Entre maladresse et amour # Siobhan

Mardi 31 octobre 2023, 22h30

Je m'étonnais moi-même de la facilité que j'avais eu à raconter cette histoire à Siobhan. Il faut dire que dans ma tête, je l'avais fait plus d'une fois ... Dès que mon père était mort, j'avais su que j'allais devoir expliquer mon retour en Angleterre. Evidemment, je n'avais pas imaginé que cela serait à une jeune femme qui aurait pu être ma propre fille, mais j'étais de celles qui disaient la vérité. C'était d'ailleurs quelque chose qu'on m'avait reproché à plusieurs reprises dans le passé. Si j'avais dû cacher mon identité et donc mentir à ce propos, je l'avais compensé par une franchise parfois un peu trop brute.

Alors que je racontais mon histoire, je pus remarquer que le regard de Siobhan changeait. Ce n'était pas forcément le but de la manoeuvre, loin de là. Je voulais juste être honnête avec elle, espérant ainsi partir sur une relation saine depuis le départ. C'était comme si, au fond de moi, je savais que Luke et moi n'étions pas une histoire de passage, une transition ... Et s'il était incapable d'entretenir une bonne relation avec sa magnifique fille, j'avais bien l'intention de le faire.

Comme je m'y attendais, Siobhan était empathique, et mon histoire la toucha. Immédiatement, elle pensa au fait de retrouver cet enfant ce qui me fit chaud au coeur. Bien sûr, j'y pensais déjà et j'attendais d'être réellement bien installé à Poudlard avant de m'y mettre sérieusement. Mais je fus touchée par ses premières pensées, qui me firent penser à celles de son père.

"Je compte bien regarder cela avant Noël. J'attendais d'avoir une relation stable. En tout cas, ton père a raison sur un chose Siobhan : tu es une jeune femme remarquable, avec le coeur sur la main. Je te remercie d'avoir à coeur ce que je viens de te raconter."

Notre discussion semblait se terminer. L'écoutant patiemment, je finis par poser ma main sur la sienne, le regard doux. Je ne voulais pas qu'elle fuit, je voulais qu'elle apaise son coeur. Oh oui, son père était d'une maladresse sans nom, et j'allais encore pouvoir m'en apercevoir dans les jours à venir.

"Je te promets de ne pas lui faire de mal. Je te promets également de faire en sorte qu'il comprenne que tu n'es plus une petite fille. Mais je ne peux rien te garantir à ce niveau. Tu le sais têtu et, d'après ce que j'ai vu entendre au sujet de ton frère et de toi, je dirais que c'est un gêne qui a été transmis."

Je lui souris doucement, voulant lui faire comprendre que je ne me moquais pas d'elle, mais qu'au final, c'était cette attitude qui faisait que leur relation était implosive.

"Pour le moment, tu penses peut-être que ce que je vais te dire ne sera que des paroles en l'air, mais sache que tu peux venir me déranger à toute heure. Je suis là pour t'écouter, sans te juger, et sans répéter quoi que ce soit à ton père. Je ne tiens absolument pas à remplacer ta mère, qui, selon les dires de ton père, était une femme inégalable, d'une douceur et d'un amour incroyable. Mais je suis là, d'accord ?"

Je relâchais la pression de ma main sur la sienne, restant néanmoins à ma place. Si elle voulait partir, elle le pouvait. Si elle voulait encore parler, elle le pouvait aussi.

Codage par Libella sur Graphiorum

ft. @Améthyste Miller

La confidence de l'enseignante ne pouvait laisser personne indifférent, c'était un fait. Et Siobhán qui ressentait tout si fort, si intensément, ne ferait pas exception à la règle malgré tout son ressentiment grandissant envers Luke et ses silences. Elle ne savait pas grand chose de la maîtresse des potions, si ce n'était les grandes lignes de la plus grosse épreuve de toute sa vie, mais les regards, les sourires et les mots d'Améthyste avaient au moins eu le mérite de la rassurer sur tout le bien que sa présence pouvait apporter à son père. Une partie d'elle restait toujours encline à la méfiance, plus par principe que par réelle doute sur sa bienveillance.

Aussi, il lui semblait préférable de laisser de côtés les compliments formulés à son égard pour le moment. Siobhán avait toujours du mal à les accepter, mais lorsqu'ils provenaient de quelqu'un qu'elle connaissait à peine, c'était presque mission impossible.

« Je ferai quelques recherches de mon côté en parallèle », affirma-t-elle d'un ton décidé. « Les tableaux et les elfes à Poudlard peuvent être d'une grande aide bien qu'on ne pense pas toujours à les questionner. Je vous tiendrai informée si je découvre quoique ce soit sur votre fille. »

C'était probablement le trait de sa personnalité qui la rapprochait le plus de sa maison, cette volonté que l'on sentait dans chacun de ses mots, dans n'importe quelle circonstance. En cours comme dans la vie, Siobhán avait cette fâcheuse tendance à la résolution et la ténacité. C'était probablement ce qui lui avait permis de découvrir autant d'informations sur sa famille sans l'aide de quiconque, et qui la pousserait systématiquement dans ses retranchements pour devenir encore meilleure que maintenant.

En attendant de pouvoir apporter son aide à sa professeure, Siobhán plongeait son regard dans celui plus charbonneux d'Améthyste. Leurs mains se touchaient désormais, mais bien au-delà de ce contact, c'était dans ses yeux qu'elle cherchait la réponse à ses questions. Il émanait d'elle une réelle volonté de bien faire qui donnait presque l'envie de croire qu'elle pourrait réussir là où tout le monde avait jusqu'ici échoué. Et bien que sa remarque attira un sourire léger au coin des lèvres de Siobhán, cette dernière ne put s'empêcher de penser que Luke était réellement le plus têtu des trois. Ou bien le fait de penser ça faisait d'elle quelqu'un de plus têtu encore ?

Quoiqu'il en soit, il était certain qu'à ce stade, les miracles n'étaient plus d'actualité.

« Je ne vous demande aucune promesse », souffla-t-elle.

Ou tout au plus, celle d'essayer.

C'était déjà un grand pas. Après tout, Améthyste ne la connaissait pas plus que ça. Elle avait beau être la fille de son amant du moment et ami de longue date, les deux femmes ne se devaient rien l'une envers l'autre. Et pourtant, voilà qu'elles se montraient déjà attentives à leurs besoins réciproques. Pour une potentielle relation entre belle-mère et belle-fille, cela ne présageait que du bon.

« J'en prends bonne note », murmura-t-elle, avant d'ajouter, après une longue pause. « Merci Mrs. Miller. »

Bien sûr qu'Améthyste Miller ne remplacerait pas sa mère. Si même @Maeve Cynfeirdd n'avait jamais vraiment comblé cette absence de toujours, personne d'autre n'y parviendrait. À bien y penser, ce n'était pas dans cette direction que tendaient ses craintes.

Mais alors qu'elle prenait congé dans un sourire qui s'évanouissait dans la nuit, Siobhán se gardait bien de les préciser davantage, préférant encore s'en tenir à cette promesse tout juste formulée.