je ne m’écrase le nez. C’était cette petite peste qui avait un excès de confiance. Il fallait être deux pour faire une clef de bras, c’était ce qu’on nous apprenait à l’école d’Auror. Alors qu’elle s’approchait de moi, pour me murmurer à l’oreille, un frisson m’envahit et un courant électrique parcouru mon corps. Comme une sensation de déjà. J’envoyais alors ma tête en arrière dans un coup de boule au niveau du visage et je me libérais pour plonger, un peu à bout de souffle et avec un mal de bras infernal sur ma baguette. Je la redressais alors, la tenant à deux mains, sur le dos dans une position prête à lui envoyer un Stupefix en pleine poire quand… ses paroles, son odeur et son intonation revinrent en ma mémoire.

« Tyler ? » dis-je en fronçant les sourcils.

Maintenant que j’avais dit son prénom. C’était comme une évidence. Je fis une grimace, et je me relevais, tenant toujours ma baguette devant moi, parce que même si… c’était mon ex, j’avais pas confiance pour autant. Je fronçais les sourcils et puis…

« Attends, qu’est ce que tu branles là ? J’te signale que c’est Hank qui est parti chassé tes deux copains ! S’il lui arrive malheur, tu passeras pas par la case Azkaban j’t’avertis. »

Hank avait été dans notre promotion. Et elle l’avait connu sommairement parce qu’on était déjà meilleurs amis à l’époque. Je bougeais mon bras, avec une grimace et j’essayais de me remettre les idées claires. Est-ce que je devais l’arrêter ? Maintenant que je savais qui s’était ? Un Auror ne devait jamais laissé ses émotions passées par dessus la loi. Ne voyant pas Hank revenir, j’en profitais alors pour gagner un peu de temps, et essayer de rattraper le temps perdu.

« T’as fini par retrouver le chemin de Londres ? Tu t’es dit : Oh ce bon vieux Fergus, après l’avoir largué comme une merde et sans nouvelle du jour au lendemain, si j’allais lui casser les noix un jour où il est de service ! T’es sérieuse Tyler ?! Même pas une lettre ? Tu sais pas écrire ou quoi ? T’as la main pété qui t’empêche de gratter avec une plume ? »

Cette fille aurait plu à Grand-Père, et maintenant je commençais à comprendre pourquoi. Elle avait le caractère d’une guerrière écossaise que notre clan chérissait tant. Mais j’étais encore trop blessé dans mon orgueil pour l’avouer. Certes, j’avais Perséphone aujourd’hui et la revoir ne me faisait ni chaud ni froid au niveau du coeur. Mais… Elle me devait des explications cette morue finie !

« Ou alors tu me fais une blague ? Oh, t’adore les blagues c’est vrai. Qu’est ce que tu fous là, et donne moi une bonne raison de pas t’arrêter quand Hank sera revenue. Dépêche toi, j’ai pas toute la nuit. »

Ces paroles me blessèrent. Pas parce que je ressentais encore des trucs pour elle, mais parce que j’avais eu la stupidité de croire qu’elle n’avait pas eu le choix, pour X ou Y raison. En fait, elle n’avait jamais rien ressenti pour moi et elle s’en foutait. J’avais cru… j’avais espéré… Jusqu’à arriver, après de longs mois à pleurer dans les bras de ma sœur Lucy qui roulait des yeux à chaque calin, à m’en sortir. A tourner la page. Et là…

« Attends, t’es sérieuse quand tu dis ça ? »

Je m’étais relevé et je la tenais toujours en joue. J’espérais au fond de moi qu’elle se moque de moi. J’espérais encore donc. Les dents serrés, la mâchoire contractée, je la fixais. Fermant mon esprit selon la méthode de Maxwell Barnett, prince de l’Occlumancie pour également ne laisser aucun sentiment transparaître.

« Je crois que t’es pas vraiment en posture pour négocier, Ty’. »

Le surnom était revenu et je sentis ma barrière mentale se fissurer. Je me mordais la lèvre et je visais sa poitrine, pour être sur de bien la toucher car la zone était plus importante au niveau du buste qu’ailleurs. Alors qu’est ce que j’attendais bon sang ? Comment elle en était arrivé là surtout ? Personne ne prenait un chemin aussi stricte et dangereux sans avoir de bonnes raisons, et c’est ce qu’elle laissa enrtrevoir, car elle se doutait que j’hésitais à l’arrêter sur le champs.

