Qui fait mal, mérite la mort. (Selma)

Rentrant dans la chambre après une séance de Quidditch complètement fatigante, je ne frappais pas avant d’entrée comme toujours. Balançant mon balai dégueulasse par terre, sachant très bien que les elfes allaient nettoyer le sol, ce dernier se mit par réflexe en lévivation. D’habitude, je l’aurai posé avec soin mais là… Je m’en voulais d’avoir été naze à l’entraînement. Toujours en tenue de Quidditch, j’allais me déshabiller quand le regard de ma sœur croisa le miens. Je n’avais pas besoin de lire dans ses pensées pour dire immédiatement :

« Oulah. Ca va pas. Dire que je pensais avoir eu un week end de merde, je crois que tu me passes devant ? »

Je lui souriais d’un air un peu désolé et je m’installais sur le lit, les vêtements, les cheveux et le visage couverte de boue. Tenant toujours ma batte dans les mains, je fronçais les sourcils et je déclarais en passant mon bras autour de son cou.

« Lequel je dois frapper à l’arrière du crâne Selma. Si c’est Kate et William, je te préviens j’y vais tout de suite. » dis-je complètement sérieuse.

C’était ainsi que j’appelais le couple Almadovar ( @Siobhán G. K. Almadovar ). Je m’intéressais un peu à la couronne de ce pays, parce que même si nous étions dans un gouvernement magique, leurs actions pouvaient avoir des conséquences politiques sur notre monde et nos vies. Et… qu’est ce qu’ils n’allaient pas ensemble… Kate méritait vraiment quelqu’un de plus beau. Ou de plus belle, songeais-je intimement.
Je lui pris alors les mains, comme je le faisais à chaque fois que ça n’allait pas depuis qu’on était petite et que nos parents commettaient des choses affreuses qui nous affectait. Je la revoyais sortir de ses séances d’entrainement à la Métamorphose, épuisée physiquement et émotionnellement.

« Tout va bien. Je suis là. Raconte. »

J’avais bien évidemment avant chanté cette petite berceuse Cubaine qu’elle affectionnait tant, pour essayer d’apaiser les esprits.

Plongée dans la noirceur de ses pensées, Selma accorda une attention distante à sa sœur qui débarquait avec fracas. Évidemment, Alejandra devina immédiatement que quelque chose n’allait pas. Selma n’aurait rien tenté de lui cacher, mais quand bien-même elle l’aurait souhaité, jamais elle n’aurait pu. Les deux sœurs étaient jumelles, et il y avait quelque chose d’indescriptible dans le lien qu’elles partageaient. Peut-être même que le brouillard de désespoir dans lequel était plongé Selma avait teinté de grisaille l’entraînement de sa sœur.

Alejandra la rejoint sur le lit, barbouillant de boue tout ce qu’elle touchait, passant son bras poisseux sur son épaule. Sa jumelle avait déjà flairé que toute l’affaire avait un lien avec @Siobhán Gavalagh-Korrigan, cette admirable meilleure amie qui réchauffait la vie de @Sheraz Mahal, tout en embrassant allègrement le style de vie Almodovar. Alors qu’elle frissonnait de dégoût, aucun son ne put franchir les lèvres glacées de la malheureuse métamorphomage.

Il n’y avait bien qu’Alejandra qui était capable de la sortir de son mutisme, chantonnant pour la calmer en lui insufflant son énergie à travers ses paumes de main. Ces dernières étaient toujours chaudes, bien qu’elles viennent de passer un long moment à l’extérieur. Les mains de Selma en revanche semblaient aussi refroidies que son cœur qui se gelait lentement pour se protéger.

Finalement, Selma se pencha, tout doucement alors que la fièvre de sa sœur lui parvenait enfin. Sa tête se posa sur l’épaule de sa jumelle, se logeant instinctivement là où elle avait l’habitude de trouver le repos, dans un creux de son cou.

- Est-ce que tu repenses des fois à la plage de Cayo Saetía, Ale ? Son sable blanc, immaculé, à peine refroidi par l’ombre des tulipiers… Et la promenade dans les plaines à travers les réserves de créatures fantastiques à la recherche de Chupacabras sauvages… Et l’odeur du Medianoche pan juste après son sortilège de cuisson… Des fois, la maison me manque tant…

Elle se tut soudain, se rendant compte de l’énormité de ce qu’elle était en train de dire. Elle et sa sœur s’étaient battues et avaient monté tout un stratagème pour venir en Angleterre, et échapper ainsi un peu à l’influence de leur père. Depuis qu’elles étaient entrées à Poudlard, Selma n’avait jamais vu sa sœur plus épanouie. Elle la découvrait peu à peu sous un jour nouveau qu’elle ne lui avait jamais connu. Alejandra semblait la première étonnée par ce qu’elle découvrait sur elle. Selma n’aurait abandonné ça pour rien au monde. Si son propre bonheur lui échappait à tout jamais, alors elle userait jusqu'à sa dernière once d'énergie pour assurer celui de sa jumelle. Aussi, elle plaqua un piètre sourire sur son visage pour coller un baiser à celui bien sale de sa sœur.