« Réponds tout de suite. On gagnera du temps, et crois moi pour toi il est compté. Donne moi la raison, valable je l’espère qui t’a conduis là, et ensuite on discutera de ta libération. »

Mais qu’est ce que foutait Hank ? J’étais inquiet. Est-ce qu’il allait bien ? Est-ce qu’il s’en sortait ? Ca avait quand même tout l’air d’être de petites frappes de bas étages, j’avais eu raison de prendre la blonde en arrestation car j’avais du sentir que ca serait en réalité la plus complexe. Un patronus arriva, en forme de Loutre pour dire avec la voix de Hank.

« J’suis à Ste Mangouste. Réponds immédiatement si t’es opérationnel. Sinon j’arrive. »

Ni une ni deux, je fis apparaître un Patronus à mon tour, pensant à Perséphone sans sourciller et un Canard col vert apparut.

« Va lui dire que la situation est sous contrôle, que je le rejoins au Ministère avec la fille. »

Le canard partit, mais je repointais ma baguette vers Tyler.

« T’as gagné quelques minutes. T’as du bol. Moins que tes potes je dirais. Visiblement on a plus de temps que prévu, alors je t’écoute, chérie. Qu’est ce qui t’a amené là aujourd’hui ? Que je vois si c’est une condition valable pour ton salue. »

Et au passage, récupérer des informations pour le Ministère, car j’allais devoir justifier mon erreur, soit en mentant en leur affirmant qu’elle m’avait échappé, soit en leur expliquant de nouvelles informations plus importantes que la capture de ce qui ressemblait à une criminelle mineure.

Je serrais ma baguette devant son air et sa remarque provocatrice. Elle méritait un Stupefix bien placé, qui lui aurait fait accidentellement causé un traumatisme cranien. Serrant cette dernière pour me contrôler, j’écoutais le reste de son petit monologue, encore plus provocateur.

« Toi en revanche, t’as pas vraiment changé hein. »

Je gardais ma baguette et finalement, je la baissais. Dans un râle rageur je levais la main et je commençais par dire :

« Déjà ; va bien te faire foutre et c’est pas une question mais une affirmation ! Pour ce que tu viens de dire là… Sur le Ministère ! Tu savais très bien que je finirai là, ma famille fait ça depuis des générations et… tu sais quoi, laisse tombé. »

Je n’avais pas vraiment envie de parler de ça. De mes progrès au Quiddicth, de ma blessure et de mon parcours qui pour un Clearwater avait été évident. Obligatoire, vu ce qui était arrivé à ma mère. Morte de la Dragoncelle, j’avais du grandir, forcé de vivre sans ma mère, mais tout ça, elle en savait que dalle. Parce qu’elle s’était barrée de ma vie. La mâchoire contractée, je réfléchissais bien à quelles questions j’allais posé. Finalement, et contrairement à ce qu’elle affirmait sur mes choix avec le Ministère, je commençais par des trucs d’ordre personnel :

« Pourquoi tu m’as pas donné de nouvelle ? Je… je t’appréciais. Mais au moins ça m’a permis de plus faire confiance à n’importe qui tu m’diras. »

Je voulais lui dire que je l’aimais. Parce que j’étais comme ça. Quand j’aimais quelqu’un, je l’aimais à fond sans me soucier du reste, des conséquences et même de mon entourage proche c’était à la fois un défaut et une qualité. Un trait de famille.

« Qu’est ce que tu faisais tu me dire ? T’es tombé aussi bas. C’est déconcertant, au final, j’me rends compte que j’te connaissais pas si bien que ça. »

J’avais de la rage, accumulée depuis des années d’ailleurs. Parce qu’à cause d’elle, j’avais du me reconstruire seul et que cette putain d’histoire n’était pas finie. C’était pour ça que j’avais réagi avec autant de colère. Avec un ricanement, je me rappelais qu’elle surestimait encore bien ses forces.

« Si tu crois que tu vas gagner, tu te fous le doigt dans l’oeil. Mais on en est pas là. J’ai droit à ma dernière question. Pourquoi tu m’as laissé tombé ? »

J’étais con comme pas deux, mais en même temps quand un Clearwater se laissait envahir par les émotions, quelles quelles soient, on faisait rarement preuve d’une intelligence de Serdaigle. J’avais posé presque la même question, sauf que celle là avait fini en voix un peu brisé. Parce que j’avais les boules. Les foutus boules que la femme que j’aimais s’en aille. Ca avait rajouté une couche à ma peur de l’abandon, que j’allais devoir soigner en partie à cause d’elle.

« Réponds, et casse toi. » dis-je sans appel.

Parce que je n’avais qu’une parole.