- Ne t’inquiètes pas, chiquitita. Tant que tu vas bien, je vais bien.

Mais sa jumelle semblait loin d’être convaincue par ses yeux noyés de tristesse, et à force de la questionner, Alejandra finit rapidement par tomber sur le nom qui la fit flancher : celui de Sheraz. Ce n’était pas bien difficile, Selma n’ayant qu’une poignée de connaissances au sein du château.

- Sheraz n’a rien fait, s’empressa de répliquer Selma en se redressant, plus livide que jamais. Elle revoyait son camarade, avec son regard si joyeux et enthousiaste d’abord, puis surpris avant de s’emplir de cette forme de déception qu’elle avait dû lui inspirer. Se sentant nauséeuse, la sorcière secoua la tête avant de relever le nez vers sa sœur. Je voudrais juste… Que tu ne parles plus de lui, s’il te plait… Raconte-moi plutôt ton entraînement ! Je te rappelle que je mise tout sur ta fortune de joueuse professionnelle à venir !

Je l’a serrais alors contre moi, et je l’embrassais sur le front comme à chaque fois. Elle avait le mal du pays. Moi aussi. Mais normalement, elle, n’était pas sensée l’avoir. De nous deux, c’était celle qui avait été la plus motivée à quitter la Havane et la toxicité de notre foutue famille. Je restais un moment sans rien dire, puis finalement :

« Oui, bien sur que je m’en souviens. C’est là qu’on vieillira ensemble. » dis-je avec un petit sourire.

Parce que je comptais bien vieillir avec elle, les personnes qui partageraient nos vies devraient s’y faire. Et on avait un plan, pour en arriver là, et il était hors de question que quiconque nous empêche de la suivre à la lettre. Mais là, je sentais qu’elle voulait avancer la date, y allait maintenant. Vivre le rêve tout de suite. Comme à chaque fois qu’elle perdait espoir.
Je la maintenais contre moi, avant de la libérer. Avec un léger sourire, je répondis tout de même.

« Tu es sur ? Tu ne veux pas que je fasse comme j’ai fait avec Joselito ? »

Un des hommes de main de mon père l’avait approché d’un peu trop prêt, et au moment de passer à l’acte, il avait disparu, changer en statue mystérieusement par un Maléfice de Gorgone. Bien évidemment, c’était moi qui en avait été à l’origine. J’avais ensuite envoyé la statue à l’autre bout du monde, et je savais qu’il trônait aujourd’hui dans les appartements d’un amateur d’art moldu japonais.

« Oh, c’était… épuisant. Les demandes des Faucons sont assez forte. Je pensais que mon talent suffirait largement, mais en fait, il faut que je m’entraîne et que je travaille dur pour m’améliorer. Et du coup, je néglige ma sœur. »

Bien évidemment, c’était plus compliqué que ça. La compétition était quelque chose qui me rendait folle, et la concurrence à mon poste était forte. Il y avait beaucoup d’homme, fort et agile, qui avait plus de force que moi. Je devais alors entraîner ma technique pour jouer sur la précision et l’audace. Et ca prenait plus de temps que de faire simplement de la musculation, car mes mouvements devaient être précis et… efficace.

« Mais pour te dire la vérité, ça ne va pas tellement moi non plus. Et ça n’a rien à voir avec cette Université malheureusement. Je… je crois qu’il faut que je te dise quelque chose. Quelque chose que tu dois déjà savoir et que, de toute façon je peux dire qu’à toi. Tu te rappelles, de ma réaction quand j’ai vu E @Eynaelle Sanderson lors du dîner organisé par sa famille ?... »

J’avais… bizarrement réagi face à la jeune femme. J’avais éprouvée une attirance immédiate, fulgurante et anormal. Mais, ça m’avait renvoyé à plusieurs moments de ma vie, où les personnes féminines ne m’avaient pas laissé indifférentes.

« Puis, j’ai rencontré cette fille de Dumstrang, @Elejna Böhm . Tu sais, la Gryffondor discrète… On a papoté et… et… ça a recommencé avec elle. C’était bizarre. Je crois qu’en plus d’aimer les garçons… euh… bah j’aime les filles. »

J’avais murmuré ces dernières paroles. Et j’avais bien vérifier que personne ne nous entende. J’étais devenu blanche. De peur et de honte. Parce que chez les Sangs Purs, il y avait un sort tout particulier qui attendait les personnes dans mon genre. Et les Montero n’échapperait pas à la règle si ça se savait. On les déhéritait, dans le meilleur des cas. Et on leur faisait vivre un enfer tellement profond que beaucoup mettaient fin à leur jour. Car c’était être stérile, qu’aimait une personne de même sexe. Et… supprimer la descendance de sang noble. Et bien sûr… On n’échappait pas à ça nous non plus.

« J… j’ai pas osé te le dire, parce que je me doutais que t’allais le savoir mais… Oh. Selma. C’est super dur. Tu… tu imagines si Padre l’apprend ? Il… il va me déshériter et... »

J’avalais difficilement ma salive. Je restais calme, mais je n’y arrivais pas. S’il n’y avait eu que moi, j’en aurai rien eu à faire au final, j’aurai vécu ma vie de sang pur déshonoré. Mais… là, il allait tout faire pour me priver de ma sœur.

« Déjà qu’il était contre le Quidditch, et qu’il attend des résultats. Je peux pas rajouter ça. Je… je suis désolé de pas te l’avoir dit plus tôt. En même temps... »

Je me mis à ricaner.

« Tu devais un peu t’en douter, depuis gamine j’aime bien regarder les servantes, de manière différente. Bref… Ca fait du bien de l’exprimer. Je crois que je suis fatigué moi aussi. »

Je baissais les bras, sur le lit. Au final, on était deux étrangères perdues dans un monde nouveau et bien plus dure qu’à la Havane ou à Castelobruxo ou notre nom suffisait à faire taire toute rumeurs… Là, le risque était énorme.

« Mais… moi aussi j’aimerai qu’on arrête de parler de ça. Hein. Tu vois, c’est chiant. »

Je la regardais comme dans un miroir. Et je me mis à rire doucement dans notre petit malheur. Au final, la plage dont elle parlait était là où elle était, comme la moitié d’un grand tout incassable.

Selma eut un bref sourire carnassier en se souvenant de la manière dont sa sœur avait géré l’un des hommes chargés de leur surveillance. Après quelques répliques mal placées, le sorcier avait tout simplement disparu. Bien-sûr, la jeune Montero ne souhaitait pas qu’il arrive la même chose à Sheraz. Si vraiment Alejandra souhaitait se défouler sur un étudiant, mieux valait que ça soit sur ce sale serpent d’Almodovar. Sa femme leur en voudrait sans doute au début, mais après quelques temps, c’est certain qu’elle les remercierait de l’avoir libérée de ses chaines…

Pensivement, Selma écouta d’une oreille distraite sa jumelle lui parler de ses exploits au Quidditch. Le sujet ne la passionnait pas, mais pour sa sœur, elle aurait traduit le Manuel du Quidditch à travers les âges dans toutes les langues. Soudain, un changement dans la voix d’Alejandra attira son attention et sa jumelle sut instinctivement de quoi elle voulait parler. Se redressant, Selma plongea son regard sombre dans son double parfait à côté d’elle. Un fin sourire perla sur son visage alors qu’elle laissait sa sœur venir à bout de sa difficile concession. Ce n’est qu’une fois qu’Alejandra eut finit de s’exprimer qu’elle la prit dans ses bras, la serrant contre son cœur, où elle appartiendrait à tout jamais.

- Oh Ale… Mais oui je sais, se contenta-t-elle de murmurer en fermant les yeux.

Évidemment que sa sœur aimait bien plus largement que ce que les codes d’une société conservatrice et réactionnaire imposaient. Selma l’avait toujours su. Le regard d’amour qu’Alejandra portait sur le monde était en un sens le plus pure et le plus juste qui soit. Sa sœur voyait chaque personne qu’elle rencontrait pour ce qu’elles étaient réellement, sans s’encombrer des habituelles représentations derrière lesquelles elles savaient si bien s’enfermer. C’était sans doute la raison pour laquelle Alejandra avait tout de suite compris que ce méprisant Almadovar n’avait rien à envier à un rat d’égout puant.

- Tant que tu ne veux pas qu’il le sache, papa ne saura rien, je te le promets ! Et le jour où nous serons en mesure de lui faire face, tu pourras assumer qui tu es, sans avoir à mentir ou te cacher. Tu mérites d’être entière, et d’être pleinement reconnue… Je te soutiendrai quoi qu’il arrive.

La jeune cubaine se redressa en retrouvant un air sérieux qui camouflait un fond d’espièglerie toujours présent.

- Et s’il le faut on trouvera un moyen pour lui faire face sans qu’il n’ait à nous faire disparaître. Ou pire, nous déshériter !

Elle eut un petit rire pour désamorcer toute tension bien que l’idée de devenir pauvre lui semblait effectivement terrifiante. En se levant, elle attrapa sa sœur par la main pour la traîner derrière elle.

- Tu vas aller te laver, et après, je t’offre un verre de rhum dans lequel on pourra noyer tous nos soucis, comme seuls les cubains savent le faire !